Qu’ont ces chalands qui passent, ces flâneurs, ces déconfinés avec leurs cabas, qui se ruent sur les achats et m’ignorent, battant le pavé du trottoir de leurs petits pas pressés ? J’attends, je suis las, voyez mes yeux cernés, je trompe le temps, j’ai baissé mon masque en mentonnière, je sais que je ne devrais pas, mais ma compagne la clope, que je tarde au maximum à allumer, me permet de patienter car j’ai beau lorgner à droite, je ne vois pas venir mon rendez-vous. Mon bloc-notes pour le travail est sur mes genoux, sur le sac qui me sert d’attaché-case et auquel j’ai arrimé mon trousseau de clefs. Mon associé de chez Nestlé ne semble pas connaître l’heure. Ce banc est fichtrement dur. Ils ont mis des arceaux pour empêcher les SDF de s’y allonger. Mais il n’a rien de confortable ou d’invitant, ni de jour, ni de nuit. Ma coupe militaire de cheveux pourrait faire penser que je suis gendarme. C’est vrai que j’ai été vigile. Mais à mon âge, on ne s’amuse plus à des emplois de combat. Dépité, c’est ce que je suis. Et l’autre gusse ferait bien de venir, parce que mon crayon n’aura rien de plaisant à écrire sur son compte.
Nady
sur 30 mai 2021 à 21h54
J’aime beaucoup ton interprétation de la photo. Tu excelles dans la description pessimiste ! Excellent !
Pas commode le gars hein ! Tu fais bien ressortir à la fois un côté blasé de cet homme et puis aussi un côté rebel…
Alela
sur 3 juin 2021 à 17h13
j’aime beaucoup ce monologue, c’est bien vu.
Nady
sur 30 mai 2021 à 21h49
Seul sur un banc, clope au bec, René fume tranquillement. Stylo à la main, il observe le monde qui l’entoure : de quoi en écrire un roman ! A ce moment précis, son cœur s’emballe, sa plume s’active énergiquement.
Le papier de son carnet se noircit et vide son âme qui a tant besoin de s’épancher. Aussi, René s’exécute dans l’écriture d’un slam engagé. Il en a même oublié de laisser son uniforme de travail de chez Nestlé au vestiaire. Dès que l’heure de débauche avait sonné, il s’est précipité sur cette place pour déposer des mots de tant de maux qui ne finissent plus de le hanter. Il n’en peut plus de surfer dans ce monde de « moutons masqués», comme il les appelle, ces gens obéissants qui suivent à la lettre les ordres souvent insensés de toute part. Il se réjouit d’avoir la cigarette en échappatoire pour pouvoir respirer à l’air libre entre chaque bouffée.
René ne supporte plus d’entendre les directives maintes fois répétées tout au long des journées sur les gestes barrières et les distances de sécurité à observer au sein de sa société et dans les commerces fréquentés. Il regrette l’agréable sensation d’une poignée de main le matin avant de commencer son service. Il abhorre cette nouvelle mode de prise de température à l’entrée de chez Nestlé qu’on déclame à la volée pour une donnée de santé, dans le passé, considérée comme secret médical. Il déprime de ne plus pouvoir prendre de pauses avec tout son groupe habitué de collègues ; les salles de repos sont maintenant limitées à 3 personnes avec une distance de 2m entre chaque individu à respecter. Comment pouvoir maintenant chuchoter et alimenter les rumeurs contre le patronat sans que les cadres de la société de passage dans les couloirs ne les entendent ? Quant aux déjeuners ! N’en parlons pas, chacun doit les prendre de son côté.
Quatre pages entières de mots viennent d’être déposés sur papier en l’espace d’un quart d’heure, de quoi tenir 3 minutes. Il faut dire que René en a gros sur la patate depuis plus d’une année. Il visualise déjà la prochaine scène ouverte à laquelle il va pouvoir les déclamer.
Un rapide coup d’œil à sa montre lui indique qu’il est attendu dans 5 minutes à son rendez-vous. René se lève du banc, range son carnet et se dirige paisiblement vers le centre de vaccination juste à côté.
L’actualité revisitée avec ce René-gars…il devrait prendre des vacances je crois…
Nady
sur 2 juin 2021 à 23h01
Yeaap ! Merci pour vos retours Janickmm et Nour ! J’ai bien fait de repasser par là en cette fin de semaine ! Je file te lire Nour ! Belle soirée !
Alela
sur 3 juin 2021 à 17h17
C’est fluide, et bien rendu. bravo
Nady
sur 6 juin 2021 à 10h06
merci 😉
Céline
sur 31 mai 2021 à 7h29
Bonjour. Pas évident de prime abord mais j’ai fini par trouver mon fil. Bonne lecture et bonne journée.
L’année 2020 avait été pour l’essentiel mais surtout le non essentiel en pause.
L’année 2021 s’annonçait tout aussi morose.
Pas facile d’avoir le bon job au bon moment…
Et le climat actuel, la pandémie, le futur incertain ne permettaient plus les changements en un coup de CV.
Il s’était posé là, un instant, sur ce banc.
Comme pour faire le point,
Comme pour essayer de deviner le lointain,
Comme pour essayer d’y croire à nouveau.
Le mauvais temps n’arrangeait rien,
L’humeur était plutôt au raclette et autres plats chauds réconfortants.
Mais ouf, le soleil et la chaleur semblaient enfin de retour,
La vie allait reprendre de son entrain et
Il allait enfin pouvoir remplir son carnet de commandes de glaces auprès des cafetiers !
Nady
sur 31 mai 2021 à 9h51
Excellent ton texte rimé ! C’est vrai que cette photo n’inspire pas la joie et des premiers textes lus on tourne autour de la crise sanitaire. L’effet du masque peut être ? lol belle journée !
