Une photo, quelques mots n° 405

par | 15 Mai 2021 | Atelier d’écriture | 55 commentaires

@ Pablo Torrado

C’est parti pour une nouvelle semaine.

Une photo, quelques mots n° 405. Qui dit fin de semaine dit nouvelle photographie.

Ce rendez-vous a été initié voici une petite dizaine d’années, autour d’une envie d’écrire. Il me fallait un cadre, moi qui n’en avais pas. Au fil des années, une jolie communauté s’est créée. Certains participants sont devenus des amis dans la vie, des amis de la « vraie vie » ont débarqué ici et se sont mis à écrire. Un joli tourbillon.

Ce rendez-vous est avant tout un lieu de partage et d’échanges, je ne crois pas en la figure de l’écrivain dans sa tour d’ivoire. Il a besoin de contact, de lien, de regard extérieur pour pouvoir avancer. Sur bric à book, vous trouverez ces échanges : c’est même le but de ce rendez-vous en ligne.

Créer et échanger.

C’est un espace libre où chacun peut s’exprimer. Les routes de la vie ont fait que je n’ai désormais plus vraiment le temps d’écrire avec vous. Je vous lis, toutefois, et aime vous retrouver à travers vos textes.

Amusez-vous bien !

55 Commentaires

  1. Terjit

    « Ruines »

    Tu es là devant moi, si seulement j’avais su être une autre.
    Tu es venu vers moi, si seulement j’avais cessé de reculer.
    Tu as essayé de me parler, si seulement je t’avais écouté.
    Tu as effleuré ma main, si seulement je te l’avais donnée.
    Tu as pleuré devant moi, si seulement j’avais été moins rude.
    Tu as été sincère, si seulement j’avais été moins équivoque.
    Tu as envoyé des messagers, si seulement j’avais su les accueillir.
    Tu as imploré la nature, si seulement j’avais essayé d’être mère.
    Tu as décidé de t’effacer, si seulement j’avais su t’aimer.

    • Photonanie

      Que de regrets dans ce texte émouvant…

    • Cloud

      Le texte est celui d’un poète, très beau et émouvant, mais le constat amer. Le « si » fait sans cesse référence au regret. Je ne peux m’empêcher de penser que sa vie été autre et sans doute a t-elle apporté d’autres orientations, d’autres satisfactions…

    • Janickmm

      Un constat amer tout en nuances et il me semble apercevoir une lueur d’espoir , comme si cette personne cherchait une solution pour réparer les manquements…

    • Céline

      Que d’émotions dans ce texte. Bravo

      • laura vanel-coytte

        je me réjouis d’avoir des remords.. d’avoir fait

  2. Céline

    Bonjour. Voici mon texte, bonne lecture et belle journée.

    Baptisée dès son plus jeune âge,
    Elle avait suivie les cours de catéchisme
    Dans la plus pure tradition.
    Première communion puis communion solennelle avaient suivi.
    Mais, effet de l’adolescence ou simple prise de conscience, la foi ne venait pas.
    A moins qu’elle n’y ait jamais vraiment cru.
    Son esprit solidement ancré dans la réalité,
    Elle ne saisissait pas le pourquoi du comment
    De cette dévotion, de cette remise à Lui de tout événement, de toute catastrophe.
    Quand la maladie était entrée dans sa vie, elle l’avait définitivement rejetée.
    Elle avait pourtant lu les Écrits,
    Poussé sa curiosité vers d’autres chemins,
    Mais rien n’y faisait, elle n’y ressentait aucune appartenance ni reconnaissance.
    Et puis, il y avait eu ce voyage aussi inopiné que soudain.
    Là elle s’était laissé raconter une autre façon de voir les choses,
    De ressentir la vie tout comme la mort.
    Elle les avait laissé la guider,
    Lui enseigner les préceptes et principes.
    Et devant cette madone noire,
    Elle avait fini par se laisser gagner par cette spiritualité nouvelle.

    • Photonanie

      C’est bien qu’elle ait trouvé un réconfort, peu importe si ce n’est pas sur le chemin tracé par sa famille.

      • Céline

        Il faut parfois oser aller plus loin, ailleurs

    • Cloud

      Une démarche très intéressante bien décrite dans le texte. Reste du catéchisme une culture qui peut décrypter pas mal d’oeuvres de l’art occidental. Quant à la spiritualité, elle touche les fondements de sa propre existence.

