Ça y est ! J’ai enfin pu écrire un texte sur cette photo (yihaa) ! Est-ce que je peux l’envoyer ici maintenant (et il sera débloqué lundi) ou je dois attendre lundi pour le publier ? Beau week-end à vous ! Sabrina
Un jour, j’ai perdu tous mes mots. Je devais avoir sept ans. Ou huit. Ou neuf. En tous cas, je n’avais pas dix ans, ça c’est sûr. Et surtout, j’étais trop jeune pour porter des chaussures à talons. Je me souviens encore de leur joli verni noir et de leurs fines lanières pleines d’étoiles argentées. Qu’elles étaient belles, mes premières chaussures à talons ! Mais bon, voilà, mes chevilles n’étaient pas prêtes. Au bout de quelques mètres, sur le chemin de l’école, je me suis tordu celle de droite. Ma semelle a glissé sur un passage piéton et je suis tombée. Là, comme ça, au beau milieu de la route. Et le monde s’est arrêté. Vraiment ! J’ai vu la mère Pastoli, sur le trottoir, avec son chien en laisse en train de faire pipi, tous les deux comme congelés sur place. Les gens en terrasse avec leur tasse à café en l’air. Les arbres avec leurs feuilles paralysées. Même le soleil s’est arrêté de briller. Évidemment, les voitures n’ont pas compris ce qui se passait. Elles ont freiné comme elles ont pu. Il y en a une qui a chuté dans le fossé. Deux autres se sont entrechoquées. Et moi, j’ai eu la frousse de ma vie. J’ai poussé le plus long et le plus terrible des cris. Plus tard, les médecins ont dit à mes parents que je souffrais de mutisme post-traumatique.
Moi, je sais que ce n’est pas ça. Je le sais parce que je ne suis pas aveugle, et que je crois toujours ce que je vois. Figurez-vous que quand j’étais couchée sur la route avec ma frousse, un vol de muettes est passé par là. Les muettes, c’est comme les mouettes mais sans le o, c’est pour ça qu’elles ne savent ni rire ni crier. Il leur manque un truc, le o. Et c’est pour ça aussi que, pour se venger, elles chapardent tous les mots des petites filles qui hurlent pour rien ou pour quelque chose. Et manque de bol, ce matin-là, eh bien, elles passaient par là, les muettes. Un vol d’une bonne douzaine juste au-dessus de ma tête. Elles se sont posées à côté de moi, m’ont regardée avec leurs grains de poivre à la place des yeux, et en silence elles ont battu des ailes et du bec pour aspirer tous mes mots. Je suis sûre qu’elles ont tout emmené sur une île pour le planquer dans un coffre. C’est ce que font tous les pirates, volatiles ou pas. Je suis sûre, même, qu’elles vivent sur cette île. L’île aux muettes. Ca sonne trop bien pour ne pas exister.
Souvent, avant de m’endormir, tout contre la nuit, je perds quelques larmes parce que les mots me manquent. Les mots de gamines et les mots d’adultes. Les mots courts et les mégas longs. Les verbes et les noms. Les mots moqueurs et les sérieux. Les vieillots et les vulgaires. Je les aime tant tous ces mots d’avant. Vous savez, mes parents ont appris la langue des signes, et pas mal de copines, aussi, mais ce n’est pas pareil. Le pire, c’est les inconnus. Il y a toujours quelqu’un de mal à l’aise, quelqu’un qui me regarde comme si j’étais le plus grand malheur du monde.
Ce qui me fait le plus de peine, c’est que personne ne veut croire à mon histoire d’île aux muettes. Les gens oublient que l’impossible peut être possible. Heureusement, mes grands-parents me comprennent, eux. Pour moi, ils sont partis en voyage et visitent les îles de la terre entière à la recherche des muettes et de mes mots perdus.
Kroum
sur 24 février 2020 à 7h32
Tu as un vrai talent de nous amener dans ton monde avec la précision dans tes descriptions. Bravo Séverine Baaziz
Pour Séverine: J’ai adoré ton texte, toute cette histoire de la fillette pour en arriver au voyage de ses grands parents partis « à la recherche des muettes et des mots perdus » c’est très fort et très poétique aussi. Merci pour cette merveilleuse histoire.
Une histoire, que l’on croit vraie, en commençant par une chute, très terre à terre, puis au fur et à mesure que l’on comprend la douleur on termine dans les étoiles, bien doux voyage, merci
moins précoce que toi pour les chaussures à talons
Céline
sur 25 février 2020 à 7h40
Très jolie histoire, bravo !!!
Kroum
sur 23 février 2020 à 18h57
Mer calme à l’horizon
Il l’écoutait lui expliquer ce qu’elle savait. Ils avaient rarement besoin d’un guide lors de leurs voyages tellement elle bouquinait largement pour les préparer. Elle savait tellement de choses que souvent elle le bluffait.
Cette visite culturelle en mer faisait partie du cadeau de leurs noces d’or qu’ils avaient célébrée le mois dernier avec leurs amis, famille, enfants et petits-enfants.
Leurs 50 années de mariage étaient comparables à un océan de moments souvent joyeux, parfois tristes, épisodiquement dramatiques.
La passion du début était souvent à marée haute. Tels deux équilibristes sur leur planche, ils trouvaient souvent des vagues creuses dans lesquelles se réfugier et s’unir. Tantôt elle le chevauchait, d’autres fois c’est lui qui menait la cadence. Toujours, leurs deux corps enlacés se laissaient bercer par la houle jusqu’à échouer, épuisés et heureux, sur une plage propice au calme et à la volupté.
Avec l’arrivée des enfants, la mer fut souvent agitée mais ils parvenaient à dénicher, de temps en temps, quelques rouleaux pour surfer avec la même ardeur qu’au début de leur passion.
Puis le temps a passé, le quotidien familial s’étant bien installé, l’âge avançant, leur amour voguait plus à marée basse sur une mer de tranquillité, l’affection faisant place aux prouesses acrobatiques du début.
Avec la retraite, leurs tête-à-tête furent plus nombreux, chacun s’évadant quelques heures dans la journée dans leur passion respective. Parfois il fallait s’occuper des petits-enfants et redoubler de vigilance pour éviter qu’une boule d’énergie ne passe par-dessus bord du bateau de leur vie.
Bref, une mer calme se profilait donc à l’horizon jusqu’à ce moment précis.
Ce que le cliché ne montre pas, c’est la fin de leur sortie en mer.
Elle fut la première à poser pied sur terre. Quand son tour arriva, il y a eu cette marche ratée, cette chute non contrôlée et sa tête qui buta contre le parapet.
Il mourut sur le coup. Son cœur à elle n’était pas préparé à vivre un inattendu tsunami.
oh non je ne voulais pas cette fin, j’aime ce texte et j’espérais du doux. J’y étais, avec eux, je me projetais, et la chute fut rude! 🙂 On s’y croirait on s’y voit bien! Bravo!
Un beau texte, la mer juxtaposée sur les amours d’une vie, les mots qui surfent avec brio, mais alors, cette chute !
Francoise Clamens
sur 23 février 2020 à 19h25
bravo..très touchant!! je viens à l’instant de regarder des photos de surfers à Hossegor..et tout y est!!
Ce que je prépare est proche de ton texte!! bonne semaine
— Et les vaches, comme elles étaient mignonnes ! Hautes comme ça ! Et leurs yeux si doux ! On aurait dit des biches ! Puis, on a bien mangé !
Lui repense à la Jacket Potato, une immense pomme de terre garnie –recouverte !– de fromage fondu, et aux haricots infects de leur English Breakfast. On peut dire que les Britanniques sont doués… pour la cuisine étrangère ! Il ne lui répond pas. Les deux regardent à travers la vitre la terre ferme qui se rapproche.
Il se sent un peu fatigué. Il a même un peu froid, et supporte bien sa veste. Pourtant la climatisation n’a pas l’air enclenchée. Il n’y a pas grand-monde dans le bateau du retour. Ça lui va bien. Il ne supporte plus trop la foule. À l’aller, ils étaient à côté d’un jeune couple et d’un nourrisson un peu braillard. Heureusement, il n’y avait qu’une heure et demie de trajet. Il soupire.
Révolue l’époque où ils voyageaient loin, avec un sac à dos, à dormir sur des matelas durs et pas plus épais qu’un dollar dans des chambres sans fenêtre. Terminés les voyages au long cours en van à se lever quand les rayons du soleil viennent frapper la vitre du fourgon aménagé. Au placard, les grandes aventures, les randonnées à l’aube, les soirées près du feu, la vue des ours sur les bas-côtés, les crises de rire et les moments de panique au beau milieu du Nullarbor*. Ou de Nulle Part. C’était pareil.
