Anton recompta les billets qu’elle venait de lui apporter. Une jolie liasse qu’il tenait bien entre ses doigts toujours noircis par le charbon. Combien de dollars aujourd’hui ? 600, 700 ? Mila travaillait bien ! Il la garderait encore. Autant qu’elle le voudrait, finalement ! Quel beau duo ils formaient ! Elle avait un don pour nouer des contacts avec les clients, et lui il était ravi d’empocher l’argent. Chaque jour, ils venaient plus nombreux. Non, vraiment, Mila était une véritable poule aux oeufs d’or ! Les chiffres dansaient devant ses yeux. Un fin sourire naquit sur ses lèvres, son coeur tambourina un peu plus fort dans sa poitrine. Il devenait l’homme riche qu’il avait toujours voulu être. Qu’allait-il s’acheter ? Aucune idée ne lui vint à l’esprit. Il avait le temps. Chaque soir, il entreposait cet argent dans une chaussette épaisse qu’il glissait dans son sac de linge sale. Qui irait voir les chaussettes sales d’un vieux célibataire ? Il faudrait avoir un cœur aussi pur et fougueux que celui d’Yvain pour fourrer son nez dedans.
Il regarda Mila partir. De dos aussi elle était belle, il aimait voir son jupon se soulever à chacune de ses enjambées. Elle tourna au coin de la rue, disparut, elle avait sans doute à faire. Anton replia la liasse.
Quelle belle idée il avait eue tout de même avec cette mine ! Désaffectée et complètement brinquebalante, personne ne pouvait y accéder. Personne sauf Anton qui avait toujours eu les clés. Un des privilèges acquis de longue date par son grand-père ! De père en fils ils étaient les gardiens de la mine. Anton la connaissait comme sa poche. Aussi, quand il en avait vu rôder autour, il leur avait proposé ses services. Il les avait fait descendre dans la mine en échange d’un joli pécule. Le bouche à bouche avait bien marché, et son petit commerce avait explosé. C’est à cette époque que Mila était arrivée. Il en avait profité pour déléguer. C’était elle qui liait contact avec ces hommes avides de sensations fortes. Lui se contentait de leur faire visiter, et de passer par des endroits escarpés. Les hommes adoraient ! Ils revenaient d’en bas ivres du manque d’air, les jambes tremblotantes et le visage blême. Il faut dire que l’alimentation pour aérer était capricieuse, la seule main d’oeuvre venait d’Anton, il n’avait pas forcément le temps. Alors, pour parfaire au folklore demandé par les clients, Anton emportait un canari sous terre afin de vérifier la teneur en CO là dessous. Si l’oiseau faisait un malaise, il fallait remonter illico ! Quelle affaire !
En mettant sa liasse dans sa poche gauche, Anton se dit qu’il avait finalement un projet pour sa chaussette. Il achèterait un bon gros diamant à Mila, le jour où enfin il se déciderait à la demander en mariage. Il rit de cette pensée : un diamant né du monoxyde de carbone dans une mine charbon, une sacrée équation digne du plus farfelu des alchimistes !
© Alexandra K. le 30 avril 2015
Jos : La fierté d’un père
Accoudé au rebord de la fenêtre, l’homme regardait les papiers qu’il tenait à la main. Il ne pouvait détacher son regard des billets qu’il venait de recevoir et dont la valeur, dans son pays, représentait l’équivalent d’un très bon salaire. Il les comptait et recomptait, vacillant entre un sentiment de soulagement et de honte. Cette petite fortune aurait dû le rendre heureux, mais il restait prostré, le visage fermé et le cœur serré, sans voir ni entendre les femmes attroupées-là pour l’observer.
Cet argent, qui n’était pas le fruit de son travail, il ne le méritait pas et ses mains tremblantes tournaient et retournaient avec amertume l’objet de sa honte et de son indignité. Les images qu’il tenait entre ses doigts se superposaient à celles de son ainé parti pour un ailleurs quelques mois plus tôt. En désaccord sur ce départ, ils en avaient longuement discuté. Mais le fils n’avait rien voulu entendre et c’est la tête remplie d’espoir et le cœur débordant de promesses qu’il s’en était allé au petit matin pour éviter les larmes de sa mère et de ses sœurs encore endormies. Le père l’avait embrassé une dernière fois et avait refermé la porte derrière lui. Il n’avait pas voulu regarder partir son enfant ni le voir fuir ce pays que lui seul continuait à aimer malgré la misère et la tyrannie qu’il lui infligeait. Il s’était promis de ne rien accepter de celui qu’il considérait comme déserteur et si depuis des mois il s’inquiétait et souffrait de ne pas avoir de ses nouvelles, il se consolait à la pensée de ne pas avoir eu à mettre sa promesse à l’épreuve.
Mais les semaines s’étaient succédées, chacune plus terrible et misérable que la précédente. La petite famille vivait la peur au ventre et le ventre vide. Alors le père, tremblant chaque jour un peu plus pour ceux qu’il aimait tant, avait fini par admirer ce fils devin et prévoyant, et à guetter une lettre de sa part.
L’homme ferma les yeux et aspira une grande bouffée d’air. Quand il regarda à nouveau ses mains, il vit sous un autre angle l’argent que son fils lui avait envoyé. Son ainé avait atteint son but et tenu sa promesse. Il était l’honneur de la famille et du nom qu’il portait. Et lui qui avait tout fait pour le dissuader de son dessein, était maintenant fier de ce fils dont il louait le courage et l’abnégation.
Les femmes, restées là à l’épier et à deviser sur sa réaction, le virent relever la tête et se redresser. Puis elles l’entendirent prononcer cette phrase destinée à la chair de sa chair :
« Fils tu es, père tu seras ; ce que tu donnes tu recevras. »
Miguel de Cervantès – Le petit-fils de Sancho Panza
Nady :
Dès la publication du cliché, Il m’est apparu en premier. Je ne voyais que Lui, rien d’autre autour. Bon, il faut dire qu’en ce moment on parle aussi beaucoup de Lui, partout, sur les réseaux sociaux, au travail, à la maison, dans la rue, entre inconnus même de plus en plus.
