Le 7, au petit matin.
Elle sait à quoi cette journée sera consacrée : à cet instant T vers lequel tous les signes semblent converger.
Purifiée, elle sort de la fontaine de Castalie, puis se prépare : elle oint son corps et ses cheveux d’une substance huilée sacrée. Chacun de ses gestes est précis et fait avec une grâce certaine. Ses doigts parcourent doucement chaque millimètre de sa peau, la recouvrant subtilement d’un voile précieux. Gestes millénaires, ou tradition séculaire, les lents mouvements de la pulpe de ses doigts sont une caresse divine prompte à la plénitude des sens.
Nue, à l’abri des regards, dans un silence total, elle répète le rite que d’autres femmes lui ont transmis. Élevée pour proférer une parole que des pèlerins, bravant les mers et les monstres, sont venus écouter, elle porte sur le monde un regard oblique teinté de poésie. Ses mots, chargés de poids et de symboles, seront alors soupesés, traduits, parfois trompés.
La pythie revêt maintenant sa tunique. Consacrée à Apollon depuis sa plus tendre jeunesse, la belle femme au port de reine est une vierge droite, tranchante, intimidante parfois. Ce soir, elle s’élèvera du sol, sur son trépied. Sous l’égide des aigles de Zeus, derrière la brume aux odeurs de lauriers et autres herbes tenues secrètes, la jeune femme porteuse de la dunamis d’Apollon sera alors envahie et pourfendue du pneuma libérateur. Alors, en proie à une belle ivresse des sens, la prophétesse poussera hors d’elle soupirs et cris, une parole sacrée et jamais oubliée.
Mais ce midi, elle ne le sait pas encore, elle croisera un homme au regard libérateur et aux paroles et aux gestes ô combien enchanteurs.
Ce soir sera un autre soir.
© Alexandra K. le 10 décembre 2016
Le texte de Jos :
Hallucination
Dès son arrivée il aperçut la lettre qui trônait sur la console de l’entrée. Intrigué, il saisit l’enveloppe sur laquelle était écrit son nom et dont il envisageait déjà le contenu. Il se dirigea sans hâte vers le canapé, alluma une cigarette et aspira plusieurs bouffées, retardant ainsi la lecture de la lettre qui lui était destinée.
La fumée l’enveloppa rapidement, déploya son voile gris et investit la pièce. Considérant l’enveloppe qu’il tenait toujours à la main, il se laissa envahir un instant par le nuage rassurant, refuge illusoire et éphémère.
Puis il posa la cigarette dans le cendrier et se résolut enfin à lire le mot écrit le matin même par la femme qu’il aimait.
Parce que de nos corps je veux garder le meilleur,
Et que de mon cœur je veux me mettre à l’abri,
Parce que de nos vies enfin, je suis affranchie
Je pars aujourd’hui, quitte à jamais cet étui,
Pour ne plus être asservie.
Il relut la lettre, la main tremblante et les yeux embués.
C’était fini. Elle était partie…et avec elle sa vie s’envolait en fumée.
Il détacha enfin son regard des mots rendus flous par ses larmes et le porta vers le cendrier. De la cigarette toujours allumée, s’échappait maintenant une longue arabesque de fumée. Il vit alors le corps délicat de celle qui venait de le quitter et ses longs cheveux que sa main semblait coiffer.
L’apparition soudaine de son amour lui fit oublier pour un temps sa douleur et sa peine.
Mais l’instant fut fugitif et très vite l’image de sa belle disparut.
Dans la fumée grise,
Ton corps et tes longs cheveux,
Sombrent dans mon âme
Dans la fumée grise,
Le noir reflet de mon cœur,
Sombrent dans l’abime
La cigarette entièrement consumée s’était éteinte dans le cendrier emportant avec elle sa bien-aimée.
Le texte d’Anselme (sois le bienvenu sur cet atelier !) :
Je lui demandais pourquoi. Je voulais savoir. « Pourquoi moi ? pourquoi nous ? »
J’aurais dû lui poser bien d’autres questions.
« Quand nous reverrons-nous ? »
« Où sera notre prochain rendez-vous ? »
« Qui es-tu vraiment ? »
« Sais-tu combien je t’aime ? »
« Comment vais-je vivre sans toi ? »
– Tu m’as parlé ?
– Non, rien, fis-je intimidé.
Le texte de Claude :
Alan installa le guéridon dans la pénombre, s’assit, étendit ses mains jointes par les pouces écartés, et se concentra profondément. Il connaissait bien ce rituel qu’il répétait depuis deux ans, depuis la mort de Ludmilla, sa compagne pour laquelle il vouait toujours un amour fou. Lorsqu’il l’avait rencontrée, Ludmilla était danseuse dans un ballet réputé : son corps élancé, fin, voluptueux et un esprit délicat l’avaient fait chavirer dès le premier jour. Emmenés par une passion réciproque, ils avaient ainsi passé ensemble plus de dix ans de bonheur jusqu’à cet accident stupide de juin 2014.
-Esprit es-tu là ?… Esprit es-tu là ?… Ludmilla, ma chérie, es-tu là ?…
-Oui, Alan… je suis là…
Alan avait lu les histoires rocambolesques des photographes spirites du XIXe siècle comme Mumler ou Edouard Buguet, mais ne pouvait se résoudre à admettre que leurs pratiques n’étaient que supercheries malgré leurs aveux publiquement reconnus. Il avait persisté dans sa conviction, et ses recherches avaient un jour enfin abouti.
Il installa un fond blanc, mit l’appareil photo sur un pied et attendit.
-Je suis là, Alan… Quelle chorégraphie te ferait plaisir, aujourd’hui ?
-Je te propose la chanson sublime d’Angel Olsen «White Fire », et tu improvises. Ça te va ?
La musique envoûtante remplit la pièce. Une silhouette évanescente apparut, se mit en mouvement, ondula lentement, toute en courbes et en arabesques. L’ectoplasme de Ludmilla évoluait magnifiquement devant Alan ému, qui se hâtait de prendre une énième série de photos pour une collection intime déjà largement fournie.
-Ça allait ? demanda Ludmilla.
-Je ne t’ai jamais vue aussi habitée !
-Alors, viens, Alan, j’ai une idée : on va faire un selfie.
-Un selfie, nous ? Mais comment ?
-Viens, tu verras…
Alan se mit devant le fond blanc. Il sentit une main douce se poser sur l’épaule. Il regarda l’objectif avec un sourire mêlé d’inquiétude, et déclencha la télécommande. Une impression étrange l’envahit, son corps semblait se dissiper à l’intérieur de lui-même. Autour de lui, une multitude d’ombres passaient ; il sentait la main de Ludmilla qui ne le lâchait pas ; il sentait aussi frôler son corps diffus et pourtant si présent. Un bien être indescriptible le pénétra. Il venait d’arriver dans un monde où les forces de l’esprit étaient plus fortes que la vacuité des corps.
Une voix qu’il n’avait jamais entendue jusque là lui dit alors avec douceur : « Bienvenu au Pays des Brumes ».
