Et voici la nouvelle photographie !
C’était génial de vous retrouver, de vous relire ! On remet ça ? 🙂
On se dit à samedi pour la publication des textes ? Hop ! C’est parti !
Et voici la nouvelle photographie !
C’était génial de vous retrouver, de vous relire ! On remet ça ? 🙂
On se dit à samedi pour la publication des textes ? Hop ! C’est parti !
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Ouiiii je tente d’écrire demain .
A samedi.
merci d’avoir repris l’atelier!
le billet est programmé pour samedi matin, https://adrienne414873722.wordpress.com/2023/01/14/l-comme-lumpen
titre: Lumpen
il est beau ton texte pour ces oubliés de la vie.
Triste réalité très bien décrite. Je ne connaissais pas le mot Lumpen…
Texte terminé. Je me rends compte à quel point ce rdv m’avait manqué.
(Il est l’heure de filer dans les bras de Morphée… Alors, bonne nuit ! Et Excellent week-end à tous ! )
J’ai toujours aimé les halls de gare. Du coup, ils sont devenus mon divertissement du mercredi. Quelle merveille de ne pas travailler ce jour-là ! Je m’assois sur un banc et j’observe, j’admire, je me nourris du tourbillon de la vie. J’adore ça ! Les gens qui s’en vont et qui viennent, qui pressent le pas parce que le temps passe. Mon regard plane et s’attarde sur chaque visage, chaque allure. Qui choisir aujourd’hui ? Madame au jean troué ? Monsieur à la tempe nerveuse ? Ou cette dame âgée qui somnole assise juste à mes côtés ? J’hésite. Et puis, je jette mon dévolu. Comme souvent, je m’arrête sur une âme qui ne m’a prêté aucune attention.
Je le suis. Monte à bord. M’assois derrière lui. Le train file, presque vide.
Il est brun, agréable à regarder, un peu plus jeune que moi, le teint mat, les traits tirés sous un voile de fatigue. Enfin, il sort son smartphone. Je vais pouvoir opérer. Je sors le mien et m’infiltre comme je sais si bien le faire. Ah, ah… Bon, aucune trace d’une amoureuse transie, ni clichés, ni messages. Célibataire, donc… Pas d’enfant… Une santé de fer… Un emploi de veilleur de nuit dans un hôtel du treizième, mal payé mais il s’y accroche… Un petit appartement occupé depuis six ans… Des amis chaleureux… Ouille, là, y a tuile. Sacrée tuile, même ! Saletés de peur bleue et de honte injustifiée. Allez, je m’y colle. Je clique, j’efface, je remplace, je décode et je falsifie. Rien ne me résiste, tout succombe : les mots de passe, les clés cryptées, les vérifications croisées.
Terminus, tout le monde descend !
C’est parfait, j’ai terminé.
Au revoir, monsieur Ibrahim Akli. Ravie de vous avoir rencontré. Ravie de vous savoir désormais titulaire de cette régularisation qui manquait à vos jours.
Oh ! j’adore ! Robin des bois hacker. Merveilleuse idée ! Dire que je l’ai pris d’abord pour un tueur en série…
Quelle originalité, et puis cette écriture aussi alerte que le héros de l’histoire, j’adore !
Original et bien écrit. J’adore regarder les gens dans les gares, dans les trains. Et j’adore leur inventer des vies, d’ailleurs 😉
Quelle ingéniosité ! J’ai adoré ton petit texte espiègle et grave.
Bonjour,
Quelle fin ! Génial ! Bravo ! L’humanité existe encore ! Merci
J’ai adoré ce texte qui nous mène par le bout du nez avec une facilité déconcertante. J’ai d’abord imaginé un écrivain qui puise son inspiration dans la foule grouillante d’une gare, puis un inquiétant serial killer et enfin un hacker qui met son « art » au service du bien. Bravo !
excellent, on s’y croirait avec ton personnage et je m’attendais pas à cette chute. J’aime son côté robin des bois qui répare une injustice.
La technologie bien utilisée, merci pour ce texte étonnant Séverine.
Parfait, Séverine. J’adore te lire : c’est toujours un régal.
Le commentaire que j’ai posté ce matin n’apparaît pas. Ton hacker serait-il passé par là 😉 ? Chapeau bas pour ce teste où je me suis imaginé le personnage principal en écrivain en recherche de « modèles », en serial killer pour le découvrir hacker … au grand cœur. Belle manière d’amener, sans avoir l’air d’y toucher un sujet grave, celui des sans- papiers.
Salle des pas perdus on peut croiser un hacker, Robin des bois ou ange gardien, c’est bon à savoir ! 😉
Bien mené! Je la trouvais malsaine cette intrusion mais la chute renverse tout! Bravo!
