Atelier d’écriture n° 443 : une photo quelques mots

par | 28 Jan 2024 | Atelier d’écriture | 65 commentaires

Super les textes sur la sculpture de Koons ! Je me réjouis à l’idée de vous lire de nouveau samedi prochain.

@AK

65 Commentaires

  1. OLLIER Nicole

    J’en ai eu assez du lisier, du fumier, des pneus, de la cohue, des girophares sur la voie rapide et des processions dans la métropole. J’ai eu besoin d’un peu de calme, de grand air, de me nettoyer les pneus crantés, de troquer le macadam pour un miroir d’eau qui reflétait les cieux, de me poser, d’attendre un voilier parti voguer sur la grande bleue pour le ramener à quai, sur la terre de Beauce aussi plate mais moins lisse. Nous faisons un équipage insolite, le bateau et moi, mais poétique. En attendant, cette sieste sous l’orbe du ciel, les doigts de pieds en éventail dans le sable, avec les nuages pour filtrer la brûlure de l’astre solaire, c’est un pur nirvana. Croyez-moi !

    • marinadedhistoires

      Trop drôle, on a eu exactement la même idée

    • Antigone

      Un vent de liberté pour ce tracteur. Bravo.

    • Kloud

      Un joli texte de circonstance pour une fin heureuse.

    • Manue

      Que d’aventures ! Il a bien eu raison de se reposer au bord de la mer, c’est le meilleur endroit !

    • Adele

      Un texte doux et apaisant, laissant entrevoir la beauté de la mer

    • Lothar

      Une belle retraite en douce réforme …

    • Lothar

      Une envie d’évasion, dans nos dire, ou plutôt sous nos plume, ici ; et là sous ta plume une envie aussi de rompre avec toutes les routines … c’est bien dit. J’aime.

      • Antigone

        Merci. Oui c’est exactement ça. Vive l’évasion !

    • Kloud

      Ton texte est comme à l’habitude fort bien écrit. Celui-là a un parfum de déception, d’amertume.

      • Antigone

        C’est vrai. J’écris souvent un peu triste, ça permet de poser des émotions. Merci pour ta lecture.

    • Manue

      Comme j’aime ton texte. Rester assise près de l’océan a ce pouvoir sur moi, se rappeler des choses heureuses, se rappeler aussi que le monde tourne trop vite, que les enfants s’en vont, que nos vies auraient pu être différentes.

      • Antigone

        Merci Manue ! Une porte ouverte à une certaine mélancolie, oui. 😉

  2. Lothar

    « Pause cigarette sur le goémon de la plage »

    Tu as pausé ! Tu as posé ! Tu as osé !
    À la pause, oui,
    Que la volute était bleue et la cigarette,
    Qui du filtre, qui du tabac, tuait la fumée ! …

    Oui, cela se passait autrefois, il y a fort longtemps.
    Avant la force tranquille du Tracteur
    Avant le Télétravail à la maison.
    Et toutes, vous aviez sué, tout le jour au soleil.
    On en parle encore de ces femmes
    Qui découpaient la mer, le sable, de leurs mains,
    Avec des faucilles de kelp mûr ;

    De ces esclaves qui avançaient,
    De ces mères courbées, abymées, saupoudrées,
    Mises dans de grandes plages de plats pays …

    Et puis, de cette fille qui suivait à l’arrière du tableau,
    À l’arrière de la toile, sur de grands à-plats à peine secs.

    Et tout le jour, sous la chaleur torride,
    Elle ramassait le moindre brin, le moindre noir fétu,
    Qui sous la faucille, qui sous le bâton,
    Que les hommes, eux,
    savent rouler à la faux et au rateau.

    Et les charrettes, au lointain, débordaient de goémon.
    Et les hommes, les chevaux,
    Se mouvaient dans la lenteur du sommeil.

