Hello à tous, Quand Facebook m’a fait apparaître par un heureux hasard le cliché de la semaine, je l’ai pris comme une invitation à me replonger dans de la prose, c’est vous dire comme je sors de ma zone de confort, pour ceux et celles qui connaissent ma spécialité dans le slam ;-). Mais le côté flou de la photo m’a plus qu’attirée, allez savoir pourquoi… Alors, voilà mon texte de ce petit tour en passant par ici. Belle lecture à tous et bonne semaine à venir :
Préambule : Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnages ou événements connus serait une vraie coïncidence.
Vu d’en Haut
Vu d’en Haut, le créateur de l’Univers observait son œuvre, travail de plusieurs milliards d’années de vie. Un véritable terrain d’expérimentation lui avait été offert pour ses différents tests de matière et d’énergie. Un peu de vie humaine et animale ici et là et plus particulièrement sur une planète dénommée T, un système solaire pour réchauffer certaines terres et plein d’étoiles dispersées par brassées en touche finale. Le tableau commençait enfin à prendre forme ; l’artiste aspirait à se faire du bien et voulait se retirer pour un peu se reposer. Mais quelques débordements ont commencé à attirer son attention. Il ajusta sa paire de lunette, le grand âge n’aidant pas, et se concentra sur la planète T.
Vu d’en Haut, il pouvait voir des lignes de fuite émerger de cette boule de terre. Les quelques homos sapiens qu’il avait envoyés à ses débuts, s’étaient reproduits en masse et bientôt leur nombre ferait déborder la surface. Aussi, ils cherchaient à s’installer ailleurs dans l’Univers. Pour cela, ils envoyaient des blocs en fer à moteur un peu partout en l’air avec l’unique objectif de mieux observer ce qui se passait en bas et dénicher un autre coin de terre où faire pousser une herbe plus verte. Le créateur n’avait pas pensé qu’une telle folie puisse un jour avoir lieu, les élèves dépassaient le Maître mais en même temps il leur avait laissé un bien précieux : la liberté. Aujourd’hui, Il lui faudrait peut-être réajuster son cahier des charges initial. Alors il zooma plus précisément sur ces bouts de terre.
Vu d’en Haut, des lignes étaient bien dessinées par terre. On les appelait des frontières. Elles délimitaient des espaces avec à l’intérieur des règles et des lois propres à l’endroit où l’on se trouvait. La vie s’y écoulait tranquillement à certains endroits, plus énergiquement à d’autres. Parfois, on apercevait des migrations de populations d’une zone à l’autre et certains se risquaient même à traverser des mers pour chercher meilleur cadre de vie au-delà de leurs frontières. Puis un jour, tous ces gens se sont retrouvés confinés sur leur canapé, devant leur poste de télé pour se protéger d’un ennemi venu de la planète dénommée « Nulle Part ». C’est le créateur qui avait activé ce lien entre les deux planètes, histoire de faire une mise à jour de son application qui commençait à dater.
Vu d’en Haut, tout semblait sur pause. Le créateur ne percevait plus que des lignes d’énergie qui fusaient au-dessus de cette planète de terre et de mer. Grâce à une invention spectaculaire, appelée Virtualité, les homos sapiens avaient trouvé le moyen de rester connectés les uns aux autres pendant que les lignes des frontières disparaissaient. Des milliers de kilomètres les séparaient ou parfois juste un palier, mais le mot Solidarité s’enflammait.
Vu d’en Haut, le créateur jubilait devant cette boule d’énergie en forme de cœur qui s’échappait de la planète T. Même la nature semblait revivre et respirer le bon air. La pollution avait été priée de dégager. Le soleil omniprésent du printemps prenait des clichés fabuleux de ce monde réuni et soucieux des uns et des autres. Le créateur n’en croyait pas ses yeux et retira ses lunettes tellement la beauté de ce paysage l’éblouissait. Mais ce bonheur fut de courte durée. Le mot « Déconfinement » fut décrété, les portes se sont ouvertes, tout le monde a filé et on a cherché à redessiner les frontières pour bien signifier le « chacun pour soi ». Mais l’ennemi continuait de rôder alors on a reconfiné, puis déconfiné. On a rajouté un couvre-feu à 20h, puis 18h et enfin 19h…
Vu d’en Haut, le créateur commençait à fatiguer des yeux. Ça s’allumait, ça s’éteignait, ça bougeait, ça s’arrêtait mais dans un tel désordre qu’il en eut le tournis. Une véritable désorganisation, comme ça n’était pas permis ! Sur un archipel dénommée Z, il apercevait des groupes de privilégiés qui s’amusaient et profitaient de la vie, comme si de rien n’était. Leur arme secrète ? De nombreux billets offerts à un organisme pour un séjour en totale liberté. Respirer à l’air pur dorénavant se payait ! Sur un bout de terre, dénommée B, au nord d’un Océan, des homos sapiens se faisaient abattre sans raison apparente dans les rues bitumées. Un peu plus bas de la carte, sur un bout de terre dénommée S, à droite d’un autre Océan, des affrontements violents se déclaraient après des années de paix.
Vu d’en Haut le créateur prit peur. Il réajusta sa paire de lunette mais malgré cela, le monde lui paraissait de plus en plus flou et incontrôlable. Il craignait d’avoir perdu les commandes de son joujou. Son envie devint de plus en plus pressante d’appuyer sur le bouton rouge du « Game Over ».
J’ai été emportée par cette histoire…de pure fiction bien sûr 🙂
J’espère que le Game Over ne sera pas actionné trop vite et qu’on aura droit plutôt à un « same player shoots again »…
Nady
sur 29 mars 2021 à 10h08
Excellent Photonanie ! Je ne connaissais pas cette deuxième option ! Oui, croisons les doigts 😉 merci beaucoup pour ton retour qui me va droit au coeur. Belle journée à toi
Cloud
sur 29 mars 2021 à 18h17
Très bien Nady ! Superbe retour à la prose. J’ai aimé l’idée, le ton, les mots et le rythme de ton texte. Quant à la morale, Dieu a déjà essayé un Game Over avec le déluge. Il a droit à trois boules, il n’en restera qu’une… Je citerai Pennac (je pense que c’est de lui) : « Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse… ». Plein de bises. Prends soin de toi.