Maintenant, ils ne partent plus sans avoir vérifié avant sur Trip Advisor le confort et la taille de la matelasserie. C’est fou ce qu’on peut faire avec internet. Ils prennent le bus, et plus bien loin. De toute façon, il peut plus conduire, et elle, elle a jamais su. Enfin, ça c’est ce qu’il prétendait. Aujourd’hui, même un court week-end à Jersey se transforme en véritable épopée. Est-ce donc ça la vieillesse ? Un sac-banane à la taille et l’impression de grimper l’Everest quand on monte dans un ferry ? Y songe-t-elle aussi, en face de lui ? À tout ce qui est déjà fini ? À ce tout indéfini ?
Elle lui sourit. Elle a toujours été du genre enthousiaste. Il la regarde dans sa veste jaune et avec ses grosses boucles d’oreille en toc.
Tant d’années de compagnonnage – il avait tenu à ne jamais l’épouser, une fierté à la Brassens ! – qu’il avait cessé de compter. Oh, ça n’avait pas été un long fleuve tranquille, ils avaient parfois nagé en eaux troubles. C’est qu’il fallait la suivre, cette matelote !
— Et les vaches, tu as vu comme elles étaient belles ? On dirait des biches, non ? Qu’est-ce qu’on a bien mangé surtout !
Il frémit.
Il pose sa main sur la sienne en guise de réponse.
Il ferme les yeux. Il se met à regretter leurs disputes dans la voiture. La mer est d’un calme. Rejeter ces idées. Juste se laisser aller et bercer par le ballotement des flots.
Apprécier cette sérénité. Au fond, il sait comme il redoute, que c’est le calme avant les tempêtes.
C’est la troisième fois qu’elle lui a posé la question, et elle attend la réponse comme si elle ne l’avait pas entendue auparavant.
Merci beaucoup ! C’était ma première participation après des mois où je vois passer les photos et je loupe toujours le créneau 🙂 Belle journée à toi, Sabrina.
– Mais tu es d’un plat, mon pauvre Gaston… Plat comme la surface de l’eau, plat comme un roman raté, plat comme les cheveux de ta mère, plat comme un plat à tarte, et moi je suis trop tarte de rester avec toi !
– Mais… Titine…
– Il n’y a pas de « mais » Monsieur Plat ! Tiens, je vais t’appeler comme ça maintenant ! ça ne sera pas plus tarte que Gaston après tout !
– Mais… Titine, je t’ai emmenée en bateau, le ciel est bleu, la météo est parfaite, pourquoi es-tu si méchante ?
– « En bateau » ah oui, c’est le cas de le dire ! Pour me séduire, tu as demandé à ton cousin Placide d’écrire un poème et tu m’as fait croire qu’il était de toi ! Espèce de plagia!
– Mais… Titine, c’est parce que je t’aimais, moi …
– Et la bague de fiançailles, une bague en plastoc ! T’aurais pas pu faire un effort, non !?
– J’étais pas très riche à l’époque, tu sais bien …
– Un plâtrier …Comment ai-je pu épouser un plâtrier … J’aurais dû me douter que ce n’était pas avec un emplâtré comme toi que je serais montée au plafond, moi ! N’est-ce pas Monsieur Plat ??
– Oh, Titine tu es trop dure avec moi !
– Ah bon ? Je suis trop dure ? Et bien toi tu es trop mou ! Mou et plat comme un vieux placenta !
– Titine, si tu me plaques je me jette à l’eau !
– Eh bien plonge, vas-y plonge, mais surtout, pour une fois…évite de faire un plat !
Un dialogue acerbe, à la fois théâtral et réaliste. Tendre et naïf, aussi, malgré tout, avec ce « mais… Titine » qui s’obstine. Bravo marinadedhistoires !
Ils profitent de cette retraite
Après des années d’asservissements,
les voilà partis sur les traces des grands explorateurs.
Elle en aura bercé des soirées cette émission,
Leur procurant des envies d’ailleurs et d’abandon,
d’un quotidien étriqué et captif.
Une vie d’attente,
une vie à reculons.
Prendre le large enfin,
Elle espérait tellement qu’ils soient tous les deux pour débuter cette aventure,
ce second souffle,
et ils sont bien là, ensemble.
Bientôt la mémoire s’étiolera,
Alors, ils profitent de ce sursaut d’existence
Éprouver le sensible avant l’invisible
Avant les regrets et la peine
Ils ont vécu une vie simple,
Une vie de petits bonheurs,
glanés dans l’entrelacs des matins dociles
Une vie sans concert mais sans misère
Une vie de petits riens partagés amoureusement
Bientôt les souvenirs seront murés dans le passé,
le futur entretiendra de brèves apparitions mémorielles.
Le reste sera flou
Leur amour,
éreinté par l’absence intérieur,
la tristesse des nuits glacées.
Pour Jen: Très émouvant le récit de cette vie à deux. J’aime beaucoup: » Une vie de petits bonheurs,
glanés dans l’entrelacs des matins dociles ». Un très beau poème.
Joliment décrit, même si tes lignes sont empreintes de nostalgie, je suis heureuse pour tes personnages, au moins ils verront des ailleurs, certains, à la retraite, ne le peuvent plus ! Qu’ils explorent, qu’ils explorent, et après, ils verront bien encore :). Belle journée à toi, Sabrina.
Marcella s’était amusée plein de fois à imaginer ce qu’ils feraient quand ils seraient vieux. Elle s’était aussi demandé à quoi ils ressembleraient avec Tiberio. Auraient-ils beaucoup de cheveux blancs? Pourraient-ils voyager malgré les douleurs d’arthrose? Ils rêvaient tous les deux de faire une croisière sur le Danube…
Mais aujourd’hui elle se disait qu’ils n’auraient peut-être pas le temps de vieillir. Les autorités leur avaient ordonné, à eux et à toute la population, de rester confinés chez eux pour éviter d’être infectés. Ils étaient enfermés depuis maintenant quinze jours. La maladie se propageait de façon exponentielle. Les médias rapportaient des dizaines de morts chaque jour, du nord au sud de l’Italie. L’Etat était dépassé. Quant à l’Eglise, elle voyait là un châtiment divin. L’Homme devait expier ses fautes. Pour Marcella, c’était surtout la faute aux Chinois, et elle leur en voulait de mettre ainsi son avenir en péril et, plus largement, l’avenir de toute l’Humanité.
Ma participation (qui se trouvera normalement sur mon blog également quand j’aurai résolu les problèmes de serveur 🙁 )
Notre journée se terminait dans ce ferry qui nous ramenait à bon port.
Nous avions longuement hésité à la faire cette randonnée de seize kilomètres dans ce qu’on nous décrivait comme un endroit magnifique, un incontournable lors de vacances en Crête: les gorges de Samaria. Et puis, un peu téméraires ou un peu fous, nous nous étions inscrits pour cette longue journée accompagnée.
Le soleil était bien là mais la chaleur était restée supportable ce matin. Nous avions marché d’un bon pas, échangeant des banalités avec ceux qui nous dépassaient ou ceux, plus rares, que nous dépassions. Pas question de rater le bateau du retour sinon nous devions dormir sur la plage jusqu’au lendemain. Un peu fous d’accord mais pas complètement barges quand même!
La balade, tout en descente, n’avait pas été trop difficile malgré les « rolling stones » sous nos pieds et les jeunes gens qui la faisaient en courant, nous bousculant un peu au passage…
Et là, nous étions bien tranquilles, seuls à l’intérieur alors que tout le monde voulait encore emmagasiner un maximum de soleil sur le pont. Un sentiment de fierté d’avoir réussi nous envahissait même si nous avions résisté aux marchands de t-shirts où on lisait « I survived Samaria Gorge » .
La fatigue lentement s’installait et le roulis du bateau nous berçait doucement. Nous hésitions à nous allonger sur les banquettes qui nous tendaient leurs bras de simili-cuir bon marché. Nous nous obligions à parler, de tout et de rien, face à la mer étale, pour ne pas sombrer avant de débarquer et rentrer à l’hôtel.
Demain nous serions reposés mais c’est certain que nos mollets nous rappelleraient avec insistance que nous l’avions fait!
Oui à la folie, et aux mollets qui souffrent, un texte positif pour ces deux téméraires ! 🙂 ! J’attends ton lien sur ton blog pour le découvrir alors ! Belle journée à toi, Sabrina.