Le texte de Ludovic Lecomte :
Répétez d’une voix assurée : Je vois, je vois…
Martin lui ne voyait rien… il trouvait ce cours complètement stupide. Mais sa grand-mère et avant elle son arrière grand-mère et encore avant la grand-mère de la grand-mère de sa mère étaient passées par ici. Malheureusement, lui était un garçon et ne se sentait aucune prédisposition pour l’art de la divination… il avait essayé des tas de techniques sous le regard désespéré de sa mère et sa grand-mère, qui finissaient immanquablement par faire la moue et dodeliner de la tête dans un signe de renoncement amer. Le marc de café, les lignes de la main, la plante du pied, les pelures de clémentines, les grains de beauté… il n’y voyait rien. Jamais.
Sa mère l’avait inscrit aux cours du soir : lectures de runes viking, tarot, astrologie chinoise, lecture de constellations… il n’avait jamais eu de vision précise, n’avait fait aucune prévision qui se soit révélée exact.
La seule chose qu’il pouvait anticiper, c’était le regard désapprobateur et déçu de sa mère, chaque dimanche, lorsqu’après le traditionnel repas familial, sa grand-mère lui demandait comment se passaient ses cours du soir…
Il souriait alors, d’un sourire d’excuse et répondait :
« Je crois que je n’ai pas de don… c’est peut être féminin… »
Toutes les femmes assises alors autour de la table poussaient un soupir, leur espoir de voir Martin prendre la suite d’une réputation familiale ininterrompue s’amenuisant de dimanches en dimanches. Dans cette famille on était diseuse de bonne aventure de mère en fille depuis des siècles…
« Perez ! Que voyez-vous? «
Martin, tiré de sa rêverie par la voix grave aux accents slaves de Madame Firma (à une lettre près, la vie est parfois ironique!) regarda autour de lui, bredouillant. Toutes les élèves du cours le fixaient, attendant sa prophétie. Il était le seul garçon du cours et un garçon sans don en plus. Mal à l’aise, il rougit, sentit le regard insistant et impatient de sa prof et fixa sa boule de cristal, priant silencieusement pour un miracle. Ses yeux s’embuèrent, la fumée s’enroulait en volutes à l’intérieur de la sphère de verre… et alors apparut la silhouette d’une femme, grande, mince, élancée. Une danseuse! Impossible d’en distinguer les traits. Elle semblait se mouvoir dans un épais brouillard, dense ! Mais après tout, ce n’était que sa première vision! Il n’allait quand même pas réclamer la HD dès le premier jour!
-une danseuse!
Lasse d’entendre Martin énoncer la première idée qui lui passait par la tête à chaque question qu’elle lui posait, Madame Firma, poussa un soupir et répondit provoquant les rires des onze jeunes filles du groupe : « et vous voyez aussi son amie, celle qui garde son sac à main? »
Martin rangea sa boule et sortit de la pièce en traînant les pieds. Il poussa la lourde porte cochère et se retrouva dans la rue à l’atmosphère lugubre d’une nuit où le brouillard descend et fausse les perceptions, une soirée d’automne humide. Avant qu’il n’ait pu s’en apercevoir, il reçut un choc qui le projeta au sol, sa boule s’échappant du sac roula dans le caniveau. Reprenant ses esprits il releva la tête et comprit la raison de sa chute : une jeune fille, grande, mince, élancée, l’avait percuté alors qu’elle courrait. S’excusant l’un l’autre, elle ramassa la boule de Martin, et lui récupéra le sac qu’elle avait laissé tomber ; gisant, ouvert sur le trottoir. À l’intérieur, Martin eut tout le temps d’apercevoir une paire de ballerines…
« Vous êtes danseuse? »
Le texte de Manue :
Il y avait la beauté et le réel.
L’inattendu.
La légèreté.
L’intelligence des mots, la magie des corps.
Le bonheur puis la douleur.
Et l’incompréhension.
L’indicible, la folie, la souffrance.
La volonté implacable des hommes. La masse du troupeau. La pensée oubliée.
Le ciel bleu et la cendre.
Le son de la trompette emplit l’air et fait vibrer les chairs, nourrit les sens. Le musicien souffle pour oublier. Il souffle pour ne pas tomber. Il joue pour remplir l’espace. Quelques notes pour son âme et le reste des mesures pour les morts, ceux déjà en fumée et ceux qui respirent encore. Il joue au milieu de la place, aux côtés de milliers d’oubliés, pas très loin des convois éventrés, des voies abandonnées, des chiens errants et des fours inimaginables.
Au delà de tout, il n’y a plus rien. Ou presque.
Des silhouettes. Des fantômes. Des esprits déchirés. Des squelettes encore vivants qui tanguent, qui écoutent et qui pleurent des larmes sèches.
Tu es une revenante. Rien qu’un corps qui ne sait plus s’il existe, qui se dissimule pour avancer à nouveau. Qui voile sa souffrance inexplicable. Un corps qui exulte sans véritablement savoir comment. Une âme brisée qui danse. Un désespoir sans fin. Des cendres encore chaudes. Une flamme vacillante. Un rien. Un tout petit rien qui vit.
Le texte de Valérie :
Nous filions le parfait amour depuis bientôt trois ans. Notre histoire avait commencée dans un train pour Nantes. Ce fut un véritable coup de foudre. Elle s’était endormie mais j’avais senti son trouble dans sa voix lors d’un bref échange. J’avais osé lui laisser mon 06 coincé dans mes lunettes de soleil. Et elle a osé le composer. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Il y a un an, environ, elle a commencé à désirer son propre enfant, s’occupant toute la journée de ceux des autres… c’était normal. Aussi nous nous sommes unis par les liens du mariage, il y a à peine deux mois de ça. Nous voulions faire les choses dans l’ordre. Un peu vieille France diront certains. Qu’importe! Pour nous, c’était important et aussi l’occasion de faire une jolie fête. Nous avons fait un beau mariage : simple, plein d’émotions avec les gens que nous aimions, nos parents respectifs, nos frères et soeurs, nos oncles et tantes qui avaient pu faire le trajet jusqu’à Paris, grande Ma et une poignée d amis, les fidèles. Mathilde était encore plus belle que d’habitude et comme aux premiers jours, mon coeur s’emballait à ses côtés. Je n’étais pas peu fier de sortir de l’hôtel de la ville avec elle à mon bras. Nous avions des étoiles dans les yeux.
Mais tout bascula très vite. A peine un mois après notre célébration, je commençai à avoir de la fièvre. Je mis d’abord cela sur le compte du changement de saison. L’automne approchait avec ses tons chatoyants et ses premiers froids. Je pensai à un rhum, au pire une angine. Mais cette fièvre dura et je me sentais de plus en plus faible. J’eus des vomissements, des maux de tête… Je ne me reconnaissais même plus. Moi d’habitude vif et sportif, j’avançais à deux à l’heure commençant à agacer et surtout à inquiéter Mathilde. On se mit à croire que c’était une petite dépression en réaction au mariage. Mais un matin, je me levai et en me rasant, je vis dans mon cou une tâche rouge. J’observai de plus près et j’en découvris une autre à côté de l’oreille et encore une sur mon visage. J’appelai Mathilde pour lui montrer. Inquiète, elle prit rendez-vous chez notre médecin le soir même.