Céline
sur 31 mai 2021 à 17h36
Merci beaucoup. L’effet noir et blanc peut-être aussi
Il était sorti pour sa pause cigarette. C’était le seul moment avec la pause déjeuner où il s’autorisait à enlever son masque.
Comme il travaillait à la chaîne sur des produits alimentaires les patrons étaient très stricts et ne souhaitaient prendre aucun risque de transmission du virus.
Ce n’est que grâce à une dérogation ministérielle que l’usine avait pu continuer à fonctionner au contraire de tous les services obligés à maintenir leurs employés en télé travail à domicile.
Au moins lui pouvait encore croiser les yeux de ses collègues et trouver une raison de s’apprêter chaque matin.
La vie continuait, comme avant, avec juste ce bout de tissu en plus sur le visage. Déjà que pour travailler il devait porter un tablier spécial et une charlotte, jetables tous les deux chaque jour, finalement le masque n’était qu’un accessoire supplémentaire à sa tenue de travail, c’est ainsi qu’il le ressentait, sans état d’âme particulier.
Le patron s’était débrouillé pour inscrire tous ses employés à la vaccination, pas un n’avait protesté, une chance…
Bientôt la vie reprendrait, comme avant, il en était certain à présent, la lumière au bout du tunnel était bien là et elle commençait à ranimer la joie dans tous les yeux.
Nady
sur 31 mai 2021 à 9h54
Ta description de son travail me fait penser à nos usines où tout a continué comme avant, le masque en plus dans l’accoutrement. Beaucoup de lueur d’espoir dans ton texte, c’est top d’avoir pris cet angle ! Belle journée !
C’est à dire qu’autrement on n’avait pas l’habitude de se balader en rue avec des masques 😉
Janickmm
sur 31 mai 2021 à 8h44
Bonjour !
Points de conduite triple encrés sur le papier… en trois points, précautionneusement du bout de la plume, l’idée ne vient pas.
On les pose là entre deux mots parce que l’idée est difficile à exprimer, ou que l’on ne sait pas quoi écrire tout simplement, on relève la tête le regard perdu, perdu dans nos pensées qui ne s’écrivent pas.
On ne veut pas froisser la feuille de papier et tout devoir recommencer, alors le stylo plume avec régularité appuie modérément sa pointe encrée sur la ligne d’écriture,… trois fois, trois points.
L’idée sèche suspendue à la ligne.
Le lendemain, le surlendemain, on relit le texte, l’idée reviendra, s’insèrera, gonflera les lignes, surchargera et s’etendra en mots choisis d’un point à un autre.
Nady
sur 31 mai 2021 à 9h56
Coucou Janickmm, comme j’adore ta plume ! Elle crée en moi à chaque fois comme un moment suspendu le temps d’entrer dans ton bel univers. Souvent je « lis » tellement de choses qui résonnent en moi entre tes lignes ! Contente de t’avoir lue ce matin pendant ce passage ici. Belle journée à toi !
Janickmm
sur 1 juin 2021 à 13h35
Infiniment merci Nady ! Touchant commentaire, nos mots se croisent et nous font du bien,
En toute simplicité, belle journée à toi !
Cannelle a commencé à fumer tard et beaucoup dans sa ville natale.
Ca allait avec le libertinage et l’alcool. A cette époque où on fumait dans les bars, beaucoup de clopes se terminaient dans le cendrier.
Elle a fumé dans le Nord, dans le Sud-ouest. Avec son mari, elle allait à la ville-frontière d’Andorre, le Pas de la Case pour acheter des cartouches moins chères.
Elle a fumé en Haute-Loire mais le jour de son mariage, elle ne fumait pas. Elle avait arrêté, plus d’un an, deux peut-être. Elle a repris dans la Loire.
Au Maroc, les cigarettes étaient deux fois et demi moins chères. Elle a arrêté puis repris à cause des cigarettes à l’unité. On fumait encore partout(vraiment partout) là-bas à cette époque.
Elle fumait à son retour en France, chez elle et dehors lorsqu’ ‘elle était chez ses beaux-parents, au travail ou au restaurant. En Picardie, dans la Drôme à St Etienne Fumer dehors l’énervait mais elle avait toujours respecté la loi.
Une des raisons de son arrêt. Ca commençait aussi à coûter cher et c’était un esclavage, aller chercher un paquet, prévoir pour ne passe retrouver sans sa drogue. Enfin, un hiver, elle a failli finir à l’hôpital à cause d’une bronchite aigue asthmatique.
C’était il y a presque dix ans et demi. Elle a parfois envie de fumer mais quand elle voit des gens avec le masque sur le menton, la clope au bec. Elle, elle fait ça pour manger des pommes ou boire son café ou thé.
Sinon, elle voit pas pourquoi faire sauter le masque pour l’instant.
Merci et bonne journée
Nady
sur 31 mai 2021 à 9h58
Bonne idée d’avoir pris l’angle de la clope ! Bonne journée itou !
On le voit très bien dans les vieux films ou les émissions plus anciennes, tout le monde ou presque fumait et ça ne choquait personne.
Quel bonheur de pouvoir prendre un verre ou manger sans sentir l’odeur de fumée et de tabac froid!
