Le terme qui vient à l’esprit est un adjectif composé anglais, « pigeon-toed », qui signifie la position des pieds, orteils vers l’intérieur, talons écartés, comme pour le chasse-neige au ski. Les patins à roulettes avaient une autre allure que les « rollers », parfois un frein devant permettait de les stabiliser. L’étonnant, qui signe aussi l’époque, ce sont ces pantalons golf bouffants au-dessus de la cheville, qui rappellent ceux de Tintin chez Hergé. Simplement ceux-ci sont noirs et plus près du mollet, ils accentuent ces pattes de pigeon fines. La bottine haut lacée confère une certaine grâce. Mais que d’hésitation dans cette posture, d’appréhension, de recherche boîteuse de son équilibre. Comment repartir, s’élancer sur ce trottoir adverse ?
Nady
sur 6 décembre 2020 à 17h15
« Avancer »
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Avancer.
Avancer,
à pied, à cheval, sur roulettes
sur les mains, dans ses rêves, dans sa tête,
déterminée.
Avancer,
sourire aux lèvres maquillées
ou plutôt masquée.
Hésiter.
Avancer,
la rage au corps,
la honte aussi quand on a tort.
Pleurer.
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Mais avancer.
Avancer,
pleine d’énergie,
ou sans but dans la vie.
Reculer.
Avancer,
débuter,
s’entraîner.
s’améliorer.
Avancer,
cheville blessée
ou corps réparé.
Danser.
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Mais avancer.
Avancer
jusqu’au mur
qu’on ne peut ni traverser
ni escalader.
J’ai trouvé ce texte très vivant avec une urgence…d’avancer à tout prix.
Nady
sur 7 décembre 2020 à 10h07
Merci Photonanie pour ton adorable retour. En effet, avec le recul et ton effet miroir, je le réalise ainsi aussi. Le cliché m’a attirée et me suis lancée sur ce mini slam (qui fait la moitié de 3min en lecture à voix haute 😉 alors je l’ai fait foncer mon personnage hihihi). Belle journée
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 10h51
Ravi de lire un nouveau et chouette slam venu de toi. Un texte mené tambour battant, en adéquation semble t-il avec ton caractère. Des bises.
J’adore !!! Avancer a toujours été mon mot d’ordre, plutôt au ralenti ces derniers temps mais toujours plus que faire du sur place. Bravo !!!
Nady
sur 8 décembre 2020 à 0h12
Merci beaucoup. Ne jamais s’arrêter de danser avec la vie à son rythme à soi ! Take care !
Cloud
sur 6 décembre 2020 à 19h08
Paul avait les pieds amoureux. Aussi étonnant que cela puisse paraître, son pied droit était fou éperdu de passion pour le pied gauche qui le lui rendait bien. Ils ne pouvaient faire un pas sans l’autre, chaussés à l’identique quelque fût le besoin de leur propriétaire. Les passants se demandaient même s’ils n’était pas jumeaux tant ils se ressemblaient. Paul ne s’en plaignait pas. On eût dit même qu’il était complice tant il se souciait qu’un traitement identique soit réservé à chacun de ses arpions.
Depuis trente ans Paul accompagnait ce couple uni. Durant ses longues balades, il les observait en silence, ému de les voir se suivre, se précéder tour à tour, jusqu’au moment ultime de la pause où ils se retrouvaient côte à côte pour leur plus grand bonheur.
Ce jour là, Paul voulu se donner à un exercice physique dans les limites autorisées par les réglementations sanitaires en vigueur. Il chaussa ses rollers, puis se lança dans la rue. A peine cinq mètres plus loin, il trébucha maladroitement. En jetant un oeil sur le bas de ses jambes, il s’aperçut alors que le pied droit était tourné vers le gauche et lui susurrait avec tendresse : « Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai une envie soudaine que tu me roules un patin. ».
Kroum
sur 6 décembre 2020 à 22h20
Une très jolie histoire Cloud sur les pieds. Nos textes ont un même écho de thème et cette chute est si drôle et attendrissante. Bravo !
De tout temps, l’Homme a eu besoin de protéger ses pieds tout en les habillant.
Sur talons hauts, sur patins, à plat, parfois avec talonnettes cachées, en cuir, en daim ou en tissus, les souliers ont toujours répondu présents sous différentes formes pour contenir nos pieds.
A bout pointu ou carré, étroits ou larges, chaque paire de chaussures vient faire barrage aux agressions extérieures et nous permettre de marcher et courir en toute sécurité.
A l’intérieur nos petons sont ainsi bien contenus, enfermés, serrés comme si on avait peur qu’ils prennent la poudre d’escampette en nous laissant sans pieds !
Les miens ont dès le plus jeune âge détesté les souliers jusqu’à développer toute sorte d’allergies aux différentes matières qui voulaient les toucher.
Aussi, dès que j’ai pu faire ce que je voulais, j’ai décidé de toujours marcher nus pieds ; et ça fait maintenant plusieurs décennies que ça dure. Je sais que ce n’est pas habituel dans nos sociétés ; certains regards d’ailleurs me le confirment mais je voue un tel culte à mes pieds que je me refuse de les empêcher de vivre en totale liberté.
Oui, tout comme Marina, je dis belle étude des « tortures » que l’on inflige à nos pieds ! Je préfère aussi mes pieds nus sauf en hiver où je les cache dans de confortables pantoufles bien chaudes !
Tu serais donc un membre actif du Front de Libération des Pieds? Tu as bien raison, leur vengeance est terrible quand on les enferme trop serrés!
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 11h00
Excellente réflexion sur l’enfermement des pieds. Comme tu as raison. Quelqu’un qui se balade pieds nus inspire, chez ceux qui regardent, un sentiment de liberté.
Voilà un texte qui collerait bien à ma petite demoiselle qui est quasiment toujours pieds nus aussi (tout mon contraire). Beau contre-pied à cette photo en tout cas.
Ce matin j’ai sauté dans mes patins à roulettes. Les lacets se sont faufilés d’eux-mêmes exactement dans les œillets idoines, je leur ai fait deux belles rosettes. D’une jambe sur l’autre j’ai avancé d’un pas dansant de patineur, lançant mon corps de tribord à bâbord et puis inversement, mais sans jamais rien lâcher.
Au coin de la rue a surgi un grand vélo noir. Illico mes petites roues ont grandi jusqu’à devenir de superbes roues de bicyclettes à rayons métalliques. J’ai enjambé l’engin, me suis perché sur la selle , ai pédalé dans un élan joyeux avec le vent dans les cheveux.
Dans le ciel est passé un avion blanc. Aussitôt mes grandes roues se sont mutées en puissants pneus d’Airbus A330. J’ai poussé la manette des gaz et fait décollé l’aéroplane. Depuis le cockpit je regarde le monde. Il est exactement semblable à celui qui passe au bout de mon lit.