D’ordinaire, Il a l’habitude déjà d’attirer beaucoup d’attentions. On Le cajole, on se pose pour parler de Lui, on s’attarde, on se réunit, on prend le temps qui nous manque pour plein d’autres actions mais s’Il en est un sujet, on arrive à suspendre des minutes précieuses pour débattre de Lui, autour de Lui ou parfois sans Lui. On a pour Lui souvent plus de considération que pour notre Humanité, c’est presqu’à en chialer !
Il est le nerf de la guerre. Il ouvre des portes quand Il est présent et en ferme tout autant par son absence. Il rend heureux ou malheureux. Avec Lui c’est marche et sans Lui c’est crève !
Il n’est ni masculin, ni féminin. Non, son genre à Lui c’est positif ou négatif. On préfère L’avoir avec nous car ainsi Il permet de rêver ou tout simplement vivre dans nos sociétés actuelles car sans Lui, la vie est beaucoup plus difficile. Des âmes spéculatrices veulent bien daigner nous prêter un peu de Lui parfois mais seulement si nous sommes solvables et quand on le leur rend, elles Le récupèrent avec un bon embonpoint.
Il peut devenir excitant aussi quelque fois surtout quand, dans son genre positif, Il commence à flirter avec 7 nombres dans son ADN… Et là, les plus grands et intelligents de l’espèce humaine se plaisent même à jouer avec Lui pour le grossir encore plus quand d’autres jouent aux jeux de hasard en espérant un jour peut être tomber sur tous les bons numéros et jouir de Lui à foison !
Il se fout des saisons mais change de nom en fonction des époques, classes sociales et pays : écus, sous, monnaie, euros, dollars, briques, balles, pesos, yen, dirhams, livres… et j’en passe… bref, tout ces petits noms pour parler de l’argent !
L’argent ! Le Graal sale et sans odeur tant convoité ! Pour quoi, beaucoup seraient prêts à faire et dire n’importe quoi ! Sans quoi, une majorité trime chaque jour pour survivre ici bas. Avec quoi, une minorité jouit de la vie à en mourir d’ennui parfois ; j’en ai même vu, avec un esprit sain, qui allait jusqu’à le brûler par provocation ou simple folie d’en avoir manqué pendant tant d’années et que l’arrivée soudaine a déréglé !
Sinon, à part ça, la journée fut bonne Monsieur ? Je vous vois compter, compter et recompter… Tout est là ? Le compte est bon ? La somme vous apportera le sourire aujourd’hui ? Mais peut être qu’il n’y en a pas assez… Demain arrive et sera un autre jour pour encore plus en gagner… Le temps ne passe jamais assez vite dans cette quête sans fin.
Isabelle :
Il était une fois un homme qui avait Tout. Parti du Rien dont le destin affuble parfois certains innocents qui ne l’avaient pas demandé, il était arrivé au sommet. Mais chacun sait qu’une fois au sommet, il est impossible d’aller plus haut, sauf à vouloir orgueilleusement tutoyer les Dieux.
Il avait eu l’Idée, la Pierre philosophale des temps modernes, et l’avait déclinée sous toutes ses formes. Une Idée simple mais un grand pas pour l’Homme, etc, etc… Suites à l’année dans les plus grands palaces, chalet à Gstaad, condo chryséléphantin en Floride, voitures puissantes, costumes sur mesure, les politiques qui le flattaient et les financiers souriants, bras ouverts, qui lui servaient du « très cher ami ». Les femmes se lovaient à ses pieds telles des chattes et le couvaient de leurs yeux de biche. Mais elles pouvaient bien déployer toute la palette de leur parade de séduction, seule comptait sa muse, l’Unique, son Grand Coeur, son Trésor… Ils s’étaient rencontrés sur les bancs du lycée et c’est pour elle qu’il avait gravi l’Everest des affaires. Simple Trésor, modeste Coeur qui ne se souciait guère de ce faste, de ces soirées mondaines. Elle ne désirait qu’une vie simple, faite d’art et de littérature. Aveuglé par l’univers dans lequel il louvoyait désormais, il s’était fourvoyé. Il lui avait acheté des tableaux, alors qu’à ses yeux à elle, la peinture était faite pour tous les regards, pas ceux des privilégiés, parmi lesquels elle ne s’était jamais sentie à l’aise. Elle s’était peu à peu lassée de ses déplacements incessants, des voyages, de ces individus creux qui se prosternaient devant le veau d’or. Elle l’avait quitté. Pour le chauffeur. Banal, non ? Mais leurs discussions autour de la poésie, à laquelle il s’adonnait pendant ses longues heures d’attente, avaient conquis son cœur privé d’émotions pures. Et pour lui désarroi, désespoir, désintérêt, descente. Par paliers de (dé)compression. Jusqu’à se retrouver au point de départ, dans la ville de sa naissance, à vivre dehors, avec une maigre obole laissée par les touristes à qui il en faisait faire le tour. Mais même ces derniers se détournaient de ce guide pouilleux qui ne savait plus que marmonner « Mon Trésor… Mon Trésor… », tel un Gollum plus déshumanisé que l’original.
Alors il contempla les deux billets qui lui restaient, les donna à un clochard moins miteux que lui qui mendiait sur le Pont Neuf, et plongea dans l’or du fleuve.
Adèle :
Seize ans à Douala
Je me retournai furtivement. Ce salaud de Paul était encore à sa fenêtre, à recompter la poignée de billets sales que je venais de lui remettre. Cinquante mille francs CFA chaque semaine, c’était le tarif de sa protection, et celui de ma honte.
Je suis pieds et poings liés à cet homme depuis ce jour funeste où j’ai cru reconnaitre en lui le messager du bonheur accompli, celui auquel aspire toute jeune fille de seize ans qui arrive de la brousse, naïve comme le poussin qui brise sa coquille avec maladresse, mais néanmoins opiniâtre, à peine sortie de l’œuf, déjà sure de l’avenir brillant qui l’attend au dehors. Ainsi pensais-je alors, pauvre fillette enivrée aux images de la télévision communautaire, petit papillon aveuglé par les lumières de la grande ville.
