(Bonne semaine à tous ! Ou devrais-je dire : buona settimana ! )
Mi chiamo Teresa et je suis nue sous mon imperméable. Pour un homme, naturalmente. Avant d’aller le voir et de patienter dans la salle d’attente, je me suis préparée, longtemps, pour être plus belle que jamais. Plus belle que la più bellissima des actrices italiennes. J’ai brossé mes cheveux pour qu’ils aient la douceur de la soie, rosi mes lèvres et allongé mes cils et l’ombre de mes paupières. Et en pensant à Georges, j’ai parfumé ma peau, piano piano, et j’ai rapetissé mon triangle de Vénus, come gli piace tanto. Au milieu des patients, je me suis assise et j’ai continué à penser à lui pour ne pas être seule. A ses yeux qui me dévorent et ses mains qui me caressent. Et mon tour est venu.
Tu m’as fait entrer, mais tu ne m’as pas prise dans tes bras. Tu ne m’as même pas offert un sourire. Niente. Tu m’as dit solo que je ne devais plus venir te voir, que tu t’épuisais à me le répéter et que tu ne changerais pas d’avis. Que tu ne quitterais pas ta femme. Pourtant, tu me l’avais promis ! Moi, je te voulais pour de bon dans la mia vita. Je voulais une maison à nous, des enfants qui sautent à mon cou. Je voulais faire des tartes au citron et couper des roses dans le jardin. Des rouges, miei preferiti. Je me serais blessée avec les épines ; tu m’aurais soignée avec tes bises câlines. Ma non e possibile ! Tu me quittes ! Come tutti, avant toi.
Tout a toujours été compliqué. Plus jeune, les filles me détestaient. J’étais trop belle pour les histoires d’amitié. Allora, pour ne pas être seule, ho detto sì à l’amour facile. J’étais de celles qui ne disent jamais non. De celles qui se blottissent dans les bras grand ouverts des garçons. De celles aussi qui tombent amoureuses comme d’autres tombent malades au moindre souffle du vent. Les garçons et les hommes ont vite pris l’abitudine de me séduire, de me promettre la lune, pour finalmente giocare con me, et me faire souffrir. Ecco perché, cette fois, ho detto non. Non e non ! J’ai vu une statuette sur le bureau de Georges, je l’ai prise et j’ai frappé fort. Fortissimo. Georges est tombé et son crâne a saigné. Je l’ai laissé comme ça, par terre, et sono andato via.
Dehors, il fait beau. Et je suis contente, je n’ai aucune tache sur mon imperméable.
Anne-Marie
sur 18 avril 2021 à 19h36
Merci Séverine pour cette page italienne qui transporte aux confins de la passion amoureuse et pour cette chute que Georges, ce mufle, a bien mérité. Viva la piu Bellissima.
Marrant le contraste, chaud et froid, entre les inserts d’expressions italiennes, la nature torride de la narratrice, la lâcheté masculine et le couperet final ! Milles bravi, La Scriba Bellissima. J’ai adoré !!
Et sur ce, je m’empresse d’aller consulter ton espace.
A très bientôt plus vite que ça, donc. Ici ou ailleurs…
Ravie de retrouver la bande de Bricabook et de raccrocher au 402ème Atelier.
Merci Alexandra de maintenir ton blog contre vents et marée.
Adèle
Depuis quelque temps, elle ne savait depuis combien de temps, elle s’évertuait à se libérer de ses chaînes. Elle savait que prendre autrui pour bouc émissaire ne la servait en aucun cas. Alors, les miroirs l’aidaient à se regarder telle qu’elle était. Mais, qu’était-elle devenue ?
Adèle avait grandi en se berçant d’idéaux, imaginant tous les possibles. Elle n’avait peur de rien. La vitesse l’enivrait. Humer les senteurs d’un jardin après la pluie, courir le long d’une plage, cheveux au vent en respirant le varech, autorisant les embruns à la rafraichir, tous ses sens aiguisés, tournés vers ces petits moments de bonheur qui font le sel d’une existence. Qu’est-ce qu’être libre ? Comment s’appartenir pleinement ?