Céline
sur 31 mai 2021 à 17h41
Chouette clin d’œil et tout à fait d’accord avec elle
PHOTONANIE: en mangeant, ok
mais personne n’oblige personne à aller dans un pub ou un bar
pas obligatoire à la vie
donc pas illogique qu’on y fume
Janickmm
sur 1 juin 2021 à 19h12
J’ai fumé 2 mois, un été, pour faire comme les copains, à la rentrée J’ai arrêté tout net, compliqué de penser clopes, une poche un briquet, un étui, etc , j’aime la simplicité et la légèreté…
pour les fumeurs
comme je l’ai été
même après plus de 10 ans d’arrêt
je le serais toujours
c’est la vie sans tabac qui est compliqué
les jamais fumeurs ou presque ne peuvent comprendre
Putain qu’est ce que j’me fais chier,
Voilà, encore un chien, je coche une barre de plus
Compter des chiens c’est pas un boulot ça !
Pfff, je m’emmerde un max…
C’est humiliant avec mon DESS en géologie.
Putain je vais tout faire péter moi !
Ces américain y’z’appels ça des “Pets”
Mouah ah ah ah ha !
Et prooout ! Je m’en vais t’en faire des pets moi !
Encore un caniche avec sa veste à carreaux et ses chaussettes rouges
c’est d’un ridicule Prrouuut ! pfffchhhhh !
Aller ça fait 5 barres, je coche la case et je continue
47 chiens depuis ce matin…. 9 cases et deux barres
Ah et celle là, elle pose une crotte sur le parvis, bahh c’est dégueulasse !
Son maitre se baisse et décroche cette crotte gluante avec un gant beurk !
Cette clope éteinte à cause de ce règlement à la con
bref, aller un épagneul, une barre, et hop !
Ha ha ce lévrier majesté canine, que sa maitresse tiens avec fierté
Aller une ba-barre encore et encore
Nestlé c’est pas ce à quoi je m’attendais…
Division Purina, spécialités pour chiens chiens !
Si j’avais su, putain, je serai resté contrôleur à la RATP
Au moins je poinçonnais des tickets et je pouvais parler à des humains…
Maintenant, je compte des clébars dans cette gare
Janickmm
sur 2 juin 2021 à 9h38
Excellente vision des choses, cette photo heurte au premier regard, une tragédie, un malaise, tu as mis le doigt dessus, c’est top !
Ce sont les inscriptions sur a manche qui m’ont inspiré…(Ce gars travaille réellement pour Nestlé et pour sa division Purina de produits canins 🙂 ) Et cette photo semble être prise au brésil.
Janickmm
sur 4 juin 2021 à 13h06
Pour mieux comprendre l’état de cet homme, il y a un documentaire sur France culture « les pieds sur terre » sur yasmine motarjemi, seule contre Nestlé. A écouter en podcast émission du 14 mai dernier.
Tu as saisi cette lassitude avec entrain. Bel oxymore, poto !
Alela
sur 3 juin 2021 à 15h39
à la ligne
Deux heures à poser sur des gâteaux des plaquettes de chocolat en forme de larme avec dessiné dessus le logo de la marque. Deux heures à frapper d’une petite masse la plaque de métal supportant les desserts glacés pour les décoller un par un en les faisant tressauter. Deux heures à placer des couvercles en plastique transparent sur des pots de mousse au chocolat. Et enfin, deux heures à conditionner des glaces en bâtonnet dans des cartons par lot de vingt-cinq. Huit heures par jour d’effluves de chocolat et de crème au beurre. Le terme effluve est encore trop doux pour décrire cette odeur intense et poisseuse qui colle aux poils des narines jusqu’après la douche, jusque sous la couette. Un parfum écœurant qui nous harcèle jusque dans nos rêves. Des rêves où défilent encore et encore les lignes de desserts chocolatés ou lactés dans une danse obsédante. Et que dire du bruit qui limite les possibilités de conversation ? De toute façon il est interdit de discuter entre nous. Quand bien même ici, pour se faire entendre on ne parle pas, on hurle. Ajoutant le son de quelques voyelles au bourdonnement des moteurs, au cliquetis des engrenages, aux frottements des roulements.
Trente ans de ce métier. Opérateur de ligne. Mais peut-on appeler cela un métier ? Trente ans d’esclavage. Et maintenant, reconversion. On me demande de lister mes compétences. La première que je parviens à identifier c’est de tenir la cadence. Pas évident au début. Les lignes ne pardonnent pas. En bout de ligne, rien. Le sol. Parfois une poubelle lorsqu’un nouveau débarque. Mais le plus souvent, un geste trop lent et le dessert fini à terre. Là où commence la culpabilité. Le chef de ligne, lorsqu’il s’en aperçoit, s’égosille un peu plus fort, met la pression. Les gestes doivent être précis et rapides. Peu importe la fatigue. Peu importe l’heure de la journée. Peu importent les douleurs au dos, les tendinites des poignets, les acouphènes et l’envie de vomir. Cela me fait penser à la marmotte de la publicité. Est ce qu’ils en parlent de l’envie de vomir de la marmotte ?
Voilà. Quelles autres compétences ? La docilité ? La résistance à la pression des chefs de ligne ? Peut-on mettre ça sur un curriculum vitae ?
Ton texte m’a fait penser aux temps modernes de Charlie Chaplin. Dur, dur, d’maginer la reconversion après avoir été abruti par son boulot durant si longtemps…
un texte qui m’a fait sortir une tablette de chocolat au début et qui a vite viré dans un cauchemar dans la description de ce métier qui ne convient plus à ton personnage. C’est bien qu’il le réalise, même au bout de 30 ans et bravo à lui de vouloir se reconvertir. Quant à savoir quoi écrire dans son CV, l’élan qui le pousse à la reconversion saura lui dicter ce qu’il faudra y mettre pour que sur les 15 dernières années actives il puisse s’y épanouir. Peut être que ça durera plus de 15 ans même s’il veut devenir son propre patron ! Je lui souhaite de travailler ces trop longues années à avoir subi avant de rebondir sinon une maladie peut aussi pointer le bout de son nez et le freiner.
