Elle se pose enfin.
Un strapontin, même à l’envers, fera l’affaire.
Moelleux relatif du siège
Néons qui zèbrent les visages
Confort relatif
Elle étend ses jambes
En replie une
Savourer …
Elle regarde aux alentours
Ces hommes et femmes
Mannequins au teint cireux
Maquillage en fuite
Cheveux en bataille
Plis sur les habits
Fin de journée
Monde malmené
Tête hagarde
Regards vides
Oreilles branchées
Sur d’autres ondes
Mains occupées de lettres textotées
Odeurs de sueur
De pieds
D’alcool
S’évader …
Marie puise sa matière dans ce quotidien
Elle épie, inscrit ces inconnus dans sa chair
Elle leur imagine de nouvelles vies
Des histoires d’ogres, de sorcières et d’elfes.
Marie est une conteuse du quotidien
Elle sourit, crée et trace un nouveau chemin
Une route nouvelle
Qu’elle aura hâte
Le soir
Sous la couette
De raconter
A son petit dernier
Instants privilégiés dans ce monde insensé.
© Leiloona, le 2 mars 2014
Le texte de Ludovic :
Inventions
D’habitude, c’était son jeu préféré, lorsqu’elle s’asseyait dans le métro : regarder les gens et leur imaginer une vie. Leur inventer un prénom, une raison d’être là, un terminus à leur voyage, une famille à retrouver, un repas entre amis à partager, un amour secret à étreindre dans le noir d’un chambre d’hôtel… Elle avait inventé mille vies à mille personnes différentes.
Mais ce soir, elle n’en avait pas le courage… Elle aurait aimé inventer une autre vie pour elle même.
Il l’avait attendu, comme prévu, dans leur café, celui de leur rencontre. Il avait commandé leur café, court pour lui, allongé de lait pour elle, mais dès son entrée elle avait senti que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Il ne la regardait pas, cherchait ses mots… Puis il avait fini par le lui dire…
Alors, sans réfléchir, comme un réflexe, elle était sortie, s’était mise à courir dans la nuit fraiche de ce début de printemps, et avait sauté dans le premier métro, des larmes pleins les yeux.
Maintenant elle était là, perdue, seule, tellement seule. Elle appuya sa tête contre la vitre, se laissant porter par les secousses du wagon, et bercer par le bruit des rames dans les tunnels. Ses larmes avaient séché, et pourtant la tristesse et l’amertume n’avait pas quitté son ventre, la grosse boule qui noue la gorge…
Elle a rouvert les yeux… En face d’elle une vielle femme lui sourit, de ces sourires complices, qui rassurent, qui donnent envie d’y croire encore. Alors elle respire profondément, se redresse, sort son portable, hésite, et le range finalement au fond de son sac.
Le métro s’arrête. Le flux des voyageurs s’exécute. Ceux qui montent, ceux qui descendent. Et parmi ceux qui montent, elle voit ce père de famille qui porte des pâtisseries, accompagné de sa fille. Elle choisit: « Il s’appelle Michel et la petite fille Lucie. Ils vont rendre visite à une vieille tante… »
Finalement, elle reprend son jeu favori, comme pour se dire que la vie continue !
Le texte de Béné :
Premier train de banlieue, le métro suivant, changement, second métro, enfin, RER, jusqu’au terminus, celui-là.
Et en début d’après-midi, après le service du matin, la caisse au déjeuner, encaisser les critiques des consommateurs – rapport au prix et à la qualité « on sait bien que vous n’y êtes pour rien, mais vous êtes en bout de chaîne », encaisser aussi les pourboires des chauffeurs de taxi, après tout ceci, entamer le trajet du retour, c’est parti pour deux nouvelles heures, deux changements, ou plus si je m’endors. Ne pas m’endormir, ne pas somnoler, garder les yeux ouverts, oh allez, si je les ferme juste une seconde…je ne vais quand même pas m’endorm….
Vos liens :
Jacou : Moi beaucoup dormir
Sabine : Taup’ là !
Sarah : L’autre
Bealapoizon : Six mois
Dame mauve : Passagère invisible
Jak : Gamberge dans un cerveau asphyxié
J’aime beaucoup vos textes Leil et Ludovic. J’aime la chute du poème de Leil et ses vers qui sont comme des instantanés, des flashs. J’aime bien la fin optimiste de Ludovic aussi et ce retour du personnage à elle-même.
Merci Sabine !
Oui, je ne sais pas ce qui fait que les vers sont très courts, car « ailleurs », je n’écris pas de cette façon là …
Je tenterai d’y réfléchir, cela dit, pour ce texte j’ai commencé en prose, et j’ai tout effacé. Cela ne m’était pas naturel.
Impossible en revanche d’atteindre le texte d’Aurélia
Ah zut, merci. Pas eu le temps encore d’aller cliquer sur vos liens, j’ai eu une journée au Louvre et pas une minute à moi …
Lien réparé, il y avait trop de http … 😉
J’aime beaucoup les deux textes, je m’en vais lire les autres avant que ma troupe ne se lève… voici ma participation pour la semaine : http://www.vivelespestes.fr/2014/03/03/six-mois/
Merci ! C’est ajouté ! 😀
Ah le tour des blogs avant le lever de la troupe … Je connais ! 😉
J’aime beaucoup quand tu écris en vers !!! Encore un très beau texte.