Nady
sur 29 mars 2021 à 21h12
Roooo, merci pour ton feedback Claude. S’il reste encore une boule, alors croisons les doigts pour ne pas laisser passer notre chance sinon ben, on se retrouve au Paradis hein ! Grosses bises et take care and stay safe too
tiniak
sur 30 mars 2021 à 9h09
Contre son « cahier des charges initial », voici un audacieux billet de charge frontale !
A la lueur de nos vies, j ai aperçu une ouverture
Un espoir de lumières, rondes comme des billes
On sortirait sans crainte, on ne verrait pas net
Une recréation sans mise au point
A la lueur de nos vies, j ai aperçu plein de couleurs
Un flou sur le passé, le présent, l’à venir
Une impression de déjà vu, un brouhaha déjà connu
Une foule auréolée de joie
A la lueur de nos vies, j ai aperçu un autre moi
Qui rencontrait un autre toi, sous une pluie de réverbères
Un scintillement de pointilliste
Une nébuleuse très artistique
A la lueur de nos vies, j ai aperçu une fille orange
Elle avançait en pleine conscience
Dans sa ville illuminée
Dans sa vie retrouvée
Il est sublime ton texte Marinades d’histoires ! Plein d’espoir et de douceur dans ces rencontres avec nos alterités qui nous manquent tant ! J’ai éte très touchée, merci.
Que c’est joli ! Bravo, j’aime beaucoup ce poème délicat. Après l’avoir lu, j’ai regardé la photo une nouvelle fois et je lui ai trouvé une émotion supplémentaire qui m’avait échappé. Merci.
Bonjour. Voici mon texte teinté de quelques souvenirs d’étudiante. Bonne lecture et bonne journée.
Luminaires, enseignes,
Et autres petits points lumineux,
Éclairent les rues souvent animées.
Fêtards sur le retour, travailleurs de nuit,
Les trottoirs brassent les uns et les autres,
Dans un mouvement perpétuel.
La ville ne dort pas, ou si peu…
Dans un ballet désaccordé,
Une valse à contretemps,
Ses multiples danseurs vont et viennent.
Sans compter les phares des véhicules
Qui la sillonnent de jour comme de nuit.
Quoiqu’il arrive
Elle restera cette incessante fourmilière,
Car Paris sera toujours Paris.
Paris des mille et unes nuits
Paris Ville Lumière.
Nady
sur 29 mars 2021 à 8h56
Une très belle déclaration à notre capitale vue en temps normal ! J’adore tes mots pour Paris ! Belle journée Céline !
Bel hommage à Paris, ville lumière entre toutes les autres.
Céline
sur 29 mars 2021 à 17h22
Merci. J’ai réussi à échapper à la saturation. Et y retourne avec plaisir pour travailler en attendant de pouvoir y emmener ma p’tite demoiselle.
Cloud
sur 29 mars 2021 à 18h25
Bel hommage. Beau texte. Il inspire beaucoup le mouvement, la frénésie nocturne, la magie des lumières. C’est bien vu et bien dit.
tiniak
sur 30 mars 2021 à 9h18
Superbe ! De mon côté, je l’appelle la Nuit Orange, ce fourmillement obstiné des noctambules sous les réverbères. Que d’échos ! Que d’échos ! Et je bisse : bravo !!
Le salaud! Depuis six mois il me susurrait des mots d’amour, m’assurait que j’étais la femme de sa vie, que nous vieillirions ensemble et gna gna gna!
Partie au centre ville pour chercher la chemise idéale qui lui ferait vraiment plaisir comme cadeau d’anniversaire, je venais de l’apercevoir en train de courir, un sourire niais sur les lèvres et d’enlacer une très jeune femme. Enfin, très jeune je ne sais pas mais plus jeune que moi en tout cas.
Le choc! les larmes noyaient mes yeux me faisant voir les lumières de la ville comme un halo. J’avançais ivre de douleur, de colère et de rage.
La magnifique chemise qui m’avait coûté la moitié de mes économies finit dans les mains d’un clochard assis au sol et qui se trouva tout étonné de ce paquet cadeau qui venait d’atterrir sur son chapeau posé par terre.
J’avançais comme dans un brouillard, mon coeur battait la chamade. Que faire, comment réagir? Allai-je aller les saluer pour montrer que je les avais vus ou au contraire attendre notre rendez-vous du soir pour voir ce qu’il allait me dire comme mensonges…
Il me restait au moins deux heures avant de lui ouvrir la porte de mon appartement. Juste le temps de mûrir ma vengeance.
Il arriva pile poil à 19 heures avec un grand sourire et un grand bouquet. Ma gifle le cueillit par surprise. Il était sonné.
J’ai mis un certain temps à me rendre compte que je l’accablais de reproches alors qu’il ne bronchait pas, l’air ailleurs. Il finit par me dire qu’il était si heureux d’avoir croisé sa cousine, “mais si, souviens-toi, celle qui se marie dans trois mois et nous a invités”.
Mais oui, il m’en avait parlé bien sûr, même que je cherchais déjà la robe qui me mettrait en valeur pour cette rencontre avec sa famille! Je sentais mes joues virer au rouge vif, j’avais chaud, je bredouillais,…
J’ai eu vraiment beaucoup de mal à expliquer, maladroitement, pourquoi je n’avais pas de cadeau à lui offrir pour ses 25 ans…
Nady
sur 29 mars 2021 à 10h14
Roooo… en cours de lecture de ton texte, je me faisais la reflexion sur un membre de sa famille à lui, c’est ce que j’aurais pensé en premier, avec peut-être beaucoup de naïveté l’accueil avec la gifle est rude mais comme tu décris si bien le choc ! « Le choc! les larmes noyaient mes yeux me faisant voir les lumières de la ville comme un halo. J’avançais ivre de douleur, de colère et de rage » : je pense qu’on a tous vécu pareille situation de brouillard devant les yeux devant le déni d’une situation ! Super ton texte ! Et longue vie à ces 2 jeunes tourtereaux
Rho quelle méprise ! En plus je me demande si le clochard aura su quoi faire de ce cadeau incongru, peut-être le revendre pour s’acheter à manger… Une histoire de quiproquos bien réussie !
J’ose dire : c’est drôle. Il va quand même falloir réparer le quiproquo. Moralité de cette histoire : le dialogue est à la gifle ce que la diplomatie est à la guerre : c’est à dire l’un a été créé pour éviter l’autre… C’est bien raconté avec beaucoup de rythme.
