Veuillez m’excuser, j’ai été aspirée par un trou noir.
La photo de lundi prochain !
141 Commentaires
Manue Rêva
sur 22 juillet 2019 à 4h11
Atelier 332
C’était un soir d’un autre temps ou le matin d’un possible futur. Elle attendait.
Comme chaque jour.
Comme chaque minute, chaque seconde, chaque inspiration.
Mais ce jour-là, le brouillard était plus dense et les rues désertiques, elle sentait la pesanteur du monde sur ses épaules, celle qui planait sur toutes celles qui espéraient un avenir différent sans pouvoir ne serait-ce que le toucher du doigt.
Pas de bus.
Pas de soucoupe volante non plus.
Juste une odeur lointaine qui sortait du plus profond de ses souvenirs.
Petite, sa grand-mère lui avait raconté, une seule fois, et puis elle s’était tue. Sa grand-mère ; elle ne l’avait connue que frêle, une ombre planant sur la maison de ses parents, toujours habillée de noir, et jamais les bras nus, elle cachait l’indicible. Depuis, son avenir était tout tracé, un mari, des enfants et bientôt l’installation dans un nouveau pays, leur terre promise à tous. A tous, mais pas à elle.
Elle pensait autrement. Elle rêvait d’autre chose. Il y avait sa vie, et puis celle des autres qu’elle croisait et qu’elle imaginait. Quels buts poursuivaient-ils ? Pourquoi cet homme avait-il ce sourire dans le bus hier ? Est-ce que ce n’était pas des petits trolls des bois, chassés par l’urbanisation, qui animaient des soufflets et produisaient cette atmosphère bizarre. Sans arrêt elle s’imaginait une vie et d’autres construisaient la sienne. Impossible de faire autrement, avec un passé si tragique, le bonheur n’avait qu’une seule voie, toute tracée déjà.
Elle attendait donc, et ils ne venaient pas.
Son bus.
Et un avenir à elle.
Ils restaient cachés dans cette brume épaisse.
Seules quelques lumières brillaient. En ne regardant qu’elles, il était possible d’espérer, possible de voir un ciel étoilé, uns constellation de petits bonheurs à peine perceptibles mais qui éclairaient sa nuit. Presque à portée de main.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 6h27
Entre métaphores et science fiction, un bien joli texte.
Les carrefours d’une vie … Cela dit, la photo est figée, la dame, elle, est mobile. Il ne lui reste plus qu’à se mouvoir et se diriger vers ce qu’elle pressent. Seul le premier pas est compliqué.
Ce matin,
Ce matin, elle a pris une profonde inspiration ; elle a glissé la photo dans son grand cabas vide. Et elle est partie.
Ce matin, elle a choisi soigneusement sa tenue, celle qu’il préférait, celle qui laisse deviner son corps long et souple mais ne dévoile rien.
Ce matin, elle a enfilé sa veste en tweed marron et enroulé son foulard vert autour de son cou. Ce foulard qui lui donnera la force d’avancer, dans lequel elle plongera son visage dans les moments de doute comme on se replie dans un refuge. Ce foulard qu’il détestait tant.
Ce matin, elle a laissé la porte grande ouverte derrière elle en partant ; elle a parcouru d’un pas décidé les quelques kilomètres qui la séparent de l’arrêt d’autocar. Pas pour se réchauffer dans ce matin humide et brumeux de ce début d’automne, non, plutôt pour inscrire l’empreinte de sa détermination dans le bitume. Comme un rempart. Elle ne reviendra plus.
Ce matin, elle regarde longuement une dernière fois ce passé qu’elle a tant aimé, qu’elle a tant pleuré, qui lui aussi ne reviendra plus.
Ce matin, elle attend l’autocar de cinq heures dix, le premier pas vers son ailleurs. Cet ailleurs vers lequel elle a enfin choisi de se diriger. Elle prend à nouveau une profonde respiration. Elle est bien.
Ce matin, elle sent derrière elle la chaleur des milles soleils de son futur. Ils éclairent sa route.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il jaillit dans un halo lumineux.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il déploie son champ magnétique.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il irradie une énergie atomique.
Aujourd’hui, elle sort de sa dormance.
Aujourd’hui, elle savoure son histoire qui l’a conduite jusqu’à cet arrêt d’autocar.
Aujourd’hui, elle repart, forte de la puissance de son choix.
Écriture toujours autant appréciée dont je reconnais maintenant le style dans le choix des mots…
Une histoire, la photo dans la poche, le foulard, la porte ouverte, le soulagement de la décision prise et l’attrait de l’inconnu qui fabrique une nouvelle vie…
Bien vu l’anaphore en début de vers libres … La figure de style permet d’accentuer comme un refrain qu’on se chantonne pour avoir plus de force.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 6h23
L’attente
7 petites lettres bien noires
pour parfois de grands espoirs
ou déconvenues dérisoires.
Attendre
de donner la vie
ou la fin d’une maladie,
paradoxe d’une vie.
Attendre
à l’ombre d’un platane, d’une paresse indolente,
à la lumière des réverbères d’une lueur éblouissante
ou sous une pluie battante.
Attendre, attendre, attendre
Le résultat du bac ou d’un examen
en espérant que ça sera bénin.
Est-ce pour aujourd’hui ou pour demain ?
Un appel, un message, un signe de vie.
J’attends, tu attends, nous attendons.
Qu’attend- elle cette jeune demoiselle
toute pimpante et bien droite dans ses baskets
dans cette rue déserte ?
Lui a-t-on dit
que le soir le loup peut être attiré par une bergerie ?
Comme prévu le lieu était désert et silencieux. Le brouillard descendait, j’avais froid ; il faisait froid. On m’avait dit, « 22 heures 22, ne sois pas en retard, on ne t’attendra pas. » Alors pour être sûre d’être à l’heure, j’étais arrivée en avance. Et je ne pouvais m’empêcher de penser que j’aurais peut-être dû ne pas venir. C’est ce que je me répétais toutes les trente secondes. A la trente et unième, je quittais l’abribus et je marchais le long du large trottoir, puis je m’arrêtais et regardais en direction de la route. Je revenais ensuite sur mes pas. Le tout me prenait moins d’une minute. J’avais alors un instant d’hésitation, ce laps de temps d’incertitude où les questions fusaient. Allaient-ils venir ? Pouvais-je leur faire confiance ? Devais-je rebrousser chemin ? Repartir d’où je venais ? Retourner vers ce quoi je fuyais ? Continuer à avoir peur ?
Ce n’était pas seulement des questions, c’était ma vie que je soupesais dans l’attente et plus les minutes passaient plus elle pesait lourd, chargée de stigmates invisibles que j’avais longtemps jugé insignifiants. Mais aucune cicatrice n’est innocente quand l’oppression régit le monde.
22h21 Sous l’abribus, je me suis levée du banc sur lequel je m’étais assise. Les lampadaires diffusaient une lumière blafarde. A peine voyait-on le bout de la rue. J’ai marché le long du trottoir et j’ai regardé en direction de la route. L’épaisseur du silence enveloppait jusqu’à mon envie de liberté. Ne pas céder à l’angoisse. Rester confiante.
Le doute, l’angoisse qui saisit, tellement perceptible, qui n’a pas vécu ces secondes, ces minutes qui s’egrenent où tout peut se jouer, bravo.
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 12h35
Ah tu nous laisses sur notre fin.A nous d’imaginer la fin. Bien joué!
Roxane
sur 22 juillet 2019 à 17h26
fuilde comme le temps qui passe, et un aller retour incessant sur sa décision, c’est exactement ça ! bien vu !
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 17h48
C’est super d’avoir aussi bien saucissonné le temps comme pour repousser l’instant décisif que le lecteur ne connaîtra pas, mais devra imaginer dans sa passivité bienveillante de simple lecteur. Bravo
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 22h11
Une chute haletante, bravo Laurence delis !
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h39
Le lecteur espère que les 27 secondes restantes seront le début du bonheur ! Joli morceau d’attente !
Aucune cicatrice n’est innocente, en effet, elle forge l’âme.
C’est bien d’avoir laissé le lecteur imaginer quelle pouvait être l’issue. On ne sait rien, le texte développe notre imagination, bien vu !
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 8h05
Ce matin, elle attend. Elle attend fébrile le bus qui n’en finit pas d’arriver. Autour d’elle, le brouillard, aussi épais que dans un roman de Simenon a absorbé tous les bruits. Il ne laisse au regard qu’un abri impersonnel et quelques réverbères blafards émergeant tels des pneumatophores fuyant une humidité asphyxiante. Elle ne peut chasser l’idée qu’elle est pressée, très pressée. Chez elle, ses jeunes enfants turbulents lui ont fait manquer le passage du bus précédent. Dans l’entreprise high-tech qu’elle dirige, son équipe va l’attendre pour la réunion budgétaire. Le retard au travail, rien de pire. Elle est là seule, trépignant d’impatience. Elle doit aussi appeler son mari pour lui dire qu’hier elle s’est un peu laissée emporter et surtout qu’il n’oublie pas de téléphoner au plombier pour la fuite de la salle de bains. Mais pas de connexion possible avec son smartphone. L’isolement est total, la journée est perdue, l’avenir incertain.
