Atelier d’écriture 346

par | 25 Oct 2019 | Atelier d’écriture | 108 commentaires

© Banter Snaps

Bonjour à tous !

Pour ce 346è atelier d’écriture, la thématique interdite est : le train. 🙂

108 Commentaires

    • Alexandra K

      Peut-être en se focalisant sur le personnage ? Il est tellement .. fort de plein de choses.

    • marinadedhistoires

      Mais c’est aussi ce qui est motivant !

  1. soene

    Hello Leiloona
    En plus dans l’actu !
    Ben si, dans ce train, y’a un contrôleur 😆
    Bon dimanche et gros bisous

  2. Jen

    Lorsque que j’ai vu l’image, deux choses se sont superposées, la chanson du poinçonneur des lilas et l’émergence de mon texte. Autant vous dire que ce ne fut pas simple de les faire cohabiter.
    Voici mon texte, belle semaine à tous. Vous pouvez le retrouvez ici aussi: https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2019/10/les-vaincus-inspiration-atelier-bric.html

    Ils sont vaincus,
    Maîtrisés,
    Ils avancent et suivent la masse.
    Ils se sont appropriés l’idée.
    Sous peine de chaos, la domination doit convaincre.

    Ils estiment encore songer par eux même,
    être libre d’élaborer,
    être libre de respirer.
    Mais le contrôle a assujettie le peuple.

    Dès l’enfance,
    s’il tente une pensée émancipée,
    l’opposant printanier est sanctionné.
    Étouffe sous la doctrine,
    il s’accommode,
    et apprend à devenir un homme consentant et normé.

    Arrivé à maturité,
    Affaibli et infantilisé
    puis totalement soumis
    il dira même merci.

    • Kroum

      Un merveilleux poème tout en nuances. Bravo Jen !

    • Laurence Délis

      Beau texte. En adéquation avec le regard et tout ce qui émane de cet homme.

    • Photonanie

      C’est fort et tellement réaliste!

    • Cloud

      Le texte est très prenant. Bravo. Et bien vu par rapport à cette photo.

    • Marlabis

      Criant de vérité…

    • Terjit

      Le personnage fait froid dans le dos, vous avez bien retranscrit la dureté de son attitude. J’espère juste que les opposants printaniers ne sont pas tous totalement soumis au point de dire merci (j’en suis même certain en fait…). Bravo pour ce texte

    • Tara

      La concision renforce ce texte sombre ! Les derniers mots sont terribles… et bien vus.

    • marinadedhistoires

      Un texte très fort qui fait froid dans le dos.

  3. Cloud

    Monsieur Yamada est fébrile ce matin. Un évènement de taille se prépare. Aujourd’hui, le Conseiller Régional de l’Empereur doit rendre visite à la petite ville de Shimotsui. A coup sûr le dignitaire ne manquera pas de visiter le petit musée de la mer que lui-même, Akito Yamada, simple pêcheur, a construit de ses mains ; ce haut personnage saura admirer le travail de transformation d’une petite cabane miteuse en réplique de sous-marin inspirée d’une revue maritime du XIXe siècle. Depuis plus de trente ans, Monsieur Yamada y réunit coquillages, poissons multicolores et cuivres de navires anciens qu’il présente avec beaucoup de méticulosité sur des étagères en bambou. L’œuvre de sa vie. Il sera évidemment félicité, montré en exemple, voire, l’Empereur entendra parler de lui, qui sait ?

    Madame Yamada l’a aidé à se vêtir comme un capitaine de vaisseau : uniforme, casquette, galons,… Dans sa maison à l’écart de la ville, elle attend avec impatience le retour de son mari, son héros. Tous ces derniers jours, elle n’a cessé de parler de la venue prestigieuse, non sans jubilation, aux voisines, à la famille, à toutes ses amies. Son mari va rencontrer le Conseiller de l’Empereur !

    Monsieur Yamada est droit comme un i devant la porte de son musée. Il ajuste avec nervosité ses gants blancs immaculés. Il attend depuis plus de deux heures. Il pense à ses ancêtres : il les imagine présents à ses côtés, fiers de lui. Cependant, il lui semble curieusement les entendre murmurer entre eux, avec une contrariété apparente : «Akito n’a t-il pas réalisé son œuvre pour lui seul, pour son épanouissement et rien d’autre ? La reconnaissance lui est-elle vraiment nécessaire ? Toute cette vanité nous semble, surtout à nous maintenant, bien dérisoire».

