Terminer ce week-end en allant voir la mer. Prendre ce pont qui enjambe cette vaste étendue. Penser qu’il nous conduira vers cet Eldorado qu’on s’est promis.
Y croire, même si c’est une utopie.
Plonger nos yeux dans cet horizon prometteur, voir clignoter au loin quelques lumières, imaginer que ces bateaux viennent nous emporter, petites barques illusoires et trompeuses. Les voir partir finalement au loin. Rester seuls. Me serrer contre ton bras.
Te regarder, alors.
Y croire à ce moment-là.
Même si c’est une utopie.
Aucune promesse faite, aucune question posée. Ne vivre que l’instant présent sans penser à demain.
Demain, il sera alors temps de souffrir, de se poser mille et une questions. De se raconter des histoires.
Pour le moment, ne voir que ce rougeoyant se fondre dans l’horizon.
Et vouloir disparaître avec lui.
©Leiloona, le 25 novembre 2012
Crédits photo © Romaric Cazaux
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Cliché.
Évidemment, cela paraît complètement cliché… et pourtant, dès le début, on a su que c’est là que ca se passerait.
Lorsque c’est arrivé, cela a été comme une évidence. Sébastien a insisté, il a dû user d’arguments nombreux, pour me convaincre. Depuis toujours, j’ai pensé que cela était vu et revu, le voyage au bord de mer, dans la vieille voiture usée par les années… Les longues discussions qui ne manquent pas de s’engager, les sujets graves ou légers qui sont soulevés par la proximité dans la voiture…
Et puis après des heures de route, c’est la mer, enfin. La mer tant attendue, la mer espérée, comme une lumière au bout du tunnel… Le ponton désert, au coucher du soleil…
Tout ca fleure bon le mauvais scenario d’un mauvais téléfilm… Mais je savais au fond que c’est ainsi que cela devait se jouer!
Et voila, ce soir, j’y suis! Et tout y est… le long voyage de plusieurs heures en voiture, qui fut l’occasion de discussions intenses avec Sébastien, puis l’arrivée dans cette grande ville portuaire, choisie pour son calme et ses paysages, le ponton désert, et le coucher de soleil… qui se paie même le luxe d’être beau ce soir, comme s’il s’était paré de ses plus belles couleurs juste pour nous.
Alors, j’ai accepté le cliché, accepté l’inacceptable! Pourtant, rien ne nous y obligeait. Nous aurions pu faire cela dans notre village, dans un endroit qui nous soit beaucoup plus personnel, plus proche de nous. Un endroit qui ait une valeur plus sentimentale pour nous, un endroit qui nous raconte, qui parle de nous, rempli de nos souvenirs!
Mais il n’est plus temps d’y penser, de changer d’avis. Nous sommes là Sébastien et moi! Alors nous avançons fébrilement sur le ponton, en direction de ce soleil couchant qui irise le ciel de ses splendeurs. Nos mains tremblent un peu, nos cœurs s’emballent, et un silence teinté d’émotion s’installe entre nous. Les larmes mouillent mes yeux. Sébastien me regarde, m’enlace, m’embrasse pour me donner le courage qui, nous le sentons tous les deux, commence à fuir, pour chasser les questions qui reviennent, les doutes qui se réveillent…
Alors, j’ouvre l’urne, et main dans la main, nous regardons le vent emporter les cendres de papa vers l’immensité de l’océan…
Le texte de Morgane :
Dimanche 25 Novembre – 15H20 –
Emmitouflée pour supporter le vent automnal, me voilà encore une fois à Roscoff pour « notre balade en amoureux » comme aime répéter Antoine chaque dimanche que dieu fait.
Antoine n’a pas froid lui, l’habitude sans doute. Il se moque toujours de moi qui frissonne au moindre courant d’air, de ma veste polaire qui traine en permanence sur la plage arrière de ma voiture. Le vent fouette et fait rougir mes joues. Je grelotte ; Je rêve de siroter un chocolat chaud derrière les baies du « café de la capitainerie » face au Port. J’écoute Antoine qui souriant, me raconte, non sans enthousiasme, la première fois où il est sorti en mer sur le bateau de son père. Toujours aussi fier mon toinou d’être devenu marin pêcheur comme son cher papa, d’avoir repris le flambeau comme il dit.
