Je n’avais jamais réussi à me fixer. Après quelques mois de domestication, je partais sans me retourner, sans rien regretter.
Une fois, deux fois, trois fois …
Vous tous qui m’avez jugé d’un simple coup d’œil, qui m’avez broyé la main au moment du départ, n’avez-vous jamais émis l’idée que je souffrais moi aussi de ce déracinement ?
Mais l’envie était toujours plus forte. Elle s’imposait à moi du jour au lendemain. Alors je quittais tout.
Partir, partir, partir.
Je me reconstituais alors ailleurs. On m’appelait la bohémienne ; personne ne savait d’où je venais, ni qui j’étais. Juste la bohémienne.
Toujours changeante, jamais la même.
Je me fixais alors, je faisais à nouveau partie d’un paysage. Jamais le même, toujours changeant. J’aimais la nouveauté, mes yeux avaient l’impression de renaître. Le soleil n’avait pas la même chaleur, les fleurs la même odeur. De nouveaux bruits montaient jusqu’à moi. Le changement avait un goût de liberté, il me grisait.
Jusqu’à un certain point.
Puis je repartais, jamais satisfaite. Je laissais alors une place vide, bientôt reprise par une autre.
Je n’étais pas irremplaçable.
J’avais des envies d’ailleurs, des envies de sel et de sable fin. Sans jamais y goûter. Ma liberté avait un goût de trop peu, car j’étais et je suis une péniche condamnée à l’eau douce des fleuves.
Mais un jour, je sortirai de ces canaux et de ces soleils mouillés : je prendrai le large pour ne plus jamais m’arrêter.
Un port infini s’ouvrirait alors à moi : l’océan.
©Leiloona, le 3 juin 2012
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Le texte de Brigitte :
Souvenir professionnel
Eh zut … elle est où cette p… de péniche ! J’étais pourtant sûre qu’elle était sur ce quai, et en fait, ici il n’ay a rien du tout. Ils vont tous être arrivés, il est déjà presque l’heure ! Le patron aura commencé son speech, et je serai en retard, et tout le monde va me regarder, et j’ai horreur de me faire remarquer …
Pour reprendre depuis le début le récit de cette aventure, je dois vous poser le décor. Je travaillais pour une petite société, qui a été rachetée par une grosse. Notre PDG organise 2 fois par an une réunion professionnelle, au cours de laquelle il nous expose les chiffres et les objectifs de la boîte. L’été dernier, la réunion devait avoir lieu sur une péniche transformée en cabaret bar.
Moi, je n’habite pas loin, donc je connais = !§ Forcément, moi je connais tout, n’est-ce pas ?
Donc le rendez-vous étant à 19 heures, comme j’ai ¼ d’heure de route, je pars de chez moi, avec un peu de marge, à moins vingt, ça devrait suffire amplement, n’est-ce pas ?
Mais premier problème, bouchon sur le périph ! MEGA bouchon sur le périph ! Je m’énerve, je rage, je rouspète (et je suis polie), et je sors une bretelle avant pour trouver un autre itinéraire. Je n’ai pas mon GPS, je n’ai même pas l’adresse !!! Pratique hein ?
Je pars vers le canal, sens interdit, je pars à droite, non, ça ne doit pas être par-là, retour à gauche … ZUT ! me voilà sortie de la ville ! Demi-tour … en avant Un passant, je demande, il ne sait pas … je continue, un passage à niveau ! AH mon Dieu ! C’est là que je suis ? Je m’arrête je téléphone à un collègue, messagerie ; bien entendu, la réunion est sans doute déjà commencée … ARGH !
Bon, on se calme, j’ouvre ma boîte à gants, et Ô surprise, en fait le GPS était là ! Vite je le branche, allez … vite connecte-toi … ah ça y est ! QUOI ? 6 km ? Bon, ben on y va.
Réunion prévue à 19 heures, il est 19 h 40 quand j’arrive enfin sur le parking, et quoi ? il faut en plus payer le parking ???
La bonne novelle c’est que la péniche est quasiment dans le noir, et personne ne me voit entrer par le fond de la salle ; personne sauf, le PDG qui est sur l’estrade ! Mais c’est pas grave, apparemment, il m’aime bien, tant mieux.
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Et voici vos liens :
– Lilou : Carnet rose
– Zelda : La mécanique du cœur
– Mathylde
– L’Insatiable : La péniche
– 32 Octobre : Péniche
– Cardamone : Coule la Seine
Hello Leiloona,
Bien sûr que je te suis ici !
Je repasserai lire plus tard…
J’ai manqué la photo de la semaine, dommage, j’aime cette ambiance ! A Lyon, il y a beaucoup de péniches-habitations accostées sur la Sâone et le Rhône. J’aimerais bien habiter sur l’eau !
Bonne semaine et bises lyonnaises
Ah mais tu peux écrire un texte, j’ajouterai ton lien sous les autres. 😉 Bon, c’est vrai que le texte est davantage lu quand il est publié le même jour que les autres …
A très vite, alors ! 😀
Bonjour Leiloona, joli texte pour un changement que je rêverais de faire. Bonne journée.
Ah oui ?
Je crois qu’à un moment de notre vie, on a tous envie de le faire … 😉
Belle soirée ! 😀
Très bel atelier! J’espère ne pas arriver trop tard pour participer:
http://bergamotteetcardamone.over-blog.com/article-une-photo-quelques-mots-coule-la-seine-106228801.html
Ce n’est jamais trop tard ! Bienvenue par ici ! 😀 Je file ajouter le lien et le lire aussi ! 😀
Pas de participation cette semaine mais j’ai lu toutes les participations et reste admirative sur vos inspirations si diverses et si riches. Beau texte et surtout beau personne, Leiloona. J’avais en tête un voyageur immobile, il est resté à quai, hélas… Il n’est pas dit que je trouve finalement le fil de mon récit, à retardement.
Oui, peut-être que le fil de l’eau arrivera jusqu’à toi. Mais l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous …
Des envies d’ailleurs et d’océan…. Comme je les partages…
Bonne semaine Leiloona
On met forcément un peu de soi à chaque fois …
Joli texte ! Cette photo m’a trotté dans la tête mais je n’ai pas eu deux minutes à moi pour écrire. Peut-être ce soir… Avant minuit 😉
Hé hé ! Mais tu as aussi demain et après-demain si tu veux ! 😀
Ce qui compte avant tout ? Le plaisir ! Alors, si l’inspiration n’est pas au-rendez-vous, il ne faut pas la brusquer, c’est fragile ces choses-là. 😉
J’aime beaucoup, le mouvement du texte, le thème, la musique des phrases; la fin est particulièrement jolie.
Merci beaucoup. ♥
Joli texte, assez poétique !
Merci Mathylde ! je file lire vos textes, je n’ai pas eu le temps ce matin.
sympa d’avoir fait causer la demoiselle péniche, j’ai calé sur cette photo…
Cela arrive, miss … Je n’ai pas encore choisi la photo de demain … J’espère qu’elle t’inspirera davantage ! 😀
Jolie nom pour cette péniche
encore une belle brochette de textes
Joli nom ?
@ Brigitte, on accompagne l’héroïne de ce texte mené rondement
Brigitte : On dirait moi … Tu voulais chroniquer ma vie ? 😆