Ecriture aux temps du corona : jour 15

par | 31 Mar 2020 | Atelier d’écriture | 18 commentaires

@ MHM/CH

Je suis désolée de vous avoir inquiétés … Je n’ai pas réussi à me dégager du temps hier pour poster la photographie. Bonne journée à tous.

(Ceci n’est pas une photo contractuelle de cette période. 🙂 )

18 Commentaires

  1. Séverine Baaziz

    L’enfant à la fenêtre

    Ö ciel, joli ciel bleu,
    Dis-moi que ce matin,
    Je pourrai goûter au soleil.
    Non, répondit la pie.
    Reste encore un peu dans ta cage,
    Sans toi, le ciel n’en est que plus bleu.

    Ö ciel, joli ciel bleu,
    Dis-moi que ce matin,
    Je pourrai me baigner dans les flots.
    Non, répondit la mouette.
    Reste encore un peu dans ton phare,
    San toi, les océans n’en sont que plus purs.

    Ö ciel, joli ciel bleu,
    Dis-moi que ce matin,
    Je pourrai cueillir des fleurs sauvages.
    Non, répondit l’abeille.
    Reste encore un peu dans ta ruche.
    Sans toi, je me sens plus forte.

    Les jours et les semaines passèrent ainsi.
    Cloisonnant les hommes
    Petits et grands
    Pour le plus grand bonheur du reste du monde
    L’immense et le minuscule.
    Le vivant.
    L’éternel.
    Cet écrin qui se porte mieux sans nous.

    • Amor-Fati

      J’aime beaucoup ce genre de poésie, avec des parties qui reviennent, comme des chansons anciennes. Très réussi !!!

    • Matatoune

      C’est magnifique ! Merci

  2. Séverine Baaziz

    Et bonne fin de journée à tous !
    (Je vous promets de faire plus gai une prochaine fois )

  3. Amor-Fati

    Moi, on m’avait dit que si je l’embrassais bien sur la bouche, tendrement et en fermant les yeux, il deviendrait un prince charmant, avec la couronne, les chevaux, le carrosse et tout le toutim.
    Et un jour, en me promenant le long de l’étang, je l’ai vu ce crapaud. Vert, croassant tout ce qu’il pouvait, j’avais l’impression qu’il m’appelait. Il me regardait avec tant d’insistance que je n’ai pas pu résister.
    Je l’ai embrassé. Tout comme il faut, tout comme on m’a dit.
    Bilan des courses, j’ai récupéré un type qui se balade toute la journée en chaussons, qui bouffe des pizzas en buvant de la bière devant le foot, qui rote, qui p…e.
    Un bidochon.
    De temps en temps, on retourne au bord de l’étang. Je me demande si ça lui rappelle des souvenirs.
    J’ai lu sur Internet que si le soi-disant prince retourne à l’eau le dernier mardi de mars d’une année paire comportant deux fois le même nombre, il redeviendrait crapaud. 2020, ça le fait. Tous les facteurs sont réunis.
    Je vais attendre qu’il s’endorme et Plouf…
    Au mieux il redeviendra crapaud et le tour sera joué. Au pire il sera mouillé et ça m’aura fait plaisir de le balancer au bouillon.
    Et j’attendrai 2121 pour essayer à nouveau.

    • Amor-Fati

      Coassant, et non croassant… désolé

      • Séverine Baaziz

        Super historiette ! Drôle et bien racontée. Merci !

    • janickmm

      La belle naïveté de la princesse la mène à un acte crapaudeux !

    • Matatoune

      Belle histoire …Mais, c’est long jusqu’à 2021

  4. laura e vanel-coytte

    Paysages du bord de l’eau

    J’ai toujours aimé m’asseoir au bord de l’eau, qu’elle soit salée ou douce
    Ce fut d’abord chez mes parents à la campagne, au bord de l’Arlette
    Je m’asseyais sur un pont de bois ou dans l’herbe, l’eau était souvent vive
    Des pluies abondantes et fréquentes qui allaient jusqu’à gorger la terre

    J’ai toujours aimé les ponts qui de leurs longues jambes traversent l’Aube
    De ma ville natale en canal ou en rivière, je la traversais en foulées longues
    Pour aller vers la Seine qui me mènerait à Paris en lettres capitales
    De rive en rive, j’explorais ma chère liberté qui me brulait les ailes

    J’avais déjà vu des lacs avant toi mais tu as mis à mes pieds un des plus vastes
    Entre France et Suisse, entre villes coquettes et montagnes majestueuses
    Je ne me lassais pas de le regarder, assise sur un banc, immobile
    Je savourais cette nouvelle sensation d’avoir trouvé une place que tu m’avais faite.

