Le point de convergence.
Des jambes, une jupe, une femme.
Le balancement du tissu qui frôle des hanches chaloupées, des cheveux qui se soulèvent à chaque pas, une bandoulière qui grince et menace de se fendre. Le zip métallique brille dans cette pénombre. Le point de convergence.
Le nôtre ?
Levez les yeux et regardez la troisième fenêtre en partant de la droite, juste au-dessus de la corniche. Allez à rebours, remontez la rivière des reflets. Il y en a un qui se détache. Là, vous y êtes.
Derrière ces carreaux vit un homme. Un inconnu, un marginal, un sans repères et et sans amis. On ne le découvrira qu’avec la fonte des neiges, en avril. Quand le printemps reviendra, mais surtout quand les odeurs pestilentielles arriveront. La mort n’aime pas la chaleur.
Quand les pompiers briseront la vitre, ils découvriront un appartement constellé de figures et de gens. Des murs noircis par le crayon carbone. Sur un des dessins, cette même femme. Celle du début. Vous l’aviez déjà oubliée ? La jupe, les jambes, l’éclair du zip. Une femme parmi des milliers.
Les pompiers marcheront alors vers ce corps sans vie, chiffonnant de leurs pieds des milliers d’histoires jonchées au sol et écrites sur des papiers jaunis, des publicités, des emballages, des cartons de pizza.
La légende raconte qu’un pompier bénévole un brin original récupérera ces détritus avant de comprendre εὕρηκα qu’il avait devant ses yeux la plus grande oeuvre jamais écrite et illustrée. L’Histoire fit le reste, les musées se l’arrachèrent, la cote d’artiste du mort flamba.
La voyez-vous cette tache d’Airy ?
Le point de convergence.
Le mien, et le vôtre maintenant .
© Alexandra K, le 8 octobre
(NB : Très librement inspiré des vies de Vivian Maier et d’Henry Darger.)
Texte d’Anselme :
Texte de Claude :
L’Optique des illusions
Je marche, j’accélère, je cours dans cette rue étroite et oppressante bordée d’immeubles. Je veux suivre les traits que dessine mon regard. Les lignes convergent implacablement vers l’horizon. Les lignes fuyantes, le point de fuite. Autour de moi, les gens accélèrent le pas. Moi aussi je veux fuir. Mais l’horizon s’éloigne à mesure que je m’approche de lui.
Les passants sont tout petits dans les lointains. Ils grandissent au fur et à mesure qu’ils s’avancent vers moi. J’en interpelle un qui marche lentement. Lorsqu’il arrive à mon niveau, je lui demande : « Vous ne fuyez pas, vous ? » « Oh, moi, vous savez, dans la vie, je n’ai jamais eu de perspectives… ».
Je continue ma course désespérée. Les bâtiments en pierres taillées, à l’équilibre austère et immuable, se déforment sous mon regard. Je me sens étouffée, prisonnière. Les parallèles se rejoignent sur la ligne lointaine. Toutes les parallèles se rejoignent donc elles un jour ? Même celles des différentes existences qui se déroulent autour de moi ? Ma vision est semblable à la vie : elle est fausse. Tout n’est qu’illusion. Que faire sans réalité tangible ?
Un homme plutôt bien fait s’approche de moi. « Vous avez l’air inquiète. Je peux vous aider ? ». Je lui raconte mon histoire qu’il écoute avec beaucoup de bienveillance.
Il plonge machinalement sa main dans un sac vétuste et rapiécé. Il en sort un livre, « les Fables de La Fontaine », et me récite d’une voix académique « L’animal dans la Lune ». Sans un mot de plus ni l’élégance d’un regard complice, il repart d’un pas tranquille vers la ligne d’horizon. Il lève,en marchant, ses yeux brillants vers le sommet des tours.
Je contemple alors les multiples lignes qui dansent autour de moi et m’invitent à leur ballet. Elles me chuchotent un vers de la fable : « Quand l’eau courbe le bâton, ma raison le redresse ».
Texte d’Iza :
L’homme mince et blanc, à la démarche de duc, n’avait décidément pas l’allure d’un mort en marche. Il était un petit miracle à lui seul. Il avait parcouru le monde, avait quitté tous les endroits où il avait vécu. Il était allé de gare en gare sans jamais rester. Il n’avait été qu’un locataire de l’univers. Mais il était tombé amoureux de New York car New York était amoureuse de lui. Il contemplait la ville comme à travers le regard d’un architecte, tout absorbé dans sa rêverie d’un âge lunaire. Il était le voyeur de l’absolue destruction. Les rues de Hunger City, ses héros, ses zéros, ses sales garçons qui attendaient leur dealer, ses filles dont il se disait « Quel dommage que ce soit une pute, la Reine des putes ». Ses monstres effrayants, les belles et les bêtes, tous les fous, les jeunes Américains. Il se heurtait à la réalité du dehors, tel un terrien athée. Il s’enfonçait dans les sables mouvants de ses pensées. Il n’était pas et n’avait jamais été un surhomme, il n’avait en fait jamais éprouvé de fascination pour la célébrité. Mais ce soir, tout irait bien. Il avait une féroce envie de vivre, de dire à celle qui était pour lui la plus belle des étoiles « Deviens ma femme et allons danser sur la musique du DJ». Un amour moderne l’unissait à elle. Une Saint-Valentin éternelle. Et pourtant, ils étaient des étrangers quand ils s’étaient rencontrés.
Il avait décidé, après tout, de ne pas regarder en arrière avec colère. Mais au contraire, de participer à la légende future, ne pas être un homme de l’ombre. Il écrirait une lettre à Hermione pour lui dire adieu, composerait une dernière chanson pour Bob Dylan, et un poème de huit vers à Pablo Picasso. Pas question de supplier le fossoyeur, il embrasserait son karma et rejoindrait avec cette mode indéniable qui le caractérisait le pays heureux où seuls vivent les enfants. Il se souviendrait toujours de ces morceaux de conversations londoniennes. Il leva la tête et chercha les satellites et les merlebleus dans le ciel. Le temps attendait en coulisses, rampant, et il savait que quelqu’un, là-haut, l’aimait… En route pour un fantastique voyage ! Il saurait enfin s’il y avait de la vie sur Mars…
Dans les rues de New York, sur le trajet entre l’hôpital et Lafayette Street, retentit un éclat de rire généreux et lumineux. David Bowie se marrait… il venait d’apprendre que lui, l’homme aux mille avatars, allait mourir d’un cancer, comme n’importe quel humain. Il imaginait déjà les titres des journaux… le dernier visage du caméléon… Starman a rejoint major Tom… Mais il était serein… il avait créé… il avait rendu des gens heureux… et qui sait ? Peut-être qu’un jour une fan au cœur lourd écrirait un petit texte avec des titres de ses chansons… un hommage parmi tant d’autres…
Texte de Manue :
La fureur grondait depuis longtemps déjà sur cette terre, maudite, depuis des générations. L’odeur de la poudre régnait partout, cela avait commencé si tôt que plus rien maintenant ne viendrait les aider. Le temps se rétrécissait, inexorablement. La civilisation allait les engloutir, lentement, les immeubles mangeaient la vie aussi sûrement que les balles fusaient. Le plomb sortis d’armes du démon fit des ravages, leurs épidémies aussi, leur dieu, cloué sur une croix, alors que les leurs habitaient chaque lieu ici, celui du vent caressant celui de l’arbre et des hautes herbes, qui s’étendaient à l’infini, avant. La misère comme étendard, les siècles suivants déversèrent des cargaisons entières de pauvres hères qui n’eurent de cesse de vouloir vivre libres et de manger à leur faim, qui pourrait leur en vouloir ? Noirs, ils courbent encore l’échine. Blancs, pauvres, minoritaires, criminels dans le vieux monde, ils voulurent le pouvoir, la force, la vengeance, au nom de la liberté, ils écrasèrent les plus faibles, se salirent les mains, tuèrent, complotèrent pour une place au soleil, une ferme au milieu des plaines sauvages, une belle maison au bord du Pacifique, un gratte ciel perçant les nuages, un puits de pétrole, une maison au gazon parfaitement taillé, un bureau ovale.