    Monsieur Yamada entend un tumulte inhabituel, un cortège approche. Quelques voitures noires passent devant le petit musée, sans s’arrêter. A l’intérieur de l’une d’elles le Conseiller est plongé dans un journal. Monsieur Yamada s’incline respectueusement au bref passage. Le bruit s’efface lentement. C’est fini.

    Arrivé chez lui, dans son riokan, le parfum des okonomiyakis que Madame Yamada a préparés pour la fête met Monsieur Yamada en joie. Il s’empresse de dire à sa femme que tout s’est bien passé grâce à elle. Il lui tend un verre de saké, lève le sien, et s’écrie en la regardant dans les yeux : «À l’Empereur ! »

    • Jen

      Attendre la reconnaissance et se satisfaire de peu. Serait ce la clé du contentement?

    • Photonanie

      La déception qui permet de rebondir plutôt que se laisser abattre, belle morale.

    • Marlabis

      Le poids de la culture peut-être parfois pesante… Mais Mr Yamada s’en sort bien !

    • Terjit

      Merci Cloud pour ce petit voyage en humilité. J’aime particulièrement la description de l’état d’esprit du personnage que j’avais vu beaucoup plus inquiétant qu’inquiet.

      • marinadedhistoires

        Belle sagesse ! Ton Monsieur Yamada est un personnage bien attachant.

    • Laurence Délis

      Un texte plein de sagesse et une écriture qui met en valeur le personnage. J’ai beaucoup aimé.

    • Tara

      Un joli texte créatif (l’idée est originale) pour une réflexion sur la créativité, le contentement, le caractère consciencieux. Très asiatiques quoi…

    • rizzie2

      Superbe histoire. On y entend le flux et le reflux de la mer du Japon !!! Bravo !

  4. Kroum

    Mon Mignon, la fête est terminée.
    La célébration de nos 40 ans de vie commune fut un tel succès
    que nos proches veulent réitérer !
    J’ai une proposition à te suggérer.
    C’est notre événement de la semaine passée
    qui m’y a fait penser.
    Quelle belle idée que cette soirée déguisée !
    Nos enfants n’ont pas pu mieux imaginer !
    Tu as tellement répété avoir choisi seul ce costume de chef de gare
    que j’y ai vu un signe dare dare !
    Ce que tu étais drôle à regarder !
    T’étais là, fidèle à toi-même depuis quelques années,
    C’est-à-dire blasé !
    Et ce besoin de tout régenter jusque dans le moindre détail !
    Tes gants blancs en témoignent !
    Et ce regard inquisiteur
    derrière tes petites lunettes de comptable qui fait peur !
    Avec ce chapeau, tu te croyais de toute splendeur
    mais c’est juste un rôle de petit chef que tu veux te donner dans notre demeure !
    Oui, c’est vrai qu’avec Matthieu, mon prof de théâtre, je connais pendant ses cours le bonheur !
    J’apprends, je m’épanouis,
    Je grandis encore, je ris !
    Bref, pendant ces 3 heures hebdomadaires je revis !
    J’avais oublié l’effet que ça faisait
    de parler et se mouvoir en toute liberté !
    Et j’ai envie de continuer.
    Alors, voilà mon idée.
    Regarde les papiers que je t’ai laissés
    sur ta table de chevet ;
    si tu pouvais juste les signer
    avant qu’on ne fixe une date avec nos proches pour le fêter dans la foulée.
    Je ne rentre pas ce soir, ne m’attends pas pour diner.
    Un stage de théâtre en résidence en province vient de tomber,
    il me fallait vite décider.
    Tu comprendras qu’avec le rôle principal que j’ai
    je ne pouvais pas le louper.

    • Photonanie

      Trop drôle et cynique à la fois 😉

    • Cloud

      C’est très réussi ! J’aime beaucoup. Avoir trouvé ce jeu de rôles est une excellente idée. Bravo et merci.

    • Marlabis

      Excellent ! Un délice à lire !

    • Terjit

      Très amusant dans la progression, et je suis d’accord avec Photomanie : cynique à souhait ! J’aime beaucoup la prise de conscience du personnage allant vers l’ouverture : Matthieu et le théâtre sont magiques.