    Du Lys à l’Escaut, j’ai découvert le peuple du Nord, plus vrai que la caricature
    Du temps maussade et du soleil dans le cœur : ils se jetaient dans Lille
    La tête la première pour boire de la bière ; quelque soit la température
    Et la couleur du ciel, plus qu’au sud, ils savent faire la fête sans la tête.

  5. janickmm

    Faire une pause, se mettre en retrait,, s’assoir et s’initier au quiet time, au bord du quai, les pieds ballants au-dessus de l’eau, scintillante.
    Relever les jambes, une main en appui, s’allonger, le bleu du ciel en partage, et puis c’est tout.
    Apprecier un moment empli de rien.
    Ne rien faire.
    Etre au bord de l’équilibre, sensation fragile, retenant l’attention, pas entièrement tranquille.
    Cette seule position suffit à elle seule à dissuader le passant de nous déranger.
    S’installe une quietude derrière nos paupières, une certitude d’être vraiment entre parenthèses.

    • Matatoune

      Ne rien fire, l’esprit libre de vagabonder ! Un luxe !

  6. Miss Marple

    Bonjour à vous

    J’ai coché
    une heure de sport
    pour raisons personnelles
    de 15 à 16 !
    Mon sport à moi
    c’est le glandage
    la sieste
    le repos !

    Coincés
    que nous sommes
    dans 30 m2
    le canapé
    est le seul endroit
    où je peux glander

    allongé

    alors je rêve
    je rêve toute la journée
    je rêve

    à un bord de lac
    une petite margelle,
    une eau verte
    et pure
    pas une vaguelette
    rien que de l’eau
    calme
    sans bruit
    pas un murmure
    pas un clapotis

    verte et profonde
    comme la forêt
    qui l’entoure

    verte et profonde
    comme mon âme
    perturbée
    par ce repos forcé

    verte et profonde
    comme la couleur
    de mon canapé
    où je suis installé

    pour glander
    encore une heure
    encore un mois
    une éternité
    quoi !!

  7. Matatoune

    Heureusement que nous pouvons voyager par l’esprit !

  8. Matatoune

    Comme j’aurais aimé me prélasser sans méfiance
    Sur les bords de l’étang !
    Comme j’aurais aimé m’endormir quelques minutes
    et retrouvé mon insouciance !
    L’air pur. Le soleil chauffant.
    Tout m’y invite et m’y attire.

    Comme j’aurais aimé…
    Son téléphone vibre
    Faudrait y retourner.
    Laver ses mains. Entièrement se vêtir.
    Mettre son masque, ses chaussons et ses gants.
    Et, repartir sourire dans la voix,
    pour rassurer mais surtout pour soigner.

    Cette boule grise avec ses bouquets rouges
    on va lui tordre le cou !
    Compter sur moi
    Compter sur nous
    Nous comptons tous sur vous!

    vagabondageautourdesoi.com

  9. Viviane Perez

    Texte d hier… Sans grand lien avec la photo, mais c est celui qui est venu à moi !