Ce monde en était là quand leur univers commença à sombrer. Ils ne s’apercevraient de rien d’abord, bien trop occupés par leur cupidité. Le ciel allait s’obscurcir, le béton s’étirer à n’en plus finir. Le jour ne percer que par des meurtrières de plus en plus fines. Une vie obscure les attendait, ils se déplaçaient déjà sous terre, bientôt ils devraient vivre terrés, attaqués, l’ennemi était partout et même eux ne savaient plus vraiment le reconnaître, ça pouvait être n’importe qui.
Ils ne surent pas qu’ils portaient en eux les germes de leur propre malheur, ils ne surent pas qu’ils érigèrent seuls les murs qui allaient les tuer. Ils se construisirent un monde aux fondations pourries et l’exportèrent, partout.
Nulle part, tu ne seras en sécurité. Tu marches d’un pas pressé vers le jour. Pourtant, regarde, l’ombre gagne. Elle s’étire, dans ton dos. Vite, regarde derrière toi, et cours …
Texte de Pacha Mama :
Abigail déambule dans sa ville natale ; fric, chic, tocs et chocs. Et pas seulement. Elle est frêle, mais légère comme à chaque fois lorsqu’elle sort du journal New York Post, rapporteur d’histoires dans l’Histoire depuis 1801: tout juste tel l’article qu’elle a achevé: l’âge d’or du cinéma américain, années quarante, actrices, féminités sulfureuses et précurseuses, glamour dans un contexte politique qui ne l’est point.
La tête pleine des bruits divers du service de la rédaction, de ses réflexions, et des klaxons, elle emprunte la même artère de Fulton Street, trajet habituel. Elle voit grattes-ciel, colonnes et de l’ordre dans le rififi urbain, et pense « situation », « pierres travaillées » « faire bloc »; les mots fusent à vitesse que son regard cogne le paysage et elle laisse aller comme toujours les maillons de la chaîne à idées. C’est ainsi qu’elle aime à vider sa tête, elle en raffole même de ce rendez-vous quotidien. Nous sommes en septembre, 2017. Ca fait un bail et pas tant que ça, cet attentat au bout de la rue- Attenter à ? Attentare en Latin signifie « essayer avec audace ».
Abigail aperçoit le drapeau américain au loin, il virevolte contre l’édifice, l’oblige à lever les yeux, vers là-haut, à la lumière quasi aveuglante, à la jointure, l’interstice jusqu’aux toits qui touchent le bleu. Elle se sent observée, c’est habituel. Pas la peine de préciser que ce sont par les « N.A.D » surnom qu’elle affectionne : il a bien fallu les apprivoiser les « Non-Actifs-Désormais » ; elle s’estime déjà résolument hors-normes de les considérer, de les sentir, plus que certains bien vivants même ! un sentiment familier de bienveillance traverse Abigail. « Ils » la regardent. Elle, et les autres plombés du bitume.
Mais les voitures rangées et l’écho froid de la Cité martelant ses tympans cherchent à sceller la journaliste. Pragmatisme quand tu nous tiens ! Tout vibre en Abigail : les carrières qui se trament, l’empressement, le foisonnement des affaires, la perceptible économie mondiale, les esprits plus ou moins étriqués, la peur, les doutes, l’effroi aussi. Pourtant, aujourd’hui, là, de l’urbain naquit la plume, ou presque. Attentare: s’élever ! L’expectance comme étendard !
D’accord, il subsiste comme un cri permanent depuis. Asphyxie, fêlures, gisement, et toute la panoplie. Petite New-Yorkaise culpabilise; mais elle écoute plus attentivement ses talons, pour les pas que d’autres ne feront plus. Elle appuie la cadence et pense « foi », « avions », « nations » cependant se répond instantanément « optimisme », « mains ouvertes », « devoir de mémoire », « unis ». La jeune femme est offerte à la brise et aux odeurs pestilencielles et bénéfiques du multiculturalisme. Elle flotte. parce qu’honorer le souvenir existe aussi dans le fait de desserer l’emprise, l’élan est donné « aller plus haut ».
Aujourd’hui, lundi, 18h14, Abigail pleure et affiche des yeux qui éclaireraient n’importe quel cul de basse fosse simultanément. On appelle cela l’Espoir !
Un début de semaine prometteur, Yallah !
Texte de Nady :
Se lever, t’embrasser, petit déjeuner dans le brouhaha de leurs voix à faire fuir plus d’un damné, t’embrasser encore, se quitter au coin de la rue pour amener chacun de nos petits bouts dans leur école respective, aller travailler, se retrouver le soir avec nos monstres dans la même semaine de garde alternée… Ensemble préparer le diner, t’embrasser, presque les forcer à manger toute l’assiette et particulièrement les légumes qu’on a dissimulés, gérer leurs disputes continuelles à travers des échanges musclés… Mais qu’est ce qu’on les aime ces petites têtes brûlées ! On veut la réussir cette famille recomposée mais mon Dieu que c’est compliqué !
Tel est donc notre quotidien bien balisé sur ces semaines plutôt chargées avant que tout n’explose en éclats !
Ce matin là, ils étaient d’ailleurs très calmes au petit déjeuner… ça faisait même plusieurs jours que les tempêtes entre eux avaient cessées. J’étais persuadée que ça venait de cette histoire qu’on leur avait lue l’autre soir au coucher qui racontait l’amour de deux frères qui protégeaient le petit dernier nouvellement arrivé… Ne sait on jamais, il nous faut quand même les préparer à cette éventualité… Et contrairement à d’habitude où après l’histoire chacun rentrait sous sa couette après nos baisers, ce jour là ton petit bout est venu embrasser le mien et lui dire qu’il l’aimerait toujours comme un frère qu’on ne séparera jamais… « Ayè, on a presque gagné ! » t’avais je murmuré dans le creux de l’oreille après que mes lèvres aient goûté la peau de ta nuque.
