Ecrire aux temps du corona : jour 2

par | 18 Mar 2020 | Atelier d’écriture | 66 commentaires

@ Annie Spratt

Merci à tous d’avoir répondu à ma proposition d’hier !

Voici la nouvelle photographie !

A demain !

66 Commentaires

  1. janickmm

    Bonjour Toutes et Tous !

    Il faut prévoir, se dit Albert.
    Il faut planter.
    Il faut semer.
    Albert est un petit futé en terme de permaculture.
    Il sait.
    En témoigne son parterre de jonquilles.
    Albert agit maintenant.
    Pour récolter plus tard.

    • Alexandra K

      Ce qui devrait être l’adage de chacun !

      • janickmm

        Merci Alexandra ! Tu sais tes écrits me manquent, écrit ici, moi, cela me ferait plaisir, merci à toi !

        • Alexandra K

          Oh c’est adorable !
          J’y réfléchis. 🙂

    • Amor-Fati

      Sacré Albert, c’est un sage !

    • Photonanie

      C’est le côté fourmi d’Albert 😉 et il a bien raison!

    • titounette

      Quelle sagesse cet Albert !
      Il me fait penser à cette métaphore « si tu n’aimes pas ce que tu récoltes, alors change ce que tu sèmes « 
      Je suis d’accord avec Janickmm, tes écrits me manquent aussi Alexandra …

    • Manue Rêva

      Forcément, il a raison Albert !!!

  2. Miss Marple

    Bonjour..belle journée à tous

    Sagesse du jardinier vintage

    quand tu seras bien vieux
    que, perclus de douleurs
    ta sortie quotidienne
    se résumera à ton jardin

    petit veinard !

    Quand tes genoux ne plieront plus
    tes hanches se raidiront
    tes épaules seront verrouillés
    tes coudes bien coincés,
    tes mains boursouflées,
    tes doigts raidis et engourdis
    alors tu comprendras

    la culture en espalier !

    • Alexandra K

      Hahaha, un petit air de Ronsard dans ces vers.
      (Mais oui, un jour notre univers se résumera à un jardin, une petite surface bien essentielle. Apprenons l’humilité.)

    • janickmm

      Selon ton texte c’est un des derniers plaisirs, que l’on s’accorde, bravo !

      • Amor-Fati

        Bien vu, on s’y met tous, petit à petit…

    • laura vanel-coytte

      il y aura toujours l’écriture et la lecture, plus grandes que le monde

    • Photonanie

      Moi j’ai opté pour la culture en bacs potagers en hauteur, c’est sympa aussi pour le dos et les genoux 😉
      J’aime aussi le début style Ronsard 🙂

    • titounette

      Jolie chute !

    • Manue Rêva

      Ça me rappelle ma grand mère pour qui la vie se résumait à son jardin, plat !!!

  3. Benoit

    Ah ces jeunes, ils vont me faire devenir chèvre. Fais pas ci, fais pas ça, reste loin de moi,… Et nous ne sommes qu’au deuxième jour…

    Heureusement, j’ai encore mon doux jardin secret, ma parcelle que j’entretiens et chéris comme mon dernier petit-enfant.
    Lui ne m’interdit rien, lui ne m’est pas proscrit. Le grand général a dit restriction de sortie, pas oisiveté généralisée.

    Ils ne savent pas ce que c’est eux que se lever tôt pour nourrir les animaux, traire mes vaches ou arracher mes pommes de terre.
    Ils mettent les pieds sous la table, se plaignent que cela n’a pas assez de goût, que « c’est pas bon »… satané plats industriels!

    Préparer l’avenir tant que cela m’est possible.
    Oh jour après jour, c’est de plus en plus difficile je me dois de vous l’avouer à défaut de le reconnaître publiquement. Mes gestes sont plus lents, mes mains plus tremblantes, mes hésitations plus nombreuses.
    Quel bonheur néanmoins de revêtir ma veste de pêcheur, la même qui jadis regorgeait d’hameçons et autres vers de terre. Sans faire l’omission du chapeau de papa, plus par habitude que par nécessité vu la météo du jour.

    Et qui sait, éveiller des vocations, faire fleurir de belles idées… la nature aura toujours le dernier mot, quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense.

    Que les fleurs égayent vos pensées et ces quelques mots enjolivent votre quotidien.

    • Photonanie

      Tant qu’on a notre jardin, secret ou pas, et un peu de soleil, la vie reste belle 🙂

    • titounette

      Ton texte sent bon le terroir et la liberté. Bravo
      Et oui, l’imagination n’est pas confinée, profitons de cette liberté de créer pour s’évader.