    Et quand le mirage de chaleur se fut dissipé,
    Tu es sortie du tableau, décadrée,
    Dansant pieds nus sur les planches du musée,
    Pausant en liberté …

  3. Céline

    Bonjour.
    Je profite de mon insomnie pour vous partager mon texte inspiré des vacances normandes de mon enfance.
    Bonne lecture et bon week-end.

    Faire les valises et emmener nos vélos,
    Dormir dans des lits superposés,
    Faire la vaisselle à la main à tour de rôle,
    Se régaler de moules dès que possible,
    Se faire piquer nos gameboy par Maman,
    Faire des soirées jeux de société,
    Manger des crabes « zépattés »,
    Se baigner, même à la fraîche,
    Gonfler le bateau pneumatique,
    Entendre le voisin taper avec son balai contre le mur,
    Faire la chasse aux moustiques avec un torchon,
    Jouer aux cartes sur la plage,
    Prendre un grand bain,
    Acheter des écouteurs à 10F au marché,
    Construire des châteaux de sable,
    Aller au marché aux poissons de Trouville,
    Acheter nos fournitures sur la route du retour,
    Et ne pas s’étonner de voir un tracteur sur le sable…

    • marinadedhistoires

      Toutes une ambiance…J’ai pensé au film Diabolo menthe, pas pour l’époque mais pour l’atmosphère.

    • Antigone

      Un très chouette catalogue de vacances, qui donne envie d’être en été.

    • Lothar

      De bien beaux souvenirs ancrés jolis. Des images en rappel remontent. Aussi. J’ai bien aimé.

    • Kloud

      ça fait du bien de lire ce texte dans lequel on retrouve dans cette délicieuse énumération notre passé lointain. L’insouciance régnait sous le soleil. Merci et bravo.

    • Manue

      Ton texte donne envie de repartir en vacances en enfance !

    • Pierre F.

      Ça sent beaucoup le vécu, des souvenirs et du plaisir.

    • Adèle

      L’innocence et la simplicité des enfants, qui accueillent la vie comme elle vient, au 1er degré, avec légèreté.
      La belle enfance, la chance qu’elle ait été douce.

    • Lothar

      Une belle envie d’évasion, rêvée, et des changements pas à la remorque de l’actualité. Eux. J’ai aimé.

    • Kloud

      Excellent. J’adore cette personnalisation de la machine et sa fugue vécue comme une école buissonnière. Et bien écrit.Bravo.

    • Manue

      Une bien belle vie pour ce sympathique tracteur !

  4. Kloud

    Bonjour à tous. Mon texte :

    – Océane, ma petite fille, regarde avec Papy la beauté de la mer. Regarde cette immensité embrasée sous un ciel d’airain, et laisse aller librement tes pensées vers ces horizons où l’imagination t’emmène.
    – Dis Papy, t’as vu le tracteur rouge sur la plage ? Je l’ai pas dans ma collec de petites voitures… Tu m’en achètes un, comme çà ?
    « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! », disait Baudelaire. Quand tu seras grande, tu découvriras tous ces poètes que les océans ont inspirés. Tu admireras ces peintres, ces musiciens, aux œuvres sublimes imprégnées par la beauté des flots.
    – Et puis il a une jolie remorque en fer… j’y mettrai une poupée…
    Tu pleureras les marins perdus et les galions coulés. Et, enivrée par les embruns et envoûtée par les âmes perdues, tu partiras toi aussi à bord d’un vaisseau fragile, battu par les lames redoutables, pour traverser les mers à la recherche d’îles lointaines réelles ou imaginées. Tu reviendras forte, aguerrie, et amoureuse de la vie car consciente de sa fragilité. Alors, voulant témoigner de ses douleurs et de ses délices, tu t’assiéras le soir sur un rocher robuste pour offrir au monde entier tes plus beaux textes Bricabook….
    – C’est bon là Papy, j’ai un peu froid aux pieds… On y va ?

    • Antigone

      Deux salles deux ambiances . Les enfants sont comme ça et parfois les papys aussi.