Et pour fêter cette nouvelle fraternité tu avais pris une journée de RTT pour les emmener s’amuser toute la journée dans ce parc à quelques kilomètres de là. Ce jour là je ne pouvais pas vous accompagner car un dossier urgent m’attendait au bureau. Je vous ai donc laissés en milieu de matinée après avoir petit déjeuné tous ensemble dans les rires et les bisous… Qui pouvait croire que ça allait être les derniers ?
Il faisait beau ce matin là. J’avais mis ma petite jupe d’été mais j’étais bien chargée avec tous mes dossiers d’un côté et la sacoche d’ordinateur de l’autre. Je n’avais que quelques mètres à parcourir avant d’attraper le bus 144 qui m’amènerait au bureau. J’avais remarqué que ça s’agitait dans le hall d’entrée … des gens déposaient des paquets qui semblaient peser leur poids mais comme l’AG avait voté plein de travaux, je ne m’y étais pas attardée et j’ai filé…. Je n’avais pas vu que tu me regardais de notre terrasse tellement j’étais pressée et je ne voulais pas rater mon bus ainsi chargée, surtout que j’étais très fatiguée. Certainement cette surcharge de travail depuis quelque temps où dès le matin j’avais parfois du mal à avancer…
C’est 30 minutes plus tard qu’une déflagration eut lieu dans le hall, au moment où vous sortiez… Quand les portes de l’ascenseur se sont ouvertes et que nos petites têtes blondes ont déboulé…ça a tout dévasté et ça vous a tués… Ils avaient tout programmé mais étaient loin d’imaginer le triple malheur qu’ils étaient en train de m’infliger… J’ai compris qu’il s’était passé quelque chose en arrivant à l’agence où mes collègues, ceux constamment branchés sur BFMTV, semblaient presqu’heureux de me voir arriver… Alors je t’ai appelé, ça sonnait, ça sonnait mais personne ne répondait… Alors j’ai hurlé, j’ai pleuré, j’ai vociféré des insanités pendant qu’on tentait de me calmer et me suis effondrée.
…………………..
Se lever, longtemps te chercher avant de vraiment me réveiller, avaler des comprimés, puis encore vous chercher dans l’immense solitude de cet appartement qu’il me faut quitter. Ne pouvoir rien avaler mais il faut bien se résigner à essayer car plein de gens autour m’aiment et ont peur pour ma santé. Vouloir arrêter le cours de la vie mais se faire analyser pour tenter de continuer à danser avec elle, même dans ces moments désespérés.
Puis vient le jour où les comprimés et l’analyse font leurs effets… je reprends goût à bouger et je décide de ranger tes affaires. Ton appareil photo était posé sur la table du salon, tu ne voulais pas l’amener au parc, c’était trop risqué dans les manèges et les courses de nos garnements. Tu allais les croquer avec ton smartphone pour pouvoir m’envoyer les clichés en instantané.
Je jette un œil aux prises de vue pour réaliser que ton dernier cliché est celui de moi en bas de notre immeuble, ce matin là, quand je vous ai quittés après vous avoir embrassés…
Pleurer encore et toujours, moi qui pensais la source des larmes tarie à jamais mais je dois vite me relever car notre pitchoune me donne des coups de pieds, comme s’il n’allait pas tarder à vouloir pointer le bout de son nez.
Texte de Valérie :
Il y a cinq ans, le bac en poche mais ne sachant quoi faire après j’ai décidé d’aller à New York faire jeune fille au pair. Tout l’été j’ai bossé au Mc Do de Saint Lazare, une horreur soit dit au passage, mais cela m’a permis d’acheter mon billet d’avion. Dès que j’avais cinq minutes je me connectais sur un site d’annonces et je téléphonais aux familles. J’ai passé une bonne dizaine d’appels avant de tomber sur les Carter qui adoraient les français et m’ont donné ma chance. Nous avons échangé par webcam jusqu’à mon départ. Ils habitaient au coeur même de New York, à Time Square. Ils travaillaient beaucoup, rentraient tard et avaient besoin d’une personne sérieuse pour récupérer leurs deux enfants : Mike 4 ans et demi et Sarah 7 ans. Le contact était très sympa et moi, qui était fille unique ça me faisait tout drôle de parler à ces enfants. L’expérience m’amusait beaucoup. En septembre j’ai donc débarquée et commençais une nouvelle vie. Les premiers jours, j’étais impressionnée. Cette ville est tellement gigantesque. Je me sentais minuscule, je n’avais pas mes repères. Heureusement que j’avais eu de supers profs d’anglais, la langue au moins n’était pas une barrière. Au début je ne sortais que pour récupérer les petits, les amener au square. La journée, je restais à l’appartement, je rangeais, je préparais le goûter et le repas des petits. Puis encouragée par leurs parents, je me suis peu à peu aventurée dans la ville. J’adorais l’ambiance. Plus encore qu’à Paris, le brassage des cultures et les richesses architecturales me ravissaient. M’asseoir sur un banc et observer les gens était un pur régal : la petite vieille traînant son caddie pliée en deux et s’arrêtant tous les dix mètres pour saluer un tel ou un tel, les jeunes blacks sur leur roller la musique à l’épaule, la maman indienne avec son sari soyeux et sa ribambelle de petits, celui qui prie, celui qui chante, celle qui parle toute seule… Au départ je ne pensais pas rester aussi longtemps loin des miens, loin de chez moi mais j’avoue que je me plaisais bien dans ma nouvelle vie. J’avais même fini par trouver un boulot. En plus des enfants, je donnais des cours de français à des adultes désirant monter leur entreprise en France. C’était un peu la course entre une chose et l’autre mais les Carter étaient vraiment adorables.
Mais depuis novembre dernier, l’ambiance a changé. Les gens sont sur leur garde, semblent avoir peur pour leur avenir et je les comprends. Chaque prise de parole du nouveau président bouleverse. Chacun de ses mots, chacun de ses gestes sont craints comme si à eux seuls ils pouvaient faire exploser le monde. Obama avait sans doute déçu certains, mais il incarnait l’espoir et la sérénité. Aujourd’hui, à cause de ce millionnaire, je me sens en danger. J’ai beau essayé de me raisonner, de me dire qu’il y a des fous partout. Je ne veux pas être à la merci d’un de ses coups de folie. Je ressens le besoin de retourner près des miens en France avant qu’il ne soit trop tard. On ne sait jamais…
Texte de Terjit :
Dans le sac à main les clefs, la carte de transport et le petit portemonnaie avec les 325 dollars gagnés cette semaine sont bien là. Dans le second sac les vêtements de travail chiffonnés sont prêts pour la machine. Un rapide coup d’œil devant la glace pour vérifier qu’elle est comme il faut pour traverser la foule incognito, les 10 dollars habituels pour la femme de ménage sont sur la table de chevet et elle peut enfin fermer la porte.
Le gardien en bas de l’escalier lui demande si elle a passé une bonne journée, même s’il sait très bien que ce n’est pas avec les deux clients du jour qu’elle aura fait fortune. Elle lui souhaite un bon week-end, il répond mécaniquement et prend les clefs posées sur le comptoir.