    • Manue Rêva

      La nature aura le dernier mot oui…

  4. janickmm

    Merci Benoit, cultivons notre jardin secret et pour en faire profiter autour de soin, avec distance … !

  5. Matatoune

    Bon, là, il va falloir y aller! Antoine avait eu envie de s’allonger sur son canapé et de faire sa sieste. Mais, là, s’il ne se boostait pas un peu, sa récolte il devrait y renoncer.

    Et, que ferait Maryvonne et ses trois enfants dans quelques semaines sans récolte ?

    Et, puis son copain Aldo, 82 balais, qui devait passer cet après-midi. Bon, d’accord, plus pour faire la causette que pour jardiner.  Ses tuteurs, il ne pourrait pas les monter tellement Aldo, trop bavard, a l’habitude de le suivre partout pour lui raconter les petits commérages du quartier.

    Et, les voisins qui en allant chercher leur pain à la boulangerie aiment lancer :

    – « Bonjour, il fait beau aujourd’hui..

    -Ils ont annoncé la pluie pour vendredi

    -Ils sont beaux vos poireaux. Moi, dans mon jardin, j’ai pas fait gaffe, et ils ont monté…

    -Regarde le grand-père, il est jardinier ! ».

    Et, puis, il y a Lucette qui devrait venir prendre un café dimanche. Elle l’a promis !

    C’est dingue à mon âge d’avoir le cœur si chaviré par cette petite bonne femme qui a l’énergie d’un bouledogue et le sourire du soleil.

    Alors là, il faut que j’y aille. Mon jardin c’est ma fierté ! Il doit être impeccable. 

    Aussi sur vagabondageautourdesoi.com

    • laura vanel-coytte

      ça me rappellent mon meilleur ami
      et mon mari(aussi mon meilleur ami)
      qui avaient réussi leur 1 er jardin potager
      et qui sont morts tous deux à 68 ans à 10 ans d’intervalle

      • Matatoune

        Je ne souhaitais te rappeler ces trop mauvais souvenirs

    • Photonanie

      On ne pense pas assez que les seniors sont très occupés et ont encore des sentiments 😉

    • titounette

      on s’y croirait ….je suis sure que j’ai été témoin de telle scène

      • Matatoune

        Merci et ravie que ce texte t’es plu

    • Manue Rêva

      C’est vrai, c’est la vie d’un jardinier.

      • Matatoune

        Merci bcp d’avoir laissé vos impressions

  6. Amor-Fati

    Mon grand-père avait un jardin magnifique. Six cents mètres carrés plantés quasiment toute l’année. Une partie plantes et fleurs. De magnifiques parterres de jonquilles, de pois de senteurs, de dahlias, des roses à ne savoir qu’en faire, un énorme laurier rose qui trônait au milieu de la pelouse et des marguerites qu’un amoureux aurait pu effeuiller pendant des années tellement il y en avait. Des fleurs de printemps, d’été, d’automne d’hiver, semées, plantées, arrosées, ouvertes douze mois sur douze.
    Il avait aussi une partie qu’il appelait alimentaire. Un peu à l’image des fleurs. Question légumes, ma grand-mère et lui étaient en auto-suffisance. Toute l’année. Des tomates en été, des choux en hiver, des poireaux à l’automne, des épinards au printemps. Des pommes de terre, des carottes, des oignons à faire péter un régiment, des herbes aromatiques, des artichauts. Il y avait de tout.
    Et puis ma grand-mère est morte. Un matin de juin, sans prévenir.
    A partir de ce jour, le jardin de mon grand-père a périclité. Les fleurs étaient dépareillées, les roses tristes et pendouillantes, les marguerites timides comme des pâquerettes, les carottes naines, les oignons minuscules.
    Mon grand-père passait ses journées devant la télé. Il lisait le journal, il jouait aux cartes avec des copains, faisait la sieste jusqu’à pas d’heure.
    Un soir, alors que je lui demandais si son jardin ne lui manquait pas, il me répondit :
    « Pas du tout fiston. Je suis bien comme ça. Et puis je vais t’avouer quelque chose : j’avais horreur du jardin. Je déteste les fleurs, je n’aime pas les artichauts, les patates me font gonfler. Bêcher, ratisser, retourner, arroser, biner, désherber, récolter, et recommencer tous les ans. Je détestais ça.
    — Alors pourquoi tant d’années à faire ce dont tu avais horreur ? Ça n’a pas de sens.
    Il avala sa gorgée de café et me répondit :
    — Je détestais encore plus ta grand-mère. Mon jardin était mon refuge. »

    • Photonanie

      J’adore l’humour sous toutes ses formes, même quand il est noir 🙂
      C’est bien de l’humour n’est-ce pas? 😉
      Jusque là, Amor fati était pour moi uniquement un album d’Yves Jamait , chanteur que j’aime beaucoup…

      • Amor-Fati

        Bien sûr il est noir… Evidemment !!!