Moi qui suis tombée tant de fois de ma hauteur le plus souvent depuis mon enfance et encore aujourd’hui, le peu de fois où j’ai essayé de monter sur quelque chose, ça a été une confirmation de mon d’équilibre. Je n’ai jamais essayé les patins à roulette mais les patins à glace sur un terrain qui glisse, ont été un avant goût de ce que je ressens quand les trottoirs glissent: peur de me rompre le cou, ce qui est déjà arrivé…. trop jusqu’à une discopathie sévère, un genou en vrac etc.
L’équilibre, est-il acquis ou inné, la question peut se poser ! Ado, j’aimais cette sensation de glisse que ce soit sur des patins (à roulettes ou à glace) ou avec des skis mais malgré tout je finis par tomber ! Mais avant la chute (pour moi sans gravité) quel plaisir
Mais c’est vrai il faut être un peu fou pour oser monter sur ces drôles d’engins. Perso j’étais plus douée aux patins à glaces qu’aux roulettes. Bravo pour votre originalité
Bien vu. On a suffisamment d’obligations ou de loisirs agréables à disposition pour ne pas se risquer à des choses que l’on considère comme inutiles ou dangereuses.
je n’ai pas de loisirs
mais des passions
j’aime le sport mais pas celui-là
Céline
sur 7 décembre 2020 à 8h13
Bonjour, voici mon texte, très personnel une nouvelle fois. Bonne lecture et excellente journée.
La vie peut parfois devenir un combat.
Le premier round s’achève à peine
Qu’il faut déjà remonter sur le ring.
Choisir ses gants,
Trouver le juste équilibre,
Doser l’effort,
Faire des choix, des compromis
Voire des sacrifices.
Cela demande aussi une remise en question.
Une vague de bouleversement vous tombe dessus.
Alors on analyse, on tente d’interpréter les signaux, les messages d’alerte que le corps vous envoie.
Pourquoi ?
Pour simplement essayer de continuer d’aller de l’avant
Pour retrouver un peu de sa vie d’avant,
Comme quand tout allait bien
Quand tout glissait comme sur des roulettes.
La boucle est bouclée quand on se souvient de ses débuts…matérialisés par la photo.
Céline
sur 7 décembre 2020 à 18h32
C’est plutôt toute l’ambivalence que peu apporter la volonté de revenir à la vie d’avant alors qu’on sait qu’elle ne sera plus jamais pareille.
Nady
sur 7 décembre 2020 à 10h11
Waouuu ! Touchée coulée par ton texte qui résonne si fort en moi. Rien de plus à rajouter à part prends soin de toi.
Céline
sur 7 décembre 2020 à 18h34
Merci beaucoup, c’est le programme en effet, j’ai enfin pris rdv avec un médecin de l’équipe douleur de l’hôpital près de chez moi. Après presque 30 ans, il est temps de m’y attaquer
Nady
sur 8 décembre 2020 à 0h13
Super ! Beau projet !
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 11h06
Plein d’émotion dans ce texte. Effectivement, dans des périodes de turbulences, la mémoire des jours paisibles peut aussi devenir un objectif futur.
Céline
sur 7 décembre 2020 à 18h35
Un objectif plein de nostalgie car avec la maladie, le retour à la normale n’est pas inclu mais il peut être un bon moteur.
Bonjour Alexandra, bonjour à toutes et tous, et je vous souhaite une belle journée
Voici ma participation :
Ma première fois
J’avais quoi ? 11 ans, 12 ans quand j’ai reçu mes patins à roulette, non, que dis-je mes rollers ! Patins à roulettes, c’est les vieux qui disent encore ça ! Ils étaient bleu et jaune ! Je les ai mis pour la première fois dans le couloir, je ne tenais pas encore très bien debout mais je me sentais immense et tellement fière. J’étais grande mes rollers aux pieds, j’en avais tant rêvé !
Je suis allée dehors sur le parking de la résidence et j’ai commencé à mettre un pied devant l’autre, à rouler tout doucement puis pouf, je suis tombée. Aie !la terre est basse et le goudron un peu dur. Je me suis relevée, j’ai pris de l’assurance, je sentais le vent dans mes cheveux, je roulais vers l’aventure ! Petit à petit, j’ai appris à avancer, à tourner à droite, à gauche, à reculer, j’étais la Katarina Witt du quartier !
Puis, j’ai grandi, mes rollers trop petits ont le bonheur des mes nièces, transmission … Aujourd’hui, je suis Mamie et un jour j’apprendrai à ma petite-fille à patiner, ça ne s’oublie pas et peut-être qu’elle aussi ressentira la même joie que moi à parcourir son monde.
C’est ça la vie: apprendre puis passer le relais aux petits qui nous suivent tout en les laissant faire quelques pas seuls pour qu’ils maîtrisent bien les difficultés à leur tour.
Par contre je me suis débarrassée de mes patins (à glace): trop peur d’une mauvaise chute à présent 😉
Oui, c’est ça la vie regarder grandir son enfant qui un jour fait un enfant… lâcher sa main et lui faire confiance sinon, il ne pourra avancer !
Je dois toujours avoir mes patins à glace dans un coin du garage !
Nady
sur 7 décembre 2020 à 10h13
Les joies de la transmission… j’aimerais bien que tu m’apprennes à patiner, mes rollers achetés cette année sont cachés dans l’armoire après une grosse chute… Rooo
Cette année-là, j’avais espéré recevoir des patins à roulettes pour ma Saint-Nicolas. Je savais que c’était bien trop cher pour mes parents qui avaient beaucoup de mal à boucler les fins de mois. Il me restait un seul espoir: demander au vieil homme à barbe blanche de les déposer pour moi près de la cheminée afin que je les découvre au matin du 6 décembre .
J’ignorais évidemment que les miracles n’existaient pas et que les cadeaux n’arrivaient pas vraiment par la cheminée. Il faut dire que je n’avais pas encore tout à fait six ans.
Qu’est-ce que j’en rêvais de ces patins! Il me semblait que si je pouvais en chausser qui m’appartiennent je deviendrais le petit garçon le plus heureux du monde, enfin de mon quartier, celui où les maisons étaient toutes identiques et minuscules mais mises à disposition par le propriétaire de l’usine toute proche.
Je me couchai le coeur plein d’espoir le 5 décembre au soir. Pour une fois je n’essayai même pas de grapiller encore quelques minutes auprès de mes parents et j’allai me coucher sans renâcler. Mon impatience de voir mon cadeau me donnait des ailes. J’eus du mal à m’endormir, j’étais bien trop énervé mais je m’obligeais à ne pas bouger afin de ne pas inquiéter mes parents.
Au matin, je me précipitai pieds nus dans la petite pièce où nous vivions et je restai figé sur place. Ils étaient bien là! Mes efforts pour être bien sage avaient payé, ce ne pouvait être que ça.
Je me précipitai dans la rue pour essayer mon nouveau jouet avec impatience. Au début je tombai quelques fois mais très vite je maîtrisai leur utilisation et puis j’étais tellement fier de tourner et virevolter sans cesse devant les autres enfants qui me regardaient avec envie.
Ce n’est que bien plus tard que je remarquai que maman ne portait plus sa médaille de baptême à laquelle elle tenait pourtant tellement.