Merci Cloud. Je pense que ça va s’éclaircir tout seul. Il restera juste à acheter une nouvelle chemise 😉
tiniak
sur 30 mars 2021 à 9h06
C’est beau la solidarité, hein ? On se sent plus humain, après avoir laissé un « petit quelque chose » à un inconnu dans le besoin. Comme dirait l’autre : « ça vaut bien la moitié de mon manteau » !
Ha ! Ha ! Ha !
Et j’ajoute, pour conclure : belle plante, ‘Nanie !
Lorsque le sujet de la photographie que je voulais faire
était un sujet mobile
qu’il fallait aller vite et sans trembler
Je passais la main à mon mari
car depuis mon opération du carpien
j’ai du mal à stabiliser ma prise en main(entre autres)
Est-ce que tous mes paysages mobiles sont flous depuis qu’il est mort?
Non et c’est terrible de me dire que je puise dans son absence une force présente!…
Merci et bonne journée
Cloud
sur 29 mars 2021 à 11h52
Les évènements récents avaient plongé le monde dans l’obscurité et l’imprécision.
Il y avait un monde flou ce jour-là dans les rues de la ville. Pour assurer l’éclairage public, devant un porche sombre, un employé municipal soufflait méticuleusement dans un anneau qu’il trempait régulièrement dans un puits de lumière. Chaque fois, une dizaine de bulles lumineuses s’envolaient au dessus de lui : jaunes, vertes, blanches. Ces petites sphères s’éparpillaient dans le paysage urbain tout en lui dispensant une lumière élégante et salutaire. Dans le décor estompé du quartier, elles apparaissaient étrangement nettes, semblables à des taches de Pop Art tombées sur un tableau impressionniste.
Une jeune femme aborda l’homme en souriant :
– Bonjour ! Je vous observe depuis quelques temps. Je ne saurais que trop vous remercier. Dans ce lourd contexte aux contours incertains, grâce à vous, je vois enfin poindre les lueurs d’un amour proche et saisissable.
Elle repartit lentement. L’employé municipal, ému, reprit ses souffles dans l’anneau : une bulle en forme de cœur aussi rouge que ses joues s’éleva alors au dessus de la fille. L’homme chantonna pour lui-même à voix basse :
« Ô, femmes qui nous troublent un peu et laissent en passant, sur la netteté de notre cœur, une buée légère. ».
La femme se retourna en souriant et lui dit : « …C’est de Jules Renard …».
Quel doux moments de poésie Cloud, et quelle belle idée que ces bulles de lumière
Nady
sur 29 mars 2021 à 15h58
Oh Claude, quel bonheur de redécouvrir ta belle plume en passant ! J’espère que tout va bien pour toi et tes proches, take care and stay safe. Grosses bises
Quel texte émouvant, réconfortant et plein de poésie… Elle est magnifique la phrase de Jules Renard.
tiniak
sur 30 mars 2021 à 9h23
Un texte à faire sponsoriser par « (Le Petit) Prince » !!
Mathilda
sur 29 mars 2021 à 18h42
C’est la seule image qu’il me reste de cette soirée, une image si floue qu’on devine uniquement que c’était l’hiver et qu’il faisait nuit. J’étais allée danser avec une amie, fêter la fin du semestre peut-être ? Puis cette image et un réveil dans ma chambre d’enfants, chez mes parents. Eux ne m’ont rien dit de cette soirée, de ce retour inopiné chez eux – j’avais alors ma chambre à la cité universitaire de Rennes. 25 ans seront bientôt passés depuis cet « incident ». Pourtant, je sens bien que toute ma vie s’est mise en suspend depuis. Je suis régulièrement pétrie de peurs, soumise à des compulsions, et fréquemment en arrêt maladie. Je me sens aussi dans l’incapacité de faire confiance à autrui. Je n’ai pas de relation amoureuse depuis 24ans, le temps de la fécondité est passé, je n’ai pas eu d’enfants. Que s’est-il donc passé ce soir là ? Cette interrogation se fait de plus en plus pressante, urgente. Jamais je n’ai eu l’impression que quiconque ne prêtait crédit à mon ressenti. A commencer par mes parents, dès le lendemain de cette nuit. Jamais jusqu’à aujourd’hui ils ne m’ont montré le rapport du médecin urgentiste. Jamais ils n’ont abordé l’état de défonce extrême dans lequel je me sentais ce matin là. Alors j’ai commencé un travail de recherche empirique, ésotérique. J’avais d’abord bien-sûr consulté de nombreux psys, des – chiatres, des -chologues, des -chothérapeutes, absorbé beaucoup de chimie. Puis je me suis tournée vers les médiums, magnétiseurs et hypnotiseurs. J’arrive maintenant à reconstruire le scénario. C’était un viol, et la drogue du violeur. Je connaissais cet homme depuis le lycée, m’étais toujours refusée à lui, me moquant chaque fois effrontément de ses avances. Mon amie était partie plus tôt de la boîte de nuit, lui est arrivé avec une boisson et a souris. C’était la fête, je l’ai engloutie. Et le néant m’a envahie. Je me suis réveillée sur cette place, de nuit éclairée, c’était fugace, puis j’ai à nouveau sombré. Pour plus de la moitié de ma vie. Cette prise de conscience de ce qui est malgré tout à moi, et en moi, m’aidera, j’en suis sûre, à me réapproprier ma vie.
Merci de produire ce témoignage, fût-il fictif comme le mien, et bravo !
tiniak
sur 30 mars 2021 à 9h40
On finit en chanson, plutôt ? Même si, c’en est toujours le sujet.
« I remember the glow » – Je ne me souviens que du flash… https://youtu.be/4KyLzOmiq6o
–Paris, commissariat du IIème arr.–
Levant le nez de son carnet, l’officier Merle vit le major Ben Lemna ramasser prestement quelques affaires de sur son bureau (y compris l’ordi micro dont elle ne se séparait jamais, pas même lors de leurs patrouilles en duo). Malgré cet empressement, sa coéquipière lui adressa un salut enjoué, pouce levé.
“Zounia, toi, tu vas encore aller fourrager en eaux troubles, hein ?” répliqua silencieusement le lieutenant, imitant du geste l’oscillement d’un poisson. Sa collègue lui sourit en retour, clin d’œil complice à l’appui, avant de vider les lieux d’un pas décidé.
