Une photo, quelques mots n° 415

par | 6 Nov 2021 | Atelier d’écriture | 39 commentaires

Et voici l’atelier de retour, après une pause pendant les vacances.

Je vous remercie de faire vivre ce rendez-vous ! Hier soir, j’étais à une rencontre dans une médiathèque (celle de Vezin le Coquet, en Bretagne.) Et à la toute fin, une dame est venue et m’a dit qu’elle lisait chaque semaine vos participations, qu’elle n’osait pas encore participer. Cela m’a beaucoup touchée, car, au-delà de votre participation, il y a aussi les lecteurs de l’ombre, ceux qui ne commentent pas, mais viennent lire des histoires.

Je me suis dit que c’était la raison pour laquelle j’avais crée ce blog : un endroit d’échanges autour de la littérature ou de l’écriture.

Un lieu virtuel qui n’a rien d’une coquille vide. 🙂

Pour l’atelier de lundi, voici la photo. C’est à vous ! 😉

@ random institute

39 Commentaires

  1. Vénusia

    Vivante ou poupée de cire ?

    Vivante ou poupée de cire ?
    Vibrante ou éteinte ?
    Que fais-tu dans ton coin ?
    Ne reste pas figée, avance.
    Fais glisser les mains sur les parois
    Mets tes sens en action
    Calmement parcours ces murs de tes doigts
    Découvre-en les aspérités, là où tout te paraîssait lisse et morne.
    Imagine les paysages qui se dessinent sous la pulpe de tes doigts
    Tu les vois ? Ces vallées ? Cette montagne ? La prairie qui s’étend au loin ?
    Ah oui, tant mieux !
    À mesure que les paysages s’invitent sous tes paupières fermées, tu te réanimes.
    Tu vibres à nouveau.
    Continue tu trouveras d’ici peu la porte qui te mèneras à une vie, plus foisonante encore.
    Mais tout est déjà là, en toi.
    Ne l’oublie jamais.

    • Latmospherique

      C’est superbe! J’aime beaucoup ce texte comme un appel à embrasser la vie, sa beauté, ses expériences, à oser aller de l’avant, à la découverte…

    • Photonanie

      J’aime beaucoup cette approche un brin mystérieuse où tout se joue sans l’aide du regard mais grâce au toucher…

    • Céline

      J’adore !!! Très beau texte. Bravo

    • tiniak

      Vibrante exhortation à s’emparer de la vie… pour la vivre !

  2. rizzie2

    Postée devant le compartiment scellé, responsable du précieux chargement, Sakura peste avec la fameuse énergie intérieure nippone, celle qui laisse le visage de marbre. Pas question pour elle de hurler sa désapprobation à la face du monde. Elle a été nourrie aux fameux principes du wabi-sabi, et ceux-ci se sont incarnés en elle. Encore qu’il ne faudrait pas trop charger la boîte à thé (expression japonaise). Pour se calmer, Sakura se répète que c’est elle, ce 24 août 2021 qui a été choisie pour escorter le précieux convoi de la fête du O-Bon. La jeune femme ne dérogera pas.

    Ses difficultés ont commencé avec cette «Semaine de l’Asie» lancée par une célèbre compagnie aérienne française. Sakura n’est pas xénophobe mais une question qui la taraude est de savoir comment on peut ne pas être japonais ? Dès le début du voyage, ses ennuis ont commencé avec un Belge qui s’est mis à sauter d’un pied sur l’autre devant elle en se tenant l’entre-jambes, manifestement croyait-il avoir affaire à une dame pipi. Ensuite ce fut un quadragénaire surmonté d’une coiffure étrangement frisée qui lui a demandé le menu du restaurant en lui agitant son traducteur de téléphone sous le nez. Puis une mère de famille excédée qui a longuement brandi un biberon dans sa direction tandis qu’un marmot faisait le guignol devant elle pour savoir «si elle était vraie»… Il y a eu aussi des Italiens qui l’ont prise pour une hôtesse de bar, des Allemands qui l’ont confondue avec une contrôleuse, des Suisses qui ont cru reconnaître en elle une convoyeuse de fonds.

    A présent le calvaire de Sakura prend fin. Le train ralentit. Il entre en gare de Sasebo avec son chargement intact d’un millier de toro nagashi, petites lanternes de papier qu’on éclairera d’une bougie et que l’on déposera sur l’eau à la fin de la fête pour guider les esprits des ancêtres vers l’autre monde. Regardez les coins de la bouche de Sakura, je crois bien qu’ils remontent de chaque côté jusqu’à dessiner une demi lune ascendante.