      • Céline

        Merci. Oui cela reste comme un acquis et un support pour s’éveiller à d’autres et à l’autre.

    • Janickmm

      Un déclic ! Il suffit de peu parfois pour comprendre l’essentiel.

      • Céline

        Il est important de savoir les reconnaître et d’y être ouvert pour évoluer.

    • Terjit

      Nous avons tous besoin de réponses, chacun va les trouver là où il veut, ou peut, l’important est de les trouver

    • laura vanel-coytte

      je retrouve certains éléments de ma foi ci

  3. laura vanel-coytte

    Bonjour,
    Voilà ma participation:

    H-aute-l

    Autels orientaux: shintoïste, bouddhistes et hindous. Je ne les ai vus qu’en photo ou cinéma.
    Vrai autel religieux, avec ex-voto, « A une madone  » de Baudelaire qui connut la censure
    Et auquel on dresse un autel de poète « romantique » si loin de sa muse noire sulfureuse .
    Autels au taureau ou veau d’or, polythéismes grec et romain que Nerval maniait avec art
    Paganisme que renversa le christianisme et son génie salué par Chateaubriand, rejeté par le laïcisme buté. Autel vide de son dieu au jardin des Oliviers , « Voyage en Orient » où nous vîmes le retable d’Issenheim derrière l’autel… que j’ai dressé à ta mémoire des paysages traversés ensemble .Autels Moyen- Orientaux qui s’embrasent… toujours. Autels maronites et aux christianismes d’Orient mourant de notre indifférence à nos origines. Autels extrêmes orientaux voués au travail alors que les hôtels se remplissent de « finement cons  » qui ont monté pendant leur fermeture un autel aux terrasses qui se rempliront bientôt de nos vides. Autel à la haute culture que certains louent d’autant plus quand elle est inaccessible , qu’ils la délaissent quand elles à portée de leurs mains. Autel que l’on ne nourrit plus de livres désormais essentiels mais d’humains , responsables, victimes du covid et de leurs soi-disant liberté!

    Merci et bonne journée à tous

    • Janickmm

      Voyages instructifs et méticuleuse réminiscence, le rêve et la complicité semblent toujours avoir été présents.

    • Cloud

      Un texte fort et riche de références .

      • laura vanel-coytte

        Janickmm:merci mais il y a eu des jours sans aussi
        Cloud:merci

    • Céline

      On ne peut qu’apprécier cette diversité et s’en émerveiller. Merci pour le voyage.

    • Terjit

      Je ne maitrise pas toutes les références, mais le sens est fort et le style riche. Merci

  4. Photonanie

    Bonjour, ma participation sur https://photonanie.com/2021/05/17/brick-a-book-405/ et ci-dessous. Bonne journée.

    J’avais tout essayé! Je ne comptais plus les dieux que j’avais implorés depuis si longtemps.

    J’avais la nausée des dorures des églises orthodoxes grecques, les églises catholiques m’avaient vite écœurée par les scandales qui les éclaboussaient, les mosquées m’avaient été interdites parce que je n’avais plus de mari à qui demander la permission et puis le voile c’était pas trop mon truc en tant que féministe convaincue…

    J’avais aussi consulté un marabout mais celui que j’avais choisi n’utilisait que des bouts de ficelle trop évidents.

    Les “Madame Irma” et autres m’avaient baladée et soutiré pas mal d’argent.

    Bref, après toutes ces tentatives, je n’avais plus rien à perdre à me tourner vers Boudha. Si lui ne pouvait rien pour moi alors j’étais définitivement perdue.

    J’avais trouvé un tour-opérateur dans mes moyens pour partir à Hong Kong. Là il m’avait laissée tomber après avoir empoché mes derniers yuan.

    Je mettais toute ma ferveur à prier ce dieu qui était ma dernière bouée de sauvetage. Si lui ne pouvait me sortir de la situation désespérée qui était la mienne, il ne me resterait plus qu’à me laisser couler vers le fond…

    Mes yeux parcouraient le décor qui s’étalait devant moi. Je pensais aux vides greniers de ma ville quand les voisins sortaient leurs vieux vases. Je ne voulais pas blesser les indigènes mais la situation m’apparut soudain absurde.

