Duodi 12 vendémiaire, jour de l’immortelle

par | 2 Oct 2017 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture, Une photo, quelques mots | 85 commentaires

©Karine Minier

L’île était silencieuse, seuls leurs pas faisaient écho aux lointains pépiements d’oiseaux sur la cime des arbres. La rosée se mêlait à leurs chaussures et rendait humide leur pull de laine dégrossie. Ils avançaient à pas feutrés comme lorsqu’on tourne, dans une basilique, autour de reliques. Il y avait une lune déjà qu’ils marchaient, et chaque matin ils découvraient un nouveau territoire. La carte, vierge, au début, se déployait à l’infini comme un flocon de von Koch.

La veille encore, s’ouvrait devant eux une forêt primaire de hêtres millénaires. La flamme rousse du soleil zébrait le visage des deux marcheurs d’une félicité méconnue. Ils s’étaient arrêtés pour bénir cet instant. L’écorce avait délicatement râpé le dos de la femme lorsque l’homme était entré en elle. Dans quelques centaines d’années, quand les archéologues découvriraient ce lieu, ils seraient étonnés de cette petite déflagration sur les anneaux de cet arbre. Comme si des secousses telluriques l’avaient un instant dévié de sa croissance en ligne droite.

Ce matin, après s’être réchauffés les mains et le corps autour du café de 10 h, ils tombèrent sur cet immense toboggan. En s’approchant un peu, ils virent d’étranges signatures : Pablo, Jorge, Guillaume, Milan, Charles, Victor, Mario : les prénoms formaient un codex enluminé. D’autres étaient passés avant eux. Ils se regardèrent quelques secondes : glisseraient-ils dessus ?  Ils connaissaient déjà l’aboutissement de cette descente, car ils avaient lu dans leur enfance « Jack et le haricot magique ». Ce destin  n’était pas le leur.

Ils ouvrirent leur sac à dos, prirent deux feutres, et gravèrent leur nom. Puis, ils détournèrent leur pas de ce traîneau prosaïque. L’île était trop prolifique pour en partir. Ils savaient que le lendemain, ils découvriraient encore, et encore un nouveau trésor. Ad libitum.
Leur cristallographie d’histoires prenait vie dans des mailles infinies.

© Alexandra K, le 1er octobre

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Le texte d’Anselme :

En -86 avant J.C, le décurion Caius alla voir son centurion pour rapporter une étrange découverte. Au profond de la chênaie, une structure en matériau inconnu gisait là, manifestement abandonnée depuis des siècles.
– Doit-on reporter cette découverte au Gouverneur, mon centurion?
– Non. Je n’ai aucune envie que Rome vienne ici et fouine dans nos affaires de paris de chars truqués. Détruisez-moi tout ça.
Hélas. Si le centurion n’avait été obnubilé par ses petites combines, il aurait permis à l’Empire de découvrir un savoir et une technologie extra-terrestre incroyable. L’Humanité aurait gagné plusieurs siècles et les centaines de millions de morts de l’obscurantisme à venir auraient été épargnés.
Mais je n’en veux pas à Caius ni à son centurion anonyme. Car grâce à l’entropie chaotique et belliqueux du monde qui s’en suivit, par l’enchevêtrement de possibilités improbables, naquit deux siècles plus tard, ma reine Léna.

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Le texte d’Adèle :

Agrainage

Cela faisait trois nuits que le battement sourd de la Terre avait commencé. Elle avait laissé les vibrations  la guider et son corps avait retrouvé le chemin. Elle était seule, la première arrivée. Une chance ! Dans quelques heures ils seraient nombreux à se presser sur les bords.

Elle essayait de se rappeler pourquoi il était si important d’être bien placée. Des ondes de plaisir la parcouraient, ramenant confusément à sa conscience le souvenir d’autres années, quand sa mère était encore là et lui apprenait les règles de vie.

« Les premiers les mieux servis, les premiers pour repartir. »

La vie coulerait bientôt dans la rivière de béton, délicieux liquide aussi nourrissant que le lait s’écoulant du sein maternel.  Sa mère l’avait nourrie des années, le plus longtemps possible. Un message transmis de sa propre mère. « Après les délices, vient l’oubli. »

A son tour elle devait se remplir à la source, pour la survie de cette vie qu’elle sentait grandir en elle, malgré le dégout, malgré la peur, malgré les injonctions maternelles. Et vite repartir.

Les mâles étaient forts. Ils couraient vite, mais elle courrait longtemps et se glissait d’arbre en arbre pour échapper à leurs pulsions, exacerbées par la promiscuité des corps et le breuvage qui coulerait bientôt à flots entre les parois grises.

Boire suffisamment pour être encore en vie dans un an, elle et sa fille, car ce serait une fille, sa mère l’avait annoncé. Sa mère n’avait pas bu à la source la dernière fois, elle avait pu déchiffrer les signes inscrits sur son ventre par les Invisibles, les Seigneurs – les Saigneurs ?- après les examens auxquels elle n’avait pu échapper.

Après quelques heures, arrêter de faire couler le liquide dans sa gorge,  malgré l’ivresse, le bonheur diffusant dans tout son corps, et s’arracher au ruisseau de vie, pour garder une once de conscience, pour repartir dans la forêt, pour ne pas oublier les messages à transmettre.

« La forêt te donne de quoi survivre. Le liquide est le poison, ne va à la source que si tu portes une fille. L’oubli est la faiblesse, le Savoir viendra et peut-être l’issue. »

Déjà, auprès du ruisseau tari, au-dessus des corps repus, abandonnés aux rêves artificiels,  enchevêtrés dans l’extase, déjà les bruits de moteur se rapprochaient. S’ils avaient pu prêter l’oreille, ils auraient perçu les premières déflagrations.

L’heure de la chasse avait sonné.