    • Photonanie

      J’aime bien les différentes interprétations faites de ce personnage au visage inexpressif et la fin qui augure d’une fête lumineuse, de quoi avoir les coins de la bouche qui remontent

    • Latmospherique

      Très joli texte sur nos différences culturelles et sur l’idée que chacun peut se faire d’une personne.
      Rien que pour la chute et même si le voyage a été long, ça en valait la peine!

    • marinadedhistoires

      La photo t’a bien inspirée ! Le texte est délicat et plein d’humour aussi. Superbe !

  3. Terjit

    Sur l’enveloppe était simplement écrit Hatsue, et sur le petit carton déposé délicatement à l’intérieur ces quelques mots : « Hatsue, mon amour délicieux, je t’en prie ! Cours, saute, vole, sinon ton coeur va exploser ». Il n’y avait aucune signature, aucun signe distinctif permettant de savoir le nom de celui qui avait eu l’audace de lui écrire ces mots.

    En fouillant dans son cartable à la recherche de son trousseau de clés, elle avait trouvé l’enveloppe coincée entre deux cahiers. Si elle avait su à l’avance ce qu’elle allait découvrir elle n’aurait jamais ouvert l’enveloppe dans le métro, parce que c’est inconvenant de lire ces choses en public, parce qu’à 17 ans son enfance était encore trop proche pour penser à l’amour. Sa gêne était si visible, ses joues si écarlates, que les autres voyageurs n’avaient pas besoin de lire le carton pour savoir qu’elle en était le sujet. Certains détournaient le regard par dégoût de cette impudeur, d’autres la regardaient avec tendresse, et quelques-uns ne pouvaient s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Hatsue s’en était si bien rendue compte qu’elle sauta du wagon à la station suivante, hébétée, bouleversée, en manque de souffle. Elle fit les trois dernières stations à pied, totalement désorientée et chancelante.

    Dans sa petite chambre la soirée fut interminable, entre émotions incontrôlables et suppositions sur l’identité de l’auteur, puis harassée de fatigue elle s’endormit enfin. En se réveillant elle croyait avoir fait un rêve mais le carton était bien là, posé sur la table de chevet. Elle l’a relu vingt fois, trente fois, mille fois. Parfois les larmes montaient, à d’autres moments elle riait nerveusement. Son coeur s’arrêtait brusquement pour repartir dans une cavalcade incontrôlable. Enfermée dans son carcan éducatif, dans son pyjama encore enfantin, dans cette chambre de petite fille, le sentiment amoureux d’un autre pour elle était une découverte aussi bouleversante qu’inconcevable.

    Toute la journée elle tenta de découvrir un regard différent d’un garçon, une attention inhabituelle, un signe quelconque d’intérêt mais rien n’était concluant. Et pourtant, en rentrant chez elle une autre lettre s’était glissée au fond du cartable. Puis le lendemain, et tous les jours pendant des semaines. Chaque soir elle se lovait au fond de son lit pour lire les mots du jour, sans jamais savoir qui écrivait.

    Le début était toujours le même, « Hatsue, mon amour délicieux, je t’en prie ! », la suite variait de forme mais pas de fond. Il était toujours question de vivre ses rêves, de s’émanciper, d’accueillir l’amour, de vivre sa vie dans la liberté. Puis un jour tout s’est arrêté, brusquement, sans sommation. Elle n’en dormit pas de la nuit, certaine que finalement ce n’était qu’un jeu idiot auquel elle s’était laissé prendre. Elle s’en voulait affreusement d’avoir été aussi stupide, jusqu’au moment où elle réalisa qu’elle n’avait pas regardé là où il fallait.

    Le lendemain, à la fin des cours, elle sauta dans le métro et resta debout tout le trajet, les yeux fermés, à réciter tous les mots reçus. Elle courait, elle volait, le coeur prêt à exploser de bonheur. Elle restait stupéfaite de ne rien avoir compris alors qu’Hatsue et Akari se connaissaient depuis la petite enfance, alors qu’elles avaient passé des après-midis entiers à se raconter tous leurs secrets, alors qu’elles avaient même dormi ensemble très souvent. A peine Hatsue avait-elle sonné à la porte de la maison d’Akari qu’elle s’ouvrait. Aucune parole ni aucun billet doux ne pouvait exprimer l’instant : elles étaient debout face à face, rayonnantes, sublimes, désirables… et amoureuses.

