Une photo quelques mots n°404

par | 7 Mai 2021 | Atelier d’écriture | 35 commentaires

C’est parti pour une nouvelle semaine.

Une photo, quelques mots n° 404. Qui dit fin de semaine dit nouvelle photographie. Ce rendez-vous a été initié voici une petite dizaine d’années. Depuis, certains fidèles écrivent chaque semaine, d’autres reviennent après quelques mois passés sans écrire. « Une photo quelques mots » est un lieu de partages et d’échanges. Les personnes se commentent entre elles, mais en aucun cas il s’agit d’apporter des remarques « professionnelles ». C’est un espace libre où chacun peut s’exprimer : écrire. Un jeu, un besoin, une envie, les raisons sont multiples. Et « Bric à Book » est un réceptacle que j’ai choisi de maintenir ouvert, même si aujourd’hui je ne participe plus (par manque de temps.) Amusez-vous bien !

@ Howard Chin

A lundi pour la publication des textes.

35 Commentaires

  1. Kroum

    Non loin de là, à quelques mètres de mon hôtel, j’ai repéré une terrasse de café avec vue sur mer. Un verre à une main, un narguilé à l’autre, je pensais que j’allais enfin pouvoir mettre mon esprit au calme. Mais la vue de l’océan était barrée par un bout de falaise en forme de N.

    N comme « Nul », N comme « Nerveux », N comme « Naufragé ». Même le bleu du ciel était caché par des nuages qui s’amoncelaient. Et ces rameurs qui se demandaient s’ils n’étaient pas sortis un peu trop vite sur leurs embarcations, négligeant de regarder l’évolution de la météo en cours de journée. L’environnement qui m’entourait était aussi naze que ma situation.

    Ma nana m’avait quitté. Soi-disant que je n’avais plus le niveau pour cette nympho ! Elle me trouvait maintenant trop négatif, pas assez naturel, un peu naïf, elle qui ne voyait que par son nombril !

    Pourtant je l’ai aimée cette nénette, malgré son nez trop long qui me cognait bien fort quand on s’embrassait. Mais n’en déplaise aux mauvaises langues, on ne pouvait pas se passer l’un de l’autre au début de notre relation. Je me noyais dans son regard envoûtant ; je me plaisais à l’observer dans sa démarche nonchalante ; j’atteignais les sommets pendant nos ébats nocturnes.
    On s’était juré de naviguer un jour sur cet océan, seuls au monde, près de ma ville natale. On aurait eu au programme tout notre temps pour niquer, nager, se nourrir des poissons que j’aurais pêchés.

    Mais voilà, la mer ne nous verra jamais y parcourir un seul nœud. J’ai tenté de négocier auprès de ma belle. Je me suis aussi mis à nu côté cœur mais elle s’est contentée de me narguer, moi et mes rêves de navigation. Elle avait rencontré récemment un pilote d’avion qui lui promettait de la faire jouir dans les airs. Elle a préféré cette option car avec moi elle prenait le risque de se noyer. J’ai trop la haine.

    • Janickmm

      Navrée ! Mais t’inquiète, rien n’est perdu les naturiistes sont tolérés sur la plage d’antifer…ah ah ah

      • Kroum

        Ouf alors. Ahahah. Merci Janickmm.

    • Photonanie

      Marre de cette nana-là 😉
      Au début tu lui disais « je t’M » et maintenant tu n’as plus que N, c’est la vie…

      • Kroum

        Bien trouvé, merci Photonanie.

    • Cloud

      Le texte est mieux mené que la relation elle-même. Il ne reste qu’à passer un brevet de pilote, en espérant qu’il y aura retour sur investissement. Quant à l’amour, il reste toujours vague quand on est mené en bateau…

    • Céline

      Jolie chute !!!

  2. laura vanel-coytte

    Bonjour,

    Voilà ma participation:

    C’est où?

    Quand je vois un paysage, surtout quand il me plaît, j’ai envie de savoir où il est. Qu’il soit sublime comme celui-ci ou simplement beau et/ou intéressant, j’ai besoin de savoir si je l’ai raté à endroit ou je suis allée ou si j’ai encore l’espoir de le voir un jour. Je ne sais pas pourquoi j’ai d’abord pensé a la grotte d’Hercule[1] et presque en même temps aux falaises de Normandie. Si je suis allée zen Normandie, je n’ai pas vu sa côte. Les kayakistes paraissent touts petits tellement le paysage est grandiose et sublime[2]. Je pense à « L’aiguille creuse » de Leblanc dont le Lupin a été redécouvert par mes élèves grâce à Netflix. Mon mari a fait du kayak. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble mais pas celle-là. C’est où?