Mais ce n’est que quand je sus que Saint-Nicolas était une légende entretenue par les adultes que je mesurai l’étendue de l’amour de ma mère.
Je suis vieux maintenant et mes parents sont morts depuis bien longtemps. Mes enfants puis leurs enfants à leur tour se sont tous moqués de moi en découvrant au grenier ces vieux patins démodés et cabossés. Ils ne peuvent imaginer l’émotion qui m’envahit encore aujourd’hui à leur vue…
NB: En Belgique, la fête de Saint-Nicolas est la fête des enfants sages, bien plus que Noël qui est davantage réservé aux cadeaux entre adultes.
Nady
sur 7 décembre 2020 à 10h17
Oh, il est touchant ton texte Photonanie. Adorables les pensées de ton personnage lucide. Belle journée
Vieillir a au moins l’avantage d’ouvrir les yeux sur certains sacrifices qu’on n’a pas su voir et qu’on est tout prêts à faire, à notre tour, pour les nouveaux venus (au monde).
Très touchée par votre texte. Bravo. Et pour avoir aussi connu le prix d’un sacrifice, j’ai toujours mon 1er Levîs 501 acheté presque pièce par pièce au lycée. Hors de question de le jeter
Merci Céline. C’était une autre époque. J’ai entendu récemment des personnes assez âgées à qui on demandait le secret de longévité de leur couple répondre qu’à l’époque on essayait de réparer avant de jeter…
Je suis émue par ce texte !
Bien avant d’avoir mes rollers, j’ai tenté de patiner avec ces patins à roulettes et ben, c’est pas si facile !
Merci pour cette belle émotion
Pareil pour moi. Je n’ai jamais pu faire de patins à roulette mais j’ai passé des heures sur mes patins à glace, il y a longtemps 😉
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 11h15
Que c’est beau. C’est un conte de Noël (pardon, de Saint Nicolas). C’est très émouvant dans le fond et dans la forme du texte. Bravo. Bel hommage de reconnaissance pour des parents discrets et prêts à tout pour un plaisir même éphémère de leur enfant.
C’est l’ambiance un peu nostalgique de cette fin d’année qui m’a inspirée 😉
Un Homme à Fables
sur 7 décembre 2020 à 12h34
Bonjour, voici ma participation (que vous pouvez retrouver sur mon blog : https://wp.me/p7OVfj-aA)
Voilà un énième déménagement de terminé, un nouveau départ, dans une nouvelle ville, pour une nouvelle vie. Un projet mûrement réfléchi, qui avait mis du temps à se conclure, mais ils y étaient arrivés, non sans heurts d’ailleurs. Ils avaient acheté cette maison, qui était devenue leur maison, et qui le resterait jusqu’à la fin de leurs jours. Ils avaient enfin pu rassembler leurs affaires disséminées en caves et greniers familiaux, l’ensemble des cartons regroupés au fond du garage. C’est là que Pierre avait retrouvé cette photo, dans une boîte recueillant de vieux souvenirs, alors qu’il cherchait un moule à pâtisserie.
Le flash fut instantané. Les patins à roulettes trainaient dans l’entrée de la demeure des vacances, le gamin qu’il était avait voulu les essayer. Un peu malhabile, il les avait chaussés, assis sur les marches d’un grand escalier en chêne, puis avait réussi, cahin-caha, à redresser ; n’ayant strictement aucune stabilité, il s’était agrippé à la rambarde, paralysé par la peur de faire un faux mouvement. Sa maman lui avait proposé de le tenir, et l’aider à sortir dans la cour. Son père s’y était posté dans un coin, Leica prêt à capturer les instantanés de vie à venir.
Après moult cris et pertes d’équilibre, Pierre et sa mère avaient franchi les quelques mètres leur permettant de se retrouver à l’extérieur. Et le voilà, raide comme un piquet, commençant à se demander si c’était vraiment une bonne idée de chausser ces semelles roulantes. Il en vient à supplier la femme de ne pas le lâcher, empoignant son bras à se faire blanchir les phalanges. Tu vas y arriver, c’est facile, tu vas voir, aie confiance en toi, lui dit-elle, posément. La voix douce eut un effet apaisant sur le môme, mais pas trop rassuré, qui prit plusieurs grandes respirations, tel qu’on le lui avait appris. Puis, dans un sentiment d’assurance, il desserra son étreinte, pour enfin lâcher le bras maternel.
Va s’y, fiston, fonce ! cria le père, manipulant le déclencheur de son appareil. Il ne fallut que quelques secondes à Pierre pour perdre l’équilibre, mais des heures à attendre pour la pose d’un plâtre sur son poignet douloureux. Il sourit, se rappelant maintenant pourquoi l’articulation le lance les jours trop humides. Il ne fit plus jamais de patins à roulettes, ni n’importe quel autre sport impliquant de glisser. Il repose la photo dans sa boîte à trésor, qu’il remet au milieu d’un carton contenant tout un fatras de choses dont il faudra bien faire le tri. Puis, ayant trouvé l’objet de sa recherche, il ressort, joyeux du garage, avec l’envie de raconter l’anecdote à sa bien-aimée. « C’est bon Chérie, j’ai retrouvé le moule pour les madeleines ! »
C’est bien amené et on déguste cette madeleine par petites touches…
Je l’ai faite un peu mienne aussi, j’explique: mon fils, 11 ans à l’époque passe son temps libre dans la rue avec les copains à faire des cascades sur des rampes bancales qu’ils bricolent avec de vieux bois, tous équipés de rollers.
Soudain, la chute en arrière, le réflexe de tendre les bras pour se rattraper et clac les deux poignets cassés d’un seul coup! Pas top pour les cours de batterie qu’il a fallu suspendre 😉
Un Homme à Fables
sur 11 décembre 2020 à 16h19
Aie 🙂
et merci
Céline
sur 7 décembre 2020 à 18h48
Vous me rappelez les jeux et jouets que l’on trouvait uniquement dans la vieille maison familiale de Corrèze, il nous fallait quelques étés pour les maîtriser mais quelle fierté ensuite. Et ce final !!! Merci pour le sourire du soir.
Ca fait du bien d’aller faire un tour dans le grenier de temps en temps, il s’y passe des choses insoupçonnées, des souvenirs oubliés remontent à la surface, et nous nous laissons aller dans ce cocon familial, merci !
Un Homme à Fables
sur 11 décembre 2020 à 16h18
Merci
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 12h55
Bien trouvé ! Le moule à madeleines proustiennes supplanté par une photo retrouvée dans un grenier. Belle évocation de souvenirs cuisants mais où l’affectif prédomine. Bravo.
L’annonce avait été faite lors des matines, par la Sœur Supérieure.
Nos petits cerveaux embrumés comprenaient à peu près que nous resterions au pensionnat pour Noël, routes fermées en raison de neige abondante et de microgouttelettes emplies de virus, stagnantes dans l’air et très nocives pour nos petits poumons.
Les sœurs, d’habitude revêches, s’adoucissaient au fur et à mesure que chaque pensionnaire doué et créatif assurait la décoration de la salle du réfectoire, devenue lieu de vie.
