Voici la première photographie !
Vous pouvez poster votre texte quand vous le souhaitez. Le but est d’écrire, de s’évader par l’écriture.
N’hésitez pas à vous commenter les uns et les autres, nous avons tous besoin en ces temps de confinement d’échanges et de partages.
A demain !
@Trent Bradley
Elle respirait, enfin. L’océan pourtant était loin. Il en restait à peine le souvenir, des rochers, un phare rutilant inactif, l’air… Elle accueillait chaque sensation comme un cadeau inattendu. Le souffle du vent semblait chargé d’iode, l’eau s’était retirée mais restait l’odeur des algues encore humides. Elle pouvait presque entendre les pinces des crabes qui claquaient frénétiquement à la recherche de leurs proies et dans ses chaussons ses doigts de pieds se recroquevillaient d’effroi. C’était bientôt l’heure du bain et déjà elle savourait le délice qu’allait être la caresse de l’eau sur sa peau nue, sa fraicheur. Enfin elle serait libre, légère. Il ne resterait qu’elle face à la profondeur, comme évadée de sa vie. Une once de douceur brute, la rage au cœur, elle pourrait nager sans réfléchir, s’oublier, sentir les rayons du soleil réchauffer ce qui restait d’épiderme à la surface. Le temps s’arrêterait, juste pour elle. Instant suspendu, éternelle bulle de douceur, l’immensité du ciel juste sous ses yeux et l’océan entier sous son corps balloté par les flots. C’est là que ses rêves étaient les plus extraordinaires, son imagination la plus débridée. Ils nourrissaient ses ailleurs, quand il fallait faire face au reste, aux autres, aux habitudes. Quelques minutes, certains étés, pour toute une vie. Resterait l’eau salée de ses yeux comme certitude que ça avait réellement existé et les minces traces de sel sur ces joues une fois la tempête passée.
Accoudée contre la rambarde, le visage ruisselant, ses yeux, douloureusement, se rouvraient. Il ne lui restait qu’à refermer la fenêtre, le pire, elle l’espérait, n’était pas encore là.
Un peu de fraicheur dans ce monde un peu sombre. Un bain de mer ? Hmmm… j’en frémis d’avance !!
Merci pour le voyage virtuel Manue
J’adore les bains… de mer
joli …
J’aime beaucoup « l’eau salée de ses joues » 🙂
A gla gla… (suis frileuse) 😉
Toujours une belle ode aux sens, Manue ! J’aime !
Bonjour à toutes et à tous. Je reprends un peu le plaisir de déposer mes textes ici, puisqu’ Alexandra nous en donne l’occasion. Et que écrire chaque jour sera un réel plaisir.
Pour celles et ceux qui me connaissent déjà, je vais reprendre mes petites habitudes de 1000 caractères aussi souvent que je pourrai. Voici donc le premier (1000 caractères espaces non comprises). Bonne lecture !
C’est pas mal ce recours aux mille caractères, surtout si on écrit un texte par jour ! 🙂
Un immense voilier à trois mats. Il était là, au loin, majestueux. C’était autre chose que les supertankers et autres immenses pétroliers qu’on avait l’habitude de voir à l’horizon.
Revenait-il des Indes, chargé d’épices ?
Revenait-il d’Espagne, les cales pleines de vin du Rioja et d’oranges sanguines ?
Où allait-il ? En Irlande ? Dans les pays baltes, scandinaves ? En Russie ? Au Pôle Nord ?
Quel équipage dirigeait ce voilier ? J’imaginais des marins tatoués, comme on les voit dans les films. Gros bras et tonneaux de rhum. Mon imagination voguait au temps des pirates et des corsaires ! Ah, quand l’imagination travaille ! Des pirates en 2020, ça n’existe pas ! Ça se saurait !
Je l’ai longuement regardé, admiré. J’ai rêvé de longues minutes devant ses voiles bariolées gonflées par le vent portant.