    C’était en fin d’après-midi. Un mercredi , et comme il n’y aurait pas classe demain, maman avait permis que nous ressortions jouer dehors. Ce n ‘était pas fréquent ,sans doute que la belle lumière de cette fin de journée de printemps n’y était pas pour rien… Et puis, dans quelques jours, ce serait les vacances alors nous pouvions profiter. Il avait fait chaud dans l après midi… Le retour de la belle saison réjouissait les cœurs. De l autre côté de la rue, tout près de la maison, se trouvait le « stade ». À cette époque là, il n’avait de stade que le nom… Deux poteaux miteux surmontés d une barre en travers à chaque extrémité, façon but de foot, fabrication des minots du quartier… Il fallait éviter de s en approcher de crainte de prendre la barre sur la tête ! Pour le reste, une grande étendue de terre, bourbeuse l’hiver, craquelée l’été avec quelques îlots d’herbe verte, qu’on aurait difficilement appelée pelouse… De la baouque plutôt, comme on dit ici. Chaque motte était sans doute responsable d’au moins une chute !
    Donc, nous étions ressorties, radieuses, rejoindre les copains du quartier. Dans notre cité, tout le monde se connaissait, les pères avaient collaboré de longs mois pour faire sortir de terre, un après l’autre, chacun des soixante-quatre bâtiments qui constituaient les habitations d’ un peu plus d une centaine de familles. Une cité « castors » selon le modèle initié par des coopératives ouvrières locales après le terrible hiver 1954. Chaque adhérent s engageait à fournir un volume d heure et à régler à crédit une somme correspondant à son tantième de participation à l’achat du terrain et des matériaux . A la fin, les lots avaient été attribués par tirage au sort, un logement plus un jardin pour chaque famille, et surtout adapté à la composition de celle-ci. Cette entreprise participative qui pouvait paraître utopiste au départ avait donné corps à un biotope où nous, les enfants, grandissions dans un climat bienveillant et sécurisé.
    Ce soir là, nous étions nombreux à profiter d une permission exceptionnelle. Les plus grands devaient avoir dans les quatorze ans. Je faisais partie des plus jeunes. Il était annoncé de longue date que le stade allait être mis à niveau pour accueillir correctement les rencontres entre équipes de quartier. On devait y construire des vestiaires, réhabiliter le revêtement et même l’entourer d une enceinte qui protégerait les nouvelles installations. Pour ce faire, avaient défilé une noria de camions-bennes et plateaux qui avaient déposé sur le site une grande quantité de matériaux de construction. Des piles de parpaings par ici, un empilement de sacs de ciments par là, un mikado géant de poutres en béton mais surtout une montagne de sable presque aussi haute que la maison des voisins.
    C était là l’objet de notre convoitise et le lieu du défi du jour. Les inventeurs- meneurs du jeu avaient tout de suite édicté la règle: « Tenter d’atteindre le sommet de la fausse colline ». Nous étions déjà plusieurs compétiteurs mais la butte était si large que nous pouvions tous nous y essayer. Inutile de préciser que cette dune résistait bien à nos assauts. Ma sœur avait commencé par me dire que nous risquions de nous faire gronder en rentrant. Maman n’aimait pas l’idée qu’on se salisse « par plaisir ». Tomber, être éclaboussé par hasard, cela pouvait passer mais se rouler dans le sable, hormis au bord de la mer, c’était exclu. Cependant le plaisir était grand de tenter cette escalade. Plus le sable nous tenait tête et plus nous insistions !
    Il faut dire que c’était le plaisir de la plage et de la fête foraine réunis. Au début, le sable était tiède, les rayons du soleil ayant chauffé toute la journée sa surface grise. On montait, deux pas, six pas, en levant bien haut le genou pour gagner du terrain… Et aussitôt, on redescendait d autant, s’enfonçant jusqu’aux cuisses dans ce sable rugueux et doux à la fois qui dégageait une odeur humide. Maintenant qu on l avait brassé, la couleur gris pâle de la surface s’assombrissait au fur et à mesure que notre labour progressait. La marmaille s’en donnait à cœur joie, nous devions être une bonne trentaine à exercer ainsi nos talents de grimpeurs, dans la bonne humeur. Qui riait, qui s exclamait surpris dans sa glissade ! L’autre l’interpellait, se moquait, un troisième tendait la main et finissait par rouler avec le moulon d enfants qui glissaient inexorablement vers le bas. L’heure tournait et les rayons du soleil arasaient maintenant le sommet, les ombres s’allongeaient. Malgré la tiédeur du sable, on sentait qu il faisait moins chaud, mais c’était largement compensé par l’énergie collective déployée pour vaincre la montagne. Personne n avait réussi à atteindre vraiment le sommet; seuls quelques-uns parmi les plus jeunes -et surtout les plus légers – l’avaient presque vaincu, finissant par renoncer en débaroulant sur les autres dans une explosion de cris et de rires. Petit à petit, on commença à entendre l’appel des mères qui voulaient récupérer leur progéniture. Une après l autre, quelques fratries abandonnèrent la partie.
    Soudain, maman était là, devant moi. Immédiatement, je compris qu elle désapprouvait. Son délicieux regard transparent s’était mué en lame d’acier. Ne pas pleurer, ce n était pas le moment.
    – Les filles, à la maison, on rentre !
    Au moment de la suivre, elle se rendit compte qu’il nous manquait les chaussures. Ma sœur, plus maligne que moi, les avaient soigneusement mises à l’abri à quelques mètres de là… Mais moi, tout à mon jeu, j’avais à peine réalisé que je les avais perdues, c’était d’ailleurs bien plus agréable nu-pied. Mais, où étaient mes jolis souliers vernis maintenant? La nuit descendait doucement. Quelques mères, constatant comme la mienne que les chaussures manquaient à l’appel, revinrent avec des torches à piles, espérant en vain retrouver les fameuses chaussures… Au bout d’un moment, il y eut même quelques papas, avec des pelles et râteaux, qui continuèrent à retourner le sable. Qui retrouva une chaussure, qui retrouva les deux… Une longue file de chaussants disparates s’aligna laborieusement… En ce qui me concerne, nous n’en retrouvâmes qu’une seule, mais dans un tel état que maman renonça à chercher la seconde ! De toute façon, c’était irrécupérable. On aurait pu tout essayer, du cirage au morceau de beurre, rien n aurait pu restaurer la surface autrefois brillante comme un miroir.
    Bien sûr, à chaque achat de chaussures neuves, on me rappela scrupuleusement qu’il serait interdit de jouer dans le sable avec et encore moins de s’y déchausser.
    Un demi siècle plus tard, l’évocation de souliers vernis me ramène à cette épopée enfantine qui est gravée dans ma mémoire.
    V. P.