    • Laurence Délis

      Si ma mémoire ne fait défaut on retrouve le couple de la dernière fois… 😉
      Bien joué d’avoir aujourd’hui le point de vue de la femme et d’avoir su y intégrer la photo de la semaine de façon aussi aisée. C’est effectivement cynique à souhait. Bravo Kroum !

    • Tara

      Encore une idée originale ! En un texte court, le lecteur est entraîné dans une progression implacable. Et encore un hommage à la créativité (libératrice).

    • marinadedhistoires

      Ah ! Bien vu le ras le bol de cette femme ! Elle a trouvé un bel échappatoire et on ressent bien toute sa jouissance à en profiter !! Super texte original !

  5. Marlabis

    Bonjour,
    J’avais repéré cet atelier et voilà je me lance ! Merci de m’accueillir parmi vous.
    Voici ma 1ère participation…

    Vous trouverez mon texte également avec ce lien

    https://wordpress.com/block-editor/post/lesempreintesdutemps.wordpress.com/558

    Depuis quelques minutes déjà, je ressentais comme une oppression, sans comprendre la cause de mon malaise. Mes mains étaient moites et j’en avais des sueurs froides. C’est alors que nos regards se croisèrent.

    Derrière ses lunettes à montures plastique, ses pupilles noires me fixaient avec insolence. J’avais l’impression qu’elles me transperçaient. Plus il me toisait, plus j’avais cette sensation de rétrécir. Son insistance commençait à me faire peur. J’étais devenue une proie. C’était comme si tout à coup, je me retrouvais nue au milieu de la foule.

    Étrangement, sa silhouette me rappela quelqu’un… Mais cela était totalement impossible, puisque nous l’avions enterré il y a déjà 4 ans.

    C’est alors qu’un détail m’interloqua.

    L’homme portait d’étranges gants blancs.

    A cet instant précis, je sus que j’allais mourir.

    • Jen

      La posture et le regard de l homme m.ont aussi évoqué le prédateur. Je me suis finalement orienté vers le contrôle! J aime beaucoup le rendu de votre texte!

    • Cloud

      Excellent. Avec les phrases courtes, on sent bien la tension monter. Bravo et bienvenue.

    • Photonanie

      Brrr! ambiance de Halloween avec ce mort-vivant aux gants blancs!

    • Terjit

      Bravo Marlabis ! Le rythme va très bien avec l’idée de prédation, et la chute est parfaite. Merci !

    • Kroum

      Une première participation très réussie ! Une tension palpable dans ton texte. Bravo Marlabis !

    • Tara

      Ces quelques lignes sont alléchantes ! La description des ressentis est bien réussie. Le basculement vers la 2eme partie et la fin est un peu précipité pour mon goût. Mais ça donne un rythme intéressant.

    • marinadedhistoires

      Whaou, on se croirait dans « Rencontre avec Joe Black ». Ton texte est percutant, bravo !

  6. Tara

    (Cela fait longtemps que je n’avais pas participé, mais c’est les vacances, et j’ai eu envie de m’amuser autour de la contrainte du jour. On est bien d’accord que « thématique » et « mot » ce n’est pas la même chose hein ? Alors voilà : )

    Ce contrôleur en train de me dévisager méchamment me pousse encore à accélérer le train dans mon train-train quotidien. Au train où vont les choses ce matin je vais être en avance malgré une mise en train laborieuse au réveil. Mais la perspective de rompre agréablement avec mon modeste train de vie habituel, et de retrouver quelques amis pour mener grand train dans le meilleur restaurant de la ville me donne de l’entrain. Mon arrière-train confortable ne m’aide pourtant pas à aller bon train, sauf aujourd’hui où  j’abandonne volontiers mon train de sénateur usuel  pour terminer mon trajet à un train d’enfer.

    • Kroum

      Super ces jeux de mots ! Bravo Tara !

    • Laurence Délis

      Tu as bien fait de venir t’amuser, Tara 🙂

    • Plume47

      Jolie performance !

    • Photonanie

      Joli et rythmé comme le bruit…du train!

    • Cloud

      Bravo pour ce texte ! On jubile sans crier gare…

      • Tara

        « sans crier gare » bien joué Cloud !

    • Terjit

      Votre amusement se voit si bien à la lecture que c’est un régal. Merci pour ce petit moment ferroviaire 🙂

    • Tara

      Merci pour tous ces commentaires, ravie que mon petit exercice soit ainsi reçu.

    • marinadedhistoires

      Quelle prouesse de jeux de mots, j’adore !

