Atelier d’écriture 329

par | 26 Juin 2019 | Atelier d’écriture | 160 commentaires

Je suis ravie de voir que la formule allégée de l’atelier convienne ! En route vers le prochain ! Publication des textes lundi matin.

Je viens d’approuver deux textes de l’atelier 328 : ils étaient dans les spams. Je suis désolée de ce contretemps. Allez les lire ! ♥

160 Commentaires

  1. Kroum

    L’eau

    Certains en manquent cruellement
    quand pour d’autres il suffit d’ouvrir le robinet, tout simplement..
    La mousson en Inde tarde à arriver
    quand la tempête Miguel, sur le grand ouest de la France, s’est précipitée.
    D’un côté de la planète, son étendue sur les océans fait rêver,
    quand, à l’opposé, le plastique a choisi de cohabiter.
    Le monde entier semble en vigilance.
    Il lui faut vite agir pour pouvoir garder un peu d’espérance.

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    • Photonanie

      Une prise de conscience d’actualité et, hélas, bien nécessaire Kroum

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    • Rixane

      merci pour ce beau texte d’utilité publique…

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    • Anne-Marie

      Touchant, beau texte pour réveiller les consciences sans perdre espoir. Merci Kroum.

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      • le Corbac

        je crois que c’est simple clair net et précis

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    • Cloud

      Texte édifiant. L’eau mérite en effet le respect.

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    • Valerie

      Ton texte est très réaliste et rappelle que l’eau au combien précieuse est effectivement en danger. L’Homme également par conséquence.

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    • Jos Plume

      Ton texte, construit comme un constat mais sans jugement, nous rappelle de manière efficace mais aussi poétique, notre rôle à chacun… Bien vu 😉

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  2. Photonanie

    L’eau vive

    A chaque fois qu’elle posait son doigt doucement à la surface de l’eau, des ronds concentriques se formaient et s’éloignaient tout aussitôt avec un effet un peu hypnotique…
    Elle aimait sentir la fraîcheur de l’onde sur sa peau, le frisson qui se propageait le long de sa main et au-delà. Elle recommençait encore et encore, essayant de poser le plus petit bout de doigt possible, juste assez pour sentir l’eau sans créer de remous. Jamais elle n’y arrivait et cette victoire permanente des éléments sur sa propre volonté l’énervait  au plus haut point. A l’eau, non mais à l’eau quoi pensait-elle avec rage. Elle n’avait pas encore compris que parfois impossible est bien français. 

    Et d’abord, pourquoi des ronds et pas autre chose? Son doigt n’était pas parfaitement rond que diable, il était même plutôt tordu. A tel point qu’elle cachait souvent ses mains et regrettait l’époque où les élégantes portaient des gants crochetés au coton blanc. Et donc pourquoi ne créait-elle que des encyclies alors qu’elle aurait tellement voulu se démarquer et faire des cœurs par exemple ou autre chose, à l’instar de ce qui décore parfois joliment la crème sur le café?

    Elle en était là de ses réflexions quand d’un gros « splash » un poisson sauta dans la barque! Elle eut tellement peur qu’elle se redressa d’un bond, fit chavirer la légère embarcation et se retrouva dans l’eau entourée de nombreux et très grands cercles autour d’elle, comme autant d’éclats de rire moqueurs de la rivière. L’humidité la sortit de ses rêveries et, trouvant finalement la situation parfaitement ridicule, elle se senti prise d’un fou-rire irrépressible à son tour.

    Et pour le lire in situ c’est à cette adresse: https://photonanie.com/2019/07/01/atelier-decriture-brick-a-book-329/

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    • Anne-Marie

      Une baignade rafraîchissante pleine de gaieté, belle narration, on s’y croirait.

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      • Photonanie

        Merci Anne-Marie, la fraîcheur c’est ce qu’on souhaite ces jours-ci 😉

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    • Alexandra K

      J’aime bien le côté lutin personnifié de l’eau. Au diable le narcissisme, sinon on finit les fesses dans l’eau.

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      • Photonanie

        Tout à fait, mieux vaut ne pas se prendre trop la tête pour des vétilles 😉

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    • Roxane

      un joli sourire de bon moment. Charmant et cocasse, j’adore !

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      • Roxane

        (de bon matin… grrr le correcteur)

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        • Photonanie

          Merci Roxane et au diable le correcteur 😉

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    • le Corbac

      j’aime bien le jeu des formes en fil conducteur

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      • Photonanie

        Eh oui les formes mais aussi la forme ;-), très important d’être en forme!

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    • Cloud

      C’est drôle et frais. Le texte fait du bien à lire.

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      • Photonanie

        « Le texte fait du bien à lire », ça c’est un beau compliment, merci Cloud 🙂

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    • Kroum

      A trop vouloir tout contrôler, elle finit par perdre le contrôle en tombant dans l’eau. Cocasse ton texte. Bravo photonanie !

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    • laurence délis

      Un texte vif et plein de fraicheur. J’aime l’autodérision qui mène à une certaine complicité entre l’eau et le personnage. 🙂

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    • Valerie

      Et oui, on ne peut pas tout maîtriser…mais encore heureux je pense.

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    • benecrit

      Très joli cette façon de nous rappeler que les choses qui paraissent les plus simples nous échappent… et c’est tant mieux. Chouette texte pour nous rappeler de nous laisser vivre et surprendre

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  3. Cloud

    Pas gai, pas gai,
    Fuyons ce continent où seul l’argent domine
    Pagaie, pagaie,
    Pour voguer vers l’Ithaque et ses vertus câlines

    Pas gai, pas gai,
    Trop de navigateurs recherchent aussi l’Eden
    Pagaie, pagaie,
    Si nous sommes les premiers, ce sera une aubaine

    Pas gai, pas gai,
    Leurs voiles à nos côtés ont failli nous heurter
    Pagaie, pagaie,
    En entrant dans le port ils veulent nous rançonner

    Pas gai, pas gai,
    L’île de nos chimères est aussi dépravée
    Pagaie, pagaie,
    Et trouvons du plaisir à seulement pagayer

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    • Roxane

      Le fond et la forme… comme d’habitude un enchantement, et un nouveau style ? Jeu set et match 🙂

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    • Alexandra K

      Cloud : jeu de mots, rêverie, et utopie… Le véritable Éden est celui que nous créons.
      (la forme courte te va bien au teint aussi.)

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    • Anne-Marie

      Très joli, un texte que l’on a envie de lire à haute voix. Il mériterai d’être mis en musique. Pas gai, pagaie : fallait le trouver. Bravo.

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      • Alexandra K

        Roxane, tu ne voudrais pas le mettre en voix ?

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        • Roxane

          tentant en effet.. si j’ai l’autorisation du Maître…

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          • Cloud

            Roxane ! Si tu es tenté, bien sûr, fais en ce que tu veux. Tout est bon pour contribuer à promouvoir ton talent de slameur et de poète. Le titre de « Maître » à mon endroit n’est pas justifié, mais je reconnais qu’il flatte mon ego… Merci.

    • laurence délis

      Nous reste plus qu’à pagayer dans la gaieté. (Il en faut pour tenir dans ce monde !)
      Un texte fort. J’aime beaucoup.

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    • Nady

      un nouveau style qui te va à merveille mon cher Claude ! forcément le message me parle sur cette recherche d’Eden en prenant la mer pour une réalité souvent moins gaie que rêvée… Grosses bises estivales

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    • le Corbac

      très gai et tout en mouvement ce petit poème très frais

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    • Photonanie

      Tellement vrai et lourd de sens sous une légèreté apparente… J’aime et suis ravie que mon PC ne rame pas 😉

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    • Kroum

      Malicieux ton texte cette semaine Cloud. Bravo !

      Réponse
    • Kroum

      Malicieux ton texte Cloud. Bravo !

      Réponse
    • Valerie

      A la fois amusant par sa forme mais sérieux par les messages transmis. Du Cloud comme on aime!