Bonjour à tous,
Désolé de ne pas avoir eu une seconde pour commenter vos textes de la semaine dernière, ce sera fait demain… Bon début de semaine.
« Keep cool »
– – Mais oui, c’est ça, y’a pas d’autre place sur ce rafiot, t’as qu’à t’assoir en face de moi… Et maintenant tu vas me demander les horaires des marées, non ? Tu me prends vraiment pour une demeurée ! Et tu crois que j’ai pas vu ton manège sur le quai ?
– Mais Madame, je…
– Oh ! Dis-donc petit bonhomme, on se tait quand je parle ! Alors voilà, on va gagner du temps : Henriette, 82 ans mais j’en fait 79, j’habite plus chez mes parents depuis le 18 avril 1958, le château sur la côte là-bas c’est le mien, et si je suis là avec une limace de ton genre c’est parce que mon Riva est tombé en panne ce matin. Alors je te le dis : tu ne m’approches pas à moins d’un mètre sinon je te fais bouffer ta moumoute !
– Henriette, je…
– Quoi ???? Tu oses m’appeler par mon prénom ? Infâme vermisseau tu ne sais pas à qui tu parles ! Les seuls qui ont le droit de m’appeler Henriette c’est Mike Jagger et Iggy Pop ! Eh oui puceau, mais je suppose qu’un blaireau de ton genre a dû jamais entendre ces nom-là. Eh Machin, faut sortir tes poubelles de temps en temps.
– Je voulais juste …
– Non mais je rêve ? Il insiste en plus ! Comme je vois que t’as pas la lumière à tous les étages je vais te briefer un peu. Pendant que tu guinchais avec Verchuren et que tu t’astiquais sur les photos d’Hornère, moi j’inventais la musique du 21ème siècle… ça te retourne la prostate hein ?…
– Je sais…
– Ta gueule, tu sais rien ! Ca y est, tu m’a mis les abeilles ! Ca fait deux fois que je te dis qu’on se tait quand je parle, la troisième fois il va falloir que tu achètes de la colle à dentier, ok ?
– D’accord…
– Malgré ton air con et ta vue basse, tu vois ma main ? Avant de la prendre dans la gueule il faut que tu saches que d’Ibiza à Los Angeles ces 5 doigts s’appellent « The Five Golden Fingers » ! Et pourquoi tu vas me dire ? Eh ben parce que le jour où ils se sont posés sur un vinyle le scratch est né ! Alors tu vois, quand tu crois entendre Guetta, Sinclar ou Garnier, eh ben ils font du playback : c’est moi qui fais le mix backstage !
– Je suis désolé…
– T’es désolé ?!?!? Tu viens m’accoster comme ça, pour me raconter tes salades et tenter de m’embobiner. Je ne suis pas tombée de la dernière pluie : tout ce que tu veux c’est te taper une rock star ! Mais moi des mecs de 50 ans de moins que toi j’en ai des wagons tous les mâtins, alors que tu viennes me tenir la jambe en me larmoyant sous le nez avec ton veuvage et tes problèmes de viagra… excuse moi mais je m’en bats les ovaires avec un cubitus de coléoptère.
– Je ne voulais pas vous déranger, je voulais juste vous demander un autographe.
– Quoi ? Un autographe ? Mais tu pouvais pas le demander au lieu de tourner autour du pot depuis une heure ?
– Je n’osais pas, vous m’impressionnez tellement.
– Bon allez, t’as de la chance de me faire pitié. C’est quoi ton nom ?
– Michel Legrand…
Aouch ! Faut pas se frotter contre ton Henriette ma parole ! Pauvre Legrand qui s’est fait petit ! Merci pour la rigolade ! Belle journée à toi, Sabrina.
Quelle gouaille d’enfer, j’ai adoré ! Digne d’un dialogue de cinéma. Toutes les répliques sont truculentes. Génial !
Zaapataa
sur 24 février 2020 à 21h05
Au top. L’idée du scratch avec la main de la photo, fallait la trouver celle-là ! personnage canon et dialogue à la hauteur de la situation. J’adore.
Francoise Clamens
sur 24 février 2020 à 3h29
Bonjour,
Il semble que mes textes ne soient pas passés..
car vous avez deux textes..celui de ma petite fille de 9 ans joint au mien!
Bonne semaine
et petit commentaire à tous! j’adore vos textes, quelle diversité et quel charme
Plate
bien plate
l’eau
sans une bulle
aussi petite soit-elle
pas le moindre frémissement
de vaguelette point.
A l’horizon non plus
rien
pas un mouton
pas un flocon d’écume
neige de mer
barbe touffue du père Neptune.
Pas le plus petit caillou
monticule de caillasse
un récif ?
Que nenni !
Une île empierrée ?
Non, cent fois non.
Loin, au loin
de l’eau
plate !
Où sont les récifs
les écueils ?
Brisants nécessaires
à la naissance
des tourbillons qui nous emportent
des vagues qui nous retournent
des lames de fond
des tsunamis même.
Vie d’homme
vie de femme
vie
enfin
calme
mouvementée
brisée
tourmentée
torturée
Homme
toujours
tu chériras la mer
car elle est
ta vie
Pauline a écrit :
« Nous voyons un vieux couple à bord d’un bateau.
Intéressons-nous d’abord à l’homme. Tiens ! Il porte des lunettes ! Cela me fait penser à… mon Papi ! Lui aussi porte des lunettes ! Mais il ne les met pas souvent…Que pour regarder l’ordinateur !
L’homme a les cheveux blancs, comme… Papi ! Une légère touffe en plus sur le crâne de mon Papi et les voilà jumeaux !
Ce vieil homme semble avoir une taille normale. Contrairement à mon Papi ! Lui, il est grand…
Maintenant, parlons de la femme. Elle semble mimer le geste de la mer plate. Ce qui, pour moi, signifie que, en plus de parler, cette femme apprécie mimer son récit.
Elle porte un pull orange ! Wah ! Elle affectionne les couleurs !
Elle porte des lunettes, ce qui me fait penser à… ma mamie ! Elle aussi, elle en a ! D’ailleurs, elle vient juste de les changer !
Pour finir, je trouve que c’est étrange d’imaginer mon Papi en voyage car il n’apprécie pas les voyages !
Je trouve cette initiative chouette, je ne sais pas si c’est la première fois (en même temps, je suis nouvelle par ici), mais c’est agréable ! Pauline a le sens de la narration ! Quant à ton texte, j’ai aimé sa profondeur (si je puis me permettre) et sa forme. Belle journée à toi, Sabrina.
Pour Francoise Clamens : un chouette texte que j’ai aimé lire en y donnant le ton. Un vrai plaisir !
Pour Pauline : pour être membre d’un jury d’écriture pour les CM1/CM2, je peux te dire que ton texte est bluffant. Que j’aimerais avoir plus de productions de cette qualité chaque année. Le fait d’utiliser la deuxième personne de l’impératif emmène le lecteur avec toi, je trouve. Cela rend encore plus vivante ton histoire. Et tu as su mêler la narration et les descriptions. Bravo ! Et surtout, continue à écrire, Pauline, tu es douée !
Kroum
sur 24 février 2020 à 7h46
De ton texte j’ ai beaucoup apprécié les questions et les mots qui se suivent, donnant un joli rythme à l’ensemble. Y ressentir une touche de Baudelaire dans le final me ravit. Bravo fançoise clamens.
Je suis épaté du texte de ta petite fille qui se débbrouille très bien dans l’art de la description. Bravo Pauline !
C’est mardi soir, j’ai pour mission d’acheter un thon frais, au petit bateau de pêcheur, accosté au port de commerce. Nous sommes début septembre, c’est la pleine saison, et nous attendions cette date avec impatience. Ma collègue de bureau m’accompagne, ainsi que nos glacières bleues, portées à bout de bras.
La navette est à quai, ce soir je ne la prends pas pour aller jusqu’à la presqu’île de l’autre côté de la baie, je viendrai chez mon ami vendredi soir, pour passer le week-end dans sa jolie maison sur le port de pêcheurs.
Mais mon ami arrive vers nous, il a fait la traversée, l’air tracassé, ravagé même, anéanti, il marche vite, il ne devait pas être là ce soir, que se passe-t-il ? il semble extrêmement contrarié. Il est à deux pas de nous et nous parle déjà, des mots anglais, américains, mais aussi, attentat, fin du monde, c’est la guerre !
Nous sommes stupéfaites, nous pensons à une mauvaise blague de sa part, lui qui se marre toujours, mais cette fois son sourire n’apparait pas, pas une seule fois, il est fermé.
