La ronde autour du monde, atelier d’écriture n°285

par | 27 Nov 2017 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture, Une photo, quelques mots | 76 commentaires

©Leiloona

Je ne sais pas à quoi pensent les matelots quand ils croisent ces paquebots remplis de touristes.
Je ne sais pas à quoi pensent les touristes quand ils croisent ces bâtiments de la Marine Nationale.
Peut-être qu’après tout, ils ne pensent à rien.
La mer, le bleu, l’infini de l’océan jouent le rôle d’une grande lessiveuse.
On embarque avec nos problèmes, nos états d’âmes et nos soucis. Le ronronnement des engins, le clapotis des vagues, les cris lointains des goélands malaxent tout cela ; le grand pétrissage des maux débute au diapason des lourds moteurs des soutes.
Bientôt, c’est le silence intérieur. Dehors, c’est comme dedans.
Une douce ataraxie nous enveloppe et l’on se prend à rêver d’une nouvelle vie. D’un nouveau cycle.

En vérité, les marins envient les touristes qui visitent les merveilles du monde.
Les touristes envient les marins qui vivent des aventures exotiques.
Moi, je ne fais que penser à cette chambre 309 avec vue sur la rade.
Que c’est bête un souvenir.

© Alexandra K, le 26 novembre 2017

————————————————————————————

Le texte d’Anselme © :

 « C’était dans un bar à matelot, face à la rade, un samedi soir.
Je m’étais perchée sur un grand tabouret, accoudée à un tonneau.
Un ancien marin m’a rapidement rejointe et m’a proposé de partager un cigare. Il a coupé le bout avec un minuscule couteau argenté sorti comme par magie d’une de ses poches intérieures.
On a bu nos bières en discutant de tout et de rien. De la vie et des hommes, de l’hiver et de la mer.
Je me souviens que c’était mon premier cigare et que la fumée m’irritait passablement la gorge. Je toussotais.
Il me regarda en souriant, mit sa main sur ma cuisse et chuchota : « Rien de tel que le rhum ambré pour mettre du velours au palais. J’en ai dans ma chambre d’hôtel. Tu montes ? »
Cette tournure désuette me fit rire. A 800 km de chez moi, la situation était tellement inattendue et cocasse.
« Je monte », répondis-je en soutenant son regard.

Le lundi matin, en ouvrant la porte de chez moi, je dus avoir quelques regrets. Mais aujourd’hui, ce bout de cigare rougissant éclaire ma nuit de souvenirs comme le phare d’Alexandrie.
J’ai été heureuse.

Tiens, le four sonne : la tarte aux citrons doit être cuite.
Mon petit-fils arrive bientôt. »

————————————————————————————

Le texte de Val © :

Tu avais sorti le grand jeu :
L’ Airbus blanc avec places en première,
Le paquebot blanc et majestueux avec cabine de luxe.
Les draps blancs sur un lit king size.
Le ciel bleu garanti et un soleil radieux et chaud.
Une mer bleue, transparente et chaude à souhait.
Tes yeux bleus et tes mains expertes pour des nuits chaudes.
Tout! Tu avais tout réuni pour faire de ce premier voyage un souvenir inoubliable.

Inoubliable, il le serait en effet.

Chaque descente du paquebot fut un déchirement.
Non, je n’oublierai jamais le sourire de cette jolie petite fille assise au sol sa petite sœur endormie dans ses bras, ni la main tendue de cet adorable garçon aux pieds nus et dont les vêtements n’avaient plus ni forme ni couleur, ni leurs yeux pétillants à eux deux et à tous les autres quand j’ai sorti un paquet de gâteaux.
Je n’oublierai pas non plus le regard hautain et méprisant de certains croisièristes à leurs égards. Sans doute faisaient-ils tâche sur leurs clichés ou avaient ils peur qu’ils salissent leurs tenues dernier cri.
Je n’oublierai pas la honte qui me saisissait quand il fallait remonter sur notre luxueux bateau à l’exact opposé de ce qu’ils vivaient eux, sur leur terre. La gorge serrée, j’avais peine à y respirer et tout y avait un goût amer : les plats préparés par le chef, les cocktails au bord de la piscine, la coupe de champagne au piano bar. Tout me donnait envie de vomir. Le pire de tout était d’entendre les remarques désobligeantes des pimbêches à bord qui se plaignaient pour un oui pour un non sans même réaliser l’absurdité et le décalage entre leurs soucis de pacotille et la misère qui les entourait.
Je n’oublierai jamais.