    • Alexandra K

      Hahaha ! 😀

  7. Laurence Délis

    Onze prises. Onze ! Ils lui ont dit, on a besoin de toi à sept heures et au plus tard dans trois heures, tu es libre. Mais c’est sans compter sur les problèmes techniques qui se sont greffés au fil de la matinée. A ce rythme il va rater son rendez-vous de début d’après-midi. Bon sang que c’est long, l’attente. Ces temps-ci il cumule et il est fatigué.

    C’est qu’il bossait aussi la nuit dernière. En extérieur, cette fois-ci, devant une gare routière. Il a dû faire face au brouillard, à la pluie et au vent glacial. La totale. Il a d’ailleurs cru qu’il allait attraper une pneumonie. Au moins là, il évite les courants d’air froid et les intempéries de saison.

    Il se demande quelle heure il est. Il pense que, mine de rien, il peut soulever le haut de son gant et, ni vu, ni connu, regarder sa montre. Il faut rester discret bien sûr et éviter de bouger à cause du réglage de la lumière et du cadrage exigé par le grand chef.

    Allez, c’est reparti pour un clap de plus ! Il réajuste son gant. Regard camera. Visage grave, légèrement incliné vers le bas. Compter jusqu’à dix dans sa tête, puis lâcher sa réplique. C’est la seule qu’il prononce dans ce long métrage. Il fait avec. Ça fait trente ans qu’il joue, trente ans qu’il galère de casting en casting, à jouer la plupart du temps dans des publicités ou des films de seconde zone et, dans les meilleures années, à décrocher des seconds rôles dans de grosses productions.
    Certains jours le découragement le rend maussade, mais il y a tous les autres jours, passionnés, heureux. Toutes ces rencontres, tous ces rôles qu’il endosse, dont il ne peut se passer. Et il le dit et le répète, comme un leitmotiv, à son fils qui débute, : « Dans ce métier il faut avoir de l’enthousiasme à revendre. Il faut y croire pour poursuivre la route jusqu’au clap final. »

    • Jen

      L actualité sociale détournée en mélancolie temporelle. C est doux!

    • Cloud

      J’aime ton texte. Après l’avoir lu, on regarde la photo différemment.

    • Photonanie

      Belle interprétation de la photo et du personnage.

    • Terjit

      Attendre, désespérer, s’agacer, mais y croire toujours : beau message. je souhaite au fils d’avoir la même ténacité. Bravo pour ce texte sensible

    • Kroum

      Dur rôle que celui de second mais il faut aussi faire chauffer la marmite. Bravo Laurence delis !

    • Tara

      L’intérêt de la contrainte (la thématique interdite) apparaît bien dans ce texte comme dans d’autres : elle incite à l’interprétation et donc à la créativité, au delà d’une lecture directe. Belle idée encore, et bien présentée.

    • marinadedhistoires

      Bravo, je trouve que l’expression du personnage est tout à fait en adéquation avec les réflexions que tu lui attribues.

  8. Plume47

    Je m’ennuie
    Je m’ennuie ici
    Je m’ennuie là – bas
    Je me suis ennuyé marié
    Je m’ennuie dans le célibat
    Je m’ennuie dès potron-minet
    Je m’ennuie après le souper
    Je m’ennuie au cinéma
    Je m’ennuie à l’opéra
    Je m’ennuie
    Mais où donc est ma vie ?

    • Jen

      Cette image transmet de multiples idées parfois complètement divergentes. En la voyant je n ai pas imagine la langueur ms ca marche plutot bien aussi!

    • Cloud

      En tous cas, on ne s’ennuie pas à lire ton texte. C’est presque une chanson.

    • Photonanie

      On a tous des moments de questionnement sur le sens de tout ça…Bien rythmé ce texte!

    • Marlabis

      Simple, net et sans ennui !

    • Terjit

      Un poème, une chanson, une litanie ? Je ne sais pas vraiment mais c’est un beau texte.

      • Plume47

        Je ne sais pas moi-même. ..

    • Kroum

      Je ne m’ennuie jamais à te lire. Bravo encore pour ton texte Plume47 !

      • Plume47

        Merci beaucoup pour tous vos commentaires. C’est vrai j’écris court…je ne sais pas faire autrement !

    • Tara

      Jolie contruction ! C’est même visuellement esthétique ! Ou comment faire quelque chose de chouette à partir d’un seul mot évoqué par la photo proposée…

    • Laurence Délis

      Effectivement dans ce regard on peut y lire la lassitude de toute une vie et c’est parfaitement retranscrit. Bravo !