Nos glacières bleues pendent toujours au bout de nos bras, des connaisseurs ont formé un cercle dense devant le bateau de la pêche au gros.
Et mon ami continue, le souffle court, les phrases courtes à nous annoncer une catastrophe, boeing, world trade center, kerosen, il en devient même incohérent, nous commençons un peu à le croire, à réaliser un peu de l’ampleur du drame. Mais notre journée était tellement légère et belle, de cette après-midi passée à la plage, profonde détente, sous le bleu du ciel, car nous avions des heures à récupérer et notre choix c’était porté sur la plage, évidemment, bikinis et sable fin sont notre sport favori pour profiter encore des derniers beaux jours.
Un thon frais dans chaque glacière, nous nous séparons, chacun dans sa voiture, le cœur lourd de cette annonce qui dépasse l’entendement, abrutis, ahuris, hébétés.
La navette, depuis belle lurette est repartie, mon ami prendra le dernier retour, car elle reste à quai sur la presqu’île toute la nuit, et demain transportera de bonne heure les personnes qui travaillent sur le continent.
Bonjour,
Voilà ma participation:
Nos balades en bateau
Je me suis demandé si je devais dire nos ou mes « balades en bateau »; j’ai choisi « nos) car j’ai fait plus de balades de bateau(et pour presque tout d’ailleurs) avec lui en 25 ans que dans les vingt cinq premières années de ma vie. Quand je pense qu’il y en a qui veulent que j’efface en trois mois ces années.
Pour finir de me séduire, tu avais loué un bateau sur le Lac Léman. C’est autour de ce lac qu’une amourette s’est transformé en ma plus longue histoire d’amour. Avant, je m’étais arrêté à un an maximum, six mois et la dernière plus longue avait aussi été la plus courte: trois mois. Disons, que c’est eux qu’ils l’avaient arrêtée. Ceci dit, au bout de trois mois, après ces ruptures, j’étais déjà remonté en selle plusieurs fois alors que qu’aujourd’hui, au bout, de presque quatre mois sans lui, ça me fait encore un mal de chien.
La photo de l’atelier m’a surtout fait penser à notre balade d’Istanbul vers une des îles des Princes, sauf que, malgré le froid, j’étais resté sur le pont pour manger le paysage et le photographier
Un texte criant de naturel et d’authenticité. J’ai bien aimé en particulier la dernière phrase : « malgré le froid, j’étais resté sur le pont pour manger le paysage et le photographier ». Merci, Laura !
Aux abords de l’île, le couple recommença à se chamailler.
— Tu as encore pris l’apparence de Jack Nicholson ? Tu es fatigant. C’est beaucoup trop voyant, ça va semer le trouble. Approche, que j’arrange ça.
— Et toi, tu crois que la tête d’Andy Warhol, ça va leur donner confiance ? Et d’ailleurs je ne vois pas en quoi Nicholson va nous empêcher de les faire monter à bord.
— Parce que je te préviens, ce coup-ci, il faut que ce soit rapide. On débarque, on les embarque, on les fait passer de l’autre côté. End of the story. Si on commence à leur laisser le temps de réfléchir, ils ne voudront plus partir, et j’ai pas envie de remplir des rapports en triple exemplaire pour expliquer l’augmentation du taux de rémanence spectrale.
— Fiche-moi la paix, je prends l’apparence de qui je veux. Nicholson est l’un des rares qui me fait encore rire. Il est fascinant dans ses rôles amphigouriques. Il ira très bien dans le rôle d’un passeur.
— Je te dis que c’est beaucoup trop voyant, tout le monde va te reconnaître.
— A Fukushima ? Ca m’étonnerait.
Plume47
sur 24 février 2020 à 16h20
J’ai reçu une carte postale énigmatique du Japon
Mes parents y sont en croisière
C’était de tout temps le rêve de ma mère
Mais elle n’emploie pas les mots ordinaires
Des gens heureux qui n’en font pas mystère
– Coucou ma chérie, vacances réussies
On profite chaque instant des joyaux de l’Asie
Mais non
De bonheur il n’en est pas question
Juste quelques formules lapidaires
Comme si elle manquait de vocabulaire
Pour m’envoyer un message
Avant de rentrer de leur voyage
Un message aux allures de mauvais présage
Comme une pluie glacée après le passage
De gros nuages
Je ne sais pas encore ce qu’ils vont m’annoncer
Mais rien que d’y penser
J’entends déjà le grondement de l’orage.
De jolies rimes pour amener à une mauvaise nouvelle peut-être…
J’espère que l’orage ne grondera pas trop!
Céline
sur 25 février 2020 à 7h39
Bonjour,
Mince je viens de voir que mon commentaire n’était pas passé.
Voici donc mon texte :
Ils s’étaient promis amour, fidélité, respect et surtout voyages.
Le voyage de noce fut le premier d’une série de six avant l’arrivée de leur quatre enfants (un autre de leur grand voyage).
Et puis, ils s’étaient promis de recommencer à la retraite.
Finalement, la Martinique célébra leur 15 ans de mariage.
Et le virus fut à nouveau là, germant petit à petit…
Alors ce fut le Japon, une croisière dans les fjords de la mer du Nord, l’Autriche, Malte,…
Et enfin, l’Australie pour découvrir cette immense île et rendre visite à leur fils expatrié.
Les projets étaient nombreux, entre autre celui de l’achat d’un camping-car pour visiter l’Europe.
Mais ils ignoraient que le grand Voyage avait déjà commencé pour elle…
Aussi perfide que silencieuse, la maladie grignotait déjà du terrain au fin fond de son cerveau…
Les voyages pour lutter contre la maladie, une belle idée, autant en faire le plus possible avant que …
Céline
sur 27 février 2020 à 18h46
C’était déjà malheureusement trop tard pour ma maman qui est décédée 20 mois après le diagnostic de sa SLA. Mais oui c’est aussi une possibilité
Hocine Tandjaoui
sur 25 février 2020 à 16h06
Bonjour Alexandra, j’aimerais bien vous envoyer un exemplaire de mon dernier ouvrage…Version papier bien sûr. Comment procéder dans ce cas-là ? Amitiés.
Ça y est ! J’ai enfin pu écrire un texte sur cette photo (yihaa) ! Est-ce que je peux l’envoyer ici maintenant (et il sera débloqué lundi) ou je dois attendre lundi pour le publier ? Beau week-end à vous ! Sabrina
Il vaut mieux le publier ici lundi ou dimanche soir. Je ne modère pas les publications.
Pas de problème, je vais le publier à ce moment-là, je voulais être sûre 🙂 ! Belle journée, Sabrina.
(Bonne soirée et bon lundi à tout le monde ! 😀 )
Un jour, j’ai perdu tous mes mots. Je devais avoir sept ans. Ou huit. Ou neuf. En tous cas, je n’avais pas dix ans, ça c’est sûr. Et surtout, j’étais trop jeune pour porter des chaussures à talons. Je me souviens encore de leur joli verni noir et de leurs fines lanières pleines d’étoiles argentées. Qu’elles étaient belles, mes premières chaussures à talons ! Mais bon, voilà, mes chevilles n’étaient pas prêtes. Au bout de quelques mètres, sur le chemin de l’école, je me suis tordu celle de droite. Ma semelle a glissé sur un passage piéton et je suis tombée. Là, comme ça, au beau milieu de la route. Et le monde s’est arrêté. Vraiment ! J’ai vu la mère Pastoli, sur le trottoir, avec son chien en laisse en train de faire pipi, tous les deux comme congelés sur place. Les gens en terrasse avec leur tasse à café en l’air. Les arbres avec leurs feuilles paralysées. Même le soleil s’est arrêté de briller. Évidemment, les voitures n’ont pas compris ce qui se passait. Elles ont freiné comme elles ont pu. Il y en a une qui a chuté dans le fossé. Deux autres se sont entrechoquées. Et moi, j’ai eu la frousse de ma vie. J’ai poussé le plus long et le plus terrible des cris. Plus tard, les médecins ont dit à mes parents que je souffrais de mutisme post-traumatique.