A mon arrivée à la capitale, mégalopole à l’animation monstrueuse, séparée pour la première fois de ma mère, comme un sot oisillon je me suis attachée aux pas du premier homme rencontré. C’était Paul et pourtant, Dieu sait bien qu’il ne ressemblait pas à un élu du ciel. Vieux, la figure tannée, cigarette au coin de la bouche, bonnet vissé sur le sommet de la tête, malgré la chaleur poisseuse et poussiéreuse des rues, si différente de celle de la campagne où l’air circule librement, tels les hommes et les animaux. Ce bonnet, c’est sa carte de visite. Une fille qui projette de rejoindre la ville, les autres filles lui disent de chercher l’homme au bonnet. C’est là tout ce que je savais, tendre agnelle.
J’avais trouvé le bonnet et le type qui le portait. Paul m’avait offert mon premier verre de soda glacé (et je me souviens de la fraicheur incroyable et merveilleuse et des gratouillis dans ma bouche vierge de ces sensations inconnues) et j’avais ri, pauvre innocente ! C’était un blanc, Paul, et ça comptait, comme pour tout le monde ici. Pour nous autres, camerounaises, le blanc est la plus belle couleur. Cela n’est pas une question de pureté, mais une promesse d’Eden. Les blancs, ils ont tout en mieux, on le voit dans les feuilletons du soir, quoiqu’en disent les parents.
Paul, sa peau fatiguée par le soleil et l’alcool n’était plus vraiment blanche, j’aurais du me méfier. Il ne m’a pas fallu quinze jours pour n’avoir plus rien dans la toute petite poche de mon unique robe, et faire rétrécir ma fierté à la taille d’un timbre-poste. Qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre que d’être bien gentille, comme Paul m’avait demandé de l’être, avec son ami, mais il a tant d’amis, Paul, des blancs, des noirs, qui m’aiment beaucoup et toujours m’abandonnent au petit matin.
Maintenant je ne pleure plus, je suis établie, je fais mes petites affaires, je verse ma dîme toutes les semaines à Paul, je vis chichement, avec des collègues, et j’envoie ce qui reste à ma mère, pour que ma petite sœur continue d’aller à l’école, qu’elle rêve de sombres orages du désert plutôt que de neige, qui n’est que triste mirage de la ville.
Manue :
La mémoire n’est que peu de chose finalement face au tourbillon de la vie.
Quel air respire cet homme ? Celui d’une civilisation perdue ? Celui de son monde à lui qui s’écroule ? Celui de la société dans laquelle il évolue ?
Il ne lui reste presque plus rien. Quelques billets. Une vie peut-être brisée. Il n’est qu’une silhouette, une parmi des milliers d’autres. Une image. Bientôt, ses souvenirs seront perdus. Comme s’envolent ceux de toute l’humanité.
Il ne reste rien des corps calcinés, brûlés par des hommes aux idéaux barbares. Ils n’ont pas de tombes et seules quelques pierres jonchent celles de ceux qui tentèrent de les aider. Il ne reste rien de ceux qui sont revenus, leurs corps meurtris, leurs âmes damnées, n’ont pas pu raconter, pas assez, qui pourrait leur en vouloir ? Le chemin pour les écouter est douloureux. Il oblige à avoir un cœur, des larmes, une humanité qui intègre la souffrance des autres et pas seulement la sienne, pourtant si lourde parfois à porter.
Il ne reste que quelques images des ghettos, jaunies par le temps et perdues au milieu de celles des camps. Ceux qui les habitaient ne sont pas revenus, ou si peu, et leurs mots sont restés incompris. Cela ne pouvait pas être vrai.
Il ne reste que les mots. Pas ceux des livres, pas ceux des manuels d’histoire, même pas ceux des lettres que les morts écrivirent aux vivants. Les mots brûlent aussi, aussi bien que les corps. Et leurs cendres volent au vent du temps qui passe avec autant de légèreté.
Il ne reste que trois mots, symboles d’une barbarie sans nom. Quelques lettres en métal qui résistent au temps et à l’histoire. Elles sont là pour que nous nous souvenions que d’autres, il n’y a pas si longtemps, ont pensé qu’ils étaient les meilleurs. Trois mots qui sont la preuve d’idéaux nauséabonds. Des mots dangereux. Porteurs de sens différents. Des mots tellement faciles à croire quand nous ne savons plus, quand nous souffrons, quand nous n’avons pas le choix ou que nous pensons que nous ne l’avons pas. C’est tellement facile d’oublier le reste, envolé.
ARBEIT MACHT FREI
Le danger est à nos portes, il existe déjà au delà de nos frontières. Vous ne sentez pas l’odeur de la cendre ?
Valérie :
Après une année de terminale exceptionnelle au niveau de mes résultats et avec les encouragements massifs de l’ensemble de mes professeurs, je décidai de poursuivre mes études en France.
Mon professeur principal et professeur de sciences et vie de la terre, M. Ben Kassen, s’était battu pour que l’on reconnaisse mes mérites et m’avait obtenu une bourse afin que je puisse faire les études qui m’intéressaient et qui n’étaient proposées au Maroc que dans des écoles privées hors de ma portée. Il croyait en moi et il était persuadé que je réussirais les concours d’ingénieur et qu’avec mon diplôme d’agronomie en poche je pourrais à mon retour servir mon pays.
Mes parents, enfin mon père surtout, ne l’entendaient pas de la même oreille. Mon père était foncièrement opposé à ce départ, il avait d’autres projets me concernant et j’avais déjà perdu bien trop de temps sur les bancs de l’école à son goût. Il avait déjà prévu un mariage pour moi, sa fille unique, avec le fils d’un de ses riches amis que je n’avais jamais rencontré. Pour lui, il était hors de question que je parte.
Je savais que je perdrais en partie ma famille si je faisais le choix de la raison. Mais je me serai perdue en faisant celui du cœur. J’ai longuement hésité, j’ai remis en cause mes projets à plusieurs reprises, j’ai beaucoup pleuré me sentant complètement écartelée.
Mais devant la grille où furent affichés les résultats du bac, lorsque je vis mon nom avec à côté « Admise mention très bien », il n’y eut plus de doute possible. J’avais réussi l’impossible. Moi, la fille d’un tanneur j’avais obtenu mon bac. Je devais continuer, je ne pouvais pas accepter de vivre comme ma mère, soumise et dépendante. Les temps avaient changé, j’avais les moyens intellectuels de faire autre chose de ma vie. Je ne pouvais laisser la coutume ou même la religion m’enfermer dans un rôle qui n’était pas pour moi.