Notre fils Loïck n’a pas suivi le chemin de son père. Il aime la mer mais de loin. Il aime s’y baigner lors des chaudes journées d’été : il ne faut pas les louper par ici. En Bretagne, on dit que l’été, il fait beau plusieurs fois par jour … Il aime surtout la peindre la mer : « un sacré coup de pinceau » comme dit fièrement son père. Tout petit déjà, il passait des heures à dessiner ; nous passions notre temps à lui racheter des crayons et des cahiers. Combien de maitresses se sont plaintes des dessins réalisés dans la marge des cahiers de leçons … Au collège, par contre, son professeur d’arts plastiques, Monsieur CLOAREC, nous a parler de « talent », nous demandant de surtout l’encourager dans cette voie. Je pense que c’est ce que nous avons fait puisque le voici à l’ESBANM cette année : L’école des beaux arts de Nantes. Les modalités d’entrée dans cette école ne sont pourtant pas évidentes mais pour Loïck ça s’est passé le plus simplement du monde.
Notre fils unique a donc quitté la maison pour tracer le chemin de sa vie d’adulte. Son départ du cocon familial n’a pas été chose facile …
Pas pour lui ! Non ! Notre doux rêveur … Il se sent bien là où il se trouve : une sorte de caméléon de l’humeur.
Pas pour son père non plus : Antoine est accaparé par sa pêche et son temps libre est consacré à l’entretien de son jardin et à ses copains de toujours.
Pas évident pour le couple par contre cette séparation : Se retrouver à deux alors qu’on a été trois durant plus de 17 ans …
Très difficile pour moi, la mère poule, de laisser son petit quitter le nid à peine le bac en poche. Certes Nantes n’est pas le bout du monde mais cette grande ville reste une énigme voir un danger pour moi, qui n’a jamais quitté son Finistère. Loïck revient une fois par mois environ ; c’est toujours moi qui lui téléphone et je sens bien parfois que je dérange … Une petite amie ? C’est qu’il n’est pas bavard mon artiste.
Il va pourtant bien falloir que j’arrive à me rentrer dans le crâne qu’ainsi va la vie : on fait un enfant pour avoir la joie de le voir prendre son envol …
Antoine est toujours en plein monologue … Il me raconte cette fois ce week-end camping sur l’ile de Batz en compagnie de Pierre et de François, ses fidèles compagnons, se remémorant en riant ce fameux moment où Pierre s’était fait croquer l’arrière train par un chien mécontent. Il se répète mon toinou…
Il n’a pas remarqué mes yeux embués … De toute façon, s’il tourne le regard vers moi et qu’il m’interroge, je lui dirais que c’est le vent.
Trois très beaux textes sur ta page ce matin, chacun avec son ton, ta sensibilité et une belle écriture qui prend !
Merci George, et n’hésite pas à écrire de nouveau la semaine prochaine si la nouvelle photo t’inspire ! 😀
@ Leiloona : Céline Dion le retour (pour le titre !). Bises ma belle
😆
Zut, j’avais en tête Goldman, moi ! 😀
Ton texte leil, il me parle…
Merci, Lucie, pour ton commentaire. Tout est dit en quelques mots. 😉
@Leiloona
Très beau texte dans ce désir d’y croire avec la tristesse en-dessous de sentir que c’est une illusion. Prenant et très émouvant. Bravo!
Merci ! 😀
Ma vision des choses du moment, dira-t-on, sans pour autant parler d’autobio … Juste une effusion, une façon de voir la vie. 😉
« Ne vivre que l’instant présent » voilà une belle utopie.
Triste et beau 🙂
Ce serait tellement plus simple, n’est-ce pas ?