Un joli texte qui m’a fait méditer, merci à toi.
Janickmm
sur 4 juin 2021 à 8h30
Les tristes et inhumains dessous de l’industrie agro-alimentaire, l’épuisement total, physique et mental, je lui souhaite une belle reconversion.
Un texte bien écrit qui donne réflexion.
tiniak
sur 5 juin 2021 à 21h13
Kikou, me revoilou !
Avec une autre pose-à-hics.
Jugez plutôt.
Avez-vous des questions, Henri ? Non ? Bon. Eh bien, je pense être en mesure d’appuyer votre requête, cette fois. Au plaisir de ne plus vous revoir, Henri.
***
L’est-y pô tout’ belle !
Avec sa grande bouche ouverte par intermittence sous ses fines lèvres, si ‘glossy’.
Avec ses yeux plissés que strient des cils anthracite, à la régularité parfaite.
Avec ses joues de craie, caressées par le soleil couchant – couchant avec qui ? au passage, on voudrait bien l’ savoir, notez.
Mais restons concentré; comme on dit chez Nestlé.
***
Et je croque. Et je croque…
Et que j’ te la croque, trait pour trait. Dans mon ch’ti carnet Moleskine.
Et je prends note… de ce qui fait, et pour chaque jour que dieu fait, sa principale activité: vendre du rêve.
***
Mais c’est très bien tout ça, Henri. Votre projet professionnel me semble être à la fois cohérent et compatible avec de nombreux développements possibles dans la société. Allez ! Bon courage, Henri. Portez-vous bien.
***
Là, j’ crois qu’ c’est tout bon.
Y a pu qu’à !
***
Signe là, Henri.
Et voilà ! T’as ton billet de sortie.
***
On lève bien haut les mains en l’air. On ne dit rien. On ne crie pas. On se couche à plat sur le sol et tout va bien s’ passer ! Vous voudriez pô êt’ dézingué pour un vol de banque, hein ?
***
Rhoo, c’est pas vrai, Henri ! Récidive ? Elles te plaisent tant que ça ta piaule ici et la cantine de notre établissement carcéral ? Sans déconner…
tiniak
sur 5 juin 2021 à 21h32
J’y crois pas !
Il n’y a que moi et Janickmm (en mode : nan, mais Jojo, mets les voiles en panne, steuplé) qui n’avons pas écrit sur la pandémie, ici.
On est d’accord ?
Pas loin de nous rendre monomaniaques, elle nous pourrit déjà bien profond la vie, la vraie, quand même. Pourquoi la ramener dans nos écrits ?
Parce qu’on sent isolé. Ok. Autant pour moi…
Bon… M’en vais écrire un autre texte en terrasse, na !
Oui, à cette heure, oui ! Quand tout est fermé, oui !
Zut, alors !!
Nady
sur 6 juin 2021 à 10h26
Que de questions !!! Comme j’aime souvent qu’on réponde aux miennes, je vais faire l’exercice de te répondre, ça fait toujours plaisir 😉
« On est d’accord ? » and so what ? Tu devrais te sentir heureux de ne pas faire comme tout le monde si c’est ce que tu recherches.
« Pourquoi la ramener dans nos écrits ? » c’est ce qui s’appelle la liberté de chacun, un concept qui s’arrête quand celle de l’autre commence. Parfois cette liberté est freinée par des mesures gouvernementales quand il s’agit de sortir de chez soi mais celle de penser et d’écrire ne connait, dans notre beau pays la France, aucun frein. ça serait dommage que des humains viennent la contrer. Et si ça fait du bien à certains de parler de ce qui pourrit la vie avant que ça n’aille encore plus profond, et bien, grand bien leur fasse. Personne n’est obligé de poursuivre la lecture d’un texte qui le dérange jusqu’au bout 😉
« Parce qu’on sent isolé. Ok. Autant pour moi… » : tu fais les questions réponses (hihihi) mais sache que tu ne parles que de toi là. Pour ma part je suis loin d’être isolée, la virtualité me donne accès au monde entier, alors tu imagines comme ça fait du monde !
Allez, profite bien des terrasses ! le soleil est revenu et il reste encore quelques heures en ce moment pour en jouir. D’ici mercredi prochain, si j’ai bien entendu, elles seront ouvertes plus longtemps et si tout se passe bien on retrouvera une normalité d’ouverture des restaus et cafés, du moins pour ceux qui n’ont pas mis la clé sous la porte.
Enjoy, take care and stay safe !
tiniak
sur 6 juin 2021 à 20h48
Yep ! En fait, je l’avais occulté, mais le type porte un masque ! Du coup, je retire ma dernière remarque.
Et je te remercie pour cette réponse complète. Complètement justifiée.
Qu’ont ces chalands qui passent, ces flâneurs, ces déconfinés avec leurs cabas, qui se ruent sur les achats et m’ignorent, battant le pavé du trottoir de leurs petits pas pressés ? J’attends, je suis las, voyez mes yeux cernés, je trompe le temps, j’ai baissé mon masque en mentonnière, je sais que je ne devrais pas, mais ma compagne la clope, que je tarde au maximum à allumer, me permet de patienter car j’ai beau lorgner à droite, je ne vois pas venir mon rendez-vous. Mon bloc-notes pour le travail est sur mes genoux, sur le sac qui me sert d’attaché-case et auquel j’ai arrimé mon trousseau de clefs. Mon associé de chez Nestlé ne semble pas connaître l’heure. Ce banc est fichtrement dur. Ils ont mis des arceaux pour empêcher les SDF de s’y allonger. Mais il n’a rien de confortable ou d’invitant, ni de jour, ni de nuit. Ma coupe militaire de cheveux pourrait faire penser que je suis gendarme. C’est vrai que j’ai été vigile. Mais à mon âge, on ne s’amuse plus à des emplois de combat. Dépité, c’est ce que je suis. Et l’autre gusse ferait bien de venir, parce que mon crayon n’aura rien de plaisant à écrire sur son compte.