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Le texte de Nady :

Tu as toujours voulu être un artiste !
Pourtant rien ne te prédestinait à prendre cette voie.
Une enfance et adolescence formatées dans la normalité ;
On te faisait étudier à longueur de journée,
Pour plus tard, une fois le bac en poche, apprendre un métier.
Mais l’école, ce n’était pas ta came, ce qui rendait tes parents tristes.
Et la discipline ça te soûlait à un point ! Mais tu n’avais pas le choix !
Parfois il t’arrivait même de sécher les cours,
Pour aller te balader.
Tu surfais sur cette vie déjà tourmentée avec ses obligations,
Comme on surfe sur une vague déchaînée sans passion…
Mais tu te pliais aux désirs de tes parents avec soumission :
Apprendre, se cultiver, travailler à l’école c’était leur crédo chaque jour,
Ton mantra se nommait Liberté.
Après le bac, tu t’es cherché,
Plein de filières tu as essayées
Jusqu’à faire un burn out d’idées
Tellement tout ce carcan te stressait.
Et c’est à ce moment là que la rue est devenue une alliée.
Tu la fréquentais de plus en plus pour respirer
Et ton esprit s’allégeait.
A l’image de ces tags de lieux urbains abandonnés que tu avais vus au Canada,
Ces graffitis t’avaient interpellé, comme ceux que tu avais remarqués aussi à Bruges.
Tu y voyais beaucoup de liberté à dépasser les limites de la loi
Et en même temps une manière de laisser son empreinte à soi.
Aussi, tu as voulu dessiner ce qui se passait en toi
Et tu as choisi la craie, directement sortie de ton cabas.
Les gares étaient devenues ton refuge.
Tu t’y es installé et tu as commencé à griffonner
Et à collectionner les pv des agents du métro
Qui voyaient à travers tes actes une dégradation de leur espace de travail journalier.
Artiste, ce n’est pas un métier !
On te l’avait suffisamment répété.
Mais au fil du temps, de plus en plus de monde s’arrêtait pour te regarder dessiner
et il y avait même dans le public des aristos !
Et un jour quelqu’un t’a remarqué et a commencé à te payer
Pour ce que tu faisais.
Et ce fut le début du succès
Qui n’est pas prêt de se terminer…
Aujourd’hui c’est la RATP qui fait appel à toi pour avoir ton art à la craie
Pour décorer leurs événements éphémères sur quelques journées ou soirées…
Quel plus beau pied de nez à la normalité ne pouvait-on pas espérer !

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Le texte d’Iza :

 Doris monta dans l’Aérobus et gagna ce qu’elle estimait être la meilleure place : au centre, près de la fenêtre. Elle aurait ainsi une des meilleures vues sur le spectacle d’en bas : la végétation luxuriante et primitive des post-Alpes, baignée dans une vapeur d’eau constante.
« Bienvenue Mesdames et Messieurs dans l’Aérobus 31-08-02. Nous allons bientôt entamer notre survol d’Al-City. Je suis votre droïde hôtesse guide ViKa105F, à votre disposition pour toute question et tout besoin : snacks hydrophiles, Aloé Juice, crackers d’algues, anecdotes, données scientifiques… ». Données scientifiques… bien sûr… C’était le troisième survol de Doris et elle savait très bien que la droïde n’allait faire que recracher les réponses type des questions type posées par les mémères de 135 ans, moyenne d’âge des passagers présents dans le véhicule à air propulsé. Même si Doris elle-même n’était qu’une ado de 57 ans, elle possédait néanmoins toutes les connaissances sur Al-City. Alors dès le début de la montée de l’Aérobus, elle s’isola dans sa bulle… et contempla, fascinée, le lieu qu’elle voulait voir renaître.
Elle projeta sur le paysage tous les récits qu’elle avait entendus depuis sa naissance. En premier lieu, la glace… elle qui n’avait jamais connu une température inférieure à 52° Celsius s’interrogeait sur les sensations tactiles que pouvait provoquer cette forme archaïque de l’eau. Il paraît que sa non-couleur ressemblait à celle du soleil quand règne l’enfer sur Terre et que son contact pouvait brûler comme le métal chauffé à blanc. Puis, le vent… depuis que les changements climatiques avaient bouleversé la répartition de la chaleur solaire, les masses d’air avaient changé de nature et la force de Coriolis par la même occasion. Les vents avaient quasiment disparu. Et l’air était si lourd et chargé en hygrométrie que même à bord d’un véhicule rapide, Doris n’avait jamais ressenti cette sensation de plumes délicates effleurant son visage. De toute façon, la vitesse n’existait plus dans ce monde où l’intensité produite par les énergies fossiles n’avait jamais pu être remplacée. Et l’équipement… fibre, carbone, cuir animal, plastique… tout cela était remplacé par le cuir de champignon ou d’ananas, le sisal, le jute… naturel certes mais nettement moins confortable et technologique que le néoprène. Attisée par l’exaltation de Doris, sa mère, de Doris, sa grand-mère, qui elles-mêmes avaient écouté leurs propres Doris au long de toutes ces années, Doris dernière du nom avait décidé de prendre le taureau par les cornes et de vivre ce que n’avaient pu vivre ses ancêtres. Elle qui ne pouvait avoir d’enfant et ne saurait donc passer le flambeau (au propre comme au figuré), survolerait la zone d’Al-City jusqu’à trouver une solution pour refroidir cette piste bétonnée, taguée par une antique génération qui se foutait de tout, y compris d’une médaille d’or. Pour reconstruire une luge et s’y allonger. Pour revivre ce que son arrière-arrière-arrière etc…grand-mère Doris Neuner avait ressenti en quelques secondes aux Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992, il y a plus de 250 ans de cela.

