@ Eutah Mizushima
Et voici la nouvelle photographie ! A vos claviers.
Publication des textes lundi matin (ou dimanche soir, si plus facile pour vous.)
@ Eutah Mizushima
Et voici la nouvelle photographie ! A vos claviers.
Publication des textes lundi matin (ou dimanche soir, si plus facile pour vous.)
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Cette année-là, mon entreprise m’avait envoyé en mission au Japon. Trois semaines logé à Kyoto où quotidiennement je me rendais à la gare afin de rejoindre le bureau du client situé à trois kilomètres de là, à Uji.
Chaque matin sur le quai, je voyais une même femme, seule, superbe, qui me tournait le dos. Lorsqu’un train arrivait, elle restait immobile, semblant indifférente au voyage proposé. Seule la tête pivotait au dessus de son cou élancé. Ses yeux en amande balayaient chaque rame et chaque voyageur qui passaient. Elle portait immanquablement une chemise blanche immaculée et une jupe bleu marine. Le mystère qui enveloppait son attitude eut vite fait de me troubler. Au bout de trois jours à peine, je tombais amoureux d’elle. Le soir, dans mon riokan, en écoutant des musiques de koto, je contemplais les photos d’elle prises avec mon smartphone, et je lui écrivais des dizaines de lettres enflammées. Elle ignorait bien sûr tout cela. Elle était ma Rosemonde d’Apollinaire, je lui prêtais tout sans lui avoir une seule fois adressé la parole. Mais je n’ai pas la force du poète : je souhaitais la rencontrer, passer du temps, et pourquoi pas coucher avec, si elle insistait. Je lui avais donné un prénom : Emi, « beauté divine ». Mes nuits en étaient bouleversées, mes pensées se cristallisaient inéluctablement sur elle.
J’avalais à la hâte des méthodes rapides de japonais, je dévorais les ouvrages sur la culture, le zen, le tao. Ma chambre exigüe était rapidement devenue une bibliothèque. Emi était devenue mon marque-page et mon unique dédicace.
La fatigue m’envahissait de manière inquiétante. L’inconfort, mes rêves obsessionnels et la chaleur de l’été détournaient de plus en plus mon attention. Mes rendez-vous professionnels avaient tourné au fiasco.
Le dernier matin de mon séjour, décidé à déclarer mes sentiments avant mon ultime soirée japonaise, mes pensées se perdirent dans un télescopage tel que j’en oubliai de composter mon ticket avant d’attraper mon train. J’eus le temps de faire deux mètres. Un homme et une femme en bleu marine m’abordèrent. Je reconnu Emi. En guise de poèmes d’amour, je lui remis 9000 yens, le prix forfaitaire de mon amende.
riokan?
Quelle chute!
J’aime le retour brutal à la réalité après le rêve en train 🙂
Où un ‘métro(politain)’ nommé désir se prend le train duréel en pleine farce !
Excellente nouvelle, #9 Cloud* !
*John Lennon…
Outre le titre du ‘White Album’ (1968), cette chanson.
https://www.youtube.com/watch?v=vIYRbbHMesg
Ici, au moment de son enregistrement. Lennon dit en ouverture : » 9 is me lucky nulmber ».
Gud 9, Cloud 😉
Un retour à la réalité très rude. Bravo Cloud!
Une belle chute qu’on ne voit pas venir, bravo !!!
Ce n’est pas de la jalousie chez toi mais tout de même des flammes traversées en solitaire. J’adore la chute!
Ravie de vous retrouver…
Je viens de souffler une dizaine de bougies, par pudeur je ne vous dirais pas combien.
Je me souviens de mon grand-père que je voyais chaque semaine.
Il me disait :
« tu vois petite, la vie c’est comme un grand train qui file à toute vitesse.
Oh je sais à ton âge, tout te semble long.. L’absence de maman partie faire des courses te semble interminable. Que dire du temps qui sépare les Noël et les fêtes d’anniversaire ! Pourtant, tu verras que le temps va s’accélérer. Le temps que tu auras perçu jusqu’à tes 10 ans te semblera le même que celui qui séparera tes 40 de tes 80 ans !
Bien sûr tu peux te pencher par la fenêtre du train et regarder le chemin parcouru. Et tu auras des regrets parce que tu n’auras pas tout fait de façon impeccable. Certains choix te sembleront ridicules et pourtant, tu les as faits.