      Réponse
    • Jos Plume

      Un beau rythme et de bons mots… pour nous aider à trouver notre Eden. C’est très agréable à lire 😉

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  4. Roxane

    Plic Plac Ploc

    Lien vers la version audio : https://youtu.be/0V2HfVgwM5U

    Clapotis dans l eau
    Plip Plap Plop
    Dans ma tête en tourments ;
    Rêveries en sursaut
    Flip Flap Flop
    Je m’arrête un instant.

    L’odeur de la cafetière
    Tic Tac Toc
    Rituel du matin ;
    Le sourire de mon père
    Clip Clap Clope
    Cigarette cabotin.

    Sa voiture en excuse
    Vrim vram vroum
    De quelques secrets complices ;
    Cette croisière nous amuse
    Blim Blam Bloum
    Dieux du quartier, père et fils.

    Le cliquetis dans ses mains
    Tin Tan Tin
    D’une partie de pétanque ;
    Le rire de ses copains
    Bim Bam Bim
    Son plaisir – Ma détente.

    Le barbecue qui crépite
    Crip Crap Crip
    Et ce mystère bien gardé :
    Les merguez sont trop cuites
    Zip Zap Zip
    Fallait-il les piquer ?

    Le silence – du 20 heures, …
    « ils disent rien – qu’n’importe quoi,
    et nous on danse – bouche en coeur ! », …
    un verre de vin ? oui pourquoi pas.

    Et ce putain d’goute à goute
    Clic Clac Cloc
    Perfusion inutile ;
    Des questions et des doutes
    Sic Sac Soc
    Lendemains si futiles.

    Les cloches en alerte
    Ding Dang Dong
    Qui me glacent en effroi ;
    De leur musique funeste
    Gling Glang Glong
    De sarcasme en abois

    Clapotis dans l eau
    Plip Plap Plop
    Dans ma tête en tourments ;
    Rêveries en sursaut
    Flic flac floc
    Si j avais pu – Plic
    Si j avais su – Plac
    M’arrêter un instant …. …. … Ploc !

    Réponse
    • Alexandra K

      Roxane : slam qui fait mouche encore une fois. Le même thème de la fuite du temps revisité de façon Polaroïd qui accentue encore plus l’instantané de nos vies. Arghhh… Tu es le Ronsard du slam.

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      • Roxane

        Merci Alex – tes encouragements sont toujours grande source de motivation – ton commentaire est lui aussi plein d images et d’idees … que je t’emprunterai bien pour un prochain texte … clic clac 🙂

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    • Anne-Marie

      J’aime, c’est ciselé, ça claque et ça raisonne.

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      • Roxane

        Merci beaucoup Anne-Marie 🙂

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    • laurence délis

      De tendres souvenirs à la chute brutale d’une vie qui s’achève… Les images sont fortes et très visuelles. Bravo

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      • Roxane

        le « visuel » me touche beaucoup ! tks… 🙂

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    • le Corbac

      toute une vie résumée en sensations et souvenirs….très beau

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      • Roxane

        merci

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    • Nady

      Roxane, du fond nous en avons déjà parlé en privé alors je vais commenter la forme. Que dire de plus qu’être heureuse que tu aies accepté d’entrer dans notre famille du slam ! Ton humilité t’honore mais laisse moi encore te dire que tu excelles aussi bien sur la forme écrite qu’orale ! Chapeau l’artiste ! Hâte de la reprise de la saison du slam pour à nouveau partager quelques scènes ouvertes avec toi dans notre belle capitale !

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      • Roxane

        hâte de vous retrouver en effet, super motivée 🙂 merci à toi de m’avoir emmener dans cette aventure…

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        • Nady

          ;-)) j’aime aussi te voir motivée ;-)))))

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    • Cloud

      J’aime vraiment beaucoup. Sans vraiment te connaître, j’ai l’impression que j’aurais deviné que c’était ton texte. Il sonne bien, chaque bruit est étudié, une progression dramatique. Tout y est. Bravo Roxane.

      Réponse
      • Roxane

        merci Cloud… encore plus apprécié car venant de toi ! Au plaisir de se croiser… 🙂

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    • Photonanie

      Waouw! Le rythme qui fait clic et qui donne des claques! J’aime beaucoup la version audio qui complète la version écrite que je scande dans ma tête…

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      • Roxane

        des clics qui font claque! trop bien 🙂 avec ta permission je garde pour un prochain texte 😉
        Merci de l’avoir écouté et de le scander, le plus beau compliment pour moi !

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    • Kroum

      C’est original et très intéressant d’avoir mis la version audio qui donne une autre dimension à ton texte. Bravo Roxane.

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      • Roxane

        Suite à une proposition d’Alex… j’ai tout de suite aimé son idée.. Merci de l’avoir écouté – ton commentaire me motive dans cette voie/x 🙂

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    • Valerie

      Je reviendrai commenter quand j aurai pu écouter la version audio qui est prometteuse.

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      • Roxane

        super 🙂 au plaisir de lire tes commentaires !

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    • Jos Plume

      Ah, j’aime beaucoup.
      Ça claque et c’est entrainant comme peut l’être la vie.
      J’ai écouté ton texte avant de le lire et la version audio met tes mots justes et efficaces encore plus en valeur.
      Bref : un régal 😉

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      • Roxane

        merci infiniment ! très content que la version audio t’ait plu, c’est super motivant pour continuer !

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  5. Anne-Marie

    @Anne Marie
    Le lac

    Julie s’esquiva du brouhaha ambiant. Elle était lasse de toutes ces criailleries, chamailleries, exigences des uns, des autres qui avaient émaillées ces deux jours. Ces projets de week-end en famille pouvaient séduire mais immanquablement lorsque la date approchait, elle réalisait oh combien, il lui en coûterait d’efforts.

    Abandonnant toute la troupe, mère, frère, sœurs avec leur ribambelle d’enfants sans oublier les pièces rapportées que sont les épouses et les maris. Bien sûr, il faut composer avec tout ce petit monde. Pauvre Julie, partagée entre l’amour de cette famille qui est et reste la sienne et l’irrépressible envie de fuir au bout du monde loin des contingences. Alors, elle fait avec Julie, en bonne fille, bonne sœur, bonne belle-sœur, bonne tante et marraine. A la naissance des enfants, la fréquence de ces grandes réunions de famille s’était intensifiée. Puis, ils sont sortis de l’enfance et sont devenus des adolescents récalcitrants. Finis les bébés joufflus, les joyeusetés à leur faire des guiliguilis et des cadeaux qui les réjouissaient à peine les paquets ouverts. Certains sont entrés dans l’âge adulte sans que l’on y prenne garde. Clairement, la famille, les vieux comme ils les appelaient, les ennuyaient et précipitaient Julie dans un vide abyssale. La notion du temps se fît de plus en plus prégnante. Cette fuite du temps qui quoique l’on fasse échappe à notre volonté de manière irrémédiable, irrévocable. Elle leur en voulait presque à ces gamins insouciants et enviait peut-être leur égoïsme grandissant.

    Alors, cet après-midi-là, Elle s’enfuit, courra vers le lac à en perdre haleine.
    Petit à petit, elle se sentait respirer à nouveau tout en reprenant son souffle. Cette oppression qu’elle avait ressentie dès le matin la quittait. Elle ne hissa pas les voiles d’un bateau qui aurait pu l’emporter très loin mais mis à l’eau le petit canot pneumatique.

    En quelques coups de rames, Julie s’éloigna du rivage. Le lac échappe à la temporalité. Passé, présent, avenir se diluent dans ses eaux limpides. Bercée par le clapotis de l’eau, l’esprit enfin au repos, elle laissa libre cours aux errances de sa pensée capricieuse. Comme il était doux cet instant de calme. Julie se sentie submergée par le bonheur de l’instant. Loin du tumulte, elle se retrouvait. Elle songea à l’organisation de sa vie qui ne lui laissait plus d’espace pour rêver, pour flâner. Les vicissitudes accablantes du quotidien l’étouffaient. Lentement et imperceptiblement, elle avait laissé filer jusqu’à l’envahissement. Se faisant, elle se morigéna. Julie : « Reprends-toi, tu n’as qu’une vie ».