————————————————————————————

Le texte de Pachamama © :

 L’appel de l’océan, s’est fait ressentir très tôt. Le terme vocation trace bien je crois le contour de l’amour-à-mer qui m’habite. La prise de commandement de la Jeanne d’Arc était le 15 mai 1981. Je suis gradé, nommé Capitaine de Vaisseau mon nom est Régis Le Merveilleux du Vignaux, un patronyme qui ne s’invente pas et qui connote l’épatant !

Et ça le fût ! 677 personnes : officiers instructeurs, élèves, équipages ; la Marine Nationale Française, brûler de la sensation de la défendre et me confondre avec la patrie sur LE croiseur porte-hélicoptère. Port d’attache : Brest. Un bloc qui file à une vitesse de croisière de 12 nœuds. Initialement baptisée « La Résolue ». Des rencontres, des tristesses de départs, des points d’ancrages, des décisions, des combats, de la technique et des choix.

La Jeanne.
La figure inextinguible de mon âme.

La passation des pouvoirs et des formalités me sembla une brusque interruption d’un tout. Et ta naissance mon fils, n’a rien été d’inouï. Comme une fausse donne. Vu les circonstances Dimitri, ta mère a sué afin de m’impliquer, et alors tu es devenu ce que j’aime à définir comme ma méthode évolutive d’acceptation : elle consiste à s’occuper de quelqu’un d’autre et perpétuer un sentiment d’utilité nécessaire. J’aurai pu ne jamais amarrer tu sais ! J’en connais pas mal qui se sont échoués, Gamin.

Je stoppe mon vieux coucou de baladeur immédiatement, appuyant machinalement sur le bouton, je laisse les mains et l’appareil auquel je me cramponne plus qu’autre chose dans la grande poche ventrale de ma vareuse, continuant de me raconter mentalement à Dimitri. L’ébauche d’une lettre ? Des récits, des excuses, des confessions ? Fanny ne se tient plus à mes côtés mais je l’entends d’ici avec son intonation moqueuse « Encore Sardou ? C’est pas Dieu possible de ressasser autant mon Bourru ! T’en a pas assez ? ».De plus j’ai sous les yeux un tableau qui m’aveugle ! Lumière ! L’eau ! Gigantisme. Force. Propice retour aux sources rare maintenant, qui me prend et m’essore avec perte et fracas. Rester loin du remous, être ce navire « Résolue », tapir la Jeanne dans les eaux noires et profondes de mes tripes c’était mon entreprise il y a des années et j’ai réussi avec brio.

Sardou soufflait à mes tympans à l’instant «j’étais un bateau gigantesque, capable de croiser mille ans. J’étais un géant presque aussi fort que l’océan »…Dimitri, je ne commande plus rien ni personne. Ta mère n’est plus depuis dix hivers. Pas englouti, non, je suis plutôt devenu ce phare. La tour bâtie qui éclaire ; qui guide. Une autre figure.

————————————————————————————

Le texte d’Adèle © :

Question finale
C’était devenu un jeu entre nous.
«Mademoiselle, vanille ou chocolat ? »
Cet été, entre la fin de tes études et le début de ton premier contrat, tu avais décroché un job de serveur dans cette station touristique du sud de la France, près de Toulon. Moi, la jolie italienne, j’avais délaissé les côtes surchargées de l’Adriatique et je jouais la touriste, entre plage paisible et terrasse de café. Pas de plan préétabli, la dolce vita, le soleil qui réchauffe ma peau, et mon cœur refroidi par les amours envolées. Les odeurs de Valda de la pinède du camping, les cigales au crin-crin entêtant, toute la panoplie de remise à zéro de mon cerveau fatigué par une sombre année.
« Crème solaire ou crème glacée ? »
Je n’avais pas voulu suivre les conseils du serveur et je m’étais installée à une table en plein soleil. Impertinent et un brin présomptueux, tu avais accompagné ma commande du verre d’eau d’usage, mais aussi d’un tube de Nivéa visage. J’avais rougi, plus de confusion et par timidité que sous l’effet des U.V.
« Chez toi ou chez moi ? »
L’après-midi était vite passée, et la question avait été posée.
« Tente et sol dur, ou lit et promiscuité ? » Les soirées avaient été magnifiques, feux d’artifice et nudité, et l’amour qui s’invite partout, sans gêne ni doute, en toute innocence, comme s’il devait durer plus d’un été.
« Plage de sable ou rochers ? Spritz ou mojito ? Danser ou faire l’amour ? »
Aujourd’hui tu avais pris ton après-midi pour partager mes dernières heures de vacances et je continuais à jouer avec toi : «Paquebot de croisière ou frégate de guerre ? »
J’attendais et je redoutais la question finale, celle que tu poserais et qui sonnerait la fin du jeu, celle dont je détestais par avance ma réponse.
« Partir ou rester ? »

————————————————————————————

Le texte de Konkav © :

TERMINUS

Eluard. Voilà. C’est lui l’orange bleue.