    • Manue Rêva

      Excellent !!!

  7. laura vanel-coytte

    C’est un jar-din ex-tra-or-di-nai-re 

    C’est un jardin public près de chez nous où ma petite soeur a appris à faire de la bicyclette. 

    C’est un jardin où je rencontre des femmes peintes par Claude Monet dans la banlieue parisienne. 

    C’est le jardin familial où je regardais couler l’eau sur un petit pont de bois avec un livre. 

    C’est  une « entrée » de « jardin public à Arles » et les « Alyscamps » que je contemple 

    En reproduction chez moi: un paysage parcouru là-bas et peint aussi par Vallotton et Gauguin. 

    C’est le jardin en contrebas de la maison de ma grand-mère où je cueillais les dahlias 

    Qui illuminaient notre petit appartement  de jeune couple; les dahlias du fleuriste casaoui. 

    C’est encore le compagnon d’Arles de Van Goh ,Gauguin qui sait aussi peindre la neige 

    Recouvrant un jardin comme j’en ai photographié ici et ailleurs, le blanc silence. 

    C’est mon premier jardin de femme amoureuse dont a plus tard incendié la maison. 

    C’est « Le Jardin des délices » de Bosch qu’on a parcouru des yeux pendant des siècles 

    Sans jamais en épuiser la richesse, la perversité, la beauté et la science du peintre et du paysage. 

    C’est notre jardin du Sud-ouest où se plaisait un laurier rose sous la garde des monts d’Olmes. 

    C’est un jardin de Bretagne que Renoir met en scène avec un enfant et deux femmes. 

    C’est un rosier planté sous la neige et le laurier-rose mort dans un camion, sur la route. 

    C’est Pissarro, l’artiste-jardinier d’Eragny, célébré en ce moment à Paris. 

    C’est le Parc de la Ligue Arabe à Casablanca, notre exil marocain, bleu, blanc et vert. 

    C’est « Le Jardin du Luxembourg » chanté par Nerval et peint par Matisse. 

    C’est le jardin public de St Mandé d’où je respirais en sortant de ma chambre de bonne 

    Au sixième étage sous les toits pour lire Julien Gracq et autres classiques. 

    C’est « Le jardin fleuri de Golding » peint par l’un des pères du paysage anglais, Constable. 

    Ce sont les jardins de ville visitées: jardins-mondes de villes-mondes comme Istanbul ou Venise. 

    C’est le jardin de Tivoli, paysage rêvé et peint par Corot, un pèlerinage sur un rocher à faire. 

    L’année dernière, à Giverny, il y a eu une exposition intitulée, « Caillebotte, peintre et jardinier  » Parce qu’il a beaucoup évoqué les jardins dans son oeuvre.

    C’est un jar-din ex-tra-or-di-nai-re

    • Amor-Fati

      et encore, tu n’as pas vu mon jardin !!!

  8. laura vanel-coytte

    Je m’intéresse plus à la représentation qu’au jardin lui-même, excuse-moi

  9. Photonanie

    Les bulbes de narcisses plantés l’an dernier ont éclairé complètement le jardin de leurs nuances de jaune. Rien qu’à voir cette multitude de fleurs on se sent en joie, on oublie les soucis pour un temps. Il faut dire que le confinement est moins dur quand on a un jardin pour d’occuper. En plus, le soleil a répondu à l’appel des gilets jaunes des fleurs et est venu compléter le nuancier 😉
    Allez, courage, on prépare les perches à haricots et quand on verra se former les légumes on se rappellera des conditions dans lesquelles on les a semés et ils n’en auront que plus de goût, le goût de la nature et de la vie qui résiste à bien des catastrophes!