    Brutalement la suite fut comme une évidence, je m’éveillais enfin de ce mauvais rêve. Je venais de toucher le fond et il me fallait absolument remonter à la surface si je voulais survivre.

    Je fis demi-tour, me précipitai à l’aéroport et achetai mon billet de retour. Heureusement que ma carte de crédit avait été acceptée.

    Cette quête d’une aide extérieure m’avait presque détruite mais ma brutale prise de conscience, comme un réveil en sursaut, allait me sauver. Aune force occulte ne pouvait m’aider, c’est seule que je m’étais mise dans le pétrin et c’est seule que je devais me battre pour retrouver ma dignité.

    J’allais m’y employer à présent, de toutes mes forces…

    • Janickmm

      A rocamadour pas de nausée ni de longs voyages, la chapelle miraculeuse apporte de quoi se nourrir.

      • Photonanie

        Il faudra que j’y retourne alors 😉

    • Cloud

      Le texte montre avec beaucoup de rythme la quête d’un irrationnel salvateur. La conclusion est plus pragmatique mais correspond à un choix délibéré. La solitude du combat n’est forcément pas la voie la plus facile…

      • Photonanie

        …mais celle qui donne la plus grande fierté

    • tiniak

      Œcuménique parcours pour donner un coup de talon solitaire, sans doute le chemin le plus complet vers le courage… de vivre ! Un récit tout en spirales qui m’a emporté. Merci, Nanie.

      • Photonanie

        Avec plaisir Tiniak. Il faut savoir remonter quand on est au fond 🙂

    • Terjit

      Très belle façon de démontrer que la solution n’est pas dans l’Autre mais en soi. Merci pour ce message.

      • Photonanie

        C’est ça la vie…
        Merci pour ce commentaire Terjit.

  5. janickmm

    bonjour !
    un texte ici https://janickmm.wordpress.com/2021/05/17/5510/ et ici aussi

    Notre vol en montgolfière s’est terminé là, dans un champ non loin de Rocamadour, le soleil rosissait le ciel de cette fin de journée, et nous avions envie de rentrer par nos propres moyens ; à pied..
    Légers comme l’air nous nous sommes dirigé vers un chemin balisé, Thérèse affirmait leur fiabilité et mon cousin Bertrand et son meilleur ami, Peyo, cherchaient déjà un petit coin pour dormir à la belle étoile.
    Nous avons opté pour un pré encerclé d’une futaie de charmes, les hautes herbes se sont couchées sous nos corps las et rompus de fatigue, le maigre repas était le début d’un jeûne préconisait Bertrand en grand connaisseur, et que demain matin nous nous sentirions encore mieux.
    L’alarme de la veille prévue pour partir de bonne heure en week-end, nous a réveillée à 4 heures du matin, désappointement général, mais rebondissement du cousin qui n’était jamais à court d’idées, ni d’énergie : il faut absolument voir, au moins une fois dans sa vie, le lever du soleil sur Rocamadour. …. Quoi ?! …. Allez ! On fonce, on y sera dans environ une heure et trente cinq minutes … Pile poil !
    Nous le suivons, cahin caha, lampes frontales et ventres vides.
    A notre étonnement général la marche est agréable et intéressante, légère et instructive, nous sommes à l’écoute dans cette nuit étoilée. Nous arrivons sur un plateau du Quercy, aride, quelques moutons paissent tranquillement, et nous empruntons un petit coin de leur paradis, pour nous assoir, le derrière sur l’herbe fraîche parsemée de rosée, et enfin admirer l’aube naissante qui colore de rose et d’orangé les façades du petit village accroché au roc : rocamadour. C’est grandiose, sublime, majestueux, féérique, nous sommes bouche bée. Très vite les premiers rayons du soleil font miroiter une multitude d’étincelles dorées sur les pierres de chaque maison, le spectacle est merveilleux. Tout s’éclaire, tout ruisselle de lumière.
    Cousin Bertrand prend sa voix de conteur et nous narre la légende de la Vierge Noire, abritée dans la petite chapelle creusée dans la roche et que parfois un rayon de soleil illumine de rouge flamboyant par l’interstice d’un petit vitrail. Que ferions-nous sans lui, il apporte de la magie à la magie, de l’émerveillement avec son talent de conteur. Nos sincères remerciements lui donne des ailes.
    Tout transportés nous avons franchi la petite vallée en contrebas pour rejoindre l’autre côté du vallon, et visiter chaque recoin de ce village, haut lieu de pèlerinage : la chapelle miraculeuse, la basilique, l’épée de Roland et le restaurant surplombant la vallée.