Ce cher docteur A. nous reçut avec une heure de retard, heure pendant laquelle j’étais pris de bouffées de chaleur. Il m’ausculta, sentit deux-trois ganglions au niveau de mon cou, nota que j’étais fiévreux. Sans aucun doute une infection mais seule une prise de sang nous en dirait plus.
Le lendemain, je me rendis à jeun au laboratoire. L’infirmière eut du mal à me piquer et me massacra le bras.
-« Vous aurez les résultats demain vers 14h. »
Mon état était stationnaire. Je me forçai à aller travailler mais je rentrai de bonne heure, trop fatigué pour finir ma journée. Mes collègues me charriaient :
-« Et bien dis donc, ça t’épuise le mariage. Il faut dormir la nuit!! »
Pour dormir, je dormais. Je n’avais la force de rien d’autre.
Le lendemain, alors que je me préparai pour aller manger à la cantine avec Claude, je reçus un appel sur mon téléphone portable.
-« Bonjour, monsieur Caron?
– Lui-même. C’est pour quoi?
– Docteur A. Je viens de recevoir vos analyses et je souhaiterais vous revoir au plus vite. Passez dès que vous pouvez. Je vous prendrai entre deux patients.
– Ah…oui. Bien sûr.
Nous allâmes manger avec Claude. Enfin grignoter plutôt car je n’avais guère d’appétit. Claude ne me sentant pas dans mon assiette insista pour me ramener à la maison. Je lui demandai de me déposer chez le docteur. Il voulut m’attendre mais je le convaincs que ce n’était pas la peine et le remerciai.
Je patientai quelques minutes dans la salle d’attente et le docteur A vint me chercher.
– « Monsieur Caron. Comment vous sentez-vous aujourd’hui?
– Toujours fatigué, fiévreux…pas au top de ma forme.
– Vos analyses ne sont pas bonnes monsieur Caron. Je vais être indiscret mais auriez-vous tromper votre femme?
– Non, non! Quelle question!
Je vis les derniers jours de ma vie défiler et l’image floue d’une femme se rappela à moi. Qu’avais-je fait ce soir-là? Une semaine avant notre mariage, nos amis respectifs nous avaient organisé à Mathilde et à moi une soirée d’enterrement de jeune fille et de garçon. Chacun de notre côté, nous étions sortis avec nos amis, chose que nous ne faisions jamais. Claude, Marc, Baptiste et Julien m’ont emmené manger mexicain et boire de la tequila. Ensuite, nous sommes allés dans un bar latino. Nous avons continué de boire chacun payant sa tournée et Baptiste nous avait même trouvé de quoi nous faire un petit joint comme quand nous avions 20 ans. Nous avons beaucoup ri, beaucoup dansé aussi, collé serré. Je ne me souviens pas bien, j’étais attaqué. Mes souvenirs sont flous mais en me concentrant je crois voir le corps d’une femme aux cheveux longs qui se trémousse devant nous, se frotte à moi. J’entends mes amis qui l’encouragent. Elle me prend la main et m’emmène dans un coin sur une banquette. Je ne suis plus moi même, complètement enivré par l’alcool, la fumée des cigarettes, la musique trop forte, les stroboscopes. Je me laisse faire. Elle me caresse, se colle à moi. Elle me prend la main, m’invite à me lever. Je la suis comme hypnotisé. Elle m’a pris dans les toilettes…je crois. Ce fut sans doute rapide vu mon état. Je ne me souviens plus que de son corps qui se cambre sur moi, de ses cheveux qui dansent autour d’elle…
Je suis assis sur la lunette des toilettes le pantalon et le caleçon sur les pieds quand Claude me retrouve. Je dors. Pathétique! Claude m’a ramené chez lui. Ca a jeté un froid.
– Vous êtes sûr de vous monsieur Caron? C’est important?
– Si une fois, ça vient de me revenir. Une histoire sans lendemain.
– Vous étiez vous protégés?
– Non…mais ce n’est arrivé qu une fois.
– La fois de trop monsieur Caron. Vous êtes atteint du syndrome du VIH.
– Comment???
– Le VIH. Le VIH est un virus exogène qui….
Je n’entendis pas la suite. Le médecin me prescrit des examens complémentaires, essaya de me rassurer…
Comment avais-je pu faire cela? Lui faire cela? Nous faire cela? Pourvu qu’elle ne soit pas contaminée. Je ne pus affronter le regard et les questions de Mathilde. Je ne pus rentrer chez nous. J’errai dans les rues de Paris tant que mes forces me portèrent et finis par m’écrouler sur un banc au parc Monceau. Je repensais à cette femme fantôme à qui je n’avais pas dû laisser un souvenir mémorable mais qui m’avait marqué au fer rouge. Je la détestais. Je me détestais. Le fantôme bientôt ce serait moi. Je fermai les yeux ne voulant plus penser qu’à Mathilde, celle que j’aimais. Oserai-je retourner à elle?
Le texte de Bénédicte :
J’entends comme un soupir
comme un corps qui s’étire
et inscrit dans l’espace
une Marie pleine de grâce
C’est mon spectacle à moi
que ce charmant combat
entre ton pull et toi
C’est sûr un jour j’y crois
un jour tu le perdras
et ce seront mes mains
qui couvriront tes seins
Le texte de Terjit :
– Police ! Ouvrez sinon on enfonce la porte !
C’était la troisième fois qu’ils venaient chez moi depuis le mois dernier, je commençais à être habituée, mais cette fois-ci j’étais sous la douche et j’ai à peine eu le temps de m’enrouler dans une serviette avant que la porte ne vole en éclats. Cinq hommes cagoulés et armés jusqu’aux dents se sont jetés sur moi. Avec une force démesurée puisque je n’opposais aucune résistance ils m’ont menottée pendant qu’un des flics me tenait en joue avec son fusil. Ils m’ont assise par terre, mes cheveux dégoulinaient, ma serviette s’était volatilisée : j’étais nue et entre leurs pattes. J’avais déjà entendu de nombreuses histoires de femmes qui étaient seules chez elles quand les flics débarquaient et qui n’étaient arrivées au commissariat que plusieurs heures après leur arrestation… En même temps que faire ? Hurler s’ils me touchaient ? Personne ne viendrait à mon secours. Me débattre, les mordre, donner des coups ? Ils étaient trop nombreux pour avoir le dessus et tout le monde a en mémoire l’histoire de Valérie qui s’est défendue et est morte d’une balle dans la nuque. Ils étaient là à me dévisager de leurs regards salaces, hilares de me voir aussi impuissante qu’une souris dans la gueule d’un chat.