Cet après-midi-là, lasse de ce qui constituait désormais son quotidien, elle avait fui.
Sans but, Adèle erra longtemps dans ce Paris qu’elle ne reconnaissait plus. Notre Dame avait perdu sa flèche. La ville qu’elle avait arpentée avec délice était devenue un véritable chantier. Des grues se dressaient en tous sens, fichées, amarrées dans le sol parisien. Des détritus jonchaient les rues. L’âme de Paris s’était le mouvement. Ses bars, ses restaurants et leurs terrasses invitaient à la flânerie, parfois à la méditation. Désormais, le bruissement parisien s’est tu. Les lumières se sont éteintes. Les quelques quidams qui déambulent sont masqués.
Quelles images auraient été capturées par Monsieur Doisneau dans ce Paris d’un autre temps.
Le 25 août 1944, Charles De Gaulle de sa voix de stentor, si particulière, prononçait ces mots : « Paris outragé, Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré… » L’audace n’ira pas jusqu’à comparer ce XXIème siècle aux horreurs de la guerre du XXème…
Au hasard de ses pas, Adèle avisa un bateau taxi à quai. Sans hésitation aucune, elle se précipita pour embarquer. Le bateau commença à filer sur la Seine. Elle s’adossa au bastingage, cheveux au vent, le visage caressé par le vent frais de cette fin d’après-midi de printemps. Ivre du simple bonheur de se laisser aller, elle se ressaisit. Elle reprit possession de son corps contraint à l’immobilisme depuis des mois. Le ressentiment, ce poison qui coulait dans ses veines depuis des mois commençait à s’évaporer.
Kroum
sur 18 avril 2021 à 22h45
Un très joli texte sur cette tranche de vie d’Adèle dans un Paris qui semble avoir changé. Tu m’as donné envie d’y remettre les pieds un jour. Bravo Anne-Marie!
Anne-Marie
sur 18 avril 2021 à 23h31
Merci Kroum, tu m’encourages à être plus assidue sur Bricabook.
Merci pour cette agréable flânerie dans le Paris d’hier et d’aujourdhui, et pour cette ode à la vie entre ivresse et sérénité.
Cloud
sur 19 avril 2021 à 17h53
Quelle joie de te relire, Anne-Marie. Et un superbe texte, empreint de l’actualité parisienne devenue lourde en ce temps de crise. Mais, et je te reconnais bien là, une note finale de liberté, d’envie d’ailleurs, et d’un « simple bonheur de se laisser aller ». Avec une allusion à Doisneau, tout est parfait. Merci pour ce retour à Bricabook..
Merci pour ces cartes postales de Paris tel qu’il était et tel qu’il est devenu…
tiniak
sur 29 avril 2021 à 19h33
Une promenade des plus salutaires ! Qui te vaut mon plus amical et solidaire salut 😉
Kroum
sur 18 avril 2021 à 22h37
Elle était arrivée dans sa garçonnière avec le trench qu’il aimait.
Elle venait lui dire qu’entre eux c’était fini.
C’est lui qui lui avait demandé de patienter.
Il avait besoin de mettre un peu d’ordre dans sa vie,
comme amadouer sa femme qui commençait à avoir des doutes,
rassurer leurs enfants qui avaient des carnets catastrophiques.
Il fallait aussi réserver les vacances pour le mois d’août,
car la famille ne voulait pas héberger loin du village olympique.
De son côté, elle avait beaucoup pleuré.
Les deux premiers mois de silence avec lui furent sans but.
C’est lui qui souhaitait mettre de l’espace entre eux après l’été.
Pour elle, ce furent des mois de lutte.
Au début du printemps, le soleil vint ramener un peu d’espoir.
Ses amis qui, depuis le début, l’entouraient,
furent présents pour la sortir jusqu’à souvent très tard.
Peu à peu elle retrouvait une certaine légèreté.
Il y avait même des semaines où elle ne pensait plus à lui.
Jusqu’au jour où il l’appela pour discuter.
Elle le fit patienter deux jours et deux nuits
avant de finalement accepter.