–Quelque part à Londres–
“- Eh bien, mes chers amis, il me semble que nous sommes d’accord. Le monde libre, dont il nous appartient de préserver l’équilibre autant que l’ordre, nous intime d’agir selon nos convictions. Je vous invite donc à faire valoir partout votre influence, de sorte que rien ne vienne plus – jamais ! remettre en cause les fondements de notre unité, à savoir nos juteux intérêts. Vous êtes pleinement maîtres de vos agissements, chers amis, ce qui constitue notre privilège suprême, chacun depuis son domaine. Aussi n’ai-je nul besoin de vous indiquer par le menu comment parvenir à nos fins. Et, sur ces mots de conclusion, je me dois de souligner à quel point je me réjouis du sang-froid dont vous avez fait preuve pour ne vous être pas laissés berner par le petit con de l’autre grande folle. A dieu vat !
“- A dieu vat !” reprit en chœur l’assemblée restreinte, avec une sincérité partagée par chacun de ces membres, à l’exception d’un seul.
–Paris, gare Saint Lazare–
“- Knock! Knock!…
“- Who’s tha’?
“- Toby…
“- Toby who?
“- Toby Involved! Woohoo!”
Un gargouillement parasite, parfaitement connu d’elle, s’invita dans les écouteurs de Zounia Ben Lemna.
“- C’est bon, ma grande, tu peux parler” lui dit une voix familière encore, après tant d’années de relatif silence. Familière pour toujours…
“- Suis en mouvement vers la Coulée Verte. Il faut vraiment qu’on se voit, Dee. J’ai une patate chaude dans les mains, là. Je suis sûre que tu le sais déjà. Forcé, après mes dernières recherches sur le (p)ark. C’est du concret qu’il me faut, tu piges ?
“- Un peu, oui ! Car t’es passée De l’Autre Côté, ma belle.. Tu piges ? Alors bon, pour sûr, il te faut de la matière pour la Jud’. J’en ai, t’inquiète. Je m’attendais à ton appel.
“- T’en as !?! Putain, Dee, t’es le meilleur !
“- Ben… T’as pas toujours dit ça, hein ?
“- Commence pas, Dee. Tu sais qui je suis… mon histoire… Tu n’y peux rien, là, ok ? Tu le sais, wak !
“- Ouais, ouais. Je le sais… Mais qui ne dresse pas sa tente sur le canal St Martin…
“- … mangera son chien, au final… T’es con !
“- Moi aussi, je t’aime.
“- Arrête…” dit Zounia dans un soupir.
L’agente Ben Lemna – mais pas que… regarda autour d’elle. R-A-S, a priori. Juste un type qui passa un peu trop près d’elle, à son goût.
–Hôtel Grangier, Les Grands Boulevards, Paris II–
Robert Merle se présenta à l’entrée de l’office situé à l’arrière de l’hôtel Grangier.
“- Que puis-je pour vous ?” s’enquit un petit homme en livrée clairement (…“nan, ridiculement !…”) passéiste, encadré par la porte donnant accès aux communs D’en-Bas (“comme une photo… mortuaire ?”).
L’officier de la brigade criminelle, dirigée par l’inspecteur-chef – et néanmoins commissaire Varlotta, sous prétexte d’étoffer son rapport par obligation protocolaire, fit comprendre à l’employé rouquin – et néanmoins maître d’hôtel, George Finlunn (…”Toi, t’es Irish, pour sûr ! Autant pour moi”…) qu’il avait besoin de visiter la cave à nouveau.
“- Mais très certainement, inspecteur” l’assura l’obséquieux (“malgré lui ?”) sous-fifre.
–Commissariat du IIème arr.–
“- Et voilà, souffla d’une voix lasse, Henri Varlotta, attendant un coup de fil. Les affaires reprennent…”
Mais voilà, dans la solitude de son bureau désert – exception faite de lui-même et de ses pensées tout azimut, le commissaire s’inquiétait. Il le savait bien : dans le milieu auquel ils avaient affaire, la résolution ultime sera, non seulement aussi tarabustée qu’avec le grand banditisme, mais autrement plus compliquée par le seul fait qu’elle semblait relever – non ! il en était certain ! qu’elle relevait d’enjeux carnassiers, mûs par des siècles de suprématie sur le monde. Celle d’un Homme si avide de pouvoir qu’il n’imprimait plus sa majuscule que sur son oreiller ou la pochette de son blazer.
–Parvis de la gare St Lazare–
Zounia se demanda soudain ce qu’il lui arrivait. Ses jambes se dérobaient sous elle. Son casque lui tombait des mains. Son micro, pesant à son épaule, semblait l’entraîner vers le sol. Sa vision se troublait.
Il faisait nuit, déjà ?
Quelqu’un lui prenait le bras ?
Une voix murmura :
“- Vous ne vous sentez pas bien, mademoiselle. Laissez-moi vous aider.”
On la guidait. Le major Zounia Ben Lemna se laissait faire ?
Pourtant, de loin, très loin, dans son for intérieur, la voix de Zounia hurlait : “mais nooooon !”
Quel suspense! Mais que lui arrive-t-il à Zounia? Est-ce vraiment un sauveur ou…
tiniak
sur 30 mars 2021 à 22h14
Ah, pour le savoir, il faut encore attendre jusqu’à la question n°12 proposée par @AnnickSB (cet extrait étant l’avant-première de l’épisode n°11, à paraître la semaine prochaine). https://questionsecritureatelier.blogspot.com/
Cloud
sur 30 mars 2021 à 21h43
Super ! « A suivre » était marqué implicitement en bas du texte. Vivement la semaine prochaine… Heureusement que je suis abonné.
Un brexit camouflé en mutant ?
N-L
Hello à tous, Quand Facebook m’a fait apparaître par un heureux hasard le cliché de la semaine, je l’ai pris comme une invitation à me replonger dans de la prose, c’est vous dire comme je sors de ma zone de confort, pour ceux et celles qui connaissent ma spécialité dans le slam ;-). Mais le côté flou de la photo m’a plus qu’attirée, allez savoir pourquoi… Alors, voilà mon texte de ce petit tour en passant par ici. Belle lecture à tous et bonne semaine à venir :
Préambule : Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnages ou événements connus serait une vraie coïncidence.