Un sixième flic en t-shirt et au visage découvert est entré, c’était probablement le gradé. J’étais rassurée de le voir arriver puisqu’il semblait plus calme que ses sbires. Ils se sont écartés et il s’est planté devant moi, dans une pose de western spaghetti. Puis il m’a attrapée par un bras et m’a soulevée comme une brindille pour me mettre debout. Sans dire un mot et avec un grand sourire il m’a flanqué une gifle qui a failli me faire perdre connaissance. J’étais étourdie mais j’entendais les autres flics pouffer de rire et le féliciter de cette mandale magistrale. Quand j’ai repris mes esprits j’ai senti le sang couler le long de ma joue, il m’avait ouvert la pommette ce Brutus.
Il m’a demandé si je savais de quelle brigade ils étaient, j’ai répondu qu’ils devaient être de la criminelle, comme les deux fois d’avant. Pour me faire comprendre mon erreur il m’a mis une deuxième baffe, un peu moins forte que la précédente, comme s’il prenait des précautions pour que j’entende bien ce qu’il allait dire. J’ai tout de suite compris que ma situation allait considérablement se compliquer quand il m’a informée qu’ils étaient de la « BPVRV ». Tout le monde connaissait ce sigle puisque tout devait passer par leur censure. Rien n’était diffusé sans leur accord, ils étaient partout : au cinéma, dans les livres scolaires, les journaux, la télévision. Depuis le mois dernier même la lingerie devait avoir le cachet « Approuvé par la BPVRV » pour être vendue… Le Brigade de la Promotion de la Vertu et de la Répression du Vice avait été mise en place l’année dernière par le nouveau gouvernement pour, disaient-ils, « lutter sans pitié contre les perversions et remettre la société dans le droit chemin ». Je savais donc pourquoi ils étaient là : une photographe qui a comme sujet de prédilection le corps des femmes représente un danger pour eux. Je savais aussi que j’avais été suivie la dernière fois que j’étais allée voir Mathilde, j’espérais qu’ils n’avaient pas réalisé qu’elle était pour moi bien plus qu’une amie d’enfance sinon nous serions perdues toutes les deux.
Brutus m’a informée qu’ils allaient m’emmener au commissariat pour être interrogée. J’ai demandé à m’habiller. Dans un éclat de rire glaçant il m’a juste répondu qu’avec la chaleur je ne risquais pas d’avoir froid. Je savais que l’humiliation faisait partie de leurs méthodes…
Au commissariat j’ai attendu des heures menottée à un anneau fixé assez haut pour qu’il soit impossible de s’assoir. Des hommes en uniforme passaient et repassaient, certains ne faisaient que me regarder en biais, d’autres se posaient devant moi et m’inspectaient du haut en bas sans en perdre une miette, il y en a même un qui a sorti son téléphone pour me prendre en photo.
L’interrogatoire a commencé vers 23 heures, toujours nue et debout, bien entendu, c’est Brutus qui menait le jeu. Il m’a demandé si j’avais une idée de la raison pour laquelle ils avaient pris la peine de se déplacer « rien que pour moi », j’ai répondu que je ne savais pas. Alors il a sorti la photo de mon dossier, celle que j’avais prise de Mathilde un matin en contrejour derrière un drap.
« Tu reconnais cette photo n’est-ce pas » dit-il calmement. Ce genre de personnage ne sort ses atouts que quand il est sûr de son fait, il était inutile de nier. Il m’a tout expliqué : les soupçons sur mes orientations sexuelles, la filature quand j’ai vu Mathilde la dernière fois, la caméra cachée dans son appartement, l’arrestation de Mathilde à l’aéroport, son faux passeport, la perquisition chez elle, la photo cachée dans un livre de cuisine : il jubilait comme un enfant, pauvre type.
Vers 8h on m’a permis de m’habiller avec la combinaison marron des déviants pour être décente devant mes juges. L’audience s’est passée à huis clos, comme tous les procès de ce genre pour ne pas une fois de plus pervertir la populace avec ces « histoires sordides ». Les preuves étant accablantes cela a duré moins de cinq minutes et la sentence est tombée : pendaison à l’aube demain matin. J’ai demandé une seule faveur : pouvoir rencontrer l’abbé de la prison, cela m’a été accordé.
Je le connais bien le père Edouard, c’est un infiltré qui lutte dans l’ombre au péril de sa vie pour que les histoires comme la mienne soient connues à l’étranger. C’est grâce à lui que vous pouvez me lire, mais je vous en prie, ne révélez pas son nom ni aucun élément qui pourrait le mettre en danger, c’est la seule part d’humanité qu’il reste ici.
Dans quelques heures je vais revoir Mathilde pour la dernière fois, je ne sais pas qui verra mourir l’autre, j’espère que ce sera moi, elle est trop sensible pour cela et je préfère qu’elle garde de moi une image de vie.
Mes amis, nous ne nous connaissons pas, mais je vous en supplie, répandez ce courrier autour de vous, parlez-en, luttez contre l’indifférence de tous ceux qui vous disent que c’est bien malheureux mais qu’ils ont d’autres problèmes à gérer. Mon cas est perdu maintenant mais ce n’est pas cela l’important : ils ne pourront jamais gagner car vous êtes des millions et ils ne sont qu’une poignée d’ahuris aveuglés, alors luttez, luttez, luttez… sans relâche, sans compromis, sans hésitation.
Adieu.
Élisabeth .
Le texte de Nady :
Le ressenti
Cette notion décidément rebelle,
Qui fait perdre ses billes à la réalité,
Et nous enferme parfois dans une bulle plus belle,
Ou alors dans un monde plein d’hostilités.
Ce ressenti, qui nous fait voir la vie,
En fonction de notre passé
Ou de nos envies
Jamais vraiment lassées.
Qu’est ce que je ressens quand je regarde ce cliché ?
Me donne t il envie de devenir peintre,
A travers ce pinceau que je devine avancer ?
Où me vois-je à travers lui, l’âme d’une danseuse,
Superbement bien cambrée ?
Et toi, que ressens-tu lors du départ d’un être cher,
Quand la dignité devant la société t’empêche de hurler ?
Et cet autre, que ressent-il après des années d’études acharnées
ou de recherches d’un travail en société,
quand il obtient le Graal tant désiré
tout en évitant d’attiser la jalousie tant redoutée ?
Et cette mère, que ressent-elle quand elle entend pousser son premier cri,
Après neuf mois médicalement surveillée sur son lit,
Pendant les douleurs de l’enfantement qui s’en suit ?
Et cette amoureuse, que ressent-elle quand elle le voit s’éloigner,
Juste après lui avoir parlé de bébé ?
Et nous, que ressentons nous devant cette mondialisation,
Qu’on confond toujours avec globalisation,
Dans un présent souvent douloureux,
Qu’on tente désespérément de rendre doux et heureux ?
Le ressenti devant chaque situation,
ce sentiment qui forme l’opinion que l’on a des choses,
qui, souvent, échappe à notre raison
Et que notre condition d’être humain nous impose.
Les textes écrits à partir de la même photo, mais publiés sur d’autres blogs
Jos : Jolie cette comparaison filée (bon l’expression n’existe pas, je viens de l’inventer) entre la femme vaporeuse et la cigarette … Un texte tout en « dual effect » qui va de la rive prosaïque à la rive poétique ! Les mélanges vont bien avec ton écriture, Jos ! 🙂
Anselme : Sois le bienvenu sur cet atelier !