Bonsoir,
C’est un week-end qui commence bien, celui qui s’ouvre sur un temps d’écriture, dans le silence d’un début de nuit. Bon week-end à tous. Hâte de vous lire !
J’ai rencontré Tom au lycée. Nous nous sommes mariés dès qu’il a eu son diplôme, pour le plus grand bonheur de mes parents. J’ai épousé le gendre idéal. Il rit des plaisanteries de mon père, ma mère le trouve bel homme, tous deux reconnaissent ses mérites. Quelle chance pour moi d’avoir récolté une perle pareille ! Son égalité d’humeur en fait un partenaire parfait, le genre jamais un mot plus haut que l’autre. C’est un homme irréprochable et j’étais une femme sans histoires. Vivre à Bareuil sur Marne, c’est le meilleur moyen de ne pas avoir d’histoires. Moi j’y suis née, j’y ai grandi, j’y suis restée quarante ans. Pourquoi aller ailleurs ? Ici, on vit au calme, loin de l’agitation parisienne. « La campagne à un jet de pierre de la capitale » Ça, c’est mon mari qui le dit. Il est agent immobilier. Sauf qu’en fait de campagne, on n’a que des champs de betteraves. Des sucrières. Des dizaines de rangées bien droites, parfaitement désherbées. Je voudrais être fière de ce qu’on a construit. Une maison avec jardinet, suite parentale et salle de jeux, dans un quartier pavillonnaire, proche école et commerces. Idéal pour une famille. N’importe qui s’en satisferait. Je ne dirais pas que j’ai été malheureuse. Mais je me suis mise à rêver. D’insultes, de cris, de disputes, de faire valser le service en cristal de sa mère dans notre cuisine rutilante. De nos verres élégants s’écrasant au ralenti contre l’ilot central esthétique et fonctionnel. De vin rouge dégoulinant en traînées collantes sur le plan de travail stratifié aspect bois (pour plus d’authenticité). De Tom dans son costume impeccable, rasé de près, de mes dents affamées déchirant ses lèvres insipides, de mes ongles labourant ses joues en rangées bien droites, parfaitement désherbées.
Ce matin, après le départ des enfants, je n’ai pas débarrassé la table du petit déjeuner. Les lits sont restés défaits. J’ai abandonné mon café encore fumant sur l’évier. Dans le taxi qui me déposait à l’aéroport, je n’ai pas pleuré. J’ai fui aussi loin que je pouvais l’imaginer, loin d’eux, loin de mes cauchemars. On raconte que chaque année, plusieurs dizaines d’adultes sans histoires sortent acheter qui un paquet de cigarettes qui une bouteille de lait sans revenir jamais. Quels rêves avaient-ils faits ?
Je n’ai rien vu des huit heures de vol. J’ai laissé au sol le visage ravagé de Tom. Les betteraves se sont dissoutes dans le défilé indiscipliné des nuages. Aucun mandat d’arrêt international n’a mis fin à ma cavale. Dans vos rêves, mutilez qui vous voulez. J’ai abandonné sur la banquette arrière d’un taxi jaune les débris de ma vie tranquille. Je me suis fondue dans l’effervescence de Manhattan, ivre de foule, de lumières et de vacarme. Je ne sais comment je me suis retrouvée à Grand Central Terminal. Sans doute qu’il n’y a pas mieux qu’une gare pour prendre un nouveau départ. Je ne sais pourquoi j’ai levé les yeux vers le plafond. Tête basculée en arrière, nuque raidie et vertigineuse, bousculée par mille inconnus, je lis ce ciel étoilé. Chaque constellation est le récit d’une seconde chance. Un soleil conquérant éclabousse mes vêtements froissés. Le marbre blanc claque sous mes pas. Ce soir, j’écris mon histoire.
Ouais, on a souvent envie de tout plaquer, pour voir quelle autre histoire on pourrait s’écrire. Merci pour le partage !
Un vertigineux rêve d’ailleurs .
Bonjour,
Partir, tout quitter ! Faut-il en avoir la force, cette femme l’a eue. Chapeau
J’adore: « Les betteraves se sont dissoutes dans le défilé indiscipliné des nuages. » Quel beau texte bien construit, et quelle histoire inattendue qui finit et commence à la fois à Grand Central Terminal ! J’ai vraiment beaucoup aimé !
Un personnage dont la radicalité fascine et dérange ! Un texte qui laisse s’exprimer l’envie d’ailleurs, le besoin de sensations fortes qu’il nous arrive à tous d’éprouver. Bravo.
une fuite et une quête de liberté qui commence par un nouveau départ en gare, jolie métaphore, et on arrive à comprendre les raisons de sa fuite.