Vu d’en Haut
Vu d’en Haut, le créateur de l’Univers observait son œuvre, travail de plusieurs milliards d’années de vie. Un véritable terrain d’expérimentation lui avait été offert pour ses différents tests de matière et d’énergie. Un peu de vie humaine et animale ici et là et plus particulièrement sur une planète dénommée T, un système solaire pour réchauffer certaines terres et plein d’étoiles dispersées par brassées en touche finale. Le tableau commençait enfin à prendre forme ; l’artiste aspirait à se faire du bien et voulait se retirer pour un peu se reposer. Mais quelques débordements ont commencé à attirer son attention. Il ajusta sa paire de lunette, le grand âge n’aidant pas, et se concentra sur la planète T.
Vu d’en Haut, il pouvait voir des lignes de fuite émerger de cette boule de terre. Les quelques homos sapiens qu’il avait envoyés à ses débuts, s’étaient reproduits en masse et bientôt leur nombre ferait déborder la surface. Aussi, ils cherchaient à s’installer ailleurs dans l’Univers. Pour cela, ils envoyaient des blocs en fer à moteur un peu partout en l’air avec l’unique objectif de mieux observer ce qui se passait en bas et dénicher un autre coin de terre où faire pousser une herbe plus verte. Le créateur n’avait pas pensé qu’une telle folie puisse un jour avoir lieu, les élèves dépassaient le Maître mais en même temps il leur avait laissé un bien précieux : la liberté. Aujourd’hui, Il lui faudrait peut-être réajuster son cahier des charges initial. Alors il zooma plus précisément sur ces bouts de terre.
Vu d’en Haut, des lignes étaient bien dessinées par terre. On les appelait des frontières. Elles délimitaient des espaces avec à l’intérieur des règles et des lois propres à l’endroit où l’on se trouvait. La vie s’y écoulait tranquillement à certains endroits, plus énergiquement à d’autres. Parfois, on apercevait des migrations de populations d’une zone à l’autre et certains se risquaient même à traverser des mers pour chercher meilleur cadre de vie au-delà de leurs frontières. Puis un jour, tous ces gens se sont retrouvés confinés sur leur canapé, devant leur poste de télé pour se protéger d’un ennemi venu de la planète dénommée « Nulle Part ». C’est le créateur qui avait activé ce lien entre les deux planètes, histoire de faire une mise à jour de son application qui commençait à dater.
Vu d’en Haut, tout semblait sur pause. Le créateur ne percevait plus que des lignes d’énergie qui fusaient au-dessus de cette planète de terre et de mer. Grâce à une invention spectaculaire, appelée Virtualité, les homos sapiens avaient trouvé le moyen de rester connectés les uns aux autres pendant que les lignes des frontières disparaissaient. Des milliers de kilomètres les séparaient ou parfois juste un palier, mais le mot Solidarité s’enflammait.
Vu d’en Haut, le créateur jubilait devant cette boule d’énergie en forme de cœur qui s’échappait de la planète T. Même la nature semblait revivre et respirer le bon air. La pollution avait été priée de dégager. Le soleil omniprésent du printemps prenait des clichés fabuleux de ce monde réuni et soucieux des uns et des autres. Le créateur n’en croyait pas ses yeux et retira ses lunettes tellement la beauté de ce paysage l’éblouissait. Mais ce bonheur fut de courte durée. Le mot « Déconfinement » fut décrété, les portes se sont ouvertes, tout le monde a filé et on a cherché à redessiner les frontières pour bien signifier le « chacun pour soi ». Mais l’ennemi continuait de rôder alors on a reconfiné, puis déconfiné. On a rajouté un couvre-feu à 20h, puis 18h et enfin 19h…
Vu d’en Haut, le créateur commençait à fatiguer des yeux. Ça s’allumait, ça s’éteignait, ça bougeait, ça s’arrêtait mais dans un tel désordre qu’il en eut le tournis. Une véritable désorganisation, comme ça n’était pas permis ! Sur un archipel dénommée Z, il apercevait des groupes de privilégiés qui s’amusaient et profitaient de la vie, comme si de rien n’était. Leur arme secrète ? De nombreux billets offerts à un organisme pour un séjour en totale liberté. Respirer à l’air pur dorénavant se payait ! Sur un bout de terre, dénommée B, au nord d’un Océan, des homos sapiens se faisaient abattre sans raison apparente dans les rues bitumées. Un peu plus bas de la carte, sur un bout de terre dénommée S, à droite d’un autre Océan, des affrontements violents se déclaraient après des années de paix.
Vu d’en Haut le créateur prit peur. Il réajusta sa paire de lunette mais malgré cela, le monde lui paraissait de plus en plus flou et incontrôlable. Il craignait d’avoir perdu les commandes de son joujou. Son envie devint de plus en plus pressante d’appuyer sur le bouton rouge du « Game Over ».
Bravo Nady, j’ai adoré cette description de notre situation depuis un an vue par le créateur, c’est lucide, malin et super bien ecrit !
Oh big thanks Marinades d’histoires pour ton adorable retour. Belle journée à toi !
J’ai été emportée par cette histoire…de pure fiction bien sûr 🙂
J’espère que le Game Over ne sera pas actionné trop vite et qu’on aura droit plutôt à un « same player shoots again »…
Excellent Photonanie ! Je ne connaissais pas cette deuxième option ! Oui, croisons les doigts 😉 merci beaucoup pour ton retour qui me va droit au coeur. Belle journée à toi
Très bien Nady ! Superbe retour à la prose. J’ai aimé l’idée, le ton, les mots et le rythme de ton texte. Quant à la morale, Dieu a déjà essayé un Game Over avec le déluge. Il a droit à trois boules, il n’en restera qu’une… Je citerai Pennac (je pense que c’est de lui) : « Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse… ». Plein de bises. Prends soin de toi.
Roooo, merci pour ton feedback Claude. S’il reste encore une boule, alors croisons les doigts pour ne pas laisser passer notre chance sinon ben, on se retrouve au Paradis hein ! Grosses bises et take care and stay safe too
Contre son « cahier des charges initial », voici un audacieux billet de charge frontale !