L’oncle de Robert lui avait fait parvenir un instantané que Robert nommait en connaisseur, mon insta.
Juliette, une paire de patins à roulettes avec frein, enfin, sans doute du au caractère exceptionnel de ce Noël, tous les cadeaux reçus et déposés près de la crèche, étaient merveilleux.
Robert ne maîtrisait pas tout à fait le cadrage de sa nouvelle acquisition, aussi vous ne verrez que les pieds de Juliette sanglés de lanières de cuir, et tentant des pas hésitants car chacun sait que la première fois que nous chaussons une paire de patins à roulettes, nous tentons de marcher et non de rouler.
Mais il y a un autre cliché dont j’aimerais vous parler, celui de la Mère Supérieure, de sa bouche ouverte en gros plan et de la petite tête crèmée de la religieuse au café, qu’elle s’apprêtait à faire disparaître et à engloutir avec délectation. Nous avions ri, jusque tard dans la nuit cachés sous nos couvertures, d’avoir pris malgré elle, ce flagrant délit de gourmandise. Robert avait tout simplement voulu expliquer le fonctionnement de l’appareil à la Mère Supérieure et le bouton s’était déclenché, elle n’avait rien remarqué, et lui, avait filé très vite hors de sa vue.
Une prise de vue peut en cacher une autre… Bravo pour cette double anecdote. On aurait tous aimé voir le cliché de la religieuse mangeant son éponyme. Les photos, ratées ou disparues, restent souvent malgré tout des tremplins à des émotions tenaces.
Objets du délit
– Papa, c’est quoi ces… machins ?
– Ça ? Ha ha, c’est des patins à roulettes. C’était avant les rollers.
– Ils sont à toi ?
– Non.
– A qui ?
– A une fille que j’ai connue y a longtemps.
– Mais quelle fille ? Comment ça se fait que tu as gardé ses patins ?
– Elle habitait à côté de chez nous, quand j’étais enfant. Ses parents lui avaient offert ces patins, c’était la mode à l’époque. Mais elle savait pas en faire. Elle aimait pas ça.
– Alors tu lui as montré ? Tu savais en faire, toi ?
– Ouais, moi j’étais champion. Mais non, je lui ai pas montré.
– Ha ha, tu étais trop timide, pas vrai ?
– Non, j’étais plutôt un peu con. Plutôt du genre à me marrer avec mes potes en la voyant galérer pour faire plaisir à ses parents. Tu le crois, que ton père était un peu con ?
– Ça oui ! Mais elle, elle y est arrivée avec ses patins ?
– Je les ai retrouvés un matin dans notre jardin. Elle avait dû les jeter là pour s’en débarrasser.
– Elle t’a rien dit ?
– Nan.
– Et pourquoi tu les as gardés ?
– J’ai pas trop su quoi en faire. J’étais pas sûr qu’elle voulait s’en débarrasser.
– Ah ouais, au cas où elle change d’avis et qu’elle te les réclame. T’étais pas si con que ça, en fait. Elle te les a réclamés ?
– Pas encore.
– Et tu crois que c’est encore possible ? Tu sais ce qu’elle est devenue ?
– Un peu.
– Tu l’as revue ? Elle est où ?
– Elle bouquine dans le salon.
– Dans le salon ???? Mais y a que… maman ? C’est maman ? Mais… elle patine super bien maintenant !
– Ben oui, un de mes potes était un peu moins con que moi. Il l’a invitée à la patinoire.
Cloud
sur 7 décembre 2020 à 18h41
Super ! Bravo. L’idée, le dialogue, la chute. Tout y est. J’aime beaucoup.
Ah ! La timidité, la peur du jugement, qui nous paralysent jusqu’à ne plus savoir quoi faire. Mais finalement l’histoire est belle, et le cheminement de l’amour est plus fort tout. Chouette dialogue !
Le terme qui vient à l’esprit est un adjectif composé anglais, « pigeon-toed », qui signifie la position des pieds, orteils vers l’intérieur, talons écartés, comme pour le chasse-neige au ski. Les patins à roulettes avaient une autre allure que les « rollers », parfois un frein devant permettait de les stabiliser. L’étonnant, qui signe aussi l’époque, ce sont ces pantalons golf bouffants au-dessus de la cheville, qui rappellent ceux de Tintin chez Hergé. Simplement ceux-ci sont noirs et plus près du mollet, ils accentuent ces pattes de pigeon fines. La bottine haut lacée confère une certaine grâce. Mais que d’hésitation dans cette posture, d’appréhension, de recherche boîteuse de son équilibre. Comment repartir, s’élancer sur ce trottoir adverse ?
« Avancer »
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Avancer.
Avancer,
à pied, à cheval, sur roulettes
sur les mains, dans ses rêves, dans sa tête,
déterminée.
Avancer,
sourire aux lèvres maquillées
ou plutôt masquée.
Hésiter.
Avancer,
la rage au corps,
la honte aussi quand on a tort.
Pleurer.
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Mais avancer.
Avancer,
pleine d’énergie,
ou sans but dans la vie.
Reculer.
Avancer,
débuter,
s’entraîner.
s’améliorer.
Avancer,
cheville blessée
ou corps réparé.
Danser.
Hésitante ?
Assurée ?
Tremblante ?
Mais avancer.
Avancer
jusqu’au mur
qu’on ne peut ni traverser
ni escalader.
S’arrêter,
respirer,
contourner,
rêver.
Repartir,
courir,
ralentir,
avenir.
Toute une vie en équilibre sur des roulettes ! J’aime ce parallèle. Merci
Merci beaucoup Cécile
J’ai trouvé ce texte très vivant avec une urgence…d’avancer à tout prix.
Merci Photonanie pour ton adorable retour. En effet, avec le recul et ton effet miroir, je le réalise ainsi aussi. Le cliché m’a attirée et me suis lancée sur ce mini slam (qui fait la moitié de 3min en lecture à voix haute 😉 alors je l’ai fait foncer mon personnage hihihi). Belle journée
Ravi de lire un nouveau et chouette slam venu de toi. Un texte mené tambour battant, en adéquation semble t-il avec ton caractère. Des bises.
Big thanks Claude ! 😉 bises bises
C’est ce qui s’appelle aller de l’avant et aussi courage.
Merci
Un slam plein d’élan plein de vie !
Merci beaucoup Janickmm ! bisous
J’adore !!! Avancer a toujours été mon mot d’ordre, plutôt au ralenti ces derniers temps mais toujours plus que faire du sur place. Bravo !!!
Merci beaucoup. Ne jamais s’arrêter de danser avec la vie à son rythme à soi ! Take care !
Paul avait les pieds amoureux. Aussi étonnant que cela puisse paraître, son pied droit était fou éperdu de passion pour le pied gauche qui le lui rendait bien. Ils ne pouvaient faire un pas sans l’autre, chaussés à l’identique quelque fût le besoin de leur propriétaire. Les passants se demandaient même s’ils n’était pas jumeaux tant ils se ressemblaient. Paul ne s’en plaignait pas. On eût dit même qu’il était complice tant il se souciait qu’un traitement identique soit réservé à chacun de ses arpions.