Oh comme je me reconnais dans la première partie de ton texte qui fait réfléchir mais je suis restée
Bravo pour ce texte. On y voit très bien l’ennui au milieu des champs de betterave, cette envie d’air et de liberté assumée.
Superbement écrit ! On sent dès le début que ça va tourner au vinaigre, et à chaque ligne on en découvre un peu plus. Merci !
Ton personnage est à la fois fascinant dans sa quête de liberté et effrayant par sa violence latente. Cette ambivalence donne envie de connaître la suite. Comment écrire une histoire à la hauteur de ses rêves ?
Le hall de gare d’un nouveau départ, belle idée, bravo ! 😉
Très touchant ton texte. Quand on croit que les gens ont tout pour être heureux alors qu en fin de compte ils se perdent…. il faut du courage pour partir comme ça.
Bonjour, mon texte est à retrouver ci-dessous ou bien ici https://marinadedhistoires.wordpress.com/2023/01/14/jeu-numero-29/
Le faisceau
On se retrouvera dans le faisceau de lumière de la salle des pas perdus
Tu verras, c’est comme une avenue solaire que personne n’ose fouler.
De part et d’autre de cette voie lumineuse, il y a des gens, plein de gens
qui préfèrent rester dans l’ombre, qui n’osent pas l’éblouissement et
l’élévation que nous connaitrons demain, à midi pile, quand tu me rejoindras.
Le faisceau, tu le verras pénétrer par le grand vitrail gauche, et illuminer les dalles centrales.
Tu n’auras qu’à poser le pied, et tes chaussures de tous les jours se
transformeront en pantoufles de verre.
Tu n’auras rien à faire pour que la magie opère. Les silhouettes périphériques
disparaîtront, Il n’y aura plus que l’ombre de part et d’autre, et au centre, dans
l’incandescence, toi et moi, réunis.
Nous ne scruterons pas le panneau des départs, mais la voute céleste au
dessus de nos têtes et nous choisirons notre destination,
Mars, Jupiter, la Lune ou l’Etoile Polaire … nous préférerons la plus brillante.
Nous ne regarderons pas l’horloge d’opale, puisque nous pourrons décoller à
tout moment, juste en levant les bras, en nous mettant sur la pointe des
pieds et en inspirant.
Et puis, une fois tout là-haut, nous agiterons nos mouchoirs blancs brodés :
Adieu terriens, adieu, Grand Central Terminal !
J’ai lu ton texte, comme on agite un kaléidoscope. A la première lecture, je n’y a vu que lumière et douceur. A la deuxième, j’ai senti l’exaltation du personnage qui espère, je me sentais prête à fouler des avenues solaires, à oser l’éblouissement (je trouve ces deux expressions particulièrement belles). A la troisième, ces promesses gigantesques, ce rêve pour deux qu’on fait tout seul, ces adieux au monde m’ont laissée nostalgique et inquiète. J’aime beaucoup la pluralité des pistes que tu ouvres.
Un grand merci pour ce beau commentaire très intéressant. Bon samedi à toi.
Bonjour,
J’imagine deux amoureux prêts à tout pour vivre leur amour même à mourir. C’est beau mais tellement triste
On peut le voir comme cela, mais je ne pensais pas à la mort en l’écrivant. Bon samedi Cécile.
Le lecteur est happé par ce faisceau et ce voyage pour deux qu’on imagine sans retour. Je suis d’accord sur l’ambivalence que l’on éprouve. C’est à la fois féerique et presque mortifère. Bravo.
Merci Joëlle, to commentaire me touche beaucoup.
C’est très beau. Les amoureux cherchent à sublimer leur bonheur en exprimant l’infini.
Oui, c’est exactement cela. Bonne soirée.
C’est d’un charme fou ! Merci pour ce texte si poétique !
Merciiiiii à toi !
Ce faisceau féérique et mortifère est fascinant pour le lecteur. Beau texte qui oscille entre ombre et lumière.
Merci pour ta lecture, Joëlle !
Excellent, merci pour ce voyage ! 😉
Merci Agathe !
Beaucoup de poésie dans ton texte. J’aurais presque envie de tenter l expérience, voir ailleurs si la vie est plus douce. Merci
Merci Valérie !
Un tout petit texte pour moi, ce matin, sur la pointe des pieds : https://www.milleetunefrasques.fr/a-la-croisee-des-chemins-une-photo-quelques-mots/
Court, mais efficace. Une renaissance joliment exprimée.
Merci Kloud 😉
Mon texte est ici ! Merci pour vos lectures https://leslecturesdantigone.wordpress.com/2023/01/14/latelier-decriture-n422-de-bricabook/
J’aime beaucoup. Il est triste, mais c’est un beau texte. Son rythme restitue bien la mélancolie du personnage.
Merci <3
Bonjour,
Quelle joie de voir cet atelier revenir ! Cela m’avait manqué !