    Son humeur chagrine envolée, elle lâcha les rames pour se laisser glisser au fil de l’eau. D’un doigt négligeant, elle effleura l’eau cristalline et se perdit dans sa contemplation. Cet élément l’avait toujours apaisée. Aux moments les plus heurtés de son existence, elle s’était toujours abreuvée à cette source de vie qu’était le lac. Il y a bien longtemps, son père la regardait sauter du ponton. Grâce à ses encouragements, Julie oubliait ses peurs enfantines. Elle n’avait de cesse de plonger et de plonger encore pour l’épater. Le lac le ramenait auprès d’elle. Il était là tout près à jamais dans son cœur pour toujours.

    Réponse
    • Alexandra K

      Anne Marie : je suis fan des univers sensoriels que tu créés. Je suis avec ton personnage durant quelques minutes. Ne change rien, tes textes sont bien balancés et tout y est…
      Et l’eau, cet élément du baoteme, celui de la renaissance : très très bien narré ici. Bravo.

      Réponse
        • Anne-Marie

          Ah Ah, Je note.

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      • Anne-Marie

        Oh merci merci Alexandra, à la lecture de ton commentaire, je suis en lévitation. J’adore le rythme de la nouvelle formule. Il me semble que nous sommes plus réactifs. Belle journée.

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    • Roxane

      Magnifique… c’est marrant comment cette image nous amène finalement au même endroit… Ta narration est aussi fluide que l’eau qui coule, bravo!

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      • Anne-Marie

        Merci Roxanne, très touchée.

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    • le Corbac

      ah la famille…ah ces interminables réunions de famille… C’est très bien raconté et est un ressenti partagé.
      Et puis cette évasion qui la ramène à la famille (son père) est parfaite

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      • Anne Marie

        Merci Le Corbac, très encourageant ton commentaire, oui ah la famille, source d’inspiration intarissable. Je te souhaite un bel été tempéré hihihi

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    • Cloud

      Super, Anne Marie. Ton texte associe parfaitement le temps qui passe, l’envie de s’extraire du tumulte pour le savourer pleinement, et l’eau éternelle source de vie. Bravo.

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    • Photonanie

      Ah l’envie de s’évader, de s’isoler pour ne plus rien entendre comme quand on a la tête sous l’eau…
      Et ce père qui fait que la boucle est bouclée…

      Réponse
    • Kroum

      Un très joli texte qui fait du bien surtout quandnon la sent retrouver uneccertaine paix intérieure. Bravo Anne-Marie

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    • laurence délis

      L’atmosphère familiale est très bien décrite, on s’y croirait ! Tout en finesse on ressent bien d’une part la pesanteur et d’autre part cet apaisement recherché par Julie. J’aime comme l’eau devient l’élément salvateur, comme un retour à l’essentiel… beau texte.

      Réponse
    • Nady

      Comme ton texte fait du bien tellement on s’y retrouverait tous dans ces ambiances familiales parfois éreintantes ! Et puis cette fuite sur l’eau dans le canoë ! Fan !

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    • Valerie

      J’aime beaucoup ton texte, je m’y retrouve bien. Se retrouver à plusieurs générations un we ou en vacances est très agréable mais comme ton personnage il ne faut pas que cela dure trop longtemps car alors je ressens moi aussi ce besoin de me retrouver seule et de fuir…Pas facile la cohabitation…

      Réponse
    • benecrit

      Comme on se retrouve en Julie, ces moments obligés que l’on aimerait tellement fuir parfois… jusqu’à ce qu’on reprenne une grande inspiration et que l’on en retrouve le sens.

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  6. Alexandra K

    En fait, c’est beaucoup plus simple de commenter vos textes avec cette nouvelle formule ! Le changement a du bon insoupçonné !
    Je prends encore plus de plaisir à vous lire et commenter vos écrits immédiatement ! Impec !

    Réponse
  7. benecrit

    « Là, c’est sûr, je vais gagner. Pour l’instant, je profite tranquillement du clapotis des vagues qui agite mon canot sous mes fesses en me rafraîchissant le bout des doigts et je peaufine ma stratégie. Je me réjouis d’avance du résultat. Il va être vert de jalousie Arthur.

    Je m’appelle Camille. J’ai quinze ans. Depuis six mois je fais une compèt avec mon pote Arthur. Je l’adore Arthur. Il a un peu plus de deux ans de moins que moi, mais tous les deux on se comprend, vachement bien même. On s’est connu sur Internet, grâce à un jeu en réseau d’heroic fantasy. Dès qu’on peut, on se connecte et on poursuit notre partie.

    Je me souviens très bien du jour où il a débarqué dans le jeu. J’étais en pleine forêt tropicale, dans une immense allée bordée par un mur de végétation épais et sinistre, poursuivie par des créatures qui avaient une tête aux deux extrémités du corps. Il était là, posé au bord du chemin attendant on ne sait quoi, on était tous obligés de lui passer devant. Au début, il observait ; on voyait très bien que chacune de ses actions était très mesurée. On l’aurait dit en test, pour mesurer toutes les conséquences sur son personnage et le déroulement de la partie de chacun de ses mouvements, comprendre les mécanismes de réaction des uns et des autres. Petit à petit, il a commencé à se montrer un peu plus audacieux., jusqu’à devenir une vraie tête brûlée. Il osait tout, et s’en sortait toujours le bâtard !

    Ça m’a donné envie de lui parler, pour de vrai. Je lui ai d’abord proposé qu’on fasse équipe. Il a tout de suite dit oui. Je crois qu’il était flatté, parce que très modestement, je me débrouille plutôt bien. Très vite nos conversations ont dérivé. Il me disait que ses parents étaient fatigants, ils avaient peur de tout. Alors il s’amusait à leur faire des frayeurs. Incroyable, parce que moi, c’est pareil ! Mes parents, ils me saoulent. Camille, fais attention, fais attention, fais attention… j’en peux plus.

    Du coup, avec Arthur, on se lance des défis, dans la vraie vie. On les exécute et on se raconte ensuite comment ça s’est passé. On a mis au point une échelle de notation et quand on a réussi un défi, on le note. Quand je parle de défi, ce sont des vrais défis. C’est pas juste fumer un pétard ou deux en cachette. Parce que ça, c’est juste débile, ça te ramollit le cerveau au point que t’es même plus capable de savoir ce que c’est un défi. Un vrai défi, par exemple, c’est quand la mer est déchaînée et que tu vas de baigner dans les vagues méga hautes, genre cinq mètres, alors que l’hélico est déjà intervenu trois fois pour des sauvetages. Ça, je l’ai fait. Et je peux vous dire qu’il n’y a pas que mes parents qui ont eu peur. Mais je suis revenue sur la plage sans l’hélico, sinon c’était zéro point. Je ne pense pas que je le referai de sitôt. Mais j’ai gagné cent points avec ce défi là ! »

    Aujourd’hui, nonchalamment allongée dans le bateau pneumatique de son petit frère, Camille savoure la victoire qu’elle sent toute proche. Le défi qu’elle s’apprête à relever est le plus flippant qu’elle n’ait jamais tenté. Un coup à 500 points. Elle va approcher de la falaise par la mer, stabiliser l’embarcation pour attraper le rocher, puis elle escaladera la falaise à l’aplomb de la mer. Et quand elle sera à une quinzaine de mètre au-dessus de l’eau, elle fera le plus beau plongeon qu’elle n’ait jamais réalisé. Le plus grand risque, c’est de ne pas plonger assez loin, la profondeur est faible au pied de la falaise. Il faut simplement qu’elle prenne assez d’élan pour s’éloigner de la paroi quand elle s’élancera dans le vide. Mais Camille elle sait qu’il n’y a aucun problème, elle va réussir, comme toujours. C’est pour ça qu’elle a demandé à son petit frère de venir avec elle. Pas pour ramer, non, mais pour la filmer. Ce soir elle enverra son film à Arthur. Il n’aura pas d’autre choix que de lui répondre et de la déclarer gagnante. Ça fait un mois qu’elle n’a pas de nouvelle de lui. Elle est sûre qu’il est vexé parce qu’elle a dix points d’avance. Il doit être en train de chercher comment lui passer devant.