Mais le calme du lieu désert, le charme secret de la solitude, l’absence de limites à ce décor vaporeux, semblent imprégner peu à peu ses pensées. Elle songe à elle même comme rarement, et réalise alors la chance qu’elle a : un moment de paix, de tranquillité, lui est offert. Elle ferme les yeux, sourit et savoure. Elle ne veut plus que son bus arrive.
Avec la référence à Simenon, tout peut arriver… le charme de l’arrêt de bus
Anne-Marie
sur 22 juillet 2019 à 9h24
Comment ne pas s’identifier au personnage Cloud !! Nous devrions tous savoir lâcher prise et s’attarder à savourer chaque instant. Toujours beaucoup de plaisir à te lire.
Nous nous sommes tous réunis autour de cette femme qui attend le bus dans le brouillard et c’est un vrai plaisir de partager l’évolution de ses pensées en fonction de qui a écrit. Merci Cloud
C’est tellement ça, ces petits instants de paix qui surgissent là où on ne les attend pas et qui ressourcent (il faut bien ça pour tenir la densité des jours)
Merci Cloud, j’ai beaucoup aimé la réalité de ce récit et, en supplément, appris un nouveau mot : « pneumatophores » 🙂
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 6h57
Chaque mot est criant de vérité m. J’ai adoré la transition, le temps perdu qui finalement devient du temps gagné ! Un texte qui fait doucement réfléchir…. Bravo!
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h42
Oh Claude ! J’adore ! Elle a raison de savourer ce moment !… Nous sommes plusieurs à faire de même au milieu de nos journées trop remplies. Très très bien vu.
Bien joué Cloud, encore une fois tu détournes l’attente, dans ce qu’elle a de magnifique : comme la dernière inspiration avant de faire un saut de l’ange ou une immersion sous l’eau … Il y en a qui disait que ce n’était pas le but qui était important, mais bien le voyage, là c’est la même chose. C’est l’attente, presque une méditation, qui est belle.
Je retrouve tes mots, ne serait-ce que dans l’évocation d’un film de Simenon, tout y est le décor est planté !
Il a fallu que je quitte la maison familiale et le centre ville de ma ville de naissance où je faisais tout à pied pour découvrir l’arrêt de bus et son paysage. C’était dans la capitale de ma région où je partis faire mes études de droit(à Paris, pour la prépa HEC, je prenais le métro). J’attendais le bus en regardant les immeubles du XIX e siècle qui contrastaient avec d’autres parties de Reims détruites et reconstruites en Art Déco. L’arrêt de bus de la fac me montrait un paysage bien différent puisque les bâtiments dataient de la fin des années soixante.
C’est à mon mari (à l’époque futur) que je dois de découvrir une ville limitrophe de ma ville de naissance que j’avais arpenté en long en large et en travers. Avec le meilleur ami que je me faisais aussi à l’époque(et que j’ai perdu), nous attendions le bus dans notre quartier résidentiel avec vue sur la voie de chemin de fer. Nous regagnions ainsi le centre de la ville voisine. De là, nous étions au coeur de la capitale historique de la région avec notamment des maisons en pans du bois, d’où nous attendions le bus pour rentrer chez nous.
On se laisse entrainer dans cette narration toute douce aux accents de vécu… Ca donne envie de lire la suite 🙂
Anne-Marie
sur 22 juillet 2019 à 8h56
@Anne Marie
Marie, la belle
Chaque jour, elle empruntait le même chemin, quel que soit la saison. Maintes fois dans ses rêves, elle s’imaginait quitter cette région qui l’avait vue naître. Mais, au sortir de ses songes les plus fous, elle se taclait de se nourrir ainsi de chimères. Etait-elle si avide d’au-delà ?
Telle la brume qui l’enveloppait ce soir-là, ses pensées s’évaporaient.
Brest était sa ville. Elle avait appris au fil des années à l’apprécier pour ce qu’elle était. Les caprices de la météo brestoise étaient un défi permanent à braver. Bien des marins et des navigateurs s’y sont arrêtés pour mieux y revenir comme aimantés. La rigueur du climat ne les effrayait pas. Bien au contraire, après avoir parcouru, tous les océans et toutes les mers du globe des quarantièmes rugissants aux cinquantièmes hurlants, Brest, pour ces marins aguerris, est emprunte de douceur. Sur cette pointe du bout de la terre, il foule le plancher des vaches tout en gardant cette immédiate proximité avec l’océan. S’en éloigner leur enlèverait leur raison de vivre, leur oxygène. Marie, elle, sans avoir quitté la rade est habitée par l’élément maritime. Bercée, dès sa plus tendre enfance, par les récits de ces « trompe-la-mort » des océans, elle est accrochée à sa citée comme un « Bernard l’Hermite » à son rocher. Brest est rude, ses habitants, avec leur caractère bien trempé, le sont aussi. Le Breton ne peut se dépeindre en quelques mots. Soit, nous naissons bretons, soit nous mettrons des années, voir des décennies à percer à jour le caractère breton et ce qui fait qu’ils sont qui ils sont, les apprivoiser puis les comprendre demande du temps, beaucoup de temps.
La ville de Marie, la bretonne, est une ville sans fioriture. Nous ne pouvons arriver dans cette ville, sa ville, par hasard, il faut de la détermination pour y arriver. On ne passe pas par Brest, on s’y rend. D’ailleurs, les touristes ne s’y bousculent pas. Marie dit : « et, c’est tant mieux » Seules les départs de courses attirent la foule dans la cité du Ponant, porte d’entrée de l’Europe, symbole, à la fois, d’ouverture, de modernité, et de tradition. Et, quelle foule, une foule passionnée, avide de ce spectacle maritime tellement époustouflant. Le charme de Brest est à découvrir, à ressentir, il ne se raconte pas, il se vit. Deux alternatives s’offrent à ces bretons du bout de la terre, partir par-delà les mers ou partir vers la terre.
Là sous ces réverbères, dans cette lumière diffuse et brumeuse, emmitouflée jusqu’aux oreilles, elle goûtait l’air, le humait. Cet air si particulier chargé d’embruns, de varech, semblable à nul autre pareil. Marie songeait à tous ces évènements qui avaient en quelques jours seulement bouleversé sa vie. Tel un coup de poker, fière de l’obtention de son baccalauréat décerné avec mention très bien, Marie a défié l’autorité parentale pour présenter sa candidature comme élève-officier de Marine. La réponse lui était très vite parvenue. Dans quelques jours, elle partirait pour rejoindre la Presqu’ile de Crozon et de fait, l’école navale de Lanvéoc-Poulmic comme élève-officier de la Marine Nationale. L’engagement est sans appel, cinq ans pour acquérir la théorie et naviguer sur le porte-avion « Charles De Gaulle. Son inquiétude est légitime, comment, à dix-huit ans, être sûre et convaincue que l’on fait le bon choix ? Même si elle comprenait l’opposition de ses parents à ce projet de rejoindre ce corps d’armée, ne pas recueillir leur approbation lui causait tristesse et chagrin. Mais, elle avait pris sa décision, elle l’avait mûrie, depuis bien longtemps, assise sur le parapet de la terrasse de l’arsenal. Rien ni personne ne pourrait entamer sa détermination et se mettre en travers de sa route. Les adieux se profilaient. Dans quelques jours, elle quitterait tout ce qui, jusqu’à présent, avait fait sa vie. Elle n’aspirait plus qu’à une chose : VIVRE, parcourir le monde, les océans, en bon marin qu’elle espérait devenir et qu’elle serait.
Une réflexion la chagrinait, pourquoi n’y-a-t-il pas de féminin à marin dans la langue française ?
Bon vent Marie, Kénavo, by by farewell…
Maintenant, envie subite d’aller à Brest découvrir les bretons et les marins !
Belle décision assumée de Marie/Marine qui fait ce choix à 18 ans
Une ville, une fille et le contraste de style entre les 2. Merci Anne Marie de nous balader ainsi
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 10h38
Merci beaucoup Apolline, si d’aventure tes pas te mènent jusqu’à Brest, n’oublies pas d’emprunter le téléphérique qui te fera voyager au dessus de la rade.
Bravo Marie ! Cette jeune femme déterminée nous donne envie de la suivre au bout du monde
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 17h57
En lisant ton texte, je sens les embruns… Tu donnes envie de voir Brest différemment, de relire Hugo et Queffelec, et d’avoir beaucoup de sympathie pour la détermination de Marie. Quant à la question du féminin de « marin », la question reste en suspens au même titre que « sage-femme » pour les hommes… On a déjà vu pas mal d’évolutions dans nos vies, on en attend pas mal d’autres.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 22h18
Ne serais tu pas bretonne, qui plus est de Brest, pour nous avoir aussi bien décrit cette région.
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 23h05
Une description riche de Brest et de ces habitants. Particulière, je ne la trouve pas si rude pour autant mais peut être faut il y vivre pour s’en rendre compte. J’aime la détermination de Marie qui contre vent et marée va jusqu’au bout de ses envies.