Voici ma participation
https://chezcecilecfaitmaison.wordpress.com/2023/01/14/lumiere-atelier-dalexandra-k-1-2023/
Bon week-end
Joli et très attendrissant. Un musée impressionniste, que rêver de mieux ?
Les peintres impressionnistes sont mes préférés
Merci
De nouveau au rendez-vous ! Merci Alexandra pour cet atelier et les autres participants pour leurs commentaires de la semaine passée qui m’ont beaucoup touchée.
Pas perdue
La lumière tombe des vitraux et donne au hall de gare des allures de cathédrale. On pourrait presque s’y tromper sans la présence des panneaux annonçant l’arrivée et le départ des trains. Je suis encore trop loin pour y lire ma destination. Je ne suis d’ailleurs pas si pressée de chercher et de retrouver le nom de ma ville natale.
Il était enfoui dans un recoin noir de mon esprit. À mon arrivée à Crozon, si quelqu’un m’interrogeait sur mes origines, je le crachais comme on crache un fruit pourri. Avec le temps, plus personne ne me pose la question. Je fais dorénavant partie du paysage, de ce coin de terre sauvage, à la beauté rude, qui ne s’offre pas au premier regard.
Tout à l’heure, j’ai retourné la pancarte du côté « Fermé pour congés ». Sur la porte vitrée de mon atelier de céramique, elle affiche mon absence inattendue en ce mois de novembre. Je quitte mon refuge pour marcher à rebours, remonter le temps et rejoindre la maison dont j’ai claqué la porte il y a 18 ans.
Mon petit bagage à la main, je n’ai pas prévu de m’attarder sur place, je m’approche des panneaux. Mon train est annoncé dans 6 minutes voie 2. Je reste plantée là, pétrifiée par le nom de ce lieu que mon corps, encore plus que ma raison, regimbe à regagner.
Là-bas m’attend mon frère. Il m’a prévenue de le retrouver au funérarium. Il se charge d’accueillir les quelques personnes venues rendre visite à mon père.
De lui ne me reviennent que les derniers mots qu’il m’a jeté à la figure, ses joues violacées et sa bouche déformée par la fureur : « Fille perdue ! »
Dans cette salle des pas perdus, je me souviens de la douceur de la peau de Sylvain et de l’ardeur de nos 17 ans. Depuis cet été enfiévré, nous nous sommes assagis. La mer d’Iroise a boucané son visage d’angelot. Pierre, notre aîné, veut devenir pêcheur comme lui. J’aime le sel sur ses joues encore rondes quand il rentre d’une sortie en mer avec son père.
Dans ma tête trottent ces deux mots « Fille perdue ! ». Dans la salle des pas perdus, au-delà de la mort, je voudrais lui répondre avec l’aplomb donné par les ans. « Pas perdue ! Éperdue d’un bonheur qui s’est construit dans l’adversité, sur une presqu’île battue par les vents, loin, très loin de Perpignan ».
Et vous pouvez aussi retrouver mon texte sur le blog (Il renaît 😉 en même temps que l’atelier !)
http://albertine22.canalblog.com/archives/2023/01/14/39777224.html
Bonjour,
Le retour aux sources peut être douloureux et cette douleur ici est très bien décrite. On le sent dans les tripes. Bravo et merci
Quel merveilleux début d’histoire !
Bravo ! Parvenir à tant suggérer en si peu de mots, je suis vraiment admirative. Ce personnage prend corps dès les premières lignes. Je le trouve d’une grande vérité psychologique. J’ai pensé à Nantes de Barbara,. Tu racontes avec délicatesse ces moments qui nous obligent à refaire le chemin à l’envers, à nous confronter à ces ornières de notre passé, enfouies mais qui continuent à nous définir en partie. J’aime beaucoup ton titre. C’est une sacrée trouvaille.
Tes mots résonnent en moi, de douloureux souvenirs remontent à la surface mais je ne me suis pas perdue non plus, c’est ma fierté.
Merci.
Le jeu des mots « fille perdue » « pas perdue (s) » est une excellente trouvaille pour montrer cette douleur lointaine et tenace esquivée par un bonheur familial recréé avec vents et marées.
On est bien loin de Manhattan, mais cela rime avec Perpignan ! 😉
Ton texte est très touchant. En peu de lignes on entre dans l histoire de ton personnage qui a su construire sa famille et être heureuse malgré le désaccord du père. J’aime beaucoup.
Une histoire bien menée ! Et la force de vie du personnage est communicative, merci !
Bonjour à tous,
Voilà ma participation d’aujourd’hui
http://eirenamg.canalblog.com/archives/2023/01/14/39779756.html
Bonne lecture Nathalie
Bonjour à tous
Merci à tous pour vos commentaires de la semaine dernière. Un plaisir de vous relire, vraiment!