Depuis 10 ans elle fait le même trajet matin et soir, et à chaque fois elle se dit qu’elle a eu de la chance de ne pas avoir croisé l’un de ses voisins. Sa fille arrivera du pensionnat par le bus de 22h00, elles s’embrasseront et à la question rituelle « ça a été au travail cette semaine maman ? » elle inventera une anecdote ou deux et passera à autre chose. En se couchant elle jurera de ne pas y retourner lundi, elle sait bien que ce petit bout de trottoir la fait mourir à petit feu. Mais ce sera une promesse en l’air de plus. Alors chaque soir en fermant les yeux elle se demande s’il sera bien utile de se réveiller.
Texte d’Adèle
Une femme perdue.
Elle savait qu’elle n’aurait pas du être là. Que ce serait dangereux, de bien des façons. Pour son âme et pour ses chairs. A la première rencontre, elle avait deviné en cet homme le prédateur, à sa bouche sensuelle, à ses accents tantôt cinglants, tantôt caressants, à ce grand corps musclé, dont l’attrait ne tenait pas tant à sa beauté ivoirine qu’à ses mouvements enveloppants et saccadés, à cette nervosité contenue.
Le regard, mon dieu, le regard qu’il lui avait jeté quand il s’était aperçu de sa présence à sa conférence, et de son trouble. Elle n’aurait jamais du être là, ce soir-là.
Le premier regard lui avait tout dit, tout révélé, même l’indicible peur qu’elle ressentirait parfois, au son de la porte qui s’ouvre. Mais elle savait l’ivresse des lendemains sombres. Un shoot de plaisir, décuplé par la douleur qui précède, et qui la rendrait accro.
Le piège allait se refermer, elle sentait déjà ses mâchoires avides. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avancer dans le boyau obscur de la rue. Malgré les avertissements des copines, malgré la cicatrice au coin de la lèvre – accès de rage d’une main impatiente, armée d’un stylo.
Il lui avait dit « Rendez-vous samedi, dix huit heures ».
Elle avançait sur ses talons bobine, à petits pas pressés, serrant pour se rassurer sa sacoche de cuir. Qui, du sac ou de la femme, se raccrochait à l’autre ? Une froide lumière peinait à éclairer le trottoir. Elle savait bien que sa jupe était trop courte, sa veste trop légère pour un mois de novembre. Elle l’avait lu dans le regard appuyé du vendeur de l’épicerie fine où elle avait acheté cette bouteille de cognac.
Drôle de cadeau pour un drôle de rendez-vous. Le cognac l’aiderait à obtenir l’exquis lâcher-prise qui précède le plaisir.
Elle descendait la rue en comptant les numéros. Cinquante cinq, un porche sombre. Quarante sept, une jardinière prisonnière d’une fenêtre à barreaux. Trente cinq, le bronze terni d’une plaque d’avocat.
Trente trois. Dites trente trois. Il suffirait qu’il dise quelques paroles et elle se mettrait à nu, ses maux cachés derrière ses mots, hésitante, menteuse et provocatrice.
Elle composa le code, poussa la porte bourgeoise, monta les hautes marches de pierre recouvertes d’un fin tapis rouge.
Elle sonna.
« Bonjour Adèle, je suis content que tu aies décidé de venir. » Elle frissonna.
Pour sur, elle allait souffrir, devant sa feuille blanche, torturée par des idées rétives, empêchée par la peur de ne pas réussir à écrire. Ce n’était pas son premier atelier, mais avec cet écrivain-là, trente trois boulevard de la Chapelle, c’était la première fois.
L’écriture est une passion exigeante.
Message de Nady à propos du 4 novembre :
« Coucou à tous,
Notre groupe de lecteurs se forme pour le 4 novembre et vous me voyez ravie de constater que ce projet vous motive. J’attends de recevoir vos clichés avant le 20 octobre 2017 (sans faute svp) car comme vous le savez, je vais créer un liant entre les clichés et présenter chaque lecteur au public avant la lecture. ça me demande donc un petit peu de temps, aussi merci de respecter ce deadline svp. Vous avez mon mail ou facebook pour m’envoyer une ou 2 ou 3 photos des ateliers de 2017 sur lesquels vous avez écrit un texte que vous souhaitez lire. Inutile de m’envoyer les textes, je vous laisserai les imprimer de votre côté pour arriver avec le jour J.
Avant dernière chose : n’oubliez pas de me donner le nombre de personnes vous accompagnant le 4 novembre au moment de l’envoi des clichés, histoire qu’on ne dépasse pas les 30 places limitées.
Dernière chose : je communiquerai aux lecteurs inscrits les codes d’entrée et étage de l’immeuble dans la semaine précédent le 4 novembre.
Belle semaine à tous et à lundi prochain en ligne,
Nady
Les textes publiés sur d’autres blogs :
Bonjour à vous toutes et tous,
Bravo pour tous ces textes si différents quoique j’ai eu le sentiment que le point commun entre eux était la noirceur.
Merci encore et toujours pour nous permettre de laisser vivre notre imagination.
@Anselme : New York City, please.
#comiquederépétitionmoiaussi
😛
Claude : j’aime ton texte pour sa délicate étrangeté et ses idées en filigrane. L’homme qui n’a aucune perspective même pas celle de fuir. C’est fort. Et ces vers du fameux fabuliste … Bien vu. Un texte puissamment pessimiste. Les hommes fuient vers rien et quand ils pourraient se courber vers quelque chose d’autre la voix de la raison vient redresser tout ça dans quel but ? Aucun puisqu’ils fuient vers le néant. Tristis.
Next time promis je te donne la clé des champs.
@ Leil, un texte qui s’ouvre commeun filmde Truffaut pour prêter mort et vie à un artiste psychotique,j’adore ! Et puis Henry darger me rappelle une expo hallucinante que nous avons partagée.
@ Anselme, court mais diaboliquement désopilant !
@ Claude, »Oh mais vous savez, dans la vie, je n’ai jamais eu de perspectives »,voilàune phrase qui meravit.Chouette variation que ce balet de lignes !
@ Iza, quel beau programme que celui de participer à la légende du futur ! Un très beau texte aux mots ciselés et aux images puissantes. Et Bowie, Bowie ….
@ Manue,une vision noire de l’humanité superbement écrite.
@ Pacha Mama, un hymne à l’espoir fort efficace !
@ Nady, un texte choc et glaçant ! C’est terrible …
@ Valérie, sacré Trump!!!
@ Terjit, un texte tout en suggestions que je savoure ….
@ Adèle,intéressant ce parallèle entre les exigences de l’écriture et celles du prédateur !
Ps:j’ai particulièrement aimé les textes de cette semaine que je trouve tous très forts , intelligemment perturbants et nécessaires .
Ce sont les titres des chansons qui ont fait le texte d’eux-mêmes, sabtaill 😉
merci Sabtaill, je ne suis qu’au début de mes lectures mais les thèmes semblent lourds cette semaine en effet…
Merci !