Moi, je sais que ce n’est pas ça. Je le sais parce que je ne suis pas aveugle, et que je crois toujours ce que je vois. Figurez-vous que quand j’étais couchée sur la route avec ma frousse, un vol de muettes est passé par là. Les muettes, c’est comme les mouettes mais sans le o, c’est pour ça qu’elles ne savent ni rire ni crier. Il leur manque un truc, le o. Et c’est pour ça aussi que, pour se venger, elles chapardent tous les mots des petites filles qui hurlent pour rien ou pour quelque chose. Et manque de bol, ce matin-là, eh bien, elles passaient par là, les muettes. Un vol d’une bonne douzaine juste au-dessus de ma tête. Elles se sont posées à côté de moi, m’ont regardée avec leurs grains de poivre à la place des yeux, et en silence elles ont battu des ailes et du bec pour aspirer tous mes mots. Je suis sûre qu’elles ont tout emmené sur une île pour le planquer dans un coffre. C’est ce que font tous les pirates, volatiles ou pas. Je suis sûre, même, qu’elles vivent sur cette île. L’île aux muettes. Ca sonne trop bien pour ne pas exister.
Souvent, avant de m’endormir, tout contre la nuit, je perds quelques larmes parce que les mots me manquent. Les mots de gamines et les mots d’adultes. Les mots courts et les mégas longs. Les verbes et les noms. Les mots moqueurs et les sérieux. Les vieillots et les vulgaires. Je les aime tant tous ces mots d’avant. Vous savez, mes parents ont appris la langue des signes, et pas mal de copines, aussi, mais ce n’est pas pareil. Le pire, c’est les inconnus. Il y a toujours quelqu’un de mal à l’aise, quelqu’un qui me regarde comme si j’étais le plus grand malheur du monde.
Ce qui me fait le plus de peine, c’est que personne ne veut croire à mon histoire d’île aux muettes. Les gens oublient que l’impossible peut être possible. Heureusement, mes grands-parents me comprennent, eux. Pour moi, ils sont partis en voyage et visitent les îles de la terre entière à la recherche des muettes et de mes mots perdus.
Tu as un vrai talent de nous amener dans ton monde avec la précision dans tes descriptions. Bravo Séverine Baaziz
Pour Séverine: J’ai adoré ton texte, toute cette histoire de la fillette pour en arriver au voyage de ses grands parents partis « à la recherche des muettes et des mots perdus » c’est très fort et très poétique aussi. Merci pour cette merveilleuse histoire.
Waouw! Quelle poésie se dégage de cette histoire que j’ai adorée. Merci, vraiment.
Une histoire, que l’on croit vraie, en commençant par une chute, très terre à terre, puis au fur et à mesure que l’on comprend la douleur on termine dans les étoiles, bien doux voyage, merci
Merci à vous tous ! Vos messages me touchent énormément ! Je vous laisse, je file lire les textes que je n’ai pas encore lus 😉
moins précoce que toi pour les chaussures à talons
Très jolie histoire, bravo !!!
Mer calme à l’horizon
Il l’écoutait lui expliquer ce qu’elle savait. Ils avaient rarement besoin d’un guide lors de leurs voyages tellement elle bouquinait largement pour les préparer. Elle savait tellement de choses que souvent elle le bluffait.
Cette visite culturelle en mer faisait partie du cadeau de leurs noces d’or qu’ils avaient célébrée le mois dernier avec leurs amis, famille, enfants et petits-enfants.
Leurs 50 années de mariage étaient comparables à un océan de moments souvent joyeux, parfois tristes, épisodiquement dramatiques.
La passion du début était souvent à marée haute. Tels deux équilibristes sur leur planche, ils trouvaient souvent des vagues creuses dans lesquelles se réfugier et s’unir. Tantôt elle le chevauchait, d’autres fois c’est lui qui menait la cadence. Toujours, leurs deux corps enlacés se laissaient bercer par la houle jusqu’à échouer, épuisés et heureux, sur une plage propice au calme et à la volupté.
Avec l’arrivée des enfants, la mer fut souvent agitée mais ils parvenaient à dénicher, de temps en temps, quelques rouleaux pour surfer avec la même ardeur qu’au début de leur passion.
Puis le temps a passé, le quotidien familial s’étant bien installé, l’âge avançant, leur amour voguait plus à marée basse sur une mer de tranquillité, l’affection faisant place aux prouesses acrobatiques du début.
Avec la retraite, leurs tête-à-tête furent plus nombreux, chacun s’évadant quelques heures dans la journée dans leur passion respective. Parfois il fallait s’occuper des petits-enfants et redoubler de vigilance pour éviter qu’une boule d’énergie ne passe par-dessus bord du bateau de leur vie.
Bref, une mer calme se profilait donc à l’horizon jusqu’à ce moment précis.
Ce que le cliché ne montre pas, c’est la fin de leur sortie en mer.
Elle fut la première à poser pied sur terre. Quand son tour arriva, il y a eu cette marche ratée, cette chute non contrôlée et sa tête qui buta contre le parapet.
Il mourut sur le coup. Son cœur à elle n’était pas préparé à vivre un inattendu tsunami.
Joli texte tout en métaphores ! Et ce pauvre homme dont la chute sert judicieusement celle du texte 😉 Bravo, Kroum !
oh non je ne voulais pas cette fin, j’aime ce texte et j’espérais du doux. J’y étais, avec eux, je me projetais, et la chute fut rude! 🙂 On s’y croirait on s’y voit bien! Bravo!
Pour Kroum: j’adore toutes ces métaphores si bien amenées. C’est un très beau texte tout en harmonie qui se lit avec beaucoup de plaisir.
Quelle belle idée de surfer sur les mouvements de la mer et de la vie. Dommage que la chute soit fatale 😉
Un beau texte, la mer juxtaposée sur les amours d’une vie, les mots qui surfent avec brio, mais alors, cette chute !
bravo..très touchant!! je viens à l’instant de regarder des photos de surfers à Hossegor..et tout y est!!
Ce que je prépare est proche de ton texte!! bonne semaine
— Et les vaches, comme elles étaient mignonnes ! Hautes comme ça ! Et leurs yeux si doux ! On aurait dit des biches ! Puis, on a bien mangé !
Lui repense à la Jacket Potato, une immense pomme de terre garnie –recouverte !– de fromage fondu, et aux haricots infects de leur English Breakfast. On peut dire que les Britanniques sont doués… pour la cuisine étrangère ! Il ne lui répond pas. Les deux regardent à travers la vitre la terre ferme qui se rapproche.
Il se sent un peu fatigué. Il a même un peu froid, et supporte bien sa veste. Pourtant la climatisation n’a pas l’air enclenchée. Il n’y a pas grand-monde dans le bateau du retour. Ça lui va bien. Il ne supporte plus trop la foule. À l’aller, ils étaient à côté d’un jeune couple et d’un nourrisson un peu braillard. Heureusement, il n’y avait qu’une heure et demie de trajet. Il soupire.
Révolue l’époque où ils voyageaient loin, avec un sac à dos, à dormir sur des matelas durs et pas plus épais qu’un dollar dans des chambres sans fenêtre. Terminés les voyages au long cours en van à se lever quand les rayons du soleil viennent frapper la vitre du fourgon aménagé. Au placard, les grandes aventures, les randonnées à l’aube, les soirées près du feu, la vue des ours sur les bas-côtés, les crises de rire et les moments de panique au beau milieu du Nullarbor*. Ou de Nulle Part. C’était pareil.
Maintenant, ils ne partent plus sans avoir vérifié avant sur Trip Advisor le confort et la taille de la matelasserie. C’est fou ce qu’on peut faire avec internet. Ils prennent le bus, et plus bien loin. De toute façon, il peut plus conduire, et elle, elle a jamais su. Enfin, ça c’est ce qu’il prétendait. Aujourd’hui, même un court week-end à Jersey se transforme en véritable épopée. Est-ce donc ça la vieillesse ? Un sac-banane à la taille et l’impression de grimper l’Everest quand on monte dans un ferry ? Y songe-t-elle aussi, en face de lui ? À tout ce qui est déjà fini ? À ce tout indéfini ?
Elle lui sourit. Elle a toujours été du genre enthousiaste. Il la regarde dans sa veste jaune et avec ses grosses boucles d’oreille en toc.
Tant d’années de compagnonnage – il avait tenu à ne jamais l’épouser, une fierté à la Brassens ! – qu’il avait cessé de compter. Oh, ça n’avait pas été un long fleuve tranquille, ils avaient parfois nagé en eaux troubles. C’est qu’il fallait la suivre, cette matelote !
— Et les vaches, tu as vu comme elles étaient belles ? On dirait des biches, non ? Qu’est-ce qu’on a bien mangé surtout !
Il frémit.
Il pose sa main sur la sienne en guise de réponse.
Il ferme les yeux. Il se met à regretter leurs disputes dans la voiture. La mer est d’un calme. Rejeter ces idées. Juste se laisser aller et bercer par le ballotement des flots.
Apprécier cette sérénité. Au fond, il sait comme il redoute, que c’est le calme avant les tempêtes.