Bonjour, mon texte est à retrouver ci-dessous ou bien chez moi: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2021/03/29/a-la-lueur-de-nos-vies/
A la lueur de nos vies
A la lueur de nos vies, j ai aperçu une ouverture
Un espoir de lumières, rondes comme des billes
On sortirait sans crainte, on ne verrait pas net
Une recréation sans mise au point
A la lueur de nos vies, j ai aperçu plein de couleurs
Un flou sur le passé, le présent, l’à venir
Une impression de déjà vu, un brouhaha déjà connu
Une foule auréolée de joie
A la lueur de nos vies, j ai aperçu un autre moi
Qui rencontrait un autre toi, sous une pluie de réverbères
Un scintillement de pointilliste
Une nébuleuse très artistique
A la lueur de nos vies, j ai aperçu une fille orange
Elle avançait en pleine conscience
Dans sa ville illuminée
Dans sa vie retrouvée
Très beau texte, j’adore !!! Bravo
Oh, merci, Céline !
Il est sublime ton texte Marinades d’histoires ! Plein d’espoir et de douceur dans ces rencontres avec nos alterités qui nous manquent tant ! J’ai éte très touchée, merci.
Oh, merci Nady, très touchée que tu aies été touchée ! Bon lundi !
C’est poétique et romantique en diable! J’aime 🙂
Merci Photonanie !
Que c’est joli ! Bravo, j’aime beaucoup ce poème délicat. Après l’avoir lu, j’ai regardé la photo une nouvelle fois et je lui ai trouvé une émotion supplémentaire qui m’avait échappé. Merci.
Oh merci Cloud pour ce beau compliment, je n’ai pas encore lu ton texte, je le lirai demain matin. Bonne soirée !
Belle ballade (oui, comme une ritournelle), sur laquelle Tu te retournes ‘Elle’…
Merci Tiniak
Bonjour. Voici mon texte teinté de quelques souvenirs d’étudiante. Bonne lecture et bonne journée.
Luminaires, enseignes,
Et autres petits points lumineux,
Éclairent les rues souvent animées.
Fêtards sur le retour, travailleurs de nuit,
Les trottoirs brassent les uns et les autres,
Dans un mouvement perpétuel.
La ville ne dort pas, ou si peu…
Dans un ballet désaccordé,
Une valse à contretemps,
Ses multiples danseurs vont et viennent.
Sans compter les phares des véhicules
Qui la sillonnent de jour comme de nuit.
Quoiqu’il arrive
Elle restera cette incessante fourmilière,
Car Paris sera toujours Paris.
Paris des mille et unes nuits
Paris Ville Lumière.
Une très belle déclaration à notre capitale vue en temps normal ! J’adore tes mots pour Paris ! Belle journée Céline !
Bel hommage à Paris, ville lumière entre toutes les autres.
Merci. J’ai réussi à échapper à la saturation. Et y retourne avec plaisir pour travailler en attendant de pouvoir y emmener ma p’tite demoiselle.
Bel hommage. Beau texte. Il inspire beaucoup le mouvement, la frénésie nocturne, la magie des lumières. C’est bien vu et bien dit.
Superbe ! De mon côté, je l’appelle la Nuit Orange, ce fourmillement obstiné des noctambules sous les réverbères. Que d’échos ! Que d’échos ! Et je bisse : bravo !!
Nos textes vont dans le même sens, Céline. Le tien est une belle déclaration à la ville lumière !
Bonjour tout le monde, mon texte est sur https://photonanie.com/2021/03/29/brick-a-book-398-2/ et ci-dessous. Bonne semaine.
Le salaud! Depuis six mois il me susurrait des mots d’amour, m’assurait que j’étais la femme de sa vie, que nous vieillirions ensemble et gna gna gna!
Partie au centre ville pour chercher la chemise idéale qui lui ferait vraiment plaisir comme cadeau d’anniversaire, je venais de l’apercevoir en train de courir, un sourire niais sur les lèvres et d’enlacer une très jeune femme. Enfin, très jeune je ne sais pas mais plus jeune que moi en tout cas.
Le choc! les larmes noyaient mes yeux me faisant voir les lumières de la ville comme un halo. J’avançais ivre de douleur, de colère et de rage.
La magnifique chemise qui m’avait coûté la moitié de mes économies finit dans les mains d’un clochard assis au sol et qui se trouva tout étonné de ce paquet cadeau qui venait d’atterrir sur son chapeau posé par terre.
J’avançais comme dans un brouillard, mon coeur battait la chamade. Que faire, comment réagir? Allai-je aller les saluer pour montrer que je les avais vus ou au contraire attendre notre rendez-vous du soir pour voir ce qu’il allait me dire comme mensonges…
Il me restait au moins deux heures avant de lui ouvrir la porte de mon appartement. Juste le temps de mûrir ma vengeance.
Il arriva pile poil à 19 heures avec un grand sourire et un grand bouquet. Ma gifle le cueillit par surprise. Il était sonné.
J’ai mis un certain temps à me rendre compte que je l’accablais de reproches alors qu’il ne bronchait pas, l’air ailleurs. Il finit par me dire qu’il était si heureux d’avoir croisé sa cousine, “mais si, souviens-toi, celle qui se marie dans trois mois et nous a invités”.
Mais oui, il m’en avait parlé bien sûr, même que je cherchais déjà la robe qui me mettrait en valeur pour cette rencontre avec sa famille! Je sentais mes joues virer au rouge vif, j’avais chaud, je bredouillais,…
J’ai eu vraiment beaucoup de mal à expliquer, maladroitement, pourquoi je n’avais pas de cadeau à lui offrir pour ses 25 ans…
Roooo… en cours de lecture de ton texte, je me faisais la reflexion sur un membre de sa famille à lui, c’est ce que j’aurais pensé en premier, avec peut-être beaucoup de naïveté l’accueil avec la gifle est rude mais comme tu décris si bien le choc ! « Le choc! les larmes noyaient mes yeux me faisant voir les lumières de la ville comme un halo. J’avançais ivre de douleur, de colère et de rage » : je pense qu’on a tous vécu pareille situation de brouillard devant les yeux devant le déni d’une situation ! Super ton texte ! Et longue vie à ces 2 jeunes tourtereaux
Merci de ton retour Nady. Nous sommes (devenons?) plus ou moins méfiantes au fil du temps…
Rho quelle méprise ! En plus je me demande si le clochard aura su quoi faire de ce cadeau incongru, peut-être le revendre pour s’acheter à manger… Une histoire de quiproquos bien réussie !
En plus ce n’était peut-être pas à sa taille 😉
😉 ni à son gout !
