Elle tapote
De vains mots
Aussitôt écrits
Aussitôt envolés
Dans les limbes
Cybernétiques
De son smartphone magnétique
Elle virevolte
De texto en texto
Visage blafard
Oeil cerné
D’avoir trop regardé
Cet écran
Aux relents machiavéliques
Elle tapote
De vains mots
Mais s’accroche
Malgré elle
A son chaos.
© Leiloona, le 21 septembre 2014
Le texte de Ludovic
Regards croisés
Sofia rentrait chez elle, après une longue journée de travail. Son patron l’avait encore sermonnée, menacée de la virer, et elle, elle avait dû serrer les dents et sourire.
Elle marchait, comme un peu perdue, se rendant vers la station de métro qui, au prix d’un épuisant voyage interminable, la ramènerait dans son appartement de lointaine banlieue, le centre étant bien au dessus de son salaire de serveuse.
Pour rejoindre la station, elle passait devant le théâtre, et lorsqu’elle y parvint, les spectateurs en sortaient, prolongeant leur soirée sur le trottoir, échangeant leurs impressions sur tel acteur, ou tel moment de la pièce; elle s’était alors retrouvée malgré elle, prise dans cette cohue, comme si, elle aussi, sortait de ce théâtre. La tête lui tournait, elle se perdait parmi tous ces gens d’un autre monde. C’est à ce moment que son regard a croisé les yeux bleus d’un jeune homme! Immédiatement, elle l’a reconnu!
Persuadée de le connaître, sans réussir à resituer ni le contexte, ni ce qu’elle savait de lui… elle a appuyé longtemps son regard!
Lui aussi semblait l’avoir reconnue et lui renvoyait un regard insistant!
Malgré le flot de spectateurs qui coupait le fil de leur échange de regards, ils ne se quittaient pas des yeux.
Sofia, de plus en plus sûre de le connaître, même si sa mémoire lui faisait pour le moment défaut, osa un sourire. Il le lui rendit, avant d’être emporté par un groupe d’amis avec qui il avait partagé la soirée.
Sofia se retrouva seule sur le trottoir, un peu abasourdie… Elle avait cette impression de déjà vu, et pourtant ne pouvait s’empêcher de penser que sa chance était passée;
elle continua sa route vers la bouche de métro, contorsionnant sa mémoire pour retrouver un indice concernant ce sourire…
Mais rien ne lui revint!
Pourtant ils s’étaient reconnus!
Ou seulement trouvés ?
Depuis ce jour, Sofia est présente chaque soir à la sortie du théâtre, à la recherche de ce sourire.
Avec l’envie de croire que lui se serait souvenu d’elle et de ce qu’ils avaient partagé ensemble ; ou avec l’espoir fou que comme elle, il aura eu envie de renouer le fil invisible qui les a relié quelques secondes ce soir là, qui les a fait se reconnaître, alors qu’ils ne s’étaient jamais vus …
Elle l’attend !
Le texte de Magali :
« J’arrive. »
Cela fait 5 minutes que j’ai reçu son texto. Si tranchant. Expéditif presque. J’arrive. Il n’a pas précisé quand. J’arrive maintenant. J’arrive bientôt. J’arrive mon amour, ne t’inquiète pas. Non. Juste j’arrive. Sans me demander si moi j’étais bien au rendez-vous. Si j’allais bien. J’arrive mon amour. J’espère que ton petit cœur ne grelotte pas trop de froid. Juste ça. Au lieu de ce j’arrive comme un ordre. Comme s’il fallait que je me prépare. J’arrive mon ange. Tu es si belle ce soir. Je cours, léger, pour rattraper le temps perdu sans toi. J’espère que ton petit cœur ne grelotte pas trop de froid. Deux mots seulement pour dire tant de choses. Pour parler de nous, de moi, de ce rendez-vous si important.