J’ai alors eu l’idée de le prendre en photo pour que mon père puisse l’admirer, lui qui adore les bateaux de l’ancien temps ! J’ai pris mon Olympus argentique. Comme il y a vingt ans, avant l’arrivée du numérique. Kodak 24 poses. 100 ASA. Dernière photo de la pellicule. Pas de droit à l’erreur. Il fallait qu’elle soit réussie.
Pourquoi ma fille est-elle arrivée juste au moment où je déclenchais ?
Je garde comme un trésor les photos de mon mari en argentique
Et soudain la bulle éclate! 😉
C’est un bien plus beau trésor ! Bien vu !
Hahaha, photobomb de la fille ! 😉 Bien vu. Eh oui, il n’y a pas si longtemps on faisait très attention à ce qu’on prenait en photo !
Hello voilà ma petite participation : »Cette balade vivifiante lui avait fait du bien, marcher, mettre ses idées en ordre, se vider la tête. Taire ses angoisses face à l’avenir, c’était plus facile ici que dans son minuscule appartement. La nature lui avait toujours fait cet effet là ; comme une mère qui berce son enfant. Un sentiment d’apaisement même quand tout allait mal. Il lui suffisait de regarder un arbre, une fleur, une rivière ou tout simplement les pâquerettes et les violettes et peu à peu les pensées noires se diluaient. Du coup, elle avait pris cette habitude, s’aérer la tête pour marcher. Et là elle était servie , elle avait volontairement ralentie le rythme pour être un peu en dehors du flot de touriste, avoir l’illusion que ce spectacle ne se jouait que pour elle, avoir l’impression d’être sur une île déserte. Elle s’arrêta net sur la balustrade, au loin elle avait l’impression que le soleil lui faisait signe avant de s’en aller, lui disait ne t’inquiètes pas ça ira ; ton chagrin passera, tu en sortiras plus forte. » eirenamg ( namg namg).
Qu’est-ce que je vais être forte?
!!!
le pouvoir de la marche en plein air !!!! magique.
C’est un peu l’idée de mon texte d’hier, donc, je ne peux qu’apprécier 😉
Le pouvoir du soleil, de la nature <3
La nature est son pouvoir apaisant. D’autant plus symbolique en cette période de confinement. Merci Namg de ta participation.
Un ciel nuageux, un horizon encombré… L’avenir est flou comme cette jeune femme au premier plan. Et pourtant, je peux communiquer aujourd’hui sans problème avec mes proches, je peux vivre une vie décente même si les inquiétudes sont présentes.
Ce phare, en bord de mer, cette envie de fuir le confinement de mon appartement parisien pour rejoindre la côte atlantique. Respirez le grand air, aérez mon esprit, fuir les contrariétés….
Ce phare, droit et fier si proche et si loin… Si clair et pourtant inaccessible.
Ce phare, cet objectif à court terme : grimpez jusqu’à son sommet, un pas après l’autre, marche après marche.
Ecrire pour s’évader, écrire pour oublier, écrire pour partager… Et pourtant je ne l’ai jamais fait. Comment dit l’adage déjà ? Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Voilà c’est fait.
Soyez indulgents… mais surtout soyez respectueux et prenez soin de vous.
Il faut une première fois à tout
Pour une première c’est plutôt bien !!! welcome !
Bienvenue et bonne continuation, c’est déjà bien parti.
Bienvenue !!!!!
Merci à toutes 🙂
Vos mots me touchent et m’encouragent.
Un texte qui revient sur l’importance d’accorder à chaque jour son objectif. Misons petit pour faire grand.
Merci, Benoît, d’avoir osé ! 🙂
De quoi s’aérer la tête ! Merci !
Bonjour Alexandra, Je trouve cette idée magnifique. Accepteriez vous que je partage votre photo avec ma communauté sur mon blog évidemment en faisant lien sur votre blog ? Bien sûr, je mettrais mon texte en commentaire ici aussi . J’attends votre retour. Dans l’attente, prenez soin de vous
Mais bien entendu ! Le principe est de s’aérer l’esprit ! Partagez autant que vous le voulez.
Je vous remercie, au contraire.