Tu parles d’une orange. Alors que le bleu ça on en a bouffé ! Du bleu, du bleu, et encore du bleu. Du bleu à en crever… Sinon la mort partout : qu’ça bouge, qu’ça vole, qu’ça nage. Même si c’est pas vivant. Bah faut qu’ça meure quand même. Partout.

La Terre ? Franchement : un bout de caillasse avec de la flotte dessus ! Voilà. Y pas à mettre d’histoire de fruit là-d’dans. Evidemment tu vends pas un bouquin avec ça. Mais ça fait un moment que l’commerce, ça a plus la cote de toute façon. On en s’rait pas là sans ces connards qui nous ont tout déglingué avec leur marketing. C’est d’bonne guerre.

Mais là, non. L’orange j’vois pas. Une belle connerie.

D’ailleurs si j’avais eu autre chose à foutre j’l’aurais jamais lu son poème à l’autre. Parce que qu’est ce qu’on s’est fait chier… Enfin moi en tout cas, les autres je sais pas. J’ai pas d’enfants, pas de femme, pas de manie à la con, rien. On est dans l’instinct dans ces cas là. D’ailleurs tu penses pas quand t’es seul, tu rumines, grand max. Et ça suffit amplement.

Alors qu’il faut les voir les familles ! Ça réfléchit, ça s’fait d’l’émotion à plus finir. A plus voir clair. Et là c’est pas vraiment la période pour le sentimental. J’me souviens d’l’autre qui voulait pas qu’on l’bouffe son clébard. L’exemple typique. Quel débile ! Résultat : bouffé avec le clebs. Normal. Non mais franchement !

Enfin moi j’suis là… Sur ce rafiot.

D’un autre coté, je sais un peu pourquoi je suis là quand même : je suis un curieux. C’est comme ça ; on s’refait pas. Ma mère me l’disait quand j’étais mioche. « Mange ! On s’en fout de ce que c’est ! » Une tarte avec ça. Mais il fallait toujours qu’j’la fasse chier avec des questions métaphysiques. C’était plus fort que moi.

Et tiens ; en parlant de questions, ils m’font marrer les « sains et saufs », les « terre promise ». Et qui chialent avec ça. Putain. Comme si on pouvait gâcher la flotte. J’t’en foutrai de la passion moi ! On les passe comment les plots en béton ? Hein ? Avec de l’amour ? Ils s’imaginent que tous les milliardaires là, ces sadiques armés jusqu’aux dents, ils vont nous laisser passer ? Pour notre belle gueule ? « Mais venez ! Venez donc ! Dormir, bouffer, piller nos médocs, baiser nos femmes ! ».

Ils sont tellement cons que j’me marre tout seul tiens.

Ça doit être miné de partout. Forcément. Et encore si tu passes ils tirent à vue. Sûr. Peut-être même que ça les distrait ? « On s’prend une vedette et on va chasser du survivant ? ». Ça m’étonnerait pas. Moi à leur place ça m’aiderait à passer le temps. Quand t’es dans le luxe tu deviens pervers, c’est comme ça, y a pas à chier !

N’empêche qu’y va falloir que j’passe. Parce que les autres visiblement le tourisme ça leur suffit. Mais moi j’suis pas venu pour les cartes postales. J’ai bien l’intention d’y aller ! En Antarctique.

————————————————————————————

Le texte d’Amélie © :

 Voilà une lumière qui échauffe le sommet de mes ombrages . Une autre caresse brisée qui s’échappera à mon humeur.
Je n’ai pas vraiment d’âge, vous savez, mais je frissonne toujours au son des titans.
L’hiver n’engourdit plus leurs courses, son soleil s’est densifié. Alors ça chahute sur mes horizons.
Ça navigue entre guerres et marchés, l’escale des loisirs ne touche plus terre, ça se sert sans compter.
Je n’ai pas vraiment d’âge, vous savez et pourtant leurs vagues m’effraient.
Dans le sillon des géants, traînent des histoires à m’en soulever le coeur. J’en rejette chaque jours en corps.
Le soleil frais de l’hiver ne sait plus me consoler.
Je n’ai pas vraiment d’âge, vous savez, mais leurs passages toujours me blessent. À l’autre bout du chenal s’entendent mes pleurs. J’ai levé les yeux pour ravir un peu de chaleur ce matin. Et malgré la force de mes espaces, ça a peur tout au fond.
Je le dis comme ça mais pour eux ; je ne porte pas vraiment d’âmes, vous savez.