  10. laura vanel-coytte

    Je plains ceux qui n’ont ni jardin comme toi
    ni jardin intérieur comme moi qui m’intéresse à tant de choses que je ne me suis jamais ennuyé

  11. Renée

    Regardant ce cliché l’enfance me saute au visage….
    Tonton au bord du Doubs soignant ces haricots me faisant arracher les mauvaises herbes.
    Puis le temps de la cueillette et enfin la préparation avec la tante et méméaco, grand mère Giradclos dans mon *jargon* enfantin. Surnom qui lui est resté jusqu’à sa mort et repris par tous les garnements de la cité.
    Le temps était doux a cette époque, même si, de toilette il n’y avait qu’à l’étage avec comme papier du journal. Pas de télévision non plus mais ce qu’on s’amusaient bien. Difficile même de nous faire rentrer le soir aux beaux jours.
    La semaine quel plaisirs d’aller attendre à la sortie de la papeterie le soir, les travailleurs finissant la dur journée….On avait rien à cet époque, mais on avait tout. Surtout le temps de prendre le temps.

    Voilà c’est ma participation du jour.

    • Alexandra K

      Comme vous avez raison !
      Et aujourd’hui, merci d’avoir pris le temps d’écrire ce texte plein de bon sens.

  12. lucie38

    Et allez c’est reparti ! A chaque fois qu’on arrive, pas fraiches de nos douze heures de voiture sans clim, il nous faut faire le tour de la propriété, s’extasier devant le jardin, les massifs d’hortensias et les plantes dont je ne retiens jamais le nom, le verger recouvert de filets pour empêcher les oiseaux de manger la future récolte. Pas de chance, souvent il est trop tôt dans la saison pour les figues. « C’est du travail, vous savez, le jardinier ne fait pas tout » se plaint la 3ème femme de mon grand père,  » et papi n’est pas en forme alors je fais tout. Je suis cre-vée. » On fait mine de compatir, on ne peut tout de même pas lui dire qu’elle a de la chance de pouvoir se payer un jardinier et même d’avoir une maison avec un jardin pareil et que si c’est trop fatiguant, personne ne l’empêche de vendre sa maison pour un appartement avec terrasse. Deux jardinières c’est beaucoup moins de boulot. Je ne peux pas lui dire que du haut de mes 13 ans franchement le jardin je m’en fiche et que je suis déjà dégoutée de savoir que je vais être de corvée d’arrosage tous les soirs pendant ce mois d’été que je passe chez eux, à me faire bouffer par les moustiques. Ce jardin, vous l’avez compris, ce n’est pas ma passion sauf lorsqu’on va droit au but avec papi : cueillir des pêches bien mûres à consommer de suite. Et puis si, j’aime les roses trémières qui font leur vie toutes seules, se ressèment et fleurissent partout. Chez mémée en revanche, on ne trouve pas de massif de fleurs arrogants, rien de décoratif mais de l’utile : des arbres fruitiers, un noyer, deux tilleuls et du persil frisé pour les omelettes, des cerises cueillies et mangées sur l’arbre ou cuites et mises en bocal avec leur sirop pour l’hiver, des fleurs de tilleul qui sèchent pour les infusions à venir et des noix qui sont débarrassées de leur pulpe salissante dont on a plaisir à casser la coque. Deux visions du jardin, et de la vie, si différentes.

    • Alexandra K

      Hihi, c’était mon idée quand j’ai posté cette photo : on dirait bien un pêcheur !

  13. marinadedhistoires

    Au pays des saules pleureurs, vivait un vieil homme qui jamais ne pleurait
    Tout simplement parce qu’il était heureux.
    Avec ses jonquilles comme compagnes, jamais il ne se disputait
    Avec son potager comme projet, jamais il ne s’ennuyait.
    Alors quand ses enfants et ses petits-enfants annoncèrent leur venue
    Pour échapper au confinement de la grande ville
    Il répondit qu’il était très content
    Et c’était vrai, mais à moitié seulement …