Voici mon texte :
Elle n’avait pas cru que cela serait possible de se retrouver là à côté de cette jeune femme et devant ce phare vu il y a si longtemps.
Elle n’était vraiment plus toute jeune. Elle n’avait jamais connu cela. Quinze jours, et encore tant de jours après au fur et à mesure que le virus se développait.
Comment faisaient les gens pendant les vraies guerres ? Est-ce qu’ils chantaient dans les abris?
Elle avait du dire « A bientôt » mais avait eu peur que cela soit « Adieu ». Elle aurait tant voulu comme quand ses enfants étaient petits être proche d’eux pour respirer de leurs cheveux leur insouciance. C’est eux qui marchent près d’elle maintenant. Elles était restée avec lui, unis comme pour les autres tsunamis.
Maintenant, elle était là à regarder la mer, à regarder ce phare, à regarder cette jeune femme insouciante qui s’absorbe dans son téléphone, à sentir le soleil chauffer son visage malgré ce vent léger. Elle est là. Juste là. Pour toujours. A jamais.
Ce confinement me paraît à la fois lourd… sans lui
et léger… par rapport à son absence
Regarder la mer fait toujours du bien. Ouvre l’esprit et fait du bien à l’âme…
Le mouvement des vagues, pour moi, c’est une entrée en méditation, pour retrouver le chemin de soi. Merci.
Pendant les vraies guerres les gens étaient dans les abris plutôt qu’au bord de la mer, c’est ce qu’elle doit se dire avec optimisme, pour ne pas sombrer…
L’océan qui apaise et ce corona qui nous travaille…
Ah, oui … ça titille plutôt fort. Mais, ce que font les écrits, ce sont des cris en silence
Les gens s’adaptaient, sans nul doute … (certains plus ou moins bien, comme aujourd’hui.)
Un phare comme objectif à ne pas perdre du vue.
Notre phare
A Casablanca, une semaine avant ta mort, nous avons marché, beaucoup marché comme nous le faisons partout, notamment pour aller jusqu’au phare que je voulais revoir de près et que je n’avais pas imaginé aussi loin. Est-ce que je t’ai trop fait marché? Est-ce que je t’ai trop aimé, notamment dans des aspects qui n’auraient -soi-disant-plus été de ton âge?
Nous avons fait l’amour, nous avons revu le phare et vu pour la première(et dernière pour toi) fois le désert. Tu as aussi vu en vrai la gare TGV sur laquelle tu avais lu des articles dans la presse.
Notre phare, c’était la curiosité, la vie.
Mon phare, c’était toi.
Il me reste la curiosité, la vie que nous partagions et qui me semble trop grande pour moi seule, comme le lit, mes bras, mon sexe qui étreignent le vide.
Notre phare, je vais y monter encore, rallumer la flamme pour les curieux comme nous… pour toi.
17 mars 2020
Bravo Laura..la première fois est la plus difficile..le premier pas, je voulais faire le premier pas!! c’est fait! a demain!!
de quelle 1 ere fois parles-tu?
Cela faisait un bout de temps que tu n’avais pas écrit..et j’ai pris ton commentaire sur le texte précédent comme une hésitation à te lancer!! mille excuses!!
J’écris tous les jours depuis mes 7 ans(14 livres autoédités)et habituellement toutes les semaines ici
Bravo pour ce phare, cette lumière. j’ai écrit la même chose à mon père apres sa mort..Merci
Le plus important n’est pas toutes ces questions qui peuvent assaillir, mais bien d’avoir profité jusqu’au bout, d’avoir marché, fait l’amour … exister.
Phare dressé
Tête penchée
Lecture venteuse
DES NOUVEAUX, CHOUETTE
Ouiiii ! 🙂
Haikorona ! 🙂
du vent, du vent
dans les cheveux
dans les yeux
le vent tournoie
je m’accroche
je m’agrippe
comme les phares
pointe saint Mathieu
Kermorvan
l’ile vierge
ou le petit minou
je résiste
sans parapluie
ni trench
comme mes ancêtres
je résiste
au vent
à la pluie
aux nuages
aux virus
je prends l’air
respire
l’iode
les embruns
l’écume
je suis !
botez koad a loer ar ruz
( sabots de sois et chaussettes rouges)
la photo ne passe pas!!
je sors donc je suis
Je savais que tu serais là Miss Marple… Sabot de bois !!!