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Le texte de Valérie :

J’avais tant bien que mal essayé d’oublier ce lieu. Cela me faisait s’y mal d’y penser. J’avais quatorze ansla dernière fois que j’y ai mis les pieds, le coeur battant, des étincelles plein les yeux. Elles ne se sontjamais rallumées. J’étais amoureuse d’un grand du lycée voisin, que je croisais tous les matins à l’arrêt de bus juste à côté de mon collège. Pendant toute l’année scolaire, j’attendais ce moment où il descendait du bus. J’avais repéré ses horaires et me rendais même au collège plus tôt certains jours, juste pour le voir.On ne se parlait pas. Je pensais même qu’il ne me voyait pas. Une fois seulement ses yeux s’étaientposés sur moi

et j’avais instantanément rougi. Comme je m’en étais voulue ce jour là. Le plus beau mec de la terre me regardait et telle une ado attardée, au lieu de lui sourire, tel un escargot rentrant dans sa coquille au moindre geste, j’avais baissé la tête. Il faut croire que ma réaction l’avait interpellé et plu, car les jourssuivants il me dit bonjour et me sourit. Peu à peu je levai la tête commençant à espérer que sessentiments envers moi pouvaient être similaires à ce que je ressentais depuis le début. Ce jour, le 7 juin, il vint vers moi le matin. Il parla avec moi quelques minutes avant que la sonnerie du collège ne sonne et me demanda si je voulais le rejoindre à 19h au parc Bel Air, près de la gare RER. Je bafouillai mais folle de joie j’acceptai. Les cours de la journée furent bien difficiles à suivre. Impossible de me concentrer. Jetrépignai d’impatience. J’avais envie de le crier à tout le monde. Moi, j’avais rendez vous avec un lycéen.Je n’osais à peine le croire, aussi n’en parlais-je même pas à ma meilleure amie. Après ma journée de cours qui me parut interminable, je rentrai rapidement à la maison. Je me changeai, me refis une petite beauté, volant même le mascara de ma mère, histoire de me faire un peu plus grande. Je mis mon jean préféré, j’essayai une dizaine de hauts avant de me décider pour un petit tee shirt basique. Le sourire auxlèvres, je me rendis au parc. J’avais l’impression d’être sur des ressorts. J’étais rarement allée dans ceparc. Il m’effrayait un peu d’habitude mais là je le trouvais beau, lumineux. Les taggs étaient très colorés,très joyeux…Ou était-ce mon bonheur qui rendait cet espace si beau? Il est arrivé de nul part, je ne l’ai mėme pas entendu. Il a posé ses mains sur mes yeux, il était dans mon dos. Elles étaient douces. Je me suis retournée. Il n’était pas seul. Ils étaient sept. Le moment que j’avais rêvé vira au cauchemar. Je ne connaissais même pas son nom, leur nom. Ils m’ont tout pris, ma virginité, ma confiance en moi, ma joie de vivre, ma foi en l’homme, ma jeunesse, ma vie. J’ai gardé enfoui au plus profond de moi cette scènehorrible. Honteuse, je n’en ai jamais parlé à personne, ni à mes parents j’avais peur qu’ils me renient, ni à ma meilleure amie qui ne m’aurait jamais crue.

C’est aux oreilles d’Alain que j’ai vidé mon sac, il y a quelques jours. Avant que notre histoire aille plus loin, je ressentais un besoin vital de me délivrer de ce poids. Pour accepter qu’il m’aime, je devais lui dire. Il devait savoir. Je lui faisais confiance, sa patience m’avait montré qu’il n’était pas comme les autres. Pour une fois après tant d’années j’avais envie d’y croire de nouveau. J’avais payé suffisamment pour un crime que je n’avais pas commis. Il me le fit comprendre.

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Le texte de Ludmila Colas :

Je me caille les plumes sur cette branche.  Alors, d’accord, ça sent bon le sapin, la sève, la nature à l’air frais, tout ça, mais il ne fait pas si chaud par ici. Bon, en même temps, c’étaient les règles de jeu. Fallait quand même que ça fasse un peu frisquet, comme décor. Pour des JO d’hiver, c’était mieux pour l’affiche.

D’autant que les Russes ont mis le paquet sur ces Jeux. A travers Sotchi, il fallait redonner des couleurs à la grande Russie un poil décrépie. Enfin, ça, c’était avant tous les coups de force de Poutine, à l’époque, il faisait encore un peu semblant de se tenir avec les autres puissances de la planète. Lui a englouti des millions de roubles dans des infrastructures top niveau. Moi, je regardais ça du coin de l’œil.

Des ponts, des routes, des pistes, pour tous les sports jamais inventés. Y en avait partout, et les gars de la Mer Noire étaient contents, ça sifflotait sur les chantiers, y avait du boulot à ne plus savoir comment l’honorer.  Ils sont même allés chercher des ouvriers dans des pays qui finissent en « stan ». A 1,35 euros de l’heure, c’était presque cadeau, et puis rien n’était trop beau pour Sotchi.

Un matin de février, la musique a retenti dans mes oreilles. Jour d’ouverture. Cérémonie, plein de chefs d’Etat, les télés du monde entier avaient missionné leurs envoyés spéciaux. Plantés pas loin de la piste de bobsleigh, des centaines de petits radis répétaient le même refrain, « Les jeux les plus chers de l’histoire, 98 épreuves, 15 disciplines, bla bla bla ». J’ai fait de mon mieux moi aussi, j’ai gazouillé poumons pleins pendant presque deux minutes chrono. L’hymne russe, quand même, ça impose.

Le meilleur son, c’étaient que les luges tapaient dans les virages, contre la glace, lancées à toute vitesse. J’avais toujours peur que l’un des gars sorte du cadre, de ces digues en béton qui servent de courbes de virages. Ca crissait comme du sucre sur de l’acier. Les chronomètres s’affolaient, et j’ouvrais grand les mirettes.

En toute logique, cette année-là, les Russes ont tout raflé, comme s’ils avaient envahi le bureau des médailles. A peine louche. Y en a qui a même reçu une médaille après-coup. Pour lui, il y a eu une autre cérémonie, un peu moins pompeuse, un peu moins joyeuse. Au cimetière. Parce que justement, il a raté le virage. Enfin, il a débordé, pris par sa vitesse. Lui et sa luge ont valsé, par dessus la rambarde. Ils sont passés juste devant moi, c’étaient les premiers qui allaient si haut, on aurait dit qu’ils s’étaient trompés de discipline, je voulais leur dire qu’ici, c’était pas le saut à la perche. Pas eu le temps.

Ils sont retombés au pied de mon sapin.

La luge sérieusement cabossée, luit un gros trou rouge au côté droit.