————————————————————————————

Le texte d’Eric © :
IL est sept heure du matin au chantier naval DENZIO père et fils, et comme tous les matins la symphonie des bruits de machines des entreprises locales est perturbée par un vrombissement de moto. C’est le dernier de bébé de Charles, le fils DENZIO : une suzuki toujours prête à dévorer la route. Pour se mettre d’entrain, il adore écouter un morceau de musique des années soixante-dix « fortunate soon ».
A peine la fermeture éclair de son blouson descendu, une voix rocailleuse venue de la cabine en plexis faisant craqueler davantage les tôles de l’entrepôt, se fit entendre « CHAAARRRLLES ». C’est le « père » comme il l’appelle si gentiment. Il se dirige alors vers le bureau pour en pousser la porte avec nonchalance.
-Qu’est-ce que t’as encore à crier ! souffle du bout des lèvres Charles.
-Bonjour ! d’abord, et puis je m’exprime comme je l’entends et parce que j’ai une bonne raison c’est que dans deux heures le prince ALMED passe voir son bateau et t’as pas fini de laquer le pied table de réception du pont ! » et repartis après une pause «  Merde, tu cherches quoi ! à nous foutre au fond du port de plaisance… » grogna le père en s’asseyant épuisé dans son siège en vieux cuir.
-Mais je vais le faire, t’inquiètes ! t’es toujours en tension, on s’en sort toujours indemne des chantiers passés, c’est pas le premier ni le dernier. Répondit Charles en se glissant vers la sortie du bureau.
-Peut être mais je te rappelle qu’il vient avec sa fille qui va recevoir ce bateau comme cadeau, donc fait ce qu’il faut bon sang ! » sortit le père tel un ours au fond de sa caverne.
En revêtant son bleu de travail, Charles fit un clin d’œil de connivence à son jeune collègue Jules qui commence à connaître le mécanisme de cette relation père-fils. Avant de se mettre au travail, Charles sortit du dépôt pour fumer une de ses roulées en contemplant le va et vient des paquebots dans ce port de Toulon qu’il affectionne tant.
Travailler dans un chantier tel que celui-ci n’est pas simple tous les jours surtout dans une atmosphère remplie de poussières de bois et autres produits de finitions, surtout pour Charles et Luc ébénistes laqueurs pour lesquels le plus gros du travail se situe à côté du bureau du chef. Quand soudain celui-ci ouvrit la porte de son repère avec vivacité et traversa à grands pas l’atelier pour se diriger au plus vite à la porte d’entrée de la clientèle. Charles se retourna avec une vivacité équivalente à celle d’un caméléon pour ne le regarder que d’un œil.
On pouvait distinguer toute une démonstration de formules de politesse des plus soutenues à l’égard d’un tel client, on n’a pas forcement des clients d’Abou Dhabi tous les jours. C’est alors que Charles posa ses chiffes et tapa son bleu pour en éliminer un maximum de sciures pour se diriger vers la délégation royale.
Jean le père présenta grossièrement son chantier avec ses différents postes, les projets en cours et du bout du doigt son fils « et voici mon fils ainé Charles qui travaille à mes côtés depuis 15 ans déjà ! » avec un regard fermé mais fier à la fois. Charles alors à la portée du prince fit alors sa révérence assez succincte malgré tout. Puis s’oriente vers sa fille pour y poser délicatement son regard. Il ne fit qu’un tour du corps pour arriver avec lenteur vers son visage d’ange, ses pulsations cardiaques prennent une envolée sans prévenir et effleura du bout des lèves cette main tendue avec beaucoup de légèreté.
Comme pour briser cette bulle où se sont enfermés la princesse Shama et Charles, Jean se raclât alors la gorge jusqu’à en faire sursauter le groupe émirien. Le prince revenant dans le vif du sujet demanda à Jean de lui montrer le bijou qui l’a commandé. Tout le petit monde s’avance avec un sourd susurrement soutenu jusqu’à qu’il arrive devant cette pinasse en bois précieux. Durant un laps de secondes le temps s’est arrêté où tous les yeux se braquèrent vers cette réalisation rutilante propre à l’artisanat français.
Ce qui est sûr c’est l’attirance soudaine et latente de Charles vers ce gouffre d’émotions à la rencontre de cette belle du désert. Celle-ci justement alterne entre les reflets de l’acajou utilisé pour son embarcation et les yeux pers de Charles qui en use sans compter. Mais cette faille spatio-temporelle au sein de l’atelier est interrompue par Jean « Charles, Chaaarles ! tu peux emmener son éminence et la princesse à bord du ‘amal’ s’il te plaît, merci », Charles tout en manipulant le treuil pour mettre le bateau en eau, ne perdit pas le fil avec Shama. Alors jean fit l’hôtesse le temps du transfert du « Amal » et donna le bras au prince et à sa fille pour monter abord. Malgré tout Charles mit ses gants de cuir pour piloter cet engin de deux cents chevaux et s’exclama sans retenu « Accrochez-vous et retenez vos keffiehs ! » avec un sourire qui en disait long sur ses intentions. L’émirat apprécia à sa juste valeur le confort et la finition du bateau a son visage enjoué et sa complicité qu’il peut avoir sa fille comme par magie. Mais il fut clairvoyant quant à cette relation naissance de quelques heures entre Charles et sa fille qui se voyait comme la cerise au milieu d’une forêt noir.
Almed de retour sur le ponton pris à part Charles et lui fit une proposition plus qu’étonnante…

