Joli texte sur l’amitié créatrice de familles de coeur, même si j’ai un petit peu de mal à saisir les liens entre les personnages (mais c’est peut-être moi).
Et belle idée que de finir (plutôt que d’ouvrir) l’histoire sur l’image 😉
Merci à toi Séverine, j’aime bien aussi l’idée de terminer l’histoire sur l’ouverture de la photo, les liens sont mères et fils, il y a une petite ligne dans mon texte, à bientôt
– Tu crois qu’on va réussir à avaler tout ça, toi ?
– Pouah ! Je sais pas… l’eau j’adore pas…
– Mais va bien falloir, si on veut assécher le lac
– Je sais bien, c’est pour ça que j’avale, j’avale, j’avale, comme toi…
-Y a pas … On serait mieux au bistro !
– T’as qu à te dire que l’eau c’est de la binouze !
– Mouais, j’vais essayer ça …
– Glou glou
– Gloups, gloups
-Y en a encore beaucoup ?
– Oh, environ 60 km3 à vue de nez …
– Ah oui, quand même … Et t’as encore soif toi ?
– Pas trop, non … Et puis j’ai ma mèche qui me vient dans l’œil, c’est d’un chiant …
– Si tu la coupais plus, t’aurais pas ce problème, regarde, moi, je suis pas emmerdé !
– Ouais, mais les mèches dans les yeux ça plait aux gonzesses !
– Tu parles, moi avec ma coupe courte, j’ai emballé Léa dès le premier soir
– Et elle t’a traîné chez Monsieur le Maire dès le lendemain matin… bonjour l’arnaque !
-Ouais, enfin, si je l’avais pas épousée, elle m’aurait pas dit où son père planque le magot !
– Oui, je sais, dans un coffre au fond du lac
– C’est ça, alors si tu veux ta part, tais-toi et bois !
– Ok, je bois …
– Glou, glou
-Gloups, gloups
Nue,
Lentement,
Je m’avance dans les ondes claires,
Si lentement que le souffle du vent effleure chaque grain de ma peau,
Si lentement que le parfum des roseaux se dépose sur mes lèvres
Si lentement que vos yeux trahissent vos désirs.
Dans vos bras, tout contre vous,
Mes sens incandescents s’abandonnent,
Mon sang bat sur vos coeurs battants,
Vos souffles m’emplissent de vie,
Mon feu,
Mon eau,
Mes amours,
Murmurez-moi encor et encor,
Que le bonheur se raconte en ivresses.
Un blond, un brun. Lequel des deux allait gagner en arrivant le premier au ponton, c’est ce qu’Anna se demandait à présent.
Elle avait des palpitations rien qu’en les regardant depuis la rive, n’encourageant ni l’un ni l’autre mais souhaitant toutefois qu’ils gagnent tous les deux.
Mais qu’est-ce qui lui avait pris, après avoir fréquenté assidûment les deux hommes pendant plusieurs mois, de leur suggérer de faire la course à la nage dans le lac tout proche en leur promettant de ne plus fréquenter que l’un des deux, le vainqueur de ce jeu idiot?
C’était comme si elle s’engageait à ne plus boire que de la bière blonde ou de la brune pour le reste de sa vie! Et pourtant elle aimait les deux saveurs si différentes, l’une forte et l’autre si rafraîchissante. Et bien pour ses amoureux, c’était pareil et suivant son humeur du jour elle avait envie de voir l’un ou l’autre. Ils se complétaient si bien tous les deux que, ensemble, ils formaient ce qui représentait à ses yeux, ou en tout cas s’en approchait très fort, l’homme parfait.
Elle avait pourtant bien cloisonné les deux histoires mais, un jour, se promenant avec l’un, ils avaient croisé l’autre. Depuis, l’un et l’autre la sommaient de choisir. Comme elle en était incapable, elle avait eu cette idée de course qui maintenant lui semblait loufoque et la stressait au plus haut point.
Elle voyait une telle détermination dans les paires d’yeux face à elle que malgré sa fierté de susciter une telle rivalité dont elle était le seul enjeu, elle tremblait d’avance de devoir dire adieu au perdant.
Après une succession de suées et de frissons accompagnés de battements de coeur désordonnés, elle s’évanouit tant la tension était forte. A son réveil elle était seule, ses deux amoureux avaient disparu. Ils étaient arrivés pile poil au même instant au bord et, sachant qu’elle en profiterait pour ne pas trancher, ils avaient décidé de s’éclipser puisque, quoi qu’il arrive elle serait insatisfaite…
C’est ainsi qu’elle perdit, l’un et l’autre, le blond et le brun!
J’aime beaucoup ton texte, l’idée, la façon dont tu l’as menée, la chute…des fois la vie réserve de choix difficiles à faire, certains passent au dessus mais pas facile à gérer, a accepter et à faire accepter….
Choix difficile, voire impossible, mais je dois dire que le choix du choix est encore plus difficile, sinon il y a les duels …. rrrrooo ! Quelle horreur ! mais les garçons ont tellement l’air de bien s’entendre, c’est dommage ! mais ta chute règle tous les problèmes, ainsi va la vie
Te souviens-tu de cette époque
Où nous devions nous aimer en cachette ?
Toute occasion était bonne
Des gestes furtifs sous l’eau pendant une baignade
Des mains qui s’ égarent
Pendant le rhabillage
Nos regards disaient nos actes
Mais tous étaient aveugles
Ou feignaient de l être
Te souviens tu?
Putain de ma mère, je vais crever !
***
Un peu plus tôt…
Quand le père Turner a mis une balle dans la tête de son fils parce que j’avais butté son chien, je me suis surpris à calculer et à me dire : un de moins ! C’est là que j’ai compris que la seule chance de m’en sortir serait de les éliminer. C’est à cet instant que je me suis traité de tous les noms parce que par panique ou manque de réflexion, par réflexe ou par stupidité j’avais abandonné mon fusil sur les rochers. Rochers sur lesquels ils étaient toujours. La mère, Caroline, à genoux, berçant son cadavre de fils en pleurant. Charles le père, les bras ballants, dodelinait de la tête. Il n’y avait que Marie qui avait encore les pieds sur terre. Elle tenait son fusil à hauteur d’épaule, fouillant les alentours dans la lunette. Elle me savait proche, je n’en doutais pas un instant, elle me cherchait, elle me voulait…pour me trouer la peur plus que par obligation vis-à-vis des autres, plus par vengeance car maintenant j’étais devenu une cible, j’étais devenu le brasier ardent de sa haine, de sa colère toute personnelle. De trois chasseurs patentés lancés à mes trousses par devoir et foi, je me retrouvais dorénavant avec trois individus qui voulaient me faire la peau parce que j’avais abattu l’un de leurs, même si ce n’était pas concrètement la vérité mais plutôt un concours de circonstances…Bref, j’avais plus trop le choix ; il allait falloir que je commence à penser comme un prédateur et non plus comme une proie.
J’avais quoi ? Mon poignard Virginia Survivor (et donc sa boussole, du fil de pêche, des hameçons et aiguilles ainsi que des allumettes) et puis…ben rien d’autre en fait. En plongeant j’avais abandonné mes maigres possessions sur les rochers. Et là, immergé dans l’eau du lac, la nuit commençant à tomber, trempé, j’allais pas faire long feu. Fallait que je trouve une solution…Diviser pour mieux régner qu’il disait l’autre, c’est ça qu’il fallait que je fasse. Réussir à les séparer, au moins en deux groupes. M’arranger pour que reste le plus faible maillon, l’animal blessé, celui qui serait le plus évident à abattre. Fallait que je profite de l’instant, de la situation de détresse que j’avais incidemment créée.
Je me suis donc plongé dans l’eau, retenant ma respiration, évitant tout mouvement trop brusque qui me ferait repérer, cherchant une lourde pierre le plus discrètement possible, réalisant ce que j’envisageais de faire, l’acte que j’avais en tête. Je ne pouvais m’empêcher, avec cette chape d’eau sur les épaules de me dire que finalement je valais pas mieux qu’eux, que j’allais me conduire exactement comme ces animaux que je fuyais. En tâtonnant, j’en trouvais finalement une bien grosse, qui ne tenait presque pas dans ma main mais que je pourrais lancer dans les fourrés, espérant qu’ils se lanceraient à sa poursuite.
J’ai essayé de refaire surface silencieusement, espérant qu’ils ne me repèrent pas…mais c’est quoi ce bordel ? Ils font quoi ? Le père et la fille s’éloignent, lui portant le cadavre de son chien, ils longent la bordure du lac, laissant seule Caroline qui continue de bercer son fils crevé. Mais c’est pas possible, j’aurais enfin une bonne étoile sur la tête ? Le cours des choses allait enfin s’inverser ?
Gardant le gros caillou, j’ai attendu. Ils se sont éloignés et progressivement ils ont disparu. J’ai encore attendu. Le soleil commençant à décliner et la mère ne bougeant pas. Je l’entendais vaguement sangloter quand le vent me faisait parvenir ses lamentations par brides.
J’ai attendu je ne sais combien de temps mais quand j’ai estimé qu’ils n’étaient plus dans le coin, je me suis mis en route.
Avançant doucement, guettant les faits et gestes de Caroline, même si j’étais trempé et transi je ne pouvais m’empêcher de transpirer. Le long de mon échine, sur le front, je tremblais…De chaud ? De froid ? De peur ? Parce que je savais que j’avais pas le choix ? Que si je voulais m’en sortir il allait falloir que je lui fasse son affaire ?
Elle avait fini par s’allonger à même les rochers, tenant le corps contre elle, comme si elle lui faisait un câlin, alors elle ne m’a pas vu pas entendu arriver.
A proximité des rochers, je me suis arrêté. J’ai respiré profondément, lui laissant inconsciemment le temps de me remarquer. Il y avait mon fusil à ses côtés, là où je l’avais laissé tomber, et ma bouteille d’eau.
J’ai attendu encore un peu et vu qu’elle avait l’air de s’être assoupie je me suis décidé. Lentement, sans geste brusque, comme quand je chassais, je suis sorti du lac. Je ne me suis pas laissé le temps de m’égoutter ni de réfléchir. Je n’avais pas le choix. Je me suis jeté sur elle et je l’ai frappé à la tête avec ce gros caillou que je voulais utiliser autrement. J’ai frappé encore et encore, ça a craqué, le sang s’est mis à couler et je lui ai enfoncé le crâne à coup de pierre.
Puis je me suis arrêté et j’ai regardé ce cailloux sanglant dans ma main et je l’ai jeté à l’eau, dégouté, horrifié, affolé par ce que je venais de faire. J’allais vomir, je le sentais au fond de mon bide, cette aigreur violente qui me taraudait, ce haut le cœur qui me prenait et c’est là que je les ai vus.
Ils émergeaient à peine de l’eau, leurs yeux haineux me fixaient, leurs traits durcis par la colère, la bouche affamée de violence…
Putain je m’étais fait baiser ! Ils avaient pris le risque de sacrifier la mère pour attirer la proie…
***
Putain de ma mère, je vais crever !
Et toujours ce sens aiguisé du suspense… Je m’attendais dès la première évocation du lac à voir surgir l’ennemi, mais, non, ce fut pour le final. Bravo !
« Ah les crocroco les crocroco les crocodiles «
Les enfants s’amusent paisiblement sur la plage sous le regard bienveillant de leurs mères.
Le château de sable est à leurs yeux une place forte…qui sera pourtant balayée par la première vague.
Attendries, les deux belles sœurs les observent monter les tours avec leurs petits seaux.
Deux semaines déjà qu’ils sont en vacances sur cette île paradisiaque. En famille. Les deux frères, leurs épouses et leurs enfants respectifs.
De vraies vacances de rêve.
Un des petits demande
-Maman, il est où papa ?
-il nage mon chéri, avec tonton
-mais où ça ? Ah oui, ça y est, je les vois.
Son exclamation est accompagnée d’un éclat de rire, alertant les cousins.
-Regardez là bas ! Ils font les crocodiles pour nous faire peur.
Les mamans se mettent à rire à leur tour, amusées tant par la peur jurjouée de leurs bambins que devant la complicité blagueuse qui unit toujours les deux frères.
Mais les rires se transforment vite en cris d’horreur lorsqu’ils aperçoivent un aileron s’approcher des nageurs. Ils sont trop loins pour les entendre.
Les vacances paradisiaques prennent fin brutalement lorsque l’eau se met à rougir…
Chaque matin, sur les quais de ma gare, deux générations se font face.
Chacun son quai,
chacun sa destination,
chacun son style vestimentaire,
chacun ses sujets de conversations.
Si leur train respectifs arrivent à la même minute (sauf retard), chacun s’en ira vers son planning de la journée.
Sac à dos contre attaché-case,
Joggings-baskets contre costume-tailleur,
Soda contre caféine,
Friction contre Montblanc,…
Mais l’affrontement n’aura pas lieu, les uns remplaceront les autres,
Prendront la suite, la relève,
Se confronteront à l’avenir,
À chacun ses responsabilités, devoirs-interro-potes, contre rapports-réunion-collègues,
Chacun essayant tant bien que mal de sortir la tête de l’eau…
Oups, mon commentaire précèdent était pour un autre texte, désolée. Quand au votre, Céline, je l’ai trouvé très fin et très bien vu sur les jeunes et les moins jeunes qui commencent leur journée.
Bonjour ! voici ma participation à l’atelier d’écriture, mais l’endroit pour poster le lien de mon texte n’est pas comme d’habitude … https://janickmm.wordpress.com/2019/09/08/lacceptation-jour-cinq/
Joli texte sur l’amitié créatrice de familles de coeur, même si j’ai un petit peu de mal à saisir les liens entre les personnages (mais c’est peut-être moi).
Et belle idée que de finir (plutôt que d’ouvrir) l’histoire sur l’image 😉
Merci à toi Séverine, j’aime bien aussi l’idée de terminer l’histoire sur l’ouverture de la photo, les liens sont mères et fils, il y a une petite ligne dans mon texte, à bientôt
Pierre, Paul, et le lac
– Tu crois qu’on va réussir à avaler tout ça, toi ?
– Pouah ! Je sais pas… l’eau j’adore pas…
– Mais va bien falloir, si on veut assécher le lac
– Je sais bien, c’est pour ça que j’avale, j’avale, j’avale, comme toi…
-Y a pas … On serait mieux au bistro !
– T’as qu à te dire que l’eau c’est de la binouze !
– Mouais, j’vais essayer ça …
– Glou glou
– Gloups, gloups
-Y en a encore beaucoup ?
– Oh, environ 60 km3 à vue de nez …
– Ah oui, quand même … Et t’as encore soif toi ?
– Pas trop, non … Et puis j’ai ma mèche qui me vient dans l’œil, c’est d’un chiant …
– Si tu la coupais plus, t’aurais pas ce problème, regarde, moi, je suis pas emmerdé !
– Ouais, mais les mèches dans les yeux ça plait aux gonzesses !
– Tu parles, moi avec ma coupe courte, j’ai emballé Léa dès le premier soir
– Et elle t’a traîné chez Monsieur le Maire dès le lendemain matin… bonjour l’arnaque !
-Ouais, enfin, si je l’avais pas épousée, elle m’aurait pas dit où son père planque le magot !
– Oui, je sais, dans un coffre au fond du lac
– C’est ça, alors si tu veux ta part, tais-toi et bois !
– Ok, je bois …
– Glou, glou
-Gloups, gloups
MH
https://marinadedhistoires.wordpress.com/2019/09/09/pierre-paul-et-le-lac/
suspense et humour, bravo!
Merci Laura !
Mélange d’humour, de piquant, et d’absurde. Et bien rythmé. J’adore !
Merci pour ce commentaire élogieux, Séverine.
A votre santé messieurs avant que la potomanie vous atteigne…
Un apéritif de taille, ce lac 😉
Petit moment de rire de la journée! Merci
Contente que vous ayez ri, merci !
Merci !
J ai adoré cette absurdité campagnarde
Tant mieux ! Merci Olivier !
Nue,
Lentement,
Je m’avance dans les ondes claires,
Si lentement que le souffle du vent effleure chaque grain de ma peau,
Si lentement que le parfum des roseaux se dépose sur mes lèvres
Si lentement que vos yeux trahissent vos désirs.
Dans vos bras, tout contre vous,
Mes sens incandescents s’abandonnent,
Mon sang bat sur vos coeurs battants,
Vos souffles m’emplissent de vie,
Mon feu,
Mon eau,
Mes amours,
Murmurez-moi encor et encor,
Que le bonheur se raconte en ivresses.
Que de beauté dans ce texte, Séverine, c’est enchanteur de lire cela au réveil !
sensuel comme j’aime
On se sent glisser dans l’eau avec toi…
Beaucoup de sensualité. Par contre j ai un peu de mal à coller ton texte à la photo mais ça n’enlévecrien au plaisir de lire ton texte.
Merci, tout le monde, pour vos commentaires !
C’est ainsi que jaime nager, s’avancer lentement dans les ondes claires …. magnifique !
Oh, merci beaucoup, janickmm !
Cœur qui balance
Un blond, un brun. Lequel des deux allait gagner en arrivant le premier au ponton, c’est ce qu’Anna se demandait à présent.
Elle avait des palpitations rien qu’en les regardant depuis la rive, n’encourageant ni l’un ni l’autre mais souhaitant toutefois qu’ils gagnent tous les deux.
Mais qu’est-ce qui lui avait pris, après avoir fréquenté assidûment les deux hommes pendant plusieurs mois, de leur suggérer de faire la course à la nage dans le lac tout proche en leur promettant de ne plus fréquenter que l’un des deux, le vainqueur de ce jeu idiot?
C’était comme si elle s’engageait à ne plus boire que de la bière blonde ou de la brune pour le reste de sa vie! Et pourtant elle aimait les deux saveurs si différentes, l’une forte et l’autre si rafraîchissante. Et bien pour ses amoureux, c’était pareil et suivant son humeur du jour elle avait envie de voir l’un ou l’autre. Ils se complétaient si bien tous les deux que, ensemble, ils formaient ce qui représentait à ses yeux, ou en tout cas s’en approchait très fort, l’homme parfait.
Elle avait pourtant bien cloisonné les deux histoires mais, un jour, se promenant avec l’un, ils avaient croisé l’autre. Depuis, l’un et l’autre la sommaient de choisir. Comme elle en était incapable, elle avait eu cette idée de course qui maintenant lui semblait loufoque et la stressait au plus haut point.
Elle voyait une telle détermination dans les paires d’yeux face à elle que malgré sa fierté de susciter une telle rivalité dont elle était le seul enjeu, elle tremblait d’avance de devoir dire adieu au perdant.
Après une succession de suées et de frissons accompagnés de battements de coeur désordonnés, elle s’évanouit tant la tension était forte. A son réveil elle était seule, ses deux amoureux avaient disparu. Ils étaient arrivés pile poil au même instant au bord et, sachant qu’elle en profiterait pour ne pas trancher, ils avaient décidé de s’éclipser puisque, quoi qu’il arrive elle serait insatisfaite…
C’est ainsi qu’elle perdit, l’un et l’autre, le blond et le brun!
Et chez moi c’est sur https://photonanie.com/2019/09/09/brick-a-book/
Une charmante fable comme La Fontaine aurait aimé. J’adore la comparaison des deux messieurs avec des bières blondes et brunes. Super texte !
Voilà ce qui arrive quand on court deux lièvres à la fois 😉 Une histoire bien menée et une chute parfaitement trouvée !
J’aime beaucoup ton texte, l’idée, la façon dont tu l’as menée, la chute…des fois la vie réserve de choix difficiles à faire, certains passent au dessus mais pas facile à gérer, a accepter et à faire accepter….
Une très belle fable toute romantique
Choix difficile, voire impossible, mais je dois dire que le choix du choix est encore plus difficile, sinon il y a les duels …. rrrrooo ! Quelle horreur ! mais les garçons ont tellement l’air de bien s’entendre, c’est dommage ! mais ta chute règle tous les problèmes, ainsi va la vie
Jules et Jim
Te souviens tu ?
Te souviens-tu de cette époque
Où nous devions nous aimer en cachette ?
Toute occasion était bonne
Des gestes furtifs sous l’eau pendant une baignade
Des mains qui s’ égarent
Pendant le rhabillage
Nos regards disaient nos actes
Mais tous étaient aveugles
Ou feignaient de l être
Te souviens tu?
6 SEPTEMBRE 2019
Un poème en forme de souvenir ou un souvenir en forme de poème, très joli, Laura
Belle évocation toute en finesse et en non-dits. J’aime.
Plein de délicatesse dans ton poème, j’aime beaucoup.
Très beau
D’agréables sous-entendus, à peine évoqués, ce qui donne une agréable lecture et l’imagination fait le reste
Merci Marina
Ils pillent le corps et l’âme.
Les prédateurs estiment avoir tous les droits, même celui d’avilir l’autre, de l’écraser, le violenter, le briser.
Ils sont malveillants, tordus mais fracassés aussi. Ils font semblant, Ego démesuré, éloquence, distance, mais en eux crie l’enfant.
Ils observent, ils explorent, ils attendent. A la recherche de la faille de celles et ceux qu’ils engloutiront dans leur chair.
Posséder l’autre pour se sentir vivant, le soumettre pour exister, le ravager pour respirer.
Quelles existences affligeantes, quelle désolation!
Episode 6
Putain de ma mère, je vais crever !
***
Un peu plus tôt…
Quand le père Turner a mis une balle dans la tête de son fils parce que j’avais butté son chien, je me suis surpris à calculer et à me dire : un de moins ! C’est là que j’ai compris que la seule chance de m’en sortir serait de les éliminer. C’est à cet instant que je me suis traité de tous les noms parce que par panique ou manque de réflexion, par réflexe ou par stupidité j’avais abandonné mon fusil sur les rochers. Rochers sur lesquels ils étaient toujours. La mère, Caroline, à genoux, berçant son cadavre de fils en pleurant. Charles le père, les bras ballants, dodelinait de la tête. Il n’y avait que Marie qui avait encore les pieds sur terre. Elle tenait son fusil à hauteur d’épaule, fouillant les alentours dans la lunette. Elle me savait proche, je n’en doutais pas un instant, elle me cherchait, elle me voulait…pour me trouer la peur plus que par obligation vis-à-vis des autres, plus par vengeance car maintenant j’étais devenu une cible, j’étais devenu le brasier ardent de sa haine, de sa colère toute personnelle. De trois chasseurs patentés lancés à mes trousses par devoir et foi, je me retrouvais dorénavant avec trois individus qui voulaient me faire la peau parce que j’avais abattu l’un de leurs, même si ce n’était pas concrètement la vérité mais plutôt un concours de circonstances…Bref, j’avais plus trop le choix ; il allait falloir que je commence à penser comme un prédateur et non plus comme une proie.
J’avais quoi ? Mon poignard Virginia Survivor (et donc sa boussole, du fil de pêche, des hameçons et aiguilles ainsi que des allumettes) et puis…ben rien d’autre en fait. En plongeant j’avais abandonné mes maigres possessions sur les rochers. Et là, immergé dans l’eau du lac, la nuit commençant à tomber, trempé, j’allais pas faire long feu. Fallait que je trouve une solution…Diviser pour mieux régner qu’il disait l’autre, c’est ça qu’il fallait que je fasse. Réussir à les séparer, au moins en deux groupes. M’arranger pour que reste le plus faible maillon, l’animal blessé, celui qui serait le plus évident à abattre. Fallait que je profite de l’instant, de la situation de détresse que j’avais incidemment créée.
Je me suis donc plongé dans l’eau, retenant ma respiration, évitant tout mouvement trop brusque qui me ferait repérer, cherchant une lourde pierre le plus discrètement possible, réalisant ce que j’envisageais de faire, l’acte que j’avais en tête. Je ne pouvais m’empêcher, avec cette chape d’eau sur les épaules de me dire que finalement je valais pas mieux qu’eux, que j’allais me conduire exactement comme ces animaux que je fuyais. En tâtonnant, j’en trouvais finalement une bien grosse, qui ne tenait presque pas dans ma main mais que je pourrais lancer dans les fourrés, espérant qu’ils se lanceraient à sa poursuite.
J’ai essayé de refaire surface silencieusement, espérant qu’ils ne me repèrent pas…mais c’est quoi ce bordel ? Ils font quoi ? Le père et la fille s’éloignent, lui portant le cadavre de son chien, ils longent la bordure du lac, laissant seule Caroline qui continue de bercer son fils crevé. Mais c’est pas possible, j’aurais enfin une bonne étoile sur la tête ? Le cours des choses allait enfin s’inverser ?
Gardant le gros caillou, j’ai attendu. Ils se sont éloignés et progressivement ils ont disparu. J’ai encore attendu. Le soleil commençant à décliner et la mère ne bougeant pas. Je l’entendais vaguement sangloter quand le vent me faisait parvenir ses lamentations par brides.
J’ai attendu je ne sais combien de temps mais quand j’ai estimé qu’ils n’étaient plus dans le coin, je me suis mis en route.
Avançant doucement, guettant les faits et gestes de Caroline, même si j’étais trempé et transi je ne pouvais m’empêcher de transpirer. Le long de mon échine, sur le front, je tremblais…De chaud ? De froid ? De peur ? Parce que je savais que j’avais pas le choix ? Que si je voulais m’en sortir il allait falloir que je lui fasse son affaire ?
Elle avait fini par s’allonger à même les rochers, tenant le corps contre elle, comme si elle lui faisait un câlin, alors elle ne m’a pas vu pas entendu arriver.
A proximité des rochers, je me suis arrêté. J’ai respiré profondément, lui laissant inconsciemment le temps de me remarquer. Il y avait mon fusil à ses côtés, là où je l’avais laissé tomber, et ma bouteille d’eau.
J’ai attendu encore un peu et vu qu’elle avait l’air de s’être assoupie je me suis décidé. Lentement, sans geste brusque, comme quand je chassais, je suis sorti du lac. Je ne me suis pas laissé le temps de m’égoutter ni de réfléchir. Je n’avais pas le choix. Je me suis jeté sur elle et je l’ai frappé à la tête avec ce gros caillou que je voulais utiliser autrement. J’ai frappé encore et encore, ça a craqué, le sang s’est mis à couler et je lui ai enfoncé le crâne à coup de pierre.
Puis je me suis arrêté et j’ai regardé ce cailloux sanglant dans ma main et je l’ai jeté à l’eau, dégouté, horrifié, affolé par ce que je venais de faire. J’allais vomir, je le sentais au fond de mon bide, cette aigreur violente qui me taraudait, ce haut le cœur qui me prenait et c’est là que je les ai vus.
Ils émergeaient à peine de l’eau, leurs yeux haineux me fixaient, leurs traits durcis par la colère, la bouche affamée de violence…
Putain je m’étais fait baiser ! Ils avaient pris le risque de sacrifier la mère pour attirer la proie…
***
Putain de ma mère, je vais crever !
Et toujours ce sens aiguisé du suspense… Je m’attendais dès la première évocation du lac à voir surgir l’ennemi, mais, non, ce fut pour le final. Bravo !
Et ça continue encore et encore…et l’ambiance devient de plus en plus angoissante…
Bravo pour cette continuité d’histoires.
Tant que ça tient la route et que ça plait…
Très prenant, bravo !
Merci
« Ah les crocroco les crocroco les crocodiles «
Les enfants s’amusent paisiblement sur la plage sous le regard bienveillant de leurs mères.
Le château de sable est à leurs yeux une place forte…qui sera pourtant balayée par la première vague.
Attendries, les deux belles sœurs les observent monter les tours avec leurs petits seaux.
Deux semaines déjà qu’ils sont en vacances sur cette île paradisiaque. En famille. Les deux frères, leurs épouses et leurs enfants respectifs.
De vraies vacances de rêve.
Un des petits demande
-Maman, il est où papa ?
-il nage mon chéri, avec tonton
-mais où ça ? Ah oui, ça y est, je les vois.
Son exclamation est accompagnée d’un éclat de rire, alertant les cousins.
-Regardez là bas ! Ils font les crocodiles pour nous faire peur.
Les mamans se mettent à rire à leur tour, amusées tant par la peur jurjouée de leurs bambins que devant la complicité blagueuse qui unit toujours les deux frères.
Mais les rires se transforment vite en cris d’horreur lorsqu’ils aperçoivent un aileron s’approcher des nageurs. Ils sont trop loins pour les entendre.
Les vacances paradisiaques prennent fin brutalement lorsque l’eau se met à rougir…
Ah ça c’est moche comme fin de vacances. On était bien on imaginait le soleil, la plage mais on ne l’a pas vu venir le requin!
Extra
J ai ri
Mon dieu, quel cauchemar, « Les dents de la mer » bis. Bravo !
Voici mon texte :
Chaque matin, sur les quais de ma gare, deux générations se font face.
Chacun son quai,
chacun sa destination,
chacun son style vestimentaire,
chacun ses sujets de conversations.
Si leur train respectifs arrivent à la même minute (sauf retard), chacun s’en ira vers son planning de la journée.
Sac à dos contre attaché-case,
Joggings-baskets contre costume-tailleur,
Soda contre caféine,
Friction contre Montblanc,…
Mais l’affrontement n’aura pas lieu, les uns remplaceront les autres,
Prendront la suite, la relève,
Se confronteront à l’avenir,
À chacun ses responsabilités, devoirs-interro-potes, contre rapports-réunion-collègues,
Chacun essayant tant bien que mal de sortir la tête de l’eau…
Joli texte tout en parallèles qui, contrairement aux Mathématiques, ici, se rejoignent ;). Et j’ai bien aimé le clin d’oeil final à l’image.
Merci. J’aime bien faire les choses à contre courant
Moi aussi j’aime bien l’utilisation de l’image à la fin, comme un clin d’œil.
Merci. C’est tellement plus sympa de nager à contre courant
Celle dualité
Très prenant, bravo !
Oups, mon commentaire précèdent était pour un autre texte, désolée. Quand au votre, Céline, je l’ai trouvé très fin et très bien vu sur les jeunes et les moins jeunes qui commencent leur journée.
Merci