En se rendant à sa garçonnière,
elle avait préparé son discours,
net, précis, clair.
Lui, de son côté avait acheté du champagne et des petits fours.
Il avait une grande nouvelle à lui annoncer.
Il allait divorcer de sa femme
qui a préféré le quitter
pour un autre à qui elle avait déclaré sa flamme.
Son cœur à lui était donc peiné,
mais il savait qu’elle avait le pouvoir de le consoler.
Elle et sa bonté d’âme,
sans parler de sa grande beauté
qui la distinguait de toutes les femmes.
A peine arrivée chez lui,
il sortit le grand jeu
et l’amena vers la terrasse pour la belle vue quand il ferait nuit.
Elle n’a pas attendu qu’il lui montre sa queue
pour lui dire qu’entre eux c’était définitivement fini.
Au début il ne l’entendait pas
ou disait qu’il n’avait pas compris,
pendant qu’elle reculait à petits pas.
Sur un ton affirmé,
elle lui cria que leur histoire était terminée.
Une gifle si forte la fit encore plus reculer
jusqu’à perdre l’équilibre au-dessus du parapet.
Anne-Marie
sur 18 avril 2021 à 23h28
En voilà deux qui se sont ratés, tu tiens le lecteur en haleine qui attend un happy end, la chute n’en ai que plus spectaculaire. Merci Kroum pour ce plaisir de lecture.
Un texte qui avance tranquillement, avec sonorités, pour une histoire vouée à reculer… Bien mené, bravo ! (Après, je vais faire ma prude, mais le mot « queue », sur la fin, je le trouve trop cru, ça sonne comme une fausse note, mais ce n’est rien qu’un avis, hein 😉 )
Cloud
sur 19 avril 2021 à 18h05
Un texte bien mené où on sent que ça chauffe de tous les côtés. Loin de moi l’idée de choisir qui a raison ou tort, mais la femme légitime a bien fait de partir avec un autre. Le match de boxe à la maison n’est pas olympique…
Une histoire tristement classique de triangle amoureux qui devient carré quand plus rien ne tourne rond…
C’est vraiment un pauvre type! Dommage que ce soit-elle qui bascule!
La première fois que je l’ai vue elle se tenait en équilibre précaire à l’avant du bateau.
Elle était magnifique, ses longs cheveux flottant librement au vent.
Ses mains s’étaient détachées du bord arrondi et on avait l’impression qu’elle était prête à basculer doucement du côté de l’onde, comme une sirène.
Quand le bateau a accosté, je lui ai tendu la main pour l’aider à rejoindre le bord et nos yeux se sont croisés. Je me suis noyé dans les siens au point que j’ai retenu son poignet une seconde de trop. Elle n’a rien fait pour m’échapper, au contraire un grand sourire illuminait son beau visage.
Après avoir sauté au sol, elle s’est rapidement éloignée et a rejoint un groupe d’amis un peu plus loin. Il sont partis en riant et en se taquinant.
C’est ce matin en ouvrant le journal que j’ai revu son visage en première page. Son corps avait été retrouvé à dix kilomètres de l’embarcadère, criblé de coups… Tout renseignement était le bienvenu au numéro gratuit de la police.
Je ne connaissais pas cette fille, nous n’avons fait que nous croiser, par hasard, mais à ce moment j’ai violemment regretté d’avoir lâché sa main à la sortie du bateau.
J’ai beaucoup aimé la façon dont tu racontes l’histoire, surtout la première partie. Comme un moment suspendu, hyper charmant et photographique. Bravo Photonanie !
Ton récit tient le lecteur en haleine, j’espérai confusément une fin heureuse, le début était prometteur d’une belle histoire d’amour, le sort en a décidé autrement et peut-être nous ramène au côté éphémère de moment de vie. No regret… Bravo Photonanie
A l’atelier d’écriture que je fréquente en temps normal, une participante m’a dit un jour que chez moi tout finissait toujours bien. J’ai eu envie de changer cette fois… pour surprendre 😉
Cloud
sur 19 avril 2021 à 18h13
Joli texte. Qui finit mal, certes, mais ce contraste entre le moment fugitif de la main tendue et la mort dramatique, est saisissant. Bravo.