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Le texte de Pacha Mama :
Un uppercut. J’ai pris ça en pleine face.
J’ai attrapé mes clés, mon téléphone, des clopes, j’ai tout fourré avec mes poings dans mes poches et je suis sorti.
J’ai foncé, nerveusement.
Direction « La Grande-Ceinture », ce qu’elle aurait pu faire pensais-je ironiquement.
Cette zone désaffectée où l’ancien chemin de fer finit par se confondre à la terre a toujours été mon endroit de prédilection pour l’introspection. Qu’est ce qu’elle croyait ? Que ça ne me toucherait même pas ? Et moi qu’est-ce-que je croyais ? J’entends ma petite voix intérieure qui a tout faux « même pas mal ! ».

C’est le petit matin, je caille, c’est brumeux, et je me décide un peu plus à chaque pas. Je fais le rapprochement stupide de la végétation invasive sur ce béton, de ces grands sapins indestructibles pourtant emplis de sève bouillonnante, avec moi ; petit con incapable de m’exprimer « handicapé de l’affectif » comme elle me surnomme, toutefois fait de sensations et de sens, d’un sixième aussi !
Je le savais déjà qu’elle arrêterait tout. Ce sont mes sens-mon essence- et la douleur vive qui vont me pousser à sortir de ma zone de confort : voilà. Bordel elle veut l’entendre ??
J’ai zappé un truc dans les schémas fonctionnels avant la case du-« je préfère arrêter et pas me mettre en péril pour un homme comme toi et lui m’émeut et échange avec moi au moins » ?
Oui. Oui.
Oui, je t’aime Idiote.
Demi-tour : en courant, je file avec ce qu’il me reste à faire convaincu du bienfondé. Je vais dire. Les graphes font comme des éclairs illuminant mes foulées, ça me tue : pas un mot d’amour sur ce béton.
Qu’à cela ne tienne, je vais peut-être pas changer l’histoire, mais ma vie; je vais dire.
Je vais lui dire :
Que je n’ai pas tous les matins envie de vivre avec toi, je vois bien qu’on est très différent. Que certains comportements me font mal. Je suis ridicule et démuni face à toi et ça me rend furieux.
Même si je voulais me défaire de toi, tu es là. Mon Inexplicable.
Ta présence est un gros cadeau qui me semble bien empoisonné: laisser aller, partage, et force des sentiments.
Honnêtement ? C’est terminé, mais tu es mon refuge. Tu le seras toujours je le sais c’est fou.
Il y a beau avoir des difficultés et des erreurs, je me sens à ma place dans tes bras comme nulle part ailleurs.
Et ta peau. Ta peau…ton odeur.
Ton air mutin. Ton innocence.
Tu es la naïve la plus courageuse que je connaisse. Tu es sage comme deux fois ton âge pour l’essentiel de la vie.
Tu es impossible ! Tu es mon Amour.

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Le texte de Terjit :

Avant d’ouvrir l’enveloppe Goran ne peut s’empêcher de regarder la photo jaunie posée sur la commode du salon. C’était la première fois qu’ils posaient ensemble, ce jour brumeux de février 1982, quand Stéphane était venu faire un article sur la construction de la piste de Bobsleigh. C’était l’époque des grands travaux et de l’espoir d’ouverture sur le monde grâce aux jeux olympiques. Comme tout le monde Goran savait bien que ce pays était artificiel, que les haines étaient tenues sous une chape de plomb, mais il ne voyait pas le ciel s’assombrir à ce point au-dessus de la Yougoslavie.

Stéphane revenait une semaine tous les deux mois jusqu’en 1984 pour suivre la construction de la piste. Au début ils ne se voyaient que sur le chantier, mais leur relation s’était rapidement étoffée de quelques confidences faites à voix basse au café du coin, puis au bar de l’hôtel réservé à la presse, sous le regard omniprésent de l’UDBA. Bien qu’il en mourrait d’envie il était impossible de faire venir Stéphane chez lui, à cause de leurs statuts de journaliste pour l’un et d’exemple glorifié par le parti pour l’autre.

Les jeux ont été leur unique occasion de passer librement du temps ensemble. Il y avait tant de gens à surveiller qu’il était devenu facile pendant ces 15 jours d’échapper à l’œil de Moscou, mais une fois la fête terminée le couvercle s’est refermé. Pour se voir ils étaient obligés de contourner la difficulté : Stéphane obtenait des reportages sportifs dans d’autres pays du bloc, et Goran se faisait inviter à toutes sortes de colloques dans les pays frères. Ils s’organisaient pour réserver deux chambres dans le même hôtel et parvenaient ainsi à se voir discrètement dans l’une ou l’autre, en prenant bien soin de réintégrer la sienne avant l’aube. Ce petit stratagème permettait de se voir une ou deux fois par an.

A force de persuasion et grâce à la chute du mur, Stéphane avait réussi à convaincre Goran d’écrire un livre de témoignage sur l’envers du décor des jeux de 1984 et sur la duplicité du régime d’alors. Seulement c’était sans compter sur l’ordre de mobilisation de 1991 qui touchait tous les hommes en âge de combattre, et particulièrement les sportifs qui étaient chargés d’être des exemples d’engagement. Goran n’y échappait donc pas et se retrouvait en première ligne dans sa propre ville transformée en champ de bataille. Plus aucune communication extérieure n’était possible, tout au plus il arrivait à faire passer une ou deux lettres vers Paris au prix de bakchichs ruineux.

En plein après-midi du 12 mars 1992 un impact touchait Goran dans le bas du dos, un sniper avait été plus doué que les autres, ou peut-être juste plus chanceux. La guerre se finissait sur un lit d’hôpital éventré par les bombardements, avec la certitude de ne plus jamais pouvoir marcher.

Stéphane n’a su que quelques mois plus tard ce qui était arrivé. Un matin de juillet il tenait une réunion sur le thème du sport comme soutien moral aux casques bleus. A la pause déjeuner l’un des invités pris comme exemple de l’absurdité de cette guerre le cas d’un homme qui avait été un modèle pour tous dans la préparation des jeux de 1984. Il ajoutait qu’il avait été fauché comme tant d’autres par un sniper au coin d’une rue, mais qu’il avait eu la chance de survivre. Il ne se souvenait pas de son nom mais juste d’une caractéristique qui ne pouvait pas tromper Stéphane : la tâche de vin qui recouvrait une partie de sa gorge.