    • Alexandra K

      Ha ha et il a bien raison de n’être qu’à moitié content … :/

  14. Manue Rêva

    Ecrire aux temps du Corona, jour 2

    Les temps étaient vraiment durs pour ces pauvres humains. Après une brève période de cohabitation, les végétaux avaient décidé qu’il s’avérait difficile de vivre au quotidien avec ces espèces de trucs à deux pattes qui ne respectaient rien. Certes les animaux n’étaient guère mieux mais ils restaient raisonnables et ne détruisaient ou ne mangeaient que le strict nécessaire.
    Fleurs, arbres, mousses, champignons, fougères et leurs copains verts et feuillus en tout genre avaient donc étendu leurs pouvoirs afin de prendre le contrôle sur l’espèce qui déjà donnait des signes d’une certaine volonté d’hégémonie sans aucun sentiment d’harmonie ou de fraternité manifeste.
    Cela marchait plutôt bien en général, mais ça dépendait aussi de pas mal de détails … et dans ce bout de territoire c’était l’âge de l’humain qui semblait un problème. Il n’avançait pas bien vite. Les jonquilles avaient demandé depuis bien longtemps un abri, comme les autres espèces qui avaient un magnifique abri depuis déjà un moment, mais ce sont les concurrentes de la platebande qui avaient remporté le morceau. Il avait entrepris de leur construire des tipis ! L’ordre avait dû être mal donné, à moins que la faute ne soit imputée à l’homme qui devait avoir les circuits fatigués. Enfin bref, l’art du tipi requérait des compétences visiblement oubliées chez ce spécimen, il était lent. C’était insupportable. Les jonquilles avaient donc commencé une grosse opération de lobbying, toutes leurs ondes s’étaient dirigées vers la compagne de l’apprenti constructeur de logements en bambou. L’expérience des millénaires avait montré que ce côté dit féminin de l’espèce était largement supérieur en tout au côté dit masculin. D’ailleurs c’était bien leur future constructrice d’abri qui les prenait en photo avec son téléphone pour son blog sur la biodiversité alors qu’elle étendait sa dernière lessive et que son déjeuner mitonnait tranquillement. Le tout pendant sa pause méridienne ! Multitâche comme elle était elle saurait les protéger, et rapidement ! Heureusement qu’elle était là.
    Déjà les fleurs sentaient que la femme cherchait une solution providentielle alors entre elles circulait l’information qu’il faudrait peut-être arrêter de faire de ce côté féminin de l’humanité des esclaves. Il y avait certainement de l’espoir ! Et toutes, dans un même ensemble, tournèrent le dos à l’homme.
    C’est ce moment crucial pour l’humanité que vous avez là sous les yeux !!!

    • Alexandra K

      Et quelle chance, nous avons de pouvoir vivre ce moment en direct ! 😀

  15. Didi

    Super je me délecte de vos écrits à tous.

    Voici mon petit texte :

    Heureusement le jardin était là et même si toutes les couleurs s’étaient soudainement effacées, il les colorierait !

    A grands renforts d’arrosoirs, de compost et d’amour ♥

    Les arbres, promis, ne pleureront plus ces gris tristes et même les saules se mireront dans les eaux des lacs, rivières, mares, rus et autres étendues d’eaux.

    Les pétales, jaunes, roses, rouges et violettes illumineront le ciel en une explosion de confettis pour redonner la vie !

    Didi

    P.S : j’ai une pensée pour toutes les personnes qui n’ont pas de jardin et sont calfeutrés dans leur appartement de ville. Courage portez vous bien tous !

    • Alexandra K

      Oui, Didi, tu as raison, et mettre de la couleur dans vos textes permet de nous évader un peu ! 🙂

      Merci d’être là.

  16. titounette

    Bonjour à tous,
    Même confinée, je n`ai pas pris le temps d’écrire hier mais par contre de vous lire ! Tu as vraiment eu une excellente idée Alexandra…des nouveaux (bienvenue et j’espère que vous continuez à la fin de la crise), des revenants aussi . C’est vraiment génial de se sentir réunis (et à plus d’un mètre ;)) pour partager cette aventure. Évadons nous…l’imagination n’est pas confinée !

    Hommage
    Mon héros, mon exemple, mon guide
    Pendant des années tu as lutté,
    Sans jamais nous nommer ton ennemi.
    Mais très tôt, nous avons compris
    Devant ton visage amaigri.
    Tu trouvais ta force dans la terre
    Ton jardin savait, lui, peut-être.
    Je pense que tu lui faisais les confidences
    Que tu refusais de nous faire.
    Je suis sure que ce contact avec la terre mère
    T’aidait à surmonter épreuves et souffrances.
    Ton jardin t’a maintenu en vie !
    Le jour où tu l’as abandonné, las, épuisé
    J’ai su que nos adieux approchaient.
    J’ai encore le goût des fruits , des légumes qui te donnaient l’envie de vivre.
    Aujourd’hui où tu n’es plus, je me console en pensant au nouveau jardinier qui fait vivre cette terre. J’espère qu’il ressent lui aussi tout ce qu’elle lui donne …la VIE !

    Oups ! J’espère que je n’ai pas plombé l’ambiance déjà lourde mais cette photo m’a tellement rappelé mon père…

    • Alexandra K

      Marie, je suis heureuse de voir que ma proposition prenne, nous voir nombreux ici est un réel plaisir.