Ancètres, Kermorvan, Boutou Coat … Tu baignes dedans !!
C’est bien de résister, comme nos ancêtres.
Sabots de bois et chaussettes rouges ? C’est un proverbe breton ?
(Oui, je ne pense pas qu’on puisse insérer des photos dans un commentaire. Mon serveur serait vite saturé. 🙂 )
Bonjour Alexandra,
Cette photo me parle tellement…Je me lance !
A bientôt, pour ma première participation.
Bon après-midi,
Valérie
Super ! :D)
Elle ne sait plus prendre le temps
Respirer au présent
Contempler sans filtre
S’attarder au bord d’un précipice éloquent
Certaines possessions nous ravissent autant qu’elles nous encombrent
On ne sait plus très bien comment faire sans
comment accorder notre attention au beau, au doux à l’essentiel.
Belle journée
Bien vu Jen, certain(e)s passent à côté de l’essentiel en se confinant juste sur un écran…
Contempler sans filtre… oui 🙂
Oh, mais je crois qu’en l’écrivant on remarque un peu le non essentiel qui le devient par ricochet. 🙂
Un phare. Nous avons tous besoin d’un repère lumineux pour avancer dans le noir, pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis, l’orteil dans le pied du lit. Dans ta chambre, c’est une lampe blanche en forme de cactus. Si je la laisse éclairée toute la nuit, ce n’est pas parce que tu as peur du noir mais parce que je dois y voir un peu pour t’allaiter. Je ne me plains pas. Oui, mon sommeil est haché par tes réveils mais c’est à chaque fois une belle occasion de te câliner, caresser tes cheveux, sentir ta petite main sur ma peau. Je sais que ça ne durera pas toute la vie alors je profite. Les yeux fermés, tu cherches mon sein. Je suis là. Je serai toujours là. Ton phare.
Plein de tendresse…
L’enfant, comme phare, c’est bien aussi.
Merci Lucie !
Joli… Profite alors, tu as raison, ça ne durera pas !!!
So far away from….me
Cher phare de Cordouan.
Si j’avais eu le temps
De te rejoindre
Je l’aurais fait
Confinée derrière tes pierres
J’aurais pourtant respiré le grand air
Mais je suis là, dans cet appartement
Sans vue, sans verdure, loin de toi.
La vie reprendra peut-être plus belle ou, en tout cas, nous la sentirons telle quand tout ceci sera calmé.
Mais pour bientôt mieux le voir. Tout n’est qu’une question de temps … 🙂
Allez, hop ! (ça y est, je suis là Alexandra 🙂 )
Je pensais que nous serions seuls. Je me suis engagée sur le chemin étroit enserré par les arbres, j’ai senti au loin les relents maritimes, avant les frémissements de l’air chargé d’embruns ébouriffant mes cheveux. J’ai marché longtemps. Au fur et à mesure que la végétation se raréfiait, les assauts du vent se faisaient plus violents. J’ai marché encore, admirant l’étendue dégagée annonçant l’océan. Rochers moussus, dégradés de gris et de verts, herbes pliées, touches mauves des bruyères. J’ai empli mes poumons de l’air du large au parfum iodé, senti la force de Neptune parcourir mon corps. Et je t’ai aperçu au loin, campé sur ton promontoire, dressé vers le ciel, solide, rassurant, lumineux, de plus en plus imposant à mesure que j’avançais. Je voulais te voir depuis longtemps, face à face, rien que nous deux. Tu es un rêve, tu peuples les légendes, tu éclaires les âmes seules. Témoin du temps qui file et des drames qui bouleversent les destinées. Sorte de passeur entre Terre et Cieux. Je voulais te voir seul, écouter les histoires dont tu as la garde. Mais d’autres sont déjà là, brouillent les signaux, s’agitent autour de toi, nous interdisent toute intimité. Ils te prennent en photo et cela provoque en moi une drôle de réaction : j’efface les images que je viens de faire. Je garderai en tête celle de notre rendez-vous manqué, peut-être moins précise dans quelques années, mais unique. Même au bout de la Terre, l’exclusivité est un luxe.