Cette photo c’est une vie à elle toute seule : la rencontre de l’autre, l’espoir de la liberté, la guerre qui semblait impossible, la course à la vie stoppée nette. Goran décide enfin d’ouvrir la lettre avec précaution. A l’intérieur il y a une image du virage 8 aujourd’hui décrépit, celui-là même qui avait servi d’arrière-plan en 1982. Au dos, Stéphane a écrit quelques mots :
« Mon très cher Goran. Ton roman est chez l’imprimeur, il ne reste que quelques petits réglages de mise en page et il sera imprimé d’ici une huitaine de jours. La photo est celle qui sera sur la couverture, et le titre suivra la courbe du mur de droite. Ah oui, je ne te l’ai pas encore donné, ce sera : « Envole-moi ». J’ai aussi pris la liberté de confier ton manuscrit à Jean Burgrave, mon ami de Télérama. Sans surprise il l’a détesté avant même de l’ouvrir, mais comme j’ai insisté il l’a lu et il vient de m’envoyer l’article qui sera dans le numéro de début décembre, avec trois bonhommes qui sourient ! Je te donne le début : « Oubliez toutes vos références et préparez-vous au choc de votre vie ! Avec son (premier !) roman, Goran Vlovic ringardise 300 ans de littérature romantique… ». Je me suis libéré quelques jours à la fin du mois pour venir te voir, bonne nuit mon très cher ami. Je t’embrasse. »

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Les textes publiés sur d’autres blogs :

85 Commentaires

    • Leiloona

      Hum, my fault … Mais c’est réparé ! 🙂

      • Antigone

        Merci Leiloona (et pour ta lecture matinale aussi qui me touche) !! Je file travailler. Je vous lis ce soir ou demain.

  1. Leiloona

    Anselme : Je n’en veux pas à Caius non plus, ne serait-ce que pour avoir lu ton texte, bel iceberg flottant, dont les ramifications souterraines chatouillent la cime des arbres. 🙂

    • Anselme

      un iceberg avec des ramifications souterraines ? 😮

      • Leiloona

        Oui, c’est un concept révolutionnaire. Ce que l’on perçoit est loin de ce qui existe vraiment. 🙂
        (Mon arrière grand-père s’y cachait pendant la grande guerre d’indépendance d’Ukraine en 1906.)

  2. Leiloona

    Adèle : Un petit air de Divergente, non ? Ou alors je lis trop … Et puis à la fin, se dire que non, c’est bien la réalité que tu décris là. Une écriture de saison, pourrais-je dire du coup. 😮 Bien vu, bien mené, je me laisse toujours embarquer dans tes récits, de toute façon … et ce, peu importe leur thème.

  3. Leiloona

    Nady : L’art cathartique … et un joli pied de nez à la normalité. 🙂 Je te retrouve bien là … d’ailleurs, ce texte ne ferait-il pas écho à une certaine soirée du 4 novembre ? 😉

    • Nady

      ah oui ??? y a pas plus adepte de la normalité que moi 😉
      hihihi, oui en effet pour l’écho du 4, il m’a inspiré devant la page blanche 😉 je le lirai sûrement s’il est là ce jour là 😉

  4. PACHAMAMA

    Bonjour, pas le temps de tout lire dans l’immédiat, obligations professionnelles obligent, mais qu’il me tarde de retrouver mots et styles.
    Je viens de vous découvrir ou presque, mais déjà chacun d’entre vous est reconnaissable, et identifiable, je joue depuis la semaine dernière à deviner le pseudo derrière les lignes.
    C’est fabuleux !
    Bonne journée à Tous.
    Pacha Mama.

    • Nady

      moi je viens de découvrir ta plume Pachamama : elle est extra ! On ressent la colère de ton héros dans les premières lignes et la déclaration est juste unique et merveilleuse ! Oui, il a raison de le lui dire, on a le droit de dire aux gens qu’on les aime même de cette manière là ! bravo pour ton texte !

      • PACHAMAMA

        Merci Nady.
        Je ne sais transcrire mon émotion en lisant ce commentaire.
        Il me semble qu’il est écrit à une autre.
        Je suis très émue et touchée.
        Merci beaucoup.

  5. Josette T

    Oups…voilà un sujet qui coïncide avec mon retour de Berlin !

    • Leiloona

      Tu parles de la photo, Josette ?

  6. sabtaill

    @ Leil,quel charme dans cette dernière phrase! Et toujours ces images dont la richesse me comble.

    @ Anselme: quelle imagination !

    @Adèle :un texte assez énigmatique qui nous berce de sa poésie.

    @ Nady : j’adore aussi l’art à la craie ! Un bel hommage !

    @ Iza,intéressant ce détour par la SF pour interroger le passé.

    @ Valérie,un texte glaçant .

    @ Ludmila Colas, bien sympathique et charmant ce point de vue animal !

    @ Pacha Mama,un texte qui trouve beaucoup d’échos en moi.Des mots que je pourrais prononcer.

    @ Terjit, une bien belle idée que celle de la puissance évocatrice d’une photo, et une bien belle histoire que ce combat pour parvenir à s’aimer.

    • Nady

      Merci de ta lecture Sabtaill. Je viens de découvrir l’art à la craie, je ne connaissais que les tableaux verts de mes instits à ce jour 😉

    • Pacha Mama

      Merci Sabtaill. Je suis émue, et rouge. C’est mon 1er texte. Où du moins celui que je considère comme le 1er, celui où je me lance. Merci beaucoup.
      Vous me faites un vrai cadeau.

    • Leiloona

      Merci Sabine … Suis contente de te relire moi aussi. 🙂

  7. Nady

    @Alexandra : je te retrouve dans ce texte : ta plume, ton univers, la recherche de mots qui enchante l’oreille à la lecture ! bravo !

    • Leiloona

      Merci Nady … tu sais, je ne recherche pas ces mots, alors suis ravie de voir qu’ils sonnent juste. 🙂

  8. Nady

    @Terjit : une bien belle histoire comme tu sais si bien en écrire avec l’Humain au centre. bravo Terjit !