Bon, cela dit, j’essaie de l’appliquer, ou du moins d’essayer. Vivre les belles choses quand elles se présentent, les savourer et ne pas trop se pencher sur la suite des évènements.
@ Leiloona : j’aime beaucoup ton texte, très implicite, j’y vois un couple qui bat de l’aile mais ce n’est peut-être pas du tout ce que tu avais en tête !
@ Ludovic : très beau texte, fort et émouvant
@ Morgane : j’aime beaucoup aussi, je trouve ça très juste l’émotion de cette mère qui laisse son fils prendre son envol, ça me fait penser à cette phrase de Khalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les enfants de la vie » Mais on a beau le savoir et s’y préparer c’est pas si facile…
Ah, j’aime bien savoir ce que perçoivent les lecteurs sur ce texte. je n’avais pas du tout pensé à un couple qui bat de l’aile, mais plutôt à des « illégitimes » ! 😀
Ah oui en effet en le relisant ça me paraît évident !
De superbes textes qui ont chacun une dimension particulière. J’ai beaucoup apprécié le texte de Ludovic
Merci pour Ludovic qui écrit ici pour la première fois ! 😀
@ Morgane : Belle histoire tellement vraie qu’on la penserait bien autobiographique.
@Ludovic : beaucoup d’émotions dans ce texte.
Beaux textes mélancoliques …
Ludovic : très émouvant ce moment de partage dramatique entre un frère et une sœur. Merci. Tu es mon coup de cœur de la semaine !
Oui, la lumière a dû nous inspirer des instants nostalgiques. 😀
@ ludovic, on est deux avec nos cendres, je remets mon lien car leiloona l’a omis:
http://crealisezmoi.blog4ever.com/blog/lire-article-717325-9647053-sois_heureux_mon_fils.html
je vais découvrir lire ceux que je n’ai pas encore lu…
Oui, Stéphanie, je n’étais pas dispo la journée de lundi, donc j’ai ajouté ton texte, et quel texte … après. 😉
Leïloona: Un texte plein d’optimisme inquiet ou d’inquiétude optimiste, comme on veut… J’ai bien aimé cette petite musique qu’il nous envoie, le style aussi (verbes à l’infinitif, répétitions) qui justement donne le ton.
Ludovic: Dès le début on sait que le choix de l’endroit est important, qu’il va s’y passer quelque chose de grave et fort. La fin du texte le confirme. Très belle histoire.
Morgane: Beau dialogue intérieur sur fond d’océan. Je le trouve très juste, aussi.
Oui, le principe de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ! 😉
Et pour les infinitifs, oui, pour moi leur brièveté due à l’absence de pronom sujet les rend plus imminents, plus forts. 😉
Une certaine urgence en somme.
j’ai adoré lire ces textes , merci aux auteurs!
j’ai adoré lire ces textes , merci aux auteurs!
Merci.
Drôle de pseudo … 😮
@tous, merci. C’était ma 1ère participation (mais pas la dernière!) j’ai aussi aimé vos textes, des histoires fortes, des sentiments et des états émotionnels forts. Est ce la mer qui provoque cela?
En tous cas c’est un plaisir de vous rejoindre ici!
Merci a leïloona.
Merci à toi Ludovic de ta participation !
Ton texte m’a remuée, comme celui de Jean-Charles et de Stéphanie … Comme je le disais sur le blog de cette dernière, il va falloir que je me blinde si je ne veux pas ressembler après la lecture de vos textes à un panda …
Vos 3 textes m’ont bouleversée, mais n’est-ce pas le propre de l’écriture ? Bouleverser les autres ?
@ Morgane : Nos personnages sont souvent très discrets sur leurs sentiments personnels. Comme si leur carapace était une protection … Hum, vraiment ? Ne passent-ils pas à côté de sentiments plus forts, plus beaux ?
Coucou, j’ai mis le temps, mais finalement, le voilà mon texte : http://juliemallauran.wordpress.com/2012/12/11/promesse-de-ciels-pastels/
Un peu de temps pour l’écrire, et malheureusement pas assez pour vous lire…
Bises, joyeux Noël