Ouiiiii Sab ! C’est vrai que nous l’avons vue ensemble ! Quelle claque ! (Il faudra en refaire, quand tu reviendras … même à Caen ! 😉 )
Et merci pour la comparaison à Truffaut ! (J’ai toujours aimé jardiner 😛 )
* Alexandra: J’aime bien l’idée ! et toujours le choix de tes mots puissants vecteurs d’atmosphère.
* Anselme : Excellent !
* Claude: « Ma vision est semblable à la vie: elle est fausse » phrases chocs, bien construit, j’aime l’idée du personnage incongru, offrant quelques vérités bienvenues et disparaissant ensuite.
* Iza : C’est magnifique et original en toute simplicité. J’ai adoré te lire.
*Manue: Émouvant, profond texte sans être moralisateur.
*Nady : Aaaaah ! j’ai ressenti l’impatience de terminer ton texte parce qu’absorbée, et j’ai eu la larme à l’œil. Merci Nady !
* Valérie : Un texte moderne, très bonne « chute », j’aime beaucoup.
* Terjit : Puissant ! Incisif ! ravie de te retrouver au fil des semaines décidément.
* Adèle : Joli, bien joué ! On s’attend à tout sauf à l’atelier d’écriture. Mention j’aime pour cette tournure « beauté ivoirine ».
* Amor-Fati : Tension bien rendue, dignité du personnage. J’apprécie le rythme que tu appliques.
*Albertine: Subjuguée….simplicité, passer la difficulté du quotidien en juste quelques mots, tout en faisant ressentir le poids écrasant. Bravo !
* Lilousoleil: Belle imagination, un texte comme une promesse, espoir, j’aime beaucoup ton style à toi aussi.
* Sabine: J’ADORE !
*Jos PLume ….texte introuvable ???
* Cécile C: je souris, la femme m’est aussi apparue comme une possible infirmière, avant d’être une journaliste dans mon texte.
* La fllibust: Contraste des lieux bien décrit et opportun. On ressent le calme, aussi.
* Elsa : Je ressens tout, comme si j’étais Marylin, texte inspiré et bien ciselé, j’ai adoré.
* Curieuse grignoteuse: Je suis embarquée ! Quelle narration ! Idée et style sont: différents !
* Parlons littérature, les crokeuses : liberté, courage, tout est dit, et bien. Texte fort.
Désolée pour la larme Pacha Mama 😉 merci pour ta lecture
Pacha : Oh j’ai utilisé des mots « puissants » sans le vouloir alors ? 😮 Vais relire mon texte.
Mais merci ! 😉
Merci de ton passage…infructueux. Pour mon texte c’est ici https://josplume.wordpress.com/2017/10/09/ma-ville-ma-liberte/
Pour ma part, je lirai les textes dès demain !
@Claude : Ah Claude ! Mon lundi est lumineux cette semaine ! Déjà parce qu’il a commencé en recevant ton adorable mail qui m’annonçait ton retour cette semaine dans l’atelier ! Tu sais bien que « quand un seul être vous manque, tout semble dépeuplé » ! et c’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai sauté sur ton texte ! On y retrouve ton humour et ton recul et je l’ai noté même plus grave cette semaine et tellement d’actualité ! Et le triple effet kisskool fut la découverte de cette fable que je ne connaissais pas et que je me suis empressée de lire ! Elle est divine comme ta plume d’ailleurs ! Tu sais que j’aime lire tes textes à voix haute et celui ci particulièrement. Comme nous n’aurons pas le plaisir de te voir le 4 novembre, me permets tu de lire ton texte de cette semaine stp ? et promis nous essaierons de se voir en vrai dans notre belle capitale avant la fin de l’année 😉 très belle semaine à toi et merci, tout simplement.
@Terjit : tu as l’art de la suggestion ! En peu de mots et en survolant le terre à terre tu sais nous raconter une terrible histoire où l’on prend tes personnages en affection…. Je comprends sa question de ta dernière phrase et j’ai envie de lui répondre que ne serait ce que pour sa fille, oui il lui est là utile et indispensable de se réveiller. Pour le reste, puisse la vie lui donner le courage de trouver une autre voie… une suite un jour peut être pour savoir ce qu’elle est devenue ?
@Adèle : ton titre m’a interpellée et il me fallait vite assouvir ma curiosité. La chute est extra et ce parallèle avec le lieu de l’événement du 4 novembre m’a fait sourire, je ne pourrai que penser à toi et ton texte ce jour là ! 😉 Maintenant à savoir si dans le public ou les lecteurs il y aura un « grand corps musclé, dont l’attrait ne tenait pas tant à sa beauté ivoirine qu’à ses mouvements enveloppants et saccadés, à cette nervosité contenue », le mystère reste entier ! Je prendrai des clichés pour toi 😉
Merci pour l’éclat de rire avant de retourner au boulot ! (Bossant en EHPAD je vois peu de corps sculpturaux;) )(
@Manue : ton texte est d’une telle actualité que ça fait peur ! Tu sais si bien écrire ces moments de chaos, surtout les éléments en préparation avant que l’oeil du cyclone ne touche le lieu ! Bravo ! me suis laissée emportée par ta plume, c’est super fort et maîtrisé ! congrats miss !
@Anselme : il est chaud ce patient 😉 la psy serait elle une bombe ? Y aurait il un transfert ? Maintenant avec le recul, en plaçant l’image bien loin, en effet, ça y ressemble 😉 mais sera t il à la hauteur ?
@Leiloona : je ne connais pas les références que tu cites mais le point de convergence me parle en architecture et dessin et me donne un autre angle de vue de ce cliché, super !
Merci Nady ! 🙂
C’est une photographe nounou qui a maintenu son anonymat jusqu’à sa mort, puis a explosé ensuite … Le jeu de paume lui a consacré une expo y a quelques mois. Et l’autre artiste était un marginal qui n’a connu son succès qu’après sa mort. Une histoire étonnante, complètement invraisemblable, mais réelle.)
ah ok. merci d’avoir éclairé ma lanterne curieuse 😉
Mes premières lectures
@Anselme : je n’avais rien vu… maintenant je ne vois que cela 😉
@Claude : La poesie de la rencontre : j’adore
@Iza : Que nos inspirations sont tenaces, elles infusent partout
@Manue : J’ai senti l’oppression et l’envie de réfléchir davantage sur le monde
@Valérie : le début de ton texte m’a presque donné envie de découvrir NY, tout le monde parle d’une belle énergie y régnant. Quant à la suite, je crains hélas que ta narratrice ne se sente pas plus en sécurité en France ni nulle part dans le monde d’ailleurs… Je suis presque rassurée de constater que les news qui me hantent depuis quelques semaines sont aussi angoissantes pour d’autres car beaucoup autour de moi me disent vivre dans une grotte entourés de bisounours où tout le monde il est beau et il est gentil ! Merci de me faire sentir moins seule dans ces pensées !
@Pacha Mama : une vraie maîtrise dans l’écriture ! je suis bluffée ! J’adore son rituel en sas de décompression, vais le lui piquer sur certains jours 😉
Ce rituel fonctionne du tonnerre !