Un texte court qui décrit bien l’innamoramento (qui n’est pas seulement une chanson de Mylène Farmer, hum)
Je crois bien que ce « tu » a la réponse à ses questions lorsqu’elle lui sourit, non ? (le langage corporel dit beaucoup.)
Claude : Quel plaisir de te relire !
Toujours cette façon de mêler plusieurs tons en même temps … Entre humour et divination (la référence aux photographes spirites du XIXè permet d’ancrer le récit dans une ambiance toute particulière).
Le pays des Brumes … un souvenir d’Avalon ? 🙂
(Le prénom Ludmilla « petite chérie » est un prénom ukrainien, ou de l’Est en tout cas … une de mes plus anciennes amies le porte, je ne lui montrerai pas ce texte d’une morte, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à elle …)
En tout cas, j’aime beaucoup « Il venait d’arriver dans un monde où les forces de l’esprit étaient plus fortes que la vacuité des corps. » 🙂
Merci beaucoup Leiloona. Le prénom Ludmilla fait référence à Ludmilla Tcherina, excellente danseuse décédée en 2004. Le Pays des Brumes est le titre d’un livre de Conan Doyle autour du spiritisme. Quant à Alan, mon personnage, c’est un clin d’oeil à Alan Kardec, le théoricien du spiritisme. Mon esprit cartésien garde beaucoup de recul sur ce sujet, mais ça reste une source pour l’imagination et la création…
je suis épatée par ta culture dans tant de domaines Claude !
Ludo : Ohhh le pauvre Martin raillé ainsi … Il y a des dons qui mettent longtemps à venir, non ? Ce n’est pas pour autant qu’ils n’existent pas … 😉
Un texte caractérisé par ta sensibilité : me suis tout de suite attachée à ton personnage.
(En revanche mon esprit doit être embrumé, pas saisi la blague avec Firma … Oui, je sais …)
Madame Irma, célèbre voyante… c’est pas la blague de l’année, j’avoue…
Oh punaise, ah ah, non mais là c’est moi qui n’ai pas été très finaude ! Rouuuhhh !!! 😀
Merci pour cet atelier
N’hésite pas à commenter les textes, l’atelier est un lieu de partage ! 🙂
Manue : Wow, un souffle poétique s’abat sur l’atelier ! Le fond est mega triste, mais y a une beauté et une puissance qui s’échappent de tes mots !
Danser, toujours, se relever, malgré tout … Oui, j’aime cette silhouette. Merci.
Bonjour à tous,
Leiloona Joli voyage dans le temps avec la prêtresse
Jos beau texte qui fait bien ressentir le désespoir d’une rupture, poignant
Anselme un beau texte sur les lendemains d’amour hésitants et bienvenue dans l’atelier
Claude L’amour par delà la mort, entre réalité et ombre, un texte émouvant Claude
Ludovic un texte drôle sur ce diseur de bonne aventure en difficulté et une belle chute à la fin, le début d’une grande histoire?
Manue Texte sombre et poétique sur la mémoire et sur ce bel esprit merci pour l’émotion, j’en ai des frissons en imaginant la musique.
Valérie bravo au départ ça part comme une gentille histoire d’amour et la rencontre d’un soir qui annule tout et met à mort chapeau pour la dernière partie de ton texte qui fait tout basculer
Bénédicte jolie poésie sur le désir
Terjit quelle horreur cette brigade, cette bande de machos beaufs et homophobes, l’horreur ce monde là sans cœur , ton texte fait froid dans le dos.
Merci Eirenamg ! Un voyage hors de l’espace temps oui ! 🙂
Horrible oui, mais malheureusement déjà mise en place par certains allumés du cerveau…
@ Leil, un texte superbe qui nous embarque dans un autre espace temps. Une réécriture particulièrement réussie.
@ Jos, une sacrée rupture! Superbe métaphore filée de la « consumation »! Bravo !
@ Anselme, une approche intéressante. J’aime l’idée de cette rencontre peut-être fugitive qui colle bien à la photo…une femme croisée comme une ombre et que l’on voudrait définitivement charnelle.
@ Claude, qu’il est tentant ce pays des brumes ! Géniale cette idée du spiritisme!
@ Ludovic, un texte vraiment plaisant à lire. Les aventures de ce medium en mal de don sont à la fois émouvantes et drôles. La chute, elle, est brillante.
@ Manue, une jolie musique dans ce texte ô combien poétique.
@ Valérie, un enterrement de vie de garçon qui prend tragiquement tout son sens !
@ Bénédicte, « une Marie pleine de grâce » à la mesure de ce texte et de ce désir.
@ Terjit , quelle imagination! Un texte étonnant et fort.
Merci beaucoup Sabine ! ♥
Merci !
@Leiloona : Quel plaisir de nous emmener à Delphes avec la Pythie ! Très belle description de sa préparation minutieuse. J’adore.
Sympa le clin d’oeil à Strabon.
Ah ah Virginie, ta mention de Strabon montre bien ta formation d’histoire ancienne ! 😀
Yeap, tout à fait, j’ai du Strabon en moi ! 😛 (classe !)
Quant au voyage à Delphes, c’est un des plus beaux souvenirs de voyage que je garde en moi …
Pour moi aussi c’est l’un de mes plus beaux souvenirs mon voyage à Delphes.
Et oui la géo de Strabon j’en ai un peu bouffé… (mémoire de maîtrise sur Alexandrie… Alexandra ! lol)
Oh excellent ! 😀 Je vois … Je f’rai p’tre un clin d’oeil à Sarapis alors dans un prochain texte ! 😛
@Jos : Oh j’aime bien l’idée de l’évanescence par la fumée de la cigarette. Très joli texte et de beaux vers !
@Anselme : Bienvenue à toi !
L’amour naissant qui n’ose pas. Sa première question est légitime et tout le monde se la pose. Il va pouvoir lui poser les suivantes, elle semble réceptive. 😉
@Claude : Très belle idée que cette silhouette de l’être aimé disparu qui apparaît grâce à la divination. C’est à la fois triste et beau. Texte très délicat. Merci.
@Ludovic : Pauvre Martin qui souffre de ne pas avoir hérité du don familial… quoique… il se pourrait bien qu’elle soit danseuse cette jeune femme dans la rue… tout n’est pas perdu et l’espoir d’un amour surgit.
@Manue : Whaooo ton texte transpire de poésie. C’est magnifique ! J’adore. Bravo et merci pour ce texte qui transporte.
@Valérie : Ouch qu’il est dur ton texte ! L’enterrement de vie prend un sens très tragique…
@Alexandra: Un destin à la fois glorieux et un peu tragique comme le sont tout ceux qui n’ont pas réellement choisi leur vie.
