Atelier d’écriture 359
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- Dans le silence, la lumière. | Palette d'expressions-Laurence Délis - […] Une photo, quelques mots Bric à book 359 […]
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Bonjour, voici la participation à l’atelier n° 359 https://janickmm.wordpress.com/2020/02/09/coute-que-coute/
Elle s’avance, lentement, ses pieds glissent sur les pavés, heurtent parfois une aspérité, tel un automate mal réglé. Cette sensation d’avoir revêtu un scaphandrier de plomb, chaque pas lui coûte, les jambes sont lourdes à soulever, elle puise au fond d’elle une énergie considérable pour un pas, puis un autre, vers une issue fatale. Son petit coeur d’enfant frappe fort, fait vibrer tout son corps frêle, menu, fragile. Encore quelques mètres, une éternité …
Elle avance, les yeux brouillés de larmes chaudes, la bouche sèche, la gorge serrée, tout vibre, son corps se raidit, tout bourdonne, une nuée d’insectes semble s’être emparée d’elle. Un pas, encore un pas. Elle est seule, de cette solitude dont lui parlait sa grand-mère, lors de grandes cérémonies, on est toujours seul, lui disait -elle.
Les deux pieds joints, elle reste debout, devant la chaise, sur laquelle elle n’aura pas le droit de prendre place, rester debout. L’air se raréfie, son coeur tape et frappe sous le poids de la terreur, de l’injustice, du refus, l’angoisse le voile d’un crêpe noir. Ses jambes flageollent, se ramollissent, se dérobent … des millions d’insectes l’environnent, percutent ses tempes, elle s’accroche, accroche son regard pâle à la vierge et l’enfant sur le vitrail, au fond du parvis. La vision se déforme, la vierge serre fort le petit être dans ses bras, si fort, tellement fort que l’enfant se débat, a du mal à respirer, il se plie en deux, halète …. tombe … un bruissement d’étoffes accompagne sa chute, une masse informe gît aux pieds du colosse : son futur mari.
Le taffetas blanc de sa robe, la dentelle de son lourd voile, les jupons emberlificotent la délicatesse de son corps d’enfant, onze ans et demi, tombé sur les dalles de pierre, quelques secondes avant le début de la cérémonie du mariage arrangé, forcé, monnayé.
On ressent bien la souffrance causée par ce mariage contre nature qui reste malheureusement une réalité dans certaines cultures. Bravo.
c’est vrai, merci à toi
Un texte poignant et des contrastes saisissants pour décrire une réalité si dure et encore réelle dans certains pays du monde.
En effet, c’est terrible, « ces viols » permis et attestés par les parents … merci à toi
Un texte poignant et des contrastes saisissants pour décrire une réalité si dure et encore réelle dans certains pays du monde.
Ce n’est pas toujours le plus beau jour de sa vie…
Superbe dans l’intensité du drame ! Et bravo pour la chute que je n’ai pas vu venir.
Merci à toi Laurence,
Cette image nous a renvoyé du doux je vois…
Je vais aller te lire, alors, merci à toi
Une ambiance pesante très bien décrite …j’en ai eu des frissons. Une chute que je n’avais pas vu arriver! Bravo Janickmm
Merci à toi Titounette
Un texte puissant et dramatique. Et beaucoup de souffle. Bravo.
et de cran, de la part de cet enfant, merci à toi Cloud
Envolés les drames de sa longue vie,
cadenassés les secrets à l’infini,
remémorés les souvenirs joyeux,
oubliées les femmes où c’était un jeu,
pardonnés tous les péchés inavouables,
confessés les aveux abominables.
C’est dans cette église de campagne,
d’une beauté admirable,
que dans une heure, les 103 ans de ta vie vont être célébrés de manière honorable.
Autour de ton cercueil, tes proches qui t’accompagnent.
Tracé son chemin sur cette planète terre,
rêvé son destin pour en être fier,
attendue son arrivée 9 longs mois,
fêtée sa naissance aussi avec toi,
profités les premiers jours dans tes bras,
embrassé le poupon une dernière fois.