    • Latmospherique

      Un très beau récit dans lequel les émotions sont vivantes et se chamaillent la place dans le coeur d’Hastue.
      C’est vrai qu’on ne regarde pas toujours au bon endroit puis le déclic.
      Merci beaucoup pour ce texte touchant

    • Photonanie

      Comme souvent Terjit tu as su m’émouvoir par cette description des ressentis du personnage. C’est très beau et ça finit bien, comme j’aime que ça fasse.

    • rizzie2

      Très joli texte plein d’attentes, de rebondissements, d’élans et de battements de coeur… comme dans la vraie vie quoi !

  4. laura vanel-coytte

    Bonjour à tous,

    Voilà ma participation qui est aussi chez moi:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2021/11/06/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-performances-et-autres-oeuvres-6348000.html

    Performances et autres œuvres ultra contemporaines

    Ceux qui me connaissent un peu et/ou suivent un peu ce que j’aime sur mon blog, savent que je vais voir le plus possible voir des expositions et que je suis l’actualité artistique dans la presse qui en traite. Je ne suis pas allée au Random Institute mais je pense que je suis déjà allée dans ce genre de lieu ultra-contemporain ou il y a beaucoup de performances ou de l’art vidéo. Ainsi si j’ai beaucoup aimé lieu, j’ai très moyennement aimé ce que présente le MO.CO. Panacée, même si c’est intéressant. Il y a 15 jours, à la FIAC, il y avait beaucoup de choses intéressantes mais comme disaient certains visiteurs, « je ne mettrais pas ces choses là chez moi. »

    Merci et bonne journée à tous

    • Latmospherique

      Le style contemporain a de quoi interroger je trouve. Je ne sais jamais dire ce que je ressens face à cette forme d’art!

      • laura vanel-coytte

        LE PEINTRE DU DIMANCHE EST AUSSI CONTEMPORAIN

        • Latmospherique

          Oui! Lui on lui pardonne!

  5. Céline

    Bonjour. Sympa ce retour.
    Voici mon texte. Bonne lecture et belle journée.

    Il est des lieux, des moments…
    qui nous interrogent,
    nous laisse perplexe,
    nous plonge dans le questionnement.

    Un instant, si fugace soit-il,
    peut laisser une empreinte
    dans nos pensées,
    sur nos rétines.

    Celui-ci en fut un.
    Qui était-elle ?
    Où était-elle ?
    Que faisait-elle en ce lieu ?
    Ce simple panneau en langue étrangère
    me faisait voyager.

    Je ne comprenais pas grand chose à l’art.
    Cette expo de photos m’intriguait cependant.
    Ce cliché était placé au milieu d’une série
    Tout aussi détonnant
    mais ce fut lui/elle qui m’attira au premier regard.

    • Latmospherique

      C’est vrai qu’il y a des instants, des regards, des situations qui nous interrogent et de là nous partons pour une autre destination.
      Très joli! J’ai beaucoup aimé

    • Photonanie

      J’aime bien ce questionnement devant une photo mystérieuse.

    • rizzie2

      Ces moments suspendus où tout peut arriver, même rien !!! Très joli texte

  6. Photonanie

    Bonjour tout le monde. Ma participation est sur https://photonanie.com/2021/11/08/brick-a-book-415/ et bien sûr également ci-dessous.

    Elle espérait que les battements de son coeur allaient ralentir. Elle avait l’impression qu’on entendait les pulsations résonner dans tout le wagon. Pour son malheur…

    Elle était arrivée à semer ses poursuivants mais l’angoisse la paralysait encore. Elle savait qu’ils n’abandonneraient pas de sitôt leur traque.

    Les rouages de son cerveau tournaient à toute vitesse. Il fallait qu’elle arrive à leur échapper une bonne fois pour toutes.

    Le pire c’est qu’elle ne savait pas ce qu’ils lui voulaient. Ils parlaient une langue étrangère avec des tonalités qui lui évoquaient une langue des pays de l’est mais sans certitude.

    Ils avaient commencé à la bousculer, la narguer, la tripoter, crier en tournant autour d’elle. Il l’invectivaient et personne parmi les passagers en attente sur le quai n’avait réagi. Tous regardaient ailleurs, comme gênés par la scène mais ne souhaitant surtout pas s’en mêler.

    Sa mère avait eu raison de craindre qu’on s’en prenne à elle qui avait toujours été différente des autres enfants. Plus lente, moins réactive, moins agressive surtout, une proie idéale pour des adolescents en recherche de sensations.