Je poste mon texte et reviendrai au plus vite lire les votres. Bon week end.
-« Aië !!! Mais c’est pas vrai !!! Vous ne pouvez pas faire attention.
Je venais d’arriver pile poil à l’heure pour mon rendez-vous avec Antony. Nous devions nous retrouver à la gare Richelieu avant de nous rendre dans un spot sympa pour réviser nos partiels :
– « Beaucoup de jeunes s’y retrouvent, tu verras. Y’a des salles équipées dernier cri pour taffer, une bibliothèque tu meurs. Et cerise sur le gâteau, quand tu as bien bossé, y’a moyen de boire un verre sur un super rooftop ou de manger une petite merveille dans un des foodtrucks qui déchirent… le tout entouré de meufs trop canons. Bref de quoi passer une soirée studieuse en alliant des petits plaisirs, un pur bonheur, je te promets ! ».
Le programme était alléchant.
C’était sans compter sur cette folle qui venait de me heurter violemment. Une toute petite jeune femme, qui tel un petit moineau, est venue s’emplafonner à toute vitesse dans mes 2 mètres ! C’est comme si elle s’était pris un mur. J’ai à peine eu le temps de lui faire une remarque qu’elle s’est écroulée par terre.
Grosse panique !
– Mademoiselle, mademoiselle ! Elle ne répondait pas.
– Mademoiselle, vous m’entendez ? Je lui prends le poignet. Mademoiselle, si vous m’entendez, serrez-moi la main. Toujours pas de réaction !
L’angoisse monte. Je cherche mon téléphone, j’essaie de me rappeler les gestes qui sauvent que j’ai vus en troisième mais c’est bien loin déjà. Je compose le 15. On me fait patienter. Les curieux commencent à s’agglutiner autour de nous, les gens crient. J’ai enfin quelqu’un au bout du fil. Je laisse mes coordonnées, le lieu où nous nous trouvons, je décris rapidement l’incident. On me demande d’essayer de former un périmètre de sécurité et de vérifier que la jeune fille respire. Guidé par le médecin, je me penche sur elle pour voir si sa poitrine se soulève ou pas. Troublé, je ne vois pas bien. Il me dit d’approcher mon visage du sien pour sentir son souffle. Elle respire mais son rythme n’est pas régulier… pas du tout même. On m’indique qu’il y a un défibrillateur dans les locaux. Je demande si quelqu’un peut aller le chercher. Les gens se regardent, mettent du temps à se décider. Pour regarder ils sont là, mais aucun ne bouge durant un temps qui me semble une éternité. Je redemande et vois partir plusieurs personnes dans des directions différentes. Le docteur au bout du fil m’ordonne de commencer un massage cardiaque en attendant le DAE. Je ne vais jamais y arriver. Je sens la sueur sur mon front qui commence à perler. Je dois la découvrir un peu, me concentrer pour rappeler à moi la méthode. Combien de compressions ? A quel rythme ? Combien d’insufflations ? Elle est toute fragile. Je commence à comprimer : un deux, trois quatre….
– Stayin’ Alive Stayin’ Alive…
Une femme d’un certain âge vient de se rapprocher de moi et fredonne cet air que je reconnais et qui m’impulse d’un coup une force incroyable. Je revois ma prof, mes camarades, le mannequin sur lequel nous nous sommes entraînés, rigolant à moitié. J’en suis à trente, me voilà aux insufflations. Je pose mes lèvres sur celles de cette jeune fille que je ne connaissais pas encore il y a cinq minutes. Je mets beaucoup d’espoir dans ce geste, la femme me soutient, m’encourage :
– Recommencez les compressions, c’est très bien. Stayin’ Alive Stayin’ Alive…
Et j’enchaîne et je ne vois toujours pas le défibrillateur arriver. Mes bras commencent à être douloureux. J’ai peur de lui casser des côtes même si je sais que ce serait toujours mieux que de la laisser partir. La femme me propose de prendre le relais. Je fais les deux insufflations et accepte de lui laisser ma petite victime. La tête me tourne un peu mais je ne peux la quitter des yeux. Nous avons sa vie entre nos mains. J’entends alors la sirène des pompiers. Les gens s’écartent enfin, laissent passer les hommes en bleu et rouge qui vont faire le nécessaire pour la ramener à elle. Un des sapeurs-pompiers essaie de me rassurer mais je ne l’entends pas. Mes oreilles sont focalisées sur le défibrillateur que les pompiers viennent de poser sur la poitrine de la jeune fille : chaque choc délivré par le DAE est extrêmement violent. Son corps se raidit. Mon cœur s’arrête, je suis en apnée. Au bout de trois chocs, la jeune fille semble revenir à elle. Les pompiers me rassurent, me félicitent même :
– Vous avez été formidable ! Bravo !