    • Manue

      Quelle douceur dans ce texte qui illustre si bien la vie… J’aime vraiment beaucoup.

    • marinadedhistoires

      Quelle drôleries cette opposition entre 2 âges de la vie !

    • Pierre F.

      C’est amusant, ces échanges réalistes entre un Papy qui voit plein de rêves possible pour sa petite-fille, alors qu’elle est entièrement dans l’instant présent.

    • Adèle

      Il va falloir faire des efforts de communication, sinon dans quelques années la petite ne voudra plus aller chez son papy.
      « Papy, il est ch… »
      Ou au contraire, l’alchimie aura pris, et ils partageront leur goût de la poésie …
      Allez savoir.

    • Lothar

      Oui, à chacun son monde, mais en vrai, généralement, les deux finissent par converger. Chacun y mettant un peu d’amour.

    • Kloud

      C’est excellent. Tellement bien écrit et décrit. La plage après un bon repas est un bon tremplin pour les rêves. La marée montante est là pour nous en sortir.

    • Pierre F.

      Elle se prépare au déluge, comme elle l’a toujours fait quand elle sentait venir la catastrophe. Beau texte Manue.

    • Lothar

      La « première fois » tu voulais écrire. En Normandie. Jolie. Tout est hyper plannifié, ici, et c’est temps mieux. Par ces temps grave apocalyptiques qui courrent, et j’ai aimé te lire. Et tu sais remettre les pendules à l’heure, dirait : « L’apéritif n’avait peut-être pas été aussi léger que ça après tout »

    • Manue

      J’aime beaucoup ton texte. Certains tueurs restent des hommes avec des sentiments et très souvent une histoire, plus ou moins sordide qui explique leurs gestes.

    • Lothar

      Beau texte, j’aime bien. Quand prisonnier de ses pulsions … vogue la galère.

  5. Kloud

    J’aime beaucoup ce dialogue chez le psy. Et j’imagine que le psy a trouvé de multiples lignes de lecture dans les propos de ce patient inquiétant…

    • Pierre F.

      Oui, je pense que l’absence d’émotion est un phénomène assez fréquent chez les psychopathes, mais il n’inquiétera vraisemblablement plus personne, parce que cette prison est une de celle, aux Etats-Unis où on applique assez souvent la peine de mort.

  6. Adèle

    Les travailleurs de la mer.

    « Tu as vu, papa ? Un tracteur sous-marin ! Tu crois que le monsieur, il met un scaphandre pour aller labourer le fond des mers ? »
    « Non, mon chéri. Le monsieur, il a coulé, corps et âme, lui et son exploitation.
    Noyé grâce à l’Administration.
    Pillé par la Grande Distribution.
    Sombré à cause de la Mondialisation.
    Ce matin il s’en est allé, dans la mer froide, tout droit, et sans se retourner.

    • Manue

      Ouch c’est rude. Mais tellement vrai et terriblement brutal, violent. L’homme crée la pire des violences, vraiment…

    • Kloud

      Le texte est dur, bref et tranchant. Mais il résume bien, hélas, de trop nombreux cas.

    • Lothar

      Des points sur les î réalistes

    • marinadedhistoires

      Un texte dur mais très vrai et sans concessions.

  7. Terjit

    Il faut dire que Gérard n’a jamais été une flèche, mais comment en vouloir à un bonhomme englué entre vaches et cochons depuis qu’il a appris à marcher, isolé au fond de sa campagne avec un Carrefour comme seul et unique lieu de sociabilité.

    Il n’est pas malheureux pour autant le Gérard, c’est sa vie, certes monotone mais utile aux autres. Quelques copains, connaissances devrait-on plutôt dire, des agriculteurs du coin, venaient de temps en temps lui donner un coup de main et boire quelques canons.