    • Photonanie

      Merci de m’avoir emmenée à nouveau, en douceur, dans ce si bel endroit…

    • Cloud

      Ah, Rocamadour ! Délicieuse histoire que tu racontes avec beaucoup de sentiment. On y est. Jusqu’à la chapelle miraculeuse qui élève vos âmes comme une montgolfière, et au restaurant salvateur qui devrait rompre avec bonheur ce court jeûne forcé.

    • Terjit

      Le récit est tellement enthousiaste qu’on y est dans cette promenade, et si en plus ça se termine par un bon restau (en terrasse bien sûr…)

  6. miss marple

    Bonjour!
    Oh! que c’est étonnant.. je n’ai pas vu de Vierge noire, mais alors pas du tout! J dois changer mes lunettes sans doute car même après avoir lu vos textes. je ne la vois pas!! mais..

    les bras m’en tombent
    je ne pourrai pas
    en venir à bout
    pourquoi ai-je signé
    sans vérifier ?
    Je ne suis même pas armée
    mes mains nues
    ne suffiront pas
    seule
    toujours seule
    la marche est trop haute
    cette fois
    même grimpée
    sur ce petit tabouret
    je ne pourrai pas.

    J’aime le feng shui
    vive le zen
    rien de mort
    pas de pendule arrêtée
    de fleur séchée
    de vase sans vert
    de fenêtre donnant
    sur un couloir
    de miroir reflétant
    l’infini
    de rouge
    de trucs qui
    pendouillent.

    Zen il a dit
    yen aussi
    combien de yen
    pour transformer
    cette horreur
    en décor épuré ?
    Je vais sabrer
    me faire hara kiri
    si j’échoue!
    ce défi
    me déplaît
    je ne vais pas
    le relever
    me relever !

    Je ploie les genoux
    ancre mes pieds
    dans le sol
    déploie mes ailes
    et décolle !

    • Janickmm

      Le personnage semble être au pied du mur, aucune impasse… et un battement d’ailes, un sursaut, un déclic.

    • Cloud

      Bravo. C’est un texte rythmé court, intense, métaphorique. J’aime beaucoup. Merci.

    • Photonanie

      On est avec le personnage, à bout de souffle jusqu’à l’envol libératoire!

    • Terjit

      Très beau texte parfaitement rythmé, presque entièrement lu en apnée. On ressent très bien l’angoisse, puis la résignation et enfin l’envol. Bravo

  7. Cloud

    Une épidémie sournoise se répandait sur le royaume de Chaluam. Tout avait été essayé pour endiguer la maladie. Les méthodes hasardeuses et les remèdes miracles des apothicaires, devins, et alchimistes s’étaient soldés par des échecs. Les morts s’accumulaient dans les quartiers pauvres des villes et des villages.

    En désespoir de cause, le roi Daluc convoqua les représentants des douze religions du pays.

    – Devant l’ampleur du désastre et l’inefficacité des savants, il ne nous reste qu’à prier le ciel pour qu’un dieu nous vienne en aide. Quel dieu ? A vous écouter, seul celui que vous représentez existe et est capable de sauver l’humanité. Il n’a pas douze dieux, mais un seul. Mais lequel est le bon? Dans le doute, j’ordonne que vous retourniez auprès de vos fidèles afin de leur demander de plaider la clémence du dieu auquel ils croient. Le dieu qui existe vraiment recevra ainsi la demande de clémence et tout le pays bénéficiera ainsi de sa bienveillance.

    Les jours qui suivirent, le royaume fut pris d’une effervescence peu coutumière. Chacun y allait de ses prières, ses offrandes, ses rituels et ses pénitences. Certains jeûnaient et même se mortifiaient. Les cortèges se croisaient dans une ferveur inédite.