Les gens autour applaudissent. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive.
Les pompiers embarquent la frêle jeune fille sur un brancard. Elle est sauve et c’est en grande partie grâce à moi me redit un des pompiers. Ils m’indiquent qu’ils vont l’emmener à l’hôpital où elle restera sous surveillance le temps qu’il faudra. Je ne sais même pas son nom. La foule s’est éparpillée. La dame qui m’a accompagné dans ce sauvetage, me tapote l’épaule en signe de sympathie et se volatilise elle aussi.
Je suis tout chamboulé. Quand Anthony arrive quelques minutes plus tard, il me trouve debout au milieu de la gare. Je suis confus, vidé. Le héros est retombé dans l’anonymat. Je ne suis même plus sûr d’avoir vécu l’évènement. Je tombe en larmes dans les bras de mon ami qui ne comprend rien. Je n’arrive même pas à lui parler, à lui raconter quoi que ce soit. Il comprend que je ne vais pas bien et n’essaie pas d’en savoir plus. Il me connait bien, même s’il ne m’a jamais vu dans un tel état. Il me propose de me ramener chez moi, de reporter la soirée de révision.
Ce soir, je n’ai pas travaillé le contenu de mes cours, mais la vie a mis sur mon chemin un aléa qui va me transformer à jamais. Je sais que je ne serai plus jamais le même homme.
Quelle aventure pur ce jeune homme. J’ose imaginer que l’histoire n’en restera pas là…
Quel rythme ! On était à fond avec lui ! Texte réussi !!
Une anecdote très bien racontée et qui tient le lecteur en haleine. Joli rythme.
Ce jeune homme aura plus appris sur lui pendant ces quelques minutes que beaucoup en une vie. Texte hyper réaliste, très rythmé, que nous vivons au côté du « sauveur ».
La suite au prochain épisode ? 😉
Un texte bien vivant qui semble se dérouler sous nos yeux !
Bonjour tout le monde. Ma participation est sur https://photonanie.com/2023/01/14/brick-a-book-422/
mais aussi ci-dessous
Première rencontre
Nous nous étions donné rendez-vous dans le hall de Grand Central. C’était la première fois que je venais à New-York et j’étais un peu perdue au milieu de ces voyageurs pressés qui semblaient tous savoir où ils allaient.
Mon correspondant, que je n’avais jamais vu en vrai, était censé m’attendre mais j’avais beau me tourner dans tous les sens je ne voyais personne qui ressemblait à sa photo de profil.
Soudain je me sentis décoller, emportée par deux bras puissants qui me serraient à m‘étouffer. Cette fois ça y était, il m’avait trouvée et semblait aussi exubérant que dans nos échanges de courriels.
J’étais un peu perplexe. La fatigue du voyage, l’endroit immense plein de courants d’air et surtout le manque d’habitude d’une telle familiarité de la part d’un presqu’inconnu m’avaient donné le vertige.
Heureusement très vite Oliver su me mettre à l’aise et m’emmena vers la sortie où il héla un yellow cab qui nous conduisit à l’immeuble où il vivait avec ses parents et sa petite sœur.
Le même accueil chaleureux suivi d’un moment de repos, seule, dans la chambre que je partagerais avec sa sœur pendant mon séjour ont suffit à me détendre. Les deux semaines seraient à coup sûr riches d’émotions et de découvertes en tout genre.
/////
C’est bien ainsi que les choses se sont passées, dans un tourbillon incessant. Ils ont voulu tout me montrer de leur ville dont ils étaient si fiers et m’ont, chacun à leur tour, fait découvrir ce qui leur tenait à cœur. J’ai mangé, bu, pris le métro et rencontré davantage de gens que je ne pourrai jamais le faire dans le reste de ma vie de petite provinciale!
J’aimerais tellement pouvoir montrer à Oliver comme c’est beau chez nous, comme ma vie est calme en comparaison de la sienne mais je me demande s’il pourra un jour arrêter de courir et prendre le temps de se poser dans ma campagne…
Une bien belle expérience new-yorkaise. Une petite nostalgie d’Oliver, sans doute… Un texte plein de sentiments .
Merci Loud, une pure fiction. Toute ressemblance avec…
Lui seul le sait… 😉
Peut-être un peu moi aussi
Ah, le charme des séjours linguistiques ! Ton texte m’emporte vers des souvenirs …
J’espère qu’ils sont bons…
oui !!
Une expérience à 100 à l’heure qui laissera de bons souvenirs!
C’est certain. Merci.
Le tourbillon des lieux et de la nature de chacun… Sympa !
Merci Séverine.