————————————————————————————

Le texte de Khéa © :

Plonger dans cette photo est sa seule évasion, la seule qu’elle se permet depuis des jours, des semaines…

Il avait pris son visage entre ses mains, agrippant son regard bleu au sien, un baiser à peine effleuré et il était sorti.

Tout son être s’était figé dans le départ de cet homme dont le parfum la réveille encore la nuit.

Il y a eu une première photo déposée dans sa boîte aux lettres, puis une deuxième quelques jours plus tard, une troisième, une quatrième,…aucune indication du lieu qu’elle représentait, rien pour lui permettre de savoir où il se trouvait. Il y avait écrit au dos de chacune, de son écriture brouillon de gars pressé, à l’encre bleue “ je t’embrasse”.

Cette photo était la dernière reçue, la phrase était différente “cette lumière bleue est pour toi”. Une photo magnifique, éclatante, la plus belle qu’elle ait eue. Où avait-elle été prise ? Un port, deux navires, une montagne au fond,…

L’image de leur première rencontre lui revient : il était sur le quai, sa chemise bleue avait attiré son regard, elle s’était approchée,…

Un frisson la parcourt, il fait frais. Elle lève les yeux de la photo, quitte le pont pour regagner sa cabine…elle trouvera cet endroit , le rejoindra. Elle sourit “j’aime le bleu”.

————————————————————————————

Le texte de Françoise © :

Ohé du bateau
qui vit dans ton château ?
Pros ou marins d’eau douce ?

Qu’il est beau, très beau
le commandant de la frégate
envie de s’engager

————————————————————————————

Les textes écrits à partir de la même photo mais publiés ailleurs :

76 Commentaires

  1. Chacun ses souvenirs, tu as raison, Leiloona. Et puis la vie des autres est toujours plus intéressante. L’herbe est plus verte dans le clos d’à côté… Joli texte pour commencer ma lecture.

  2. Souvenir souvenir pour toi aussi Anselme…. Mais pas le même qu’A. Folie peut-être, mais souvenir heureux…

  3. Drôle de souvenir aussi pour toi Val…. Texte moins léger que les deux précédents. Superbement écrits. Les images viennent d’elles mêmes en lisant tes mots. Merci pour cette vision crue des croisières en paquebot.

  4. Que de choix tu nous proposes, Adèle !! Mais ton texte est frais et agréable à déguster le matin au réveil..

  5. Alors bon voyage en Antarctique Konkav, tout au sud de cette orange bleue d’Eluard. Et merci pour ce joli morceau d’humour.

  6. Bienvenue Eric dans cet atelier. Une bien belle histoire pour commencer !!! Heu.. Avec tout ça, on ne sait pas si la table a été laquée ou pas… Plutot distrait le Chaaaaarles…

  7. JOli texte poétique pour étaler les états d’âme d’un bateau. Merci Améie !

  8. Un marin qui devient un phare.. Belle image Pachamacha… Et merci pour me faire rabâcher la chanson de Sardou depuis une heure… C’est malin !!

  9. En direct du travail !!!
    Bonjour à Toutes et Tous,
    Plein de jolis mots déjà…. hâte de tout lire !

    Je vous souhaite une belle journée.

  10. Oups…..je l’ai chanté quelques jours également…ça va passer vous verrez !
    Merci.

  11. @Leiloona : On envie souvent ce que l’on a pas…Ton texte le démontre agréablement ! Merci Leiloona !

    @Anselme : On rougit parfois de notre audace sans pour autant la regretter… J’aime le décalage entre les deux situations. Merci Anselme !

    @Val : Comment apprécier pleinement les bonheurs que la vie nous offre quand d’autres sont dans la misère… Bien vu et bien mené ! Merci Val !

  12. @Pachamama : dès les premiers mots de ton texte, tu m’avais accrochée avec cet « appel de l’Océan » et ta plume m’a retenue tout au long de ton histoire sur différents beaux sujets.
    Particulièrement touchée par ce passage sur le statut de parent : « elle consiste à s’occuper de quelqu’un d’autre et perpétuer un sentiment d’utilité nécessaire.  » Merci, tout simplement !