      Ton texte est beau, ce lien presque cette symbiose entre l’homme et la nature, j’aime.

  17. Anne-Marie

    Contente de vous retrouver, un grand merci à Alexandra, plaisir de retrouver ses commentaires. Bon courage à tous.

    Les jonquilles

    Là, derrière mon carreau, le voilage légèrement relevé, j’épie mon voisin. Non, je n’ai pas honte de cette occupation. Premièrement, il faut bien passer le temps, deuxièmement, je soupçonne qu’il se passe des évènements tout à fait insolites voir étranges de l’autre côté de la barrière. Que peut-il bien caché le Mathieu avec ses yeux de fouine et son regard toujours de biais sous son chapeau de pêcheur, le Mathieu ?
    Il y eut tout d’abord, ces bruits, en pleine nuit qui m’ont tiré de mon sommeil. Eclats de voix dans un premier temps puis, des bruits sourds, le bruit d’une scie également. Que peux-ton scier sous l’éclairage fantomatique d’une pleine lune ?
    Le jardin du Mathieu est coquet, il faut l’avouer. Mais, bien que les jonquilles soient une fleur à la floraison éphémère. Soudainement et ce pratiquement d’un jour à l’autre, elles avaient comme repris de la vigueur. Leur couleur d’un jaune vif éclatait.
    L’activité tant nocturne que diurne du voisin m’interroge. Je décide alors de mener ma petite enquête. Aujourd’hui, impossible de me lancer dans des investigations, je me contente d’être en planque derrière mon carreau. Je dois échafauder un plan d’attaque, c’est sûr. Quand il en aura fini avec ses tuteurs, je me faufilerai dans sa remise et pousserai jusqu’à la serre. C’est sûr, il n’est pas clair le bougre.
    Le voilà qui abandonne ses plants de poireaux, enfin.
    C’est le moment pour moi de sortir de ma tanière. Je pousse le portillon ave ma main gantée (ne pas laisser d’empreintes) je suis face à la porte de sa remise. J’entre en retenant mon souffle.
    De vieilles toiles de jutes, façon sac à patates masquent à ma vue ce que je suppose être des machines. Que vois-je : une scie sauteuse, sur les dents, des traces suspectes de couleur rouge ! Serait-ce du sang ? Je manque de matériel pour étudier les résidus de cette substance.
    Qu’à cela ne tienne, je reviendrai cette nuit explorer le jardin. Je trépigne, j’ai encore quelques heures à attendre avant de pouvoir explorer la serre et creuser son parterre de jonquilles qui m’intrigue. La nuit noire se fait attendre. Point de réverbère pour me démasquer, là où nous sommes, c’est la pleine campagne pour ne pas dire cambrousse.
    Mince, la serre est bouclée, la porte en est fermée à double tour. Aller, je continue, bêche à la main, j’attaque les jonquilles. Soudain, Je sens un bras puissant qui m’enserre le cou : Mathieu, il éructe, s’étouffe : mais, c’est quoi ce bordel ?
    Je réussi à me dégager avec un coup de genou efficace. Je hurle : « A l’assassin » lui, se roule de douleur sur la terre fraîchement retournée au milieu de ses précieuses jonquilles.
    Lui : que cherches-tu ?
    Moi : un corps, tu l’as enterré, n’est-ce-pas, qui est-ce ?
    Lui : quelle imagination, pauvre vieille folle !
    Moi : c’est quoi le sang sur ta scie ?
    Lui : bin, c’est Thomas, voilà, il m’a apporté la bête.
    Moi : le braconnier ?
    Lui : bin, oui, il m’a aidé à débiter le sanglier qui dévastait les terres alentours depuis des semaines. On l’a eu. Et toi, il faut toujours que tu fourres ton nez partout, toujours à l’affût, toujours à fouiner.
    Moi : y-a-quoi alors sous les jonquilles ?
    Lui : si tu veux tout savoir : j’ai dépecé le sanglier, gardé les bons morceaux.
    Mais, si tu veux nous faire un civet, je ne dirai pas non. Mais motus et bouche cousue, tu peux tenir ta langue ?
    Moi : Non mais, tu veux m’acheter ? Enfin, saches une chose, je ne fais pas dans la délation même si le garde-champêtre ne me laisse pas indifférente. Tant que nous y sommes, tu pourrais peut-être nous dégotter une bonne bouteille pour arroser ça. Ma préférence : le Bordeaux mais avec le civet, un bon Bourgogne me paraît plus indiqué. Nous allons laisser un peu reposer la bidoche, rendez-vous samedi mais seulement à la tombée de la nuit.
    Salut, Mathieu.