  9. Leiloona

    @Iza : J’ose espérer, alors, que si une personne ressent le besoin de retrouver des sensations, elle ne soit pas la seule. Si Doris ne peut passer le flambeau, elle est en est un elle-même. 🙂

  10. Nady

    @Adèle : le suspens de ton texte est haletant et la chute divine ! je ne verrai plus la chasse d’un même oeil 😉 des bises

  11. Nady

    @Valérie : waouuu ! je ne m’attendais pas à cela après un début bien gentillet ! Vous êtes plusieurs à avoir attaqué des chutes bien poignantes cette semaine… J’ai failli arrêter ma lecture tellement je n’aime pas lire ou voir des films sur ce sujet mais tu as su rester sobre à travers tes mots et j’ai poursuivi. Elle a de la chance d’avoir rencontré Alain avec sa patience et son écoute. Les hommes se prénommant « Alain » ne peuvent être que merveilleux 😉

    • Valérie

      Ah bon? je n’en connais pas…

  12. Nady

    @jos : ton texte n’apparaît pas sur ton blog :/

    • Josplume

      Merci Nady… Encore une mauvaise manip. En plein déménagement (dernière ligne droite) et je viens de prendre 1/2 heure pour commencer ma lecture…Mes commentaires suivront ce soir et demain mais quel plaisir de vous lire !

  13. Anselme

    @Iza : j’ai beaucoup aimé ton texte. Pendant toute la lecture, Doris m’a fait pensé au poisson dans Némo, jusqu’à ce que je comprenne la vraie référence à Neuner 😉 Comme quoi, faut (vraiment) se méfier des prénoms… 😉

    • iza

      Bonjour. Mais qui êtes-vous ? Bonjour. Mais qui êtes-vous ? 😀

  14. PACHAMAMA

    Alexandra: ton vocabulaire amène tout de suite une véitable atmosphère particulière et étrange. Descriptions de telle qualité…j’aime énormément.

    Anselme: où vas-tu chercher tout cela ? Je suis totalement conquise.

    Adèle : Des images, tes mots me permettent un scénario dans mon esprit, je lis, et les images viennent instantanément.Bravo !

    Nady: J’adore. Ton texte, les mots, l’idée, le point de vue adopté depuis la photo.

    Iza: Imagination débordante..si j’avais le caractère et le temps je serai jalouuuuse !

    Valérie: Il faut avoir traversé certaines expériences pour écrire ainsi ou être dotée comme en témoigne ton texte d’une écriture à fleur de peau, capable de contaminer le lecteur. Je devine, j’ai mal avec elle, puis je respire ensuite mieux avec elle.

    Ludmilla : trépidant, vif, brillant, j’aime beaucoup également, et c’est ce que je pense juste en levant les yeux de ton texte.

    Terjit: Mais quel talent ! Quel talent ! Je souris. Bravo.

    • Nady

      ROoo c’est trop d’honneur Pachamama 😉 mais je prends 😉 merci

    • Leiloona

      Merci Pacha Mama ! 🙂

      Atmosphère particulière et étrange … Je ne glisse pas vers le fantastique, j’espère. 🙂

    • Valérie

      Très touchée par ton retour PachaMama. Je n’ai heureusement pas connu cette horreur, rassure toi.

  15. iza

    Merci Pachamama et bienvenue ! <3 Jalouse de moi ? Quelle drôle d'idée !

  16. iza

    @Leiloona : les écrivains sont-ils toujours sur une pente glissante ? ;-). J’admire cette capacité qui est tienne de raconter une simple histoire avec une incarnation lexicale aussi intense…

    • Leiloona

      Bé justement, non, ils ne l’empruntent pas. Du moins pas celle-ci. (Je te connais, toi et ton air … 🙂 )

      Sinon merci … mais je ne vois pas trop dans ce texte ce que j’ai pu employer comme lexique riche. (Punaise, je dois venir du XIXè …)

      • iza

        Mon air ? Moi qui suis pure comme l’eau du lac du premier atelier de l’année !! 🙂

        • Leiloona

          Ton nez s’allonge comme le rocher qui surplombe le lac ! 😛

  17. Josplume

    Comme Nady, on te retrouve bien dans ce texte intemporel. J’aime particulièrement le 2ème paragraphe que je trouve superbement tourné. Merci Alexandra pour ce doux moment de lecture. 🙂

    • Leiloona

      Merci Jos ! Je ne sais pas trop ce que veut dire « on te retrouve », c’est marrant cette incapacité de pouvoir analyser sa propre écriture, non ? 🙂 (alors que bon, c’est un peu mon métier de regarder l’écriture des autres.) 😉

  18. Josplume

    @Anselme :Tu parviens en peu de ligne à nous faire voyager dans le temps et dans ton imagination. Bravo !

  19. Josplume

    @Adèle : Ton texte est une invitation à l’imagination et m’a transportée un temps dans un monde féerique…et vlan, la chute m’a remis les pieds sur terre. Très joli ! Merci !

  20. Josplume

    @Nady : Quand j’ai vu les graffitis sur la photo, j’ai tout de suite pensé qu’ils t’inspireraient. Les mots, l’histoire, sa tournure, sa poésie, ton texte tout entier est un régal. Bravo Nady 🙂

    • Nady

      hihihi, pourtant il a eu du mal à sortir et j’ai cru que j’allais avoir l’angoisse de la page blanche (pour la première fois !) mais une fois que l’inspiration est arrivée c’est parti d’une traite 😉 et il fait allusion à qui tu sais 😉

      • Josplume

        Oui…J’avais bien compris ! En tout cas, tu as bien fait de persévérer devant ta feuille blanche !

  21. Leiloona

    Valérie : Eh bien une telle forêt brumeuse t’a inspiré un bien triste texte …

  22. Leiloona

    Ludmila (j’adore ton prénom … des origines de l’Est ? 😉 )

    J’aime le ton mi ironique mi réaliste (malheureusement) … et la fin qui se termine comme le Dormeur du Val donne la petite touche onirique à tout ce bazar crée par les humains.

    Bienvenue par ici ! Et à la semaine prochaine sans doute. 🙂

  23. Leiloona

    Pacha : ouch … quelle drôle d’idée que de souffrir et de l’appeler du nom d’amour, non ?
    En tout cas, ton texte montre vraiment les sentiments ambivalents du personnage.
    (Fuir, non ? 😉 )

    • PACHAMAMA

      Fuir la souffrance, et aimer ou avoir aimé quand même, aimer malgré tout.
      De ces amours là viennent les renaissances parfois très belles, enfin je crois.
      Merci à toi !