Au delà de l’histoire de Marie, c’est un bel hommage à Brest. On sent les racines, vivantes, profondes. C’est ce qui me touche le plus dans ton texte. Sans doute parce que je suis sensible à ce parfum particulier de l’iode, de sel et de varech… 🙂
Anne Marie
sur 23 juillet 2019 à 11h46
Merci beaucoup à tous, Photonanie,Benecrit,Cloud,Kroum,Valérie,Laurence. Heureuse de vous avoir emmené à Brest et donné l’envie d’y aller ou d’y retourner. J’ai découvert la citée du Ponan cette année et, la Bretagne m’a envoûtée, il y a bien des années. A bientôt de vous lire. Kenavo.
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h47
Bon vent à elle. Elle est libre, comme le vent qui souffle sur la Bretagne.
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h21
Une bien belle description, qui sait habillement emmêler nos sens… on voit, on touche, on sent, on entend… on y est – et envie de suivre cette aventure… superbe.
Trouées des lampadaires dans la nuit brouillardeuse et humide. Un abribus vide, une femme cambrée en blouson, la main gauche dans la poche, un grand sac plat au bout de la droite. Son écharpe claire enroulée serré plusieurs fois autour de son cou, elle attend. De loin, on dirait qu’elle porte un masque anti-pollution. Ses cheveux épais et ondulés débordent abondamment sur sa nuque. La perspective qui fuit vers la droite est large et parsemée de traits géométriques peints sur la route. Elle est seule, il fait froid et elle guette.
Et si le bus n’arrivait pas ?
Si elle s’était trompée d’heure ?
Si le trajet annoncé devait se faire à pied ?
Si cet abribus désert et glauque n’était plus qu’une épave abandonnée au milieu de la ville ?
Si le carton à dessin sur lequel elle avait planché toute la journée ne renfermait que des croûtes sans intérêt pour son éditeur ?
Si sa vie n’était plus qu’une succession de moments comme celui-là, inertes, vains et esseulés ?
Ce quartier de l’Arbat où l’imposant Ministère de la Défense écrasait les rues et rappelait l’importance autrefois accordée à l’architecture soviétique pyramidale, elle le connaissait comme sa poche, elle et ses amis poètes y habitaient parfois, s’y réunissaient encore avec régularité, chacun y allant de son art en hommage aux anciens ou pour célébrer et revendiquer leur part de modernité.
Mais là, à pied, elle était loin d’y arriver. L’atelier de fortune qu’elle venait de quitter et qu’elle avait fini par trouver pour un prix modique, était situé dans un quartier éloigné, elle ne l’avait repéré et finalement choisi que parce qu’il était desservi par des bus, même tard le soir. Alors sans…
Olga pensait aussi que, vu l’heure tardive, Piotr n’allait plus l’attendre et que le rendez-vous fixé allait tomber à l’eau, elle avait tellement insisté pour l’avoir, il avait tellement transigé, rechigné que cette fois, elle allait être grillée sur toute la ligne et que ses croquis, ses esquisses, ses fusains, ses peintures, allaient devoir rejoindre les séries déjà alignées le long des murs de son minuscule appartement de la rue Oulitsa Kostikova.
Espoir anéanti, attente inutile, recherches à relancer, énergie à reconquérir. Tenter de plaider sa cause avec aplomb voire véhémence pour réussir à entrouvrir la petite porte qui pourrait conduire à un début de reconnaissance. Même si sa silhouette et sa stature toutes les deux toniques ne le montraient pas, Olga commençait à être épuisée mentalement et cette fatigue n’allait pas tarder à ployer son corps comme sous le poids d’un énorme fardeau qui chargeait ses épaules.
Le bus n’arriva jamais, Olga non plus car sans les avoir vus venir, elle fut attaquée par deux vauriens qui la laissèrent inanimée sur le carreau gelé.
Histoire noire comme l’ambiance de la photo… Pauvre Olga!
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 10h35
Bien balancé Apolline, on peut tout à fait s’identifier à ton Olga. Et puis, toutes ces interrogations qui parsèment nos moments d’attente… tellement vrai. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas son jour à ton Olga.
Bravo pour cette description qui d’abord campe le décor avec brio, puis détaille l’attente, l’histoire, pour se terminer tragiquement. J’ai aimé ton texte.
Merci Kroum mais tu sais, j’aurais pu allonger la liste des questions, c’est un peu une spécialité !
Et aussi soigner un peu plus la fin que je trouve un peu brève ?
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 23h09
Triste fin…ce n’était pas son jour. J’espére qu elle se relèvera et réussira à faire reconnaître son talent.
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h49
Ouch…. Je ne m’y attendais pas ! Pauvre Olga.
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h30
Un joli texte, j’ai aimé la description de la vie de galère des artistes en recherche de reconnaissance.
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h33
Un joli texte plein d’espoir, réconfortant!
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h34
grr commentaire pour Photomanie, j’ai décidement du mal avec l’emplacement des commentaires …. :o((
On se laisse prendre par le récit, totalement immersif. Les questions, bien sûr, mais aussi l’ambiance très bien décrite, jusqu’à la chute qui parait inéluctable, comme un funeste destin que renvoie la photo. J’ai beaucoup aimé !
Comme chaque matin elle était là, seule dans la nuit qui traînait encore sur la ville ses voiles endormis. Pour subsister elle avait dû accepter ce travail si loin de chez elle, pas le choix, c’est la vie. L’été ça allait encore mais l’hiver elle partait dans le noir et revenait pareil. Un long tunnel dont elle ne voyait pas le bout, c’est ainsi qu’elle résumait sa vie… Au boulot ça allait, ses collègues étaient sympas et elle faisait des choses qu’elle aimait, enfin, en général sauf quand son chef lui prenait la tête pour des broutilles. Le problème c’était chez elle où elle devait se forcer à préparer le repas du soir, souvent constitué au mieux d’un plat surgelé , au pire d’une boîte de conserve ouverte sur un coin de table et dont le contenu était à peine réchauffé.
Les halos de lumière de l’éclairage public l’hypnotisaient chaque matin l’emportant dans des réflexions amères sur sa vie.
Elle avait connu la sécurité et le bien-être chez ses parents et puis cet accident stupide les lui avait enlevés, tous les deux d’un coup. Sa mère était morte le jour-même, son père, deux jours plus tard. Les médecins n’avaient rien pu faire pour les sauver. Elle n’avait même pas un frère ou une sœur pour l’aider à porter son chagrin. Le peu de famille proche l’avait assurée de son soutien le jour des funérailles… Depuis, ils brillaient surtout par leur silence: le malheur fait fuir, par peur de la contagion peut-être… Pour garder la maison familiale, elle avait dû interrompre ses études et chercher un boulot, n’importe lequel: c’était alimentaire et elle n’avait pas le temps de faire la fine bouche.
Certains matins, plus froids et encore plus noirs, elle avait peur. Elle regardait partout autour d’elle aux aguets, craignant qu’un danger surgisse de toute cette noirceur. Parfois un aboiement lointain la faisait sursauter et frissonner. Elle resserrait alors son écharpe de manière puérile, comme si cela suffisait à la protéger. Elle rêvait d’un gentil garçon qui serait à ses côtés dans les passages sombres de sa vie et lui tiendrait la main pour qu’elle ne soit plus jamais seule.
Elle en était là de ses rêveries quand il lui sembla que l’attente durait encore plus que les autres matins…
Bon sang mais c’est bien sûr! On l’avait annoncé à la radio mais elle n’y avait pas prêté attention au moment-même: suite à une agression sur un des leurs, les chauffeurs de bus avaient décidé d’arrêter le travail pour conscientiser tout le monde à leur manque de sécurité au travail. Elle s’apprêtait à faire demi-tour pour rentrer chez elle dépitée quand un coup de klaxon lui fit lever la tête: une voiture s’était arrêtée devant l’arrêt de bus et elle reconnut le gentil collègue qui la laissait souvent passer devant lui à la cafétéria. D’un geste du bras il l’invitait à ouvrir la portière et à faire le trajet avec lui en voiture.
Elle se dit à ce moment que l’avenir s’éclaircirait peut-être…
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 11h00
Un beau happy end prometteur, Photonanie. C’est fou comme une photo peut nous embarquer… Le noir et Blanc est puissant et ton texte aussi.
un travail loin de chez elle mais avec une bonne ambiance
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 18h49
La rapidité de rebondir est inversement proportionnelle au cortège de souffrances. Ton texte le confirme bien et donne espoir. Merci.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 22h28
Quelle belle note d’optimisme après la terrible souffrance de la perte de ses parents. Bravo photonanie
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 23h15
Beaucoup de dureté dans le début de vie de ton personnage. On ne peut qu’esperer que le gentil collégue soit plus que cela et lui apporte enfin un peu de bonheur.
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h53
Oh oui nous espérons un joli avenir pour ton héroïne à la vie déjà bien cabossée !
Un clair obscur troublant. Sous la noirceur on y descelle une lueur et pourtant on ne peut s’empêcher d’imaginer que ce « peut-être » final augure une fin tragique… En fait tout peut encore arriver, le bon comme le mauvais… ça me plait 🙂
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Egarée dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Sur ce quai évanouie ;
D’ou vient-elle,
Où va-t-elle,
Le regard vaporeux ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
Je m’égare amoureux.