Elle a enfilé un nouvel ensemble de lingerie jaune pour illuminer leur rencontre. Elle a pour une fois mis un porte -jarretelle avec des bas qu’elle pourra utiliser pour lui lier les mains, un jeu aux « Cinquante nuances de gris », un livre et un film qu’elle trouvait idiots. Mais l’amour ne rend-il pas idiot? Malgré l’asservissement que suppose l’érotisme, elle se sent libre, quasi nu, sous son imperméable. Elle sent l’air se glisser entre ses jambes qui arpentent le pont comme des compas[1]. Elle s’arrête, penche la tête en arrière , confiante, offerte aux dernières lueurs du jour. Peut-être devrait elle au café enlever sa culotte aux toilettes et revenir; ce qui lui semblait idiot dans la bouche de certaines femmes lui paraît maintenant désirable. Elle n’a pas peur de tomber sur le périphérique en dessous car il viendra la rattraper. Elle l’attend.
Bonsoir, oula avec les vacances je me perds dans les jours. Voici donc mon texte. Bonne lecture et bonne soirée.
Un jour, il faudra bien
Laisser échapper les démons
Petits et grands
Discrets ou envahissants
Vieux ou récents.
Un jour, ils ne seront plus là
Mais alors qui restera ?
Celle d’avant ?
Celle du présent ?
Celle que je ne connais pas encore ?
Un jour, il sera temps
D’arriver enfin
À lâcher prise complètement.
Cloud
sur 20 avril 2021 à 16h07
Joli poème. Il vaut sans doute mieux, comme Saint Michel, combattre les démons qu’attendre qu’ils partent d’eux-mêmes, mais nous ne sommes pas des archanges… J’aime beaucoup cette fin du « lâcher prise ».
tiniak
sur 29 avril 2021 à 19h36
Que voici un beau carton d’incitation ! Bravo !!
miss marple
sur 19 avril 2021 à 22h28
Madame rêve
Cheveux bruns
tirant sur le noir
longs, raidis au fer
une frange à la Greco
Juliette bien sûr
pas le peintre
seulement vêtue d’un trench
penchée en arrière
dos contre la balustrade
en déséquilibre
le vent joue avec ses mèches
la pluie griffe ses joues
son maquillage est waterproof
heureusement.
madame rêve
à un autre métier
à l’abri des rafales en hiver
bikini rikiki sur ses formes,
protégée du soleil en été
sous un manteau de fourrure
dans des paysages paradisiaques
à contre saison.
Madame rêve
de vivre un été en été
un hiver en décembre
un automne roux en Octobre
et même, bonheur inimaginable
un mai fait ce qu’il te plaît
sans mais !
Madame rêve
d’une peau nue
de cheveux comme ils poussent
de jogging difforme
qui cache ses formes
de pulls soyeux
doux comme une caresse
de regards vrais
de sourires tendres
de dents qui mordent
de fronts qui rident
Madame rêve
la VIE
Anne-Marie
sur 21 avril 2021 à 16h14
Magnifique, nous rêvons avec cette femme, Merci Miss Marple de ce rêve traduit avec cette si belle et délicate écriture.
Le calendrier de la publication est parfois difficile à suivre mais l’essentiel est de ne jamais perdre le fil Bricabook…
Sauf que t’es jamais, là…
(Bonne semaine à tous ! Ou devrais-je dire : buona settimana ! )
Mi chiamo Teresa et je suis nue sous mon imperméable. Pour un homme, naturalmente. Avant d’aller le voir et de patienter dans la salle d’attente, je me suis préparée, longtemps, pour être plus belle que jamais. Plus belle que la più bellissima des actrices italiennes. J’ai brossé mes cheveux pour qu’ils aient la douceur de la soie, rosi mes lèvres et allongé mes cils et l’ombre de mes paupières. Et en pensant à Georges, j’ai parfumé ma peau, piano piano, et j’ai rapetissé mon triangle de Vénus, come gli piace tanto. Au milieu des patients, je me suis assise et j’ai continué à penser à lui pour ne pas être seule. A ses yeux qui me dévorent et ses mains qui me caressent. Et mon tour est venu.