C’est dans une synagogue de la ville la plus proche,
baignée d’une lumière qui traverse le toit,
que demain, nous allons célébrer l’entrée de ton arrière petit-fils dans la foi,
entourés de nos proches.
Un joli résumé d’une vie qui s’en va et d’une autre qui s’en vient. L’inscription dans la foi, le passage d’une communion a une autre, toujours avec recueillement.
Dans une famille, souvent un décès précède une naissance comme pour ne pas prendre trop de place sur terre…Comme un passage de relais.
La vie, La mort
Tout est cycle et passage.
Joliment dessiné dans ce poème
Comme une transmission… J’aime la continuité de la vie en dépit de la mort. Et ton texte le dit bien. Merci Kroum.
Implacable ballet (et balai) de la vie. Très beau !
J’aime beaucoup cet hommage à Kirk Douglas, bien vu !
J’aime beaucoup le rythme donné à ton texte. Clin d’oeil hommage à Kirk Douglas sacrément bien placé! Magnifique
Un beau poème où s’entrelacent les mots et les générations.
» Le comble serait que les vitraux puissent se parler et nous parler » pensait le jeune homme, assis au troisième rang, côté nef. Rêveur par habitude, il contemplait religieusement le panneau coloré, en conversant silencieusement avec lui. Il pensait aux petits personnages de part et d’autre des deux grandes figures du milieu, qu’il supposait être d’importantes représentations religieuses, bien qu’il en ignorât totalement le sens profond. Ce genre de choses ne l’a jamais intéressé.
« Combien de personnes sont venus ici ? Pour se réfugier, se confier, prier, pleurer la mort d’un proche ou fêter le baptême d’un nouveau-né ? Cette église est-elle plutôt emplie par la joie, le bonheur, ou la tristesse et le désespoir ? ». La pensée de la jeune fille, située à quelques mètres du jeune homme, lui faisait écho, quelque part. Plus poétique dans la rêverie, elle lui ressemble tant, et ce petit adolescent penché vers les vitraux, sociable par habitude, mystérieux en profondeur. Elle, douce et patiente, donnerait bien quelques pièces, façon de parler, pour être rassurée concernant son avenir, empli par les incertitudes de la jeunesse, ce qui l’angoisse tant. Ils iraient bien ensemble, finalement..
« C’est franchement long là, on sort quand ? J’ai faim en plus, et envie de pisser aussi… ». C’était là la formule du grand blond, celui placé derrière la fille, au dernier rang, côté confessionnal. Hermétique à toute forme d’art, y compris ces vitraux « trop difficiles à comprendre, ça doit vouloir rien dire j’suis sûr », il s’était retrouvé décontenancé par le petit minois de la jeune rêveuse, qu’il dépassait d’une tête et demie. Il n’avait cessé de fixer sa chevelure lisse et claire, et la naissance de ses yeux, qu’il pouvait deviner lorsqu’elle tournait légèrement la tête. Mais l’envie d’uriner, couplée à l’ennui de la visite, avait fini par l’emporter, et il n’aspirait plus qu’à sortir.
« Très belle église, moderne, pas tout à fait romane… Et les vitraux, qu’ils sont splendides ! Jacques Grüber ? Ou un autre de la même période dans ce cas. ». Le seule type au premier rang. Un petit brun aux cheveux bouclés, par rêveur mais pragmatique. Pas trop sûr de lui, mais sûr de ce qu’il veut. Un futé sans aucun doute.
« Toujours aussi beaux ces vitraux… Et quelle ambiance… Je l’aime cette église. Vraiment. » Ça, c’était le professeur. Le seul qui soit passé par toutes les émotions de ses élèves, qu’il a ressenties tour à tour, à différentes étapes de sa vie. Un décès, un mariage, une naissance, un décès… L’église symbolise pour lui beaucoup plus d’un simple monument historique. C’est un témoin de sa vie. Pour toujours et à jamais.