J’aime beaucoup ton interprétation de la photo. Tu excelles dans la description pessimiste ! Excellent !
On le sent bien énervé là 😉
Jolie description et j’aime beaucoup la fin.
Comme toute sa vie qui defile là sur un banc…
Pas commode le gars hein ! Tu fais bien ressortir à la fois un côté blasé de cet homme et puis aussi un côté rebel…
j’aime beaucoup ce monologue, c’est bien vu.
Seul sur un banc, clope au bec, René fume tranquillement. Stylo à la main, il observe le monde qui l’entoure : de quoi en écrire un roman ! A ce moment précis, son cœur s’emballe, sa plume s’active énergiquement.
Le papier de son carnet se noircit et vide son âme qui a tant besoin de s’épancher. Aussi, René s’exécute dans l’écriture d’un slam engagé. Il en a même oublié de laisser son uniforme de travail de chez Nestlé au vestiaire. Dès que l’heure de débauche avait sonné, il s’est précipité sur cette place pour déposer des mots de tant de maux qui ne finissent plus de le hanter. Il n’en peut plus de surfer dans ce monde de « moutons masqués», comme il les appelle, ces gens obéissants qui suivent à la lettre les ordres souvent insensés de toute part. Il se réjouit d’avoir la cigarette en échappatoire pour pouvoir respirer à l’air libre entre chaque bouffée.
René ne supporte plus d’entendre les directives maintes fois répétées tout au long des journées sur les gestes barrières et les distances de sécurité à observer au sein de sa société et dans les commerces fréquentés. Il regrette l’agréable sensation d’une poignée de main le matin avant de commencer son service. Il abhorre cette nouvelle mode de prise de température à l’entrée de chez Nestlé qu’on déclame à la volée pour une donnée de santé, dans le passé, considérée comme secret médical. Il déprime de ne plus pouvoir prendre de pauses avec tout son groupe habitué de collègues ; les salles de repos sont maintenant limitées à 3 personnes avec une distance de 2m entre chaque individu à respecter. Comment pouvoir maintenant chuchoter et alimenter les rumeurs contre le patronat sans que les cadres de la société de passage dans les couloirs ne les entendent ? Quant aux déjeuners ! N’en parlons pas, chacun doit les prendre de son côté.
Quatre pages entières de mots viennent d’être déposés sur papier en l’espace d’un quart d’heure, de quoi tenir 3 minutes. Il faut dire que René en a gros sur la patate depuis plus d’une année. Il visualise déjà la prochaine scène ouverte à laquelle il va pouvoir les déclamer.
Un rapide coup d’œil à sa montre lui indique qu’il est attendu dans 5 minutes à son rendez-vous. René se lève du banc, range son carnet et se dirige paisiblement vers le centre de vaccination juste à côté.
Chronique du quotidien… pandémique
C’est rythmé, on suit pas à pas le cheminement de la pensée de René. Bravo 🙂
Interprétation d’actualité !!!
Thanks girls pour vos retours de lecture 😉 Belle semaine !
René doit se sentir alléger de quelques mots (maux), une nouvelle page s’ouvre à lui, … fonce !
L’actualité revisitée avec ce René-gars…il devrait prendre des vacances je crois…
Yeaap ! Merci pour vos retours Janickmm et Nour ! J’ai bien fait de repasser par là en cette fin de semaine ! Je file te lire Nour ! Belle soirée !
C’est fluide, et bien rendu. bravo
merci 😉
Bonjour. Pas évident de prime abord mais j’ai fini par trouver mon fil. Bonne lecture et bonne journée.
L’année 2020 avait été pour l’essentiel mais surtout le non essentiel en pause.
L’année 2021 s’annonçait tout aussi morose.
Pas facile d’avoir le bon job au bon moment…
Et le climat actuel, la pandémie, le futur incertain ne permettaient plus les changements en un coup de CV.
Il s’était posé là, un instant, sur ce banc.
Comme pour faire le point,
Comme pour essayer de deviner le lointain,
Comme pour essayer d’y croire à nouveau.
Le mauvais temps n’arrangeait rien,
L’humeur était plutôt au raclette et autres plats chauds réconfortants.
Mais ouf, le soleil et la chaleur semblaient enfin de retour,
La vie allait reprendre de son entrain et
Il allait enfin pouvoir remplir son carnet de commandes de glaces auprès des cafetiers !
Excellent ton texte rimé ! C’est vrai que cette photo n’inspire pas la joie et des premiers textes lus on tourne autour de la crise sanitaire. L’effet du masque peut être ? lol belle journée !
Merci beaucoup. L’effet noir et blanc peut-être aussi
aussi, en effet 😉
Il me reste quand même une impression de ras-le-bol même si la fin tente timidement de reprendre espoir…
J’étais plutôt dans le constat. Je travaille dans un hôpital alors je ne suis pas prête de l’enlever ce masque mais comme tout on s’y habitue.
Pas évident de prime abord POUR MOI NON PLUS
Oh ! C’est chouette et une chute inattendue, il fallait y penser !
La pandémie aura eu sa part belle avec cette photo…
Ambiance grisaille pour commencer et petite éclaircie à la fin. Je ne m’attendais pas à la fin, bien trouvée !
Bonjour, ma participation est sur https://photonanie.com/2021/05/31/brick-a-book-407/
et ci-dessous. Bonne semaine.