La solitude devient aussi un luxe dont certains ont peur en même temps. Il leur faut le fil de leur portable à tout prix…
J’aime garder en tête les rendez-vous, la photo c’est bien mais dans le cerveau c’est mieux !
Haha de la mythologie dans un texte ! J’aime ! 😀
Ton texte illustre bien que le véritable objectif n’est pas la fin du voyage, mais bien le voyage en lui même qui apporte plus que le reste.
Merci Nicole d’avoir participé.
Ils étaient tous à tourner autour de ce phare blanc qui s’élevait fièrement vers le ciel. Certains montaient même les nombreuses marches pour profiter du panorama depuis le sommet.
Tous? Non, une adolescente restait accoudée, les yeux rivés sur l’écran de son portable, sans un regard pour le phare pourtant élégant.
Ses parents l’avaient entraînée ici à leur suite et, malgré ses protestations, elle avait dû les suivre mais, franchement, ce phare lui était bien égal!
Seuls comptaient les mots tendres envoyés par son nouveau copain. Ils se connaissaient depuis 2 ans mais ne s’étaient véritablement regardés que depuis 1 semaine, juste la veille du départ en vacances.
Ses pensées étaient bien loin d’ici. Elle était trop jeune pour savoir que rêver à un nouvel amour était parfois le meilleur moment d’une histoire.
Haha, il faut que jeunesse se passe, il paraît. 🙂
Le paquebot approchait de Byron Bay. Il faisait beau et Clarisse se félicitait de son choix de croisière. Elle était jeune, jolie, seule, et avait préféré ce genre de voyage culturel, aux périples insupportables de touristes, boulimiques de clichés et de produits dérivés.
« Mademoiselle, je ne vous dérange pas ? ». L’occupant de la cabine 16 était là. Gros, gras, la chemise hawaïenne étriquée malgré une ouverture béante sur une chaine en or. Le pantalon blanc, serré à l’entrejambe flottait au niveau des mollets. La cinquantaine, les cheveux plus salés que poivrés, le verbe haut et la transpiration fréquente, Mathieu Ducamp était le séducteur caricatural, sans complexe ni retenue.
Il commença à raconter avec emphase l’histoire de Byron, occultant le précurseur du romantisme pour n’en retenir que le côté ambigu et incestueux. Il cita des passages entiers de ses poèmes, fit des références au livre de Gabriel Matzneff sur le poète, comme pour chercher un complice de référence. En approchant du phare, il montra du doigt l’audace de la construction à Clarisse insistant longuement sur la forme phallique de l’ouvrage, ainsi qu’il en était, d’après lui, de tous les phares de la terre, symboles du retour du marin vers sa femme qui l’attend langoureusement à son domicile. Il continua de manière lourde et insistante en extrapolant sur les lingams hindous et les symboles sexuels dans le monde. Clarisse ne disait mot.
En revenant à sa cabine, Mathieu fit passer un message à la jeune fille pour l’inviter à dîner le soir au salon des premières classes. A vingt heures, il attendit à la table qu’il avait réservée. Le champagne trempait dans la glace, quelques roses baignaient dans un vase.
Un garçon de salle s’approcha. Il tendit un billet sur lequel était écrit : « Celui qui voit dans un phare autre chose que la lumière court au naufrage. Signé : Clarisse ».
Bien envoyé ! J’aurais presque été plus méchante !
Mouhahaha, excellent ! Jolie chute ! Et toujours cette écriture qui nous fait voyager illico presto vers un ailleurs. J’aime l’univers qui bouillonne en toi, Cloud.
1ère fois… merci Alexandra.