Très touchée aussi par le texte de Ludovic ! Très belle fin
Je pensais avoir déposé mon lien hier, je te le remets
http://www.milleetunefrasques.fr/2014/03/une-photo-quelques-mots-26/
Ah ? Peut-être ne l’ai-je pas vu ? Je regarderai …
Merci, ma Stéphie.♥
je viens de terminer ton jeu
Voici le lien
http://wrviolette.blogspot.fr/2014/03/passagere-invisible-du-metro.html
Bonne journée
Bien ajouté ! 😀
Voici mon lien
http://sabariscon.wordpress.com/2014/03/03/atelier-decriture-2-taupla/
Ajouté, miss ! 😀
Joli poème, Leiloona, j’aime particulièrement la dernière strophe !
Et le texte de Ludovic me parle, moi aussi je passe mon temps à inventer la vie des gens que je croise 🙂
Mon texte est ici : http://bleueetviolette.wordpress.com/2014/03/03/une-photo-quelques-mots-2-fleurs/
Merci Caro ! 🙂 Je relirai la dernière strophe, alors ! 🙂
Vraiment, j’aime beaucoup l’idée de rédiger un texte à partir d’une photo. Les deux textes sont très beaux, vos chutes sont très réussies et se rejoindraient presque: deux femmes qui s’inventent un monde à partir de ce qu’elles ont sous les yeux…Bravo
C’est toi qui prends les photos?
Oui, j’avais écrit un commentaire à Ludovic hier soir qui allait dans ce sens : nos textes se rejoignent ! 🙂
Ce n’est pas moi qui prends les photos, là c’est Kot un copain … d’autres fois c’est Romaric ou Marion … d’autres copains aussi ! 😉 Je pioche au gré de mes envies. J’ai leur accord, aussi, important. 🙂
J ai aime les 2 textes rythmes et histoires si différentes et toujours bien imagés
bonne semaine
josette
Bonne semaine aussi ! Merci, Josette ! (j’ai la chanson d’Ann Sylvestre quand j’écris ton nom. 😉 )
Encore très beau texte, bravo ! J’aime beaucoup tes ateliers d’écriture, c’est vraiment une chouette idée.
Merci à toi ! 😀 Tu sais, tu peux venir te joindre à nous si tu veux !
La douceur de la chute fait du bien après toute cette noirceur, Leiloona.
Ludovic : l’imaginaire est un vrai échappatoire !
J’ai pensé à la chute avant l’écriture, c’est elle qui m’a guidée ! 🙂
@ Ludovic : Je remets ici mon commentaire passé aux oubliettes hier soir … en fait j’ai posté un commentaire via le panneau d’admin mais il a bugué …
Alors je te disais que c’était rigolo de voir à quel point nos textes se faisaient écho l’un à l’autre.
Et j’espère te revoir la semaine prochaine, j’aime beaucoup te lire.
A très vite, donc.
Une très belle interprétation. Je vois que nous avons tous les deux fait attention aux détails. Félicitations aussi pour Ludovic.
Bises.
Merci Laurent ! 😀 Oui, je ‘lai bien détaillé, à la recherche d’une idée … 😀
Bonsoir, je viens de découvrir ce blog et je vais essayer demain d’y participer. A bientôt
Ah super ! 😀 Sois la bienvenue alors ! 😉 A très vite.
Merci a tous et bravo pour vos participations poétiques.
Leiloona> effectivement c’est drôle cette idée proche! Le hasard des fonctionnements du cerveau: vous avez 4h!
J’essaie de n’être pas devenu pour une seule fois et de tenir la distance! Surtout que j’ai eu du mal a écrire… Ce n’était pas fluide ça accroche, ça manque d’habitude et de pratique!
Ouh là, fichtre, que vais-je pouvoir pondre en 4 h ? 😀
Je crois que moins on écrit, plus c’est compliqué de reprendre, non ? Alors lundi prochain, tu es parmi nous ! Je publie la photo demain.
Deux très beaux textes, vraiment.
Ton lien vers le billet intitulé « six mois » renvoie au billet de Stéphie, qui du coup, y est deux fois.
A lundi prochain, je pense!
Aaaaaaah zut ! Merci de me l’avoir signalé !
A lundi alors ! 😀
Bonjour, je viens de découvrir votre blog et l’atelier écriture; concrètement, comment faire pour vous transmettre un texte lorsqu’on n’a pas de blog public?
bene89
Je crois que tu (je peux te tutoyer ?) as trouvé la réponse. Je pioche une nouvelle photo puis je mets ton texte en ligne. 😉
J’ai trouvé la réponse, oui 😉
merci
@ Bene : le texte est parfait, juste avant que Morphée vienne me prendre dans ses bras ! 🙂
Bonjour, votre idée est vraiment très chouette et j’ai beaucoup de plaisir à lire tous ces textes ! Je me lancerai peut-être un jour… si j’ose ! Merci à tous ceux qui partagent leurs écrits.