Ma mère a toujours été là pour nous, ses cinq enfants. Pour Drice mon frère aîné, nos trois petits frères et moi-même. Elle a tout donné pour nous et ses sacrifices ont fait de moi ce que je suis. Je sais que je lui dois beaucoup. Mais je devais saisir ma chance. Ce serait lui faire honneur à elle aussi.
Partir sans l’approbation de mon père me déchirait le cœur. Il refusa de me conduire à l’aéroport le jour de mon départ. Il ne voulait plus me voir, ne voulait plus entendre parler de moi. Je l’avais trahi, il me renia.
Par l’intermédiaire de ma tante, la sœur cadette de ma mère bien plus jeune et émancipée, je pus rester en contact secrètement avec ma mère. Un coup de téléphone, un courrier, nous nous tenions informées. Moi de mes études, elle des progrès de mes petits frères, de la vie de mon grand frère devenu papa. Ils me manquaient tous mais en France en poursuivant mes études je devenais une femme libre.
La vie sur Paris était dure. Il faisait froid. Je vivais dans une chambre d’étudiant au sein d’une cité universitaire. Je travaillais énormément pour mes cours et je dus prendre en plus un petit boulot de caissière quelques heures par semaine afin d’avoir de quoi manger. Ma mère m’envoyait de temps en temps quelques billets qu’elle arrivait à économiser mais ils valaient si peu ici. J’avais honte de l’obliger à se priver pour moi. Là-bas avec ces sommes elle aurait pu gâter mes frères. Ici je n’en faisais pas grand-chose.
Mes résultats étaient plutôt bons. Durant mes deux années de préparation aux concours d’école d’ingénieur, j’ai peu dormi. Je me suis accrochée. Fabien, un étudiant de ma promo m’a beaucoup aidée. Nous révisions ensemble, il m’expliquait des choses quand je ne comprenais pas. Et surtout il me faisait rire.
Nous passâmes tous les deux les mêmes concours : des épreuves écrites réellement éprouvantes, longues et difficiles. Nous fûmes reçus aux oraux dans les deux mêmes écoles d’agronomie : ENSAIA Nancy et Oniris Nantes, à l’opposé l’une de l’autre sur la métropole.
Le stress était à son apogée. Nous avons bossé comme des fous tous les deux. J’appréhendais que seul l’un de nous deux soit reçu et pas l’autre, ou que l’un soit pris à Nantes et l’autre à Nancy. Mais nous avons eu de la chance ou notre travail a été reconnu et nous avons été reçus tous les deux à Nantes. Quand nous avons eu nos résultats nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre, émus et soulagés. Nous avons échangé notre premier baiser. Comme j’étais heureuse et fière, de lui, de moi, de nous, du chemin parcouru. Si seulement j’avais pu partager mon bonheur avec toute ma famille.
Nous avons pris une colocation ensemble sur Nantes. Nos études nous passionnaient. Nous devions nous serrer la ceinture et faire l’impasse sur plein de petits plaisirs, mais être ensemble était tellement bon que le reste importait peu. Durant trois années, nous avons tout donné, nous permettant juste un week-end en bord de mer de temps en temps. La mer d’Essaouira, son odeur, sa couleur, le bruit de ses vagues me manquaient tant que Fabien dès qu’il le pouvait emprunter la voiture d’un copain et m’emmenait me ressourcer.
La mer me manquait mais ce n’était rien à côté du vide que je ressentais en pensant à mon père. Cinq ans sans un mot de lui, sans aucun encouragement, sans aucune félicitation.
Mon diplôme en poche, je sentis le besoin de retourner au pays, d’aller le voir, de lui montrer ce que j’étais devenue, de lui montrer ce que j’avais réussi. J’espérais qu’il serait fier de moi et me pardonnerait. En descendant de l’avion, toutes les odeurs que j’avais oubliées sont revenues en moi en bloc. J’ai vu défiler mes premières années passées auprès de ma famille, tous les bons moments vécus avec chacun d’eux et avec mon père. Un peu bourru et plutôt maladroit, derrière sa carapace, il a toujours eu un cœur énorme. Je le savais. Il m’ouvrirait ses bras.
Avec Fabien, nous prîmes un taxi et nous lui demandâmes de nous déposer non loin des tanneries. Je voulais m’approcher de lui, le voir avant de me rendre dans notre riad. En cette fin d’après-midi, il y avait pas mal de monde dans les rue d’Essaouira. Les regards posés sur nous par les habitants semblaient plus indifférents qu’agressifs, malgré nos différences. Je croyais reconnaître un visage par ci, un regard pas là mais je n’osai saluer personne. Et je le vis. Il devait avoir fini sa journée de travail et il était appuyé contre un muret. Il me sembla triste et vieilli, tellement vieilli. Ses traits étaient tirés, ses mains flétries. Il avait l’air complètement absent. Je m’en voulais. Il tenait quelque chose dans la main, un papier qu’il ne quittait pas des yeux. Nous restâmes quelques minutes à l’observer. J’avais besoin de courage pour l’affronter. J’avais tellement peur d’être déçue. Fabien me soutenait comme il pouvait mais il était gêné, il savait que sa présence auprès de moi n’allait pas faciliter les choses dans ses retrouvailles. Il hésitait à me prendre la main, à me serrer dans ses bras. Mais je savais qu’il était avec moi et qu’il me soutenait dans cette épreuve.
Puis, mon père a tourné la tête vers nous interpellé par un ami. Nos regards se sont croisés. Il m’a immédiatement reconnu. Il a laissé tomber le papier qu’il serrait dans sa main. Mon cœur s’est arrêté de battre jusqu’à ce que ses lèvres dessinent un sourire et qu’il crie mon nom :
- « Iliana !!! In Shaa Allah ! tu es revenue ! »
Il est venu vers moi et m’a prise dans ses bras. Il sanglotait. Nos larmes se mêlèrent.