Depuis trente ans Paul accompagnait ce couple uni. Durant ses longues balades, il les observait en silence, ému de les voir se suivre, se précéder tour à tour, jusqu’au moment ultime de la pause où ils se retrouvaient côte à côte pour leur plus grand bonheur.
Ce jour là, Paul voulu se donner à un exercice physique dans les limites autorisées par les réglementations sanitaires en vigueur. Il chaussa ses rollers, puis se lança dans la rue. A peine cinq mètres plus loin, il trébucha maladroitement. En jetant un oeil sur le bas de ses jambes, il s’aperçut alors que le pied droit était tourné vers le gauche et lui susurrait avec tendresse : « Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai une envie soudaine que tu me roules un patin. ».
Une très jolie histoire Cloud sur les pieds. Nos textes ont un même écho de thème et cette chute est si drôle et attendrissante. Bravo !
La chute est excellente ! Bravo
Très joli ! Je vois que tu t’es basé sur la position « en dedans » de ces 2 pieds sur la photo, elle m’ avait interpellée aussi.
Très chouette texte dont…la chute est amusante. On sent que tu as pris ton pied à l’écrire 😉
Rooo Claude, trop mimi ton texte ! Des bises
Qui se ressemble, s’assemble ! Très belle histoire !
Une histoire qui déroute un peu, puis, patinée au détail près, signée Cloud ! Évidemment on est emballé !
Quelle originalité !!! J’adore et ce final wow !!! Bravo !!!
j’adore!!!
Patin âge
Je patine
Tu patines
Elle tapine
Il piétine
Nous nous roulons des patins
Vous nous roulez des gros yeux
Ils sont pas in, les chaperons ennuyeux !
Un poème court, trop court même tellement l’exercice est plaisant à lire. Bravo marinadedhistoires !
Merci Kroum, une conjugaison ne va que de « je » à « ils » donc pas possible de faire plus long 😉
Ce poème ressemble à une comptine, j’aime bien
Merci, je suis déjà en train de chantonner devant mon bol de café !
merci Cécile !
Joli! Un bel exercice de conjugaison, bravo.
Merci Photonanie
J’adore. Plein de rythme musical dans ce court texte.
Merci Cloud !
Exercice de voltige sur petites roulettes au présent de l’indicatif, ça roule !
Merci Rizzie !
Ah ! Ah ! Qui se risque à le lire à voix haute et … très vite ? Plusieurs fois !
ça peut faire un exercice de théâtre hi hi hi !
ça me fait penser au Bancs publics de Brassens
Merci Jacotte !
Je l’apprendrais bien à mes élèves cette chouette conjugaison !!! Bravo
Peut-être un peu trop coquine hi hi hi !
De tout temps, l’Homme a eu besoin de protéger ses pieds tout en les habillant.
Sur talons hauts, sur patins, à plat, parfois avec talonnettes cachées, en cuir, en daim ou en tissus, les souliers ont toujours répondu présents sous différentes formes pour contenir nos pieds.
A bout pointu ou carré, étroits ou larges, chaque paire de chaussures vient faire barrage aux agressions extérieures et nous permettre de marcher et courir en toute sécurité.
A l’intérieur nos petons sont ainsi bien contenus, enfermés, serrés comme si on avait peur qu’ils prennent la poudre d’escampette en nous laissant sans pieds !
Les miens ont dès le plus jeune âge détesté les souliers jusqu’à développer toute sorte d’allergies aux différentes matières qui voulaient les toucher.
Aussi, dès que j’ai pu faire ce que je voulais, j’ai décidé de toujours marcher nus pieds ; et ça fait maintenant plusieurs décennies que ça dure. Je sais que ce n’est pas habituel dans nos sociétés ; certains regards d’ailleurs me le confirment mais je voue un tel culte à mes pieds que je me refuse de les empêcher de vivre en totale liberté.
Vive la liberté des pieds ! Super petite étude, Kroum !
Oui, tout comme Marina, je dis belle étude des « tortures » que l’on inflige à nos pieds ! Je préfère aussi mes pieds nus sauf en hiver où je les cache dans de confortables pantoufles bien chaudes !
Tu serais donc un membre actif du Front de Libération des Pieds? Tu as bien raison, leur vengeance est terrible quand on les enferme trop serrés!
Excellente réflexion sur l’enfermement des pieds. Comme tu as raison. Quelqu’un qui se balade pieds nus inspire, chez ceux qui regardent, un sentiment de liberté.
Ah ! vivre les doigts de pied en éventail… toute une philosophie !
Tout à fait d’accord, et c’est délicieux de sentir l’herbe pleine de rosée le matin à la fraîche
Sous les pied, pardon ! Sous les pieds !
Voilà un texte qui collerait bien à ma petite demoiselle qui est quasiment toujours pieds nus aussi (tout mon contraire). Beau contre-pied à cette photo en tout cas.
Ce matin j’ai sauté dans mes patins à roulettes. Les lacets se sont faufilés d’eux-mêmes exactement dans les œillets idoines, je leur ai fait deux belles rosettes. D’une jambe sur l’autre j’ai avancé d’un pas dansant de patineur, lançant mon corps de tribord à bâbord et puis inversement, mais sans jamais rien lâcher.
Au coin de la rue a surgi un grand vélo noir. Illico mes petites roues ont grandi jusqu’à devenir de superbes roues de bicyclettes à rayons métalliques. J’ai enjambé l’engin, me suis perché sur la selle , ai pédalé dans un élan joyeux avec le vent dans les cheveux.
Dans le ciel est passé un avion blanc. Aussitôt mes grandes roues se sont mutées en puissants pneus d’Airbus A330. J’ai poussé la manette des gaz et fait décollé l’aéroplane. Depuis le cockpit je regarde le monde. Il est exactement semblable à celui qui passe au bout de mon lit.
Une vraie liberté se dégage de ton texte sur la métamorphose des moyens de transport, on se croirait dans un rêve !!
Oh la liberté ! Elle est si bien décrite ici même si elle ne semble être qu’un rêve ! Merci pour cet envol
Un bel enchaînement de moyens de déplacement, de plus en plus gros, de plus en plus rapides et de plus en plus libres.
Bravo pour ce conte raconté avec talent. J’aime beaucoup cet enchaînement improbable.
Une évasion, une grande souplesse d’esprit et une belle liberté.
J’aime bien « idoines ». Et le reste aussi !
Quel pays merveilleux que ces rêves où l’on peut tout faire !!! Bravo
Patins à roulettes et autres sports d’équilibre
Moi qui suis tombée tant de fois de ma hauteur le plus souvent depuis mon enfance et encore aujourd’hui, le peu de fois où j’ai essayé de monter sur quelque chose, ça a été une confirmation de mon d’équilibre. Je n’ai jamais essayé les patins à roulette mais les patins à glace sur un terrain qui glisse, ont été un avant goût de ce que je ressens quand les trottoirs glissent: peur de me rompre le cou, ce qui est déjà arrivé…. trop jusqu’à une discopathie sévère, un genou en vrac etc.
