“La spirale tautologique de la façade redit le reflet de ses fenêtres … quand
chaque fenêtre dit refléter toute la façade … “ :
Aux hauteurs perspectives sont les grands étendages,
aux hauteurs perspectives de l’Immeuble du matin.
Je lis, vous lisez, nous lisons dans la ville des grandes maisons à épingle
où l’on met à sécher toutes les lettres alphabètes étendues sur un fil.
Nous dépassons la bure du Monarque, suspendue, toute brunie,
avec deux écharpes de mots qui s’échappent d’un côté :
Ah, comme l’alpha et l’oméga de la largeur sait jauger l’horizon !
Nous dépassons la bure de la Reine, suspendue, toute brunie,
et avec deux échardes de mots tombés qui se lézardent – à côté :
Ah, comme le A à Z de la hauteur sait réduire l’horizon !
Et peut-être que la proportion ne range-t-elle pour la largeur
que la hauteur de l’Homme, et qu’elle ne soit perdue …
et qu’elle ne soit jetée aux vents.
Aux pleurs des grands géants ignares
sous le ciel de brique des lignes délavées.
Et puis quoi ? N’y a-t-il donc plus aucune consonne
ni aucune voyelle impossible
J’aime l’écriture qui me rappelle les quatrains de Nostradamus.
Kloud
sur 10 juillet 2023 à 19h18
Superbe. Il y a très souvent dans tes textes, un côté ésotérique qui nous fait regarder la photo comme une invitation à une balade dans un monde mystérieux accompagnés par une richesse des mots et de tournures.
Mince … Sourire…
Pourtant si on aime, on ne compte pas
J’aime bien cette descente
Kloud
sur 10 juillet 2023 à 19h21
J’aime bien.Ton texte plusieurs étages de lecture… Personnellement, je retiens celui de l’humour. Merci.
Kloud
sur 9 juillet 2023 à 10h04
Bonjour à tous ! Désolé, mon texte est encore plus long que la dernière fois… et encore, je me freine… Mais c’est l’été ! Il va falloir que je me crée un blog, comme certains autres participants.
Seul dans sa modeste maison de Panalva do Castelo, à l’ouest du Portugal, Pedro se sert un verre de Vinho Verde. Comme tous les retraités, il repense à sa longue vie, à tous ses souvenirs, au premier desquels sa migration en France dans les années cinquante où, avec ses parents, ils occupaient la loge exigüe d’un immeuble coquet parisien. « Concierges » on disait ! Ce terme déjà péjoratif à l’époque cachait pourtant un vrai métier, dur certes, mais essentiel à la vie communautaire d’une population urbaine désarmée face à de multiples difficultés d’intendance.
Pedro avait été élevé dans un milieu familial dévoué à la cause de l’habitation collectif et s’il n’était pas attiré par le pouvoir, il avait perçu très jeune l’importance sociale de la profession. Une vocation naissait en lui : plus tard il deviendra concierge.
Ses parents repartis au pays, il leur succéda à la loge, puis rapidement ses services furent demandés pour des bâtiments avoisinants . D’immeuble en immeuble, Pedro vit son champ d’action croître de manière exponentielle. Bien qu’une sémantique administrative sur la défensive le nomma « gardien » lui faisant perdre la noblesse du titre « concierge » qui sonnait comme celui d’une corporation bien à part, il se donnait corps et âme à son sacerdoce.
Les années passèrent et Pedro se trouva un beau jour gardien d’un immeuble gigantesque d’une vingtaine d’étages, en banlieue parisienne, qui abritait pas moins de 200 familles issues de milieux divers, de nationalités différentes et de modes de vies hétéroclites. Sur le mur de béton,une plaque indiquait : Numéros 5 à 11.
Les débuts furent difficiles. Malgré un peu d’aide, outre les courriers, la gestion des poubelles, il lui fallait régler les problèmes de cohabitation, des conflits mineurs, mais récurrents, et quelques incivilités, comme on dit. Pedro y donnait malgré tout le supplément d’âme qu’on lui avait transmis. Les locaux professionnels où il organisait son travail (« mon bureau » disait-il en riant) jouxtaient son propre domicile, et il n’était pas rare qu’il reçoive, autour de sa table à manger, devant quelques verres, des personnes à consoler, des voisins inquiets ou souhaitant régler quelques différents. « Il faut parler » ! disait-il avec son accent qui s’entrechoquait avec celui des autres nationalités qu’il côtoyait ; « Si on garde tout dans la tête, à la fin c4est comme si ma cocotte minute n’avait pas de soupape ! Elle exploserait ! ». Ses visiteurs repartaient rassurés et l’esprit apaisé.