Tu m’as fait entrer, mais tu ne m’as pas prise dans tes bras. Tu ne m’as même pas offert un sourire. Niente. Tu m’as dit solo que je ne devais plus venir te voir, que tu t’épuisais à me le répéter et que tu ne changerais pas d’avis. Que tu ne quitterais pas ta femme. Pourtant, tu me l’avais promis ! Moi, je te voulais pour de bon dans la mia vita. Je voulais une maison à nous, des enfants qui sautent à mon cou. Je voulais faire des tartes au citron et couper des roses dans le jardin. Des rouges, miei preferiti. Je me serais blessée avec les épines ; tu m’aurais soignée avec tes bises câlines. Ma non e possibile ! Tu me quittes ! Come tutti, avant toi.
Tout a toujours été compliqué. Plus jeune, les filles me détestaient. J’étais trop belle pour les histoires d’amitié. Allora, pour ne pas être seule, ho detto sì à l’amour facile. J’étais de celles qui ne disent jamais non. De celles qui se blottissent dans les bras grand ouverts des garçons. De celles aussi qui tombent amoureuses comme d’autres tombent malades au moindre souffle du vent. Les garçons et les hommes ont vite pris l’abitudine de me séduire, de me promettre la lune, pour finalmente giocare con me, et me faire souffrir. Ecco perché, cette fois, ho detto non. Non e non ! J’ai vu une statuette sur le bureau de Georges, je l’ai prise et j’ai frappé fort. Fortissimo. Georges est tombé et son crâne a saigné. Je l’ai laissé comme ça, par terre, et sono andato via.
Dehors, il fait beau. Et je suis contente, je n’ai aucune tache sur mon imperméable.
Merci Séverine pour cette page italienne qui transporte aux confins de la passion amoureuse et pour cette chute que Georges, ce mufle, a bien mérité. Viva la piu Bellissima.
Merci Anne-Marie de t’être laissée emporter ! Et de ton soutien à Teresa 😉
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ton texte, à l’opposé du mien mais dans le même thème. Bravo Séverine! L’apport de l’italien est ravissant.
Merci Kroum ! Toujours chouette de voir à quel point un même sujet peut donner bien des histoires différentes 😉
Super ! Une passion à l’italienne délicieusement racontée. Avec ces interstices en version originale. J’ai adoré. Bravo.
A lire avec l’accent italien tout du long 😉 Et merci pour ton beau retour, Cloud !
Les mufles attirent ce type de femme
Ma Cannelle en a peu connu
Je me suis souvent dit qu’il devait être compliqué d’être follement belle. On ne passe jamais inaperçue, c’est embêtant 😉
Un beau texte qui nous emmène…en Vespa sans hésiter bien loin de la Dolce Vita 😉
Bien fait pour Georges, non mais 😆
Merci pour ta lecture et ton retour, Photonanie !
Marrant le contraste, chaud et froid, entre les inserts d’expressions italiennes, la nature torride de la narratrice, la lâcheté masculine et le couperet final ! Milles bravi, La Scriba Bellissima. J’ai adoré !!
Et sur ce, je m’empresse d’aller consulter ton espace.
A très bientôt plus vite que ça, donc. Ici ou ailleurs…
Merci beaucoup, Tiniak ! Quel adorable retour !
Bravissimo !!!
Grazie mille 😉
Ravie de retrouver la bande de Bricabook et de raccrocher au 402ème Atelier.
Merci Alexandra de maintenir ton blog contre vents et marée.
Adèle
Depuis quelque temps, elle ne savait depuis combien de temps, elle s’évertuait à se libérer de ses chaînes. Elle savait que prendre autrui pour bouc émissaire ne la servait en aucun cas. Alors, les miroirs l’aidaient à se regarder telle qu’elle était. Mais, qu’était-elle devenue ?