Tu peux aussi essayer de voir ce qu’il te reste à parcourir. Et tu auras peur parce que tu sais qu’il y aura de nouveaux obstacles à franchir.
Mais à quoi bon ?
De toute façon, le train t’emmène quoi que tu fasses vers une destination inexorable.
Pas la peine d’essayer d’accélérer ou de ralentir… tu n’auras aucune prise sur le temps qui passe.
Alors petite, écoute-moi bien, regarde par la fenêtre mais pour profiter du paysage. De l’endroit où tu te trouves dans l’instant présent. C’est le seul sur lequel tu peux agir !
À toi de savourer le goût des fraises, d’écouter le chant des oiseaux quand revient le printemps, d’apprécier la chaleur d’un rayon de soleil.
Le plus important c’est que le jour où tu atteins ta destination, tu aies un sentiment de plénitude, d’avoir profité de ce temps qui t’était offert mais surtout de ne pas l’avoir gaspillé. »
Bien sûr je ne comprenais pas à l’époque ce que voulait dire Papy. Maintenant que les cheveux blancs sont là, je comprends enfin la sagesse de ses paroles Je n’ai aucun regret…
Une belle histoire de la vie et du temps qui passe…quoi qu’il arrive.
Belle philosophie que celle d’être dans l’instant présent. Un beau texte plein de sagesse et de salutaire transmission.
Un texte plein de sagesse.bravo titounette
Très beau texte et oui profitons du temps qui est une denrée de plus en plus rare.
hier, je n’ai pas arrêté de faire des choses
mais le temps passe si vite en effet
que je n’ai pas pu tout faire
Plus on vieillit, plus l’urgence de vivre se fait sentir
Bonjour,
Voilà ma participation:
Paysages de métro
J’ai découvert les paysages du métro à Paris lorsque j’y ai fait une prépa HEC avec mon bac. La première chose que j’ai apprise cette année là, c’est mon trajet de ma chambre de bonne(6 e étage sans ascenseur, toilettes sur le palier et pas de douche) à mon école de commerce où se situait la prépa. C’est vite devenu un automatisme. Si je me suis vite rendu compte que cette prépa n’était pas pour moi(surtout à cause des 8h de maths car le reste état passionnant), Paris était et est toujours un de mes paysages de métro préféré. Hors mon trajet « sérieux », j’ai découvert d’autres lignes, d’autres stations pour arpenter Paris , acheter(ou emprunter) des livres ou passer des concours. La dernière fois que j’ai pris le métro(RER) là-bas fut triste(la mort de mon mari il y a plus d’un an) mais j’y retournerais pour d’autres pour découvrir d’autres paysages de métro.
Il y a un autre réseau de métro que je connais bien, c’est celui de Lyon où j’ai fait une partie de mes études et comme j’habite à une la troisième ville de France, j’y vais au moins six fois par an pour visiter, marcher, découvrir grâce au métro entre autres.
Je ne dois pas oublier le paysage de métro de Toulouse où j’ai fait ma maîtrise de lettres.
Il y a encore le métro de Marseille où nous allions souvent.
Je dois préciser( pour ceux qui ne le sauraient pas) que mon mari était passionné par les métros (et autres transports en commun) et je partageais sa passion en prenant avec lui lors de nos voyages en France et à l’étranger le métro: si l’occasion ne se présentait pas, nous la créions. Nous avons ainsi admiré le métro d’Istanbul.
Merci et bonne journée
Ah, les métros… Moi aussi j’ai des souvenirs lointains bien ancrés liés aux métros parisiens et autres.
mes derniers souvenirs datent du mois dernier
Belles tranches de vie à travers les métros. Bravo Laura!
Comme j’en ai passé des heures pendant mes études dans le métro parisien et plus de 20 après j’y suis encore au quotidien mais pour des trajets plus routiniers. J’y ai vécu aussi de sacrées aventures, de bons et de moins bons souvenirs également. Bravo
sacrées aventures: SE PERDRE
S ENDORMIR
PLEURER
etc.
Bonjour. Voici mon texte. Bonne lecture et excellente journée.
Choisir son chemin n’est jamais une mince affaire,
Les décisions, les choix, …
Ne nous épargnent pas
Mais nous font aussi grandir/évoluer.
À droite, à gauche, en face,… les carrefours de la vie nous imposent parfois un stop, de faire une pause.
Prendre du recul, peser le pour/le contre,
Jeter un coup d’œil au passé pour apprendre de ses erreurs mais aussi de ses réussites.