J’arrive mon amour, mon ange. Ne t’inquiète pas. Tu es si belle ce soir que je cours, léger, pour rattraper le temps perdu sans toi. J’ai tellement attendu cet instant. Si tu savais… J’espère que ton petit cœur ne grelotte pas trop de froid. Les rares passants me dévisagent. Je me sens mal à l’aise et je lui en veux de ce retard. J’arrive mon amour, mon ange. Ne t’inquiète pas. Je suis seulement un peu en retard. J’ai aidé une dame enceinte à accoucher. J’ai sauvé un homme de la noyade. J’ai éteins un incendie. Tu es si belle et lumineuse ce soir que tous les passants ne peuvent que t’admirer. Je resterai dans l’ombre de ta vie pour mieux te voir.
Je cours, léger, pour rattraper le temps perdu sans toi. Je suis perdu sans toi… J’ai tellement attendu cet instant. Si tu savais comme je m’en veux de te laisser seule. J’espère que ton petit cœur ne grelotte pas trop de froid. Je suis là maintenant. Tout va bien. Ma montre indique 22H12. J’attends depuis 23 minutes. Le film a commencé. Je l’ai appelé trois fois. Sans résultat. Sans message possible. Sa boite est pleine. C’est trop tard. Je pars maintenant. J’arrive mon amour, mon ange, mon petit sucre roux. Ne t’inquiète pas. Je suis seulement un peu en retard. J’ai aidé une dame enceinte à accoucher. J’ai sauvé un homme de la noyade. J’ai éteint un incendie. Je sais, ma boite de messagerie est pleine ; j’ai conservé tous tes précieux messages. J’aime le son de ta voix. Tu es si belle et lumineuse ce soir que tous les passants ne peuvent que t’admirer. Je resterai dans l’ombre de ta vie pour mieux te voir. Ma luciole gracile.
Je cours, léger, pour rattraper le temps perdu sans toi. Je suis perdu sans toi et j’ai le cœur en alerte. .. J’ai tellement attendu cet instant. Si tu savais comme je m’en veux de te laisser seule. Si le film a déjà commencé, laisses-moi te surprendre. Ferme les yeux simplement et je t’emmènerai où tu veux sans rien te dire. J’espère que ton petit cœur ne grelotte pas trop de froid. Je suis là maintenant. Tout va bien.
Les liens vers vos textes :
Lilou : Le joujou
Olivia : Et vous ?
Jean-Charles : La fille au bonnet blanc
Cléo : Quand un smartphone devient un objet de douleur
Caro : L’art du texto
Cess : Un SMS de rupture
Paikanne : L’air de rien
Voici mon lien http://saxaoul.canalblog.com/archives/2014/09/22/30627921.html
Et comme d’habitude, je reviens te lire un peu plus tard #speeddulundimatin
Hi hi, moi je suis tellement speed le matin que je ne peux même pas allumer le pc ! 🙂
Et voici ma participation : http://plaisirsacultiver.wordpress.com/2014/09/22/une-photo-quelques-mots-134eme-atelier-decriture-de-leiloona/
J’aime beaucoup ton texte, c’est tout à fait ça !
Merci ! Et super d’avoir encore participé ! 😀
Etrange comme je me retrouve dans ton texte… Manie du texto… Vacuité de la chose…
Voici mon lien de la semaine : http://www.milleetunefrasques.fr/2014/09/une-photo-quelques-mots-38/
Des bises
Arff oui, je crois que nous sommes nombreux à le ressentir, non … C’est si facile derrière un écran, ça n’engage à rien … etc … 😉
Les vains mots des textos qui s’oublient aussitôt reçus… Et parfois pas.
Bien vu.
La poésie te sied bien. 🙂
Pour Ludo : quand on se trouve et qu’on se perd, il faut se retrouver – elle a bien raison de l’attendre.
Oui, parfois on n’oublie pas, mais est-ce le cas de l’autre ? 😉
Merci à toi ! 😀
C’est joliement dit. Voici mon lien :
http://mynameisor.blogspot.fr/2014/09/une-photo-quelques-mots-134.html
Bises
Merci et ajouté ! 😀
Marrant comme on est nombreux à avoir focalisé sur le téléphone plutôt que sur la fille.