Adèle avait grandi en se berçant d’idéaux, imaginant tous les possibles. Elle n’avait peur de rien. La vitesse l’enivrait. Humer les senteurs d’un jardin après la pluie, courir le long d’une plage, cheveux au vent en respirant le varech, autorisant les embruns à la rafraichir, tous ses sens aiguisés, tournés vers ces petits moments de bonheur qui font le sel d’une existence. Qu’est-ce qu’être libre ? Comment s’appartenir pleinement ?
Cet après-midi-là, lasse de ce qui constituait désormais son quotidien, elle avait fui.
Sans but, Adèle erra longtemps dans ce Paris qu’elle ne reconnaissait plus. Notre Dame avait perdu sa flèche. La ville qu’elle avait arpentée avec délice était devenue un véritable chantier. Des grues se dressaient en tous sens, fichées, amarrées dans le sol parisien. Des détritus jonchaient les rues. L’âme de Paris s’était le mouvement. Ses bars, ses restaurants et leurs terrasses invitaient à la flânerie, parfois à la méditation. Désormais, le bruissement parisien s’est tu. Les lumières se sont éteintes. Les quelques quidams qui déambulent sont masqués.
Quelles images auraient été capturées par Monsieur Doisneau dans ce Paris d’un autre temps.
Le 25 août 1944, Charles De Gaulle de sa voix de stentor, si particulière, prononçait ces mots : « Paris outragé, Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré… » L’audace n’ira pas jusqu’à comparer ce XXIème siècle aux horreurs de la guerre du XXème…
Au hasard de ses pas, Adèle avisa un bateau taxi à quai. Sans hésitation aucune, elle se précipita pour embarquer. Le bateau commença à filer sur la Seine. Elle s’adossa au bastingage, cheveux au vent, le visage caressé par le vent frais de cette fin d’après-midi de printemps. Ivre du simple bonheur de se laisser aller, elle se ressaisit. Elle reprit possession de son corps contraint à l’immobilisme depuis des mois. Le ressentiment, ce poison qui coulait dans ses veines depuis des mois commençait à s’évaporer.
Un très joli texte sur cette tranche de vie d’Adèle dans un Paris qui semble avoir changé. Tu m’as donné envie d’y remettre les pieds un jour. Bravo Anne-Marie!
Merci Kroum, tu m’encourages à être plus assidue sur Bricabook.
Merci pour cette agréable flânerie dans le Paris d’hier et d’aujourdhui, et pour cette ode à la vie entre ivresse et sérénité.
Quelle joie de te relire, Anne-Marie. Et un superbe texte, empreint de l’actualité parisienne devenue lourde en ce temps de crise. Mais, et je te reconnais bien là, une note finale de liberté, d’envie d’ailleurs, et d’un « simple bonheur de se laisser aller ». Avec une allusion à Doisneau, tout est parfait. Merci pour ce retour à Bricabook..
Merci pour ces cartes postales de Paris tel qu’il était et tel qu’il est devenu…
Une promenade des plus salutaires ! Qui te vaut mon plus amical et solidaire salut 😉
Elle était arrivée dans sa garçonnière avec le trench qu’il aimait.
Elle venait lui dire qu’entre eux c’était fini.
C’est lui qui lui avait demandé de patienter.
Il avait besoin de mettre un peu d’ordre dans sa vie,
comme amadouer sa femme qui commençait à avoir des doutes,
rassurer leurs enfants qui avaient des carnets catastrophiques.
Il fallait aussi réserver les vacances pour le mois d’août,
car la famille ne voulait pas héberger loin du village olympique.
De son côté, elle avait beaucoup pleuré.
Les deux premiers mois de silence avec lui furent sans but.
C’est lui qui souhaitait mettre de l’espace entre eux après l’été.
Pour elle, ce furent des mois de lutte.
Au début du printemps, le soleil vint ramener un peu d’espoir.
Ses amis qui, depuis le début, l’entouraient,
furent présents pour la sortir jusqu’à souvent très tard.
Peu à peu elle retrouvait une certaine légèreté.
Il y avait même des semaines où elle ne pensait plus à lui.
Jusqu’au jour où il l’appela pour discuter.
Elle le fit patienter deux jours et deux nuits
avant de finalement accepter.