Oh étonnant d’y voir une sorte d’enfermement (tragique), pas du tout ce que j’ai voulu faire passer. Toujours étonnant et instructif de voir les projections des lecteurs ! Merci ! 🙂
@Alexandra : tu m’as embarquée dans un monde divin qui me donne envie d’approfondir mes connaissances sur le sujet tellement ta plume est belle et ensorcelante ! j’adore la description du rite de la toilette et tes chutes toujours énigmatiques où un « Il » intervient souvent. Bravo et merci ma belle pour ce doux moment hors du temps présent
Rouh plume ensorcelante ? Merci #smileyquirougit
Oui, j’aime bien ce Il énigmatique, évanescent et un brin caché … En tout cas, il semble marquer la pythie (c’est dire ! ) ; )
@Benedicte : Un bien joli petit poème sur le désir. Espérons vite que les mains prennent le relais du pull. 😉
@Terjit : Oh oui il faut lutter absolument contre le BPVRV et tout ce qui s’y approche et nous est si proche en ce moment… haut la liberté !
Malheureusement je crains que tu aies raison, si proche de nous en ce moment… La liberté, toujours la liberté contre la pseudo vertu ! Merci de ton commentaire
@Nady : Oui le ressenti qui nous ait propre et qui parfois, quand on y reste dessus, ne nous fait pas comprendre celui des autres : l’incompréhension se développe.
oui, en effet, tu as saisi la substantifique moelle de mon message… je file lire ton texte. à bientôt
@Jos : Je n’ai jamais compris ces personnes qui prennent leur temps pour lire une lettre… A l’époque où on en recevait encore plein, j’étais toujours si excitée d’en recevoir que je me précipitais pour ouvrir l’enveloppe et la lire, au grand dam de ma mère qui m’apprenait qu’une lettre se lit assise confortablement sur un fauteuil… Elle n’en revient toujours pas de me voir décrypter les messageries dès que la connexion le permet 😉 Y a que les courriers des impôts pour lesquels je prends le temps de m’asseoir pour les ouvrir et les lire… :-/ encore un texte extra que le tien ! Quelle superbe idée que de voir ce corps évanescent à travers la fumée de cigarette ! Faut être fumeur ou vivre avec un fumeur et encore bien le regarder pour déceler une belle trouvaille ! Bravo ma belle, j’ai adoré ton texte !
@Manue : comme je viens de te le promettre, j’ai accouru sur ton texte 😉 Gosh !! Nos rires et chamailleries de tout à l’heure sur fb ont fait place à beaucoup de gravité au fur et à mesure que j’avançais dans ton texte… Tu as un réel don de magnifier à travers ta plume des moments douloureux inavouables, inacceptables. Congrats ma belle ! encore un magnifique texte que tu as écris là !
Terjit : encore beaucoup de plaisir ce lundi de découvrir ton texte avec une nouvelle histoire que tu as sortie de ton chapeau bien plein !
Les humiliations et tortures infligées à Elisabeth m’ont été difficiles à lire tellement je ne supporte pas de voir, entendre et lire cela mais me suis accrochée pour ne perdre aucune miette de ton récit.
Ton côté engagé ressort beaucoup dans ce texte et cette phrase qui m’a interpellée pourrait s’appliquer à de nombreux combats : »je vous en supplie, répandez ce courrier autour de vous, parlez-en, luttez contre l’indifférence de tous ceux qui vous disent que c’est bien malheureux mais qu’ils ont d’autres problèmes à gérer.(…) alors luttez, luttez, luttez… sans relâche, sans compromis, sans hésitation. » je te reconnais bien là : » ils ne pourront jamais gagner car vous êtes des millions et ils ne sont qu’une poignée d’ahuris aveuglés, » cette partie là m’avait déjà marquée et reboostée à un autre temps… Merci, tout simplement 😉 des bises
Merci beaucoup Nady. Tu as reconnu la phrase ? Je ne pensais pas qu’elle t’avais marquée autant que cela, mais c’est vrai que quand j’ai écrit ce texte j’étais un peu dans le même état d’esprit qu’à l’époque…
Oh que oui je l’ai reconnue. Tu ne peux pas imaginer l’effet rebooster d’énergie qu’elle avait procuré en moi car sincèrement je ne me sentais pas en sécurité malgré les discours de nos ‘élites’….
@Claude : quel bonheur de retrouver ta plume cette semaine à travers une merveille de texte ! J’écoute maintenant en boucle « White fire » et j’imagine des improvisations de danse ! J’ai eu le bonheur d’assister un jour à des répèts d’un spectacle de danse où à la fin on a demandé aux danseurs pros d’improviser… des moments hors du temps et divins ! Merci pour ce moment, m’en vais reprendre mon quotidien sur un beau nuage… grosses bises et belle semaine à toi
Jos: Ah l’amour est parfois compliqué alors que ça devrait être si simple.
@Leiloona. Très joli texte. La préparation de la Pythie est très sensuelle. J’aime particulièrement la dernière phrase 😉
Merci, suis contente si la sensualité de la pythie a touché el bandido mexicano ! 🙂
@Jos : j’adore ! vraiment très poétique et beau. Cette image évanescente…
@Anselme Welcome ! (et je t’ai piqué l’adjectif evanescent dans mon commentaire du dessus…). chouette texte
@Bénédicte : j aime beaucoup !
@Valérie. ouch. quelle histoire flippante !
@Anselme: C’est vrai que ça fait aussi penser à une silhouette sous la douche. En fait, au lieu de regarder par l’extérieur, il aurait dû aller la rejoindre. 🙂
@Claude: Ah, ce serait bien de pouvoir ainsi continuer à côtoyer ceux qui nous ont quitté.
Valérie : Oh punaise, il est hard ton texte … En tout cas, tu as réussi à faire passer les émotions … outch.
Bénédicte : Hum, j’adore … précis et efficace. Bon déjà il a droit au spectacle, cela me semble bien engagé, non ? 🙂
Merci. ….je pourrai lui suggérer de nouer discrètement les manches un jour! !!!
Ah oui aussi, pas bête ! 🙂
Terjit : Sacrément bien mené ton texte, brrr il fait froid dans le dos, une belle amorce dystopique.
Merci Leiloona ! Ce monde n’est malheureusement pas si imaginaire que cela… dès que la justice est rendue par des mâles à la libido mal maîtrisée…
Nady : Un poème fort avec de nombreuses idées … J’y aurais p’tre resserré les thématiques (eu l’impression qu’on s’éloignait de la photo). Je garde en tête la cambrure des reins de la danseuse et ce pinceau qui pourrait la dessiner … voire même dessiner sur le corps de la danseuse. Mais je m’égare … 🙂
Merci pour ta lecture Leiloona. Oui, moi aussi aime bp ce passage mais ai manqué de temps pour le développer… voilà ce que c’est que de courir après le temps… on en bâcle l’essentiel parfois… ferai mieux la prochaine fois en suspendant le temps de l’écriture… bisous
Ma belle Nady, ce n’est pas bâclé, juste desserré … parce que dans ce poème tu as mis tout ton toi, tu avais beaucoup à nous dire, voilà tout. De belles bises sonores.
