Trente-sept ans (atelier d’écriture, 110è)

par | 20 Jan 2014 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture, Une photo, quelques mots | 20 commentaires

rue

© Kot

Trente-sept ans
A souffler
Comme un damné
A ses côtés
A l’entendre gémir
Hurler et menacer
Pas une minute tranquille
Pour me reposer

Je ne suis
Qu’un pauvre chien
Je subis
Et je suis
La cadence
Ininterrompue
De son caquetage
A l’eau de Vichy

Le temps a passé
Et je suis resté
Dans son ombre
A me délaver
Et oublier
Ma personnalité

Il aurait fallu
Que je croise
Un regard bienveillant
Pour m’extirper
De ses mantilles velues
Mais seul qui aurais-je été ?

Aussi ai-je préféré
Sentir
A jamais
Son haleine fétide
Me laminer

© Leiloona, le 19 janvier 2014

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 Le texte de Lorette : 

Il est pressé, le type ! Et cette jeune femme qui traîne la patte devant lui, ça l’agace.

 Non qu’il soit en retard, il ne l’est jamais. Mais il a un rendez-vous important. Avec un producteur. Peut-être qu’enfin, après toutes ces années, son film sortira en salle. Peut-être qu’on lui trouvera même du talent, du génie, pourquoi pas ? Il ne faut jamais perdre espoir. Il a toujours cru en lui malgré les déceptions, les déconvenues et les refus. Si son heure de gloire était là, à quelques pas… Mais pour ça, il faudrait d’abord qu’il arrive à l’heure à son rendez-vous et ce n’est pas derrière cette flâneuse qu’il attrapera son métro.

 Bientôt la station… Mais que fait-elle ? Elle ferait mieux de s’arrêter à cette terrasse. Elle pourrait tranquillement s’installer et lui laisser la voie libre vers la gloire. Elle pourrait y prendre un café… Ou un verre de vin. Avec l’homme qui la croise à cet instant, par exemple. Il lui adresse un regard appuyé. La connait-il ? Va-t-il l’interpeller ? Est-ce pour ça qu’elle baisse la tête ? Est-elle gênée ?

 Il ne sait même pas si elle est jolie puisqu’il ne voit que son dos. Elle a l’air d’être un peu masculine à en croire son veston d’homme, sa coupe courte, son béret et son sac en bandoulière. Mais que regarde-t-elle en baissant la tête ? C’est une montre à gousset qu’il aperçoit autour de son cou ? Quelle drôle d’idée ! Si au moins, elle la regardait vraiment, elle y verrait peut-être qu’elle est en retard et qu’elle ferait mieux de presser le pas ! Parce qu’il est pressé, le type.

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 Le texte de Jacou : 

 

Une simple rencontre

  Une seule fois je t’ai vue

C’était avant

Tu allais courant vers cet amant

Qui t’ouvrait les bras

Heureuse ton visage lui souriait

La pluie tombait sans cesse

Vous vous aimiez

Vous étiez tendresse

Et urgence de vivre

Il te chérissait qu’est-il devenu

Disparu à jamais dans la tourmente

De cette connerie la guerre

A ton cou  une montre

Est-ce son portrait rire à jamais figé

De cet enfer nous sommes sortis

Avez-vous pu guérir

Te sourit-il encore  toi son amante

C’est un jour ordinaire

Sans la pluie ni la guerre

Une simple  rencontre

Et même s’il ne pleut pas

Toujours, je me souviendrai de toi

Barbara.

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 Et voici vos liens : 

Stephie

Jean-Charles : Une incroyable fin

Sara

Saxaoul : Décider de son avenir

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20 Commentaires

  1. Jean-Charles

    @Leiloona : Eh oui quand on n’a pas le courage de prendre sa vie en mains !
    @Jacou : Un remake de Barbara, pourquoi pas !
    @Lorette : Le dernier métro vers une gloire hypothétique.

    Dans l’ensemble la nana se fait allumer. :0

    Voici mon lien : http://hisvelles.wordpress.com/2014/01/20/4028/

    • jacou33

      Tout de suite, j’ai pensé à Barbara, la chanteuse; puis m’est revenu le texte de Prévert; et j’ai vu Prévert dans l’homme. d’où ce poème…

      • Jean-Charles

        Ah oui peut-être 😀
        C’est la casquette qui fait y penser. 😉

      • Leiloona

        Ah c’est rigolo de voir le cheminement de ta pensée ! 🙂

    • Leiloona

      Oui, ici aussi, c’est speed à fond les ballons !

    • Leiloona

      Oui, je me doutais bien que les textes seraient différents, avec des point de vue contrastés aussi. 😉 Kot disait sur son site qu’il aimait cette troisième personne, hors champ, qui donne toute sa vie à la photo. 🙂

  2. jacou33

    Cette fois-ci les rôles sont inversés; c’est plus rare de faire parler un homme de ses déconvenues matrimoniales. S’ils acceptaient d' »être une femme comme les autres », combien les relations seraient plus harmonieuses.

    • jacou33

      Ce commentaire ci-dessus est pour le texte de Leïloona.

    • Leiloona

      Ah oui ? Tu crois que la faute vient de l’homme dans un couple ? 😛

      • jacou33

        Je ne veux pas généraliser. Ce que je veux dire, c’est que si les hommes ne traînaient pas ce « boulet culturel », qui veut qu’un homme ne pleure pas, doit toujours se montrer(paraître) fort, ne pas faire état de ses sentiments…, je pense que « la face du monde en serait changée »( là, j’exagère peut-être un peu?).
        Je côtoie peu d’hommes dans des domaines où justement, il faut oser se mettre à nu, tels les ateliers d’écriture ou de théâtre, dans un autre domaine,l’ aquagym…

  3. Leiloona

    @ Lorette : j’aime bien ce thème du temps qui ouvre et clôture le texte ! 🙂 Sois la bienvenue, j’espère que tu as aimé participer à cet atelier ! 🙂

  4. Leiloona

    @ Jacou : Bien aimé cet hommage à monsieur Jacques ! 😀

  5. saxaoul

    @Leiloona : Peut-être qu’après trente-sept ans il n’est pas trop tard pour prendre une décision…
    @Lorette : les passants qui n’avancent pas, c’est comme les automobilistes qui roulent à 2km/h !
    @Jacou : je n’aurais pas pensé à situer mon texte à une autre époque mais c’est bien trouvé !

    • Leiloona

      Arff, il n’est jamais trop tard, c’est vrai ! 😀

  6. milleetunefrasques

    Encore plein de beaux textes cette semaine. Je me régale 😉

    • Leiloona

      Oui, les points de vue différents sont sympas.

  7. dan

    Très beau texte Leil, le rythme en particulier est éloquent!

    • Leiloona

      Merci encore une fois de ton commentaire. Des bises ! 😀

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