    • Alexandra K

      J’aime toujours autant ton écriture, Anne-Marie, d’ailleurs quand tout cela sera fini, il faut que nous prenions un verre avec l’ami Claude … 🙂
      Ton écriture fait que nous rentrons immédiatement dans ton univers, cela se joue par d’infinies touches, à la manière d’un peintre. Tu reviens demain ? 🙂

      • Anne-Marie

        Avec de tels encouragements, Alexandra, impossible de ne pas revenir demain. Cela me fait chaud au coeur et me donne du peps ton message. A demain, à très bientot.

  18. Cloud

    Il s’appelait Didier. Il aurait pu s’appelait Candide. Tous les matins, vêtu de son large chapeau et de sa vieille veste kaki, il partait de bonne heure rejoindre son modeste jardin où, avec précaution et amour, il cultivait ses légumes et ses plantes en murmurant dans le creux de leurs feuilles un langage qu’eux seuls pouvaient comprendre.
    Nul ne se pouvait se douter que Didier avait connu d’invraisemblables expériences, un nombre incalculable d’aventures dans tous les coins de la planète. Il avait été roi de Salamanie, conseiller du Négus, médiateur de guerres tribales, bénévole humanitaire, fournisseur de kat, pilote de biplan, photographe animalier,… On aurait pu dire de lui : « Il a tout connu ! ». Mais on ne le disait pas. Didier était discret, il ne savait d’ailleurs pas raconter, encore moins écrire ; de toutes manières personne ne l’avait jamais écouté ni cru. Alors, cela ne l’intéressait plus. A son âge avancé, il travaillait à son jardin, c’était bien, et essayait de faire déjà cela le mieux possible.
    Au café du village, Didier retrouvait un peu de vie sociale. L’après-midi, il buvait un verre ou deux, jouait au rami avec les autres. Les autres étaient des personnes de son âge, hommes, femmes, des taiseux qui ne disaient que le nécessaire. Ils étaient tous, comme dans la légion, des hommes sans passé. Didier était bien avec eux. De temps en temps, il regardait un à un les visages épanouis. Il se disait en lui-même : « Je suis sûr que chez chacun d’eux se cachent des histoires incroyables dont personne n’aura jamais connaissance. Et c’est ainsi qu’ils doivent cultiver eux aussi leur jardin».

    • Alexandra K

      Il se dégage de ton texte, mon Cloud, une certaine mélancolie, je ne sais pas pourquoi … sans doute cet homme aux mille vies que personne ne connaît, ou si peu. Nous avons tous des vies multiples, souvent tues, mais qui font notre richesse.
      Ce soir, je te remercie d’écrire sur Didier. (Il m’est infiniment sympathique, sans doute parce qu’il chuchote à l’oreille de ses légumes.)

    • Manue Rêva

      J’aime beaucoup ce portrait Claude. J’aime imaginer ce qu’il y a derrière un visage ou une attitude, nous cachons plusieurs vies c’est vrai.

  19. Bénédicte J.

    Mes doigts sont encore un peu gourds. Ils ratent parfois la boucle ou trébuchent sur la baguette de noisetier. Mais sentir le soleil sur ma peau, admirer la corolle insolente des jonquilles fait éclater en moi un grand soleil que je croyais disparu. Des insectes viennent parfois tourmenter mes vieilles oreilles fatiguées d’avoir entendu trop d’inepties. Je suis surpris d’apprécier ce bourdonnement après avoir eu à en supporter d’autres intenables pendant de si longs mois.
    Le raphia s’effiloche, tire son épingle de jeu, s’envole au vent léger de ce début de printemps. Mi-amusé, mi- fasciné, j’observe sa danse sauvage et je me souviens de ton corps de liane, tes pieds nus dans le sable qui frappent la cadence et s’envolent comme deux cygnes surpris de leur envol. Des coquillages s’entrechoquent sur un lien de cuir à ta cheville, ton rire habille tes mouvements qui appellent tant la pluie que le désir. Sur cette plage de Dakar, dans les années quarante, je m’étais enfui et tu m’as perdu. L’uniforme que je porte depuis quelques mois est trop lourd. Les ordres, j’ai du mal à les suivre, je ne les comprends pas toujours. Les limites, je ne les vois pas comme les autres. Mon seuil de tolérance met-il en péril la mission qu’on m’a confié ? Alors que je n’ai que l’insolence de mes vingt ans, ta peau devient ma religion. Les galons arrachés dans le sable comme les oripeaux de la vie que je n’ai pas choisie sont avalés par une vague. La tête me tourne un peu. Je crois que j’ai repris ma liberté ce soir. Tu tresses un bracelet de raphia autour de mon poignet que tu scelles d’un baiser.
    Je n’aurais jamais cru que ma vie basculerait enchainée à ton coeur.