Oui en effet, une journée Sans hier me faisait voir toutes mes tâches bâclées tellement je n’en étais pas satisfaite ; -) pour la petite histoire, j’avais envie d’écrire un texte sur le ressenti avant même de voir la photo…puis mon planning s’est resserré et j’ai voulu faire d’une pierre plusieurs coups. .. Ça m’apprendra à l’avenir à laisser ma plume « parler « quand elle m’exprimera son besoin pressant ; -) grosses bises pluvieuses bella
Naaaaaan, je crois seulement que tu avais beaucoup à dire, mais avec les commentaires des autres je comprends mieux ce que tu as voulu faire passer. Des bises aussi, belle !
@leilonna: quelle sensualité! J’aime la richesse de la langue, bravo!
@Jos: tres belle idée cette comparaison de la fuite de l’être aimée et de la fumée vaporeuse.
Par contre leilonna, tu ne voudrais pas me traduire le titre? 🙂
Ah si bien entendu !
« On raconte que la première pythie s’appelait Phémonoé » ! 🙂 Fille d’Apollon et créatrice du fameux hexamètre (qu’elle savait donc parfaitement scander.) 😀
Merci Ludo ! 😀
@Anselme: ce petit dialogue intérieur est drôle! Bien trouvé!
@claude: une réécriture d’un vieux film ou un homme fait de la poterie avec le fantôme de sa femme? Belle idée que celle du fantôme qui hante comme l’amour a hanté autrefois!
@manue: la musique de ton texte est superbe, les sonorités s’accordent, on aurait envie de lire à voix haute. Bravo pour cette richesse littéraire!
@Valerie : une histoire dure et sombre… mais qui fonctionne.
@benedicte: une poésie à chute! Un régal! J’en redemande!
@terjit: le texte fait froid dans le dos, mais je ne peux que te féliciter pour l’écriture! On y est, on le vit et on est dégoûté, mal à l’aise. Bravo!!
Merci Ludo !
@Ludovic: Wow, quel excellent texte. Il donne envie d’en lire davantage.
@Leillona : Un texte tout en sensualité, on voit très bien ton héroïne s’enduire d’huile sacrée…elle donne envie de s’octroyer un petit moment de douceur. Lecture très agréable même si,à regret, je ne connais pas bien cet univers. L’occasion de m’y pencher un peu. Merci.
@Jos : Voir l’être aimée partie en fumée et son amour s’éteindre comme une cigarette …triste mais jolie interprétation de la photo.
@Anselme: Bienvenu. Moi qui suis une petite nouvelle, tu verras que c’est beaucoup de plaisirs partagés. J’ai oscillé en lisant ton texte entre une relation d’un soir et une histoire qui se termine…Mystère!
@Claude : Je me suis laisser emportée par les esprits en lisant ton texte, étrange d’autant que je ne crois pas du tout au spiritualisme. Troublant.
@Ludovic : j’ai adoré l’atmosphère de ton texte, cet homme entouré de femmes qui attendent beaucoup de lui, le mettent « à l’épreuve », sa gêne et cette première révélation : peut être le réveil tardif de ce don familial ou une simple coïncidence. Pourquoi pas le début d’une belle rencontre en tous cas?
Je garde un peu de plaisir pour demain …avec la lecture des autres textes.
Oh Valérie, même si tu ne connais pas trop cet univers, le fait que tu t’y sois embarquée est le plus important … la magie des mots ! 🙂
@Valérie :ta question finale est intéressante… à quand la suite ? La lectrice que je suis imagine une suite plutôt désastreuse mais qui sait ? Ton texte m’a replongée dans le souvenir de Philadelphia. Bravo !
@Leiloona : J’aime beaucoup ton texte d’un autre temps et la superbe description détaillée que tu fais de la Phytie. Ton texte nous transporte dans un monde divin et tu nous offre là un bien joli voyage.
@Anselme : Le sourire de la belle inconnue nous laisse supposer qu’elle ne le restera pas longtemps… Un texte court mais qui en dit long. Bienvenue à toi !
@Claude : Quelle belle histoire ! Appeler sa belle disparue puis en une photo, se retrouver dans son monde et être enfin réunis… Un texte émouvant.
@Ludovic : Ah, L’heureux Martin qui le même jour fait une belle rencontre et vit enfin la révélation de son don ! Un texte agréable, une histoire bien construite et en plus teintée d’humour.
@Manue : Oh, ton texte est d’une tristesse…mais aussi tellement beau et poétique. Bravo !
@Valérie : Merci pour la suite des aventures de la dormeuse du train et de Philippe ! Mais quelle fin triste et tragique ! Une erreur bien chèrement payée.
@Bénédicte : Superbe poème plein de sensualité… J’ai adoré te lire !
@Terjit : Un texte glaçant, un cri contre la tyrannie et l’intolérance. Un texte presque insoutenable par son oppression mais si bien écrit. Un grand Bravo !
@Nady : Tant de choses nous font éprouver des sentiments qui seront différents selon notre passé, le jour où on les ressent, l’état d’âme… Très joli poème Nady 🙂
Merci ma belle Jos ; -) des bises aussi
Merci Jos, touché par ton commentaire !
@ Leiloona /Alexandra
J’ai aimé cette évocation de ces femmes dont toute la sensualité ne s’exprimait qu’entre les quatre murs d’un temple, et dont la pureté et la beauté étaient gages de communication avec les divinités et de transmission de la parole sacrée. ….
Je crains fort qu’une pythie n’ait pas le droit de tomber amoureuse sans attiser la colère des prêtres et des dieux. ..
Il y a du lyrisme et une dose de mystère, ça te va bien. …..
Si tu te réfères à l’article L923.1, la virginité de la Pythie est réservé à Apollon. Il y a donc un cas où, si la Pythie est amoureuse d’Apollon, la colère des Dieux est épargnée.
Oh. Apollon qui descend exprès du Mont Olympe #respect …
On peut vous joindre, vous avez un 06 ? 🙂 (Avec tous les respects que je vous dois … je n’aurais pas aimé que mon personnage fasse l’objet d’un courroux divin … #PoorPythie )
#Siffle
Béné : Eh bien c’est un peu plus compliqué que cela … tant qu’une vierge n’a pas exposé ses « méfaits » avec un mortel, elle reste vierge … (oui, les Grecs sont assez souples …)
Merci à toi, le texte se voulait sensuel, et je crois bien qu’il l’a été oui ! 🙂
Trop forts les Grecs! !!!
@ Leiloona : superbe et tes descriptions sont très sensuelles. La musique de tes mots ajoute de l’émotion à cette mythologie rêvée. L’ambiance me fait penser aux tableaux orientalistes. Bravo.
Merci Claude ! Oh les tableaux orientalistes du XIXè ? Suis touchée ! 🙂
@ Jos : une belle idée cette fumée de cigarette. Et bien écrit. J’aime beaucoup. Merci.
@ Anselme : bienvenue à Brica Book. Je n’ai qu’un an de pratique à l’atelier ; je te souhaite autant de plaisir que j’en ai éprouvé. Ton texte est vraiment bien : court, efficace. On s’identifie rapidement à ton personnage.