    Ce que ne sait pas Camille, c’est que Arthur là-haut la regarde et donnerait n’importe quoi pour qu’elle l’entende quand il hurle « Camille, fais attention ». Mais tout le monde sait que l’expérience des uns…

    Réponse
    • Alexandra K

      Béné : L’homme et sa faculté à vouloir frôler avec les prises de risques, virtuelles ou réelles … 🙂
      J’ai eu du mal avec le changement de narrateur (le passage du « je » au « elle » dans la dernière partie, surtout sur un texte aussi court. Je ne pense pas que cela aurait enlevé quelque chose de tout narrer à la troisième personne … En tout cas, ce changement narratif m’a fait sortir de l’histoire, et c’est bien dommage, car c’est le moment où le lecteur doit être davantage avec le personnage.

      Réponse
    • Photonanie

      Un peu pareil pour moi, le changement de narrateur provoque un petit hiatus (pas un tsunami quand même 😉 ) un rien gênant sinon, belle idée.

      Réponse
    • le Corbac

      cap ou pas cap?
      Guillaume Canet et Marion Cotillard?
      Je reste sur ma faim ( sur ta fin) alors que c’était super bien foutu. Il en manque et c’est frustrant.

      Réponse
      • benecrit

        Merci @AlexandraK @LeCorbac @Photonanie pour vos retours très constructifs. Je ne me suis rendue compte qu’en le publiant du changement de narrateur et je n’avais pas perçu l’impact pour le lecteur. Et par ailleurs, j’ai visiblement raté ma fin ! En vous lisant, je crois que vous pensez qu’Arthur est en haut de la falaise, mais Arthur est mort dans son dernier défi… je vais retravailler avant de publier sur mon blog ;). Et je commenterais tous vos textes ensuite !

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        • Olivier Vanderbecq

          Je ne l avais pas du tout saisi.
          Désolé

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          • thaelboost

            Moi non plus mais l’idée est très bonne, il faut juste revoir un peu la fin pour suggérer le côté imagé de l’observateur d’en haut, bravo !

    • Roxane

      j ai adoré ! belle narration et quelle chute (c’est le cas de le dire..,) ! Bravo !

      Réponse
      • Roxane

        ps : moi je n’avais pas été choquée par le changement de narrateur.. peut être parce que non grand lecteur, j ai juste suivi le récit et j ai adoré au contraire ce changement qui sans le dire donne de la distance jusque le chute.. c’est cette distance qui m’a fait « ressentir » immédiatement la mort d’Arthur … donc effet parfait pour moi…

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    • Valerie

      J’adore…par contre du coup je me demande si je prefere que mon fils continue à jouer aux jeux vidéos ou qu’ il aille jouer dans la vraie vie…les défis sont de haut niveau et bien flippants quand même!

      Réponse
    • benecrit

      Merci pour vos commentaires. J’ai donc fait l’exercice de ré-écriture à la troisième personne, pas si simple ! ça oblige à changer bien plus de choses qu’un pronom personnel. C’était vraiment intéressant de travailler ce changement de narrateur, et donc le changement d’univers.
      La nouvelle version est ici : https://benecrit.wordpress.com/2019/07/03/camille-fais-attention/

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  8. Jos Plume

    Quand le virtuel devient réalité

    Monique s’apprête à partir passer le week-end chez des amis. La main sur la poignée de la porte, elle se retourne vers sa fille. Elle n’est pas tranquille. Pour la première fois, elle la laisse seule pendant deux jours à la maison.
    – Tu es sûre de ne pas vouloir venir avec moi, Léa ? Ça te changerait les idées…
    – Non, M’an ! J’peux vraiment pas là ! Je te rappelle que j’ai ma première épreuve du bac lundi !
    – Oui, oui, je sais ! Mais promet moi de m’appeler s’il y a le moindre problème, Hein ! De toute façon, je te téléphone demain main… Bon. Allez ! Bisous ma chérie !
    – Bisous M’an !
    Mère et fille s’embrassent comme si elles se quittaient pour toujours. Puis la porte claque.
    Monique monte dans sa voiture.
    Léa se précipite dans sa chambre… et sur son portable.
    Elle sourit à la photo qui apparait sur l’écran. Ses pouces s’activent sur le clavier.
    – Ma mère vient de partir. YES !!!! Toujours ok pour se retrouver à la plage ? Dans 10 minutes, c’est bon ?
    – Trop COOL ! J’arrive !!!
    Enfin, ils vont se rencontrer ! Elle ne l’a jamais vu mais le connait si bien.
    A travers leurs échanges sur le net, ils ont tissés des liens invisibles et indestructibles. Mélange de complicité, de confiance et même d’intimité. Cela dure depuis plusieurs semaines et malgré le caractère virtuel de leurs rapports, ils sont devenus très proches. D’un message par jour, ils sont passés à plusieurs dizaines. Ils rythment les journées de Léa. Ses nuits même… La constance de ces rendez-vous – sa fidélité à lui en quelque sorte – la rassure. Elle ne peut plus s’en passer.
    Ils sont faits l’un pour l’autre, elle en a la conviction. Agé d’un an de plus qu’elle, il a un petit frère, des parents divorcés et prépare un BTS. Il cherche quelqu’un avec qui partager les moments simples de la vie d’étudiants. Pas une petite amie d’un soir. Non ! Ça, ce n’est pas son genre !
    C’est un gars bien ! Celui qu’il lui faut ! Elle en est sûre et rien ne pourra l’empêcher de vivre une histoire avec lui. Ni le Bac… Ni sa mère… Ni sa meilleure amie qui la serine avec ses conseils de prudence « Ça se trouve, derrière le visage angélique de la photo qu’il t’a envoyée, se cache un vieux pervers qui va te sauter dessus à la première occasion ».
    Léa hausse les épaules, prend son sac de plage et vole dans les bras de celui qu’elle pense être son prince charmant.

    Le lendemain, son corps sans vie fut retrouvé dans un canoé dérivant à quelques mètres du rivage.

    Et pour le lire sur mon blog… C’est ici https://josplume.wordpress.com/
    Merci de votre visite 😉

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    • Alexandra K

      Jos : Argh … Ton texte rend bien compte d’une réalité malheureusement. Et sans être tué, il y a d’autres dérives. C’est la facilité de l’attache virtuelle …. (Une dérive de notre époque contemporaine, comme ce bateau, ou ce corps…)

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    • Cloud

      Ta phrase finale rompt la trop belle histoire de cette ado à la confiance aveugle. Que cette issue tragique ne freine cependant pas la spontanéité des jeunes années. Beau texte, Jos.

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    • Photonanie

      J’ai senti un coup de froid subitement à la fin de l’histoire! Ah cet écran qui peut être si menteur…

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    • le Corbac

      j’adore.
      Parfait.
      Nickel

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    • Nady

      Gosh ! Jos, ton texte est d’une telle réalité que j’en ai eu des frissons au fil de ma lecture ! Une angoisse toujours présente quand je vois mes ados accrochés à leur smartphone… congrats !

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    • Kroum

      J’ai beaucoup aimé te lire et je ne m’attendais pas à une telle chute. Bravo pour le suspens Jos !

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    • Roxane

      gloups ! on se laisse emporter, tes mots ont la simplicité du quotidien où chacun peut se reconnaître, ou reconnaître ses proches. La fin en est d’autant plus percutante… top !

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    • Valerie

      Oups!! La chute est brutale. Léa est si enthousiaste qu’on croit avec elle à une belle histoire et vlan!! La grosse claque! Bravo Jos.