Je la regarde – dans la pénombre,
Elle irradie – de sa présence,
Moi je m’attarde – sur son ombre,
Sens-interdit – en élégance.
Elle me détraque – de sa candeur,
Joue la fatale – la mystérieuse,
Un vrai scandale – beauté hideuse,
Aphrodisiaque – de mes hard heures.
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Est-elle triste, agacée ?
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Jeu d’actrice, âme glacée ?
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Les cheveux enlaçants ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
Je la veux – je la sens !
Un train arrive – va-t-elle monter,
Ou tendre ses bras pour l’accueillir,
Dans les deux cas – je la perdrai,
Alors je préfère m’enfuir…
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Inconnue dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Disparue de ma vie.
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Je ne le saurai jamais ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
J’aurais du l’aborder !
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Inconnue dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Disparue de ma vie.
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Je n’le saurai jamais ;
Que pense-t-elle,
Où est-elle,
On se s’rait p’têt aimés
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 11h05
C’est sûr, nous attendions tous le lien audio, quel talent, Roxane. Un poing de vue tout à fait sincère pour quelqu’un qui ne connaissait pas vraiment le slam.
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 11h14
Un point de vue, le clavier de ma tablette m’a joué un tour.
Original avec le ton, la voix et ce leitmotiv comme une question éternellement posée, bravo pour cette façon de « détourner » avantageusement un texte écrit …
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h36
Merci,
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h35
Merci Anne-Marie, … et un poing de vue, ca claque ;o))
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 18h53
Y a pas à dire : tu es doué ! Ton texte me rappelle un poème d’Apollinaire (Rosemonde peut-être) ou les passantes de Brassens, qui prêtent une histoire à une femme qu’ils croisent furtivement. C’est ça aussi la poésie. Bravo Roxane, c’est génial. Continue à me régaler…
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h36
Merci Cloud, encore bcp de travail mais l’exercice est captivant
Oui, Cloud, j’y ai pensé aussi. Et le côté slam apporte sa modern touch.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 22h29
Juste un mot : brillant ! Bravo Roxane
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h37
:o)
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 23h21
Qui sait???
Tu deviens un champion du slam et semble y prendre plaisir, ce qui n est pas pour gacher le notre.bonne continuation.
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h38
Merci.. des débuts mais motivé en effet
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h57
Eh bien moi contrairement aux autres je préfère le rythme des mots au lien. Je trouve tes mots plus poétiques à la lecture qu’à l’écoute !
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h40
Ah oui ? bien noté, .. je vais persister dans la voix(e) audio puisque ça me plait, mais réfléchirai également à d’autres approches, pas forcément slamé, plus douce peut-être suivant le texte.. En tout ca le but ici est de tenter des trucs, donc merci de ton retour :o)
Super la dimension sonore, je n’ai pas lu ton texte, mais seulement écouté et ça rend bien ! C’est bien de ne pas terminer sur une question …
(En tout cas, j’me dis que si une personne se pose autant de questions, il faut aller parler à l’autre. :)) )
Valerie
sur 22 juillet 2019 à 11h49
Voilà six mois que chaque matin, je prends le premier bus pour me rendre à mon travail. Les premiers jours en septembre, il ne faisait ni si nuit, ni si froid aussi je n’ai pas pris conscience de suite de ce qu’il m’attendait les mois à venir. Il est vrai qu’attendre le bus à 5h30 en septembre et faire la même chose en février n’a rien de comparable. Mais ce petit job n est que temporaire, il paie bien et surtout grâce à ce qu il me permet de mettre de côté, je vais pouvoir réaliser mon rêve. Alors oui, en attendant le bus, mon corps se gèle, mais de jour en jour mon coeur bat de plus en plus vite et me tient chaud à l’intérieur. J’approche du but. Encore deux semaines et j’aurai assez d’argent pour m’acheter un vol aller pour Madagascar et alors adieu le froid, la grisaille et ce boulot purement alimentaire. Cela fait plusieurs années que j’y pense. Je me suis renseignée, suis en contact avec des personnes sur place, elles m’attendent, elles me soutiennent dans mon projet. Cet été, je ne prendrai plus le bus. C’est moi qui le conduirai. Il sera bien plus petit bien sûr et il sera rempli de livres et d’albums de jeunesse, sélectionnés depuis de longues années et traduits pour la plupart. J’irai de village en village à la rencontre des enfants, échanger sur nos vies, découvrir leur monde, leurs jeux et leur raconter des histoires. A moyen terme, j’aimerais ouvrir un centre pour les accueillir et selon leurs besoins leur apprendre à lire. C’est tellement beau de voir briller les yeux d’un enfant qui apprend et en a envie. Tellement hâte !!
Anne Marie
sur 22 juillet 2019 à 12h33
Quel merveilleux projet dépeint avec tellement d’enthousiasme où l’on mesure la ténacité avec une si belle énergie.
Cloud
sur 22 juillet 2019 à 18h57
Joli projet bien amené dans ton texte. On chemine bien dans cette réflexion, au point qu’on souhaite une réalité tangible.
Kroum
sur 22 juillet 2019 à 22h34
Quel beau projet décrit dans ton texte ! Bravo Valerie
Manue Rêva
sur 23 juillet 2019 à 12h59
Chouette écrit. On a envie que cela se réalise dans la vraie vie !
Roxane
sur 23 juillet 2019 à 20h43
Un bien joli projet… all the best à Elle, … et/ou toi 🙂
J’ai particulièrement aimé comme le leitmotiv prend de l’ampleur au rythme de la voix, même si j’aurais aimé l’entendre davantage comme un chuchotement sur la fin… sans doute parce que la photo se prête aussi à cette ambiance feutrée. mais tout cela est affaire de ressenti et n’enlève rien à la qualité de l’écrit.
J’ai particulièrement aimé comme le leitmotiv prend de l’ampleur au rythme de la voix, même si j’aurais aimé l’entendre davantage comme un chuchotement sur la fin… sans doute parce que la photo se prête aussi à cette ambiance feutrée. mais tout cela est affaire de ressenti et n’enlève rien à la qualité de l’écrit.
Et zut ! Valérie tu l’auras compris, mon commentaire précédent ne t’était pas destiné…
Ton récit est comme ces petits bonheurs qui viennent embellir le jour. J’aime l’optimisme que tu as su mettre en avant alors que la photo, de prime abord, ne tend pas vers ça. Merci !
Pierre
sur 24 juillet 2019 à 21h11
Cloud : Oui. Bravo. Toujours le mot juste. Sans doute le don de l observation des choses et du monde.
Cloud
sur 27 juillet 2019 à 17h57
Merci beaucoup, Pierre. Venu de toi, ça me touche et me donne envie de continuer….
Atelier 332
C’était un soir d’un autre temps ou le matin d’un possible futur. Elle attendait.
Comme chaque jour.
Comme chaque minute, chaque seconde, chaque inspiration.
Mais ce jour-là, le brouillard était plus dense et les rues désertiques, elle sentait la pesanteur du monde sur ses épaules, celle qui planait sur toutes celles qui espéraient un avenir différent sans pouvoir ne serait-ce que le toucher du doigt.
Pas de bus.
Pas de soucoupe volante non plus.
Juste une odeur lointaine qui sortait du plus profond de ses souvenirs.
Petite, sa grand-mère lui avait raconté, une seule fois, et puis elle s’était tue. Sa grand-mère ; elle ne l’avait connue que frêle, une ombre planant sur la maison de ses parents, toujours habillée de noir, et jamais les bras nus, elle cachait l’indicible. Depuis, son avenir était tout tracé, un mari, des enfants et bientôt l’installation dans un nouveau pays, leur terre promise à tous. A tous, mais pas à elle.
Elle pensait autrement. Elle rêvait d’autre chose. Il y avait sa vie, et puis celle des autres qu’elle croisait et qu’elle imaginait. Quels buts poursuivaient-ils ? Pourquoi cet homme avait-il ce sourire dans le bus hier ? Est-ce que ce n’était pas des petits trolls des bois, chassés par l’urbanisation, qui animaient des soufflets et produisaient cette atmosphère bizarre. Sans arrêt elle s’imaginait une vie et d’autres construisaient la sienne. Impossible de faire autrement, avec un passé si tragique, le bonheur n’avait qu’une seule voie, toute tracée déjà.
Elle attendait donc, et ils ne venaient pas.
Son bus.
Et un avenir à elle.
Ils restaient cachés dans cette brume épaisse.
Seules quelques lumières brillaient. En ne regardant qu’elles, il était possible d’espérer, possible de voir un ciel étoilé, uns constellation de petits bonheurs à peine perceptibles mais qui éclairaient sa nuit. Presque à portée de main.
Entre métaphores et science fiction, un bien joli texte.
Ah, le poids de l’attente et tout ce qui nous traverse dans ces moments-là… Bien vu, Manue ! 🙂
Merci pour ce beau texte qui décline l’attente, le poids, un bus, le brouillard…impossible d’y échapper,
On attend avec elle et on lui donne un peu de notre espoir d’un avenir meilleur.