  13. @Khéa : C’est beau et doux ! bravo ! et bienvenue ! 😉

  14. @Konkav : Bienvenue dans le virtuel aussi ! 😉 Quel plaisir de découvrir ta plume ! inattendue, étonnante, détonante même ! marrant de lire les pensées de ce capitaine, obnubilé par le bleu, qui veut passer coûte que coûte pour aller en Antarctique !
    Interpellée par ce passage d’actualité : « Quand t’es dans le luxe tu deviens pervers » 😉
    Merci pour ce beau moment de lecture 😉

  15. @Alexandra : comme il fait du bien le silence intérieur ! Je l’ai ressenti à travers tes lignes dès les premières phrases ! Super !

  16. @Adèle : j’ai bien aimé tes questions tout au long du texte et me suis prise au jeu d’y répondre. L’ensemble me rappelle le film sur « la route de Madison », particulièrement avec la chute ! un grand moment ! merci pour ce beau nuage sur lequel je suis montée le temps de la lecture !

  17. @Khea : un très joli texte plein d’espoir qui m’a rappelé le film « Ne t’inquiète pas je vais bien » avec Mélanie Laurent et Kad Merad. Espérons que la fin sera plus positive. Bienvenue à toi et au plaisir de te relire.

  18. @Alexandra : il est vrai que lorsqu’on se retrouve en plein milieu de la grande bleue des sensations de plénitude ou au contraire de vide peuvent se faire sentir alors ces interrogations sur le ressenti de ceux qu’on croise doivent émerger naturellement.

  19. très bon texte @Alexandra, j’aime beaucoup 🙂

  20. Oh @Val, ton texte me parle beaucoup !

  21. Anselme : Ohmy ! Un couteau un marin du rhum un cigare et une nuit avec un inconnu voici ce que je sous entendais quand je parlais d’aventures exotiques, hum …
    (Tu n’aurais pas la recette d’une tarte au citron par hasard ?)
    Bon texte. On se plaît à rêver nous aussi.

  22. Valérie : pour moi ton meilleur texte.
    Une rythmique et un fond maîtrisés qui nous embarquent (malheureusement du coup si je puis dire.)

  23. Pacha mama : Ah ben je viens de mettre Sardou moi aussi. Cocasse dans le rer !
    Un texte qui dit les différentes missions que la vie nous offre. Souvent inattendues. Mais belles oui. Élèvatrices.

  24. Je l’ai écrit en surveillant la cuisson de ma tarte au citron. 😛

  25. Merci beaucoup. Heureuse d’être parmi vous 🙂

  26. Merci Valérie. À bientôt pour le prochaine lecture.

  27. Adèle : Alors moi qui ai toujours du mal à choisir, je t’avouerai que ton texte m’a à la fois fait rire et donner des frissons ! (Même à la lecture d’un texte, tu vois, c’est compliqué pour moi de choisir un état ! 😛 )
    C’est bien mené, jusqu’au point d’orgue final … (mais sinon je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas continuer leur jeu en automne, puis en hiver … « Vrai sapin ou sapin artificiel ? » ! 😀

    j’aime beaucoup aussi : « l’amour qui s’invite partout, sans gêne ni doute, en toute innocence »

  28. @ Konkav : Bien vu d’écrire comme il parle ! (En revanche, pfiuuu c’est pas gagné pour qu’il comprenne un brin de poésie, celui-ci ! 😮 Un brin terre à terre pour un marin … (bon, ok, je sors, elle est nulle.)

  29. @ Amélie : Oh seraient-ce les pleurs de la terre que nous entendons ici ? Elle n’a pas vraiment d’âge, mais à dire vrai les Hommes la font vieillir plus vite.
    Un texte bercé de légendes et de titans, j’aime les références. 🙂

  30. Eric : Ah, ce Charles a de l’avenir, on dirait …

  31. @ Khéa : Alors je peux aider la dame à retrouver son homme, je sais où la photo a été prise ! 😀
    J’aime bien ce jeu de piste, le chemin est aussi beau que l’arrivée. 😉

  32. @ Françoise : tu as une belle vue dis moi pour voir la trombine du commandant de la frégate ! 😀

  33. @Leiloona : un texte passionnant, limpide et qui provoque tout un questionnement : l’être humain, seul au milieu de la foule, la vie comme un théâtre avec des rôles qu’on pourrait s’échanger et la phrase qui tue : « Dehors, c’est comme dedans. » Et j’adore réfléchir à toutes ces questions ! Non vraiment, j’aime beaucoup ce texte !