Ce jour-là, j’entrais dans la gare démesurée de Gontamille. J’avais vingt ans. Les rayons du soleil passant à travers les baies vitrées de l’imposant bâtiment se dirigeaient symboliquement sur moi, semblables au halo de pureté qui figuraient sur mes images de première communion. Tel Paul Claudel entrant à Notre-Dame, ce fut pour moi une révélation quasi-mystique, un ordre de mission divin : le métier ferroviaire. L’aventure, les voyages gratuits, la sécurité du travail, l’image de la Bête Humaine m’étaient destinés. Finis les trains électriques sur le parquet de la salle à manger, c’était l’heure du réel, du vrai, du grandiose.
Après avoir raté tous les examens ou concours qui auraient pu me permettre d’accéder aux postes opérationnels héroïques de la SNCF, cette grande famille, je me suis retrouvé, nécessité oblige, vendeur de capsules Nespresso à la gare Montparnasse, un peu éloigné des rails et des caténaires, certes, mais dans une gare quand même. L’adaptation étant une vertu supérieure à la résignation, c’est au son d’annonces inaudibles de quais, de voies et de retards prévus que j’exerçais avec passion mon nouveau métier. Rapidement les arômes de Roma, Capriccio, ou Volluto n’avaient plus de secret pour moi. Mon uniforme s’imprégnait peu à peu de parfum d’arabica, donnant un instant aux clients l’impression qu’ils se trouvaient sur un plateau andin ou dans une ferme éthiopienne. Le midi, je déjeunais régulièrement à « La Pomme de Pain » où mon coeur craqua rapidement, le temps d’une « formule complète », pour Emilie, la jolie serveuse qui me lançait ce qui me semblait être un sourire amoureux derrière son masque FFP2. Un mois plus tard, nous vivions ensemble dans un petit studio rue de l’Arrivée. Chaque soir, lorsqu’elle rentrait du travail, elle ramenait sur son corps délicieux ce petit parfum de pannini caldi qui embaumait la maison et les draps dans lesquels nous aimions tant nous blottir serrés l’un contre l’autre.
Notre liaison dura environ le temps de trois grèves des cheminots, c’est à dire six mois au total.
Un jour, elle arriva comme à l’habitude vers vingt deux heures après son service. Une senteur sirupeuse de lavande mêlée de cèdre et d’agrumes se mit à emplir la maison. Une présomption cruelle jaillit dans mon esprit le temps d’une respiration. Tandis que je levais mon nez comme pour suspecter une fragrance douteuse, elle m’avoua en pleurs qu’elle était tombée amoureuse de l’employé du magasin « L’Occitane en Provence».
Une semaine après elle était partie avec lui.
Seul aujourd’hui, avec mes odeurs d’arabica qui prennent la teneur amère d’un café robusta, je déplore la transformation progressive des gares en centres commerciaux. Il est loin le temps où les locomotives à vapeur ne laissaient autour d’elle, de manière anonyme et tenace, que l’odeur irritante du charbon et de la suie, dissipant ainsi tout risque de déception.
Le premier chapitre a déjà suffi à m’enchanter ! J’ai adoré cette « fantaisie » littéraire très bien construite. BRAVO §
J’adore j’adore j’adore j’adore ! J’ai ri ! La dérision bienveillante, la fantaisie, les pirouettes de fin de phrase, cette manière de parler avec humour des choses graves, cette feinte désinvolture. Je veux la suite : C’est tout ce que j’aime lire!
Tu travaillerais gare du Nord, tu aurais pu te consoler avec Sidonie qui y vend les pralines de Jeff de Bruges… 😉
Un vrai bijou ton texte et quel beau travail sur les odeurs !
Ton texte m’a fait sourire et à l’approche de ce dimanche qui se termine, ça fait du bien! Merci. J’ai adoré ta plongée dans le monde des odeurs, on passe souvent à côté alors que c’est effectivement super important les odeurs.
Une merveille ! J’ai adoré la fantaisie et le jeu des odeurs. Délicieusement écrit ! Un petit côté Jean-Pierre Jeunet 😉
Et donc tu serais le sosie de Georges Clooney ou de Jean Dujardin?
J’aime beaucoup la légèreté de ton texte Kloud. Il m’a tiré un large sourire.
Pourquoi faut-il que je sois toujours en retard ?
Il avait dit, de sa belle voix de basse, celle qui me fait toujours craquer, même quand j’ai mille reproches insignifiants à lui faire : « meet me at the clock! ». Facile, me direz-vous, la superbe horloge à la précision toute suisse, bijou incontournable du hall central est visible de loin… Mais voilà que ce rendez-vous tant attendu, après ces quelques semaines passées dans la vieille Europe, tombait pile le jour de tous les possibles, un vendredi 13.