  24. PACHAMAMA

    Et les Autres…
    enfin tout lu !
    Sabine: phrases clés et fortes…j’aime bien.La finitude ou la vie ? C’est beau.

    Jannick : emballée ! Par l’histoire et le rythme !

    Jos Plume: je livre ma réaction spontanée après lecture  » Waouh! Quel niveau d’écriture ! »

    Antigone: poignant et magnifique.

    Amor fati: conquise également, j’aime la cesure entre la douceur des mots et le rythme crescendo.

    Sarah: Épatant ! Belle inspiration.

    • Josplume

      Un grand merci pour ton commentaire plein d’enthousiaste. Pas encore tout lu, mais j’arrive bientôt à ton texte !

      • Josplume

        Oups, je voulais écrire plein « d’enthousiasme »…

  25. noctenbule

    Beaucoup de jolies textes. Bravo à toutes 🙂

  26. Anselme

    @Pachamama : très joli texte. J’aime. (même si la psychologie narrée est trop complexe pour être celle d’un homme #pascrédible. 😉

    • PachaMama

      Ce n’est pas faux j’admets !!

  27. Josplume

    @Iza : Belle balade dans le passé en passant par le futur. Même si je ne suis pas particulièrement fan de SF j’ai bien aimé l’histoire et sa lecture est très agréable. Merci Iza !

  28. Leiloona

    Terjit : Je trouve que ton texte gagne en force dans le dernier paragraphe : il contient aussi les autres paragraphes mais de façon plus ramassée.

  29. Josplume

    @Valérie : Quel texte ! On se retrouve ado, on ressent l’émoi du premier amour, on est sur un petit nuage et…voilà que le pire arrive ! Mais dans ton texte, comme souvent dans la vie d’ailleurs, on peut aussi faire de belles rencontres. Merci pour ce texte poignant !

  30. Josplume

    @Ludmila : J’aime bien l’angle de ton texte, le rythme de l’histoire et ta manière de nous la conter…Bienvenue et merci pour cette agréable lecture !

  31. Valérie

    A tous,
    j’ai commencé avec un plaisir renouvelé la lecture de vos textes mais ne ferai de commentaires que demain…trop fatiguée. Désolée.
    Merci pour vos retours toujours trés touchants.

  32. Josplume

    @PachaMama : L’amour et ses contradictions sont palpables dans ton texte… On ressent bien la souffrance, la colère, l’amour aussi de ton narrateur et on se croit dans sa tête. Un texte rondement mené ! Merci !

  33. Josplume

    @Terjit : Une belle et terrible histoire d’amour…comme toi seul peut l’écrire. J’aime beaucoup ta plume. Merci Terjit.

  34. Antigone

    Leiloona : ouiiii, grâce à ton texte, j’ai moi aussi vu une île dans cette photo !! 😉
    Anselme : retour vers le futur ? Bien trouvé ce voyage dans le temps. 😉
    Adèle : très lyrique visuellement… j’adore !! 😉
    Nady : oui, l’art de la rue est devenu un art permanent… et c’est bien… Tu as vu de la craie dans ces tags, c’est amusant, parce que la craie a quelque chose de très éphémère… mais comme il est joli ce parcours que tu évoques !!
    Iza : un futur qui permet de réparer… 😉 J’ai l’impression que la lumière de cette photo a donné envie à plusieurs de voyager dans d’autres sphères !! 😉
    Valérie : très beau texte, mais d’une violence terrible… brrrr
    Ludmila Colas : ah toi aussi tu as vu la chute… un texte très bien amené, bravo !
    Pacha mama : très touchée par ton texte, et par cette si évidente complexité masculine 😉
    Terjit : j’ai beaucoup aimé lire ton texte, et tu m’as fait sourire à la toute fin… merci !

    • Nady

      Merci Antigone

    • Leiloona

      Antigone : tant mieux alors si une île est née ! 🙂

  35. Valérie

    @Alex : J’aime bien l’idée « de la petite déflagration… » glissée « anodinement ».
    @Anselme : tes textes sont souvent très énigmatiques pour moi, j’avoue…
    @Adèle : bête, humain… je me suis interrogée tout le long.
    @Nady : Trop contraindre est rarement la bonne solution. Ton personnage a eu la force de resister et la chance de se trouver. Aujourd’hui on le recherche. Beau pied de nez en effet!
    @Iza : amusant ce texte futuriste.
    @Ludmila : Les JO vus par l’oiseau, chouette idée.
    @PachaMama : Belle déclaration, en espérant qu’elle n’arrive pas trop tard.
    @Terjit : comme chaque semaine, charmée.
    Merci à tous. je file sur les blogs

    • Nady

      donner des bases un peu contraignantes, bon c’est une aide pour avancer dans la vie qui n’est pas toujours synonyme de liberté mais parfois une éducation trop sévère donne une envie du contraire 😉 difficile de trouver le juste milieu avec nos mini nous 😉 merci pour ta lecture attentive 😉 j’espère te voir le 4 novembre 😉

    • Leiloona

      Valérie : Une déflagration n’est jamais anodine pourtant ! 😀

  36. adèle

    @Leiloona : un fragment de deux vies, comme un morceau de puzzle. Nous donneras-tu un jour un autre morceau ? Pour l’instant, à nous d’imaginer le tableau final, pré ou post-apocalyptique.

    NB Drôle de bénédiction ! 😀

    • Leiloona

      Adèle : Un autre morceau du puzzle ? Un tableau final ? Ah ah j’aime quand tu parles de façon métaphorique … 😀
      Comment pourrais-je donner ici autre chose qu’un morceau de puzzle ? (Et puis, je n’ai pas la patience de terminer un puzzle … compliqué pour moi de me poser et de ne pas bouger dans tous les sens, vois-tu ?)