Ma participation sur mon site –> https://larbrealire.blogspot.com/2020/02/atelier-decriture-n359-la-classe-et.html
Super bonne idée de montrer ce que peuvent ressentir différentes personnalités face à un même lieu. Un texte très vivant.
C’est chouette de se glisser ainsi dans différentes pensées et différents ressentis au même endroit, au même moment.
J’aime bien l’idée de connaitre les pensées de chacun face au même spectacle.
Ca rend les vitraux, cet endroit, vivant.
C’est tellement ça aussi, les pensées tout azimut, même (ou surtout ?) dans les lieux de recueillement. Bien vu Victor !
Pas mal du tout, ce tableau de perceptions croisées. Bien peint.
Excellente idée sur fond d’orgues. Bravo.
https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2020/02/il-priait-inspiration-atelier-bric-book.html
Belle semaine à tous!
Chaque semaine après le catéchisme et après ça,
le petit garçon s’asseyait pour observer les vitraux.
Il s’imprégnait de la force éclatante du lieu, pour appeler au secours.
Il priait silencieusement mais avec obédience que tout s’arrête, qu’il soit dénoncé, vilipendé,
que quelqu’un découvre enfin la supercherie,
la profanation du temple de dieu par son gardien.
Malgré tout l’espoir vigoureux arrimé à lui, il n’a jamais rien fait.
Pendant toutes ces années,
ses parents, confiants, en l’homme et au symbole,
ont confié leurs fils qui, de petit bonhomme apeuré est devenu jeune homme désorienté et enragé,
Ravagé, par ses caresses, ses intentions, ses punitions, que lui, clamait amour.
Qui protège les enfants des immoraux au sexe déviants et frétillants ?
Un thème grave que tu as su aborder en quelques mots. Poignant.
Horriblement vrai! On a le coeur serré en pensant à ce petit garçon.
Une réalité terrifiante portée par des mots justes et pudiques.
Toujours d’actualité, hélas…
Ton texte parvient à parler de l’inadmissible avec perfection. Bravo Jen !
Ton texte est très fort car il est crédible et très bien écrit avec beaucoup plein de sensibilité et de révolte.
Je t’attendais là..et tu es là!!
ah suis je trop prévisible? 🙂
Que d’heures passées
en ce lieu
toute ma jeunesse
à prier Dieu
ses anges et ses saints
tes seins plutôt
mon esprit s’évade
tes hanches aussi
la musique aidant
mes rêves s’envolent
au delà de ces murs
sombres comme les minutes perdues
par delà les vitraux
colorés comme tes joues
roses de plaisir,
améthyste comme tes yeux
vêtue de cet émeraude
si spécial
Magnificat, magnificat
anima mea, domine
le latin se chante
l’amour se murmure
que de cantiques j’ai transformés
en ce lieu
tu es ma bergère
rien ne saurait me manquer
bien sur ! je dévorais ta bouche,
parcourais ton corps
nous nous fabriquions des ailes
comme les anges
pour vivre enfin
hors de ces murs.
Nous , je priais…te priais
Tu répondais en canon
ils ne voyaient rien
nos prochains !
Aimez vous les uns les autres
les premiers seront les derniers
etc..
la vie est passée et tu es
toujours ma bergère
rien ne saurait me manquer.
J’aime beaucoup l’intime mélange entre les formules religieuses et la vraie vie qui triomphe pour le meilleur.
Un vrai chant d’amour!
Superbe
Joli !
Aimer et être aimé. Sans aucun doute un des plus beaux miracles de la vie 🙂
Une vraie réussite ton texte et comme une belle description d’un vécu, je l’avoue 🙂 bravo Françoise Clamens !
