Ne plus y penser
Se plonger dans ce roman si peu passionnant
Donner le change
Être le roi de l’illusion
Faire croire
Que rien ne le touche
Qu’il est au-dessus de tout cela
Mais souffrir
Ne pas pouvoir
Faire taire ce martèlement
Cette obsession
Vouloir retrouver alors
Cette légèreté qu’il aimait tant
Cette carapace qui lui permettait
De jouer
Les filles de l’air
En vain
Se laisser alors
Aller
Vers un pays inconnu
Elle l’avait apprivoisé
Mais lui laisserait sa liberté.
©Leiloona, le 29 octobre
Crédits Photo © Romaric Cazaux
—————————————————————————————-
Le texte de Morgane :
SEULE
Clic !
Voilà ! L’image que mon regard a choisi est figée pour l’éternité grâce à mon modeste talent de photographe.
Aucune des personnes face à moi n’a remarqué que j’ai sorti mon appareil et que je viens de prendre une photo. Aucun n’a entendu le bruit si caractéristique du déclencheur.
Chacun est dans sa bulle.
Aucun regard échangé ; Nulle conversation entamée ; Encore moins de sourire partagé.
La solitude de nos vies citadines me frappe de plein fouet une nouvelle fois ce soir.
On préfère faire semblant d’avoir quelque chose d’intéressant à regarder par la fenêtre plutôt que d’avoir à croiser le regard de ses compagnons de route.
Fixer son attention sur un roman permet de s’ancrer encore plus profondément dans son propre univers et d’oublier complètement son environnement et ceux qui le compose.
Pourquoi s’ignorer ? Pourquoi se cacher ? Pourquoi ne pas communiquer ?
Bientôt mon arrêt. Je vais sortir et quitter ce silence assourdissant puis marcher jusqu’à la porte de mon immeuble. Je vais croiser une multitude de piétons et aucun regard, aucun sourire, aucun son ne sortira de ma bouche ou de la leur.
Pourtant, Maman m’a apprit toute petite à dire bonjour à chaque personne que je croisais. La consigne était redonnée à chaque fois que je devais aller au bourg chercher le pain : « c’est toi la plus jeune donc c’est toi qui doit dire bonjour ! »
Même maintenant, quand nous allons nous promener ensemble histoire de « dégourdir sa vieillerie » dans le « chemin des vaches » (petit sentier baptisé comme cela car il longe l’exploitation laitière des Kervran), nous saluons ou nous sommes salués par ceux que nous croisons.
Il y a toujours un :
– « Comment allez-vous ? »
– « Votre fille est venue vous rendre visite ce week-end ? »
– « Il fait un peu plus frais aujourd’hui.»
– « On vous verra au fest-noz samedi ? »
La vie est bien différente dans un petit bourg Breton de 300 âmes.
J’enfonce mes clés dans la serrure.
J’ai un nœud au ventre et mes yeux sont humides d’avoir évoqué mentalement ces jolis moments passés avec Maman.
Personne ne m’attend : Mon studio est désespérément vide et silencieux.
Pas même un petit chat qui se frotte à vos mollets quand vous rentrez comme me l’a conseillé ma mère : « Pourquoi tu prends pas un ronron comme cui-ci ? » Ronron : Ce chat roux qui accompagne son quotidien prénommé comme cela car « Dame ! Il ronronne tout le temps ! »
Décidément, maman accapare mes pensées. Elle me manque. Terriblement.
Alors pourquoi ne pas aller la retrouver ? Ce serait avouer que je me suis plantée … Mon rêve de carrière de photographe est limité à ces photos prises lorsque j’ai un peu de temps libre. Je suis surtout devenue une spécialiste de l’hamburger et mes vêtements sentent en permanence l’huile de friture usagée … C’est que j’ai un loyer à payer !
Je vais maintenant me préparer à diner : un repas simple servi sur un plateau permettant de manger devant la télé, seule animation de la soirée.
Puis j’irai me coucher, dans ce grand lit froid, comme disait Claude François, seule …
Désespérément seule …
Et voici vos liens :
Zelda : Parenthèse
Stéphanie : Flagrant délire
Kmill : Au Revoir
V.beLecteur : Dans la navette
Yosha : Cet homme-là
Cécile MdL : Encore une dernière fois
Cardamone : Evasion
Jean-Charles : La Muse Hic et moi
Belles lectures à tous ! ♪♫
Désolée pour le contretemps, l’article était resté dans les brouillons ! 😳
@ Leiloona : c’est vrai qu’il n’a pas l’air facile à apprivoiser…
@ Morgane : c’est très juste ce sentiment de solitude au milieu de la foule.
J’aime vraiment beaucoup tous les textes écrits cette semaine !
En même temps, cela fait aussi son charme, non ? 😛
Oui tout à fait, ce côté ours ne m’a pas laissée indifférente 😉
@ Leiloona : assez triste comme texte, comme si elle l’avait trop retenu…
@ Morgane : très vrai ton texte… on a beau dire qu’il y a plein de vie en ville, les gens sont finalement assez seuls. En tout cas ça me ressemble !
Ah oui ? Je trouve qu’au contraire elle lui laisse « toute » sa liberté. C’est lui plutôt qui oscille entre la perte d’une certaine liberté et le désir de s’attacher à l’autre … 😉
En ce moment, tu fais dans l’incisif et le poétique, Leil ! Joli… Bises
Merci Philisine … J’ai eu vraiment du mal avec cette photo … Rien ne sortait, j’ai dû jeter trois ou quatre brouillons …
@ Morgane : Oui, malgré le tourbillon de la vie, en ville on peut aussi se sentir plus seul qu’à la campagne …
Bon, je lui dirais aussi qu’elle peut s’intégrer à des ateliers de photo, y en a plein en ville et en plus on peut rencontrer des gens sympas ! 😛
*Leiloona, entremetteuse*
Raaah!!! J’aime ton texte mais j’aurais quand même envie de le secouer ce personnage, de lui crier: Mais lâche-toi donc! Sois toi-même 5 mn!!
😆
En même temps, il a l’air de savoir ce qu’il veut … Ou bien il est sur la voie de …
@Lucie
J’ai beaucoup aimé cette idée qu’un roman puisse (peut-être) rapprocher deux êtres séparés …
@Vblecteur
Je me suis retrouvée dans une navette d’aéroport et ça m’a donné envie d’avoir un sac sur le dos et de prendre à mon tour un avion. Destination ? Un pays lointain à la découverte d’une autre culture (rdv en terre inconnue).
@ Leiloona : moi j’aime bien ce côté ours !
Et puis tu l’as rendu presque agréable. 😀
@Morgane : la solitude n’est pas facile à vivre et ça ne va pas s’arranger avec toutes ces technologies. Joli texte en tout cas.
😆
Tu veux dire que je sais adoucir le plus impitoyable des ours ? 😛
Leiloona, il n’a pas l’air très heureux de cette liberté…
Joli billet en poésie qui rend bien l’astmosphère de cette photo.
Bisous d’O.
Peut-être est-il arrivé à un croisement dans sa vie ?
On peut se détourner un jour de certains plaisirs que nous aimions par-dessus tout, et « tomber » sur d’autres qui nous emportent encore plus loin. 😉