Pendant notre étreinte, Fabien ramassa le papier pour le rendre à mon père. C’est ainsi qu’il découvrit la petite fille que j’avais été.
Terjit :
Chaque vendredi elle fait le trajet en taxi pour venir. Pour ses maigres moyens de secrétaire comptable c’est à chaque fois une somme qu’elle ne peut pas vraiment se permettre. Mais qu’importe, l’essentiel est ailleurs, au plus profond de leurs regards qui se croisent de loin, de plus en plus près, tellement proches que la vue en est brouillée.
Chaque vendredi il l’attend des heures appuyé sur son rebord de fenêtre. Il guette le coin de la rue, c’est par là qu’elle arrivera dans son magnifique taxi vert et jaune. Le chauffeur prendra doucement le virage pour éviter le trou, puis le carrosse roulera à allure princière jusque devant sa fenêtre. Il fermera les yeux de bonheur, rien de pourra perturber l’instant, pas même sa respiration.
Chaque vendredi elle se dit que ce n’est pas très raisonnable de prendre seule un taxi. Les chauffeurs ne sont pas tous recommandables et elle appréhende toujours la deuxième partie du trajet au milieu des champs d’oliviers. Autant par habitude que pour se donner du courage, elle tient fermement le petit porte-monnaie bleu qui sert de coffre-fort à l’argent pour la course.
Chaque vendredi il est agacé de ne pas avoir les moyens de lui payer une voiture. Il connait les risques d’un tel voyage pour une femme seule, il a les mêmes appréhensions qu’elle. Quand on la regarde avec l’œil d’un père c’est l’adorable petite fille brune aux grands yeux noirs que l’on voit, avec l’acuité d’un homme elle se transforme en houri.
Chaque vendredi elle emballe un petit cadeau pour lui, trois fois rien : quelques pâtisseries, des dattes ou du thé. Une fois par an elle ajoute un cadeau d’anniversaire, et cette année c’est un livre : un recueil de quatrains d’Omar Khayyâm. C’est autant un cadeau qu’un exercice qu’elle offre à cet homme qui apprend à lire depuis la mort de sa femme.
Chaque vendredi il compte et recompte les quelques billets qu’il arrive à économiser pour lui payer une ou deux fois par an le retour. Le but est quasiment atteint, s’il arrive à négocier un petit peu avec le taxi ce sera bon. Il sait qu’elle refusera avec énergie, qu’elle se défendra de faire tant d’efforts pour venir, mais aussi qu’elle abdiquera face à l’importance que cela a pour lui.
Chaque vendredi il la retrouve,
Chaque vendredi elle le regarde,
Chaque vendredi il l’écoute,
Chaque vendredi elle le respire,
Chaque vendredi il l’admire,
Chaque vendredi elle le cajole,
Chaque vendredi un père et sa fille sont seuls au monde.
Les textes écrits à partir de la même photo mais publiés sur d’autres blogs :
Jos : Très belle citation que tu as bien illustrée avec ton histoire sur la filiation… La graine que l’on plante chez ses enfants (ou même chez n’importe quel être) germera un jour, oui.
Bien entendu, le fond est terrible, noir, et les augures ne s’annoncent pas bons. Mais l’étincelle vient de ce père et de fils prodigue. Merci.
@Leiloona : très jolie écriture, j’ai beaucoup aimé la fluidité du premier paragraphe. Tu cultives avec art l’ambiguité du sujet. Car que se passe-t’il au fond de cette mine ?
NB je me suis juste demandée qui était Yvain ?
Ah ça, ce qu’il s’y passe … Faudrait y descendre, tu veux que je te prenne une place auprès d’Anton ?
Sinon Yvain, c’est le chevalier de la table ronde ! 🙂
Merci ! 😉
Nady : Ah ça … mais quid ? Revenir à une société où le troc est de mise ?
On n’a pas fini de le louer, hum …
Bien vu l’ambiguïté de départ, tu aurais pu continuer sur l’énigme tout du long. Bon procédé oui !
Pas franchement fan du troc uniquement, suis capitaliste (tout travail mérite salaire et plus on travaille plus on doit gagner) tout de même mais pas encore au point de vouer un culte à l’argent… j’ai repris le procédé que j’avais utilisé pour mon tout premier texte chez toi il y a 2 ans 😉
Un texte anniversaire alors ! 😀
😉 avec un peu plus de gravité que le tout premier sur le temps qui file trop vite 😉
Plus de deux ans qu’on se connaît donc ! Fichtre ! 😮 3 ans de visu, non ? Me semble qu’il y a eu une grosse période où on ne connaissait mais que tu n’écrivais pas encore ici …
Yeaap, 3 ans depuis une SMV (heuuuu, faudrait peut être que je détaille le sigle de SMV non ? Ceux et celles qui ne connaissent pas pourraient prendre peur, ça commence comme sado-maso…. lol) suis morte de rire…. 😉
Oh tu sais, ma réputation n’est plus à faire ici bas ! 🙂 (et cela m’amuse qu’on pense que … bref le rire nous sauvera tous ! :D) Des bises, mamz’elle !
Service Militaire Volontaire ou Service Médical des Voyages ?
Voilà voilà ! 😀
hihihi 😉 n’ai plus d’internet at home et me suis prise une bonne barre ce matin avec vos réponses 😉
@Jos : intéressante description du cheminement d’un père. Comme cela doit être difficile : se dire qu’on s’est trompé, mais surtout accepter que son fils prenne une autre voie que la sienne, sans se sentir renier . Combien en sont capables ?
NB Dans la phrase « il se consolait à la pensée de ne pas avoir eu à mettre sa promesse à l’épreuve », je n’ai pas compris de quelle promesse il s’agissait.