  20. Fabienne BF

    Les haricots de Gino étaient réputés sans fil. Un bonheur d’été que l’on s’arrachait depuis qu’il avait acheté ce bout de jardin. C’était indéniable : ils étaient exceptionnels. Au village, on s’interrogeait : pas un fil dans les haricots de Gino. C’était peut-être l’eau. Tout est dans l’arrosage, disaient les plus audacieux. Un haricot bien arrosé est un haricot bien né. Le purin, prétendait le gros Félicien. Les plants : si tu sèmes à la lune rousse, la gousse reste douce. Mais de l’avis du maire, du curé et de la dame Jeanne, il y avait du diable dans le potager.
    Dans son coin, Gino riait doucement. Les haricots, il ne suffisait pas de les planter. Il fallait les aimer. C’était un tout, un immense tout.
    Déjà il avait fallu du temps et des saisons pour que le tapis de narcisses isole son jardin du monde des autres. Du jaune vif, luisant et puissant qui dessinait comme une ligne protectrice. Interdit de dépasser. Au-delà c’était son univers. Accès limité.
    Gino avait posé des garde-fous. Imaginé son jardin comme une scène de théâtre sur laquelle il régnait, seul.
    Quand venaient les premières jonquilles, cette profusion de pistils, le désir renaissait pour sûr. Ce qu’il aimait par-dessus tout à cette époque de l’année, c’était renifler à foison l’air du potager. S’il se concentrait, son nez parvenait à sentir les parfums qui feraient l’été. Gino ne savait pas pourquoi mais même si rien n’était encore planté, tout était déjà en place.
    La feuille de tomate froissée qui imprégnait les mains d’une poudre verte presque fluorescente. Les carottes bien ordonnées jusqu’à ce que leurs fanes pointent, ébouriffées. La fleur de courgette langoureuse quand elle s’ouvre au soleil. Le dard de l’aubergine piquant. Mais tout cela n’était que peu de choses. Quelque espèce de figurants, rien de comparable à ses haricots.
    L’essentiel commençait vraiment le jour où il installait les tuteurs en pyramide. Deux rangs bien tracés serrés, les tuteurs qui se rejoignent parfaitement au centre. Une véritable géométrie amoureuse. Il patienterait encore un peu pour mettre en terre les plants, la terre était froide des gelées nocturnes mais il pouvait déjà imaginer la scène : les semis aux allures fragiles et timides qui nuit après nuit s’émancipaient et, de moins en moins farouches, s’enlaçaient, s’encastraient. Un ballet fascinant, de la pole dance végétale.
    De mai à septembre, les nuits de Gino étaient peuplées de fantasmes luxuriants, il rêvait des gousses fines, vertes. Des demoiselles fermes et craquantes sous les doigts. Le jardin d’Eden.
    Au village, les rumeurs continuaient à aller bon train. Des haricots sans fil, à ce point exceptionnels : ils étaient envoutés. Un truc de sorcière. La cabale peut-être. Certes on les mangeait, on s’en délectait même, mais qui sait après tout…

    C’est un soir de pleine lune que le mystère a été levé. La nuit était claire comme en pleine journée. Le gros Félicien et la dame Jeanne s’en revenait d’avoir soupé chez le maire avec monsieur le curé. Quand ils sont passés non loin du potager, ils ont aperçu Gino. Le gaillard était campé devant les trépieds, le torse bombé. Et il chantait, Gino. Il chantait à tue-tête. Il poussait la sérénade à ses haricots. Parce que les haricots, voyez-vous, il ne suffit pas de les planter, il faut avant tout les aimer.

    Fabienne BF, 18 mars 2020

    • Matatoune

      Bravo pour ce texte plein d’empathie et de tendresse . J’entends le chant de Gino et s’il fait des prodiges avec ses haricots, il doit pouvoir faire quelque chose pour notre isolement forcé ! En tout cas, il a fait quelque chose pour moi ! Merci

      • Fabienne BF

        Merci pour ce joli commentaire ! Lisons écrivons et chantons ensemble

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