A la faveur d’Alexandra Koszelyk, j’ai écrit ce texte en lien avec la photo.
Vous retrouverez sur son blog, tous les jours une photo pour laisser libre cour à votre imagination. (http://www.bricabook.fr)
Tu ne le regardes pas. Tu l’as évalué brièvement en arrivant davantage pour te fondre dans l’anonymat du groupe que par réelle envie. Les données chiffrées, les légendes celtiques, la réhabilitation et l’automatisation du mouvement de la lentille, tu l’as entendu mais pas écouté. Tu es ailleurs et personne ne s’en doute. Tu es là où ton cœur se brise comme ces lames bleues sur les rochers. Ton phare à toi est en danger. Il lutte et résiste à sa manière. Devant la vanité des choses, tu es absente au moment, ton regard rivé à ce téléphone qui reste désespérément muet. Tu te refuses à égrainer les souvenirs de ton enfance et préfère le silence.
Pourquoi est-elle penchée ainsi? Je n’ai jamais vu un regard si vide. On la croirait perdue dans un souvenir dont elle ne pourrait sortir. J’ai vu sa main se crisper sur la balustrade dans un spasme incontrôlé. La même douleur a teinté son profil droit qui se découpe devant le phare. J’en connais chaque pierre, chaque trou de sable, les genêts, les coins à poissons, le goût du sel et du varech si particulier sur les rochers. Si je n’avais pas cette petite douleur à droite je reviendrai plus souvent je crois. Je voyage au gré des vents pour observer des centaines de visages oscillant de la fascination au respect, à la peur de l’isolement. Ils débarquent deux fois par jour dans le bruit et repartent dans la sérénité. Parfois j’entrevois leurs rêves secrets dans un moment d’abandon lorsqu’ils murmurent au vent des promesses et des pourquoi comme des mantras.
Je rêve de vent, d’air qui rentre violemment dans mes poumons, de me saouler avec les cris des goélands. Je veux du bleu à m’en tatouer définitivement la rétine, du sel sur mes lèvres gercés et abîmés par le temps. Je veux un dernier baiser de l’océan et ressentir l’ivresse des éléments là où tout a commencé, avant de sombrer dans ces limbes inconnues qui m’aspirent comme des sangsues. Je ne pourrai plus longtemps lutter. Mais revenir là avec toi, découvrir ton profil à contre jour, en contre plongée, ne voir qu’une image surexposée et du bleu, je n’aurai pu rêver mieux. J’entends le vent qui rugit dans le micro couvrant ton silence éloquent mais ne séchant pas tes larmes. Tu m’as emmené avec toi et je repense à ces premières années de gardien, la solitude, le silence et la fureur des vagues infatigables qui se brisent dans une partition inexorable aux variations infinies. Au dessus de toi, il y a un goéland qui tournoie. Je voudrai croire que c’est celui que j’ai recueilli un soir de tempête. J’ai soigné son aile droite cassée, réparé mon âme en parlant à cet oiseau avant que tu ne rentres dans ma vie.
L’écran s’est brouillé, assombrit, tu as entendu des alarmes stridentes, un visage inconnu est apparu devant le mien dont les yeux étaient refermés. Des yeux verts perdus dans du blanc t’ont dévisagée et tu as su. Immédiatement.
Elle vient de lâcher son téléphone et s’effondrer sans un bruit. Je crois qu’elle sale les rochers de ses yeux. Je me pose sur la balustrade insensible au danger, curieux de celle qui ne regarde pas où tous regardent.
Tu relèves la tête et tu vois cette bague rouge aux trois chiffres que tu connais par cœur à la patte du goéland. Un éclat de rire renverse ton visage et l’oiseau s’envole avec la promesse de revenir aussi souvent que possible écouter le murmure du vent.
Merci Bénédicte d’être venue par ici ! 🙂
Beaucoup aimé ta description sauvage de l’océan. Se gorger d’éléments.
Une belle idée Leiloona ! Je participerais parfois je pense 😉
Bonne écriture et bon confinement en liens virtuels sur les blogs qui vont reprendre de la vie peut être.