C’est la troisième fois qu’elle lui a posé la question, et elle attend la réponse comme si elle ne l’avait pas entendue auparavant.
J’aime beaucoup ! Le vivre un à côté de l’autre plus qu’ensemble est très bien décrit. J’aime aussi la sonorité enveloppante du texte.
Merci beaucoup ! C’était ma première participation après des mois où je vois passer les photos et je loupe toujours le créneau 🙂 Belle journée à toi, Sabrina.
Joli texte. Bravo !
merci 🙂
Merci !
« Mourir cela n’est rien mais vieillir, oh vieillir… » (J. Brel)
On ne peut contredire M. Brel, merci pour ce rappel !
J’ai oublié de le faire, mais le texte se retrouve bien évidemment sur mon blog ici, https://entreleslignes.blog/2020/02/23/calme-avant-les-tempetes/ ! Belle journée à vous, Sabrina.
Une agréable lecture, une belle complicité même si la lassitude semble pointer le bout de son nez, et « hors sujet ? » non, je ne trouve pas,
Bonsoir à tous, mon texte est à retrouver ci-dessous ou chez moi: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/02/23/gaston-et-titine/
Gaston et Titine
– Mais tu es d’un plat, mon pauvre Gaston… Plat comme la surface de l’eau, plat comme un roman raté, plat comme les cheveux de ta mère, plat comme un plat à tarte, et moi je suis trop tarte de rester avec toi !
– Mais… Titine…
– Il n’y a pas de « mais » Monsieur Plat ! Tiens, je vais t’appeler comme ça maintenant ! ça ne sera pas plus tarte que Gaston après tout !
– Mais… Titine, je t’ai emmenée en bateau, le ciel est bleu, la météo est parfaite, pourquoi es-tu si méchante ?
– « En bateau » ah oui, c’est le cas de le dire ! Pour me séduire, tu as demandé à ton cousin Placide d’écrire un poème et tu m’as fait croire qu’il était de toi ! Espèce de plagia!
– Mais… Titine, c’est parce que je t’aimais, moi …
– Et la bague de fiançailles, une bague en plastoc ! T’aurais pas pu faire un effort, non !?
– J’étais pas très riche à l’époque, tu sais bien …
– Un plâtrier …Comment ai-je pu épouser un plâtrier … J’aurais dû me douter que ce n’était pas avec un emplâtré comme toi que je serais montée au plafond, moi ! N’est-ce pas Monsieur Plat ??
– Oh, Titine tu es trop dure avec moi !
– Ah bon ? Je suis trop dure ? Et bien toi tu es trop mou ! Mou et plat comme un vieux placenta !
– Titine, si tu me plaques je me jette à l’eau !
– Eh bien plonge, vas-y plonge, mais surtout, pour une fois…évite de faire un plat !
Belle rythmique! Une vie aigre douce mais portée avec humour! Caustique mais de l’humour quand même! J’aime beaucoup les jeux de mots!
Merci Jen
On sourit tout au long de la lecture 🙂 Elle est un peu dure quand même non la Titine?
Ah bé oui, ça on peut dire qu’elle est dure, même Gaston le dit ! Merci pour ta lecture.
Elle est dure la « titine », je crois bien que c’est elle qui va finir dans l’eau … (Gaston et Ninn sont les prénoms de mes chats)
J’ espère que la relation entre tes deux chats est plus harmonieuse que celle de mes personnages 😉
Un dialogue acerbe, à la fois théâtral et réaliste. Tendre et naïf, aussi, malgré tout, avec ce « mais… Titine » qui s’obstine. Bravo marinadedhistoires !
Merci Séverine, théâtral, c’est vrai car il prend de la force quand on le lit à haute voix.
J’aime beaucoups. Bien rythmé, bon dialogue.
Merci Zaapataa !
Bonsoir, Voici mon texte
https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2020/02/une-vie-simple-inspiration-atelier-bric.html
Ils profitent de cette retraite
Après des années d’asservissements,
les voilà partis sur les traces des grands explorateurs.
Elle en aura bercé des soirées cette émission,
Leur procurant des envies d’ailleurs et d’abandon,
d’un quotidien étriqué et captif.
Une vie d’attente,
une vie à reculons.
Prendre le large enfin,
Elle espérait tellement qu’ils soient tous les deux pour débuter cette aventure,
ce second souffle,
et ils sont bien là, ensemble.
Bientôt la mémoire s’étiolera,
Alors, ils profitent de ce sursaut d’existence
Éprouver le sensible avant l’invisible
Avant les regrets et la peine
Ils ont vécu une vie simple,
Une vie de petits bonheurs,
glanés dans l’entrelacs des matins dociles
Une vie sans concert mais sans misère
Une vie de petits riens partagés amoureusement
Bientôt les souvenirs seront murés dans le passé,
le futur entretiendra de brèves apparitions mémorielles.
Le reste sera flou
Leur amour,
éreinté par l’absence intérieur,
la tristesse des nuits glacées.
Pour Jen: Très émouvant le récit de cette vie à deux. J’aime beaucoup: » Une vie de petits bonheurs,
glanés dans l’entrelacs des matins dociles ». Un très beau poème.
C’est beau mais triste. La vieillesse doit-elle être triste?
Joliment décrit, même si tes lignes sont empreintes de nostalgie, je suis heureuse pour tes personnages, au moins ils verront des ailleurs, certains, à la retraite, ne le peuvent plus ! Qu’ils explorent, qu’ils explorent, et après, ils verront bien encore :). Belle journée à toi, Sabrina.
Très beau poème ! J’aime le choix des mots, leur sonorité et la douce histoire de cette pré-vieillesse avant la vraie, bien plus triste. Bravo Jen !
Un poème nostalgique très bien écrit. Bravo Jen !
J’ai réussi à écrire quelque chose. Youpi!!!! Cela n’était pas arrivé depuis des mois! Voici mon texte…
http://laplumeetlapage.hautetfort.com/archive/2020/02/23/un-chatiment-divin.html
Châtiment divin
Marcella s’était amusée plein de fois à imaginer ce qu’ils feraient quand ils seraient vieux. Elle s’était aussi demandé à quoi ils ressembleraient avec Tiberio. Auraient-ils beaucoup de cheveux blancs? Pourraient-ils voyager malgré les douleurs d’arthrose? Ils rêvaient tous les deux de faire une croisière sur le Danube…
Mais aujourd’hui elle se disait qu’ils n’auraient peut-être pas le temps de vieillir. Les autorités leur avaient ordonné, à eux et à toute la population, de rester confinés chez eux pour éviter d’être infectés. Ils étaient enfermés depuis maintenant quinze jours. La maladie se propageait de façon exponentielle. Les médias rapportaient des dizaines de morts chaque jour, du nord au sud de l’Italie. L’Etat était dépassé. Quant à l’Eglise, elle voyait là un châtiment divin. L’Homme devait expier ses fautes. Pour Marcella, c’était surtout la faute aux Chinois, et elle leur en voulait de mettre ainsi son avenir en péril et, plus largement, l’avenir de toute l’Humanité.
Pas de chance pour Marcella et Tiberio. Une Idée originale que d’avoir amené ce sujet d’actualité avec cette photo là.
Tristement d’actualité devant ce fléau apparemment sans limites…
Sujet d’actualité traité avec subtilité et humanisation. Bravo, La plume et la page !
Ma participation (qui se trouvera normalement sur mon blog également quand j’aurai résolu les problèmes de serveur 🙁 )
Notre journée se terminait dans ce ferry qui nous ramenait à bon port.
Nous avions longuement hésité à la faire cette randonnée de seize kilomètres dans ce qu’on nous décrivait comme un endroit magnifique, un incontournable lors de vacances en Crête: les gorges de Samaria. Et puis, un peu téméraires ou un peu fous, nous nous étions inscrits pour cette longue journée accompagnée.
Le soleil était bien là mais la chaleur était restée supportable ce matin. Nous avions marché d’un bon pas, échangeant des banalités avec ceux qui nous dépassaient ou ceux, plus rares, que nous dépassions. Pas question de rater le bateau du retour sinon nous devions dormir sur la plage jusqu’au lendemain. Un peu fous d’accord mais pas complètement barges quand même!
La balade, tout en descente, n’avait pas été trop difficile malgré les « rolling stones » sous nos pieds et les jeunes gens qui la faisaient en courant, nous bousculant un peu au passage…
Et là, nous étions bien tranquilles, seuls à l’intérieur alors que tout le monde voulait encore emmagasiner un maximum de soleil sur le pont. Un sentiment de fierté d’avoir réussi nous envahissait même si nous avions résisté aux marchands de t-shirts où on lisait « I survived Samaria Gorge » .