Pas Ludo, et c’est chouette aussi.
Mon billet :
http://mespetitesrecres.blogspot.fr/2014/09/lattente-une-photo-quelques-mots-11.html
Oui, alors que finalement il n’est qu’un accessoire. 🙂
Et voilà ma participation de la semaine :
Un SMS de rupture: http://leslecturesdececile.fr/une-photo-quelques-mots-17-un-sms-de-rupture/
Je reviens lire les billets de tout le monde 😀
Ajouté ! 🙂
@Leiloona : s’accrocher à son chaos. C’est fou comme certains mots peuvent vous parler dans certaines périodes. Très beau poème, comme toujours 🙂
@Ludovic : deux navires qui se croisent dans la nuit… Espérons qu’ils se retrouvent !
Merci à toi ! 😀
Oui, je crois que c’est parfois compliqué de se détacher de quelque chose qui peut vous nuire … malheureusement.
ça yest j’ai participé !
en esperant que mon message ne tombe pas dans tes spams 😉
http://lagazettedecitronbleu.eklablog.com/accueil-c18260698
Non, une fois que je t’ai acceptée une fois, tu es visible ! 😀
Leiloona> je suis de ceux pour qui le portable est greffé à la main… Mais pas jusqu’au chaos! Joli poème une fois de plus, l’efficacité du message sur un texte court et pourtant riche en style et en ecriture!
Merci ! 😀 Ah oui, c’est rigolo, je ne te voyais pas geek … remarque, vu ton mail d’hier soir, j’aurais dû m’en douter ! 😉
bonjour !
abonnée chez Myrtille et Aurélia j’aimerais participer à ces ateliers-
je viens de m’abonner à ton blog
à te lire ! merci-
Bonjour,
Mais tu es la bienvenue ! 😀
Je mets la photo pour les textes de lundi prochain demain matin ! 🙂
La solitude et la tristesse émanent de ce poème.
Ludovic : j’espère qu’elle aussi ne poursuivra pas un chimère.
@Leiloona : tous ces messages que l’on laisse s’effacent effectivement dans le néant. J’ai récemment retrouvé des lettres, vieilles de quelques années, et c’était un vrai bonheur de les relire. Des souvenirs me sont revenus en mémoire. J’ai l’impression d’être une vieille en écrivant cela mais la question de la conservation des écrits à l’ère du numérique est une vraie question.
@Ludovic : Le fin est ouverte, à chacun de l’imaginer !
Arff oui, tu prêches une convaincue … les lettres, les cartes postales, autant de miettes de pain laissées à jamais pour l’autre … j’ai perdu beaucoup de textos auxquels je tenais en changeant de portable …
@ Ludovic : « leurs yeux se rencontrèrent » … En fait, tu es un indécrottable romantique ! 😀
Parce qu’il y avait des doutes à ce sujet?:)
😆
Je ne savais pas trop, mais là oui c’est flagrant ! 😛
@Leiloona : !Une Belle observation d’une gisquette geekette ! 😉
@Ludovic : Il arrive des choses étranges et un regard en dit parfois bien long.
Je viens d’apprendre un nouveau mot ! 😛
coucou leil, j’ai écrit aussi et ai seulement pris le temps de te lire ce soir.http://facetiesdelucie.canalblog.com/archives/2014/09/22/30629536.html
mon lien enfin…
Je t’ai ajoutée, je suis désolée tu n’auras pas beaucoup d’impact du coup. 🙁
Ludovic : j’espère qu’elle va le revoir !!!!
Leiloona : comment ne pas se reconnaitre dans ce poème… Le téléphone et les échanges sont devenus un prolongement de mes (nos?) mains !
Arff, oui … mais il ne faut pas que cela nous gâche la vraie vie non plus … mais comment faire sans ?
Dit celle qui est allée frapper à la salle de ses collègues adorés pour avoir un chargeur … 😛