Pedro vivait seul. Il était souvent dérangé pour un oui ou pour un non, mais jamais il n’envoyait quelqu’un promener ou même lui montrer quelque signes d’agacement. Tout le monde le respectait tout en lui témoignant une grande affection. Les enfants l’adoraient, lui demandaient de regonfler leur ballon, réparer un jouet. Alors Pedro se faisait fort de leur montrer comment il fallait faire en même temps qu’il s’exécutait.
Grâce à Pedro, fédérateur humble mais efficace, les gens se mirent à discuter entre eux, à mutualiser leurs compétences : bricolage, cuisine, activités culturelles. Le « 5 à 11 » devint une communauté proche d’une utopie du XIXe siècle. « Pourquoi pas ? » était la devise qui apparaissait sur tous les réseaux sociaux qu’ils avaient créés. Personne ne songeait à déménager ; seuls les jeunes qui se mariaient, en général après s’être connu dans le cadre du « 5 à 11 », quittaient ce rêve à regrets.
Arrivé à un âge certain, Pedro ne fut plus en mesure physique d’assurer son honorable fonction. Il avait réalisé ce qu’il pensait n’être que son simple son devoir. Aussi, il décida d’arrêter, puis de partir à Panava do Castelo, finir ses jours sur la terre de ses ancêtres. Il laissa à Bachir et Fatoumata, ses fidèles et efficaces amis, la lourde tâche de perpétuer, avec le futur gardien, l’esprit du « 5 à 11 ».
Le jour de son départ, le temps s’arrêta dans le gigantesque immeuble. Une fête aussi démesurée que le bâtiment fut organisée par les résidants. Le quartier fut fermé, les routes déviées. On vit plus de quatre cents personnes dans les rues chantant, riant, buvant, dans une convivialité débordante. Les jeunes avaient composé quelques raps de circonstance, des cantines de fortune proposaient des plats où se mêlaient des saveurs planétaires, des hommes avaient confectionné banc et tables au milieu de discussions bruyantes et passionnées. Les vieux papotaient sans perdre une miette du spectacle qui se déroulait et se moquaient gentiment du bailleur de l’Office, en costume cravate, un peu dépassé par les évènements , tentant de prononcer son discours anachronique mais chaleureux.. Au dessus de la loge, une vaste fresque de dessins d’enfants entourait des mots multicolores :« Le 5 à 11 dit merci à Pedro ! ».
Pedro repense à toutes ces années. Par la fenêtre de sa petite maison qu’il a fini de restaurer, il regarde les champs d’oliviers, le ciel bleu, les oiseaux et les papillons. Le soleil a écrasé tout bruit sur la campagne. L’homme s’avance avec difficulté vers son fauteuil, se ressert un Vinho Verde et après avoir chaussé ses lunettes reprend sa recherche dans les journaux étalés sur la table basse : « Bon sang ! Il doit quand même bien y avoir un appartement à me louer parmi tous ces grands immeubles de la banlieue de Lisbonne ».
Bravo, Pierforest. Que c’est beau et vertigineux. L’idée est superbe et tu la réalises avec brio. Ta référence au tableau de Monet ajoute un côté terrien et daté ; c’est parfait (il y a aussi le vin blanc, mais on n’a pas le millésime…). J’aime décidément tes textes…
« Un peu plus près des étoiles
Là où les rêves n’ont pas de frontière
Pour oublier l’apesanteur sur Terre
Un peu plus près des étoiles
Pour leur emprunter un peu de lumière
Revenir sur Terre, la tête pleine d’espoir… »
Soprano
Juste un petit correctif Lothar: au départ c’est une chanson du groupe Gold, reprise par Soprano
J’étais de passage pour voir si l’atelier avait repris de manière durable…ou pas.
Bon dimanche à tous… :
« Dans l’Immeuble du matin »
“La spirale tautologique de la façade redit le reflet de ses fenêtres … quand
chaque fenêtre dit refléter toute la façade … “ :
Aux hauteurs perspectives sont les grands étendages,
aux hauteurs perspectives de l’Immeuble du matin.
Je lis, vous lisez, nous lisons dans la ville des grandes maisons à épingle
où l’on met à sécher toutes les lettres alphabètes étendues sur un fil.