Magnifique, magnifique. Ca m’a rappelé le poème de Prévert :
« Une fille nue nage dans la mer
Un homme barbu marche sur l’eau
Où est la merveille des merveilles
Le miracle annoncé plus haut ? »
C’est superbe Francoise! J’aime beaucoup. Tu t’envoles!;)
Superbe ! J’adore ! C’est beau, magnifiquement écrit. Plein de références délicatement glissées et remises au goût temporel. Mille bravos. Alleluia…
La cachette était idéale. J’étais quasi certain que Max et Denis n’oseraient pas mettre les pieds à l’église en dehors du dimanche à l’heure de la messe. Ils avaient beau jouer les durs et me harceler souvent, ils pétaient de trouille devant les châtiments divins. Moi, c’était la première fois que j’y entrais et ça m’a fait marrer d’imaginer les deux caïds du village fuir le lieu comme la peste. A cette heure, le calme régnant comblait étrangement le silence. Je crois en avoir été surpris, si bien que je suis resté un long moment sans bouger, ni sans songer à m’asseoir, même si j’avais le choix de la place, vu qu’il n’y avait personne. Bref, j’ai pas bougé. Après coup je me demande si je n’ai pas été attiré par la lumière, mais sans réellement la percevoir. Faut dire que j’avais encore le cœur qui battait à cent à l’heure et je peinais à reprendre ma respiration après cette course poursuite. J’ai fini par me débarrasser de mon cartable pour attraper ma bouteille d’eau. J’ai également sorti mon carnet de croquis. Après tout, autant profiter d’être là pour dessiner ce que je voyais pour la première fois, et pour cause : la religion, Dieu, les sermons et les paraboles, ça foutait en rogne mon père. Fallait pas chercher bien loin pour savoir pourquoi. Faut dire que ma mère avait fichu le camp avec le diacre alors que j’avais à peine deux ans, pfuit, envolés les tourtereaux et à mon avis ils ont bien fait de pas revenir. Parce que ça jase encore dans le village. Ouais, pour sûr, ça alimente les soirées d’hiver.
Bref. Malgré l’humidité ambiante j’étais plutôt bien dans l’église. Alors j’ai fini par m’installer pour dessiner. J’ai feuilleté mon carnet pour trouver une feuille vierge, passant rapidement sur toutes les caricatures que je m’amusais à faire pendant la récréation – celles de Max et Denis étaient de loin les meilleures mais ils étaient trop cons pour l’admettre –, et j’ai commencé par esquisser la poutre centrale et l’allée encadrée de dizaine de bancs, puis le bénitier et le pupitre. Les luminaires suspendus qui n’éclairaient pas grand chose. Ensuite, j’ai pris du recul pour les vitraux. C’est à ce moment-là que j’ai estimé le silence. Le silence dans la lumière. Ça m’a porté si loin que je me suis demandé comment il était possible à travers du verre et des couleurs d’illuminer non seulement un lieu mais ce que j’avais à l’intérieur de moi. J’étais captivé – ensorcelé, ai-je même pensé -, par les nuances franches qui s’affichaient devant moi, et tentais, un peu désespéré par l’ampleur de la tâche, de retranscrire à l’infini ce que mes yeux percevaient de la lumière. J’ai usé mes derniers pastels et puis j’ai remballé mon matériel et je suis sorti de l’église. C’est à ce moment-là que j’ai su. Oui, je n’ai pas eu de doute sur ce vers quoi irait mon avenir.
Un jour, je serai maitre verrier.
Superbe naissance d’une vocation chez ce jeune dessinateur. Beau texte.
Les destinées peuvent parfois se décider tôt et de manière surprenante. On y est très bien amenés par ton récit.
Une histoire pleine de tendresse pour évoquer la naissance d’une vocation. Nous ne savons pas toujours où certains chemins nous mènent jusqu’à ce que nos yeux s’ouvrent sur la vérité.
Bien vu, inattendu, très bien écrit.
Bel exemple de conversion, même si elle est profane…
Mon texte est à retrouver ci-dessous ou bien chez moi : https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/02/10/dans-ma-maison/
Dans ma maison
Dans ma maison, il y avait trois fenêtres qui offraient un céleste paysage, celui des anges et de la pureté, celui du divin et de la lumière
Dans ma maison vivait un peuple de bancs qui chaque dimanche accueillait un peuple d’humains
Dans ma maison on venait pour une parole, un regard, un peu d’eau ou de pain
Ma maison sentait bon l’encens et la communion
Dans ma maison, on chantait, on priait et on se réjouissait.