L’équilibre, est-il acquis ou inné, la question peut se poser ! Ado, j’aimais cette sensation de glisse que ce soit sur des patins (à roulettes ou à glace) ou avec des skis mais malgré tout je finis par tomber ! Mais avant la chute (pour moi sans gravité) quel plaisir
La peur de tomber est vraiment handicapante
et tomber est handicapant
Mais c’est vrai il faut être un peu fou pour oser monter sur ces drôles d’engins. Perso j’étais plus douée aux patins à glaces qu’aux roulettes. Bravo pour votre originalité
j’ai d’autres folies que monter là-dessus
Bien vu. On a suffisamment d’obligations ou de loisirs agréables à disposition pour ne pas se risquer à des choses que l’on considère comme inutiles ou dangereuses.
je n’ai pas de loisirs
mais des passions
j’aime le sport mais pas celui-là
Bonjour, voici mon texte, très personnel une nouvelle fois. Bonne lecture et excellente journée.
La vie peut parfois devenir un combat.
Le premier round s’achève à peine
Qu’il faut déjà remonter sur le ring.
Choisir ses gants,
Trouver le juste équilibre,
Doser l’effort,
Faire des choix, des compromis
Voire des sacrifices.
Cela demande aussi une remise en question.
Une vague de bouleversement vous tombe dessus.
Alors on analyse, on tente d’interpréter les signaux, les messages d’alerte que le corps vous envoie.
Pourquoi ?
Pour simplement essayer de continuer d’aller de l’avant
Pour retrouver un peu de sa vie d’avant,
Comme quand tout allait bien
Quand tout glissait comme sur des roulettes.
J’aime beaucoup la façon dont tout ton texte amène à la photo et à la phrase finale !
Merci. Je ménage le suspens
Wah, ton texte est bouleversant
Merci beaucoup. Cet atelier est un bon outil quand on se retrouve dans les remous de la vie.
La boucle est bouclée quand on se souvient de ses débuts…matérialisés par la photo.
C’est plutôt toute l’ambivalence que peu apporter la volonté de revenir à la vie d’avant alors qu’on sait qu’elle ne sera plus jamais pareille.
Waouuu ! Touchée coulée par ton texte qui résonne si fort en moi. Rien de plus à rajouter à part prends soin de toi.
Merci beaucoup, c’est le programme en effet, j’ai enfin pris rdv avec un médecin de l’équipe douleur de l’hôpital près de chez moi. Après presque 30 ans, il est temps de m’y attaquer
Super ! Beau projet !
Plein d’émotion dans ce texte. Effectivement, dans des périodes de turbulences, la mémoire des jours paisibles peut aussi devenir un objectif futur.
Un objectif plein de nostalgie car avec la maladie, le retour à la normale n’est pas inclu mais il peut être un bon moteur.
C’est vrai que c’est chouette quand ça glisse comme sur des roulettes… on a envie de te pousser tout doucement dans ce sens-là.
Merci beaucoup. Ça ne sera pas une mince affaire mais qui sait ?!?
Bien vu Céline, je ressens les mêmes sentiments, merci !
Merci
comme cela résonne en moi!
certains disent que j’étais trop bien
« y en a qui supportent pas », c’est de qui?
Bonjour Alexandra, bonjour à toutes et tous, et je vous souhaite une belle journée
Voici ma participation :
Ma première fois
J’avais quoi ? 11 ans, 12 ans quand j’ai reçu mes patins à roulette, non, que dis-je mes rollers ! Patins à roulettes, c’est les vieux qui disent encore ça ! Ils étaient bleu et jaune ! Je les ai mis pour la première fois dans le couloir, je ne tenais pas encore très bien debout mais je me sentais immense et tellement fière. J’étais grande mes rollers aux pieds, j’en avais tant rêvé !
Je suis allée dehors sur le parking de la résidence et j’ai commencé à mettre un pied devant l’autre, à rouler tout doucement puis pouf, je suis tombée. Aie !la terre est basse et le goudron un peu dur. Je me suis relevée, j’ai pris de l’assurance, je sentais le vent dans mes cheveux, je roulais vers l’aventure ! Petit à petit, j’ai appris à avancer, à tourner à droite, à gauche, à reculer, j’étais la Katarina Witt du quartier !
Puis, j’ai grandi, mes rollers trop petits ont le bonheur des mes nièces, transmission … Aujourd’hui, je suis Mamie et un jour j’apprendrai à ma petite-fille à patiner, ça ne s’oublie pas et peut-être qu’elle aussi ressentira la même joie que moi à parcourir son monde.
ont « fait » le bonheur ! Désolée
C’est beau cette idée de transmission à travers les générations d’objets symboles de liberté, d’apprentissage de la vie et d’indépendance !
Merci ! Depuis que je suis Mamie, je me sens investie de cette mission de transmission
C’est ça la vie: apprendre puis passer le relais aux petits qui nous suivent tout en les laissant faire quelques pas seuls pour qu’ils maîtrisent bien les difficultés à leur tour.
Par contre je me suis débarrassée de mes patins (à glace): trop peur d’une mauvaise chute à présent 😉
Oui, c’est ça la vie regarder grandir son enfant qui un jour fait un enfant… lâcher sa main et lui faire confiance sinon, il ne pourra avancer !
Je dois toujours avoir mes patins à glace dans un coin du garage !
Les joies de la transmission… j’aimerais bien que tu m’apprennes à patiner, mes rollers achetés cette année sont cachés dans l’armoire après une grosse chute… Rooo
Allez on y va, je t’apprends … mais moi, je n’ai plus mes patins !
Bien remise de ta chute ?
oui oui hihihi mais plus effrayée à rechuter pareil maintenant 😉 on verra si je les revends à l’été prochain lol
C’est chouette de vouloir partager ce qui nous a provoqué du bonheur. Surtout quand on les transforme en valeurs morales.
Les valeurs morales sont essentielles !
Oui, j’aime partager
Mission de transmission : rechercher son équilibre, tout un programme !
J’aime ton point de vue ! Je pense que pour avoir un bon équilibre il faut avoir eu la main tendue avant non ?
En effet, pouvoir s’appuyer sur quelque chose et puis se lancer !
mon beau fils vers 1997 nous a fait un cirque pour en avoir!
Et alors, il a appris à en faire et il a pu s’élancer sur « la piste » ?
oh oui!!!
J’espère que cette transmission se fera, et ce sera un bon moment !
Oh oui !
Merci
Oh le doux souvenir des 1ères fois. Mon papa avait réussi à fixer mes vieilles « fausses » converse sur des patins à roulettes Inoubliable !!!
J’imagine !
Tiens, ça me fait penser que je n’ai jamais eu de converse 🙂
Bonjour tout le monde, ma participation est sur https://photonanie.com/2020/12/07/brick-a-book-387/ et bien sûr je vous la copie ci-dessous:
Cette année-là, j’avais espéré recevoir des patins à roulettes pour ma Saint-Nicolas. Je savais que c’était bien trop cher pour mes parents qui avaient beaucoup de mal à boucler les fins de mois. Il me restait un seul espoir: demander au vieil homme à barbe blanche de les déposer pour moi près de la cheminée afin que je les découvre au matin du 6 décembre .