Se projeter dans le futur pour définir ses objectifs
Mais aussi tenir compte du présent bien réel.
Et puis parfois il suffit simplement d’oser monter dans le train et de se laisser embarquer…
C’est tout à fait vrai, on peut faire quelques choix mais aussi par moment se laisser conduire sans trop réfléchir…
Exactement
Bien vu. C’est vrai, les trains symbolisent les surprises du temps et de l’espace.
Les trains ont rythmé ma vie depuis mon enfance et je le prends encore pour aller travailler.
parfois on n’a pas le temps nécessaire pour… réfléchir à quel train on prend
…ou celui qu’on traîne…
Aussi mais essayons de détacher un ou deux wagons de temps en temps
Oui aussi mais ça peut valoir le coup de le prendre ce temps ou ce train
Bonjour, ma participation est sur https://photonanie.com/2021/03/22/brick-a-book-398/ et je vous l’ai aussi apportée ci-dessous.
Je savourais mon bonheur et ma liberté retrouvée en même temps.
Le train avait à peine roulé une heure qu’il ralentissait déjà. En regardant par la vitre je l’ai aperçue sur le quai, elle avait l’air un peu angoissée.
Nos yeux se sont croisés, elle ne quittait plus mon regard comme si elle s’accrochait à une bouée de sauvetage.
Bien sûr, elle me trouva dans le wagon et vint s’asseoir en face de moi.
Je n’arrivais pas à replonger dans mon livre, il me semblait qu’elle attendait que je dise quelque chose. Après un moment je me penchai vers elle en lui demandant si tout allait bien.
Elle parut soulagée à l’idée de n’être plus tout à fait seule. Sa correspondante l’avait invitée à son mariage et c’était la première fois qu’elle voyageait aussi loin de chez elle, seule.
Il nous fallut moins de deux minutes pour comprendre que nous allions au même endroit.
Tout à fait rassurée elle commença à m’en dire un plus sur elle, sa vie, son nouveau boulot.
A la descente du train, nous étions presque les meilleures amies du monde. En tout cas, nous espérions le devenir après avoir mis en évidence tous nos points communs.
La future mariée sembla ravie de nous voir arriver ensemble, tout sourire.
Je la soupçonnais même d’avoir provoqué notre rencontre en nous communiquant des horaires qui nous amèneraient dans le même train .
le charme du train
Quand on a une place assise ce qui n’est pas toujours le cas en heure de pointe 😉
Belle histoire d’une rencontre. Le train est un excellent moyen d’échanges. On reste captifs pour quelques heures. Les discussions semblent facilitées. Des amitiés peuvent naître, voire des amours.
Merci Cloud. C’est vrai qu’il y a des jeux de regards curieux dans les trains…
Jolie histoire et belle rencontre
Merci Céline 🙂
Quel rafraîchissement que ce texte, chère ‘Nanie.
Une nouvelle, brève, mais charriant quelques valises d’émotion que l’on tient bien en main, pour ne pas les laisser à quai.
Puisque s’en est le sujet, je te fais mes amitiés, sûr de nous rencontrer à nouveau, bientôt, ici ou là…
Merci pour ton indulgence Tiniak. Au plaisir…
L’attente
Sur le quai d’une gare, elle attend son métro.
Une journée de boulot, ne pas rentrer trop tard,
s’occuper des enfants, de Ben un peu bavard,
discuter avec Jean, puis ensemble au dodo.
A mi-chemin d’une vie, elle attend un gros lot ;
comme gagner au loto, elle en a bien envie.
Et que Jean la surprenne, à nouveau dans leur lit,
qu’il se donne cette peine, serait un beau cadeau.
Hélas, rien ne se passe comme elle avait prévu.
Aussi, elle est déçue et craint que tout ça casse
et qu’elle devienne lasse de Jean et ses plans cul.
L’attente s’éternise, sa patience s’agite.
Tout ce temps qui passe vite et sa vie qui s’enlise…
Quand soudain ses sens vibrent au prénom de Judith…
On changerait bien de métro ou de train de temps en temps, stopper la routine enlisante, s’échapper un moment. Joli poème.
Chouette cette éclaircie à la fin, on veut y croire!
Très réaliste, j’aime beaucoup
Ouh, un bijou de sonnet. Sonné par se belle densité, je te remercie pour cette régalade, Kroum 🙂
le train pour s’évader
Joli poème. L’attente, l’impatience, la déception, et pourquoi pas, derrière, une bonne surprise…
Ouf ! J’arrive à temps…
Kikou, les aminches !