    8 MAI 2021

    aussi chez moi:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2021/05/10/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-c-est-ou-pour-une-photo-quelque-6314677.html

    où vous pouvez laisser un message

    • Janickmm

      J’aime bien ce récit qui pose tout un tas de questions, je crois qu’on le fait tous mais parfois on ne prend pas le temps d’approfondir.

    • Cloud

      Je comprends, même si ce n’est pas toujours mon cas, le besoin de nommer les choses pour y rattacher des souvenirs affectifs précis. C’est bien exprimé dans ce texte.

    • Céline

      Chouette questionnement car oui il y en a tellement de découvertes à faire. Je suis tout aussi curieuse que vous, même si l’on dit que c’est un vilain défaut

      • laura vanel-coytte

        jackie:merci
        cloud: situé géographiquement
        céline: ça dépend de la curiosité

  3. Janickmm

    L’ivresse de la lenteur
    S’absorber dans la qualité du temps,
    Planer au fil de l’eau.

    Laisser le gros de la troupe s’échapper vers l’arrivée.
    Se retarder, se mettre en retard et compter à rebours.

    Je n’entends plus leurs cris de prouesse ni ceux d’excitation.
    Je fais du surplace, je tourne en rond. La mer m’appartient, seule sur ma frêle embarcation je jubile.
    Les mouettes survolent, les clapotis de l’eau affleurent la coque effilée du kayak, la mer scintille… quoi d’autre ? Rien, tout cela est amplement suffisant.
    Passé l’arche majestueuse, emblème d’Etretat je retrouverai la joyeuse bande d’amis, après ma pause fraîcheur.

    • Photonanie

      Rafraîchissant à souhait 🙂

    • Kroum

      Un moment de lecture plein de sérénité au premier jour d’une semaine chargée mais on ne va pas se plaindre de pouvoir à nouveau travailler. Bravo et merci Janickmm!

    • Cloud

      Que c’est bon de lire ton texte. Un éloge de la lenteur. Basta l’urgence et la compétition. Vive la contemplation. Merci pour ce matin calme.

    • Céline

      Carpe diem !!!

  4. Cloud

    Paul Bridel était maire de Plouganez-sur–mer. Froid, hableur, aux dents longues, il avait été de longues années communicant d’hommes politiques d’étiquettes diverses et à l’éthique peu regardante. Les idées n’étaient de toutes manières pour lui que le paravent ténu d’ambitions personnelles.
    Dans son village, il avait fait bâtir un faux rocher en ciment, sous forme d’arcade, piètre imitation d’Etretat, disaient certains. Un rocher « tellement beau que même la nature n’est pas encore capable de le faire » avait-il proclamé le jour de l’inauguration.
    Ce monument, appelé pompeusement « La Porte de l’Enfer » était devenu la signature de Plouganez. Les estivants se prenaient en selfies devant, les écoles de kayaks y dessinaient leur parcours. Le Syndicat d’Initiative mentionnait sur ses affiches « A voir absolument ». Le commerce local plaçait ses produits dérivés. Le tourisme est capable de tout vendre.
    Lors d’une séance du Conseil, le Maire, dans sa mégalomanie, fit remarquer que le « Passage de l’Enfer» manquait un peu d’histoire, ce qui frustrait quelque peu les touristes de passage pour raconter à leur retour, et les vieux du village qui se trouvaient pris de court face à des questions saugrenues.
    L’instituteur fut donc contacté pour inventer et écrire une légende avant l’été. Ca tombait bien Eugène Lambert se trouvant un peu juste ces derniers temps, un petit travail facile rémunérateur lui serait bienvenu.
    Pendant les cogitations de l’instituteur, Damia Bridel, la femme du maire, trouva là l’opportunité de se laisser aller à ses propres inspirations, si souvent étouffées par la présence machiste de son mari. Elle harcela alors Eugène d’idées souvent scabreuses et d’un érotisme torride, jusqu’au jour où celui-ci et elle tombèrent fous amoureux. Un jour qu’ils roucoulaient sur un frêle bateau, passant sous la voûte de la « Porte de l’Enfer », une lame les emporta. On les retrouva morts, enlacés l’un à l’autre. Dans la poche d’Eugène, un carnet passablement altéré par l’eau de mer portait un titre manuscrit : « l’Histoire de la Porte de l’Enfer ». A l’intérieur, on pouvait encore lire une centaine de poèmes enflammés intitulés « A Damia ».
    A l’annonce de la nouvelle, Paul Bridel n’eut rien de plus qu’une émotion médiatique. Il appela son Chef de Cabinet, qui attribua un nouveau nom au rocher : « Le Passage des Deux Amants». On fit imprimer rapidement et en grande quantité un recueil de poèmes « A Gwenole » attribuées à Loïc Le Tac. Dans les guides touristiques une légende racontant une histoire similaire intemporelle, au milieu de tempêtes et de korrigans, fut concoctée par les algorithmes d’un ordinateur. L’année suivant, on retrouva Plouganez–sur-mer dans les finalistes de Plus Beaux Villages de France.