En se rendant à sa garçonnière,
elle avait préparé son discours,
net, précis, clair.
Lui, de son côté avait acheté du champagne et des petits fours.
Il avait une grande nouvelle à lui annoncer.
Il allait divorcer de sa femme
qui a préféré le quitter
pour un autre à qui elle avait déclaré sa flamme.
Son cœur à lui était donc peiné,
mais il savait qu’elle avait le pouvoir de le consoler.
Elle et sa bonté d’âme,
sans parler de sa grande beauté
qui la distinguait de toutes les femmes.
A peine arrivée chez lui,
il sortit le grand jeu
et l’amena vers la terrasse pour la belle vue quand il ferait nuit.
Elle n’a pas attendu qu’il lui montre sa queue
pour lui dire qu’entre eux c’était définitivement fini.
Au début il ne l’entendait pas
ou disait qu’il n’avait pas compris,
pendant qu’elle reculait à petits pas.
Sur un ton affirmé,
elle lui cria que leur histoire était terminée.
Une gifle si forte la fit encore plus reculer
jusqu’à perdre l’équilibre au-dessus du parapet.
En voilà deux qui se sont ratés, tu tiens le lecteur en haleine qui attend un happy end, la chute n’en ai que plus spectaculaire. Merci Kroum pour ce plaisir de lecture.
Un texte qui avance tranquillement, avec sonorités, pour une histoire vouée à reculer… Bien mené, bravo ! (Après, je vais faire ma prude, mais le mot « queue », sur la fin, je le trouve trop cru, ça sonne comme une fausse note, mais ce n’est rien qu’un avis, hein 😉 )
Un texte bien mené où on sent que ça chauffe de tous les côtés. Loin de moi l’idée de choisir qui a raison ou tort, mais la femme légitime a bien fait de partir avec un autre. Le match de boxe à la maison n’est pas olympique…
Une histoire tristement classique de triangle amoureux qui devient carré quand plus rien ne tourne rond…
C’est vraiment un pauvre type! Dommage que ce soit-elle qui bascule!
Bonjour tout le monde, ma participation est sur https://photonanie.com/2021/04/19/brick-a-book-402/ et ci-dessous. Bonne journée.
La première fois que je l’ai vue elle se tenait en équilibre précaire à l’avant du bateau.
Elle était magnifique, ses longs cheveux flottant librement au vent.
Ses mains s’étaient détachées du bord arrondi et on avait l’impression qu’elle était prête à basculer doucement du côté de l’onde, comme une sirène.
Quand le bateau a accosté, je lui ai tendu la main pour l’aider à rejoindre le bord et nos yeux se sont croisés. Je me suis noyé dans les siens au point que j’ai retenu son poignet une seconde de trop. Elle n’a rien fait pour m’échapper, au contraire un grand sourire illuminait son beau visage.
Après avoir sauté au sol, elle s’est rapidement éloignée et a rejoint un groupe d’amis un peu plus loin. Il sont partis en riant et en se taquinant.
C’est ce matin en ouvrant le journal que j’ai revu son visage en première page. Son corps avait été retrouvé à dix kilomètres de l’embarcadère, criblé de coups… Tout renseignement était le bienvenu au numéro gratuit de la police.
Je ne connaissais pas cette fille, nous n’avons fait que nous croiser, par hasard, mais à ce moment j’ai violemment regretté d’avoir lâché sa main à la sortie du bateau.
J’ai beaucoup aimé la façon dont tu racontes l’histoire, surtout la première partie. Comme un moment suspendu, hyper charmant et photographique. Bravo Photonanie !
Merci beaucoup Séverine 🙂
Ton récit tient le lecteur en haleine, j’espérai confusément une fin heureuse, le début était prometteur d’une belle histoire d’amour, le sort en a décidé autrement et peut-être nous ramène au côté éphémère de moment de vie. No regret… Bravo Photonanie
A l’atelier d’écriture que je fréquente en temps normal, une participante m’a dit un jour que chez moi tout finissait toujours bien. J’ai eu envie de changer cette fois… pour surprendre 😉
Joli texte. Qui finit mal, certes, mais ce contraste entre le moment fugitif de la main tendue et la mort dramatique, est saisissant. Bravo.