Adèle ; C’est de celle du père qui s’était promis de ne rien accepter de son fils. Je voulais montrer que le père était à la fois inquiet de ne pas avoir de nouvelles du fils mais qu’en même temps cela lui évitait de tenir la promesse qu’il s’était faite de refuser ce que son fils lui enverrait. Bon, j’aurais pu peut être du tourner la phrase autrement pour que ce soit plus clair… Merci de ton commentaire ! 🙂
Isabelle : Jolie fable (ou plutôt cruelle fable) qui illustre bien l’adage « l’argent ne fait pas le bonheur ». Suis un peu triste pour cet homme, oui … Mais mon éternel optimisme ne peut que voir une fin heureuse avec cet or du fleuve qui me fait penser au trésor de Nibelungen … (Et je ne peux m’empêcher de penser à Nuit rhénane de mon bel Apollinaire … J’avais d’ailleurs écrit un texte qui pourrait être la suite du tien : http://www.bricabook.fr/2017/02/me-mirer-encore-une-fois-dans-le-fleuve-ecriture-n253/ )
Pas de fin heureuse, non 😉
Ah ça, le lecteur décide, le texte ne t’appartient plus ! 🙂
Adèle : Ah tu n’as pas joué l’ambiguïté toi … Ouch. C’est moi ou ton texte, là, est sacrément imagé ? Pas mal de métaphores, j’aime ! Cela contraste avec le sombre de la photo … Un texte échiquier oui !
@Nady : intéressante réflexion sur le pouvoir de l’argent.. J’ai noté la majuscule mise aux pronoms, Lui, Le.
J’adore surtout cette phrase : « Il n’est ni masculin, ni féminin. Non, son genre à Lui c’est positif ou négatif. » J’en ai compris que pour le narrateur, l’argent n’est pas neutre, et tu le dis là très joliment.
Merci pour ta lecture adèle. Non pas neutre mais quand tu vois les dérapages opérés quand il y en trop à sa portée, y a de quoi péter un plomb….
Manue : Comme je te le disais hier, un texte fort. Punaise. L’écriture mime ce côté hachoir avec dents tranchantes.
Quant au fond, malheureusement, je le partage. Me dis même que l’éducation ne sert pas à grand chose si Papa Nietzsche avait raison avec son éternel retour des chose. Argh.
les petits carnets de pauline : première participation, mais il semblerait que le lien vers ton blog ne soit pas le bon, puisque WP me dit que tu as supprimé ton blog.
Mon seul lien pour te contacter est donc via mes commentaires … Si jamais tu passes par là … 🙂
@Isabelle : un texte très conforme à l’adage « heureux au jeu, malheureux en amour ». Mon grand âge me fait penser le contraire : quand le succès arrive, si la personne n’est pas solidement structurée , c’est elle qui s’en va, pour en chercher une plus belle, une plus jeune. Un peu désabusée, quoi 🙂 Mais il y a aussi de très beaux contre-exemple. (Macron ? :D)
Cela reprend aussi la notion que l’argent salit les personnes (cf la morale chrétienne)
Pour moi l’argent n’est en fait qu’un révélateur. Mais peu importe mon avis, ce qui compte c’est la réflexion que tu induits par ton texte, et ça c’est chouette ! 🙂
Merci beaucoup. Macron et l’argent ? Une très belle histoire d’amour, en effet 😉
@alexandra : très chouette histoire Bien-sûr au départ on imagine qu’Anton fait faire tout autre chose à Mila puis on découvre pas à pas leur petit commerce. J’aime beaucoup l’idée du canari et du diamant. Beau projet
Le canari et le diamant, c’est la color touch de la mine de charbon ! 😀
Alexandra : en jetant un œil rapide sur tous les textes je viens de voir que mon texte n’était pas entier…je vais te le renvoyer. À Moins qu’il ne soit trop long…
Ah, l’aurais-je tronqué ? 😮 Oui, renvoie le moi …
Merci à toi
C’est tout bon, normalement ! 🙂
@tous : Très belle fête du 1er mai à tous ceux et celles qui ont la chance d’avoir un travail, qui j’espère les comble, malgré parfois des moments de folie. Aux autres, puissiez vous fêter d’autres 1er mai très vite. C’est avec en bruit de fond les superbes notes de Mozart et Haendel, au coin d’un petit feu de cheminée, devant une belle brassée de muguet bien odorant, que je vous lis avec un certain plaisir en ce lundi matin.
@alex : j’aime beaucoup le prénom de ton héros. Au début de ton texte j’ai eu peur de détester ton personnage mais ça va, il n’exploite pas totalement les charmes de Mila. Suis curieuse de connaitre son avis sur la demande en mariage 😉 bravo, tu sais divinement bien raconter des histoires avec la bonne dose de suspens qui accroche et fait réagir le lecteur 😉
@jos : ton texte m’a fait penser à un texte de l’évangile avec le retour du fils qui a dépensé toute sa fortune héritée et que le père reçoit avec faste devant la jalousie du frère resté près du père… c’est vrai que l’enfant qui part est souvent considéré comme le « déserteur » mais c’est souvent salvateur pour lui de s’éloigner de la cellule familiale qui peut être étouffante quand on est épris de liberté. Bravo et j’aime retrouver tes citations en conclusion 😉
Tant mieux alors, si je suis bonne pour les doses, c’est mon côté sorcière ça (avec les philtres.)
😉
@isabelle : toute ressemblance avec un personnage d’actualité est fortuite…. bien que je doute que la muse de la vraie vie de celui auquel je pense ne soit pas attirée par les mondanités des gens creux… 😉 un beau détournement du cliché 😉 bravo !
@adèle : ce que je craignais dans le texte de Leil eut lieu dans le tien…. pauvre narratrice… j’ai bien aimé le passage sur l’admiration portée sur les blancs ; dans mon île aussi c’est ainsi, enfin jusqu’au jour où on commence à voyager et se rendre compte que la couleur de peau ne donne ni prestance et encore moins intelligence 😉 elle a raison de faire étudier sa soeur, le savoir ouvre plus de portes que l’argent….
C’est marrant que tout le monde pense à Macron en lisant mon texte 😀 ! Ce n’était pas du tout conscient de ma part en tout cas (moins je peux penser à lui, mieux je me porte 😉 ), mais allez savoir, les mystères de la psyché…
Mdr 😉
@manue : tu colles à l’actualité de cet entre deux tours… certains de mes amis entendent à nouveau le bruit des bottes… ça me pertube d’entendre et lire cela mais je comprends qu’on veuille avertir du danger….