J’ose dire : c’est drôle. Il va quand même falloir réparer le quiproquo. Moralité de cette histoire : le dialogue est à la gifle ce que la diplomatie est à la guerre : c’est à dire l’un a été créé pour éviter l’autre… C’est bien raconté avec beaucoup de rythme.
Merci Cloud. Je pense que ça va s’éclaircir tout seul. Il restera juste à acheter une nouvelle chemise 😉
C’est beau la solidarité, hein ? On se sent plus humain, après avoir laissé un « petit quelque chose » à un inconnu dans le besoin. Comme dirait l’autre : « ça vaut bien la moitié de mon manteau » !
Ha ! Ha ! Ha !
Et j’ajoute, pour conclure : belle plante, ‘Nanie !
Je ne suis pas sûre qu’elle se soit sentie mieux sur le coup mais après coup elle s’est sentie vraiment mal 😉
Bonjour,
Voilà ma participation:
Paysage flou
Lorsque le sujet de la photographie que je voulais faire
était un sujet mobile
qu’il fallait aller vite et sans trembler
Je passais la main à mon mari
car depuis mon opération du carpien
j’ai du mal à stabiliser ma prise en main(entre autres)
Est-ce que tous mes paysages mobiles sont flous depuis qu’il est mort?
Non et c’est terrible de me dire que je puise dans son absence une force présente!…
Merci et bonne journée
Les évènements récents avaient plongé le monde dans l’obscurité et l’imprécision.
Il y avait un monde flou ce jour-là dans les rues de la ville. Pour assurer l’éclairage public, devant un porche sombre, un employé municipal soufflait méticuleusement dans un anneau qu’il trempait régulièrement dans un puits de lumière. Chaque fois, une dizaine de bulles lumineuses s’envolaient au dessus de lui : jaunes, vertes, blanches. Ces petites sphères s’éparpillaient dans le paysage urbain tout en lui dispensant une lumière élégante et salutaire. Dans le décor estompé du quartier, elles apparaissaient étrangement nettes, semblables à des taches de Pop Art tombées sur un tableau impressionniste.
Une jeune femme aborda l’homme en souriant :
– Bonjour ! Je vous observe depuis quelques temps. Je ne saurais que trop vous remercier. Dans ce lourd contexte aux contours incertains, grâce à vous, je vois enfin poindre les lueurs d’un amour proche et saisissable.
Elle repartit lentement. L’employé municipal, ému, reprit ses souffles dans l’anneau : une bulle en forme de cœur aussi rouge que ses joues s’éleva alors au dessus de la fille. L’homme chantonna pour lui-même à voix basse :
« Ô, femmes qui nous troublent un peu et laissent en passant, sur la netteté de notre cœur, une buée légère. ».
La femme se retourna en souriant et lui dit : « …C’est de Jules Renard …».
Quel doux moments de poésie Cloud, et quelle belle idée que ces bulles de lumière
Oh Claude, quel bonheur de redécouvrir ta belle plume en passant ! J’espère que tout va bien pour toi et tes proches, take care and stay safe. Grosses bises
Quel texte émouvant, réconfortant et plein de poésie… Elle est magnifique la phrase de Jules Renard.
Un texte à faire sponsoriser par « (Le Petit) Prince » !!
C’est la seule image qu’il me reste de cette soirée, une image si floue qu’on devine uniquement que c’était l’hiver et qu’il faisait nuit. J’étais allée danser avec une amie, fêter la fin du semestre peut-être ? Puis cette image et un réveil dans ma chambre d’enfants, chez mes parents. Eux ne m’ont rien dit de cette soirée, de ce retour inopiné chez eux – j’avais alors ma chambre à la cité universitaire de Rennes. 25 ans seront bientôt passés depuis cet « incident ». Pourtant, je sens bien que toute ma vie s’est mise en suspend depuis. Je suis régulièrement pétrie de peurs, soumise à des compulsions, et fréquemment en arrêt maladie. Je me sens aussi dans l’incapacité de faire confiance à autrui. Je n’ai pas de relation amoureuse depuis 24ans, le temps de la fécondité est passé, je n’ai pas eu d’enfants. Que s’est-il donc passé ce soir là ? Cette interrogation se fait de plus en plus pressante, urgente. Jamais je n’ai eu l’impression que quiconque ne prêtait crédit à mon ressenti. A commencer par mes parents, dès le lendemain de cette nuit. Jamais jusqu’à aujourd’hui ils ne m’ont montré le rapport du médecin urgentiste. Jamais ils n’ont abordé l’état de défonce extrême dans lequel je me sentais ce matin là. Alors j’ai commencé un travail de recherche empirique, ésotérique. J’avais d’abord bien-sûr consulté de nombreux psys, des – chiatres, des -chologues, des -chothérapeutes, absorbé beaucoup de chimie. Puis je me suis tournée vers les médiums, magnétiseurs et hypnotiseurs. J’arrive maintenant à reconstruire le scénario. C’était un viol, et la drogue du violeur. Je connaissais cet homme depuis le lycée, m’étais toujours refusée à lui, me moquant chaque fois effrontément de ses avances. Mon amie était partie plus tôt de la boîte de nuit, lui est arrivé avec une boisson et a souris. C’était la fête, je l’ai engloutie. Et le néant m’a envahie. Je me suis réveillée sur cette place, de nuit éclairée, c’était fugace, puis j’ai à nouveau sombré. Pour plus de la moitié de ma vie. Cette prise de conscience de ce qui est malgré tout à moi, et en moi, m’aidera, j’en suis sûre, à me réapproprier ma vie.
C’est glaçant et très bien conté.
Grrr ! Pour sûr, le 8 mars, c’est tous les jours !!!
Et pour preuve, en écho…
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/03/14/38864495.html
Merci de produire ce témoignage, fût-il fictif comme le mien, et bravo !
On finit en chanson, plutôt ? Même si, c’en est toujours le sujet.
« I remember the glow » – Je ne me souviens que du flash…
https://youtu.be/4KyLzOmiq6o
Brrr! Le genre de chose qui ne devrait jamais arriver, bien racontée mais qui fait froid dans le dos.
Un récit bouleversant. Un engrenage qui montre qu’on peut facilement être vulnérable face à gens sans scrupules.
Eh beh ! Moi qui hésitait à « coller » mon corps de texte ici… Merci Nady !