Oubliée la joie du retour à ma vie d’adulte, sur le point de basculer vers un bonheur possible, un subit accès de nostalgie m’a fait obliquer vers l’est, près de la voie 19, où le Grand Central Market m’a immédiatement ramenée à Paris, au marché de la rue Poncelet, où se côtoient ingrédients gastronomiques, pâtisseries et produits frais, et où ce séjour m’avait offert la surprise de croiser devant le stand de bretzels, mon premier grand amour, celui de l’enfance, développé avec force serments, promesses et projets d’avenir commun dans la cour de l’école, que l’on n’oublie jamais et auquel les choix différents d’affectation de nos parents respectifs avaient mis un terme prématuré !
Un urgent besoin d’air frais, pour me remettre de ce moment d’égarement, m’a fait sortir Lexington Avenue, et, le temps de retourner à ma pendule, au cœur de Grand Central Terminal le train de 13h13 était déjà parti, et avec lui, tous mes nouveaux projets d’avenir. Adieu veau, vache, cochon, couvée, était-ce bien d’ailleurs la vie dont je rêvais, car comment expliquer que bonne ou mauvaise fortune, c’est selon, m’ait incitée à devoir prendre le métro pour rentrer chez moi ?
Il faut parfois accepter de dévier de sa trajectoire si tel est notre destin…
Alors j’ai sûrement beaucoup dévié, mais le clin d’œil du destin est parfois assez drôle ! 😉
Quand le rêve prend le dessus de la réalité, ce n’est pas mal non plus… Le texte le suggère. Mais il est vrai que le concret revient au galop et peut anéantir d’autres rêves…
Ce qui doit arriver finit toujours par le faire ! 😉
Un vrai bijou ton texte et quel beau travail sur les odeurs !
Pas d’odeurs dans mon texte, tu as raté l’étage dans les commentaires, c’est Kloud qui y est sensible ! 😉
Oups !
Ah le destin !! Et que s’est il passé dans le métro ?
Retour au ronronnement du quotidien, le temps de se découvrir d’autres possibilités, qui sait ?
Que de beaux et longs textes!! bravo à tous et toutes de nous donner ce plaisir de la lecture et à Alexandra celui de l’écriture!
Que la lumière soit
et la lumière fut.
Ces vitraux unicolores
magnifiques presque magiques
minutieusement taillés
en petits carrés
rectangles
ou losanges
imbriqués les uns
dans les autres..
une pure merveille
un éblouissement
une vision
et pourtant,
un regard plus appuyé
me plonge
dans un abîme de réflexion
Les barreaux aux fenêtres
verticaux ou horizontaux
reflétés au sol
jour / nuit
clair / obscur
on / off
des rails
de coke ?
En ai-je besoin pour décider
J’y vais, j’y vais pas ?
Je déraille, ferraille
prête à sauter le pas
franchir le tourniquet
une fois payé mon ticket.
Le premier train
peut on encore prendre le premier train
pour ailleurs,
sans savoir
où il nous emmènera ?
Un joli texte avec de belles sonorités. Et des vers courts qui battent bien le tempo du pour ou contre !
Un texte très agréablement rythmé qui nous fait réfléchir.
Un poème plein d’antinomies et d’interrogations graves. J’aime beaucoup le ton. Bravo
C’est super ce rythme qui ajoute de l’intensité au texte. Bravo.
Bonjour, avec du retard, je n’ai vu la photo qu’hier, voici mon texte.
Bonne lecture et bonne journée.
C’est une longue histoire entre toi & moi,
Débutée pendant ma petite enfance
Faite d’aller-retour,
De passages en coup de vent
Et/ou d’interminables attentes,
Même si parfois des envies d’ailleurs
Me sont passées par la tête.
En une trentaine d’années,
Tu m’as vu grandir
Porter maintes sacs ou valises
Prenant le temps
Où arrivant en courant.
Seule ou accompagnée,
Voyageuse de province.
Désormais je me glisse
Dès la matinée commencée
Entre tes voyageurs parfois perdus
Et autres habitués.
Je connais tes couloirs,
Tes changements d’humeur,
Ton vacarme et même ton silence.
De touriste avec ma famille
À travailleuse éloignée,
En passant par étudiante plongeuse,
Nos rencontres sont devenues
Plus fréquentes et régulières
Depuis bientôt une décennie
Mais toujours avec un livre
Comme compagnon de voyage.
Tu m’as fait vivre
Maintes déconvenues
Du problème d’aiguillage
À l’alerte au colis suspect.
Tu vis parfois des drames, pauvre
Théâtre d’une cour des miracles
Qui est remontée en surface.
Mais comment ferais-je sans toi
Je serais bien obligée
De faire un choix,
Un changement de carrière sûrement.
Alors je crois bien
Qu’on est bien parti
Pour une nouvelle décennie.