Il était sorti pour sa pause cigarette. C’était le seul moment avec la pause déjeuner où il s’autorisait à enlever son masque.
Comme il travaillait à la chaîne sur des produits alimentaires les patrons étaient très stricts et ne souhaitaient prendre aucun risque de transmission du virus.
Ce n’est que grâce à une dérogation ministérielle que l’usine avait pu continuer à fonctionner au contraire de tous les services obligés à maintenir leurs employés en télé travail à domicile.
Au moins lui pouvait encore croiser les yeux de ses collègues et trouver une raison de s’apprêter chaque matin.
La vie continuait, comme avant, avec juste ce bout de tissu en plus sur le visage. Déjà que pour travailler il devait porter un tablier spécial et une charlotte, jetables tous les deux chaque jour, finalement le masque n’était qu’un accessoire supplémentaire à sa tenue de travail, c’est ainsi qu’il le ressentait, sans état d’âme particulier.
Le patron s’était débrouillé pour inscrire tous ses employés à la vaccination, pas un n’avait protesté, une chance…
Bientôt la vie reprendrait, comme avant, il en était certain à présent, la lumière au bout du tunnel était bien là et elle commençait à ranimer la joie dans tous les yeux.
Ta description de son travail me fait penser à nos usines où tout a continué comme avant, le masque en plus dans l’accoutrement. Beaucoup de lueur d’espoir dans ton texte, c’est top d’avoir pris cet angle ! Belle journée !
travailler pour vivre
Difficile de sortir de ce drôle de contexte mais oui espérons de meilleurs jours prochainement
Ils arrivent 😉
L’espoir fait vivre….joli parallèle avec l’actualité…
Et tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, on est donc dans la bonne direction 😉
Décidemment la pandémie s’infiltre partout… Même dans cet exercice d’écriture réussi !
C’est à dire qu’autrement on n’avait pas l’habitude de se balader en rue avec des masques 😉
Bonjour !
Points de conduite triple encrés sur le papier… en trois points, précautionneusement du bout de la plume, l’idée ne vient pas.
On les pose là entre deux mots parce que l’idée est difficile à exprimer, ou que l’on ne sait pas quoi écrire tout simplement, on relève la tête le regard perdu, perdu dans nos pensées qui ne s’écrivent pas.
On ne veut pas froisser la feuille de papier et tout devoir recommencer, alors le stylo plume avec régularité appuie modérément sa pointe encrée sur la ligne d’écriture,… trois fois, trois points.
L’idée sèche suspendue à la ligne.
Le lendemain, le surlendemain, on relit le texte, l’idée reviendra, s’insèrera, gonflera les lignes, surchargera et s’etendra en mots choisis d’un point à un autre.
Coucou Janickmm, comme j’adore ta plume ! Elle crée en moi à chaque fois comme un moment suspendu le temps d’entrer dans ton bel univers. Souvent je « lis » tellement de choses qui résonnent en moi entre tes lignes ! Contente de t’avoir lue ce matin pendant ce passage ici. Belle journée à toi !
Infiniment merci Nady ! Touchant commentaire, nos mots se croisent et nous font du bien,
En toute simplicité, belle journée à toi !
On vit ce moment de pause avec toi et on attend que le bouton « play » soit à nouveau enfoncé pour lire la suite 😉
Ah ah, la suite est dans tout les autres textes….
Bravo d’avoir réussir à sortir du thème majoritaire !!! Jolie réflexion
C’est la première idée qui m’est venue.
Merci Céline
on prend comme ça vient
ou pas
Suspension du temps, des idées, de l’inspiration comme ces points posés dans les airs…en attendant…original cet arrêt du temps…
« L’idée sèche suspendue à la ligne. », c’est joliment tourné comme le reste d’ailleurs !
Bonjour,
Voilà ma participation:
Paysages de cigarettes
Cannelle a commencé à fumer tard et beaucoup dans sa ville natale.
Ca allait avec le libertinage et l’alcool. A cette époque où on fumait dans les bars, beaucoup de clopes se terminaient dans le cendrier.
Elle a fumé dans le Nord, dans le Sud-ouest. Avec son mari, elle allait à la ville-frontière d’Andorre, le Pas de la Case pour acheter des cartouches moins chères.
Elle a fumé en Haute-Loire mais le jour de son mariage, elle ne fumait pas. Elle avait arrêté, plus d’un an, deux peut-être. Elle a repris dans la Loire.
Au Maroc, les cigarettes étaient deux fois et demi moins chères. Elle a arrêté puis repris à cause des cigarettes à l’unité. On fumait encore partout(vraiment partout) là-bas à cette époque.
Elle fumait à son retour en France, chez elle et dehors lorsqu’ ‘elle était chez ses beaux-parents, au travail ou au restaurant. En Picardie, dans la Drôme à St Etienne Fumer dehors l’énervait mais elle avait toujours respecté la loi.
Une des raisons de son arrêt. Ca commençait aussi à coûter cher et c’était un esclavage, aller chercher un paquet, prévoir pour ne passe retrouver sans sa drogue. Enfin, un hiver, elle a failli finir à l’hôpital à cause d’une bronchite aigue asthmatique.
C’était il y a presque dix ans et demi. Elle a parfois envie de fumer mais quand elle voit des gens avec le masque sur le menton, la clope au bec. Elle, elle fait ça pour manger des pommes ou boire son café ou thé.
Sinon, elle voit pas pourquoi faire sauter le masque pour l’instant.
Merci et bonne journée
Bonne idée d’avoir pris l’angle de la clope ! Bonne journée itou !
On le voit très bien dans les vieux films ou les émissions plus anciennes, tout le monde ou presque fumait et ça ne choquait personne.