    • marinadedhistoires

      Le pauvre, comment le sortir de là ? L’ennui est le pire des enfermements et ton texte rend cela très bien

  9. marinadedhistoires

    https://wordpress.com/post/marinadedhistoires.wordpress.com/966

    Rêve de geôle

    Qui suis-je ? Mais qui suis-je donc avec mes gants blancs et mon regard en biais ?
    Hé oui, vous avez bien deviné : un prestidigitateur, un magicien, quoi. Un haut gradé dans le métier, même ! Voyez les trois baguettes alignées dans la poche de ma veste !
    Jusqu’à aujourd’hui j’étais libre, libre de courir dans les champs, de me promener dans les villes, de danser dans les rues, de penser, de choisir, de faire tout ce que je voulais … Mais tout à coup, cette liberté totale a commencé à me peser : trop de possibilités, trop de difficulté à prendre telle ou telle décision, à aller à tel ou tel endroit… Alors, j’ai fait apparaître l’enfermement et je me suis réfugié à l’intérieur ! Je ne vois plus le monde qu’à travers une petite fenêtre maintenant et cela me va très bien ! Monde, je te salue, casquette basse ! Tu peux continuer sans moi, je te quitte avec joie ! Limité à mes besoins les plus primaires, je mange, je bois, je dors, je ne lis même plus, car rien ne m’intéresse en ce triste univers… Que les actifs s’en débrouillent et que les affranchis s’en accommodent, moi je reste dans mon petit coin, verrouillé, barricadé, protégé, bouclé. Quoi ? Que dites-vous ? Je ne vais pas tenir longtemps ?! Oh, que si ! Je vais même jeter mes baguettes par la fenêtre pour ne jamais être tenté de faire réapparaître la liberté !! Mais, que se passe-t-il ? La fenêtre est bloquée, impossible de l’ouvrir…
    A l’aide, à l’aide !

    • Photonanie

      On ne fait pas toujours ce qu’on veut et le destin est parfois cruel 😉

    • Cloud

      C’est bien un paradoxe fréquent : vouloir tout et son contraire. Et on s’imagine magicien au point de croire à la possibilité de renverser les situations quand on le souhaite. Joli texte. Merci

    • Terjit

      Choisir l’enfermement est aussi une liberté… sauf que parfois les éléments s’acharnent ! Beau texte

    • Kroum

      Inattendu comme thème ! Très réussi d’écrire à l’opposé de la majorité prônant plutôt la liberté ! Bravo pour cette prouesse !

    • Tara

      Voilà encore une belle idée ! Heureusement Alexandra a réduit notre liberté autour de cette photo, elle a bien compris que trop de liberté risquerait de nous fatiguer ? En tous cas ce texte montre bien l’ambivalence de nos choix.

    • Laurence Délis

      Quand ce que l’on a plus devient essentiel…Un paradoxe au goût amer… Bien vu Marina.

  10. Photonanie

    L’accompagnateur

    Il m’attendait comme tous les matins, pareil à lui-même. Pareil? Non, aujourd’hui il avait mis des gants blancs. Quelle drôle d’idée! Peut-être voulait-il me dire ce qu’il avait sur le coeur depuis si longtemps ou peut-être qu’il avait un problème de peau et voulait le cacher… Ou peut-être encore avait-il eu à manipuler des choses précieuses à ne pas graisser de ses doigts? Ce serait étonnant quand même, on n’envoie pas de cette manière des choses précieuses et pour les autres, si on met des gants, on ne les choisit pas blancs. Ces gants avaient un petit côté suranné qui me laissait perplexe. Non c’est certain il avait mis ses gants pour me parler et m’avouer ses sentiments. J’avais bien vu qu’il me regardait toujours longuement et était très prévenant à mon égard.

    Tous les jours à 7h30 il se trouvait exactement devant la porte vitrée que j’empruntais. Bien sûr que ça m’intriguait, depuis le temps que ça durait! Au début je n’avais rien remarqué mais, à la longue, je ne pouvais pas ignorer son manège et ses regards en coin. De mon côté, j’avais commencé à lui sourire quand je l’apercevais même si lui restait toujours aussi sérieux et professionnel.