Dans ma maison, il y a trois fenêtres qui ne savent plus à qui offrir leur céleste paysage
Dans ma maison vit un peuple de bancs qui n’accueille plus jamais personne
Dans ma maison on ne vient que pour prendre quelques photos, vite fait bien fait.
Ma maison est devenue inodore
Dans ma maison règne le silence et l’ennui.
Je ne reconnais plus ma maison.
MH
Un avant/après bien décrit et bien réel. J’aime bien le rythme de ton texte.
Merci Photonanie, oui, je voulais marquer cette rupture.
Que de contrastes.
La lumière, la vie
Puis l’absence
C’est triste cette maison que l’on ne reconnait plus…
Merci Marie !
ça commence comme une comptine joyeuse et puis le lieu décrit nous rappelle que oui, de nos jours la désertion des églises est bel et bien une réalité. Bien vu Marinade
Merci pour ce commentaire, Laurence.
Belle description poétique et convaincante de la désaffection des églises.
Merci Cloud !
Bonjour tout le monde, ma participation se trouve chez moi sur https://photonanie.com/2020/02/10/brick-a-book-359-%e2%9c%8d%f0%9f%8f%bb/ et ci-dessous.
J’étais entrée dans cette église comme il m’arrive régulièrement de le faire en vacances. J’aime pénétrer dans ces enveloppes feutrées où les mots se chuchotent et les pas se font glissants.
Oh je n’ai rien d’une grenouille de bénitier, loin de là, mais j’aime ces endroits souvent solennels et grandioses. Peu m’importe d’ailleurs à quelle religion est consacré l’édifice si l’ambiance générale me plaît dès l’entrée. Les églises protestantes ont ma préférence pour leur côté dépouillé tandis que les orthodoxes m’étouffent un peu par leurs surcharges d’icônes dorées.
Je m’étais assise, machinalement, sur un banc inconfortable, seule. J’aimais la douce clarté diffusée par les luminaires ajourés qui pendaient du plafond mais ce qui m’intéressait le plus était le vitrail géant face à moi. Mon esprit s’évadait et je me demandais combien d’heures de travail méticuleux et de patience avait demandées cette magnifique réalisation multicolore. Depuis que j’avais lu « Les piliers de la terre« , je ne regardais jamais plus une église distraitement mais j’éprouvais toujours respect et admiration pour ses bâtisseurs.
Soudain, le silence éclata sous le souffle de l’harmonium! J’étais tellement plongée dans mes pensées, somnolant presque, que je n’avais pas entendu la porte s’ouvrir derrière moi. La musique emplissait à présent l’espace, le rendant joyeux, comme s’il venait de s’éveiller en sursaut . Je ressentais moi aussi cette allégresse malgré quelques notes discordantes. Je me laissais porter par la musique et mes rêveries prirent une autre direction, me ramenant à mon adolescence et mes chansons préférées.
Je compris qu’en poussant cette porte, j’avais rencontré, sans le voir, « l’enfant des cathédrales »! Et subitement j’étais redevenue l’adolescente qui rêvait de rencontrer son chanteur préféré.
L’arrêt de la musique me laissa un peu étourdie, reprenant pied dans la réalité.
Je me levai et me dirigeai vers la sortie, laissant glisser, sur le dossier du banc, mon manteau de rêves…
Les vitraux sont des oeuvres d’art!
J’aime beaucoup la dernière phrase et l’image du manteau de rêves – si poétique
Oh oui ce sont des oeuvres d’art et leurs réalisateurs de vrais artisans formidablement doués de leurs mains.
C’est vrai que ces lieux de culte ont une atmosphère bien particulière. On peut y être transporté de bien des façons 🙂
Merci Laurence de t’être laissée transporter par mes écrits.
On se laisse emporter aussi par ton texte plein de rêveries et de musiques diverses.
