Ils s’étaient retournés comme un seul homme vers cette lumière incongrue …

Harassés par cette semaine à courir derrière les cadeaux idéaux, les bras endoloris par le poids des paquets, ces hommes avaient joué aux petits lutins du père Noël … Après le travail ils s’étaient traînés dans les magasins, et cette quête de terminait devant le portable avant d’aller se coucher : tous avaient en tête de trouver LE cadeau qui ferait redevenir l’autre, pendant quelques minutes, l’enfant qu’il avait été. L’étincelle dans les yeux n’a pas de prix. A 3 ans comme à 78 …

Au final, ils en oubliaient presque la magie de Noël : dans les magasins on se bouscule, on se marche dessus, on prend le dernier objet sur le présentoir sans se préoccuper de cette autre main tendue qui le souhaitait aussi. A moi, à moi, à moi. Où était passé Noël dans tout ça ?

Dès le mois d’août, l’association, tenue par Pierre, avait émis cette idée folle de rassembler les gens autour d’un lieu symbolique. Pierre voulait arrêter cette folle course pendant trois minutes. Le temps d’une chanson. Cela n’allait certes pas changer la face du monde, mais au moins il se devait de marquer le coup. Et puis qui sait, son association obtiendrait-elle de nouveaux dons ?

Il s’était alors renseigné sur ces nouvelles pratiques qui font parler d’elles. Un flash mob ? Bien trop classique. Non, il voulait épater les badauds. Les sceptiques aussi, ceux qui n’y croyaient pas.

Alors il avait eu cette idée-là.

Puisqu’on nous avait rabattu les oreilles avec la fin du monde, Pierre allait faire croire que la fin du monde était arrivée. L’Apocalypse sur Terre.

Il avait alors relu St Jean …

Le résultat était là, devant ses yeux : des centaines de personnes captivées par ce spectacle apocalyptique. Il avait réussi son défi.

Il lisait même dans les yeux de certains une volonté de croire à ce pouvoir divin.

Après tout, à Noël, même les adultes aiment croire que la magie existe toujours … A moins que ce ne soit à nous de savoir la voir dans ces petits riens quotidiens …

© Leiloona, le 24 décembre 2012

Crédits Photo © Romaric Cazaux

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 Le texte de Morgane : 

LUMIERES

 

Il est un peu plus de 23H et je supporte bien mon gilet maintenant ; j’ai bien fait de l’apporter. Mi juillet, une fois le soleil couché, la fraîcheur nocturne s’installe rapidement. Ce n’est pas une légende que l’ouest n’est pas réputé pour sa chaleur estivale …

Le spectacle est superbe ! C’est la première fois que j’admire ce qu’on appelle des lumières archipicturales : C’est incroyable ! On ne distingue plus le bâtiment qui sert de toile de fond au spectacle : Le voici transformé en gargouilles menaçantes, en Notre Dame de Paris, en chutes du Niagara, en fleurs multicolores … Les couleurs sont flamboyantes. Toute la ville de Nantes s’est parée d’habits de lumière. L’ambiance est à la fête. Les gens vont et viennent, s’arrêtent, admirent, commentent. Le feu d’artifice ne devrait pas tarder.

Je suis heureuse. La main chaude qui serre la mienne me réconforte. Quel soulagement qu’il soit enfin près de moi. Son retour s’est passé de la même manière que son départ précipité : Sans un mot. Sans une explication. A-t-il des regrets ? Sans doute. A-t-il honte ? Surement.

Le temps de ma colère et de l’incompréhension est passé. La page est tournée. Après tout, n’a-t-il pas accepté ce chargement douteux dans son camion pour améliorer notre quotidien ? Pour « mettre du beurre dans les épinards » comme le répète ma mère … C’est le regard de l’entourage qui a été difficile. C’est dans ces moments là que l’on reconnait ses vrais amis. Avoir un père en prison ne rend pas très populaire au lycée … J’ai malgré tout été bien entourée et les mauvaises langues  ont trouvé d’autres proies pour baver.  4 ans de parloirs ont passé. 4 ans pendant lesquels Maman a fait bouillir seule la marmite. Papa est sorti depuis une semaine maintenant. Nous sommes de nouveau une famille depuis 7 jours.

Les français fêtent le 14 juillet. Moi, je fête un tout autre évènement en compagnie de mes parents. Sans que le mot retrouvailles n’ait été prononcé, je sais qu’eux aussi ont ce sentiment de joie de nous voir à nouveau réunis. Il n’y a qu’à regarder les yeux de maman qui pétillent : Dans son regard heureux reflètent les lumières  magiques de ce soir.

Mon père ne lâche plus ma main et la sert plus fort par moment ; comme pour me faire sentir qu’il ne me lâchera plus, qu’il est bien prêt de moi. Il détache son regard du spectacle et tourne la tête vers moi ; Il me souri et me demande comme lorsque j’étais petite : « On se la mange cette barbe à papa ? »

 

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 Vos liens : 

Yosha : L’attente

Jean-Charles

K Mill : Rencontres

Stéphanie : La petite roumaine sans allumette