    J’allai prendre ma place, sortis un magazine dans lequel je me plongeai non sans relever les yeux à intervalles réguliers pour voir ce qu’il faisait. Il déambulait de place en place toujours ganté. Bizarre quand même… Je devenais nerveuse, lisant et relisant sans cesse les mêmes lignes qui sautillaient devant mes yeux.

    Le temps passait et il était bien le seul: rien ne se passait d’autre. J’allais bientôt arriver à destination et je me décidai à me rendre au petit coin tout en le cherchant du regard.

    Et c’est là que je le vis, en première classe, servant le café aux passagers privilégiés. C’était donc ça et le roman que j’avais élucubré toute seule s’envola avec les nuages…de lait!

    Et pour venir « dans mon salon » c’est https://photonanie.com/2019/10/28/brick-a-book-346/

    • Cloud

      Au moins, il aura alimenté le rêve pendant quelque temps. Et qui sait, le serveur peut également devenir l’amant et avouer demain ses sentiments… en gants blancs.

      • Photonanie

        Bien vu: le beurre et l’argent du beurre en quelque sorte 😀

    • Marlabis

      A qui cela n’est-il jamais arrivé de se faire des films sur une personne que l’on croise régulièrement ? J’étais loin de la chute finale…

      • Photonanie

        C’était un peu mon but le patatras de la fin 😉

    • Terjit

      Joli fantasme, dommage que la réalité rattrape le personnage.

      • Photonanie

        C’est souvent comme ça 😉

    • Kroum

      Quelle chute savoureuse malgré la grosse déception pressentie ! Bravo Photonanie !

      • Photonanie

        Merci Kroum 🙂

    • Tara

      Comme j’ai mis une douzaine de fois le mot « train » dans mon texte, je peux me permettre de noter que si celui ci ne le contient pas, il raconte néanmoins une histoire qui se passe dans un train ?
      Mais la chute est jolie.

      • Photonanie

        Tu peux te le permettre bien sûr 😉

    • Laurence Délis

      Quand l’imagination prend le pas sur la réalité la chute s’avère souvent brutale. Hélas !
      « Le temps passait et il était bien le seul » ça me plait 🙂

      • Photonanie

        Merci Laurence 🙂

  11. laura vanel-coytte

    Bonjour,

    Voilà ma participation et le lien vers elle sur mon blog:

    Fraude

    On se scandalise que tel homme politique a fraudé fiscalement et on se félicite qu’il soit en prison; alors pourquoi tous les hommes politiques qui ont fraudé fiscalement ne sont-ils pas en prison? Comme celui qui jurait qu’il n’avait jamais fraudé les yeux dans les yeux….

    Mes concitoyens se scandalisent de la fraude d’untel. Mais ne contreviennent-ils eux-aussi à la loi lorsqu’ils roulent comme des fous par temps de pluie ou se garent comme des pourciaux?

    Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est …[1]

    Merci et bonne journée

    • Photonanie

      J’ai un peu de mal à relier le texte à la photo…

      • laura vanel-coytte

        fraude dans les transports… très courant

    • Tara

      Il me semble que le lien vers le blog n’a pas été mis ?
      Sinon pour moi le lien dans ce texte entre le contrôleur de la photo et la notion de fraude m’avait bien sauté aux yeux.

      • laura e vanel-coytte

        Tara: il suffit de cliquer sur mon nom ci-dessus

  12. Terjit

    Bonjour à tous, ma proposition sur cette photo pas évidente…

    « Katana land »

    Kimitake Hiraoka est le digne héritier d’une longue lignée, alors ce matin le rituel immuable depuis 8 générations fut respecté : un petit déjeuner copieux, une douche presque froide, des habits lavés de la veille… et au boulot ! Au moment de partir il déposa un tendre baiser sur les lèvres de Yatsuko, elle lui souhaita une bonne journée, et sur le front de son adorable fille encore endormie.

    Le ciel était clair ce matin, la rue encore déserte et l’humidité de la veille avait lassée place à une légère brise tiédie par son passage au sud. Kimitake traversa la rue jusqu’à sa voiture, entra et referma la porte sur le monde extérieur. Il mit le contact, boucla sa ceinture et enclenchât la première. Il n’avait toujours pas progressé en coréen mais par prudence il alluma la radio avant de passer devant le garde de la résidence : il savait qu’il fallait faire bonne figure et surtout être prudent. Les haut-parleurs crachaient des phrases syncopées sur un ton martial, il afficha son sourire le plus convaincant et fit un petit signe amical au sbire en uniforme qui ne lui répondit que par sa rigidité habituelle.