Plaisir de te relire. Un joli texte qui laisse planer de nombreuses souffrances mais laisse entrevoir un possible espoir.
une envie d’un retour en enfance ou tout est encore possible ?
on se laisse emmener à attendre aussi… joliment réussi !
J’aime beaucoup « elle s’imaginait une vie et d’autres construisaient la sienne ». Joli texte plein de simplicité et de douleurs cachées.
Les carrefours d’une vie … Cela dit, la photo est figée, la dame, elle, est mobile. Il ne lui reste plus qu’à se mouvoir et se diriger vers ce qu’elle pressent. Seul le premier pas est compliqué.
Oh oui ! Pour tout !
Ce matin,
Ce matin, elle a pris une profonde inspiration ; elle a glissé la photo dans son grand cabas vide. Et elle est partie.
Ce matin, elle a choisi soigneusement sa tenue, celle qu’il préférait, celle qui laisse deviner son corps long et souple mais ne dévoile rien.
Ce matin, elle a enfilé sa veste en tweed marron et enroulé son foulard vert autour de son cou. Ce foulard qui lui donnera la force d’avancer, dans lequel elle plongera son visage dans les moments de doute comme on se replie dans un refuge. Ce foulard qu’il détestait tant.
Ce matin, elle a laissé la porte grande ouverte derrière elle en partant ; elle a parcouru d’un pas décidé les quelques kilomètres qui la séparent de l’arrêt d’autocar. Pas pour se réchauffer dans ce matin humide et brumeux de ce début d’automne, non, plutôt pour inscrire l’empreinte de sa détermination dans le bitume. Comme un rempart. Elle ne reviendra plus.
Ce matin, elle regarde longuement une dernière fois ce passé qu’elle a tant aimé, qu’elle a tant pleuré, qui lui aussi ne reviendra plus.
Ce matin, elle attend l’autocar de cinq heures dix, le premier pas vers son ailleurs. Cet ailleurs vers lequel elle a enfin choisi de se diriger. Elle prend à nouveau une profonde respiration. Elle est bien.
Ce matin, elle sent derrière elle la chaleur des milles soleils de son futur. Ils éclairent sa route.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il jaillit dans un halo lumineux.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il déploie son champ magnétique.
Elle ne sait pas ce que sera demain, il irradie une énergie atomique.
Aujourd’hui, elle sort de sa dormance.
Aujourd’hui, elle savoure son histoire qui l’a conduite jusqu’à cet arrêt d’autocar.
Aujourd’hui, elle repart, forte de la puissance de son choix.
Une belle écriture pour un nouveau départ.
Belle détermination, très bien décrite. On ressent bien la volonté de changement du personnage !
Un réel plaisir de lecture, très beau texte et quelle fin…
Écriture toujours autant appréciée dont je reconnais maintenant le style dans le choix des mots…
Une histoire, la photo dans la poche, le foulard, la porte ouverte, le soulagement de la décision prise et l’attrait de l’inconnu qui fabrique une nouvelle vie…
Texte qui me touche particulièrement, j’aime sa détermination!
On reconnait ton style sur la fin. Un texte rythmé qui appuie la détermination de ton personnage bien décidée à fuir son passé.
la forme au service du fond, et l inverse également ! Bravo !
J’ai particulièrement aimé l’énergie qui se dégage de ce texte. La ponctuation le sert de manière efficace. Bravo.
Un très beau nouveau départ. Il en faut du courage pour décider de tout laisser.
Bien vu l’anaphore en début de vers libres … La figure de style permet d’accentuer comme un refrain qu’on se chantonne pour avoir plus de force.
L’attente
7 petites lettres bien noires
pour parfois de grands espoirs
ou déconvenues dérisoires.
Attendre
de donner la vie
ou la fin d’une maladie,
paradoxe d’une vie.
Attendre
à l’ombre d’un platane, d’une paresse indolente,
à la lumière des réverbères d’une lueur éblouissante
ou sous une pluie battante.
Attendre, attendre, attendre
Le résultat du bac ou d’un examen
en espérant que ça sera bénin.
Est-ce pour aujourd’hui ou pour demain ?
Un appel, un message, un signe de vie.
J’attends, tu attends, nous attendons.
Qu’attend- elle cette jeune demoiselle
toute pimpante et bien droite dans ses baskets
dans cette rue déserte ?
Lui a-t-on dit
que le soir le loup peut être attiré par une bergerie ?
Quelque soit l’attente, elle laisse toujours sa trace… Souhaitons à cette demoiselle que celle-ci reste anodine 🙂
Espérer, attendre, s’impatienter, merci Kroum d’avoir si bien écrit l’ attente.
Virtuosité poétique sur un thème où la patience n’est pas toujours au RV et où qui sait, le loup peut parfois aussi être espéré ?
C’est vrai que notre vie est faite de beaucoup d’attentes… Mais j’espère que le loup aura choisit un autre chemin ou une autre ligne de bus!
Un poéme qu’on aurait envie de completer tant nos attentes sont nombreuses. Mais ta faim vient nous couper l’herbe sous le pied…
On ne peut que se retrouver dans cette attente. Très joli rythme !
quelle belle idée et si bien fait… en effet l’attente en ritournelle, on en veut plus ! well done ! et le style du poème, top !
Bravo. Ces quatre facettes de l’attente sont vraiment très bien menées. Le rythme irrégulier est une belle réussite et donne une valeur jazz au texte.
Il y aurait tant à rajouter de nos attentes à tous ! Joli tempo !
Oh, et pourquoi ce ne serait pas elle la louve ? 😀
L’attente
Comme prévu le lieu était désert et silencieux. Le brouillard descendait, j’avais froid ; il faisait froid. On m’avait dit, « 22 heures 22, ne sois pas en retard, on ne t’attendra pas. » Alors pour être sûre d’être à l’heure, j’étais arrivée en avance. Et je ne pouvais m’empêcher de penser que j’aurais peut-être dû ne pas venir. C’est ce que je me répétais toutes les trente secondes. A la trente et unième, je quittais l’abribus et je marchais le long du large trottoir, puis je m’arrêtais et regardais en direction de la route. Je revenais ensuite sur mes pas. Le tout me prenait moins d’une minute. J’avais alors un instant d’hésitation, ce laps de temps d’incertitude où les questions fusaient. Allaient-ils venir ? Pouvais-je leur faire confiance ? Devais-je rebrousser chemin ? Repartir d’où je venais ? Retourner vers ce quoi je fuyais ? Continuer à avoir peur ?
Ce n’était pas seulement des questions, c’était ma vie que je soupesais dans l’attente et plus les minutes passaient plus elle pesait lourd, chargée de stigmates invisibles que j’avais longtemps jugé insignifiants. Mais aucune cicatrice n’est innocente quand l’oppression régit le monde.
22h21 Sous l’abribus, je me suis levée du banc sur lequel je m’étais assise. Les lampadaires diffusaient une lumière blafarde. A peine voyait-on le bout de la rue. J’ai marché le long du trottoir et j’ai regardé en direction de la route. L’épaisseur du silence enveloppait jusqu’à mon envie de liberté. Ne pas céder à l’angoisse. Rester confiante.
Plus que trente secondes.
Vingt-neuf
Vingt-huit…
J’ai aimé cette attente où le temps décortique le discours intérieur et le hache d’angoisse
L’attente qui mène vers la lumière… bel espoir.
Le doute, l’angoisse qui saisit, tellement perceptible, qui n’a pas vécu ces secondes, ces minutes qui s’egrenent où tout peut se jouer, bravo.
Ah tu nous laisses sur notre fin.A nous d’imaginer la fin. Bien joué!
fuilde comme le temps qui passe, et un aller retour incessant sur sa décision, c’est exactement ça ! bien vu !
C’est super d’avoir aussi bien saucissonné le temps comme pour repousser l’instant décisif que le lecteur ne connaîtra pas, mais devra imaginer dans sa passivité bienveillante de simple lecteur. Bravo
Une chute haletante, bravo Laurence delis !
Le lecteur espère que les 27 secondes restantes seront le début du bonheur ! Joli morceau d’attente !
Aucune cicatrice n’est innocente, en effet, elle forge l’âme.
C’est bien d’avoir laissé le lecteur imaginer quelle pouvait être l’issue. On ne sait rien, le texte développe notre imagination, bien vu !
Ce matin, elle attend. Elle attend fébrile le bus qui n’en finit pas d’arriver. Autour d’elle, le brouillard, aussi épais que dans un roman de Simenon a absorbé tous les bruits. Il ne laisse au regard qu’un abri impersonnel et quelques réverbères blafards émergeant tels des pneumatophores fuyant une humidité asphyxiante. Elle ne peut chasser l’idée qu’elle est pressée, très pressée. Chez elle, ses jeunes enfants turbulents lui ont fait manquer le passage du bus précédent. Dans l’entreprise high-tech qu’elle dirige, son équipe va l’attendre pour la réunion budgétaire. Le retard au travail, rien de pire. Elle est là seule, trépignant d’impatience. Elle doit aussi appeler son mari pour lui dire qu’hier elle s’est un peu laissée emporter et surtout qu’il n’oublie pas de téléphoner au plombier pour la fuite de la salle de bains. Mais pas de connexion possible avec son smartphone. L’isolement est total, la journée est perdue, l’avenir incertain.