La fatigue lentement s’installait et le roulis du bateau nous berçait doucement. Nous hésitions à nous allonger sur les banquettes qui nous tendaient leurs bras de simili-cuir bon marché. Nous nous obligions à parler, de tout et de rien, face à la mer étale, pour ne pas sombrer avant de débarquer et rentrer à l’hôtel.
Demain nous serions reposés mais c’est certain que nos mollets nous rappelleraient avec insistance que nous l’avions fait!
J’aime bien ce couple volontaire qui fait tout pour lutter contre l’avancée en âge. Belle idée.
Merci Marina. Et comme on dit à la télé « ce récit est inspiré d’une histoire vraie » 😉
Oui à la folie, et aux mollets qui souffrent, un texte positif pour ces deux téméraires ! 🙂 ! J’attends ton lien sur ton blog pour le découvrir alors ! Belle journée à toi, Sabrina.
https://photonanie.com/2020/02/23/brick-a-book-2/
Bonne soirée.
J’ai bien aimé ta façon de dérouler l’histoire, tout en fluidité et en douceur. Belle soirée, Photonanie !
Merci Séverine. Belle soirée également.
Bonjour à tous,
Désolé de ne pas avoir eu une seconde pour commenter vos textes de la semaine dernière, ce sera fait demain… Bon début de semaine.
« Keep cool »
– – Mais oui, c’est ça, y’a pas d’autre place sur ce rafiot, t’as qu’à t’assoir en face de moi… Et maintenant tu vas me demander les horaires des marées, non ? Tu me prends vraiment pour une demeurée ! Et tu crois que j’ai pas vu ton manège sur le quai ?
– Mais Madame, je…
– Oh ! Dis-donc petit bonhomme, on se tait quand je parle ! Alors voilà, on va gagner du temps : Henriette, 82 ans mais j’en fait 79, j’habite plus chez mes parents depuis le 18 avril 1958, le château sur la côte là-bas c’est le mien, et si je suis là avec une limace de ton genre c’est parce que mon Riva est tombé en panne ce matin. Alors je te le dis : tu ne m’approches pas à moins d’un mètre sinon je te fais bouffer ta moumoute !
– Henriette, je…
– Quoi ???? Tu oses m’appeler par mon prénom ? Infâme vermisseau tu ne sais pas à qui tu parles ! Les seuls qui ont le droit de m’appeler Henriette c’est Mike Jagger et Iggy Pop ! Eh oui puceau, mais je suppose qu’un blaireau de ton genre a dû jamais entendre ces nom-là. Eh Machin, faut sortir tes poubelles de temps en temps.
– Je voulais juste …
– Non mais je rêve ? Il insiste en plus ! Comme je vois que t’as pas la lumière à tous les étages je vais te briefer un peu. Pendant que tu guinchais avec Verchuren et que tu t’astiquais sur les photos d’Hornère, moi j’inventais la musique du 21ème siècle… ça te retourne la prostate hein ?…
– Je sais…
– Ta gueule, tu sais rien ! Ca y est, tu m’a mis les abeilles ! Ca fait deux fois que je te dis qu’on se tait quand je parle, la troisième fois il va falloir que tu achètes de la colle à dentier, ok ?
– D’accord…
– Malgré ton air con et ta vue basse, tu vois ma main ? Avant de la prendre dans la gueule il faut que tu saches que d’Ibiza à Los Angeles ces 5 doigts s’appellent « The Five Golden Fingers » ! Et pourquoi tu vas me dire ? Eh ben parce que le jour où ils se sont posés sur un vinyle le scratch est né ! Alors tu vois, quand tu crois entendre Guetta, Sinclar ou Garnier, eh ben ils font du playback : c’est moi qui fais le mix backstage !
– Je suis désolé…
– T’es désolé ?!?!? Tu viens m’accoster comme ça, pour me raconter tes salades et tenter de m’embobiner. Je ne suis pas tombée de la dernière pluie : tout ce que tu veux c’est te taper une rock star ! Mais moi des mecs de 50 ans de moins que toi j’en ai des wagons tous les mâtins, alors que tu viennes me tenir la jambe en me larmoyant sous le nez avec ton veuvage et tes problèmes de viagra… excuse moi mais je m’en bats les ovaires avec un cubitus de coléoptère.
– Je ne voulais pas vous déranger, je voulais juste vous demander un autographe.
– Quoi ? Un autographe ? Mais tu pouvais pas le demander au lieu de tourner autour du pot depuis une heure ?
– Je n’osais pas, vous m’impressionnez tellement.
– Bon allez, t’as de la chance de me faire pitié. C’est quoi ton nom ?
– Michel Legrand…
Terjit
Holala, je crois que ton Henriette est encore plus méchante que ma Titine !! J’ai bien ri !!!
J’ai éclaté de rire à la fin bien amenée. Merci Terjit 🙂
Aouch ! Faut pas se frotter contre ton Henriette ma parole ! Pauvre Legrand qui s’est fait petit ! Merci pour la rigolade ! Belle journée à toi, Sabrina.
Quelle gouaille d’enfer, j’ai adoré ! Digne d’un dialogue de cinéma. Toutes les répliques sont truculentes. Génial !
Au top. L’idée du scratch avec la main de la photo, fallait la trouver celle-là ! personnage canon et dialogue à la hauteur de la situation. J’adore.
Bonjour,
Il semble que mes textes ne soient pas passés..
car vous avez deux textes..celui de ma petite fille de 9 ans joint au mien!
Bonne semaine
et petit commentaire à tous! j’adore vos textes, quelle diversité et quel charme
Plate
bien plate
l’eau
sans une bulle
aussi petite soit-elle
pas le moindre frémissement
de vaguelette point.
A l’horizon non plus
rien
pas un mouton
pas un flocon d’écume
neige de mer
barbe touffue du père Neptune.
Pas le plus petit caillou
monticule de caillasse
un récif ?
Que nenni !
Une île empierrée ?
Non, cent fois non.
Loin, au loin
de l’eau
plate !
Où sont les récifs
les écueils ?
Brisants nécessaires
à la naissance
des tourbillons qui nous emportent
des vagues qui nous retournent
des lames de fond
des tsunamis même.
Vie d’homme
vie de femme
vie
enfin
calme
mouvementée
brisée
tourmentée
torturée
accalmie
tempête
remous
fureur
secousse
embellie
tornade
sérénité
Homme
toujours
tu chériras la mer
car elle est
ta vie
Pauline a écrit :
« Nous voyons un vieux couple à bord d’un bateau.
Intéressons-nous d’abord à l’homme. Tiens ! Il porte des lunettes ! Cela me fait penser à… mon Papi ! Lui aussi porte des lunettes ! Mais il ne les met pas souvent…Que pour regarder l’ordinateur !
L’homme a les cheveux blancs, comme… Papi ! Une légère touffe en plus sur le crâne de mon Papi et les voilà jumeaux !
Ce vieil homme semble avoir une taille normale. Contrairement à mon Papi ! Lui, il est grand…
Maintenant, parlons de la femme. Elle semble mimer le geste de la mer plate. Ce qui, pour moi, signifie que, en plus de parler, cette femme apprécie mimer son récit.
Elle porte un pull orange ! Wah ! Elle affectionne les couleurs !
Elle porte des lunettes, ce qui me fait penser à… ma mamie ! Elle aussi, elle en a ! D’ailleurs, elle vient juste de les changer !
Pour finir, je trouve que c’est étrange d’imaginer mon Papi en voyage car il n’apprécie pas les voyages !
Et voilà !
Pauline
J’ai aimé le style haché qui dit tout en peu de mots.
Et bien sûr bravo à Pauline qui a déjà tout d’une grande 🙂
Je trouve cette initiative chouette, je ne sais pas si c’est la première fois (en même temps, je suis nouvelle par ici), mais c’est agréable ! Pauline a le sens de la narration ! Quant à ton texte, j’ai aimé sa profondeur (si je puis me permettre) et sa forme. Belle journée à toi, Sabrina.
Pour Francoise Clamens : un chouette texte que j’ai aimé lire en y donnant le ton. Un vrai plaisir !
Pour Pauline : pour être membre d’un jury d’écriture pour les CM1/CM2, je peux te dire que ton texte est bluffant. Que j’aimerais avoir plus de productions de cette qualité chaque année. Le fait d’utiliser la deuxième personne de l’impératif emmène le lecteur avec toi, je trouve. Cela rend encore plus vivante ton histoire. Et tu as su mêler la narration et les descriptions. Bravo ! Et surtout, continue à écrire, Pauline, tu es douée !