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    • benecrit

      Bravo ! Nous nous retrouvons dans ses dérives des nouvelles technologies… et les chutes qui font très mal

      Réponse
  9. laurence délis

    Après l‘orage, nous descendons le fleuve. L’air porte l’odeur des pluies d’été et cette petite note discrète iodé qui vient de l’océan. C’est toi qui mènes notre avancée rythmée par le mouvement de nos bras en concordance : plongée de la pagaie dans l’eau, synchronisation, propulsion du canoë. Nous ne parlons pas. Toi concentrée sur l’effort suivant, moi parce que je ne sais quoi te dire. C’est dingue de ne pas arriver à exprimer tout ce qui me traverse quand je suis avec toi. Ces mots que je murmure en moi. Tous ces instants passés qui forment ce nous, suspendus à mon silence.

    Lorsque tu décides une pause, la lumière a l’éclat des heures à venir. Des heures mobiles à la quiétude du moment ; on dérive à peine. Ton bras se tend hors de l’embarcation, et comme en suspension ta main retient le temps. Paresseusement deux de tes doigts glissent sur l’eau. Et l’amplitude est si belle à les regarder tracer le monde.

    Alors à défaut de savoir te le dire, je peux tenter le raconter autrement. Voilà ; d’un seul cliché je saisis l’instant.

    « Je t’entends », dis-tu, à ce moment-là, un sourire dans la voix.

    Réponse
    • Alexandra K

      « Et l’amplitude est si belle à les regarder tracer le monde. » : et voilà comment en une simple mais magnifique phrase le texte prend une toute autre dimension. Superbe. Tout en sensations délicates comme j’aime.

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    • Cloud

      C’est très joli. Ton texte a la quiétude de l’eau.

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    • Photonanie

      Belle image de complicité tranquille quand deux êtres se comprennent sans parler…
      Beaucoup de tendresse et de douceur.

      Réponse
    • Kroum

      Il est très beau ton texte et plein de quiétude. Bravo Laurencedelis

      Réponse
    • Roxane

      la poésie à chaque mot… très joli – bravo

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    • Nady

      Un texte vraiment apaisant pour une lecture de bon matin. Merci pour ce moment

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    • benecrit

      Très doux, comme la caresse de l’eau 🙂

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  10. Caroline

    Salutation au soleil:

    Kristel était désespérée. Elle ne souhaitait qu’une seule chose :végéter au bord de la piscine en lisant des magazines niais et en sirotant des cocktails. Flo voulait profiter de ses vacances pour faire le plein de nouvelles expériences . Comme souvent Kristel allait faire ce que Flo avait décidé. Ces vacances étaient d’ailleurs une idée de Flo. Elle pensait que cela aiderait Kristel à oublier sa rupture avec Mathieu. Du coup,elle avait traînée Kristel sur cette île paradisiaque et l’avait « forcée » à aller à un cours de yoga paddle. Arrivée sur la plage Kristel savait déjà que ce cours ne lui conviendrait pas. Elle était entourées de « Flos », des nanas hyper motivées,enthousiastes et athlétiques. Elle avait envie de faire demi-tour mais quand la prof se présenta,Kristel eût envie de partir en courant. La prof s’appelait Valérie mais elle voulait qu’on l’appelle Popī ce qui signifiait coquelicot en japonais. Elle expliqua à ses élèves que c’est après un voyage au Japon qu’elle s’était tournée vers un mode de vie plus sain et avait commencé à enseigner le yoga. Pour le bon déroulement du cours,Popī leur désigna un panier en leur demandant de tirer un nom de fleur. Une fois,le nom tiré,Popī se ferait une joie de le traduire en japonais. Quand arriva le tour de Kristel,il ne restait plus qu’un papier dans le panier. Le destin avait décidé qu’elle allait s’appelait Dējī (ce qui signifiait pâquerette) pour le reste des vacances. Kristel pensa que son nouveau prénom lui sied parfaitement bien parce que depuis sa rupture elle se sentait souvent au ras des pâquerettes. Pour commencer le cours Popī leur enseigna comment trouver leurs équilibres sur le paddle puis les élèves continuèrent avec une petite salutation au soleil. C’est après cette dernière que cela se corsa pour Kristel. Popī et les autres enchaînèrent les positions de plus en plus complexes. Kristel décrocha complètement et regretta vraiment l’hôtel,la piscine et ses cocktails.Même Flo était à fond dans ce cours idiot et n’accordait aucune importance à son amie. Comme elle s’ennuyait ferme Kristel gambergea et une idée un peu farfelue lui vient à l’esprit. Elle décida de partir explorer les environs en paddle. Discrètement,elle se mit à nager. Elle nagea un petit moment avant de découvrir une superbe crique. L’endroit était désert. On entendait juste le clapotis de l’eau et le chant de quelques mouettes. Kristel était paisible. Elle pensa qu’il n’y avait pas besoin de mec,de Flo et encore moins de cours de yoga pour être en paix avec soi-même. Il suffisait de trouver un endroit où l’on sent bien et de profiter de l’instant présent. Kristel s’allongea sur son paddle et s’assoupit. Elle fut réveiller par le bruit d’un bateau moteur. Kristel soupira en pensant que sa bulle de plénitude venait d’éclater. Sauf qu’en ouvrant les yeux, elle s’aperçut qu ‘elle n’était plus du tout dans sa jolie petite crique mais au milieu de nulle part. Kristel ne savait plus comment rejoindre Flo et les autres. L’angoisse la gagna. Kristel s’imaginait déjà figurer dans les faits divers du Palmas journal. «  23 juillet : le corps d ‘une touriste française retrouvé au large des côtes. Pour l’instant, aucune identification possible car le corps a été dévoré par les poissons… ;» Kristel décida de se calmer car s’inquiéter ne l’aiderait pas. Elle prit une grande inspiration et se mit à réfléchir. Le bateau ! C’est un bateau moteur qui l’avait réveillée. Kristel se mit à crier à l’aide pendant plusieurs minutes mais aucun bateau n’apparut à l’horizon. Elle continua de crier, de crier… Quand Kristel ouvrit les yeux, elle était allongée dans un lit mais ce n’était pas son lit à l’hôtel,mais un lit d’hôpital et un homme était à son chevet.L’homme s’approcha,lui sourit,c’est à ce moment là que le cœur de Kristel s’emballa et qu’elle se dit que sa chance était en train de tourner.

    Réponse
    • Alexandra K

      Caroline : J’ai beaucoup aimé le récit du début, de cette envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. En revanche, je trouve la fin un peu trop convenue (sorry) : tomber amoureuse en un clin d’oeil de l’homme qui est à son chevet … Non, je n’adhère pas trop, mais j’ai un coeur de pierres, p’tre.
      Et si ta fin surprenait, plutôt que de faire réveiller ton personnage dans un lit d’hôpital ?

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      • Caroline

        Je te rassure, je ne pense pas que tu es un coeur de pierre . J’ai voulu essayer un genre que je ne lis jamais et je suis malheureusement tombée dans le cliché. Merci pour ton retour.

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        • Alexandra K

          Mais tu sais, l’atelier d’écriture est fait pour ça : s’essayer à de nouvelles écritures, sortir de sa zone de confort. Je n’ai pas le temps en ce moment de me plonger dans l’écriture ici, mais c’est ainsi que je vois l’atelier : s’exercer pour progresser. 😉

          Réponse
          • Caroline

            C’est aussi comme ça que je vois l’atelier. J’avais une autre fin en tête mais je ne savais pas trop comment la tourner alors du coup j’ai choisi la fin la plus simple.

    • Photonanie

      C’est vrai que la fin fait un peu roman à l’eau de rose mais ce sont les vacances après tout alors pourquoi ne pas rêver? 🙂

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    • Cloud

      Joli récit. Peut-être l’homme au chevet est-il Mathieu ? La chance peut tourner avec le même.

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    • Roxane

      un beau récit qui finit bien.., trop
      bon pour se refuser ce plaisir, surtout lorsque c est si bien écrit.., merci !