    Peu de temps après, la pandémie se résorba complètement. Chacun put reprendre ses activités sociales. Les deux années de malheur n’étaient devenues qu’un mauvais souvenir. Les bals et des fêtes s’organisèrent dans chaque contrée.

    Chaque représentant de religion s’empressa d’attribuer aux dévotions de ses ouailles la miséricorde de son dieu, et y trouva là une démonstration implacable du bien-fondé de sa croyance.

    L’arrogance pris le pas sur la piété. Des querelles, des violences, des guerres s’ensuivirent rapidement, faisant plus de morts que la maladie elle-même.

    Le roi intervint. Il fit paraître un décret interdisant toute religion dans son royaume et lui, roi Daluc, assumerait désormais seul la responsabilité d’une compassion divine pour tous ses sujets sans exception.

    L’année suivant, une autre épidémie fit son apparition. Accusé par son peuple d’impuissance, le roi fut assassiné.

    • Janickmm

      Tous les habitants du royaume ont du être déçu : la pandémie a disparue mais ils n’ont pas reçu la clémence promise par le roi, alors l’histoire se répète. Ton texte est délicieux.

    • Photonanie

      J’espère que ce texte est vraiment une pure « fiction n’ayant aucun lien avec une situation existant ou ayant existé » comme on dit 😉

    • Terjit

      Cloud, j’ai toujours admiré ta concision, les petites pointes d’humour et bien sûr le sens de tes textes. Celui-là je le range sur l’étagère « A ressortir contre les dévots de tous poils ». Merci !

  8. miss marple

    mince! est ce prémonitoire?? à voir!!

  9. Alela

    Sa foi, bien sûr est totalement insaisissable pour tout profane. Ce qui se conçoit aisément. Mais son intensité impressionne ses congénères qui eux aussi peinent à comprendre son engagement hors norme envers ces divinités. Chaque semaine elle porte jusqu’à cet autel quelques mets savamment cuisinés pour séduire et apaiser ces créatures immortelles. Afin qu’ils la guident sur le chemin de l’harmonie et de l’équilibre. Ayumi est couturière dans l’une de ces usines textiles qui pullulent dans le quartier. Elle partage une chambre avec sept autres jeunes femmes dans un immeuble que sous-loue son patron. Elle fait partie de ces invisibles, qui luttent chaque jour pour survivre. Elle coud à longueur de journée des pièces de tissu qu’elle ne pourra jamais s’offrir. Le dimanche parfois elle grimpe sur son vélo, s’échappe de la ville et marche des heures durant dans les champs qui bordent le fleuve. Il n’est pas rare qu’elle y trouve des œufs cachés dans les herbes hautes. Ce dernier dimanche de printemps elle a découvert dans les ruines d’un village abandonné, un nid de monticoles. Cinq œufs. Elle en préleva un, afin de l’offrir à la déesse noire, Kali, et à Ganesh. Kali est sans conteste sa divinité préférée. Elle lui attribue l’issue heureuse d’une sombre histoire de jalousie qu’elle vécut pendant son enfance. Depuis elle ne manque jamais de la remercier chaque semaine. Quant à Ganesh il l’a tirée plusieurs fois de situations embarrassantes.
    Dès son retour des champs, elle se dirigea vers le temple pour faire son offrande hebdomadaire. Lorsque arrivée près de l’autel, elle plongea sa main dans son sac, il lui sembla que l’oeuf avait grossit. Elle dut le saisir avec ces deux mains pour l’en extraire. C’était un bel œuf bleu turquoise légèrement pointu. Délicatement, sous l’oeil attentif du prêtre des lieux, elle le posa entre la statue de Ganesh, l’éléphant, et celle de Kali.
    Lorsqu’elle revint le dimanche suivant, l’oeuf avait encore grossi. Le prêtre en fit la remarque à Ayumi.
    _ « s’il grossit encore » je te demanderai de l’emporter avec toi. Lui dit-il.Si cela continue, il va occuper tout l’autel »
    Le dimanche qui suivit, Ayumi fut dans l’obligation de le ramener à sa modeste chambre. Là ses colocataires raillèrent gentiment Ayumi. : sans doute avait-elle trouvé un œuf de dinosaure.
    Dans la nuit, elle fit un rêve étrange où Ganesh accouchait de l’oeuf bleu puis Kali abattait son épée sur la coquille azurée. A l’aube, alors que ses voisines de chambre s’affairaient en tout sens avant de gagner leurs postes de travail, Ayumi feignit un malaise et enjoignit une collègue d’informer le patron de son impossibilité à travailler. Enfin seule face à l’oeuf, elle décida de le fendre pour découvrir ce que le rêve suggérait. Un couteau ne suffirait pas, il lui fallait trouver quelque chose de contondant. Dans un tiroir de la cuisine elle trouva une grosse louche qui lui parut idéale pour ce travail. Elle s’approcha de l’oeuf et assainit trois coup. Au dernier la coquille se fissura depuis la pointe de l’oeuf jusqu’en bas. Elle enleva les morceaux et découvrit une grosse fleur de lotus dorée. Il lui sembla qu’elle était faite d’or. Lorsqu’elle déplaça l’objet pour le cacher sous les couvertures de son lit, un pétale se détacha qu’elle fourra rapidement dans son sac. Puisque le pétale s’était détaché, elle voulut en connaître la valeur. Elle traversa la ville à vélo, gagna les quartiers aisés et dénicha un bijoutier qui lui donna une évaluation approximative. Il s’agissait d’un or pur à 24 carats. Et le pétale pesait un peu plus de trois cent grammes. Le bijoutier accepta la transaction. Ayumi revint à son appartement pour y cacher sa nouvelle fortune. Lorsqu’elle souleva les couvertures, le lotus avait repris sa forme originelle. Le pétale manquant s’était reconstitué.