Nous dépassons la bure du Monarque, suspendue, toute brunie,
avec deux écharpes de mots qui s’échappent d’un côté :
Ah, comme l’alpha et l’oméga de la largeur sait jauger l’horizon !
Nous dépassons la bure de la Reine, suspendue, toute brunie,
et avec deux échardes de mots tombés qui se lézardent – à côté :
Ah, comme le A à Z de la hauteur sait réduire l’horizon !
Et peut-être que la proportion ne range-t-elle pour la largeur
que la hauteur de l’Homme, et qu’elle ne soit perdue …
et qu’elle ne soit jetée aux vents.
Aux pleurs des grands géants ignares
sous le ciel de brique des lignes délavées.
Et puis quoi ? N’y a-t-il donc plus aucune consonne
ni aucune voyelle impossible
pour s’évader d’un Grand Ensemble délaissé ?
J’aime l’écriture qui me rappelle les quatrains de Nostradamus.
Superbe. Il y a très souvent dans tes textes, un côté ésotérique qui nous fait regarder la photo comme une invitation à une balade dans un monde mystérieux accompagnés par une richesse des mots et de tournures.
Bonjour à tous, voici mon texte ! https://marinadedhistoires.wordpress.com/2023/07/08/etages/
Mince … Sourire…
Pourtant si on aime, on ne compte pas
J’aime bien cette descente
J’aime bien.Ton texte plusieurs étages de lecture… Personnellement, je retiens celui de l’humour. Merci.
Bonjour à tous ! Désolé, mon texte est encore plus long que la dernière fois… et encore, je me freine… Mais c’est l’été ! Il va falloir que je me crée un blog, comme certains autres participants.
Seul dans sa modeste maison de Panalva do Castelo, à l’ouest du Portugal, Pedro se sert un verre de Vinho Verde. Comme tous les retraités, il repense à sa longue vie, à tous ses souvenirs, au premier desquels sa migration en France dans les années cinquante où, avec ses parents, ils occupaient la loge exigüe d’un immeuble coquet parisien. « Concierges » on disait ! Ce terme déjà péjoratif à l’époque cachait pourtant un vrai métier, dur certes, mais essentiel à la vie communautaire d’une population urbaine désarmée face à de multiples difficultés d’intendance.
Pedro avait été élevé dans un milieu familial dévoué à la cause de l’habitation collectif et s’il n’était pas attiré par le pouvoir, il avait perçu très jeune l’importance sociale de la profession. Une vocation naissait en lui : plus tard il deviendra concierge.
Ses parents repartis au pays, il leur succéda à la loge, puis rapidement ses services furent demandés pour des bâtiments avoisinants . D’immeuble en immeuble, Pedro vit son champ d’action croître de manière exponentielle. Bien qu’une sémantique administrative sur la défensive le nomma « gardien » lui faisant perdre la noblesse du titre « concierge » qui sonnait comme celui d’une corporation bien à part, il se donnait corps et âme à son sacerdoce.
Les années passèrent et Pedro se trouva un beau jour gardien d’un immeuble gigantesque d’une vingtaine d’étages, en banlieue parisienne, qui abritait pas moins de 200 familles issues de milieux divers, de nationalités différentes et de modes de vies hétéroclites. Sur le mur de béton,une plaque indiquait : Numéros 5 à 11.
Les débuts furent difficiles. Malgré un peu d’aide, outre les courriers, la gestion des poubelles, il lui fallait régler les problèmes de cohabitation, des conflits mineurs, mais récurrents, et quelques incivilités, comme on dit. Pedro y donnait malgré tout le supplément d’âme qu’on lui avait transmis. Les locaux professionnels où il organisait son travail (« mon bureau » disait-il en riant) jouxtaient son propre domicile, et il n’était pas rare qu’il reçoive, autour de sa table à manger, devant quelques verres, des personnes à consoler, des voisins inquiets ou souhaitant régler quelques différents. « Il faut parler » ! disait-il avec son accent qui s’entrechoquait avec celui des autres nationalités qu’il côtoyait ; « Si on garde tout dans la tête, à la fin c4est comme si ma cocotte minute n’avait pas de soupape ! Elle exploserait ! ». Ses visiteurs repartaient rassurés et l’esprit apaisé.