      Réponse
  11. Le Corbac

    La délicatesse de l’humidité.
    Avril 2022, encore un printemps caniculaire, une chaleur torride et intenable. Depuis quelques années nous ne vivions plus que cela : des dérèglements climatiques qui nous changent, nous perturbent, nous faisant agir ou nous comporter autrement.
    Putain de réchauffement climatique qui nous a fait sourire et que nous n’avons jamais pris au sérieux. C’est vrai que nous avons tous été désolés de la disparition des ours polaires, des pingouins et autres animaux exotiques que nous n’avons jamais vu qu’en image sur les chaînes d’infos ou autres documentaires, sur Twitter ou Facebook sans nous alarmer pour autant… Oh ben oui nous avons adoré Mickey 3D ou Sinsemilla, les Ogres de Barbacks et consorts mais juste parce qu’on était jeune et con comme disait l’autre (merde j’ai oublié le nom de ce mec…)
    Bref…je sais que je ne vais pas tarder à crever. Je n’ai pas vingt ans et je sais que nous nous suicidons chaque jour. A part nous plaindre et nous lamenter nous ne faisons rien.
    Déjà toi, t’es mort. Tu n’as pas franchement eu le choix, les pollens, la pollution, l’absence de réaction des politiques, les faux-semblants médicaux, les incompétences des pouvoirs en place, la politique autruchienne de notre bon vieux continent…peu importe en fait les raisons car tu es mort. Cramé en plein vol, brûlé à peine levé, détruit dès tes premiers pas…mais tu m’as fait connaître mes premiers émois, mes premières émotions, mes premières sensations.
    Il est 19h45, il fait 39 degré et j’ai beau boire des litres d’eau je me dessèche…depuis 10 jours…. comme ma chatte depuis la première fois où tu l’as effleurée.
    La chaleur, le soleil, le manque d’humidité (ou plutôt celle ambiante due aux différences de températures qui me font ressentir la violence de cette chaleur…) Je sais que je vais mourir mais peu importe…peu importe parce que là, maintenant, dans cette pauvre barque dans laquelle je me laisse dériver, nue et pleine de tes regrets et de mes remords à ton égard, je t’aime et je sais que je vais te retrouver…bientôt…ou jamais. Mais cela va changer quoi ? Rien car il est trop tard.
    Je laisse ma main glisser dans l’eau. Elle est chaude et pourtant si fraîche, si agréable et me rappelle tes premiers touchers.
    Tu te souviens mon amour ?
    Tu te souviens ?
    C’était la première fois, du moins ma première fois à moi…toi peu importe ce jour-là, dans tes yeux, sous tes doigts, sous ta langue il n’y avait que moi.
    Nous avions bravé le couvre-feu de 17h, nous avions joué à nous cacher, véritable jeu de piste, incroyable chasse au trésor pour nous retrouver…sans penser aux risques ni aux dangers.
    Juste on avait envie. Envie de s’aimer, de se découvrir, de s’explorer… Que tu en aies connues avant moi importait peu, je te donnais mon intimité, mon sexe tout neuf et ma virginité si précieusement conservée. Tu sais, celle que par délicatesse tu as refusé de m’ôter d’entrée de jeu alors que je te le réclamais de mes hanches, de ma bouche, de mon corps. Celle que tu as eu des remords à m’enlever, à déflorer comme une première fleur cueillie. Celle que par délicatesse tu as voulu conserver et entretenir parce que… Parce que tu te prenais pour un gentleman élégant et raffiné qui n’imaginait pas un instant que la belle oie blanche que je paraissais ait juste envie de la sentir toute dure la pénétrer et lui permettre de devenir comme les autres.
    Parce que tu pensais, croyais, espérais que nous aurions toute la vie, celle qui me donnerait envie que tu me défonces comme ces filles que tu matais sur ton écran et qui couinait faussement de plaisir juste pour exciter des pauvres ados post pubères sûr de leur virilité alors qu’ils n’étaient que des manques bande-mous,persuadés de leurs virilités cinématographique…toute notre jeunesse cramée par nos parents, réduite en cendres par ces incompétents innocents persuadés que les lanceurs d’alertes n’étaient que des fakes ridicules, cherchant à se faire mousser sans tenir compte de la réalité économique d’un monde qui s’autodétruisent
    Ce jour-là, ou plutôt cette nuit…quand délicatement, en m’embrassant tendrement, mêlant nos langues asséchées, tu as glissé ta main dans mon petit short en jean, te faufilant dans l’étroitesse de mes cuisses fermées pour atteindre mon sexe qui ne demandait qu’à s’offrir à tes caresses, à couler entre tes doigts, à vibrer sous tes doigts agiles, tu as su me toucher, tu as eu la patience de titiller ce petit bouton asséché qui ne demandait qu’à se gorger de l’humidité de tes caresses, du plaisir de ton désir, de l’envie que tu le fasses encore gonfler et grossir
    Au sens propre comme au figuré…
    C’est à cet instant auquel je pense là, maintenant alors que mes doigts effleurent l’humidité résiduelle de ce lac qui s’assèche. Et pourtant cette nuit-là, je n’étais que cascade ruisselante, petit ruisseau se transformant en fleuve sous ta tendresse, sous ta délicatesse. Et encore je ne me souviens que de tes doigts, pas même ta langue qui est venue vaillamment tenté de me dessécher, de m’humidifier pour que cette douleur attendue ne me fasse pas souffrir.
    Mais non tu m’as respectée, tu t’es contenté de faire ce que je fais à l‘instant…laisser ton doigt glisser…effleurer, caresser sans forcer. Par respect, par peur, par amour ? Peu importe, comme maintenant tu t’es contenté de le laisser glisser, m’effleurer, me laissant m’humidifier et te désirer. Mon sexe novice n’attendant qu’une chose…que ta virilité masculine et dure me pénètre et me fasse mal quitte à te faire du bien égoïstement… Mais non …t’étais amoureux ou sincère ou tu savais que t’allais crever alors t’as rien fait de plus que laisser ton doigt suivre le cours de mon petit ruisseau, qui progressivement est devenu rivière et puis un fleuve qui ne cessait de déborder..
    Tu t’es contenté de laisser mon corps s’adapter à ce que tu pouvais m’offrir sur l’instant, à ce moment présent sans promesse sauf mes rêves de princesses…
    Tu fus le premier à me faire jouir, le seul et unique à me faire découvrir le plaisir charnel et physique d’un amour partagé…
    Alors, ce jour, alors que ma barque s’enfonce progressivement dans l’eau de ce qu’il reste de ce lac autrefois profond, je sais que toi qui m’a aimé je vais te retrouver mon amour.
    J’arrive ….mouillée trempée et pleine d’espoir….

    Réponse
    • Alexandra K

      Le Corbac : Oh il est marrant ton texte, coupé en deux parties avec d’un côté la nature qui s’assèche et cette femme qui apprend à les plaisirs grâce à « son bouton desséché ». Et si tu liais les deux, plutôt que d’en faire d’un côté un récit d’anticipation et de l’autre un truc plus érotique ? A mon avis, cela s’emboîterait mieux … (sans mauvais jeu de mots. 😉 )

      Réponse
      • le Corbac

        ben c’est à dire que je suis sorti de ma zone de confort et que ce n’est pas un style que je maîtrise. Je voulais créer ce pont entre notre planète et cette fille. Je savais pas trop comment faire d’où probablement un texte un poil maladroit

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        • Alexandra K

          Nan pas maladroit, mais déséquilibré, je pense … Ensuite, les deux séparés fonctionnent super bien, dans deux tonalités complètement différentes. Et tu as fait monter la température avec cette main dans le short… toutefois, je pense (mais ce n’est que mon avis) que les deux peuvent s’emboîter mieux que ça. Et franchement, bravo pour ta sortie de zone. Je trouve cela super intéressant d’étonner et de surprendre. En tout cas, l’atelier est fait pour ça : s’exercer. Merci d’avoir osé autre chose que ce que tu écris habituellement.

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        • thaelboost

          Un texte à poil ? J’aime bien le contraste entre le début très sec et la fin plus humide

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          • Olivier Vanderbecq

            Ah ah ah

    • Cloud

      Bravo. Ce texte se lit avec beaucoup de délectation, de respect et de sensualité à la fois. J’ai beaucoup aimé ton style et ton aisance d’écriture. Je suis cependant d’accord avec Alexandra pour la transition. Merci pour ce beau moment de lecture.