Merci beaucoup Nady.
@ Leiloona : j’ai lu ton texte avec un plaisir nouveau. Et j’ai beaucoup aimé. Nous parlons de convergence : tandis que mon personnage court désespérément vers l’infini, ton texte nous propose l’immortalité. La raison a gagné. Illusion pour illusion, je préfère la tienne…
Claude : L’infini et l’immortalité … quelle illusion préférer ? Vaste débat, nous pourrons bientôt échanger dessus. 😀
Sinon, oui, tu as raison, mon texte de la semaine dernière ne ressemble pas à celui-ci … je ne sais pas à quoi tiennent ces fluctuations. Le temps, sans doute, la fatigue aussi … 😉
@ Anselme : Bravo, c’est court et fort.
@ Manue : C’est puissamment écrit. Une vision froide des choses traitée comme un manifeste. Bravo, j’ai vraiment aimé.
@alexandra : j’aime beaucoup l’idée d’obliger le lecteur à se focaliser sur un autre point que la femme pour y revenir via l’histoire d’un autre.
@anselm 🙂
@claude : de quoi méditer avec ta dernière phrase extraite d’un fable que je ne connais pas mais irai lire à l’occasion.
@iza : ta chute nous rapelle que face à la maladie et à la mort il n’y a pas de super hęros, de stars…et que nous pouvons tous être touchés.
@manue : que c’est sombre! On fuirait presque tant tu nous glaces.bravo
@ pacha mama : on ne peut oublier en effet mais il faut aller de l’avant, « écouter plus attentivement ses talons pour les pas que d’autres ne feront plus. » J’aime beaucoup ta formule.
@nady : quelle terrible histoire! Quand on sait que c’est ce que vivent de plus en plus de gens dans le monde, qui alors qu’ils n’ont rien fait et rien demandé à personne voient cruellement leur vie eclater.
Valérie : J’aime bien jouer avec mon lecteur sur l’atelier, oui ! 🙂
Merci pour ta lecture Valérie. Oui, j’ai lu « nos 14 novembre » d’Aurélie Sylvestre qui m’a bouleversé dans ce domaine…
@terjit : oups…pas facile d’assumer, de devoir y retourner, de mentir aux siens. Plus difficile encore d’en sortir…
@adele : quelle chute! Je ne m’attendais pas à cela du tout mais à une scène passionnelle. Ecrire est aussi captivant à en croire une femme crousée cet été qui passait son temps à écrire h24: au restaurant, en randonnées…elle avait l’ait complètement accro.
Iza : Bel exercice de style, même si, je ne connais pas assez Bowie pour repérer toutes les références. 😉
AI senti l’émotion sous-jacente en lisant ton texte. Comment aurait-il pu en être autrement ? 😉
Merci ma belle. Il serait long de toutes les référencer (titres, noms d’avatar, reprises, paroles)… Et oui, même si le temps passe, écouter certaines chansons, voir certaines images reste toujours douloureux…
Manue : à quoi bon courir, te dirais-je ? Ton texte rejoint celui de Claude, c’est fou comme cette verticalité vous a donné un sentiment d’étouffement … Marrant, je n’ai vu que la lumière … à chacun son point de convergence en somme, ce qui fait la richesse de l’atelier et la multiplicité des textes.
En tout cas, description de ce monde pré apocalyptique bien réussi. Tu flirtes depuis un an (je crois avec la SF … : y a-t-il eu un déclic ?)
J’ai toujours été une grande fan de SF … je trouve que c’est aussi un chouette levier dans l’écriture pour aller plus loin dans la réflexion … et puis la un poil déjantée que je suis c’est un génial moyen de mêler à la réalité un peu de surréalisme !
Tu as raison, en voyant la photo, je me suis sentie étouffée, comme en montagne d’ailleurs ! Et j’ai vu dans la lumière le souffle d’une explosion …
Et aussi l’atmosphère de « Corps et âme » un très joli roman de Frank Conroy.
… et puis pour la un poil …
Je ne connaissais pas cet amour pour la SF, tu ne l’as exploitée que depuis peu. Mais c’est chouette, cela donne une nouvelle dimension, oui, comme tu dis. 🙂
La lumière au bout du tunnel… c’est aussi ce que j’ai préféré conserver de cette photo 😉
Pacha Mama : j’ai eu du mal à suivre le déroulé de ton histoire, et je crois que tu l’as fait exprès : beaucoup d’infirmations, cela fourmille et embrouille l’esprit …
(Sinon le « essayer avec audace » n’est pas à prendre dans le bon sens du terme. L’audacia ici est vue négativement par les romains, comme une sorte de démesure ou de colère que les latins n’aimaient pas … C’était ma minute « prof de la IIIè République ».)
Pardon je pensais que attentare, se traduisait par essayer avec audace.
Je ne pensais pas à l’audacia.
Au contraire, j’apprécie la « minute prof III ème république » ne vous excusez pas.
L’audace oui oui c’est bien la traduction mais chez les romains elle a un sens négatif. 😉
Nady : Olalalalalala … Du lourd, ma belle … Que te dire ?
Le texte se lit comme une vie qu’on détricote, on sombre plus bas que terre avec cette lueur d’espoir dans ce petit d’homme à venir, mais … mais … je crois que je repousse ces mots, car oui, en effet, la vie ne tient toujours qu’à un fil, et comme je ne l’ai que trop en tête, je me détourne de tout ce qui peut me le rappeler. Rien à voir avec ta narration limpide et bien menée en miroir.
merci de t’être arrêtée sur mon texte tout de même. Je ne réalisais pas que j’avais écrit une histoire vraiment pas banale tellement elle m’est venue d’une traite en voyant la photo, presque comme une évidence, mêlant l’actualité heureusement déjouée à cette triste fin possible. C’est la lecture des retours qui m’ont fait relire mon texte et analyser l’horreur réelle d’une telle situation… Il faut croire que j’ai atteint un niveau de résilience assez fort pour avoir autant de recul et sortir un tel déroulé… mais bon, j’ai promis à ma garde rapprochée de m’essayer à l’humour prochainement car il commence à s’inquiéter de la noirceur de ma plume 😉
Avoir une plume noire ne signifie pas l’être. Et vice Versailles.
Valérie : En lisant ton texte, je me dis en effet que cette ville a pas mal été marquée, et cela se ressent … dans la réalité de nos fictions (si je puis dire).
Les textes sont noirs, marqués par un sceau en quelque sorte. Je suis étonnée, je ne m’attendais pas à cette noirceur.
Terjit : Oh gosh … Bon, vais p’tre devoir sponsoriser l’atelier par des boîtes de prozac ! 😮 Blague à part, promis je ne mettrai plus de photo qui étouffe, cela donne des textes super sombres. Ou alors c’est l’hiver ?