  34. Cécile C : Aucune trace de ton texte, et ce que tu mets sur le formulaire n’est pas bon. Soit tu postes ton texte sur ton blog via le formulaire, soit tu m’envoies ton texte par mail. 🙂

  35. @Anselme : méfiez vous des grands-mères, car elles ont beaucoup vécu ! Si vous saviez toutes les histoires qu’elles peuvent vous racontez, comme Anselme vous prendriez le temps de vous asseoir et de les écouter. Merci à toi d’avoir eu cette sagesse.

  36. Like la chèvre de monsieur Seguin ? 🙂

  37. Jos : Ainsi est fait l’homme crois-tu ?

  38. Ah super, Nady ! Oui, hein, avec en bruit de fond le moteur assourdi …

  39. Val : Je doute avoir le cran de me retrouver un jour ainsi au milieu de la grande bleue sans voir aucune terre aux alentours … 🙂 (alors il vaut mieux me projeter pour le vivre.)

  40. Tu as tout à fait raison, Adèle ! J’adore écouter les anecdotes des grands-mères et des grands-pères et de voir leur oeil pétillant. (Bon, je rebondis à la place d’Anselme, mais j’ai énormément aimé ce regard sur cette mamie moi aussi.)

  41. @Val : un début léger comme une plume, pour appâter le lecteur et boum ! Une suite lourde comme une enclume. C’est un texte coup de poing, d’une efficacité redoutable.

  42. Merci Adèle ! Oui, le monde comme un théâtre (theatrum mundi), une thématique qui me suit pas mal depuis mes études … Et après tout, en écrivant, ne tisse-t-on pas une infinité de vies ? 😉

  43. @Pachamama : hey, si ça se trouve, tu as connu mon cousin Alain qui était pilote d’hélico sur la Jeanne d’Arc ? Toi, tu t’es reconverti dans la paternité, et j’aime qu’un homme nous dise y avoir trouvé autant de satisfaction que dans un métier-passion.

  44. @Konkav : je t’ai cru embarqué sur l’effroyable Radeau de la Méduse, puis la réalité de ceux qu’on nommait autrefois boat-people a éclaté au grand jour. Mais pourquoi rêver d’Antarctique ?

  45. @Alexandra. J’aime bcp. je ne sais pas pourquoi mais j’aime.

  46. @Amélie : l’art de jongler avec les mots, leurs sonorités et leurs double-sens, pour dessiner le portrait de la mer éternelle, cette mer qui est partout et qu’on ne voit même plus quand on est sur ces paquebots géants
    Quelle poésie !.

  47. @Val c’est dur ce décalage. il faut savoir ouvrir les yeux et ne pas les refermer quand on est gêné.

  48. @Anselme. je suis surement trop fidèle pour monter tester et gouter l’ambré du rhum 😉

  49. @ Adèle : Tu veux ou tu veux pas. que de choix… j’espère qu’elle a fait le bon.

  50. @Eric : j’ai souri devant ce Charles nonchalant au coeur de midinette ! La suite au prochain num… euh, atelier ?

  51. @Khéa : un amour bien mystérieux, ou alors un rêve, qui sait ? Mais qui, dans mon coeur de midinette, fait naitre bien des frissons, et bien des rêves …

  52. @Françoise : j’ai ri devant la beauté du capitaine, qui déclenche bien des vocations !

  53. Ah … merci bcp.

  54. @Désolée mais surbookée en ce début de semaine et du coup pas eu le temps de vous lire, malheureusement. Je reviens vite.

  55. @Pachamama : La vie métamorphose l’homme et l’oblige à faire des choix…J’aime beaucoup la tournure de la chute !

    @Adèle : Ah cet éternel questionnement : histoire de toute une vie ! Ton texte est léger…jusqu’à la question fatale.

    @ Konkav : Un texte à la fois drôle et caustique. Bienvenue parmi nous !

  56. @Amélie : J’aime beaucoup ta la façon avec la quelle ta plume fait parler la mer et la fait pleurer… C’est vraiment beau !

    @Eric : Une belle histoire d’un amour naissant et une chute qui demande une suite ! Bienvenue parmi nous !

    @Khéa : Une histoire d’amour sur fond de suspens…dont j’ai aimé la lecture. Bienvenue dans l’atelier !

    @Françoise : Court mais efficace. Je dirais que l’approche de la photo est … bien vue !

  57. Je peux te donner la mienne Leiloona 😉

  58. @Alexandra: Je n’arrête pas de rêver d’une nouvelle vie… sans doute le cycle des saisons et l’automne qui lessive le moral.

    @Anselme: une vieille dame qui se rappelle sa jeunesse?… J’imagine qu’elle a épousé le matelot.

    @Val: c’est vrai que beaucoup de personnes ne connaissent pas leur bonheur…

    @Pachamama: j’aime beaucoup le franc-parler de Fanny. LOL!

    @Adèle: elle est donc partie?

