Elle l’avait tant attendue.
Cela avait commencé par des regards. Plus ou moins appuyés. Nous étions au mois de mars, les partiels commenceraient bientôt, et Léna avait choisi de travailler à la bibliothèque universitaire.
Espace fait de bois et de verre, la grande baie vitrée permettait à l’esprit de vagabonder. Il régnait là un calme prompt à l’élévation spirituelle.
Du moins, c’est ce qu’elle croyait.
Tous les jours le même rituel, la même table, la même chaise. Assise là, près de la fenêtre, elle pouvait travailler jusqu’à midi, puis les puissants rayons du soleil la délogeraient.
La faim aussi.
Une semaine après le début de ses révisions, elle le vit, deux rangées plus loin. Comme dans les livres, leurs regards se croisèrent.
Léna sentit le rouge monter aux joues. Elle se traita d’imbécile : il faudrait qu’elle cesse de rosir dès qu’un regard se posait sur elle. Elle n’avait plus douze ans. Pourtant, elle ne put s’empêcher de noter le profil délicat du jeune homme.
Au fil du temps, des regards plus francs, des sourires entendus qui semblaient dire « avec ces partiels, nous sommes dans la même galère tous les deux ».
Et puis un jour il s’était approché d’elle. Il lui avait proposé un café.
A partir de là, l’existence de Léna fut plus compliquée. Les partiels approchaient et pourtant son esprit entier était tourné vers lui, cet homme qu’elle connaissait à peine. Elle avait beau se raisonner, ouvrir ses livres de langue russe, il prenait une place de plus en plus grande.
Bientôt elle rêva de lui.
Au mois d’avril, elle dut se faire violence. Continuer sa route, ne plus retourner dans ce lieu de toutes les tentations qu’était la bibliothèque ?
Elle ne put s’y résoudre.
Elle y retourna.
Le voir et lui parler permettaient encore d’assouvir cette soif inextinguible qu’elle avait de lui.
Et puis, un mercredi, après avoir déjeuné avec lui, au moment de se séparer, mû sans doute par l’urgence de l’absence prochaine, il se rapprocha enfin.
Alors qu’ils descendaient prendre le prochain métro pour retourner dans leurs pénates respectifs, il lui avait pris la main.
Elle l’avait tant attendue.
Des doigts qui se frôlent, se cherchent et tentent de se frayer un chemin. De se faire une place.
Une chaleur, des picotements, un air chargé d’électricité, le coeur de Léna s’accéléra. Des frissons lui parcoururent l’échine. Sa main se referma sur la sienne.
Aux mouvements descendants de leurs pas répondait en écho l’élévation de leur esprit.
Les partiels pouvaient commencer, Léna était désormais armée. Une cuirasse invincible la protégeait : l’innamoramento.
©Leiloona, le 8 avril 2011
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Et voici le texte de Brigitte :
… C’est beau l’amour ???
La main dans la main, les yeux dans les yeux, marcher du même pas, pied droit, pied gauche, bien ensemble. L’amour c’est marcher ensemble dans la même direction … hmmm ???
J’ai fait différentes expériences, mais aujourd’hui quand je regarde les amoureux qui se promènent dans les couloirs du métro, je ne peux pas m’empêcher de me demander jusqu’où ils iront. De mon temps on se mariait pour le meilleur et pour le pire, et ce « pour le pire » représentait vraiment quelque chose.
Aujourd’hui, au moindre pet de travers on divorce. Les jeunes de maintenant refusent le pire. La preuve, c’est qu’ils veulent se tester avant de se marier. Même ils se pacsent au lieu de se marier. Pour les impôts, pour avoir le beurre et l’argent du beurre ! De mon temps, on se mariait, et on restait marié, heureux ou pas. On faisait avec. J’ai vu des femmes mariées avec des ivrognes, des brutes épaisses… violents que c’est pas peu dire.
Les femmes de maintenant elles veulent leur indépendance. Pourquoi faire dites-moi un peu ? Pour pouvoir se barrer dès que ça ne va plus ! Et les enfants hein ? Dans un premier temps on n’en veut pas ! On veut sortir, s’amuser, « vivre » comme ils disent ! Et après, ça fait des enfants de vieux ! Avoir des enfants à 40 ans, ça rime à quoi, franchement ? Et bien de mon temps, vivre c’était élever des enfants, c’était pas courir les soirées étudiantes jusqu’à des 35 ans !!! C’était des vacances à la mer du nord en location, c’était pas des treck au Maroc, des randonnées en Capadoce ou des tours de Patagonie !!!
En prenant le l’âge on s’occupait de ses vieux parents, et on prenait les petits-enfants en vacances. A 50 ans la grand-mère faisait les repas de Pâques et de Noël, et les autres dimanches c’était chez les enfants ….
Les jeunes de maintenant ne savent plus vivre … ils ne savent plus ce que c’est que d’aimer, ils ne savent que baiser !
– SANDRIIIIIINE !!!!!!!!!!!!!
– Oui, Tatie Danielle, j’arrive ….
Et voici les liens vers les autres textes écrits à partir de la même photo :
Insatiable Charlotte : Toujours
Patacaisse : Prépa
Zelda : Mi-Oeufs que rien
32 Octobre : Charlie et Charly
Es-tu fan de Mylène Farmer ?
Une petite histoire fraîche, la photo suggère de belles promesses, cette semaine.
Je n’ai pas eu le temps d’écrire, un dimanche de Pâques n’est pas propice à la méditation !
Bonne semaine et bises de Lyon
Mais là je pensais plutôt au terme italien.
Sinon, oui, fraîche … en l’écrivant, j’ai repensé à tous ces auteurs à l’eau de rose (la sortie du dernier Musso peut-être ?, livre que je ne lirai pas) … Est-on obligé de tomber dans une certaine mièvrerie quand on parle d’amour ?
Pas totalement convaincue par mon texte, et en même temps comme écrire ce sentiment sans tomber dans certains clichés ?
C’était surtout ces deux mains que je souhaitais décrire, mais comment en parler sans évoquer ce qui précède ?
Et tu n’es pas la seule pour Pâques : peu de participants cette semaine. Le gigot les aurait-il plombés ?
Le « on faisait avec » n’existe plus, et sans tomber dans un extrême (quitter l’autre au moindre « pet de travers »), je trouve qu’on a aussi gagné au change. Pourquoi rester ensemble et se faire souffrir ? Avant, on pensait peut-être plus qu’on aurait une meilleure vie dans l’au-delà, mais maintenant, autant vivre réellement sa vie plutôt que de la subir, non ?
Bon, allez, je décortique le fond de ton texte-là …
Sur la forme, j’ai beaucoup aimé le ton réaliste de cette Tatie !
@ Brigitte : Sacrée Tatie Danielle !
http://patacaisse.wordpress.com/2012/04/09/une-photo-quelques-mots-prepa/
J’ai beaucoup aimé ton texte Leiloona. Très doux et tendre.
Brigitte, ton texte m’a fait sourire car j’étais partie sur la même voie mais je suis forcée à trouver quelque chose de positif
http://zeldaetloulou.wordpress.com/2012/04/09/mi-oeufs-que-rien/
La tête ailleurs, les oeufs cachés dans la jardin… je n’ai pas trouvé le démarrage. mais ce n’est que partie remise.
A bientôt.
BRAVO!
l’inspiration ne venait pas sur cette image
puis soudain
http://jetonslencre.blogspot.fr/2012/04/une-photo-quelques-mots-35-charlie-et.html
je pars lire vos textes
un plus léger que l’autre qu’en même
J’ai immédiatement pensé : une femme avec une femme.
à la lecture, méprise.