Pedro vivait seul. Il était souvent dérangé pour un oui ou pour un non, mais jamais il n’envoyait quelqu’un promener ou même lui montrer quelque signes d’agacement. Tout le monde le respectait tout en lui témoignant une grande affection. Les enfants l’adoraient, lui demandaient de regonfler leur ballon, réparer un jouet. Alors Pedro se faisait fort de leur montrer comment il fallait faire en même temps qu’il s’exécutait.
Grâce à Pedro, fédérateur humble mais efficace, les gens se mirent à discuter entre eux, à mutualiser leurs compétences : bricolage, cuisine, activités culturelles. Le « 5 à 11 » devint une communauté proche d’une utopie du XIXe siècle. « Pourquoi pas ? » était la devise qui apparaissait sur tous les réseaux sociaux qu’ils avaient créés. Personne ne songeait à déménager ; seuls les jeunes qui se mariaient, en général après s’être connu dans le cadre du « 5 à 11 », quittaient ce rêve à regrets.
Arrivé à un âge certain, Pedro ne fut plus en mesure physique d’assurer son honorable fonction. Il avait réalisé ce qu’il pensait n’être que son simple son devoir. Aussi, il décida d’arrêter, puis de partir à Panava do Castelo, finir ses jours sur la terre de ses ancêtres. Il laissa à Bachir et Fatoumata, ses fidèles et efficaces amis, la lourde tâche de perpétuer, avec le futur gardien, l’esprit du « 5 à 11 ».
Le jour de son départ, le temps s’arrêta dans le gigantesque immeuble. Une fête aussi démesurée que le bâtiment fut organisée par les résidants. Le quartier fut fermé, les routes déviées. On vit plus de quatre cents personnes dans les rues chantant, riant, buvant, dans une convivialité débordante. Les jeunes avaient composé quelques raps de circonstance, des cantines de fortune proposaient des plats où se mêlaient des saveurs planétaires, des hommes avaient confectionné banc et tables au milieu de discussions bruyantes et passionnées. Les vieux papotaient sans perdre une miette du spectacle qui se déroulait et se moquaient gentiment du bailleur de l’Office, en costume cravate, un peu dépassé par les évènements , tentant de prononcer son discours anachronique mais chaleureux.. Au dessus de la loge, une vaste fresque de dessins d’enfants entourait des mots multicolores :« Le 5 à 11 dit merci à Pedro ! ».
Pedro repense à toutes ces années. Par la fenêtre de sa petite maison qu’il a fini de restaurer, il regarde les champs d’oliviers, le ciel bleu, les oiseaux et les papillons. Le soleil a écrasé tout bruit sur la campagne. L’homme s’avance avec difficulté vers son fauteuil, se ressert un Vinho Verde et après avoir chaussé ses lunettes reprend sa recherche dans les journaux étalés sur la table basse : « Bon sang ! Il doit quand même bien y avoir un appartement à me louer parmi tous ces grands immeubles de la banlieue de Lisbonne ».
J’aime beaucoup
Retombera, comme
Un retour aux sources …
Dans sa marmite berceau.
Il sera poisson dans l’eau.
Il n’y a pas de mal à tirar uma onda, com um pé nas costas.
Pas si long. Non.
🙂
Kenavo…
J’aime beaucoup cette histoire de bonté naturelle, épicée d’une juste dose d’humilité. Ça me fait du bien à l’humanité.
Ah oui, il faut que tu te fasses un blog, tes écrits en valent vraiment la peine ! Bravo !
Bonjour à tous, voici ma participation de la semaine: https://floconsdebonheur.wordpress.com/2023/07/09/rendez-vous-au-septieme-ciel/
Bravo, Pierforest. Que c’est beau et vertigineux. L’idée est superbe et tu la réalises avec brio. Ta référence au tableau de Monet ajoute un côté terrien et daté ; c’est parfait (il y a aussi le vin blanc, mais on n’a pas le millésime…). J’aime décidément tes textes…
Dépaysant, au dessus des nuages,
J’aime…
« Un peu plus près des étoiles
Là où les rêves n’ont pas de frontière
Pour oublier l’apesanteur sur Terre
Un peu plus près des étoiles
Pour leur emprunter un peu de lumière
Revenir sur Terre, la tête pleine d’espoir… »
Soprano
Merci
🙂
Juste un petit correctif Lothar: au départ c’est une chanson du groupe Gold, reprise par Soprano
J’étais de passage pour voir si l’atelier avait repris de manière durable…ou pas.