    Elle était arrivée à ouvrir la porte de l’endroit réservé aux colis encombrants et surtout à s’y enfermer. Elle ne savait plus trop s’orienter dans cet espace où les fenêtres brillaient surtout par leur absence. Comment savoir où descendre du train alors que tous les repères mis en place par sa mère lors du premier trajet effectué ensemble avaient disparu…

    A un moment la porte s’ouvrit doucement. Elle retenait son souffle, s’attendant au pire.

    — Mais que faites-vous ici, dit le contrôleur aussi surpris qu’elle.

    Quand elle fondit en larmes, le brave homme ne sut plus quoi faire. Il décida d’appeler l’accompagnatrice du train qui parvint difficilement à calmer la jeune fille et à lui faire raconter son histoire.

    Avec beaucoup de patience ils comprirent plus ou moins ce qui s’était passé et ne la quittèrent plus jusqu’à son arrêt où ils s’assurèrent que sa maman l’attendait bien sur le quai.

    Le plus dur serait de remonter dans le train le lendemain et les jours suivants mais il le fallait si elle voulait acquérir, peu à peu, un minimum d’indépendance…

    • Latmospherique

      Une expérience traumatisante, très bien racontée. On ressent très bien l’angoisse de cette jeune fille. Oui le plus dur ce sera de refaire ce trajet mais elle en a conscience, elle y arrivera!

      • Photonanie

        C’est tout le mal que je lui souhaite. Merci Marie.

    • rizzie2

      Les interrogations, la peur, le désordre, les exagérations, la fuite… et puis l’explication, le retour à l’ordre, l’assistance… Tout est très bien structuré et la fin ouvre sur un avenir dans lequel la jeune fille pourrait acquérir son indépendance. Très joli texte !

      • Photonanie

        Merci Rizzie. pourtant cette photo m’a donné du mal au démarrage de mon texte .

  7. Latmospherique

    Voici mon texte:
    https://latmospheriquemariekleber.wordpress.com/2021/11/09/ici-maintenant-tout-va-bien/

    « Tout va bien, ici, maintenant.
    Ici, maintenant, tout va bien. »

    Zhuai se répétait ces mots dans sa tête, tout en essayant de poser sa respiration.
    Elle avait couru si vite qu’elle se demandait où elle se trouvait à présent.
    En sécurité.
    Dans un endroit où ILS ne pourraient pas la trouver.

    Ils étaient montés dans le bus, comme tous les soirs. Comme tous les soirs, ils avaient ri.
    Comme tous les soirs, Zhuai avait regardé ses chaussures en tenant de faire abstraction d’eux.
    Ils avaient balancé des idioties, comme chaque soir quand ils la voyaient dans le bus.
    Elle était descendue à son arrêt, eux aussi. Ils habitaient dans le même quartier.
    Gamins, ils allaient à l’école ensemble et déjà ils embêtaient Zhuai.
    Elle s’était dirigée vers son immeuble et elle avait entendu leurs pas pressés derrière elle, pas comme les autres soirs.
    Elle avait prié intérieurement pour que la serrure ne bloque pas, pour que la porte s’ouvre et se referme d’un coup sec.
    Elle avait essayé de se rassurer.
    Ils avaient été plus rapides, l’un avait bloqué la porte de son pied, l’autre s’était faufilé et l’avait coincée, le troisième s’était approché plus près, trop près.
    Et ils l’avaient insultée, elle, Zhuai, parce qu’elle était timide, parce qu’elle était un peu gauche, par pure méchanceté.
    Ils lui avaient dit, du haut de leur quatorze ans «tu fais moins la maligne maintenant ! Tu t’es regardée, t’es moche, ta mère t’a fait avec un chien ou quoi ! »
    Et ils avaient éclaté de rire, un rire gros comme un bulldozer puis la porte de l’ascenseur s’était ouverte et elle avait profité de ce contre temps pour s’échapper.
    Elle avait couru, couru. Droit devant.
    Elle avait encore leurs insultes en bouche qui lui donnait la nausée
    Elle avait couru jusqu’à la station, s’était glissé dans le premier wagon, avait entendu le signal et avait commencé à respirer.
    Son cœur battait vite, trop vite. Ses oreilles bourdonnaient. Son visage était rouge, sa vision brouillée.
    Respirer. Juste respirer. Et se rappeler que tout allait bien.
    Ici et maintenant.
    Ici, maintenant, tout allait bien.