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      • Le Corbac

        Merci m sieur…
        Mais comme je disais….C était un réel exercice pour moi

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    • Photonanie

      Comme le temps ces jours-ci: chaud, chaud, chaud et sec, sec, sec comme le hareng saur de Charles Cros…
      Les deux parties ne me gênent pas et me semblent complémentaires, une entraînant le souvenir de l’autre.

      Réponse
      • Olivier Vanderbecq

        Merci

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    • Nady

      Waouuu ! Une maîtrise de l’écriture parfaite pour nous faire passer d’une histoire de catastrophe naturelle à une description érotique, limite pornographique d’une première fois ! Chapeau l’artiste ! Je dois t’avouer que la longueur de ton texte m’a effrayée au début (suis dans le rush 😉 ) mais comme je connais un peu ta plume qui m’enchante depuis qqs ateliers j’ai eu la curiosité de te lire et ne suis pas déçue 😉

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      • le Corbac

        merci Nady…je suis à é doigts ( sans mauvais jeux de mots) de rougir.
        ce fut assez compliqué pour moi comme je l’expliquais à alexandra de sortir de ma zone de confort pour me lancer dans ce type de texte et ce sujet.

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        • Nady

          Hihihi, je viens de lire son retour. J’adore vos parenthèses à tous les 2 lol me too (sans vilain jeu de mot :-)))))) ) je trouve que tu t’en es sorti d’une main de maître de ta zone de confort ! On appelle cela du talent ! 😉

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          • Olivier Vanderbecq

            Ça c est méga top

    • Kroum

      Dès le titre je fus intrigué et par la suite ravi de la lecture de ton texte très bien mené dans la narration. Bravo le corbac !

      Réponse
      • Olivier Vanderbecq

        Merci
        Question de doigté…ok j e sors

        Réponse
    • Anne Marie

      Surprenant en tous points, un texte qui donne envie de commenter, impossible de rester indifferent à la lecture de ce déferlement de chaleur, de sécheresse jusqu’à la rencontre avec les fluides. Il n’y a pas à dire Corbac : c’est torride.

      Réponse
    • Roxane

      les deux textes sont superbes.. j ai adoré la narration érotique, précise presque dérangeante.. La première approche très réussie aussi, le fleuve qui s’assèche, description belle et cinglante comme un rappel à l’ordre.

      je me suis peut-être un peu perdu de l’un à l’autre, mais unir ces deux thèmes si éloignés était un défi audacieux.. Bravo pour cette prise de risque maximale !

      Réponse
      • Le Corbac

        Merci de ce retour Roxane

        Réponse
    • Jos Plume

      Un texte surprenant. Et un titre excellent !
      Pas évident de traiter le sujet, enfin je parle du deuxième 😉 et bravo d’avoir osé 😉
      C’est vrai que les deux « histoires » manquent de « liant », et je trouve que la 2ème partie gagnerait à être plus courte… Mais c’est un beau texte, avec de belles images. Un texte que l’on lit avec plaisir.
      Ah !!! Le Plaisir !! 😉

      Réponse
    • laurence délis

      Je rejoins l’ensemble des autres commentaires. C’est un très bon texte. Dès le départ, j’ai été happée par le récit d’anticipation (ma tasse de thé) puis un peu déroutée par la seconde partie érotique (ma tasse de thé aussi), mais la fluidité de l’écriture a fini par me faire oublier le manque de cohésion entre les deux. Bravo Le Corbac!

      Réponse
  12. Nady

    Canoë,
    m’emportant au large vers un bel horizon où tu me guides.
    Liberté,
    ressentie à son bord avec toi à proximité.
    Vent,
    fidèle complice de mes cheveux les balayant avec légèreté.
    Caresses,
    comme celles de mains expertes pour lesquelles mon corps n’a plus aucun secret.
    Sensualité,
    dégagée de ce cliché où tu m’appelles.
    Immensité,
    comme mon amour pour toi toutes ces années.
    Profondeur,
    recelant tous nos secrets.
    Aujourd’hui,
    contrat signé à durée indéterminée.
    Patience,
    encore quelques mois pour me voir te rejoindre, toi,
    Mon Océan,
    oxygène insufflé tout au long de ma vie
    dernière image
    que j’espère voir quand mon parcours sur terre sera fini.

    Réponse
    • Alexandra K

      Nady : Sympathique cette rythmique imposée par le mot seul sur son vers qui enclenche les autres. Cela donne une certaine attente qu’à l’oral tu devrais pouvoir encore accentuer afin que le lecteur reste en suspension.

      Réponse
    • le Corbac

      c est beau et émouvant.
      Plein de tendresse et de délicatesse.

      Réponse
      • Cloud

        Plein de sensibilité, comme d’habitude. Ton texte prend une valeur supplémentaire si on le lit à haute voix avec cette orchestration des mots. Je note une influence de slam… C’est vraiment bien, Nady, bravo.

        Réponse
        • Nady

          ROooo, plein de smileys de gratitude à vous (je n’arrive pas encore à les dessiner sur un blog sauf le clin d’oeil, faut que je me penche sur la question un jour lol).
          Oui Claude, le slam commence à prendre une place très importante dans ma vie, je m’y éclate plus qu’en prose car il y a cette option de lecture à voix haute, une passion vitale. Mais y a encore du taf pour atteindre le niveau de certaines pointures autour de moi que je découvre en scènes ouvertes… pour l’instant je me fais plus plaisir sur la lecture mais un jour je devrais passer à l’étape d’amélioration de l’écriture, ça vient, ça vient 😉 bel été à toi et aux autres 😉

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    • Photonanie

      J’aime aussi le côté percutant du mot seul sur sa ligne…qui pêche les suivants…

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      • Nady

        Thanks 😉 j’ai piqué l’idée de la forme à une amie slameuse juste divine dans l’écriture et la restitution de ses textes sur scène 😉 tenter d’imiter les doués pour un jour trouver mon propre style, telle est ma démarche 😉

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    • Roxane

      oh un slam :))
      super Nady j’adhere à 100% !
      Tu vas nous faire la bande son ? très curieux d’entendre ta narration sur cette figure de style très originale. Très beau texte tout en poésie ! Une réussite ! Chapeau

      ps : pas impossible que je te vole l’idée… 🙂

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      • Nady

        lol ! oui tu peux piquer, Lalinea n’a pas déposé de brevet dessus et moi non plus (émoticom qui tire la langue)

        ps : vais essayer la bande son, je dois m’acheter du matériel pro pour enregistrer ma voix avec bruitage parfois… quitte à me lancer publiquement là dedans, mieux vaut le faire proprement, avec mon smartphone ça grésille 😉

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    • Jos Plume

      Il est doux ton texte… Doux et gracieux.
      Je l’ai lu une deuxième fois à voix haute : franchement, les mots s’enchaînent agréablement et nous transportent. Je te sens à l’aise dans ce style d’écriture et vraiment, je trouve que le Slam te va bien et que tu le maîtrises de mieux en mieux ! Bravo 😉

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      • Nady

        ROoo merci Jos ! Oui, de plus en plus de personnes me disent que j’ai trouvé mon style. J’ai encore du travail pour m’améliorer mais ça commence à arriver avec fluidité. Les ateliers slam du petit Ney reprennent à partir du 26 octobre, j’espère t’y voir un jour, ne serait ce pour les scènes ouvertes, c’est dans Paris 18. Mes amis me demandent aussi de reprendre l’idée d’une soirée apero littéraire, je ne manque plus de lieux, vais tenter de trouver du temps pour en organiser au moins une avant la fin de l’année. Sinon d’ici là essayons de se revoir sur juillet dans la capitale si tu y es et si tu as fini ta formation. Je serai libérée délivrée de mon côté d’ici 2 semaines 😉