Très occupé à l’écriture d’un feuilleton, je vous « néglige » un brin, ces temps-ci. Pas dans ma pratique de lecture, mais dans mes commentaires, pour sûr. Même ici me suis fait plus rare, donc.
M’en voulez pô, hein ?
Mais je suis bien là, c’te fois !
Allez ! Un nouvel acrostiche, ça vous dit ?
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/03/22/38880506.html
Chouette acrostiche !!!
J’ai adoré cet acrostiche. Riche de beaux mots, il interpelle sur le temps qui passe et l’éphémère. Il est très agréable à lire, comme un poème symboliste. Bravo Tiniak.
Très joli! Bon courage pour le feuilleton 🙂
Le chapitre 9 est dispo 😉
Zoubi, Nanie
Oups ! J’avais oublié de publier le texte avec le lien. Je me corrige…
« Courage, fuyons ! »
C omment rester, pourquoi partir ?
O ù peut s’en loger le désir ?
U n train d’avance; un train plus tard…
R egarder filer la mémoire
A vec ses doigts de Pénélope
G orgés de songes nyctalopes
E n femme experte, un lent soupir
F unambule à quai, tout t’arrive !
U n train, puis l’autre, sur la rive…
Y siègent des noms passagers
O ubliant celui familier ?
N acre furtive à la paupière
S’ offrir l’allant de l’éphémère !
Des pensées très poétiques nées sur ce quai de gare…
L’esprit encore tout accaparé par la réunion à laquelle elle venait de participer, ses pieds avaient suivi un chemin familier. La station où le changement qu’elle avait opéré pour, chez elle, pouvoir rentrer, était aussi à l’époque celle où elle empruntait la ligne qui, chez lui, menait. Lorsqu’elle constata qu’elle n’était pas sur le bon quai, qu’ici elle s’apprêtait à entrer dans un wagon qui, chez lui, pourrait aller, elle s’en trouva abasourdi. Trois ans que l’histoire était terminée. Elle sentit pourtant monter le même ressentiment, cuisant, lui brûlant le thorax et lui chauffant les joues. Honnêtement, elle y revenait encore souvent à cette histoire. De manière compulsive, elle espionnait ce qu’il vivait en le pistant sur les réseaux sociaux, identifiant ses nouvelles fréquentations, et surtout qui était -ELLE-, cette nouvelle. C’est ainsi qu’elle savait qu’ELLE avait deux enfants, de deux pères différents. Elle jugeait cela sévèrement, comme toute information qu’à son sujet elle réussissait à se mettre sous la dent. Chaque fois par exemple qu’elle détectait qu’il n’avait pas levé de pouce à certaines publications d’ELLE, elle s’en délectait, comme si ainsi elle nourrissait un monstre intérieur qui jouissait de tous ses membres à chaque nouvelle acidité. Ces derniers temps, elle en était venue à admettre que c’était d’abord elle que ce monstre dévorait. Elle mettait tant de soin dans son pistage en ligne qu’il était des plus probables qu’aucun des deux ne sachent ses manœuvres. Et s’ils les savaient et les méprisaient, c’était encore pire à dire vrai.
Sur ce quai en direction de chez lui, elle sortit son téléphone, ouvrit l’application d’espionnage favorite et commença son e-circuit habituel pour glaner des informations. Elle était, comme souvent lors de ces agissements, tellement hors d’elle-même, qu’elle ne perçut pas le métro s’arrêter, ni le son signalant que les portes allaient se refermer. Lorsqu’elle leva le regard et vit le train devant elle démarrer, elle prit une nouvelle et plus forte fois conscience de l’état second dans lequel ce comportement de possession-obsession la plongeait, à quel point ce dysfonctionnement en elle s’était renforcé. Comme mue par la grâce, elle supprima cette application et se détourna de cette ligne pour s’appliquer à vivre chacun de ses pas et à nouveau investir sa propre vie.
Beau texte intéressant qui montre bien la spirale de la jalousie. Cela n’amène qu’à ignorer les plaisirs de sa propre vie et exalter les sentiments les plus vils. La dernière phrase rend l’histoire optimiste. Merci.
avec plaisir 😉
Et la voilà enfin libérée, délivréééée de cette jalousie qui la rongeait tout à fait inutilement.
Ne nous laissons pas envahir par la technique, les applis et l’esclavage engendré 😉
hahaha! bravo, texte bien compris !