    Il s’engouffra dans l’avenue du peuple, qui n’en avait que le nom puisque réservée aux véhicules du régime, fit les trois cents mètres qui séparaient sa maison de l’immeuble de la sécurité nationale, afficha de nouveau le sourire de rigueur et se gara sur sa place réservée.

    Son assistant l’attendait comme chaque matin sur le pas de la porte blindée réservée au personnel. Il avait été dédié au service de Kimitake dès son arrivée, autant pour lui servir d’interprète que pour le surveiller, il le savait bien mais c’était la règle du jeu. Ce jeune homme était la seule personne que Kimitake cotoyait qui parlait un japonais parfait. Comme il était interdit de poser la moindre question personnelle ils ne savaient rien l’un de l’autre, mais ils savaient tous deux qu’ils étaient d’Osaka par quelques expressions impossibles à connaître pour un étranger. Une secrète admiration les liaient : le plus jeune avait probablement quitté son confort pour mettre en accord ses convictions politiques avec sa vie, le plus âgé ne s’intéressait pas à la politique mais avait fait ce choix pour que la tradition ne se perde pas, pour exercer son art, tout simplement.

    Ils passèrent les trois portes sécurisées pour enfin arriver dans le corridor métallique menant à la salle d’exécution. Le jeune homme sortit la clef de l’armoire renfermant le katana et tendit les gants blancs avec respect au maître. Ils n’échangèrent aucun mot, chacun connaissant avec précision la procédure.

    Kimitake jeta un œil à la liste du jour : 5 hommes et 2 femmes. Les raisons de leurs condamnations ou leurs noms n’avaient aucune importance : le bourreau n’est qu’un exécutant, il fait son travail sans état d’âme, sans se soucier du bien ou du mal. Totalement concentré Kimitake enfila lentement ses gants, tourna la tête sur la droite pour la photo officielle : celle qui sera envoyée aux familles comme preuve de l’intransigeance de la justice et pour facturer la paire de gants qui sera inévitablement souillée après la décapitation.

    Son travail accompli Kimitake se lavera les mains, refera le chemin en sens inverse, saluera l’assistant, montera sans sa voiture, allumera la radio, prendra l’avenue du peuple, fera les trois cents mètres, sourira au sbire, se garera devant chez lui, poussera la porte, embrassera sa femme, aidera sa fille à enfiler son manteau, la tiendra par la main jusqu’à l’école, l’embrassera en lui souhaitant une bonne journée.

    En revenant il aura un petit sourire en se souvenant de son père, de son grand-père et de tous les autres avant eux qui avaient placés la décapitation au rang d’art. Il aura le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait pour être digne de la tradition, jusqu’au lendemain, jusqu’au mois prochain, jusqu’au moment où le régime décidera de son remplacement.

    • Photonanie

      Traditionnel et cruel tout à la fois…et bien tourné

      • Terjit

        Merci.

    • Kroum

      Content de retrouver ta belle plume et quel merveilleux récit ! Les mots sont choisis, une connaissance apparante de cet art de la décapitation et de ces pays, un message présent entre les lignes. Bravo Terjit !

    • Tara

      Ce texte m’a évoqué aussi le mot « glacial ». J’ai aimé l’angle choisi d’une journée « comme une autre » avec ses rituels et ses habitudes, qui montre qu’on peut tenir un rôle monstrueux et avoir un quotidien banal et bien huilé.

    • Laurence Délis

      Un texte dérangeant fort bien écrit, pour un métier qui l’est tout autant…
      J’ai beaucoup aimé la progression du récit, même si après lecture, il m’a semblé que l’intensité de la chute aurait gagné en profondeur sans les deux derniers paragraphes.

    • rizzie2

      Superbe texte qui fait froid dans le dos à souhait !!!

  13. Cloud

    Le récit est glacial, mais très bien mené. Ravi de te relire, Terjit. Et avec toujours autant de plaisir. Merci.

    • Terjit

      Merci Cloud, même si ce n’est qu’épisodique ces derniers temps c’est toujours un plaisir de venir par ici.

  14. Marlabis

    Terrifiant… Mais sacrément bien écrit !

    • Terjit

      Merci !

  15. marinadedhistoires

    Superbe récit d’une routine glaçante. C’est intéressant de voir comment chaque participant a utilisé les gants blancs dans son texte.

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