Quel bonheur de pouvoir prendre un verre ou manger sans sentir l’odeur de fumée et de tabac froid!
Chouette clin d’œil et tout à fait d’accord avec elle
clin d’oeil?
d’accord avec qui?
Canelle fumée pourrait aussi baisser son masque pour un baiser fumant
sympa la pause clope !
Bonjour et merci
C’est ce qui m’est venu… au bout d’un moment
PHOTONANIE: en mangeant, ok
mais personne n’oblige personne à aller dans un pub ou un bar
pas obligatoire à la vie
donc pas illogique qu’on y fume
J’ai fumé 2 mois, un été, pour faire comme les copains, à la rentrée J’ai arrêté tout net, compliqué de penser clopes, une poche un briquet, un étui, etc , j’aime la simplicité et la légèreté…
pour les fumeurs
comme je l’ai été
même après plus de 10 ans d’arrêt
je le serais toujours
c’est la vie sans tabac qui est compliqué
les jamais fumeurs ou presque ne peuvent comprendre
Vie de chien
Putain qu’est ce que j’me fais chier,
Voilà, encore un chien, je coche une barre de plus
Compter des chiens c’est pas un boulot ça !
Pfff, je m’emmerde un max…
C’est humiliant avec mon DESS en géologie.
Putain je vais tout faire péter moi !
Ces américain y’z’appels ça des “Pets”
Mouah ah ah ah ha !
Et prooout ! Je m’en vais t’en faire des pets moi !
Encore un caniche avec sa veste à carreaux et ses chaussettes rouges
c’est d’un ridicule Prrouuut ! pfffchhhhh !
Aller ça fait 5 barres, je coche la case et je continue
47 chiens depuis ce matin…. 9 cases et deux barres
Ah et celle là, elle pose une crotte sur le parvis, bahh c’est dégueulasse !
Son maitre se baisse et décroche cette crotte gluante avec un gant beurk !
Cette clope éteinte à cause de ce règlement à la con
bref, aller un épagneul, une barre, et hop !
Ha ha ce lévrier majesté canine, que sa maitresse tiens avec fierté
Aller une ba-barre encore et encore
Nestlé c’est pas ce à quoi je m’attendais…
Division Purina, spécialités pour chiens chiens !
Si j’avais su, putain, je serai resté contrôleur à la RATP
Au moins je poinçonnais des tickets et je pouvais parler à des humains…
Maintenant, je compte des clébars dans cette gare
Excellente vision des choses, cette photo heurte au premier regard, une tragédie, un malaise, tu as mis le doigt dessus, c’est top !
Ce sont les inscriptions sur a manche qui m’ont inspiré…(Ce gars travaille réellement pour Nestlé et pour sa division Purina de produits canins 🙂 ) Et cette photo semble être prise au brésil.
Pour mieux comprendre l’état de cet homme, il y a un documentaire sur France culture « les pieds sur terre » sur yasmine motarjemi, seule contre Nestlé. A écouter en podcast émission du 14 mai dernier.
J’ai souri en te lisant Nour, c’est excellent comme vision 🙂
Oui, j’avais une autre version encore plus glauque sur Bolsonaro…
Quel superbe lâcher prise Nour ! Je rêve de tenter un jour un texte aussi cash ! Excellent le tien et belle découverte d’un drôle de métier ! hihihi
Il faut oser, ici c’est fait aussi pour ça…essayes
Un angle original et drôle !
bien joué
Tu as saisi cette lassitude avec entrain. Bel oxymore, poto !
à la ligne
Deux heures à poser sur des gâteaux des plaquettes de chocolat en forme de larme avec dessiné dessus le logo de la marque. Deux heures à frapper d’une petite masse la plaque de métal supportant les desserts glacés pour les décoller un par un en les faisant tressauter. Deux heures à placer des couvercles en plastique transparent sur des pots de mousse au chocolat. Et enfin, deux heures à conditionner des glaces en bâtonnet dans des cartons par lot de vingt-cinq. Huit heures par jour d’effluves de chocolat et de crème au beurre. Le terme effluve est encore trop doux pour décrire cette odeur intense et poisseuse qui colle aux poils des narines jusqu’après la douche, jusque sous la couette. Un parfum écœurant qui nous harcèle jusque dans nos rêves. Des rêves où défilent encore et encore les lignes de desserts chocolatés ou lactés dans une danse obsédante. Et que dire du bruit qui limite les possibilités de conversation ? De toute façon il est interdit de discuter entre nous. Quand bien même ici, pour se faire entendre on ne parle pas, on hurle. Ajoutant le son de quelques voyelles au bourdonnement des moteurs, au cliquetis des engrenages, aux frottements des roulements.
Trente ans de ce métier. Opérateur de ligne. Mais peut-on appeler cela un métier ? Trente ans d’esclavage. Et maintenant, reconversion. On me demande de lister mes compétences. La première que je parviens à identifier c’est de tenir la cadence. Pas évident au début. Les lignes ne pardonnent pas. En bout de ligne, rien. Le sol. Parfois une poubelle lorsqu’un nouveau débarque. Mais le plus souvent, un geste trop lent et le dessert fini à terre. Là où commence la culpabilité. Le chef de ligne, lorsqu’il s’en aperçoit, s’égosille un peu plus fort, met la pression. Les gestes doivent être précis et rapides. Peu importe la fatigue. Peu importe l’heure de la journée. Peu importent les douleurs au dos, les tendinites des poignets, les acouphènes et l’envie de vomir. Cela me fait penser à la marmotte de la publicité. Est ce qu’ils en parlent de l’envie de vomir de la marmotte ?