Mais le calme du lieu désert, le charme secret de la solitude, l’absence de limites à ce décor vaporeux, semblent imprégner peu à peu ses pensées. Elle songe à elle même comme rarement, et réalise alors la chance qu’elle a : un moment de paix, de tranquillité, lui est offert. Elle ferme les yeux, sourit et savoure. Elle ne veut plus que son bus arrive.
Avec la référence à Simenon, tout peut arriver… le charme de l’arrêt de bus
Comment ne pas s’identifier au personnage Cloud !! Nous devrions tous savoir lâcher prise et s’attarder à savourer chaque instant. Toujours beaucoup de plaisir à te lire.
Nous nous sommes tous réunis autour de cette femme qui attend le bus dans le brouillard et c’est un vrai plaisir de partager l’évolution de ses pensées en fonction de qui a écrit. Merci Cloud
Douceur de la solitude, c’est ce qui me vient à l’esprit en te lisant, un moment de douceur, seule au monde…
Quel beau contraste entre les 2 paragraphes !
On espére qu’ elle loupera le bus ce qui lui permettrait de penser à elle un court moment supplémentaire…
C’est tellement ça, ces petits instants de paix qui surgissent là où on ne les attend pas et qui ressourcent (il faut bien ça pour tenir la densité des jours)
Merci Cloud, j’ai beaucoup aimé la réalité de ce récit et, en supplément, appris un nouveau mot : « pneumatophores » 🙂
Chaque mot est criant de vérité m. J’ai adoré la transition, le temps perdu qui finalement devient du temps gagné ! Un texte qui fait doucement réfléchir…. Bravo!
Oh Claude ! J’adore ! Elle a raison de savourer ce moment !… Nous sommes plusieurs à faire de même au milieu de nos journées trop remplies. Très très bien vu.
Bien joué Cloud, encore une fois tu détournes l’attente, dans ce qu’elle a de magnifique : comme la dernière inspiration avant de faire un saut de l’ange ou une immersion sous l’eau … Il y en a qui disait que ce n’était pas le but qui était important, mais bien le voyage, là c’est la même chose. C’est l’attente, presque une méditation, qui est belle.
Je retrouve tes mots, ne serait-ce que dans l’évocation d’un film de Simenon, tout y est le décor est planté !
Mes arrêts de bus
Il a fallu que je quitte la maison familiale et le centre ville de ma ville de naissance où je faisais tout à pied pour découvrir l’arrêt de bus et son paysage. C’était dans la capitale de ma région où je partis faire mes études de droit(à Paris, pour la prépa HEC, je prenais le métro). J’attendais le bus en regardant les immeubles du XIX e siècle qui contrastaient avec d’autres parties de Reims détruites et reconstruites en Art Déco. L’arrêt de bus de la fac me montrait un paysage bien différent puisque les bâtiments dataient de la fin des années soixante.
C’est à mon mari (à l’époque futur) que je dois de découvrir une ville limitrophe de ma ville de naissance que j’avais arpenté en long en large et en travers. Avec le meilleur ami que je me faisais aussi à l’époque(et que j’ai perdu), nous attendions le bus dans notre quartier résidentiel avec vue sur la voie de chemin de fer. Nous regagnions ainsi le centre de la ville voisine. De là, nous étions au coeur de la capitale historique de la région avec notamment des maisons en pans du bois, d’où nous attendions le bus pour rentrer chez nous.
21 juillet 2019
Du vécu peut-être, pour tous sûrement des souvenirs autour des arrêts de bus et des attentes qu’ils génèrent …
Attendre le bus… et en profiter pour … voir et vivre
C’est vrai que ça sent le vécu…
j’aime le bus et ce qu’il y a autour
On se laisse entrainer dans cette narration toute douce aux accents de vécu… Ca donne envie de lire la suite 🙂
@Anne Marie
Marie, la belle
Chaque jour, elle empruntait le même chemin, quel que soit la saison. Maintes fois dans ses rêves, elle s’imaginait quitter cette région qui l’avait vue naître. Mais, au sortir de ses songes les plus fous, elle se taclait de se nourrir ainsi de chimères. Etait-elle si avide d’au-delà ?
Telle la brume qui l’enveloppait ce soir-là, ses pensées s’évaporaient.
Brest était sa ville. Elle avait appris au fil des années à l’apprécier pour ce qu’elle était. Les caprices de la météo brestoise étaient un défi permanent à braver. Bien des marins et des navigateurs s’y sont arrêtés pour mieux y revenir comme aimantés. La rigueur du climat ne les effrayait pas. Bien au contraire, après avoir parcouru, tous les océans et toutes les mers du globe des quarantièmes rugissants aux cinquantièmes hurlants, Brest, pour ces marins aguerris, est emprunte de douceur. Sur cette pointe du bout de la terre, il foule le plancher des vaches tout en gardant cette immédiate proximité avec l’océan. S’en éloigner leur enlèverait leur raison de vivre, leur oxygène. Marie, elle, sans avoir quitté la rade est habitée par l’élément maritime. Bercée, dès sa plus tendre enfance, par les récits de ces « trompe-la-mort » des océans, elle est accrochée à sa citée comme un « Bernard l’Hermite » à son rocher. Brest est rude, ses habitants, avec leur caractère bien trempé, le sont aussi. Le Breton ne peut se dépeindre en quelques mots. Soit, nous naissons bretons, soit nous mettrons des années, voir des décennies à percer à jour le caractère breton et ce qui fait qu’ils sont qui ils sont, les apprivoiser puis les comprendre demande du temps, beaucoup de temps.
La ville de Marie, la bretonne, est une ville sans fioriture. Nous ne pouvons arriver dans cette ville, sa ville, par hasard, il faut de la détermination pour y arriver. On ne passe pas par Brest, on s’y rend. D’ailleurs, les touristes ne s’y bousculent pas. Marie dit : « et, c’est tant mieux » Seules les départs de courses attirent la foule dans la cité du Ponant, porte d’entrée de l’Europe, symbole, à la fois, d’ouverture, de modernité, et de tradition. Et, quelle foule, une foule passionnée, avide de ce spectacle maritime tellement époustouflant. Le charme de Brest est à découvrir, à ressentir, il ne se raconte pas, il se vit. Deux alternatives s’offrent à ces bretons du bout de la terre, partir par-delà les mers ou partir vers la terre.
Là sous ces réverbères, dans cette lumière diffuse et brumeuse, emmitouflée jusqu’aux oreilles, elle goûtait l’air, le humait. Cet air si particulier chargé d’embruns, de varech, semblable à nul autre pareil. Marie songeait à tous ces évènements qui avaient en quelques jours seulement bouleversé sa vie. Tel un coup de poker, fière de l’obtention de son baccalauréat décerné avec mention très bien, Marie a défié l’autorité parentale pour présenter sa candidature comme élève-officier de Marine. La réponse lui était très vite parvenue. Dans quelques jours, elle partirait pour rejoindre la Presqu’ile de Crozon et de fait, l’école navale de Lanvéoc-Poulmic comme élève-officier de la Marine Nationale. L’engagement est sans appel, cinq ans pour acquérir la théorie et naviguer sur le porte-avion « Charles De Gaulle. Son inquiétude est légitime, comment, à dix-huit ans, être sûre et convaincue que l’on fait le bon choix ? Même si elle comprenait l’opposition de ses parents à ce projet de rejoindre ce corps d’armée, ne pas recueillir leur approbation lui causait tristesse et chagrin. Mais, elle avait pris sa décision, elle l’avait mûrie, depuis bien longtemps, assise sur le parapet de la terrasse de l’arsenal. Rien ni personne ne pourrait entamer sa détermination et se mettre en travers de sa route. Les adieux se profilaient. Dans quelques jours, elle quitterait tout ce qui, jusqu’à présent, avait fait sa vie. Elle n’aspirait plus qu’à une chose : VIVRE, parcourir le monde, les océans, en bon marin qu’elle espérait devenir et qu’elle serait.
Une réflexion la chagrinait, pourquoi n’y-a-t-il pas de féminin à marin dans la langue française ?
Bon vent Marie, Kénavo, by by farewell…
Maintenant, envie subite d’aller à Brest découvrir les bretons et les marins !
Belle décision assumée de Marie/Marine qui fait ce choix à 18 ans
Une ville, une fille et le contraste de style entre les 2. Merci Anne Marie de nous balader ainsi
Merci beaucoup Apolline, si d’aventure tes pas te mènent jusqu’à Brest, n’oublies pas d’emprunter le téléphérique qui te fera voyager au dessus de la rade.
Un départ pour une nouvelle vie, j’aime!
Bravo Marie ! Cette jeune femme déterminée nous donne envie de la suivre au bout du monde
En lisant ton texte, je sens les embruns… Tu donnes envie de voir Brest différemment, de relire Hugo et Queffelec, et d’avoir beaucoup de sympathie pour la détermination de Marie. Quant à la question du féminin de « marin », la question reste en suspens au même titre que « sage-femme » pour les hommes… On a déjà vu pas mal d’évolutions dans nos vies, on en attend pas mal d’autres.