  10. Cloud

    A Cranalec-sur mer, un peu à l’écart de la ville un petit étang boisé offrait, aux promeneurs fatigués des tumultes de l’océan, la sérénité d’une onde calme et reposante. Christophe, l’artisan potier, s’y réfugiait de temps en temps, lorsque qu’il avait une femme à courtiser ou quand les soucis lui encombraient la tête.
    Surplombant l’eau tranquille, Christophe s’allongea sur un étroit ponton en béton, aussi inconfortablement qu’un chat sur un accoudoir de transat, et s’installa dans un profond sommeil. Valérie l’avait quitté, il s’était fâché avec son ami Loïc, et son inspiration créatrice, si prolifique d’habitude, était devenue aussi sèche qu’un dolmen de Carnac. Le sommeil, ce tiers de nos vies où, tandis que le corps s’immobilise, l’esprit transgresse les limites du possible, était souvent pour Christophe un refuge salvateur.
    Il se mit à rêver de Marcel, le pêcheur sculpteur de génie de Cranalec, qui avait disparu en mer et dont on avait perverti la mémoire. Marcel était là, dans une grotte au plus profond de la mer, arborant un large sourire qu’il n’avait jamais connu lorsqu’il fréquentait l’artiste. Marcel sculptait inlassablement des pièces de bois provenant de carcasses de bateau. Ses œuvres étaient alignées, toutes plus belles les unes que les autres. En même temps qu’il frappait sur son ciseau, il lui vantait les bienfaits de sa nouvelle situation. « Tu vois, je suis heureux, je suis marié avec une sirène adorable, je crée toute la journée, l’inspiration ne me lâche jamais. Ici, au fond des océans, la vie est paisible et chacun se respecte».
    A son réveil, Christophe tout empreint du songe qui l’avait tourmenté, regagna son atelier rapidement. Il s’installa devant son ordinateur, s’inscrivit à un site de rencontre, augmenta le volume du son, et attendit patiemment le chant d’une sirène.

    • Matatoune

      Chouette la chute !

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