De ton texte j’ ai beaucoup apprécié les questions et les mots qui se suivent, donnant un joli rythme à l’ensemble. Y ressentir une touche de Baudelaire dans le final me ravit. Bravo fançoise clamens.
Je suis épaté du texte de ta petite fille qui se débbrouille très bien dans l’art de la description. Bravo Pauline !
Bonjour, voici ma participation sur le lien là https://janickmm.wordpress.com/2020/02/24/un-soir-de-septembre/ et ici
C’est mardi soir, j’ai pour mission d’acheter un thon frais, au petit bateau de pêcheur, accosté au port de commerce. Nous sommes début septembre, c’est la pleine saison, et nous attendions cette date avec impatience. Ma collègue de bureau m’accompagne, ainsi que nos glacières bleues, portées à bout de bras.
La navette est à quai, ce soir je ne la prends pas pour aller jusqu’à la presqu’île de l’autre côté de la baie, je viendrai chez mon ami vendredi soir, pour passer le week-end dans sa jolie maison sur le port de pêcheurs.
Mais mon ami arrive vers nous, il a fait la traversée, l’air tracassé, ravagé même, anéanti, il marche vite, il ne devait pas être là ce soir, que se passe-t-il ? il semble extrêmement contrarié. Il est à deux pas de nous et nous parle déjà, des mots anglais, américains, mais aussi, attentat, fin du monde, c’est la guerre !
Nous sommes stupéfaites, nous pensons à une mauvaise blague de sa part, lui qui se marre toujours, mais cette fois son sourire n’apparait pas, pas une seule fois, il est fermé.
Nos glacières bleues pendent toujours au bout de nos bras, des connaisseurs ont formé un cercle dense devant le bateau de la pêche au gros.
Et mon ami continue, le souffle court, les phrases courtes à nous annoncer une catastrophe, boeing, world trade center, kerosen, il en devient même incohérent, nous commençons un peu à le croire, à réaliser un peu de l’ampleur du drame. Mais notre journée était tellement légère et belle, de cette après-midi passée à la plage, profonde détente, sous le bleu du ciel, car nous avions des heures à récupérer et notre choix c’était porté sur la plage, évidemment, bikinis et sable fin sont notre sport favori pour profiter encore des derniers beaux jours.
Un thon frais dans chaque glacière, nous nous séparons, chacun dans sa voiture, le cœur lourd de cette annonce qui dépasse l’entendement, abrutis, ahuris, hébétés.
La navette, depuis belle lurette est repartie, mon ami prendra le dernier retour, car elle reste à quai sur la presqu’île toute la nuit, et demain transportera de bonne heure les personnes qui travaillent sur le continent.
Je comprends le choc en me remémorant ce 11 septembre…qui a assombri notre soleil où que nous soyons.
Vraiment, oui, et notre hébétude face à une réalité, pour ma part, impossible à admettre, merci à toi
Un texte joliment écrit ! Tu as su mêler la petite et la grande histoire avec adresse. La quiétude et l’effroyable. Bravo, janickmm.
Merci Séverine, Pour ce commentaire intéressant.
Bonjour,
Voilà ma participation:
Nos balades en bateau
Je me suis demandé si je devais dire nos ou mes « balades en bateau »; j’ai choisi « nos) car j’ai fait plus de balades de bateau(et pour presque tout d’ailleurs) avec lui en 25 ans que dans les vingt cinq premières années de ma vie. Quand je pense qu’il y en a qui veulent que j’efface en trois mois ces années.
Pour finir de me séduire, tu avais loué un bateau sur le Lac Léman. C’est autour de ce lac qu’une amourette s’est transformé en ma plus longue histoire d’amour. Avant, je m’étais arrêté à un an maximum, six mois et la dernière plus longue avait aussi été la plus courte: trois mois. Disons, que c’est eux qu’ils l’avaient arrêtée. Ceci dit, au bout de trois mois, après ces ruptures, j’étais déjà remonté en selle plusieurs fois alors que qu’aujourd’hui, au bout, de presque quatre mois sans lui, ça me fait encore un mal de chien.
La photo de l’atelier m’a surtout fait penser à notre balade d’Istanbul vers une des îles des Princes, sauf que, malgré le froid, j’étais resté sur le pont pour manger le paysage et le photographier
22 février 2020
Aussi chez moi, si vous vous voulez y aller acheter mes livres
http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2020/02/24/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-nos-balades-en-bateau-6214588.html#more
Merci et bonne journée
Un texte criant de naturel et d’authenticité. J’ai bien aimé en particulier la dernière phrase : « malgré le froid, j’étais resté sur le pont pour manger le paysage et le photographier ». Merci, Laura !
merci à toi pour ton indulgence et empathie
Bonjour,
Voilà ma participation
Bonjour,
Voici ma participation, bonne journée à tous !
Aux abords de l’île, le couple recommença à se chamailler.
— Tu as encore pris l’apparence de Jack Nicholson ? Tu es fatigant. C’est beaucoup trop voyant, ça va semer le trouble. Approche, que j’arrange ça.
— Et toi, tu crois que la tête d’Andy Warhol, ça va leur donner confiance ? Et d’ailleurs je ne vois pas en quoi Nicholson va nous empêcher de les faire monter à bord.
— Parce que je te préviens, ce coup-ci, il faut que ce soit rapide. On débarque, on les embarque, on les fait passer de l’autre côté. End of the story. Si on commence à leur laisser le temps de réfléchir, ils ne voudront plus partir, et j’ai pas envie de remplir des rapports en triple exemplaire pour expliquer l’augmentation du taux de rémanence spectrale.
— Fiche-moi la paix, je prends l’apparence de qui je veux. Nicholson est l’un des rares qui me fait encore rire. Il est fascinant dans ses rôles amphigouriques. Il ira très bien dans le rôle d’un passeur.
— Je te dis que c’est beaucoup trop voyant, tout le monde va te reconnaître.
— A Fukushima ? Ca m’étonnerait.
J’ai reçu une carte postale énigmatique du Japon
Mes parents y sont en croisière
C’était de tout temps le rêve de ma mère
Mais elle n’emploie pas les mots ordinaires
Des gens heureux qui n’en font pas mystère
– Coucou ma chérie, vacances réussies
On profite chaque instant des joyaux de l’Asie
Mais non
De bonheur il n’en est pas question
Juste quelques formules lapidaires
Comme si elle manquait de vocabulaire
Pour m’envoyer un message
Avant de rentrer de leur voyage
Un message aux allures de mauvais présage
Comme une pluie glacée après le passage
De gros nuages
Je ne sais pas encore ce qu’ils vont m’annoncer
Mais rien que d’y penser
J’entends déjà le grondement de l’orage.
De jolies rimes pour amener à une mauvaise nouvelle peut-être…
J’espère que l’orage ne grondera pas trop!
Bonjour,
Mince je viens de voir que mon commentaire n’était pas passé.
Voici donc mon texte :
Ils s’étaient promis amour, fidélité, respect et surtout voyages.
Le voyage de noce fut le premier d’une série de six avant l’arrivée de leur quatre enfants (un autre de leur grand voyage).
Et puis, ils s’étaient promis de recommencer à la retraite.
Finalement, la Martinique célébra leur 15 ans de mariage.
Et le virus fut à nouveau là, germant petit à petit…
Alors ce fut le Japon, une croisière dans les fjords de la mer du Nord, l’Autriche, Malte,…
Et enfin, l’Australie pour découvrir cette immense île et rendre visite à leur fils expatrié.
Les projets étaient nombreux, entre autre celui de l’achat d’un camping-car pour visiter l’Europe.
Mais ils ignoraient que le grand Voyage avait déjà commencé pour elle…
Aussi perfide que silencieuse, la maladie grignotait déjà du terrain au fin fond de son cerveau…
Je leur souhaite aussi d’en faire un maximum avant le grand voyage…
Ce ne fut malheureusement pas possible, ma maman étant décédée 20 mois après le diagnostic.
Les voyages pour lutter contre la maladie, une belle idée, autant en faire le plus possible avant que …
C’était déjà malheureusement trop tard pour ma maman qui est décédée 20 mois après le diagnostic de sa SLA. Mais oui c’est aussi une possibilité
Bonjour Alexandra, j’aimerais bien vous envoyer un exemplaire de mon dernier ouvrage…Version papier bien sûr. Comment procéder dans ce cas-là ? Amitiés.