Je connais déjà la nouvelle photo, et suis assez contente car les textes auront une autre couleur, normalement …
Ta narration est bien menée, car au début, c’est une femme lambda comme moi …(peux pas dire comme toi et moi. 😛 )
Adèle : Mouhahaha, oui, tu as raison, on n’est jamais trop prudent avec l’écriture … 😉
Du coup, elle écrit ivre c’est bien ça ? Hum … suis pas vraiment certaine du résultat, qu’elle essaie la sophro pour le lâcher prise ! 😛 (Quel âge le cognac ? 😛 )
@Leil : Vivre et mourir seul et être admiré une fois décédé, quel pied de nez à la vie …
J’aime ce que tu as fait de cette photo, c’est noir et lumineux à la fois !
Hum. Quitte à choisir je préfère être célèbre de mon vivant. 😀
Ouais ! Moi aussi !!!
@Anselme : Ah ah ah … Peu de mots, mais efficaces !
@ Pacha Mamma : ouf, un peu d’espoir. Merci pour ce texte bien fait.
@Claude : Quel texte étrange, presque un poème parfois … Et cette fuite, absurde, puisque impossible. Et cette vie, angoissée, cernée, cette vision du monde, noire, mystérieuse, … J’adore !!! J’y lis toute l’absurdité du monde … Bravo à toi !
@ Nady : Je retrouve ton écrit avec un grand plaisir. Toujours ce côté altruiste et bouleversé par la violence. Ta sensibilité transparait dans tous tes textes et c’est très bien ainsi. Merci de ne pas changer.
ROooo merci Claude, si tu savais comme cette sensibilité peut parfois être douloureuse… mais super contente de trouver en ton écoute une oreille bienveillante et pleine de sagesse, promis, je ne vais pas changer, il m’est d’ailleurs difficile de modifier l’ancrage de mes racines bien implantées à mon âge 😉
Douloureuse sensibilité… je ne connais que trop…
@Iza : Très joli … même si je ne vois pas toutes les références ! Life On Mars <3
@ Valérie : Ton texte est bien. Le pessimisme qu’il reflète est légitime. Mais Les USA sont un pays jeune avec ses crises d’adolescence et ses excès incompréhensibles. Quant à NYC , c’est une ville tellement à part aux US…
@Pacha Mama : Une belle énergie dans ton texte … dans lequel, je l’avoue, je me suis un peu paumée ! Reste de ma lecture un élan vers la vie ! C’est le principal, non ?
@Nady : Dès les premières lignes, j’ai senti que ça allait mal finir parce que dans la lumière blanche de la photo j’ai vu la lueur d’une explosion, le souffle de l’effondrement des tours au sol, … Ton histoire n’est pas qu’une histoire et c’est ce qui la rend si touchante.
ROoo super touchée par ton retour. Merci d’avoir su lire entre les lignes dès le début 😉 trop hâte de te revoir !
@ Terjit : Ton texte tout en suggestion marche très bien. Il est court et bien construit. J’aime bien ton style et tes idées.
@Valérie : Je ne suis pas sûre qu’en France ça soit tellement mieux … Les USA sont capables du meilleur comme du pire et ton texte joue bien sur cette ambivalence, elle est séduite … jusqu’à un certain point.
@ Adèle : j’espère que son écriture aura une limpidité à la mesure de cette préparation. Je n’en suis pas sûr. Comme le suggère Leiloona, une séance de sophro s’avèrerait nécessaire. Quand au cognac, elle doit se rappeler qu’au mot ivre, il manque un « l » pour faire livre et deux ailes pour s’envoler…
@Terjit : Ouch, pauvre femme qui se débat avec la vie … Bien sûr qu’elle doit se réveiller !!!
@Adèle : Quelle mise en scène ! J’adore !!! Le cognac est peut-être une aide … pour écrire, je ne sais pas !
@Leiloona : J’aime beaucoup l’idée de ton texte à la fois sombre et plein d’espoir. Et puis n’es tu pas notre point de convergence à tous ici !
Ah ah ah ! Tu es chou. 😉
@Anselme : Clair, net….et bien vu !
@Claude : Quel plaisir de te retrouver, de retrouver ta plume, ta poésie, ta pointe d’humour ! Un grand merci déjà pour cela. Une course folle, cette fuite que tu nous décrit si joliment ! Et une fable que je viens de découvrir grâce à toi ! Merci Claude !
@Iza : Un bel hommage et une chute bien amenée ! Ton histoire m’a touchée et si elle arrive a percer l’au-delà elle touchera sans nul doute son inspirateur…
@Manue : Un texte sombre, glacial qui va me faire regarder la ville autrement…et me retourner plus souvent 😉
Merci Manue pour cette agréable lecture !
@Pacha Mama : Une lecture comment dire… »requinquante » par l’espoir qui s’en dégage. Un peu brouillon peut-être (mais comme Leiloona je pense que c’est voulu) mais pleine d’énergie ! Merci Pacha Mama !
@Nadine : Oh Nadine ! Quel texte ! Une histoire terrible que tu nous livres là, d’un réalisme incroyable et d’une cruauté quelque peu allégée par l’arrivée imminente de la « pitchoune » donc de la vie qui reprend le dessus…J’aime beaucoup ton texte, même s’il est triste et sombre !
Je n’ai pas lu tous les textes mais je vois que nous sommes déjà quelques uns(es) à évoquer à travers cette photos les attentats devenus si nombreux.
Merci pour ta lecture ma belle, oun on est triste cette semaine. ..
A tous, je voulais juste faire un gros teasing pour notre événement du 4 novembre et profite donc de le faire ici. Je viens de recevoir un appel qui vient confirmer une belle idée que Jos et moi avions pensé pendant la visite du lieu. On ne pouvait rien vous dire jusqu’à présent car parfois la vie demande d’être patient surtout quand la récompense est belle. Mais notre pugnacité à obtenir une réponse à notre idée a eu gain de cause car on vient de m’appeler pour mettre en place tout cela. Là je peux vous assurer que si tout se concrétise, nous passerons sincèrement un délicieux moment empli de surprises et bienveillance. Je ne peux encore rien vous dire aujourd’hui (c’est le principe d’un #teasing 😉 ) mais l’envie était trop grande de vous écrire pour partager avec vous ce beau ressenti. Work in progress pour nous satisfaire 😉 à bientôt et plein de bises ensoleillées, Nady
Tu nous mets l’eau à la bouche….Si besoin d’aide pour quelque chose, n’hésite pas.
hihihi , pour l’instant je n’attends que les clichés pour tricoter une histoire pour que le public ne décroche pas en cours de route 😉 t’as vu, j’ai rallongé le délai au 20/10 au lieu du 15 mais pas après le 20 please 😉 des bises et à tout bientôt dans la vie réelle.
@lilousoleil : les sans blogs WordPress ne pouvrant pas commenter ton texte sur ton blog, alors je commente ici : un joli texte et une belle décision qu’elle ait prise en espérant qu’il ne lui propose pas des sous pour avorter. .. Une suite un jour peut être pour savoir ce qu’ils sont devenus ?
@Valérie : Un texte très actuel, qui fait ressortir les peurs de beaucoup…Bien vu et bien amené ! 🙂
@Terjit : Un texte clair pour une sombre vie… Un registre différent des autres textes, mais tout autant réaliste et dur. Et oui : cela vaut la peine qu’elle se réveille : la vie nous réserve toujours des surprises (même des bonnes) surtout lorsque l’on touche le fond !