    • Photonanie

      Une belle lueur d’espoir pour Ayumi ce lotus doré qui pourra lui offrir une autre vie…

    • Terjit

      Quel joli conte ! Merci pour ce moment

  10. Janickmm

    Une belle écriture pour une belle leçon de vie, persévérer !

  11. tiniak

    Xin chào !
    (ben… quand t’es né en ’65, le Viet-Nâm, ça te parle, hein ?)

    A-donc…
    Déjà, le lien idoine (si des fois que z’auriez envie de lire plus loin).
    « J’dis ça… J’dis Bien. » – Woup, ça, c’est fait.

    http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/05/19/38978122.html

    Et le texte, en acrostiche (on se r’fait pô, les gô, le fih…). Voui ? Ben je teste, hein ? L’ warftograff. Vala, vala…
    Raheum, nous disions ? Ah vouiche…

    A-donc, proverbes et dictons de ce cher vieil Oncle SIAM…

    ***
    Larmes d’Automne (Lê Thu) au mois de mai

    « L’es-tu, Lê Thu, arrivée depuis l’occident
    prête à entendre et embrasser ce lent tourment
    – crue, roulant tes Larmes d’Automne au mois de mai ? »

    Elle est, hélas, lasse mélasse et le sein lourd
    pesant sur son âme de Siam, là, dans la cour
    ayant achevé le parcours qui l’a menée
    de sa chambrette à cette lointaine contrée

    « Tu bois de l’eau ? Pense à sa source… »*
    (elle n’est pas finie, ta course)
    « Remède amer guérit, un mot sincère blesse… »*

    Hà Thu, le lui avait murmuré à l’oreille
    dans un souffle maternel et fatal, pareil
    au poivre d’un bois de santal, flottant, fumant
    sur la caresse du mental, un air aimant

    Une ombre est passée là-dessous. Oh, pas si fière…
    « Elle aura bien mangé sa soupe
    mais, sitôt, pissé dans son bol »* !

    ***

    Ouais, nan, sérieux.
    Je préfère « L’Homme Orange » de M. Jonasz à certain agent orange… qui tend à refaire surface, hein ? Faites gaffe ! (mon conseil aux daltoniens, comme moi).

    Tout cela expédié depuis… UNE TERRASSE, (b**del ) !!
    Allez, des bises

    • Photonanie

      Ton texte ronronne à mes oreilles, comme mon chat. Les mots ont peu d’importance, c’est le roulement qui compte ici, à mon avis…
      En slam ça donnerait bien il me semble 🙂

  12. écureuil bleu

    Bonjour. Manou me dit que vous êtes l’auteur de « A crier dans les ruines », un coup de coeur pour moi. Alors merci !

    • Alexandra K

      Bonjour, oui, c’est le cas ! Je vous remercie ! 🙂

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