@ Ludovic : ton texte est excellent. J’adore. Bien construit, de l’humour, merci.
@ Manue : quel rythme ! Et quelle poésie ! Bravo pour ce texte. C’est superbe.
@ Valérie : le drame est amené avec beaucoup de talent. Triste de penser que cette réalité touche beaucoup de monde.
@ Bénédicte : oh, que c’est joli et musical ! Bravo.
@ Nady : c’est vraiment bien ton ode au ressenti. Tu explores bien ce sujet qui provoque le meilleur et le pire, parfois loin de la réalité. La forme que tu y donnes est très agréable à lire. Bravo.
merci mon cher Claude. Tes retours dans l’atelier sont toujours attendus avec ferveur chaque lundi et tes compliments me vont toujours droit au coeur. Mille mercis. belle semaine à toi
Très en retard pour vous lire, mais promis, je me rattrape avant lundi ! Des bises à toutes et tous
C’est une période chargée, Nath, rien de plus normal (je n’ai pas lu tous les textes non plus.) Des bises.
Je manque cruellement de temps mais je vous lis petit à petit.
@Leiloona merci pour ce voyage empli de sensualité. J’ai aimé partager cette préparation avec la pythie.
@Jos : En tant que fumeuse (pas bien …) je comprends parfaitement bien cette idée d’apparition à travers la fumée de la cigarette.
J’ai beaucoup aimé ce mélange des genres (récit et poésie) qui se marient parfaitement bien. Très joli moment passé à te lire.
@Anselme : Bienvenue dans ce bel atelier ! 🙂
Un texte court mais qui décrit parfaitement le trouble qu’une personne peut laisser, notamment lors des premiers rendez-vous. Espérons qu’il y en aura bien d’autres.
@Claude : jolie surprise ce récit que tu nous offres, il y a beaucoup de finesse et d’amour qui en ressort. L’espace d’un instant j’ai cru voir planer des ombres autour de moi.
@Ludovic : un texte plein de surprises, cet homme qui pense n’avoir aucun don finalement rencontrera peut-être LA femme grâce à sa boule de cristal. Lorsqu’il racontera cela à toutes les femmes de sa famille, elles vont probablement en perdre la boule aussi.
Sourire du matin, devant ce jeu de mots! Merci!
@Manue : j’en ai la gorge nouée. Ce texte qui colle parfaitement à la douloureuse actualité … Cette poésie dans la souffrance que tu décris, c’est beau et triste à la fois.
@Valérie : quand un enterrement de vie de garçon tend vers le tragique et l’irréversible … Ton texte m’a beaucoup touchée. La lutte contre le sida est une cause qui me tient particulièrement à cœur. Ton docteur A. a raison, il suffit d’une fois …
@Manue : je retrouve avec plaisir l’empreinte de tes textes, qui oscillent en un futur qui fait peur et l’espoir. J’aime beaucoup.
@Bénédicte : j’adore la sensualité qui se dégage de ces quelques vers. C’est délicat et sexy à la fois. Bravo !
@Terjit : c’est volontiers que je mets la lutte en marche pour Elisabeth.
Merci pour ce texte rempli de force.
@Nady : joli poème qui fait écho. J’aime tous ces ressentis abordés qui effectivement nous sont propres mais aussi parfois changeant au fil du temps. Un poème que l’on pourrait relire à différents moments de notre vie et voir si notre ressenti est toujours le même.
Merci L’ivresse littéraire pour ton retour. Je n’y avais pas pensé pour la relecture à un autre moment. Très belle idée et c’est là où l’on voit si notre perception du monde a changé ou pas… beau week-end à toi
Nous défilerons ensemble 🙂 Merci !
@Terjit : whaou!, j en ai froid dans le dos. Pourvu que ton histoire ne soit pas anticipative. En tous cas c’est super bien écrit, on vit pleinement cette horrible scène et j’étais prête à faire suivre le message d’Élisabeth. Bravo!
J’espère que ce n’est pas prémonitoire ou en tout cas que notre Histoire et les combats passés seront encore assez vivaces pour qu’une majorité se lève. Merci beaucoup de ton commentaire
@Nady : Beaucoup de questions joliment posées sur des domaines variés. Belle invitation à la réflexion et à la prise en compte du ressenti probable des autres pour mieux les comprendre et moins les juger.
Oh Valérie, ton commentaire me touche énormément. Je mène une lutte acharnée contre le jugement et que tu aies pu entrevoir cela dans mon texte me ravit au plus haut point. L’assertivité fait beaucoup appel au ressenti mais je t’avoue que moi même ai des petits lâcher prise sur ce combat épuisant parfois mais oh combien bienfaisant pour nous tous quand on évolue dans le non jugement d’autrui et de soi… Merci pour ta lecture attentive.
@Benedicte : tes vers illustrent très bien la photo, toute en sensualité . Joli travail
Très peu de temps disponible cette semaine, heureusement il reste le dimanche soir tard, ce petit moment hors de tout, cette parenthèse entre la vie de famille et la frénésie professionnelle qui n’appartient qu’à, moi et que je partage un tout petit peu avec vous en vous lisant. Plaisir !
@ Leiloona : ta parenthèse antique va bien avec la mienne plus contemporaine. Moi aussi j’ai un souvenir très ému de Delphes, avec mon regard d’enfant, j’avais 8 ans, je me suis senti embarqué dans une atmosphère particulière que je n’ai retrouvé que dans peu d’endroits en Grèce. Magnifique voyage dans le temps.
@Jos : j’adore le parallèle entre la photo et la fumée de la cigarette, et quelle belle écriture !
@Anselme : bienvenue ! Qu’il est chou celui-là, c’est d’ailleurs surement la réponse à sa question… Bravo
@Claude : quand l’amour peut aller jusqu’à provoquer des hallucinations qui aident à vivre, que c’est beau, merci !
@Ludovic : quelle persécution familiale, le pauvre. J’aime beaucoup les petits traits d’humour, la HD à la première vision par exemple:-), et la rencontre de la fin montre bien que le hasard vaut bien mieux que la prédiction.
@Manue: … très ému, simplement mais profondément, par ce texte qui dit toute la souffrance et l’ignominie de l’extermination. Très difficile mais très réussi !
@Valérie : Ah ben bravo… je me souviens que lors de ton premier texte je souhaitais qu’elle le compose le 06 de son Philippe Duvaumel, et quand j’ai reconnu les personnages je me suis dit « chouette, la suite de cette rencontre adorable dans le train », et puis vlan, ça partait trop bien je me suis pris la chute en pleine poire. C’est trop triste, vraiment trop triste, mais ton texte m’a transporté. J’hésite à demander une suite, ou alors seulement si elle est heureuse…
@Benedicte : très belle description du désir, très beau texte !
@Nady je t’avoue être un peu gêné pour le commenter tant il te ressemble 😉 alors je vais me contenter de la forme que j’aime, du rythme bien choisi, des mots percutants, bref j’aime beaucoup ton texte.
Merci d’avoir pris du temps au temps pour nous lire Terjit. 😉
Encore de jolis textes sur mon image. Merci à vous 🙂