    Bonne soirée à tous et à toutes!

    • Photonanie

      Le même genre de frayeur que pour mon personnage. Les transports en commun deviendraient-ils anxiogènes?
      On sent bien son angoisse et le soulagement mais il faudra bien qu’elle rentre chez elle…

      • Latmospherique

        Je dois avouer que j’ai lu ton texte et que ça a ramené des souvenirs à la surface que j’ai souhaité partager (en changeant qq détails) car le sujet est plus que jamais d’actualité.

    • tiniak

      Grand recruteur devant l’économie mondialisée : la parano !
      Haletant et poignant, comme tiré d’un synopsis, car, en outre, très visuel. Me suis régalé.

  8. rizzie2

    Récit palpitant très bien mené… la méthode Coué ne rassure que celui qui prononce la phrase magique !!!

    • Latmospherique

      Merci. Oui exactement! Elle a au moins ce bénéfice là.

  9. plume47

    Elle l’a tout de suite repéré.

    C’était le dernier groupe qu’elle devait accompagner pour la visite du site. Celui de 17 heures. La journée s’était bien passée. Pas trop de râleurs, pas trop de questions idiotes, timing respecté, des enfants supportables. Elle avait même relégué au placard les jolis escarpins tout neufs qui lui avaient mis la misère la veille. Les triples brides dorées sur le dessus des pieds, assorties aux galons de sa veste, qui lui avaient fait de l’œil dans la boutique du grand boulevard se sont érigées en ennemies XXL.
    Alors aujourd’hui, uniforme et vieilles baskets.

    C’est donc avec un terrible pincement au coeur qu’elle a accueilli les 50 derniers visiteurs.
    Mesdames, Messieurs, bonsoir, ravie de …ses yeux ont rencontré les siens, il a tourné la tête, elle a baissé la sienne juste une seconde, le temps de contrer un léger déséquilibre. Et puis elle l’a relevée pour reprendre son rôle . Une guide sait où elle va, sait ce qu’elle fait, ne tremble pas. Aucune hésitation. Pas d’état d’âme . Les cinquante personnes attendent d’être menées, veulent tout voir, tout découvrir avec des explications nourries et pas l’inverse…

    Mais à cet instant, c’est elle qui veut comprendre et qui attend des explications. Elle ne peut plus rien pour tous ces gens, Elle se sent vide. Plus de consistance.
    Alors elle prend ses baskets à son cou et court se réfugier dans la Salle de repos de l’Organisation.
    Elle ne mesure pas encore les conséquences de son attitude.
    Elle s’en fiche.

    • tiniak

      Si ça n’est pas l’extrait d’un feuilleton, cela devrait être le cas; j’attends la suite !

    • Photonanie

      C’est vrai que c’est tellement prenant qu’on reste un peu sur notre faim 😉

  10. tiniak

    Une fois n’est pas coutume, je vous propose une chanson; à vous d’en imaginer la musique…
    Texte publié sur ‘poLétiquement vôtre’, par ici :
    http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/11/07/39209647.html

    ——————————————–
    L soufre
    (chanson)

    Si sombre que soit
    la douleur du monde
    en son gouffre
    elle souffre

    Si profonde soit
    la couleur de l’ombre
    elle souffre

    Comme elle étouffe
    et pour l’esbroufe
    elle bave un magma d’enfer

    Elle crache un souffle
    depuis son gouffre
    plus sulfureux que Lucifer
    la Soufrière

    Fumant de part en part
    elle enfume tous les regards

    « L… Tu veux dire, L comme Laura ?
    Tu l’auras
    Ton aura
    Tu l’auras…
    On l’aura pas, elle… »

    La Soufrière
    La Soufrière !

    La Soufrière !
    La Soufrière

    La Soufrière !
    La Soufrière
    était hier encore
    la méconnue qui dort

    Comme elle étouffe
    et pour l’esbroufe
    elle crache un magma d’enfer
    plus sulfureux que Lucifer
    la Soufrière

    La Soufrière
    La Soufrière
    était hier encore
    la méconnue qui dort

    Si sombre que soit
    la douleur du monde
    en son gouffre
    elle souffre

    Si profonde soit
    la couleur de l’ombre
    elle souffre

    Fumant de part en part
    elle enfume tous les regards

  11. Photonanie

    C’est tout ce qu’elle a à sa disposition pour exprimer sa souffrance, alors elle souffle le feu.
    Je n’imagine pas la musique mais le rythme est bien là

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