J’ignorais évidemment que les miracles n’existaient pas et que les cadeaux n’arrivaient pas vraiment par la cheminée. Il faut dire que je n’avais pas encore tout à fait six ans.
Qu’est-ce que j’en rêvais de ces patins! Il me semblait que si je pouvais en chausser qui m’appartiennent je deviendrais le petit garçon le plus heureux du monde, enfin de mon quartier, celui où les maisons étaient toutes identiques et minuscules mais mises à disposition par le propriétaire de l’usine toute proche.
Je me couchai le coeur plein d’espoir le 5 décembre au soir. Pour une fois je n’essayai même pas de grapiller encore quelques minutes auprès de mes parents et j’allai me coucher sans renâcler. Mon impatience de voir mon cadeau me donnait des ailes. J’eus du mal à m’endormir, j’étais bien trop énervé mais je m’obligeais à ne pas bouger afin de ne pas inquiéter mes parents.
Au matin, je me précipitai pieds nus dans la petite pièce où nous vivions et je restai figé sur place. Ils étaient bien là! Mes efforts pour être bien sage avaient payé, ce ne pouvait être que ça.
Je me précipitai dans la rue pour essayer mon nouveau jouet avec impatience. Au début je tombai quelques fois mais très vite je maîtrisai leur utilisation et puis j’étais tellement fier de tourner et virevolter sans cesse devant les autres enfants qui me regardaient avec envie.
Ce n’est que bien plus tard que je remarquai que maman ne portait plus sa médaille de baptême à laquelle elle tenait pourtant tellement.
Mais ce n’est que quand je sus que Saint-Nicolas était une légende entretenue par les adultes que je mesurai l’étendue de l’amour de ma mère.
Je suis vieux maintenant et mes parents sont morts depuis bien longtemps. Mes enfants puis leurs enfants à leur tour se sont tous moqués de moi en découvrant au grenier ces vieux patins démodés et cabossés. Ils ne peuvent imaginer l’émotion qui m’envahit encore aujourd’hui à leur vue…
NB: En Belgique, la fête de Saint-Nicolas est la fête des enfants sages, bien plus que Noël qui est davantage réservé aux cadeaux entre adultes.
Oh, il est touchant ton texte Photonanie. Adorables les pensées de ton personnage lucide. Belle journée
Merci Nady. Belle journée à toi aussi.
Vieillir a au moins l’avantage d’ouvrir les yeux sur certains sacrifices qu’on n’a pas su voir et qu’on est tout prêts à faire, à notre tour, pour les nouveaux venus (au monde).
On appelle ça mûrir 😉
Un joli conte de Noël, emprunt de vérité sublime !
Waouw! Merci beaucoup Janick
Très touchée par votre texte. Bravo. Et pour avoir aussi connu le prix d’un sacrifice, j’ai toujours mon 1er Levîs 501 acheté presque pièce par pièce au lycée. Hors de question de le jeter
On peut avoir la photo du 501 pour l’atelier ?
Merci Céline. C’était une autre époque. J’ai entendu récemment des personnes assez âgées à qui on demandait le secret de longévité de leur couple répondre qu’à l’époque on essayait de réparer avant de jeter…
Je suis émue par ce texte !
Bien avant d’avoir mes rollers, j’ai tenté de patiner avec ces patins à roulettes et ben, c’est pas si facile !
Merci pour cette belle émotion
Pareil pour moi. Je n’ai jamais pu faire de patins à roulette mais j’ai passé des heures sur mes patins à glace, il y a longtemps 😉
Que c’est beau. C’est un conte de Noël (pardon, de Saint Nicolas). C’est très émouvant dans le fond et dans la forme du texte. Bravo. Bel hommage de reconnaissance pour des parents discrets et prêts à tout pour un plaisir même éphémère de leur enfant.
C’est l’ambiance un peu nostalgique de cette fin d’année qui m’a inspirée 😉
Bonjour, voici ma participation (que vous pouvez retrouver sur mon blog : https://wp.me/p7OVfj-aA)
Voilà un énième déménagement de terminé, un nouveau départ, dans une nouvelle ville, pour une nouvelle vie. Un projet mûrement réfléchi, qui avait mis du temps à se conclure, mais ils y étaient arrivés, non sans heurts d’ailleurs. Ils avaient acheté cette maison, qui était devenue leur maison, et qui le resterait jusqu’à la fin de leurs jours. Ils avaient enfin pu rassembler leurs affaires disséminées en caves et greniers familiaux, l’ensemble des cartons regroupés au fond du garage. C’est là que Pierre avait retrouvé cette photo, dans une boîte recueillant de vieux souvenirs, alors qu’il cherchait un moule à pâtisserie.
Le flash fut instantané. Les patins à roulettes trainaient dans l’entrée de la demeure des vacances, le gamin qu’il était avait voulu les essayer. Un peu malhabile, il les avait chaussés, assis sur les marches d’un grand escalier en chêne, puis avait réussi, cahin-caha, à redresser ; n’ayant strictement aucune stabilité, il s’était agrippé à la rambarde, paralysé par la peur de faire un faux mouvement. Sa maman lui avait proposé de le tenir, et l’aider à sortir dans la cour. Son père s’y était posté dans un coin, Leica prêt à capturer les instantanés de vie à venir.
Après moult cris et pertes d’équilibre, Pierre et sa mère avaient franchi les quelques mètres leur permettant de se retrouver à l’extérieur. Et le voilà, raide comme un piquet, commençant à se demander si c’était vraiment une bonne idée de chausser ces semelles roulantes. Il en vient à supplier la femme de ne pas le lâcher, empoignant son bras à se faire blanchir les phalanges. Tu vas y arriver, c’est facile, tu vas voir, aie confiance en toi, lui dit-elle, posément. La voix douce eut un effet apaisant sur le môme, mais pas trop rassuré, qui prit plusieurs grandes respirations, tel qu’on le lui avait appris. Puis, dans un sentiment d’assurance, il desserra son étreinte, pour enfin lâcher le bras maternel.
Va s’y, fiston, fonce ! cria le père, manipulant le déclencheur de son appareil. Il ne fallut que quelques secondes à Pierre pour perdre l’équilibre, mais des heures à attendre pour la pose d’un plâtre sur son poignet douloureux. Il sourit, se rappelant maintenant pourquoi l’articulation le lance les jours trop humides. Il ne fit plus jamais de patins à roulettes, ni n’importe quel autre sport impliquant de glisser. Il repose la photo dans sa boîte à trésor, qu’il remet au milieu d’un carton contenant tout un fatras de choses dont il faudra bien faire le tri. Puis, ayant trouvé l’objet de sa recherche, il ressort, joyeux du garage, avec l’envie de raconter l’anecdote à sa bien-aimée. « C’est bon Chérie, j’ai retrouvé le moule pour les madeleines ! »
C’est bien amené et on déguste cette madeleine par petites touches…
Je l’ai faite un peu mienne aussi, j’explique: mon fils, 11 ans à l’époque passe son temps libre dans la rue avec les copains à faire des cascades sur des rampes bancales qu’ils bricolent avec de vieux bois, tous équipés de rollers.