Merci Cloud de m’avoir fait confiance pour te guider…
Bonjour à tous.
Voici ma participation aussi disponible ici: https://latmospheriquemariekleber.wordpress.com/2020/02/10/la-priere-de-lisa/
L’eau sur son front pour conjurer le sort, offrir le paradis, si…
Le cri de Manon dans son berceau ne ressemble pas à celui de tous les nouveaux nés. La panique saisit Lisa.
Lisa prie, en pleine lumière, Lisa prie le jour, la nuit. Lisa prie pour comprendre. Lisa prie, le regard tourné vers les vitraux colorées. Un peu de répit.
Puis Lisa repart, le cœur remplit d’une dose d’espoir.
Manon est quelque part entre ici et ailleurs. Reviendra t’elle? Lisa veut y croire. Lisa veut plus de certitudes, moins de couloirs.
Manon se bat sûrement. Dans sa bulle, reliée à l’impensable, elle enchaine les heures. Dans un silence monastique.
Alors Lisa prie encore et encore, scande des prières face aux lumières. Sa foi comme un bouclier l’empêche de sombrer.
Manon s’en va. Doucement. Sans faire de bruit.
Un morceau d’histoire qui n’accroche pas. Seule Lisa se bat.
L’huile sur son front pour contrer le destin, elle est trop petite pour ça…
Manon ne reviendra pas. Elle repose sous un petit carré blanc dans la terre.
Quelques jours pour que la vie se taise à jamais.
Lisa prie. Par habitude. L’église est si jolie. Elle s’y sent à l’abri.
Quelle tristesse dans ce texte bien écrit…
beau et triste comme un grand reposoir
du Baudelaire à la sauce Laura
C’est très fort. Et la narration au présent accentue encore cette force.
Bonjour à tous et bonne semaine.
Encore un ressenti très personnel sur cette photo. Alexandra, tu as l’art de venir me déloger dans mes derniers retranchements !
C’est comme une ambiance
Un parfum âcre et relaxant d’encens déjà vieux du dernier office
Un silence presque oppressant mais reposant
On chuchote, on a peur de faire du bruit
Mais on a peur de quoi en fait ?
De trop s’entendre sans doute
Une lumière presque divine
Dès qu’un rayon de soleil traverse les vitraux
Elle vous transperce le cœur et l’âme
C’est rassurant et apaisant
Même si on ne croit pas
On se sent transporté
Les pensées vagabondent
Puis s’apaisent
Ça me fait toujours le même effet
Pourtant, qu’est-ce j’ai pesté quand arrivait le dimanche matin et que je devais me lever au lieu d’une grasse matinée
L’ambiance si bien décrite nous enveloppe doucement…
Merci, c’était l’objectif, contente que ça ait fait
Une belle description d’un moment singulier de paix…
Merci!
Ah, les messes du dimanche imposées ! 🙂
Souvent, Il en faut du temps avant de saisir le beau du lieu et tout ce qui s’en dégage…
je ne suis pas la seule à avoir vécu ça…
Oui tu as raison, il faut du temps
Ton texte donne envie d’entrer dans ce lieu tellement il transpire de sérénité. Bravo tristounette !
Bien vu. C’est un sentiment que beaucoup éprouvent, et c’et bien dit.
Bonjour,
Voilà ma participation que je publierais demain sur mon blog:
Mes lieux de culte
Mon premier lieu de culte, c’est l’église du village où mes parents se sont mariés et où j’ai été baptisé.
Puis il y eut la grandiose cathédrale: j’habitais à quelques mètres et le catéchisme était juste à côté.
Tant que j’ai vécu par là ou que j’y allais régulièrement, j’aimais y aller pour y prier ou juste y exister.
A l’époque où j’ai fait une année d’étude à Paris, les lieux de culte étant encore respectés, on pouvait aussi y entrer facilement.
J’en ai profité là-bas et ailleurs ; dommage que je n’avais pas encore la culture artistique pour apprécier toutes leurs merveilles.