Cette partie m’a aussi troublée : » une humanité qui intègre la souffrance des autres et pas seulement la sienne, pourtant si lourde parfois à porter. » : heuuuu, perso, pas trop fan de ce concept… l’empathie jouant parfois des tours à plomber le moral, alors mieux vaut ne pas tout intégrer car à mon avis on ne pourra plus aider son prochain en étant dans la même souffrance morale que lui….
@valerie : je repasserai plus tard, j’ai cru lire que ton texte serait incomplet.
Ai ajouté le texte entier et celui de Terjit aussi ! 😉
J’accours 😉
@Terjit : Rooooo quelle merveille de texte que la description de cet amour inconditionnel entre un père et sa fille…. le regard, les petites attentions, l’admiration du père pour sa fille m’ont fait fondre…. (oui, oui, je suis une fifille à mon papa) ….l’attention, l’attachement, l’amour de la fille envers son père m’ont émue et cerise sur le gâteau : au détour de tes mots, furtivement, mine de rien, tu glisses une idée forte et pleine de sens pour moi : la fille qui offre à son père un livre pour qu’il améliore son apprentissage de la lecture… touchée en plein coeur !!! MERCI pour autant de douceur ce jour !
Merci Nady, je me doutais un peu que ce texte resonnerai chez la fifille à son papounet
😉
@valerie : lire ton texte après celui de Terjit où la relation père/fille était parfaite, fut troublant. Suis heureuse de la happy end. Ai aussi été sensible à la description de ta narratrice sur ses années d’études loin de chez elle et cette sensation inouïe de ressentir son chez elle natal à la descente de l’avion 😉 bravo !
Merci Nady pour ton retour.
Leiloona : Un texte farfelu tout comme son personnage et incroyablement drôle. Le canari et le diamant m’ont fait bien rire en tout cas.
Ah farfelu, voilà qui me sied ! En tout cas, ai voulu le rendre ainsi ! 🙂
@Leiloona : L’histoire d’Anton et de Mila, ou d’Arnaque et Amour ! Texte drôle et bien tourné, qui nous fait imaginer sans peine les astuces d’Anton et sa chaussette bien remplie 🙂 On aurait effectivement pu croire qu’Anton utilisait Mila pour d’autres affaires, surtout quand tu écris que « le bouche à bouche avait bien fonctionné » 😉 Plutôt le bouche à oreille ? Ou est-ce pour ranimer les hommes au fond de la mine ?
Mdr j’ai écrit bouche à bouche ? Oups lapsus linguae alors ! (c’est le cas de le dire … Je le laisse ainsi, c’est marrant après tout ! 😛 )
@Jos : Les liens père-fils, la quête d’une vie meilleure ailleurs, l’entraide envers ceux qui ne pouvaient pas partir : une histoire sans cesse répétée. Très beau texte.
@Nady : Un texte très bien tourné (comme d’habitude 🙂 ). L’argent, ses attraits, ses méfaits. Texte à faire imprimer sur les billets de banque comme avertissement ?
Merci pour ta lecture Amélie. Rooo c’est trop d’honneur que tu me fais là avec cette idée d’impression sur les billets de banque 😉
@Isabelle : Comme quoi, penser tout avoir a-t-il une utilité si on n’a pas l’essentiel ? Joli texte 🙂
Merci… 🙂
@Adèle : Ton texte nous plonge dans une histoire là encore sans cesse répétée, où le miroir aux alouettes fait vite déchanter. Reste à ton personnage l’espoir de voir sa sœur échapper à ce piège. Joli texte 🙂
@Valérie : Une belle histoire sur la confiance, la volonté, la possibilité d’un meilleur ailleurs et le retour auprès de ceux qu’on aime, et qui malgré leur caractère ou leur peur, conservent leur amour pour nous. Très joli texte 🙂
Merci beaucoup Amélie. Oui il faut oser en tant qu enfant tout quitter et en tant que parents il faut accepter que ses oisillons volent de leurs propres ailes…
@Leiloona : ton texte m’a rappelé la visite d’une mine en Allemagne avec des élèves, j’ai cru mourir ! (eh oui, suis claustro)
Ah ah ah ! Et encore je n’en ai pas parlé, comme quoi … « Show, don’t tell », oui ! 😉
@Nady : je te conseille l’écoute de cette chanson 😉 https://www.youtube.com/watch?v=x5mVJYPSPDw
Mdr l’image d’illustration de la chanson m’a donné envie de relooker mon intérieur… week end prochain je vais chiner 😉
@jos : nos histoires ont des points communs : un départ dans l’assentiment du père mais un amour et une fierté pour sa progéniture qui ne se meurent pas. J’aime beaucoup.Je n’ ai pas réussi à trouver ton blog par contre…
@Nady : focalisée sur un détail de la photo tu as écrit un texte très riche sur l’argent objet de tous nos désirs mais aussi de tous nos malheurs. Bravo.
@Isabelle : le grand huit pour ton personnage qui par cause d’abondance a perdu sa mise et s’est perdu lui même. Dur!
@Adele : oups… même si on la sentait venir, la chute est hard…espérons que sa soeur aura un avenir meilleur.
@Manue : ton texte m’a glacé le sang!
@Terjit : comme ils sont touchants ce père et cette fille dévoués l’un à l’autre. J’aime beaucoup l’idée de la jeune femme voulant aider son papa à apprendre à lire…dans doute un besoin de partager avec lui des textes magnifiques, plus que par nécessité. Bravo
Je vais sur les blogs au plus vite.
Valérie : Merci pour ton retour, et pour ton texte. L’amour d’un père peut être si beau et tendre….
Pour mon blog, c’est normal que tu ne le trouves pas, il est en cours et…j’ai encore pas mal de boulot ! Mais je me permettrais (avec l’accord d’Alexandra bien sûr) d’annoncer sa mise en ligne quand il sera prêt. 🙂
Hâte de le découvrir !