    Les discussions tournaient autour de la dureté de la vie d’éleveur, les revenus si bas qu’on n’ose à peine y penser, les heures de travail qui se cumulent à l’infini. Dans ce petit groupe un nouveau est arrivé, un petit jeune jovial et parlant haut, ce qui n’a pas plu beaucoup à Gérard au début. Puis les canons s’enchainant il a fini par rire à ses blagues.

    Au fur et à mesure des rencontres des liens se sont tissés, surtout autour de discussions politiques. Gérard n’y comprenait pas grand-chose mais à force de persuasion il s’est laissé charmer par le syndicat représenté par le petit nouveau. Il a adhéré, en se laissant berner par un mélange de populisme « c’est la faute à l’Europe », et de nostalgie paysanne, du temps où ils étaient plus nombreux que les ouvriers.

    Un soir il s’est laissé convaincre d’aller à une rencontre avec le député du coin, un nouveau lui aussi, souriant, rassurant, et pour une fois pas en costard trois pièces, un néo-rural présentable en quelque sorte. Il disait des choses compliquées mais Gérard aimait bien qu’on lui propose des solutions toutes faites, et puis il avait un joli prénom qui faisait américain.

    La réunion était le lendemain de la nomination d’un nouveau premier ministre, un petit jeune lui aussi, mais tellement parisien qu’il ne pouvait pas passer pour un proche des agriculteurs, et en plus il était de la jaquette, comme on dit là-bas. A la fin d’un long discours de Jordan sur le déclin de la France et la nécessité de prendre son destin en main, y compris par la force si nécessaire. Dans un tonnerre d’applaudissements Jordan a laissé sa place à Sébastien, le nouveau venu jovial et parlant haut que Gérard avait appris à apprécier.

    Il criait plus qu’il ne parlait, incitait à la révolte. Dans le brouhaha Gérard attrapait quelques morceaux de phrases : « Il faut bloquer les péages », « On est tous sur le même bateau », Il faut faire blocus aux étrangers », « Chacun doit monter sur son tracteur et atteler sa remorque du renouveau, contre vents et marées ». La soirée terminée Gérard a sorti son vieux Massey Ferguson, a mis sa petite barque sur la remorque, et au petit matin s’est mis en route pour rejoindre les copains sur la plage.

    Ne voyant personne en arrivant il s’est dit que les autres n’allaient pas tarder, que c’était normal, même s’il trouvait un peu étrange de bloquer la plage, mais c’était cohérent avec l’histoire des bateaux, des marées et des étrangers. Comment aurait-il pu s’imaginer qu’on pouvait lutter contre tout ça en bloquant un péage ? Et puis il était persuadé d’avoir bien entendu.

    Au bout d’une heure il s’est dit que les autres allaient le retrouver en mer, qu’il était comme une sorte d’éclaireur. Il a mis à l’eau sa barque, a démarré le moteur, et est allé se placer juste à côté de l’éolienne qu’on voit très loin du bord, il n’aimait pas non plus ces grandes pales qui dénaturent son paysage. Puis les heures sont passées, la nuit est tombée et la houle s’est levée.
    On n’a jamais revu Gérard, et personne n’a compris ce que faisait là son tracteur. Comme c’est bête parfois de prendre un mot pour un autre…

    • Lothar

      Bien écrit et prenant. Ha la consigne que souvent on entend pas. Après, on se sent bien seul. Voire perdu.

    • Manue

      Incroyable histoire !

  8. Kloud

    Bravo, Terjit ! J’adore ton scénario. C’est très bien raconté. L’absurdité de la situation me ravit, d’autant qu’elle se glisse avec dérision dans l’actualité. Ton personnage lunaire est finalement terriblement attachant.

  9. Adèle

    Chacun pense être plus malin que son voisin, mais n’est-on pas tous des Gérard ?
    Au moins aux yeux des puissants, des dirigeants, des administrations ?
    Quel dommage que Gérard se laisse berner par d’autres sirènes !
    En tout cas l’histoire est bien menée de bout en bout.

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