En attendant, avec ma culture religieuse, je vivais une magnifique semaine pascale dans la Cathédrale de Reims avant de lire son histoire et son art.
Quand je connus mon mari, je pus comparer les types d’architecture selon les régions et les villes : Savoie, Hauts de France, Sud-ouest, Rhône-Alpes-Auvergne puis les pays : Suisse, Maroc, Venise, Istanbul pour parler que des endroits où j’ai séjourné assez longtemps.
Le dernier culte que j’ai revu avec lui après l’avoir visité trois fois quand nous y habitions (avec des gens qui venaient nous voir) : la grande mosquée Hassan II de Casablanca.
Retournerais-je à Venise visiter les églises (véritables musées d’art) comme nous avions prévenu d’y retourner pour nos vingt ans de mariage alors que nous y étions allés pour nos dix ans ? Là, j’arrête, car je pleure.
10 février 2020
Merci et bonne journée
Il y a partout de très beaux endroits. C’est vrai que certains lieux de culte s’apparentent parfois plus à des musées…
Les lieux de culte sont de très bons endroits pour méditer, se laisser aller aux pensées diverses, tristes ou réconfortantes.
et c’est beau
Bonjour, oups avec les vacances j’ai oublié de vous partager mon texte :
À l’heure du jugement dernier, me laisseras-tu passer les portes de ton Paradis ?
Moi, qui a osé commettre, à tes yeux, l’un des pêchés ultimes ?
Moi, qui a dû prendre cette si difficile décision ?
Moi, qui pourtant a toujours essayé de faire le bien autour de moi ?
Moi, qui a tenté le plus possible de m’éloigner du mal ?
Mais en fait, peut m’importe puisque je ne crois pas en tout ça…
Joli paradoxe existentiel…
Mars 1959.
Sébastien était un garçon gentil, sage, pas un mot plus haut que l’autre, serviable. Les voisins le montraient pour modèle, félicitaient ses parents. Mais Sébastien était las de cette image. Il rêvait d’être un casse-cou, un violent, mais il n’en avait ni le courage ni la capacité physique.
Alors, il allait chaque semaine à l’église du village, de réfugier dans le confessionnal, s’agenouillait derrière la grille qui ressemblait au dessous de plat de sa mère, et énumérait une liste de péchés imaginaires au bon Père Arrou, qui l’écoutait avec attention, lui chuchotait « Ego te absolvo ! » lorsqu’il en avait fini en lui recommandant quelques prières simples de pénitence.
Le Père Arrou était la bonté même, reconnu par les habitants du village, il faisait l’unanimité pour sa bienveillance, l’attention qu’il portait à ses paroissiens. Un saint homme, disaient les bigotes.
Sébastien racontait donc des fautes énormes, des vols, des violences commises sur ses camarades, des pensées honteuses à faire rougir le diable. Son imagination était intarissable. Jusqu’au jour où, en jetant un œil sur le journal de son père, il découvrit qu’un meurtre avait été commis non loin de là : Emile Lagoutte, l’instituteur, avait été assassiné chez lui dans des conditions atroces.
Le lendemain, Sébastien courut au confessionnal, retrouva à la hâte le Père Arrou, et raconta au prêtre qu’il était l’auteur du crime, détaillant son pseudo méfait avec force détails piochés dans l’article lu la veille. Puis il attendit la formule latine d’absolution, comme à l’habitude, mais cette fois-ci elle ne vint pas.
Sébastien repartit un peu embarrassé, attendit le matin suivant pour retourner vite au confessionnal avouer son mensonge auprès de l’ecclésiastique et recevoir ainsi le pardon divin.
En arrivant à l’église, il aperçut une agitation peu habituelle dans la sacristie. Le Père Arrou était menotté, entouré de deux gendarmes : il venait, en plein sermon face aux fidèles, de s‘accuser du meurtre d’Emile Lagoutte. Sébastien regarda un long moment le prêtre et murmura, un sourire incrédule aux lèvres : «L’abbé, il est vraiment trop fort ! On le croirait presque ! ».