@Adèle : Wahouu ! J’aime beaucoup ton texte. Je ne m’attendais évidemment pas à cette superbe chute qui me ravie et qui apporte une certaine légèreté au début ! J’ai marché avec ton personnage et ressenti sa peur, sa fébrilité, son impatience…Un vrai coup de cœur pour ton texte : alors si tu le permets et puisque j’ai cru comprendre que tu ne peux pas venir le 4 novembre, je serais vraiment contente de lire ton texte pour que tu sois parmi nous… J’attends bien-sûr ton autorisation ! 😉
Oh ! Que répondre ? Sinon que les mots posés ici rêvent de s’envoler, et que mon texte se veut à la fois un clin d’oeil et une confession sur le plaisir et la douleur d’écrire.
Merci de m’avoir lu, ici et maintenant. Pour la soirée, tes choix t’appartiennent (pour dire mon embarras). Bises.
@lilou : Alors que pour nombreux d’entre nous, l’image a inspiré des textes plutôt noirs, le tien est plein de vie et d’espoir avec cette naissance à venir. Merci
@Leiloona : je perçois dans ce texte énigmatique une étrange dissonance qui me déstabilise. Peut-être parce que je ne sais pas trop dans quel registre il se situe. Qui est le narrateur qui m’interpelle ? Quel est le lien entre les personnages ? Est-ce notre regard ?
NB : Wikipédia ne m’a guère aidé . Airy = aéré ? le mathématicien ? Airy me = le clip ? la chanson de Cuushe ? Et mon clavier qui n’a pas les touches nécessaires pour taper εὕρηκα !
Hahaha, mon manque de fantaisie me perdra, j’en suis convaincue.
Mille baisers pour me faire pardonner mes bêtises.
@Anselme : Merci Anselme pour le fou-rire ! Je n’aimerais pas trop croiser ton type dans une rue sombre !
Et j’ai pensé à l’interprétation de la psy le corps féminin, est-ce le côté sombre ou lumineux ? Ou alors n’est-ce pas une réminiscence de sa naissance qu’a cet homme ? 😉
@Claude : étonnant, Leiloona voyait un point de convergence là ou tu vois des lignes de fuite.
Tout n’est donc qu’affaire de regard.
Ton texte m’a fait penser à la description d’un cauchemar oppressant, qui s’éclaircit peu à peu. Un psy en déduirais que ton personnage a des problèmes mais aussi des ressources pour s’en sortir. 😀
@Iza : Un texte sombre aux allures de poésie pour nous raconter David Bowie, ce martien. J’avoue ne pas connaitre ses chansons et sa vie, mais j’adore des expressions telles que « un locataire de l’univers ». Bel hommage, on sent ton émotion.
@Manue : un texte aussi sombre que cette rue. J’ai l’impression que tes mots ont coulé de ta plume, aussi noirs qu’une encre de Chine. Rassure-moi, il y a bien cette lumière, au bout de la rue ? Non ?
@Pacha Mama : L’allusion à l’âge d’or du cinéma du cinéma américain a attisé ma curiosité (je trouve que les acteurs avaient une classe folle)..J’ai bien aimé déambuler avec ta narratrice, et laisser ainsi libre cours à ses pensées et ses émotions.
@Nady : houlala , j’ai du m’accrocher pour lire ton texte jusqu’au bout ! Et la petite note d’espoir ne suffira pas à me dérider, me faisant penser à l’histoire de proches.
Mais tu mènes brillamment la narration, et les émotions affluent.
NB Bravo pour tes talents d’organisatrice, j’attendrai le compte-rendu de la soirée (et les photos !) avec impatience !
Merci pour ton retour de lecture Adèle. Et pour la soirée, tu sais, je n’ai aucun mérite, c’est une partie de mon métier d’organiser des events… faut juste que j’apprenne à me preserver maintenant car ai toujours plein d’idées mais moins d’énergie à tout coordonner seule alors de plus dn plus je fais des appels à l’entraide 😉 là le mari de Jos a débloqué pas mal de choses pour notre plus grand bonheur. Un big up à lui ! 😉
@Valérie : un texte plaisant et vlan, la douche froide ! Cette tendance au repli sur soi-même est étonnant de la part d’une jeune fille si entreprenante. Peut-être un moment de découragement loin des siens, le mal du pays, quoi … Un texte fluide.et agréable à lire.
@Terjit : difficile d’assumer ce que certains osent nommer un métier. Je pleure pour ces femmes qui n’ont trouvé d’autre issue. Et pour leurs enfants.et le poids à porter. Que de douleur en échange du plaisir fugace de quelques uns. Bravo pour l’efficacité de ce texte bref.
Alexandra K : Mis bout à bout, par ordre chronologique, ces papiers feront une émouvante B.D., le pompier a eut raison de s’émouvoir et de se laisser aller un peu.
Anselme : Ah ! ah ! le psychologue qui perd le fil de son analyse, trop fort !
Claude : Déjà le titre me semblait être écrit à l’envers, que nenni ! tout est là, expliqué, point par point et Jean s’en mêle avec brio. Merci pour cet effet, brillant !
Iza : Quel tourbillon de vie !
Manue : Le dernier paragraphe est une belle conclusion, un ordre, une injonction, une sagesse : pressons-nous !
Pacha mama : Et ce ne sont que quelques pas sur le bitume, Abigail réfléchit vite et bien au rythme de ses pas, yallah !
Nady ; En lisant cet écrit je retrouve l’angoisse traduite avec beaucoup de simplicité dans le livre « vous n’aurez pas ma haine », merci
Valérie : Oups ! l’actualité, si présente …
Terjit : La gravité au quotidien
Adèle : C’est excellent, cette rencontre et ce rendez-vous qui arrive bientôt, t’inquiète, tout va bien se passer, tu seras entourée de belles personnes.
Merci pour ta lecture. Je ne l’ai pas encore lu ce titre, le ferai pour comprendre comment il fait…
@leiloona: je ne sais pas quoi dire à part Wizz ! J’aime beaucoup ce texte.
@Anselme : rapide, efficace et drôle. Bravo !
@Claude : pas très gai tout ça . Mais tellement bien écrit que j’en reste baba !
@Iza : il me semble avoir loupé ton texte cette semaine, c’est ça que de courir sur celui de mon idole Claude et de lire tout en désordonné (hihihi). un vibrant hommage à Bowie si j’ai bien compris. je ne le connaissais pas vraiment, sauf à travers ses tubes, ça me donne envie de mieux le connaitre… c’est souvent comme ça chez moi, je découvre le personnage après sa mort 😉 bravo pour ton texte !
@Iza : j’ai été bercé tout du long, un vrai bonheur que ce texte. Merci !
@Manue : le texte est sombre, bien sûr, mais tout de même délicat malgré le sujet. Et le rythme est parfait, c’est comme si les mots étaient sortis de ton stylo en un flux régulier,