Merci beaucoup Cloud.
Bonjour,
Voilà ma participation:
Elle l’attend
Elle a enfilé un nouvel ensemble de lingerie jaune pour illuminer leur rencontre. Elle a pour une fois mis un porte -jarretelle avec des bas qu’elle pourra utiliser pour lui lier les mains, un jeu aux « Cinquante nuances de gris », un livre et un film qu’elle trouvait idiots. Mais l’amour ne rend-il pas idiot? Malgré l’asservissement que suppose l’érotisme, elle se sent libre, quasi nu, sous son imperméable. Elle sent l’air se glisser entre ses jambes qui arpentent le pont comme des compas[1]. Elle s’arrête, penche la tête en arrière , confiante, offerte aux dernières lueurs du jour. Peut-être devrait elle au café enlever sa culotte aux toilettes et revenir; ce qui lui semblait idiot dans la bouche de certaines femmes lui paraît maintenant désirable. Elle n’a pas peur de tomber sur le périphérique en dessous car il viendra la rattraper. Elle l’attend.
18 avril 2021
[1] http://evene.lefigaro.fr/citation/jambes-femmes-compas-arpentent-globe-terrestre-tout-sens-donnan-19757.php
C’est coquin et on se demande si celui qu’elle attend viendra…ou pas 😉
Une belle sensualité dans ton texte.bravo laura!
Sensualité et autodérision. Et ça sonne tellement authentique. Bravo ! Et puis, ce « Elle l’attend » qui produit un effet boucle, j’adore.
Merci Séverine
C’est coquin, drôle, et très bien écrit. J’aime beaucoup ce texte. Merci.
merci de ta lecture
Bonsoir, oula avec les vacances je me perds dans les jours. Voici donc mon texte. Bonne lecture et bonne soirée.
Un jour, il faudra bien
Laisser échapper les démons
Petits et grands
Discrets ou envahissants
Vieux ou récents.
Un jour, ils ne seront plus là
Mais alors qui restera ?
Celle d’avant ?
Celle du présent ?
Celle que je ne connais pas encore ?
Un jour, il sera temps
D’arriver enfin
À lâcher prise complètement.
Joli poème. Il vaut sans doute mieux, comme Saint Michel, combattre les démons qu’attendre qu’ils partent d’eux-mêmes, mais nous ne sommes pas des archanges… J’aime beaucoup cette fin du « lâcher prise ».
Que voici un beau carton d’incitation ! Bravo !!
Madame rêve
Cheveux bruns
tirant sur le noir
longs, raidis au fer
une frange à la Greco
Juliette bien sûr
pas le peintre
seulement vêtue d’un trench
penchée en arrière
dos contre la balustrade
en déséquilibre
le vent joue avec ses mèches
la pluie griffe ses joues
son maquillage est waterproof
heureusement.
madame rêve
à un autre métier
à l’abri des rafales en hiver
bikini rikiki sur ses formes,
protégée du soleil en été
sous un manteau de fourrure
dans des paysages paradisiaques
à contre saison.
Madame rêve
de vivre un été en été
un hiver en décembre
un automne roux en Octobre
et même, bonheur inimaginable
un mai fait ce qu’il te plaît
sans mais !
Madame rêve
d’une peau nue
de cheveux comme ils poussent
de jogging difforme
qui cache ses formes
de pulls soyeux
doux comme une caresse
de regards vrais
de sourires tendres
de dents qui mordent
de fronts qui rident
Madame rêve
la VIE
Magnifique, nous rêvons avec cette femme, Merci Miss Marple de ce rêve traduit avec cette si belle et délicate écriture.
Le calendrier de la publication est parfois difficile à suivre mais l’essentiel est de ne jamais perdre le fil Bricabook…
Sublime ! Un soupçon de chanson à l’ancienne pour un portrait délicieusement croqué. Bravo !
Que c’est beau ! J’adore ! Et cela fait délicieusement rêver… Merci.
Merci d’avoir lu..j’ai publié un peu tard..