      Cela dit, non, c’est faux. Cette année, j’ai appris et compris que j’avais la force de terminer un puzzle, justement. 🙂

      • Leiloona

        Et ma bénédiction est païenne … la plus belle des façons qui existent d’ailleurs. 🙂

      • adèle

        Un puzzle … métaphorique ? Trouver la complétude, je te le souhaite.

        • Leiloona

          Ah ah ! Alors s’il s’agissait d’un vrai puzzle, ce sera sans moi. 😉
          Merci Adèle.

  37. adèle

    @Anselme : un texte plein d’espiègleries qui démontre que ce n’est pas la longueur qui fait la qualité ! « Nos affaires de paris de chars truqués » ou la permanence de la rouerie de l’homme ! Très drôle !
    Et l’adorable petite touche de tendresse à la fin pour me faire fondre !

  38. adèle

    @Nady : j’ai frémis devant la crainte d’une descente aux enfers, mais tu as repêché le jeune homme avec brio ! Joli suspens, belle morale !

    • Nady

      Merci pour ta lecture Adèle. Oui, il a dû rencontrer sûrement des gens sur son parcours qui l’ont encouragé aussi et puis l’Art est une belle porte d’évasion pour nous faire voir la vie autrement 😉

  39. adèle

    @Iza : j’ai adoré ton texte dont le scénario est très abouti et l’écriture vivante et poétique. « Cette sensation de plumes délicates effleurant son visage » : quelle merveilleuse image !
    J’aime beaucoup ton récit de science-fiction, parce qu’en peu de lignes tu décris tout un monde futur, tout en le raccrochant au passé par l’anecdote de la grand-mère. Très réussi !
    NB Doris, mon amie de 58 ans, va adorer être traitée d’ado !

  40. adèle

    @Valérie : une histoire horrible ! Je parle bien sur de la victime, mais aussi de l’agresseur. Comment un lycéen, donc un garçon peut-être encore mineur, peut en venir à commettre « de sang-froid » un viol avec préméditation ?
    La fin, le supposé début de résilience, n’arrive pas à dissiper mon effroi.
    En ce sens ton texte est très réussi mais il me glace.

    NB Merci d’avoir si bien compris mon récit.

  41. adèle

    @ Ludmila Colas : un texte très émouvant et bien raconté. J’ai beaucoup aimé que tu aies choisi un oiseau comme narrateur, cela met un peu de légèreté dans ce texte si grave, avec par exemple « J’ai fait de mon mieux moi aussi, j’ai gazouillé poumons pleins pendant presque deux minutes chrono ».
    La fin m’a épouvantée, j’ai vu la luge s’envoler avec son pilote, et se fracasser. j’en frissonne encore …

  42. adèle

    @Pacha Mama :j’ai beaucoup aimé ce déferlement d’émotions et de sentiments, dont la photo n’était qu’un support. J’ai relevé de très jolies images comme « Les graphes font comme des éclairs illuminant mes foulées ». J’ai imaginé un homme jeune, encore plein de sauvagerie, ne maitrisant encore pas bien les règles de l’amour.
    NB Je me suis juste demandée ce qu’il était arrivée à la fille près de la piste ?

  43. adèle

    @Terjit : voila un texte compliqué à aborder. Je sens une certaine ambivalence de Stéphane, avec ce ton froid et impersonnel. Ce n’est peut-être de la pudeur ? Ou une déformation professionnelle ?
    Car au final, c’est Goran qui prend tous les risques : sa liaison interdite, sa guerre, son livre … Stéphane sera -t’il à la hauteur ?

  44. janickmm

    Alexandra K :Quelle est douce et agréable cette ballade au coeur de la forêt, ces petits détails que je nomme : contemplation, et ce marquage au coeur de l’arbre, juste impeccable

    Adèle : la puissance et la force de la transmission, être en survie, aussi, au travers d’une nourriture presque céleste. c’est ce que vivent les biches chaque année lors de la chasse, car elle établissent leur litière à deux pas de chez moi. merci, c’est beau

    Anselme : c’est adorable, cette douce fin, j’entrevoyais déjà un chaos formidable …

    Nady : quand un don ou plutôt une forte obstination nous tient à coeur, tôt ou tard, il se confirme

    • Nady

      je suis tout à fait d’accord avec toi 😉 merci pour ta lecture. Tu seras des nôtres le 4 novembre ?

  45. janickmm

    Iza : Brrrr !!! cela fait froid dans le dos de se projeter dans un futur chauffé à blanc, petit à petit …

    Valérie : Quelle histoire, terrible malentendu et déception immense, vie brisée

    Ludmila colas ; Parfois les sports olympiques peuvent rapporter gros, et le sport alors ?

    Pacha Mama : aïe ! aïe ! pas facile les ruptures qui déglinguent tout à la fois, et hop ! le petit moment de génie, le dialogue et ça fera du bien

  46. Terjit

    Bonsoir à toutes et tous,
    Si quelqu’un a une idée pour faire passer les jours de 24 à 48h je suis preneur… Désolé de ne pas avoir encore eu le temps de vous lire, je m’y plonge juste maintenant. je viens de parcourir vos commentaires : merci de tant de douceur :-). Bon début de semaine.
    @Leiloona : j’aime toujours autant tes textes au bord du rêve.
    @Anselme : un texte intemporel percutant.
    @Adèle : bravo ! j’ai beaucoup aimé ce texte qui commence dans la douceur puis progressivement devient oppressant jusqu’à la chute fatale. Merci Adèle
    @Nady : la liberté, encore la liberté, toujours la liberté, à n’importe quel prix !!!
    @Iza: ton texte m’a fait froid dans le dos, quel horreur cet « avenir ». Heureusement qu’il reste quelqu’un pour encore rêver un peu.
    @Valérie : j’avais un petit sourire en lisant cette belle histoire, particulièrement dans ta description de la préparation de ce rendez-vous, et en une phrase tu nous fait basculer dans l’horreur absolue, heureusement que la chute remonte le moral. Texte magnifique qui m’a beaucoup touché ! Merci !
    @Ludmila : Le point de vue du narrateur est original et le fond du texte est tellement d’actualité alors que Paris vient d’obtenir les JO… Bravo !
    @Pachamama : du fond, du rythme, de l’amour aussi impossible qu’indispensable. Impressionné par tant de maîtrise.

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