Soudain, la chute en arrière, le réflexe de tendre les bras pour se rattraper et clac les deux poignets cassés d’un seul coup! Pas top pour les cours de batterie qu’il a fallu suspendre 😉
Aie 🙂
et merci
Vous me rappelez les jeux et jouets que l’on trouvait uniquement dans la vieille maison familiale de Corrèze, il nous fallait quelques étés pour les maîtriser mais quelle fierté ensuite. Et ce final !!! Merci pour le sourire du soir.
Merci
En lisant cette histoire, je suis revenue chez ma grand-mère où m’attendait un vélo ! Merci pour ce joli souvenir
Merci
Ca fait du bien d’aller faire un tour dans le grenier de temps en temps, il s’y passe des choses insoupçonnées, des souvenirs oubliés remontent à la surface, et nous nous laissons aller dans ce cocon familial, merci !
Merci
Bien trouvé ! Le moule à madeleines proustiennes supplanté par une photo retrouvée dans un grenier. Belle évocation de souvenirs cuisants mais où l’affectif prédomine. Bravo.
bonjour, voici ma participation ici https://janickmm.wordpress.com/2020/12/07/le-pensionnat/ et là
L’annonce avait été faite lors des matines, par la Sœur Supérieure.
Nos petits cerveaux embrumés comprenaient à peu près que nous resterions au pensionnat pour Noël, routes fermées en raison de neige abondante et de microgouttelettes emplies de virus, stagnantes dans l’air et très nocives pour nos petits poumons.
Les sœurs, d’habitude revêches, s’adoucissaient au fur et à mesure que chaque pensionnaire doué et créatif assurait la décoration de la salle du réfectoire, devenue lieu de vie.
L’oncle de Robert lui avait fait parvenir un instantané que Robert nommait en connaisseur, mon insta.
Juliette, une paire de patins à roulettes avec frein, enfin, sans doute du au caractère exceptionnel de ce Noël, tous les cadeaux reçus et déposés près de la crèche, étaient merveilleux.
Robert ne maîtrisait pas tout à fait le cadrage de sa nouvelle acquisition, aussi vous ne verrez que les pieds de Juliette sanglés de lanières de cuir, et tentant des pas hésitants car chacun sait que la première fois que nous chaussons une paire de patins à roulettes, nous tentons de marcher et non de rouler.
Mais il y a un autre cliché dont j’aimerais vous parler, celui de la Mère Supérieure, de sa bouche ouverte en gros plan et de la petite tête crèmée de la religieuse au café, qu’elle s’apprêtait à faire disparaître et à engloutir avec délectation. Nous avions ri, jusque tard dans la nuit cachés sous nos couvertures, d’avoir pris malgré elle, ce flagrant délit de gourmandise. Robert avait tout simplement voulu expliquer le fonctionnement de l’appareil à la Mère Supérieure et le bouton s’était déclenché, elle n’avait rien remarqué, et lui, avait filé très vite hors de sa vue.
Une belle histoire qui se termine par un grand sourire aux dépends de la Mère supérieure mais chhutt! on ne répètera rien 😉
Nous ferons vœu de silence …
Une prise de vue peut en cacher une autre… Bravo pour cette double anecdote. On aurait tous aimé voir le cliché de la religieuse mangeant son éponyme. Les photos, ratées ou disparues, restent souvent malgré tout des tremplins à des émotions tenaces.
Ratées ou disparues… ou dérobées pour que rien ne soit dévoilé ! Merci Cloud !
Ah les clichés volés !!! Ne sont-ils pas les meilleurs finalement ? Bravo pour avoir osé aller plus loin que la photo initiale
En effet il dévoile souvent le naturel. Merci
Cette histoire fait du bien, merci
Des petits clins d’oeil à l’insouciance, d’avant.
Savoureux !
La part du gâteau ? Ah, ah !
oh super ces histoires en une seule ! Tu la racontes si bien qu’on visualise parfaitement le deuxième cliché ! Roooo ! bisous
Hey ! Secrets insoupçonnés de religieuses… merci !
Objets du délit
– Papa, c’est quoi ces… machins ?
– Ça ? Ha ha, c’est des patins à roulettes. C’était avant les rollers.
– Ils sont à toi ?
– Non.
– A qui ?
– A une fille que j’ai connue y a longtemps.
– Mais quelle fille ? Comment ça se fait que tu as gardé ses patins ?
– Elle habitait à côté de chez nous, quand j’étais enfant. Ses parents lui avaient offert ces patins, c’était la mode à l’époque. Mais elle savait pas en faire. Elle aimait pas ça.
– Alors tu lui as montré ? Tu savais en faire, toi ?
– Ouais, moi j’étais champion. Mais non, je lui ai pas montré.
– Ha ha, tu étais trop timide, pas vrai ?
– Non, j’étais plutôt un peu con. Plutôt du genre à me marrer avec mes potes en la voyant galérer pour faire plaisir à ses parents. Tu le crois, que ton père était un peu con ?
– Ça oui ! Mais elle, elle y est arrivée avec ses patins ?
– Je les ai retrouvés un matin dans notre jardin. Elle avait dû les jeter là pour s’en débarrasser.
– Elle t’a rien dit ?
– Nan.
– Et pourquoi tu les as gardés ?
– J’ai pas trop su quoi en faire. J’étais pas sûr qu’elle voulait s’en débarrasser.
– Ah ouais, au cas où elle change d’avis et qu’elle te les réclame. T’étais pas si con que ça, en fait. Elle te les a réclamés ?
– Pas encore.
– Et tu crois que c’est encore possible ? Tu sais ce qu’elle est devenue ?
– Un peu.
– Tu l’as revue ? Elle est où ?
– Elle bouquine dans le salon.
– Dans le salon ???? Mais y a que… maman ? C’est maman ? Mais… elle patine super bien maintenant !
– Ben oui, un de mes potes était un peu moins con que moi. Il l’a invitée à la patinoire.
Super ! Bravo. L’idée, le dialogue, la chute. Tout y est. J’aime beaucoup.
Quelle merveille !!! Bravo !!!
Je n’ai pas vu la chute venir et j’ai le larmes aux yeux. Merci pour cette belle émotion
Merci Cécile, je craignais qu’on voie la chute arriver, mais je ne pensais pas susciter d’émotion. Merci de m’en faire part, je suis touchée !
Magnifique et on ne sent pas venir la chute…de l’histoire 😉
Merci Cloud et Céline et Photonanie 🙂
Excellent !
Ah ! La timidité, la peur du jugement, qui nous paralysent jusqu’à ne plus savoir quoi faire. Mais finalement l’histoire est belle, et le cheminement de l’amour est plus fort tout. Chouette dialogue !
Merci !!
Savoureux !