    • Photonanie

      Un passage à éviter même si aucun cerbère ne le garde 😉

    • Kroum

      Quelle imagination Cloud! Bravo!

    • Céline

      Le malheur des uns fait (parfois) le bonheur de l’autre. Très original comme récit en tout cas. Bravo

  5. Janickmm

    Des personnages à l’esprit tortueux, et sans beaucoup de conscience, et qui ne sont sans doute jamais inquiétés. Et je ne sais pas pourquoi… mais Bridel me dit quelque chose…

  6. miss marple

    Bonsoir à tous, un peu juste, un peu tard!!
    belle semaine

    Rame, rame
    ramons, ramez

    chacun rame
    comme il lui plaît
    chacune rame
    comme elle pleut

    rameurs ramez!
    à contre courant je rame
    avec le courant je rame
    je suis un rameur solitaire
    nu comme le ver.

    salutaire est mon verre
    alors j’y plonge le nez
    après l’avoir empli
    d’un breuvage bien choisi

    solitaire mon canoë
    entouré d’autres rameurs
    chacun fait comme il peut
    pour passer le trou de l’aiguille.

    Rameurs ramez
    la vie est ainsi
    on fait parfois la course en tête
    puis soudain une tête à queue
    nous rend complètement neuneu.

    Rame, rame
    quoi que tu fasses
    tu n’en sortiras pas vivant
    quoi qu’il se passe
    ce sera les pieds devant.

    Alors rame, rame
    respire à pleins poumons
    goûte tout ce qui est à portée
    de main, de pied
    tâte, caresse
    teste tout le reste
    profite de chaque moment
    redresse la tête
    tiens toi le dos droit
    souris, ris
    crame, crame
    tes forces
    ne prends rien au drame
    rame, rame, rame

    • Cloud

      Excellent ! Le thème, le rythme, les analogies à la vie à la mort, tout est vraiment très intéressant dans ce texte. Bravo.

    • Céline

      On s’y mettrait bien à ramer après vous avoir lu !!! Bravo

  7. Céline

    Bonsoir, oups j’ai failli louper la publication. Voici donc mon texte. Bonne lecture et excellente soirée.

    Elle en avait toujours eu peur,
    Trop de bleu, trop d’inconnu,
    Trop de possibilité d’y perdre pied.

    Elle se tenait toujours à bonne distance,
    Faisant fi des moqueries,
    Des incompréhensions.

    Mais à 30 ans passés,
    Elle saisissait enfin le ridicule de la situation
    Alors par amour, elle allait sauter le pas.

    Le ciel était d’un bleu nuageux,
    La mer semblait d’huile
    Et ces kayaks un bon début.

    • laura vanel-coytte

      l’amour nous donne des nageoires… et des ailes

  8. Cloud

    Toute un symbole de la prise en charge de sa propre vie. L’entrée en douceur par une mer calme apaise plus facilement les peurs…

    • Céline

      Tout à fait

  9. Alela

    Bonjour à toutes et tous, voici, ma première participation. J’espère pas trop tardive ?

    Jamais plus je n’irai naviguer sous le vent. Jamais plus je n’emprunterai les contre-courants. Les vagues ne flatteront plus mes bouchains. Mon étrave ne jouera plus avec les dauphins. Et plus jamais le sel sur mon pont et les fous de bassan posés sur l’horizon. Adieu les îles du Ponant et la mer d’iroise. Adieu les vents mauvais et les eaux couleur ardoise. Voilà bien quatre ans que je végète à terre, aujourd’hui mon bourreau me porte au cimetière. Un cimetière à bateau où l’on me disloquera, en deux trois mouvements on me déchirera. Sans même un haut le cœur, mon marin m’abandonne, aujourd’hui c’est sur un kayak qu’il joue et fanfaronne. Il passe là où jadis il faillit perdre mon mat, entre les jambes des géants, du côté d’Etretat.

    • Alexandra K

      Bonjour Alela, soyez la bienvenue sur l’atelier ! Il n’y a jamais de participation trop tardive : le but est avant tout d’écrire. 🙂

      J’aime bien la chute. Effectivement, le kayak permet d’être plus loin des étoiles. (Suis certaine que le marin y perd au change.)

  10. Alela

    Merci Alexandra !

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