Ne serais tu pas bretonne, qui plus est de Brest, pour nous avoir aussi bien décrit cette région.
Une description riche de Brest et de ces habitants. Particulière, je ne la trouve pas si rude pour autant mais peut être faut il y vivre pour s’en rendre compte. J’aime la détermination de Marie qui contre vent et marée va jusqu’au bout de ses envies.
Au delà de l’histoire de Marie, c’est un bel hommage à Brest. On sent les racines, vivantes, profondes. C’est ce qui me touche le plus dans ton texte. Sans doute parce que je suis sensible à ce parfum particulier de l’iode, de sel et de varech… 🙂
Merci beaucoup à tous, Photonanie,Benecrit,Cloud,Kroum,Valérie,Laurence. Heureuse de vous avoir emmené à Brest et donné l’envie d’y aller ou d’y retourner. J’ai découvert la citée du Ponan cette année et, la Bretagne m’a envoûtée, il y a bien des années. A bientôt de vous lire. Kenavo.
Bon vent à elle. Elle est libre, comme le vent qui souffle sur la Bretagne.
Une bien belle description, qui sait habillement emmêler nos sens… on voit, on touche, on sent, on entend… on y est – et envie de suivre cette aventure… superbe.
Et là, après la lecture de ton texte, des envies de retrouver Brest … ♥
Prose magnifique, comme d’habitude ! Je ne me lasse pas de te lire.
Trouées des lampadaires dans la nuit brouillardeuse et humide. Un abribus vide, une femme cambrée en blouson, la main gauche dans la poche, un grand sac plat au bout de la droite. Son écharpe claire enroulée serré plusieurs fois autour de son cou, elle attend. De loin, on dirait qu’elle porte un masque anti-pollution. Ses cheveux épais et ondulés débordent abondamment sur sa nuque. La perspective qui fuit vers la droite est large et parsemée de traits géométriques peints sur la route. Elle est seule, il fait froid et elle guette.
Et si le bus n’arrivait pas ?
Si elle s’était trompée d’heure ?
Si le trajet annoncé devait se faire à pied ?
Si cet abribus désert et glauque n’était plus qu’une épave abandonnée au milieu de la ville ?
Si le carton à dessin sur lequel elle avait planché toute la journée ne renfermait que des croûtes sans intérêt pour son éditeur ?
Si sa vie n’était plus qu’une succession de moments comme celui-là, inertes, vains et esseulés ?
Ce quartier de l’Arbat où l’imposant Ministère de la Défense écrasait les rues et rappelait l’importance autrefois accordée à l’architecture soviétique pyramidale, elle le connaissait comme sa poche, elle et ses amis poètes y habitaient parfois, s’y réunissaient encore avec régularité, chacun y allant de son art en hommage aux anciens ou pour célébrer et revendiquer leur part de modernité.
Mais là, à pied, elle était loin d’y arriver. L’atelier de fortune qu’elle venait de quitter et qu’elle avait fini par trouver pour un prix modique, était situé dans un quartier éloigné, elle ne l’avait repéré et finalement choisi que parce qu’il était desservi par des bus, même tard le soir. Alors sans…
Olga pensait aussi que, vu l’heure tardive, Piotr n’allait plus l’attendre et que le rendez-vous fixé allait tomber à l’eau, elle avait tellement insisté pour l’avoir, il avait tellement transigé, rechigné que cette fois, elle allait être grillée sur toute la ligne et que ses croquis, ses esquisses, ses fusains, ses peintures, allaient devoir rejoindre les séries déjà alignées le long des murs de son minuscule appartement de la rue Oulitsa Kostikova.
Espoir anéanti, attente inutile, recherches à relancer, énergie à reconquérir. Tenter de plaider sa cause avec aplomb voire véhémence pour réussir à entrouvrir la petite porte qui pourrait conduire à un début de reconnaissance. Même si sa silhouette et sa stature toutes les deux toniques ne le montraient pas, Olga commençait à être épuisée mentalement et cette fatigue n’allait pas tarder à ployer son corps comme sous le poids d’un énorme fardeau qui chargeait ses épaules.
Le bus n’arriva jamais, Olga non plus car sans les avoir vus venir, elle fut attaquée par deux vauriens qui la laissèrent inanimée sur le carreau gelé.
Histoire noire comme l’ambiance de la photo… Pauvre Olga!
Bien balancé Apolline, on peut tout à fait s’identifier à ton Olga. Et puis, toutes ces interrogations qui parsèment nos moments d’attente… tellement vrai. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas son jour à ton Olga.
Finalement pour lui offrir plein d’autres jours ensoleillés, je vais peut-être la ressusciter …Merci Anne Marie
brrrrrr
avant, je n’avais jamais peur
maintenant, ça m’arrive même en plein jour
Ménonménon !…Surtout ne pas céder à la peur…
Ménonménon ! Surtout ne pas céder à la peur ankylosante et castratrice …
juste faire gaffe
Bravo pour cette description qui d’abord campe le décor avec brio, puis détaille l’attente, l’histoire, pour se terminer tragiquement. J’ai aimé ton texte.
Merci, merci Cloud. Par moment je trouve un peu frustrant de ne pas se parler en direct, toutes et tous ! Mais on respecte le règlement !
Au début je me disais qu’elle se posait bien trop de questions et quelle chute funeste inattendue ! Un final réussi, bravo Apolline
Merci Kroum mais tu sais, j’aurais pu allonger la liste des questions, c’est un peu une spécialité !
Et aussi soigner un peu plus la fin que je trouve un peu brève ?
Triste fin…ce n’était pas son jour. J’espére qu elle se relèvera et réussira à faire reconnaître son talent.
Ouch…. Je ne m’y attendais pas ! Pauvre Olga.
Un joli texte, j’ai aimé la description de la vie de galère des artistes en recherche de reconnaissance.
Un joli texte plein d’espoir, réconfortant!
grr commentaire pour Photomanie, j’ai décidement du mal avec l’emplacement des commentaires …. :o((
Réconfortant… Ah bon ?
Roxane s’est trompée dans les commentaires. 😉
Ouch, décidément tout est assommant pour cette femme, la pauvrette ..
On se laisse prendre par le récit, totalement immersif. Les questions, bien sûr, mais aussi l’ambiance très bien décrite, jusqu’à la chute qui parait inéluctable, comme un funeste destin que renvoie la photo. J’ai beaucoup aimé !
Pour lire in situ c’est sur https://photonanie.com/2019/07/22/brick-a-book-332/
Mais si vous préférez rester ici, voilà mon texte:
Clair-obscur
Comme chaque matin elle était là, seule dans la nuit qui traînait encore sur la ville ses voiles endormis. Pour subsister elle avait dû accepter ce travail si loin de chez elle, pas le choix, c’est la vie. L’été ça allait encore mais l’hiver elle partait dans le noir et revenait pareil. Un long tunnel dont elle ne voyait pas le bout, c’est ainsi qu’elle résumait sa vie… Au boulot ça allait, ses collègues étaient sympas et elle faisait des choses qu’elle aimait, enfin, en général sauf quand son chef lui prenait la tête pour des broutilles. Le problème c’était chez elle où elle devait se forcer à préparer le repas du soir, souvent constitué au mieux d’un plat surgelé , au pire d’une boîte de conserve ouverte sur un coin de table et dont le contenu était à peine réchauffé.
Les halos de lumière de l’éclairage public l’hypnotisaient chaque matin l’emportant dans des réflexions amères sur sa vie.
Elle avait connu la sécurité et le bien-être chez ses parents et puis cet accident stupide les lui avait enlevés, tous les deux d’un coup. Sa mère était morte le jour-même, son père, deux jours plus tard. Les médecins n’avaient rien pu faire pour les sauver. Elle n’avait même pas un frère ou une sœur pour l’aider à porter son chagrin. Le peu de famille proche l’avait assurée de son soutien le jour des funérailles… Depuis, ils brillaient surtout par leur silence: le malheur fait fuir, par peur de la contagion peut-être… Pour garder la maison familiale, elle avait dû interrompre ses études et chercher un boulot, n’importe lequel: c’était alimentaire et elle n’avait pas le temps de faire la fine bouche.
Certains matins, plus froids et encore plus noirs, elle avait peur. Elle regardait partout autour d’elle aux aguets, craignant qu’un danger surgisse de toute cette noirceur. Parfois un aboiement lointain la faisait sursauter et frissonner. Elle resserrait alors son écharpe de manière puérile, comme si cela suffisait à la protéger. Elle rêvait d’un gentil garçon qui serait à ses côtés dans les passages sombres de sa vie et lui tiendrait la main pour qu’elle ne soit plus jamais seule.