Voilà. Quelles autres compétences ? La docilité ? La résistance à la pression des chefs de ligne ? Peut-on mettre ça sur un curriculum vitae ?
Ton texte m’a fait penser aux temps modernes de Charlie Chaplin. Dur, dur, d’maginer la reconversion après avoir été abruti par son boulot durant si longtemps…
Beau texte à charge contre l’industrie agro-alimentaire et ses cadences insoutenables.
j’ai travaillé ainsi…
heureusement pas trop
un texte qui m’a fait sortir une tablette de chocolat au début et qui a vite viré dans un cauchemar dans la description de ce métier qui ne convient plus à ton personnage. C’est bien qu’il le réalise, même au bout de 30 ans et bravo à lui de vouloir se reconvertir. Quant à savoir quoi écrire dans son CV, l’élan qui le pousse à la reconversion saura lui dicter ce qu’il faudra y mettre pour que sur les 15 dernières années actives il puisse s’y épanouir. Peut être que ça durera plus de 15 ans même s’il veut devenir son propre patron ! Je lui souhaite de travailler ces trop longues années à avoir subi avant de rebondir sinon une maladie peut aussi pointer le bout de son nez et le freiner.
Un joli texte qui m’a fait méditer, merci à toi.
Les tristes et inhumains dessous de l’industrie agro-alimentaire, l’épuisement total, physique et mental, je lui souhaite une belle reconversion.
Un texte bien écrit qui donne réflexion.
Kikou, me revoilou !
Avec une autre pose-à-hics.
Jugez plutôt.
Par ici…
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/06/05/39002753.html
ou là-dessous…
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N’est-ce laid ?
Avez-vous des questions, Henri ? Non ? Bon. Eh bien, je pense être en mesure d’appuyer votre requête, cette fois. Au plaisir de ne plus vous revoir, Henri.
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L’est-y pô tout’ belle !
Avec sa grande bouche ouverte par intermittence sous ses fines lèvres, si ‘glossy’.
Avec ses yeux plissés que strient des cils anthracite, à la régularité parfaite.
Avec ses joues de craie, caressées par le soleil couchant – couchant avec qui ? au passage, on voudrait bien l’ savoir, notez.
Mais restons concentré; comme on dit chez Nestlé.
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Et je croque. Et je croque…
Et que j’ te la croque, trait pour trait. Dans mon ch’ti carnet Moleskine.
Et je prends note… de ce qui fait, et pour chaque jour que dieu fait, sa principale activité: vendre du rêve.
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Mais c’est très bien tout ça, Henri. Votre projet professionnel me semble être à la fois cohérent et compatible avec de nombreux développements possibles dans la société. Allez ! Bon courage, Henri. Portez-vous bien.
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Là, j’ crois qu’ c’est tout bon.
Y a pu qu’à !
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Signe là, Henri.
Et voilà ! T’as ton billet de sortie.
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On lève bien haut les mains en l’air. On ne dit rien. On ne crie pas. On se couche à plat sur le sol et tout va bien s’ passer ! Vous voudriez pô êt’ dézingué pour un vol de banque, hein ?
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Rhoo, c’est pas vrai, Henri ! Récidive ? Elles te plaisent tant que ça ta piaule ici et la cantine de notre établissement carcéral ? Sans déconner…
J’y crois pas !
Il n’y a que moi et Janickmm (en mode : nan, mais Jojo, mets les voiles en panne, steuplé) qui n’avons pas écrit sur la pandémie, ici.
On est d’accord ?
Pas loin de nous rendre monomaniaques, elle nous pourrit déjà bien profond la vie, la vraie, quand même. Pourquoi la ramener dans nos écrits ?
Parce qu’on sent isolé. Ok. Autant pour moi…
Bon… M’en vais écrire un autre texte en terrasse, na !
Oui, à cette heure, oui ! Quand tout est fermé, oui !
Zut, alors !!
Que de questions !!! Comme j’aime souvent qu’on réponde aux miennes, je vais faire l’exercice de te répondre, ça fait toujours plaisir 😉
« On est d’accord ? » and so what ? Tu devrais te sentir heureux de ne pas faire comme tout le monde si c’est ce que tu recherches.
« Pourquoi la ramener dans nos écrits ? » c’est ce qui s’appelle la liberté de chacun, un concept qui s’arrête quand celle de l’autre commence. Parfois cette liberté est freinée par des mesures gouvernementales quand il s’agit de sortir de chez soi mais celle de penser et d’écrire ne connait, dans notre beau pays la France, aucun frein. ça serait dommage que des humains viennent la contrer. Et si ça fait du bien à certains de parler de ce qui pourrit la vie avant que ça n’aille encore plus profond, et bien, grand bien leur fasse. Personne n’est obligé de poursuivre la lecture d’un texte qui le dérange jusqu’au bout 😉
« Parce qu’on sent isolé. Ok. Autant pour moi… » : tu fais les questions réponses (hihihi) mais sache que tu ne parles que de toi là. Pour ma part je suis loin d’être isolée, la virtualité me donne accès au monde entier, alors tu imagines comme ça fait du monde !
Allez, profite bien des terrasses ! le soleil est revenu et il reste encore quelques heures en ce moment pour en jouir. D’ici mercredi prochain, si j’ai bien entendu, elles seront ouvertes plus longtemps et si tout se passe bien on retrouvera une normalité d’ouverture des restaus et cafés, du moins pour ceux qui n’ont pas mis la clé sous la porte.
Enjoy, take care and stay safe !
Yep ! En fait, je l’avais occulté, mais le type porte un masque ! Du coup, je retire ma dernière remarque.
Et je te remercie pour cette réponse complète. Complètement justifiée.