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  13. thaelboost

    La barque s’est immobilisée au milieu du lac.
    Elle a remonté la rame et s’est allongée, laissant simplement sa main effleurer l’onde.
    Elle ferme les yeux pour profiter de ce fameux ensemble de bruits, tantôt apaisants tantôt inquiétants, qu’on appelle le silence de la nature.
    Elle rêvasse. Ses doigts devinent l’eau plus qu’ils ne la sentent réellement. Elle s’invente une présence. Un triton qui s’approcherait d’elle, fixerait son regard intense sur elle, la ferait tomber amoureuse instantanément et l’emporterait vivre avec lui dans son merveilleux palais aquatique. Elle l’entend faire des bonds dans l’eau, claquer de sa queue sur la surface pour lui offrir une douce musique d’accueil.
    Elle sent soudain une caresse, n’ouvre pas les yeux. Il est là, son vœu a été exaucé. Elle prolonge l’attente de longues secondes. Savoure l’idée de plonger son regard dans les yeux intenses du beau triton.
    Délicatement, comme pour ne pas effrayer son rêve, elle tourne lentement son regard vers la surface, elle cherche à y deviner la présence mystérieuse.
    Elle sursaute en rencontrant un regard, bien réel. Elle se prend à espérer. Les yeux continuent de la fixer, elle se penche, tend les lèvres involontairement pour réclamer un baiser. Ferme les yeux le temps d’un battement de cœur. Peut-être deux ou trois. C’est son cœur qu’elle entend si fort ? On dirait des ailes !
    Elle rouvre les yeux pour voir le héron jaillir de l’eau et s’envoler vers la cime d’un arbre voisin, s’y poser majestueusement et la toiser, taquin.
    Elle reprend les rames pour rejoindre le bord, triton ou pas, pas de prince charmant pour l’accompagner. Toutes les princesses du monde savent ramer depuis la nuit des temps !

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    • Roxane

      surprenant et délicieusement enjoué. un texte qui donne un sourire narquois et taquin ! bien joué 🙂

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      • thaelboost

        Merci Roxane

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    • Josplume

      Une belle description des songes de ton personnage. On rêve avec elle, on s’attend presque que son rêve devienne réalité… et il y a la chute ! Succulente et drôle qui nous ramène à la réalité.
      Bien vu 😉

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      • thaelboost

        Merci Josplume j’avais effectivement envie d’une fin moins « contedefeetesque »

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  14. Mathilda Grün

    Abseits

    Je ne compris d’abord pas comment j’avais pu me retrouver en des eaux aussi paisibles. Certes, je n’avais guère pris le temps de consulter une carte, il s’agissait d’une compétition sur le Danube, j’avais foncé. J’avais lu une dizaine de tomes sur Sissi à l’approche de mes dix ans, bibliothèque verte, ou rose, je ne sais plus, écouté en boucle les valses de Vienne de François Feldmann à la même époque : je me sentais experte. Mais comme il me fallait toujours vivre dans l’urgence pour me sentir en vie, j’avais oublié le guide touristique ainsi que l’abécédaire du compétiteur étranger, comportant le parcours notamment. Grâce à ma colossale mémoire, je trouvai toutefois sans peine l’hôtel de la Pichelwangergasse. Le kayak y serait prêté.

    Je m’étais endomie tard. Le jour se couchant tôt ici pour un mois d’août, j’avais peiné à m’orienter et à trouver à me dépanner : je craignais les chiens à l’aéroport, trouver de l’herbe sur une championne, c’était comme uriner orange fluo. Le réveil fut embrumé. Je respirai profondément, convoquant non pas la quiétude mais l’adrénaline. Avec mon kayak jaune poussin sur le dos, je marchais comme une poule au derrière plein d’oeufs. J’aurais pu me joindre aux autres compétitrices pour trouver le chemin, mais impossible ce matin-là de me couvrir de mon masque de sociabilité. Je parvins enfin à un quai. Aucun dossard en vue. Mais où étaient-elles ces eaux tumultueuses ?

    L’heure ! Elle était la même qu’au départ de l’hôtel. Ma montre avait lâché. Hors du temps, hors du fleuve mythique, hors de la course. J’accueillis le tout avec une sérénité inédite. Etait-ce là l’empreinte ancestrale de cette cité ? (Vu ainsi, je comprends mieux que Sissi prisait de la cocaïne pour fonctionner.) Tout le protocole de la course, donc du championnat de l’année, balayé. D’une splendeur néanmoins impériale, je glissai dans mon kayak, me mis à pagayer… doucement, glisser… Ce « Danube » était sauvage, sous les eaux et tout autour. Loin les édifices, proches les bords boisés. Toute frénésie était partie. J’y restais la journée. Pas une seule fois un muscle ne saillit, pas une once d’adrénaline. Je croisais des voiliers, des nageurs, pas un seul moteur. M’étais-je trompé d’époque ? Je ressentais une harmonie profonde, sur cette surface si lisse aux fonds si troubles, une confiance mystique. Effleurer la surface, appréhender ces profondeurs… quelques coups de pagaies encore. Que d’efforts à chaque course déployés pour ne voir que le plan !

    Retour au quai initial. Tout semble pareil mais intérieurement si différent. Je sors le kayak, range la pagaie, plonge dans le « Danube », quelques brasses vigoureuses, confiantes, et pourtant il fait presque nuit. A l’hôtel, avant même de me mettre en quête d’un dîner, je vais jeter l’herbe la veille achetée. Je tire la chasse pour me défaire de mon ancien mode de vie. Puis, attablée, j’apprends en conversant que ce n’était pas tout à fait le Danube ni tout à fait autre chose : die alte Donau.

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    • Roxane

      Joli… comme quoi le voyage vaut toujours plus que la destination 🙂

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  15. Apolline

    Suis totalement épatée ! J’ai dû rater un épisode car je n’ai pas vu la photo 329 qu’on en est déjà à la 330 ! et quand je vois la foule de textes et de commentaires déclenchés !
    Sais pas si je vais tenir le rythme mais oui, Leiloona, la formule est grandement plus pratique, bravo
    Dès que j’ai un moment, je plonge !

    Réponse
  16. Apolline

    Houps ! C’est glacé et en plus c’est mouillé !

    J’arrive à la fin, tous les autres ont déjà pris le départ dès que le signal a été lancé. Où étais-je donc, que faisais-je donc, à ce moment crucial où les concurrents s’élançaient ? C’est frustrant ! Moi qui voulais tenir le rythme, n’en rater aucune, prendre la ligne de course à temps après m’être préparée psychologiquement pendant des jours à affronter la crème des pagayeurs et autres navigateurs expérimentés !…Je l’avais pourtant peaufiné mon entrainement depuis le temps que je m’y essayais. Des heures à appliquer les consignes, à avoir des ampoules aux mains à force de serrer les rames et de me concentrer sur l’horizon des eaux, à me souvenir moi la cabotine, des conseils avisés de mon maitre es cabotage.

    Ben maintenant c’est fin, suis là, confite dans mon p’tit canoë en caoutchouc jaune (yellow submarine !), un peu gelée, à genoux sans pourtant autant prier, sauf à espérer que j’aurais encore le droit de concourir, à me dire que quand même, ils vont être magnanimes et que même si la date est passée, ils continueront à m’accepter dans leur sérail …Suis là, à tâter la surface de l’élément liquide comme si je le découvrais pour la première fois, pauvre innocente, comme si j’avais tout le temps de baguenauder et de laisser filer mon majeur délicat au fil de l’eau comme une vaine tentative de ramer avec cui-là pour augmenter ma vitesse. Suis là, à vouloir prendre les circonvolutions d’usage pour avancer rapide au ras du clapotis, pour gagner la fluidité d’un bout de chemin, derrière la longue étirée des participants et de leurs engins gonflables, à la queue leu leu, loin devant moi au point que j’écarquillais les yeux à en pleurer pour apercevoir l’inscrit qui a canardé le premier et s’est aussitôt fait abreuvé d’applaudissements écrits …Puis pour tenter d’identifier au loin, celui qui a changé de style au fil de sa navigation, s’est essayé à sortir de sa ligne de confort et a réussi à me liquéfier, pour ensuite admirer tous les autres dans leur singularité à vouloir parfaire leur course et participer ainsi à cet ensemble collectif détonnant et enthousiasmant.

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