Elle en était là de ses rêveries quand il lui sembla que l’attente durait encore plus que les autres matins…
Bon sang mais c’est bien sûr! On l’avait annoncé à la radio mais elle n’y avait pas prêté attention au moment-même: suite à une agression sur un des leurs, les chauffeurs de bus avaient décidé d’arrêter le travail pour conscientiser tout le monde à leur manque de sécurité au travail. Elle s’apprêtait à faire demi-tour pour rentrer chez elle dépitée quand un coup de klaxon lui fit lever la tête: une voiture s’était arrêtée devant l’arrêt de bus et elle reconnut le gentil collègue qui la laissait souvent passer devant lui à la cafétéria. D’un geste du bras il l’invitait à ouvrir la portière et à faire le trajet avec lui en voiture.
Elle se dit à ce moment que l’avenir s’éclaircirait peut-être…
Un beau happy end prometteur, Photonanie. C’est fou comme une photo peut nous embarquer… Le noir et Blanc est puissant et ton texte aussi.
Et voilà enfin une journée ensoleillée en perspective…S’y jeter avec délices et optimisme..
un travail loin de chez elle mais avec une bonne ambiance
La rapidité de rebondir est inversement proportionnelle au cortège de souffrances. Ton texte le confirme bien et donne espoir. Merci.
Quelle belle note d’optimisme après la terrible souffrance de la perte de ses parents. Bravo photonanie
Beaucoup de dureté dans le début de vie de ton personnage. On ne peut qu’esperer que le gentil collégue soit plus que cela et lui apporte enfin un peu de bonheur.
Oh oui nous espérons un joli avenir pour ton héroïne à la vie déjà bien cabossée !
Un joli texte plein d’espoir, réconfortant!
Marrant, le texte est tellement sombre que je ne peux m’empêcher de voir chez ce collègue un côté dark … comme quoi. 🙂
J’ai volontairement laissé planer le doute comme ça chacun imagine la fin qu’il préfère en fonction de son humeur.
Oui, c’est très bien !
Un clair obscur troublant. Sous la noirceur on y descelle une lueur et pourtant on ne peut s’empêcher d’imaginer que ce « peut-être » final augure une fin tragique… En fait tout peut encore arriver, le bon comme le mauvais… ça me plait 🙂
test
Lol, c’est meilleur qu’un haïku ton texte. #sifflote
Elle émoi
(désolé pour le doublon, mauvaise place au début)
Le lien Audio
https://youtu.be/7njTmUvkt_Y
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Egarée dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Sur ce quai évanouie ;
D’ou vient-elle,
Où va-t-elle,
Le regard vaporeux ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
Je m’égare amoureux.
Je la regarde – dans la pénombre,
Elle irradie – de sa présence,
Moi je m’attarde – sur son ombre,
Sens-interdit – en élégance.
Elle me détraque – de sa candeur,
Joue la fatale – la mystérieuse,
Un vrai scandale – beauté hideuse,
Aphrodisiaque – de mes hard heures.
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Est-elle triste, agacée ?
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Jeu d’actrice, âme glacée ?
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Les cheveux enlaçants ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
Je la veux – je la sens !
Un train arrive – va-t-elle monter,
Ou tendre ses bras pour l’accueillir,
Dans les deux cas – je la perdrai,
Alors je préfère m’enfuir…
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Inconnue dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Disparue de ma vie.
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Je ne le saurai jamais ;
Qui aime-t-elle,
Que pense-t-elle,
J’aurais du l’aborder !
Qui est-elle,
Que fait-elle,
Inconnue dans la nuit ;
Qui suit-elle,
Que fuit-elle,
Disparue de ma vie.
D’où vient-elle,
Où va-t-elle,
Je n’le saurai jamais ;
Que pense-t-elle,
Où est-elle,
On se s’rait p’têt aimés
C’est sûr, nous attendions tous le lien audio, quel talent, Roxane. Un poing de vue tout à fait sincère pour quelqu’un qui ne connaissait pas vraiment le slam.
Un point de vue, le clavier de ma tablette m’a joué un tour.
Original avec le ton, la voix et ce leitmotiv comme une question éternellement posée, bravo pour cette façon de « détourner » avantageusement un texte écrit …
Merci,
Merci Anne-Marie, … et un poing de vue, ca claque ;o))
Y a pas à dire : tu es doué ! Ton texte me rappelle un poème d’Apollinaire (Rosemonde peut-être) ou les passantes de Brassens, qui prêtent une histoire à une femme qu’ils croisent furtivement. C’est ça aussi la poésie. Bravo Roxane, c’est génial. Continue à me régaler…
Merci Cloud, encore bcp de travail mais l’exercice est captivant
Oui, Cloud, j’y ai pensé aussi. Et le côté slam apporte sa modern touch.
Juste un mot : brillant ! Bravo Roxane
:o)
Qui sait???
Tu deviens un champion du slam et semble y prendre plaisir, ce qui n est pas pour gacher le notre.bonne continuation.
Merci.. des débuts mais motivé en effet
Eh bien moi contrairement aux autres je préfère le rythme des mots au lien. Je trouve tes mots plus poétiques à la lecture qu’à l’écoute !
Ah oui ? bien noté, .. je vais persister dans la voix(e) audio puisque ça me plait, mais réfléchirai également à d’autres approches, pas forcément slamé, plus douce peut-être suivant le texte.. En tout ca le but ici est de tenter des trucs, donc merci de ton retour :o)
Pour moi aussi la lecture dans ma tête est plus puissante que dans la version audio. J’aime beaucoup le leitmotiv qui rythme l’ensemble, .
Si un audio te tente… ca pourrait être cool d’entendre comment tu le mets en voix…et partager nos approches.
j’adore!!!
Cheveux enlaçants : j’aime beaucoup !
Super la dimension sonore, je n’ai pas lu ton texte, mais seulement écouté et ça rend bien ! C’est bien de ne pas terminer sur une question …
(En tout cas, j’me dis que si une personne se pose autant de questions, il faut aller parler à l’autre. :)) )
Voilà six mois que chaque matin, je prends le premier bus pour me rendre à mon travail. Les premiers jours en septembre, il ne faisait ni si nuit, ni si froid aussi je n’ai pas pris conscience de suite de ce qu’il m’attendait les mois à venir. Il est vrai qu’attendre le bus à 5h30 en septembre et faire la même chose en février n’a rien de comparable. Mais ce petit job n est que temporaire, il paie bien et surtout grâce à ce qu il me permet de mettre de côté, je vais pouvoir réaliser mon rêve. Alors oui, en attendant le bus, mon corps se gèle, mais de jour en jour mon coeur bat de plus en plus vite et me tient chaud à l’intérieur. J’approche du but. Encore deux semaines et j’aurai assez d’argent pour m’acheter un vol aller pour Madagascar et alors adieu le froid, la grisaille et ce boulot purement alimentaire. Cela fait plusieurs années que j’y pense. Je me suis renseignée, suis en contact avec des personnes sur place, elles m’attendent, elles me soutiennent dans mon projet. Cet été, je ne prendrai plus le bus. C’est moi qui le conduirai. Il sera bien plus petit bien sûr et il sera rempli de livres et d’albums de jeunesse, sélectionnés depuis de longues années et traduits pour la plupart. J’irai de village en village à la rencontre des enfants, échanger sur nos vies, découvrir leur monde, leurs jeux et leur raconter des histoires. A moyen terme, j’aimerais ouvrir un centre pour les accueillir et selon leurs besoins leur apprendre à lire. C’est tellement beau de voir briller les yeux d’un enfant qui apprend et en a envie. Tellement hâte !!
Quel merveilleux projet dépeint avec tellement d’enthousiasme où l’on mesure la ténacité avec une si belle énergie.
Joli projet bien amené dans ton texte. On chemine bien dans cette réflexion, au point qu’on souhaite une réalité tangible.
Quel beau projet décrit dans ton texte ! Bravo Valerie
Chouette écrit. On a envie que cela se réalise dans la vraie vie !
Un bien joli projet… all the best à Elle, … et/ou toi 🙂
L’attente avant de réaliser son rêve. 🙂
Quelle projet généreux! J’aime et j’espère que c’est (ou sera) du vécu, j’y crois 🙂
J’ai particulièrement aimé comme le leitmotiv prend de l’ampleur au rythme de la voix, même si j’aurais aimé l’entendre davantage comme un chuchotement sur la fin… sans doute parce que la photo se prête aussi à cette ambiance feutrée. mais tout cela est affaire de ressenti et n’enlève rien à la qualité de l’écrit.
J’ai particulièrement aimé comme le leitmotiv prend de l’ampleur au rythme de la voix, même si j’aurais aimé l’entendre davantage comme un chuchotement sur la fin… sans doute parce que la photo se prête aussi à cette ambiance feutrée. mais tout cela est affaire de ressenti et n’enlève rien à la qualité de l’écrit.
Et zut ! Valérie tu l’auras compris, mon commentaire précédent ne t’était pas destiné…
Ton récit est comme ces petits bonheurs qui viennent embellir le jour. J’aime l’optimisme que tu as su mettre en avant alors que la photo, de prime abord, ne tend pas vers ça. Merci !
Cloud : Oui. Bravo. Toujours le mot juste. Sans doute le don de l observation des choses et du monde.
Merci beaucoup, Pierre. Venu de toi, ça me touche et me donne envie de continuer….