Merci pour ta lecture miss
Merci Valérie de ton retour. C’est sûrement vrai qu’elle cherche surtout à partager avec son père via la lecture, d’où le choix d’Omar : des mots simples, des messages universels et la splendeur de ses quatrains. Et puis parler de Kayyahm aujourd’hui à une résonance particulière, beaucoup de ceux qui sont convaincus de la « lutte des civilisations » devraient un peu le lire et se renseigner sur les « siècles lumière » pour changer leur vision étriquée de cette immense civilisation et comprendre tout ce que l’Islam à apporte et apporte encore à notre monde. Omar Kayyahm au programme scolaire au même niveau que Ronsard… Quel rêve inaccessible
Je déteste écrire à partir de mon téléphone, maudit correcteur d’orthographe qui ne connait rien… Donc oui, je parle bien d’Omar Khayyam…
Je ne connais pas mais tu aiguisés ma curiosité.J’irai voir ce qu il écrit.Merci
@Leiloona : Une histoire qui nous fait d’abord entrevoir un homme peu recommandable mais qui s’avère être un grand amoureux à la fin. Bien vu et bien amené…:)
@Nady : Très belle façon d’aborder le sujet. Tout y est et tu arrives parfaitement à nous décrire le pouvoir de l’argent et toutes ses impacts. J’aime aussi l’énigme que tu laisses planer dans une grande partie du texte. Merci Nady !
@Isabelle : Et oui, l’argent a le pouvoir que l’on veut bien lui donner. Pour certains, ils les a tous pour d’autres il ne suffit pas au bonheur…et personnellement, cela me rassure ! Merci pour ce texte Isabelle.
@Adèle : Un tableau très réaliste, qui décrit très bien tous les sentiments par lesquels est passée ta narratrice. Puis c’est la résignation mais aussi l’espérance d’une vie meilleure pour sa sœur…Chacun sa façon de se rebeller. 🙂
@Manue : Des mots forts et bien choisis pour un sujet terrible que tu traites parfaitement. Bravo Manue et merci de contribuer par le biais de ton texte à ce que le passé ne tombe pas dans l’oubli.
@Valérie : Une belle histoire, celle d’une vie de famille avec les conflits de générations certes mais aussi l’amour qui triomphe. Merci pour cette agréable lecture Valérie.
@Terjit : Il est beau ton texte. Doux et tendre aussi. Quant à sa construction, j’adore ! Notamment à la fin, cette reprise en quelque mot de chaque chapitre. Belle idée qui fait son effet. Chapeau bas Monsieur Terjit !
Merci Jos ! 🙂
Oui,j’aime bien tromper le lecteur, les apparences, tout ça, tout ça … 🙂 Bref, je m’amuse.
Merci beaucoup Jos.
Merci à toi Jos pour ton retour de lecture. Belle semaine à toi ; -)
Merci !!!!
@Manue : une bien belle façon de nous interpeller et d’éclairer notre l’avenir à la lumière du passé. Le » Vous ne sentez pas l’odeur de la cendre ? » est particulièrement efficace.
J’ai beaucoup aimé le paragraphe qui commence par « Il ne reste rien des corps calcinés … », même si je pensais alors un sens plus général à ce texte.
@Valérie : c’est plus qu’une nouvelle, presque un petit roman ! Qu’il fait bon de lire cette belle histoire, si positive et pleine d’espoir ! L’écho parfait du texte de Jos, version féminine.
Terribles quand même, ces luttes entre parents et enfants. Qui se conduit réellement en adulte ?
Très touchée Adèle. Merci beaucoup.
@Terjit : un texte d’une grande sensibilité, un hymne à l’amour. Tu n’aurais pas une fille, par hasard ? 😀
Merci Adèle. Eh ben non, malgre mes incantations je n’ai pas de fille mais deux garçons.
Plusieurs liens vers les blogs ne fonctionnent pas …
Je confirme
Voui faut repasser par la page d’accueil. Et pour un même : blog supprimé. :-/
@Leiloona : j’aime beaucoup l’idée de la fortune faite par cette mine désaffectée avec l’aide de Mina, la belle, très belle, qui attire les clients. J’avoue qu’au début du texte je pensais à d’autres utilisations de ses charmes, mais non, mon mauvais esprit en a été pour ses frais :-). Et puis dans tout ça un petit canari jaune dans la pénombre, le « bouche à bouche » qui marche toujours aussi bien et un texte écrit le 30 avril 2015… que de surprises 🙂
MDR ! En fait, oui, je l’avoue, je devais être saoule, lors de l’écriture je ne vois que cela entre le bouche à bouche et le 30 avril !
Ou bien (autre raison) : j’ai l’esprit taquin pour mon bouche à bouche et réinvente le monde (pourquoi pas un 30 avril après tout ! Allez, je le déclare Sainte Leiloona ! )
Cela te convient-il ? 😀
Réinventer le monde en commençant par le bouche à bouche ? J’adhère tout de suite !!! C’est le genre de programme qui peut aider certains à « garder les épaules sur la tête ». Et je suis d’accord pour te sanctifier illico presto. 😉
Ah voilà, je savais bien que j’aurais dû me présenter ! 😀
Sainte Leiloona, ça claque, j’aime. #GrandeClasse
@Jos : très belle façon de décrire le déchirement du départ, « la désertion » du fils puis le changement de regard du père. Tres beau texte ! Merci !!
@Nady : non ?!?!?! Que t’arrive-t-il Nady ??? L’éloge de la société du troc, de la fin de la monétisation du monde, d’un phalanstère universel ??? Que je suis heureux de te voir écrire cela !!!! 🙂
mdr ! que m’arrive t il ???? une grosse désillusion et comme par hasard le cliché est arrivé et je ne voyais qe ça… ça arrive je sais, on n’en meurt pas des désillusions mais t’expliquerai de vive voix… sinon, non non pas l’éloge du troc, je ne sais pas pourquoi certaines personnes voient cela dans mes mots d’ailleurs…. mais contente de te rendre heureux, il en faut si peu de nos jours pour ressentir le bonheur… des bises heureux homme ! 😉
@Isabelle : les ravages de l’argent qui achete tout… sauf l’armour… heureusement !!! Très beau texte !!
Alexandra K : excellent duo, en effet, j’aime beaucoup ces esprits vifs et plein d’habileté dans les affaires. Tu as cependant omis un N.B. Aucun mal n’a été fait aux oiseaux pendant le déroulement de l’histoire. (ah ! ah ! ah !)
Jos : écouter son coeur et avoir le courage teinté d’un peu de folie pour partir et changer de vie, sujet difficile et bien traité, ici.