    @Konkav: s’il n’y avait pas le mot Antarctique j’aurais pu croire qu’il venait des côtes libyennes ce manchot…

    @Amélie: belle idée de personnifier la mer.

    @Eric: ah ben non, tu nous laisses sur notre faim, là…

    @Khéa: j’espère qu’elle va le retrouver…

    @Françoise: c’est vrai que les marins sont plutôt mignons. J’aurais bien embarqué quelques fois!

  59. Merci…mais c est la mer qui parle

  60. Merci en tous cas de m’accueillir parmis vous!

  61. Merci beaucoup.

  62. Je te remercie, c’est agréable de pouvoir partager ça.

  63. @Anselme : bien eu raison de profiter des petits plaisirs de la vie…À la mer les regrets…

  64. @Pachamama : toute une vie racontée en quelques lignes. Il faut que j’aille écouter Sardou.

  65. @Adele : merci pour ce texte, léger et frais. En ces jours de grisaille il est doux ne nous faire penser aux amourettes estivales.

  66. Alexandra K, et ils reviennent tous au point de départ, un jour ou l’autre, seuls, les horaires changent, mais le souvenir de la chambre 309 restera intact.

    Anselme : Perdu dans les souvenirs et se laisser-aller lorsqu’ils sont doux.

    Val : Ce contraste et ce constat devant tant de différence et d’indifférence, face à la misère, Quel décalage ! mais aussi quel talent pour tout mettre en mots !

    Pachamama : Quelle vie et quelle lucidité !

    Adèle : Douloureuses et merveilleuses amours estivales.

    Konkav : Grand voyage en perspective autour de l’orange bleue, bon vent !

    Amélie : La mer en pleine réflexion, c’est beau.

    Eric : Ah ! Ah ! le prince prend tout : l’ébéniste-laqueur et le bateau, tout !

    Khéa : un peu comme amélie poulain pour son père

    Françoise : S’engager ? oui mais avec des pros et un beau commandant, tant qu’à faire …

  67. Merci à vous pour votre accueil.
    @Alexandra
    J’aime beaucoup cette douce mélancolie.
    @Anselme
    On oublie parfois que les grands parents ont vécu. Voilà l’affaire réparée.
    @Val
    Le luxe des vacances rend plus difficile la vue des exclus. Pourtant si nombreux à nos portes.
    @ pachamama
    j’aime bien la personnification du bateau.
    @Adèle
    L’insouciance dans tout ce qu’elle a d’agréable et de finie.
    @Amélie
    Beau et triste
    @Eric
    On attend la suite 🙂
    @Khéa,
    Curieux, et flippant un peu aussi.
    @Françoise
    Je suis pas très commandant de Frégate, mais je comprends le concept 😉

  68. @Alexandra : tout est question de point de vue !

  69. @J’adore la révélation de cette nouvelle facette d’une personnalité !

  70. @Val Ce texte met bien en relief le décalage entre le niveau de vie des touristes et ceux de certains pays visités et j’aime sa conclusion.

  71. @Pachamama, Des regrets très bien dépeints…

  72. @Adèle Un bel amour d’été léger et binaire !

  73. Merci pour ce retour très encourageant.

  74. @Leiloona : des questions justes dans un écrin de douce nostalgie.
    @Anselme : une parenthèse dans les yeux d’un marin qui laisse des souvenirs, c’est ça aussi la vie !
    @Val : deux mondes qui se croisent, parfois se regardent, souvent s’ignorent et malheureusement très souvent l’un méprise l’autre. Merci de rappeler cette réalité qui est à chaque coin de rue.
    @Pachamama : beaucoup de nostalgie aussi dans ce texte, très bien écrit et sensible
    @Adele : très beau texte, comme d’habitude, j’aime toujours autant tout ce qui se cache derrière tes mots. Merci de ce très agréable moment.
    @Konkav : ouha !!! ca décoiffe !!! j’aime beaucoup le style direct et la façon dont tu brouilles les pistes pour arriver à la chute : je m’attendais à tout… mais pas à l’antarctique, je l’avoue humblement !!! Content de te lire ici 🙂
    @Amélie : ce texte qui permet de mettre ce que l’on veut/qui on veut derrière les larmes me plait
    @Eric : un texte qui parle de Suzuki, de travail du bois et de rencontre improbable ne peut que me plaire. Mais quand en plus le style coule naturellement c’est un plaisir
    @Khea : j’aime beaucoup ces petits messages romantiques, mais il faut qu’ils se retrouvent bon sang 🙂

Trackbacks/Pingbacks

  1. UN LÂCHE ABANDON - […] Ce texte est ma participation à l’atelier d’écriture n°285 du 27 novembre 2017 sur Br… […]

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *