Publication des textes ci-dessous lundi matin.
Atelier d’écriture 341
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Bien rodée,
La vie chronométrée nous laisse parfois sans passion
Malgré le semblant d’unisson,
Invisible dans la masse,
On compte les jours qui défilent et nous laisse toujours aussi seuls
Si petits,
Si faillibles
Chancelants,
On est prêt à s’effondrer.
Un souffle,
Un geste,
Et tout s’écroule.
La foule ne sauve pas de l’inexorable destinée.
Une poésie très réussie sur la condition humaine. J’aurais aimé l’écrire. Bravo Jen !
Très joli texte et tellement réaliste.
Bravo. C’est simple, épuré, efficace… Et si vrai !
C’est chouette ! c’est bien vu, je ne parvenais pas à avoir d’idées satisfaisantes, « un souffle, un geste, et tout s’écroule » conviennent tout à fait à cette photo, merci à toi
Joli et malheureusement réaliste…
Un joli texte sur la solitude et la fragilité de nos vies.
C’est très beau et ça a beaucoup de sens. J’adore. Bravo.
Une vision très réaliste de la condition humaine, un poème fort.
Merci beaucoup pour tout vos retours aussi positifs les uns que les autres. Ca me donne envie de faire partie d’un groupe d’écriture en direct. J’aimerais beaucoup échanger autour d’écrits plus en profondeur et en face à face mais je suis déjà bien satisfaite de pouvoir éprouver un peu mon écriture via cet exercice.
L’ agenda gris plat
Sur le calendrier de la vie
J’ai perdu ma boussole
Sur les pavés de la ville
J’ai cherché comme une folle
Mercredi, jeudi, vendredi
Tu as disparu
Te retrouverai-je samedi ?
La photo n’en dit pas plus.
Le milieu de semaine
Est un vrai labyrinthe
Où je marche avec peine
En murmurant ma plainte
J’espère le samedi, le dimanche, jours de chance
Je rêve d’une vidéo, d’un travelling avant …
Mais l’image reste fixe
Et mon cœur est perdant
Les autres avancent en grappe, en couple, en vrac
Il savent tous où aller, vers qui se diriger
Moi j’attends le samedi et le train du Midi
Quand tu apparaîtras, je …
Mais je suis bloquée là, sur l’agenda gris plat.
MH
https://marinadedhistoires.wordpress.com/2019/09/23/l-agenda-gris-plat/
Superbe poème marinadedhistoires avec en filigrane l’amour. J’ai beaucoup aimé.
Merci beaucoup, Kroum.
J’adore !!!
Merci, Céline !
Waouw! On voit le film se dérouler, c’est très bien écrit et j’aime sincèrement beaucoup.
Merci pour ton commentaire Photonanie, c’est très sympa.
J’adore ! décidément que de bonnes inspirations et des vers magnifiques « Mais l’image reste fixe
Et mon cœur est perdant
Les autres avancent en grappe, en couple, en vrac » que de belles choses sur cette photo qui ne m’inspirait donc pas, merci à toi
Ah, eh bien, merci beaucoup Janick, c’est vrai que cette photo m’a tout de suite donné des idées. Bon lundi à toi.
Merci beaucoup Janick, je croyais t’avoir répondu à l’instant mais on dirait que ça n’a pas marché… Je te disais que cette photo m’avait tout de suite inspirée en en effet. Bon lundi !
Tout en sonorités ! Je les ai presque slamés mentalement ces vers 😉 Chouette !
Oh, génial ! Merci Séverine !
J’ai beaucoup le rythme de ce texte. On le fredonne et sa musique colle parfaitement avec le sens du poème.
Merci Cloud pour ce commentaire très positif.
Merci Cloud !
Un poème très rythmique presque chantant. Très agréable à lire et à imaginer scandé.
Merci beaucoup, Jen
ça sent le vécu… avec quelque chose d’universel
J’ai essayé de me mettre dans la peau d’un personnage. Merci Laura.
Etranges bestioles…
Sous vos nids de paille qui vous servent de chapeaux,
Vous vous étirez tout en long,
Droits comme des piquets sur vos longues cannes.
Vous marchez, déambulez, courez mais jamais ne vous envolez.
Etranges bestioles…
Dans vos plumages en tissu, vous craignez le vent qui danse,
L’eau qui mouille et le soleil qui brille,
Vous maquillez votre odeur et parez votre peau de précieux,
Comme si cela suffisait à vous rendre plus beaux.
Etranges bestioles…
Qui construisent des logis bien trop grands,
Des machines monstrueuses, bruyantes et pestilentielles.
Qui déversent dans les cieux des grisailles nauséabondes,
Et dévorent les champs et les forêts.
Etranges bestioles…
Pour un rien, vous vous prenez le bec,
Vous vous volez dans les plumes,
Capables de tout, et même du pire,
Des cris aux larmes de sang qui déchirent les silences.
Etranges bestioles…
A la fois effrayantes, obscures et fascinantes.
Et puis, soudain, vous vous attendrissez,
Quand vos bras enserrent vos petits,
Quand vos regards s’embrument à la perte d’un aimé.
Etranges bestioles…
Sans savoir pourquoi, j’aime picorer au creu de vos mains,
Epier vos silhouettes animées qui fourmillent comme perdues,
Sur les parvis de Paris, de Tunis, ou de Kiev,
Ou sur ce calendrier dessiné à la craie.
Un puissant poème autour de cette étrange humanité, la nôtre. Ravi de lire pléthore de poèmes ce matin !
Oui voir l’humain d’un peu plus haut revient à observer des bestioles, des petites fourmis, dont souvent les intentions échappent. Merci pour ce beau texte.
Quels beaux textes aujourd’hui! Un vrai bonheur pour un lundi matin. Moi aussi j’ai craqué pour ces bestioles.
Encore un magnifique poème inspiré, l’humanité telle qu’elle se présente sur cette place et ailleurs et partout, c’est superbe à lire et très bien écrit, merci à toi
Merci beaucoup, et doux lundi à tous !
L’idée est excellente. Ce sont les rôles inversés. Le texte pourrait être dit par un animal perché ou survolant la place. Un labo de recherche comportementale. Bravo.
Merci Cloud ! Sympa que les imaginaires puissent se répondre… Je n’avais pas pensé au labo de recherche, mais simplement au volatile survolant la place 😉
Encore un très beau poème, inspirant et un peu désespérant aussi pour la réalité qu’il décrit! J’aime beaucoup!
Magnifique ! En quelques vers tu cernes toutes les faiblesses et toutes les contradictions de l’homme. J’ai adoré tes « étranges bestioles » !
Sur ce calendrier géant,
on voit se positionner calmement
l’ensemble des personnes intéressées
par les différentes activités.
Les dates d’expositions sont étalées,
mais pour le 21 juin,
une foule se presse sur le chemin
et attend l’ouverture.
Il y a beaucoup de monde, ça va être dur.
Mais pourquoi attendent tous ces gens ?
Quel est donc cet événement ?
Les terrasses d’été
ou le début des soldes tant espérées ?
Un texte ancré dans le quotidien, ça fait du bien de penser à juin prochain alors qu’on entre en automne.
Effectivement ce calendrier géant est bien intrigant.
Oh oui que vienne l’été! Merci de nous faire rêver alors que l’automne vient à peine d’arriver…
Eh oui ! les occupations de chacun, leurs préoccupations au jour le jour, c’est vrai, quels sont dont ces évènements ?
J’ai beaucoup aimé la chute inattendue et pratico-pratique. Bonne idée.
J’imagine un journaliste au micro… Hyper réaliste !
Hum un poème actuel et un brin caustique. Depuis maintenant un mois que je me suis lancée je retrouve bien la particularité de la plume de chacun tous les lundis. C’est très agréable!
la fête de la musique?
Je saute de case en case, de projet en projet. Et c’est un mystère pour toi la manière dont je fonctionne, dont parfois je m’épuise. Mais que se passerait-il donc si je m’arrêtais ? Y a-tu songé ? J’ai peur que l’angoisse me rattrape et me dévore, comme elle l’a déjà fait. Alors je continue, jusqu’à ce que les battements de mon coeur se calment. Je me drape de positif, et je saute. Case 1, case 2, case 3… Et elle me va bien aussi cette grande écharpe tricotée par des mains amies qui laisse une longue trace rouge derrière moi. Parfois, si je saute avec assez de délicatesse, elle forme pendant quelques secondes un grand coeur au dessus de ma tête. Et je vois bien que tu la regardes, et que tu souris. Peut-être un jour pourrais-je atteindre le ciel, les nuages ? Si je saute assez fort. Pour cela, il faudrait éviter la case contrariété, qui me ramène immédiatement sur terre. J’en rêvais autrefois, de sauter si haut que je me retrouverais sur le même nuage que le pêcheur d’oiseaux, celui aux grandes chaussettes rouges de mon livre d’images. Comme il doit faire bon là-haut. Comme ce doit être apaisant d’observer l’activité humaine d’un peu plus loin. Si au moins j’avais ne serait-ce qu’un pas d’avance. Car il y a des cases moins bonnes, des cases à éviter, des cases où je heurte quelque chose, quelqu’un, et soudain un visage furieux se retourne brutalement, prêt à crier. Il y a aussi ces cases où tout d’abord on me sourit, on me flatte, où je reste un peu, enfin apaisée. Quand mon écharpe glisse de mon cou, que je sens de multiples doigts tenter de la prendre, je sais qu’il faut de nouveau s’enfuir, continuer de sauter. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenue, de le savoir, à force de refaire cette marelle tous les mois, que la peur et la jalousie révèlent chez les autres ce qu’il y a de pire. Toi aussi tu connais ce flux acide qui déteint sur tout jusqu’à faire perdre tout décence. Quand je t’ai rencontré, tu étais en pleurs, sur une case remplie d’indifférence. Tu croyais alors qu’il était bon de t’agiter sur place, de te ridiculiser, de te jeter aux pieds de l’être que tu convoitais. J’ai pris ta main et je t’ai dit… avance. Depuis, tu sautes aussi, peut-être un peu moins haut, moins vite. Mais tu apprends, à grappiller ces moments de bonheur dont on fait un manteau, à apprivoiser la tristesse, à aimer avec légèreté, à regarder devant.
De la poésie dans une prose / lettre, un coup de maître ! Bravo Antigone !
Merci Kroum 😉
Il me parle énormément ce texte. Bravo
Tant mieux alors ! Merci 😉
La marelle de la vie nous mènera-t-elle au paradis avec cette belle écharpe rouge? Je le souhaite.
Ce peut être le but oui 😉
C’est gai, c’est léger ce saute-mouton géant aux mots choisis qui s’accrochent et rebondissent élégament, une très belle lecture, où l’on s’y retrouve aisément, merci à toi
De rien, et très grand merci ! 😉
Très réussi ce texte. Il mêle le sentiment, l’imaginaire, la complexité de la vie. Il me fait penser à la « Carte du Tendre », en vogue au XVIIe siècle. Bravo.
Merci Cloud ! Je n’avais pas pensé à ça mais j’aime cette comparaison. 😉
J’adore le côté infantile et la fantaisie de ce texte. Ça donne envie de les connaître davantage, ces personnages. Bravo, Antigone !
Merci 😉
Prose poétique et tricot alliées. On retrouve bien les centres d’intérêts que tu affectionnes! C’est étonnant comme on peut avoir l’impression du familier via les réseaux sociaux!
Il fallait bien un peu de laine dans mon texte… oui 😉
SUBLIME!
Oh merci ! 😉
J’ai adoré l’itinéraire de ton personnage, tout un cheminement sur cette marelle de la vie.
Merci 😉
La journée de Delphine Saint-Chamond, Directrice de Cabinet du Ministre, s’était avérée éprouvante. Elle avait une nouvelle fois passé son temps à gérer les rendez-vous avec les différentes personnalités, les syndicats, les collectivités locales, le Président lui-même ; tâche compliquée par leurs changements successifs, les annulations, les imprévus. Tout cela n’avait aucun intérêt au vu de sa fonction, et lui occasionnait en fin de compte un stress permanent, proche du burn-out.
Tard dans la soirée, elle arriva péniblement chez elle, s’offrit un copieux verre de Viré-Clessé avec quelques tartines de rillettes de saumon et se jeta sur le lit épuisée, lassée, abattue. Elle s’endormit aussitôt.
Là, elle fit un cauchemar étrange. Installée dans son bureau du ministère, vêtue d’une simple nuisette tricolore, elle surplombait une immense table de ciment sur laquelle un agenda démesuré était savamment dessiné. Des dizaines de personnes à pied s’y croisaient en silence, se déplaçant d’une date ou d’une heure à l’autre sans même se saluer ; elles s’arrêtaient par moment, puis changeaient subitement de case avec empressement avant de s’arrêter à nouveau. Delphine, armée de son seul stylo pointu cherchait à les attraper et à les fixer une fois pour toutes, comme aurait fait un collectionneur de coléoptères, mais sans succès.
Le matin, lorsque le réveil sonna aux aurores, elle s’aperçut qu’elle était dans un état de déprime comme elle n’en avait encore jamais connue. Son esprit réputé rapide pris alors une décision radicale : elle n’ira plus au travail ; ni aujourd’hui, ni demain, plus jamais. Elle passera sa vie au lit à l’instar d’Alexandre le Bienheureux, le chien en moins.
Elle appela aussitôt le Ministre pour l’en informer. Celui-ci crut d’abord à une plaisanterie. Puis il s’emporta, hurla, avant de reprendre un ton courtois. Il fallait absolument la faire revenir sur sa décision. Il lui proposa une large augmentation, des avantages divers, un livre dédicacé d’Alexandra K, des vacances au prochain remaniement, rien n’y fit.
Après avoir raccroché le téléphone, le Ministre désappointé, se sentit soudain bien seul sous les lambris rococos de l’hôtel particulier. Et lorsqu’il voulut se replonger rapidement dans ses dossiers brûlants en cours, il constata avec panique son incapacité à régler de lui-même le moindre problème d’intendance qu’assumait Delphine. Il rentra chez lui et alla se coucher.
Super texte ! Quelle originalité ! Justement nous avons revu le film « Alexandre le bienheureux » cet été et c’est fou comme mon mari s’est mis à paresser après ça, une influence désastreuse, il ne voulait plus rien faire dans la maison ;-))
Toujours excellent ! Cloud, c’est une sorte d’histoire sans fin, et j’ai adoré le cauchemar trop cruel, mais quelle belle idée, finalement ! merci à toi
Un grand souvenir ce film et une belle philosophie de vivre. Ben quoi on peut rêver…
Pauvre ministre incapable 😉
Ah si seulement on pouvait un peu s’oublier au fond de la couette et tout envoyer valser! Très dynamique ce texte
J’ai encore bien ri Cloud ! Bravo à toi.
Ah ton texte me donne une furieuse envie d’aller me recoucher moi aussi (mouarf) ! J’ai adoré le lire. On a l’impression que c’est le début d’une histoire… 😉
la puissance de l’assistant
Bonjour, voici mon (très personnel) texte :
Elle vivait à 100 à l’heure, se demandant parfois après quoi elle courrait.
Ses objectifs en tête, elle laissait peu de place à l’imprévu, à l’hésitation.
D’où venait cette précipitation, cette peur de ne pas arriver au bout de ses projets ?
De l’enfance ? De son adolescence ? De sa liberté de jeune adulte enfin gagnée ?
Peu important au final pourvu que ça avance…
Mais il y eu le 22/11/2018, et là sans l’avoir vu venir tout ou presque s’arrêta…
Le bouton pause s’enclencha malgré elle.
Et un vilain monstre interne aux pinces tenus la prit dans ses filets.
Alors… elle se laissa porter, lâcha tout ou presque du jour au lendemain, se remis entre les mains des médecins et suivit simplement le mouvement sur lequel elle n’avait plus de prise.
Cette parenthèse dura près de 9 mois et il y eu le retour.
Elle repris ses marques au fur et à mesure, tenta maladroitement de reprendre son rythme initial mais fut vite essoufflée.
Alors jour après jour, elle réapprivoise son corps et son esprit, tous deux meurtris au plus profond et bien plus qu’elle ne le pensait.
Le plus violent dans tout ça : découvrir les indices (agenda, notes, post-it,… ) laissés à l’abandon du jour au lendemain…
Le plus difficile dans tout ça : devoir répondre que non la vie ne m’a pas apporté un 2ème bébé mais m’a pris au contraire des bouts de chair, une énergie folle et a entamé une bonne part de mon rythme de vie. Et qu’il va falloir à nouveau apprendre à composer avec tout ça…
Personnel et tellement universel, bravo
Merci
Un texte très touchant.
Merci
Intime, douloureux mais j’espère plein d’espoir.
Merci. Un peu en demi-teinte avec cet orage qui m’est tombé dessus d’un coup. On verra au fur et à mesure, un jour après l’autre
Le texte est fort et douloureux. La vie est une, mais peut parfois se transformer en un patchwork incontrôlable.
C’est tout à fait et pour l’avoir déjà vécu avec ma maman, ce n’est pas toujours facile de suivre ce nouveau rythme sur lequel on a peu voire pas de prise
A la fois fort, intime et bouleversant, et tout en pudeur. Merci et bravo, Céline !
Merci beaucoup.
Ah les premiers bébés qui vont puiser au fond de nous des choses inconnus et bouleverse tout nous plongeant parfois vers un abîme sans fond… parfois a retardement. Une remise en question empirique, le boulot comme exutoire n’étant plus à sa bonne place que reste il pour l’épanouissement personnel? Je m’y vois bien en ce moment…
Ton texte est touchant et poignant Céline.
Merci beaucoup
Je suis d’autant plus touchée qu’il s’agit de ma date d’anniversaire… L’écriture permet tellement, a un tel pouvoir de guérison. Bravo pour ce texte, tes mots, et le courage qu’il a fallu pour les écrire…
Merci. Oui c’est peut-être aussi pour ça que je m´y suis remise.
Terre et ciel
– Salut vieux, tu croyais échapper au temps ? C’est raté, il a trouvé comment t’enfermer. Pas bien compliqué tu m’diras. Il a suffi de tracer quelques lignes qui deviennent des cases, d’attribuer une date à chaque case et de poser quelques mots dans chacune des dates. Et te voilà fait comme un rat. Où que te conduisent tes pas, tu es pris dans le parcours imposé de la dictature de l’agenda. Et ça, Et puis ça, et ça encore, il ne faut rien rater. Vas-tu y arriver ? Regarde la file qui s’allonge, une queue interminable de boulimiques d’expériences, besogneux de la vie. Traqués par le terrorisme de nos cultures, de nos religions, de nos envies, de nos jalousies. Croyant y échapper pour se retrouver toujours davantage ligotés. Du haut de tes huit décennies, que fais-tu, vieux, pour y échapper ?
– Moi ? Je joue à la marelle. Il y a bien longtemps je suis partie de la terre et bientôt j’atteindrai le ciel.
La dictature de l’agenda est bien cruelle et nous courons tous après le temps qui fuit bien trop vite…
Bravo. Rien de tel que l’imaginaire et la contemplation.
Pour ma part je cherche encore. Il ne faut pas cesser de chercher sinon…
J’ai adoré ta chute, bien trouvée l’idée de la marelle, ça a redonné de la légèreté au ton pesant du début. Bravo benecrit !
Une bonne idée ta chute avec la marelle, ça donne de la légèreté au ton pesant di début. Bravo benecrit !
L’agenda serait-il donc notre pire ennemi ? A cogiter 😉
Audaces fortuna juvat
Ils se croisaient parfois en passant d’un numéro à l’autre dans ce grand tableau peint au sol et qui était réadapté à chaque début de mois. Depuis que les dirigeants avaient décidé de procéder ainsi afin de répartir les tâches communes, les travailleurs devaient se disposer sur les numéros et les heures qu’ils devaient prester. Ça lui rappelait les rangs dans la cour du lycée où les élèves devaient attendre qu’un professeur vienne les chercher. Aujourd’hui, c’était pareil au boulot. Dès le matin, chacun(e) se dirigeait vers l’endroit qu’on lui avait indiqué et il/elle attendait, en compagnie de ses collègues du jour, qu’on les emmène sur leur lieu de travail de la journée.
Les dirigeants avaient choisi ce mode de fonctionnement afin d’éviter les regroupements et les collusions entre eux. Ils gardaient ainsi un plein pouvoir sur ceux qui les servaient. Diviser pour mieux régner avait, de tout temps, été le moyen de garder sa position dominante et aujourd’hui, en 2521, c’était encore le cas.
Il n’empêche que le hasard les avait placés quelques fois ensemble pour la journée et depuis chacun d’eux rêvait à leur prochaine rencontre avec espoir. D’un seul regard la première fois, ils s’étaient compris, sans un mot. Ils avaient travaillé ensemble toute la journée en parfaite communion, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Leurs échanges oculaires en disaient davantage que tous les mots usés par les hommes d’avant, du temps où le fonctionnement du monde du travail était à cent lieues de ce qu’il était devenu aujourd’hui.
Les alliances entre travailleurs étaient formellement interdites par le règlement, même si certains préféraient risquer leur vie pour rejoindre celui ou celle qu’ils avaient choisi. Eux n’en étaient pas encore là mais, à chaque rencontre, le lien qui les unissait se resserrait, n’en déplaise aux dirigeants. Ils devaient être prudents mais avaient mis au point un système codé qu’ils utilisaient avec prudence mais qui ajoutait encore du piment à ce qu’il était convenu d’appeler leur relation.
Bientôt ce serait la fin de l’année et ils pourraient peut-être alors échapper pour un temps à la surveillance. C’est cela qui les faisait tenir et qui faisait briller leurs yeux. Ils étaient attentifs à ne commettre aucune imprudence surtout s’ils voulaient croire en un avenir commun.
Aujourd’hui elle était dans le groupe 30 et lui dans le 5 et ils se regardaient en croisant discrètement les doigts, dans l’espoir de vivre bientôt leur rêve interdit…
Pour lire chez moi c’est sur https://photonanie.com/2019/09/23/brick-a-book-341/
Texte angoissant. Ce qui rassure est que le sentiment et l’émotion demeurent même dans les régimes totalitaires. C’est sans doute le ferment des résistances…
Crispant! Prémonitoire? C’est avec un ptit gout amer que je finis ce texte qui continue de trotter dans la tete… Parfois on se dit qu’on n’est pas si loin que du jour au lendemain… que certains vivent déjà comme ça même si ce n’est pas étatique… un texte a méditer!
Un brin effrayant ton texte, une bonne idée de thème. Bravo photonanie !
On qe croirait dans 1984, ton texte pourr
je reprends … On se croirait dans 1984, ton texte pourrait être le début d’un roman ou d’une longue nouvelle, c’est captivant cet univers que tu décris.
Oh c’est un chouette texte, le début d’une histoire passionnante ! 😉
Agenda(s)
Comment contrôler le temps qui nous contrôle?
Comment contrôler son temps alors que les autres
Empiètent sur nos agendas et nos vies mêmes
Comment reprendre le contrôle?
Bonnes questions… Sans doute en injectant dans sa vie une dose copieuse de contemplation et de sérénité…
Vivre sans agendas, sans montres, sans réveils, sans calendriers … L’homme serai-il prêt à ce trop plein de liberté sans devenir fou ?
Si déjà la plupart vivaient sans leur smartphone greffé au bout de leurs doigts ce serait déjà une belle victoire je pense.
Vaste question ;). En prenant sans doute le temps de s’arrêter et le droit de dire non de temps en temps…
Cloud: pour moi, la prière
quant à la sérénité…
Marina: ce n’est pas ce que je dis
Photonanie: ces gens m’insupportent
Antigone: j’y parviens avec l’âge