Toutefois, pour plus de commodité (?), je vous communique le lien vers cet épisode extrait d’un feuilleton en cours sur mon blog…
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/03/30/38893052.html
Sinon, pour sacrifier à la coutume…
***
Episode hic ! – teaser –
–Paris, commissariat du IIème arr.–
Levant le nez de son carnet, l’officier Merle vit le major Ben Lemna ramasser prestement quelques affaires de sur son bureau (y compris l’ordi micro dont elle ne se séparait jamais, pas même lors de leurs patrouilles en duo). Malgré cet empressement, sa coéquipière lui adressa un salut enjoué, pouce levé.
“Zounia, toi, tu vas encore aller fourrager en eaux troubles, hein ?” répliqua silencieusement le lieutenant, imitant du geste l’oscillement d’un poisson. Sa collègue lui sourit en retour, clin d’œil complice à l’appui, avant de vider les lieux d’un pas décidé.
–Quelque part à Londres–
“- Eh bien, mes chers amis, il me semble que nous sommes d’accord. Le monde libre, dont il nous appartient de préserver l’équilibre autant que l’ordre, nous intime d’agir selon nos convictions. Je vous invite donc à faire valoir partout votre influence, de sorte que rien ne vienne plus – jamais ! remettre en cause les fondements de notre unité, à savoir nos juteux intérêts. Vous êtes pleinement maîtres de vos agissements, chers amis, ce qui constitue notre privilège suprême, chacun depuis son domaine. Aussi n’ai-je nul besoin de vous indiquer par le menu comment parvenir à nos fins. Et, sur ces mots de conclusion, je me dois de souligner à quel point je me réjouis du sang-froid dont vous avez fait preuve pour ne vous être pas laissés berner par le petit con de l’autre grande folle. A dieu vat !
“- A dieu vat !” reprit en chœur l’assemblée restreinte, avec une sincérité partagée par chacun de ces membres, à l’exception d’un seul.
–Paris, gare Saint Lazare–
“- Knock! Knock!…
“- Who’s tha’?
“- Toby…
“- Toby who?
“- Toby Involved! Woohoo!”
Un gargouillement parasite, parfaitement connu d’elle, s’invita dans les écouteurs de Zounia Ben Lemna.
“- C’est bon, ma grande, tu peux parler” lui dit une voix familière encore, après tant d’années de relatif silence. Familière pour toujours…
“- Suis en mouvement vers la Coulée Verte. Il faut vraiment qu’on se voit, Dee. J’ai une patate chaude dans les mains, là. Je suis sûre que tu le sais déjà. Forcé, après mes dernières recherches sur le (p)ark. C’est du concret qu’il me faut, tu piges ?
“- Un peu, oui ! Car t’es passée De l’Autre Côté, ma belle.. Tu piges ? Alors bon, pour sûr, il te faut de la matière pour la Jud’. J’en ai, t’inquiète. Je m’attendais à ton appel.
“- T’en as !?! Putain, Dee, t’es le meilleur !
“- Ben… T’as pas toujours dit ça, hein ?
“- Commence pas, Dee. Tu sais qui je suis… mon histoire… Tu n’y peux rien, là, ok ? Tu le sais, wak !
“- Ouais, ouais. Je le sais… Mais qui ne dresse pas sa tente sur le canal St Martin…
“- … mangera son chien, au final… T’es con !
“- Moi aussi, je t’aime.
“- Arrête…” dit Zounia dans un soupir.
L’agente Ben Lemna – mais pas que… regarda autour d’elle. R-A-S, a priori. Juste un type qui passa un peu trop près d’elle, à son goût.
–Hôtel Grangier, Les Grands Boulevards, Paris II–
Robert Merle se présenta à l’entrée de l’office situé à l’arrière de l’hôtel Grangier.
“- Que puis-je pour vous ?” s’enquit un petit homme en livrée clairement (…“nan, ridiculement !…”) passéiste, encadré par la porte donnant accès aux communs D’en-Bas (“comme une photo… mortuaire ?”).
L’officier de la brigade criminelle, dirigée par l’inspecteur-chef – et néanmoins commissaire Varlotta, sous prétexte d’étoffer son rapport par obligation protocolaire, fit comprendre à l’employé rouquin – et néanmoins maître d’hôtel, George Finlunn (…”Toi, t’es Irish, pour sûr ! Autant pour moi”…) qu’il avait besoin de visiter la cave à nouveau.
“- Mais très certainement, inspecteur” l’assura l’obséquieux (“malgré lui ?”) sous-fifre.
–Commissariat du IIème arr.–
“- Et voilà, souffla d’une voix lasse, Henri Varlotta, attendant un coup de fil. Les affaires reprennent…”
Mais voilà, dans la solitude de son bureau désert – exception faite de lui-même et de ses pensées tout azimut, le commissaire s’inquiétait. Il le savait bien : dans le milieu auquel ils avaient affaire, la résolution ultime sera, non seulement aussi tarabustée qu’avec le grand banditisme, mais autrement plus compliquée par le seul fait qu’elle semblait relever – non ! il en était certain ! qu’elle relevait d’enjeux carnassiers, mûs par des siècles de suprématie sur le monde. Celle d’un Homme si avide de pouvoir qu’il n’imprimait plus sa majuscule que sur son oreiller ou la pochette de son blazer.
–Parvis de la gare St Lazare–
Zounia se demanda soudain ce qu’il lui arrivait. Ses jambes se dérobaient sous elle. Son casque lui tombait des mains. Son micro, pesant à son épaule, semblait l’entraîner vers le sol. Sa vision se troublait.
Il faisait nuit, déjà ?
Quelqu’un lui prenait le bras ?
Une voix murmura :
“- Vous ne vous sentez pas bien, mademoiselle. Laissez-moi vous aider.”
On la guidait. Le major Zounia Ben Lemna se laissait faire ?
Pourtant, de loin, très loin, dans son for intérieur, la voix de Zounia hurlait : “mais nooooon !”
Tu maitrises à merveille l’atmosphère du roman policier et des enquêtes !
Quel suspense! Mais que lui arrive-t-il à Zounia? Est-ce vraiment un sauveur ou…
Ah, pour le savoir, il faut encore attendre jusqu’à la question n°12 proposée par @AnnickSB (cet extrait étant l’avant-première de l’épisode n°11, à paraître la semaine prochaine).
https://questionsecritureatelier.blogspot.com/
Super ! « A suivre » était marqué implicitement en bas du texte. Vivement la semaine prochaine… Heureusement que je suis abonné.