Amicalement
Merci Didi d’être toujours là; malgré les ans passés !
Oui toujours là derrière mon écran à te lire ici ♥ au gré du temps qui passe…
Très amicalement, je te souhaite bon confinement.
Portez vous bien amis de la blogosphère !
Bisous virtuels et non contaminés ♥
Bonsoir à tous
1ere fois pour moi aussi. Merci Alexandra. Ce confinement a de nombreux aspects positifs…
Accoudée à la balustrade, une jeune femme est là. Plongée dans son livre, elle se fond dans le paysage, dans l’espace de la page elle s’enfonce. Paysage mental, réel ou fantasmé. Subjectivité. Ceux qui la regardent s’évadent.
Les mots guident sa vie comme un phare dans la nuit. Ils l’attirent, l’appellent ; ils l’ensorcellent. Loreley elle devient quand de sa voix elle les délivre aux vents marins. Alors, d’un port à l’autre, elle vogue. D’un livre à l’autre, elle traverse les mers, les océans, les rivières. Les livres la mènent. Dans son antre la nuit, avec eux elle repose. Dans ses rêves elle les dépose. Nourriture nocturne dans laquelle puise son âme endormie. Tout se mêle et se trouble. La nuit, le jour ; les phrases, les images ; les phares, les voyages ; les rêves, les fantasmes.
Au réveil, de son sommeil elle s’extirpe ; sur son rocher elle se hisse. La balustrade la sépare du vide abyssal qui l’envoûte ; les lectures à venir la relient à la vie.
Soudain, le vent se lève et s’emmêle dans ses cheveux défaits. Il portera à nouveau les mots que sa voix déposera délicatement sur ses lèvres à peine écloses. Murmures insaisissables qui saisissent pourtant chaque fois le cœur de ceux qu’ils atteignent. Une fois entendus, rien n’est jamais plus pareil.
Belle fin de soirée à ceux qui sont encore éveillés
Merci Isis ! 🙂
Oh sympa de réactiver ici une Loreley ! (Elle m’a toujours fascinée.)
Voici ma participation pour cette photo :
Le phare, lors de ses promenades quotidiennes le long du sentier, son esprit vagabondait toujours, lorsque son regard était happé par ce monument majestueux, dernier rempart avant l’océan. Sa haute tour, sa couronne sombre, sa crête dentelée un peu plus bas, lorsque les couleurs du ciel changeaient au gré de la journée, le spectacle était magique ! Au fur et à mesure qu’elle arpentait le chemin balisé, des petites histoires naissaient dans son imaginaire :
L’océan, les voyages, les dangers, les vies solitaires au cœur de ce phare, celles dédiées à éclairer, à aider les marins en détresse, étaient autant de thèmes qui ne demandaient qu’à être explorés. Lorsqu’elle rentrait chez elle, elle ouvrait un cahier, puis se mettait à écrire. Un jour, peut-être, trouverait-elle le courage d’aller plus loin que ces cahiers…
En attendant, aujourd’hui encore, elle profitait du vent sur son visage, dans ses cheveux, de l’ombre des nuages au-dessus du Phare, de la joie de pouvoir contempler la nature, afin de se reconstruire.
Valérie
18 mars 2020
Je relaie via mon site 🙂
C était un jour de printemps… Si beau qu’il aurait été dommage de rester chez soi, confiné sans profiter des plaisirs de la vie au grand air…
Alors elle sortit, prit son vélo pour tracer jusqu à la jetée, sentir la caresse du vent, humer l air salin, recevoir les embruns des vagues qui venaient s éclater sur les rochers dans un bruissement apaisant.
Ce phare éclairait sa vie depuis toujours… Ici c était son rocher, son encrage. Quelles que soient les turpitudes que la vie lui avaient infligées, elle savait que pour garder les pieds sur terre, ce granit était salvateur.
Dans un moment, elle calerait son vélo contre le vieux parapet massif et se poserait pour s intégrer dans ce paysage, se nourrir de lui, et rassembler ses forces. C était ainsi.