Atelier d’écriture 367

par | 27 Avr 2020 | Atelier d’écriture | 21 commentaires

@theaurumera

Bonjour à tous, voici la nouvelle photographie, elle servira de base pour l’écriture de votre texte. Laissez votre imaginaire vagabonder, la seule contrainte est de « faire parler la photo. »

Les textes sont à déposer dans les commentaires.

21 Commentaires

  1. laura vanel-coytte

    S’occuper ?§?!?!

    Quand mon mari est mort, j’opinais quand on me disait d’occuper mon esprit le plus possible pour… ne pas… trop … pleurer. C’est toujours le cas presque six mois après. Depuis le confinement, j’entends et je lis que les gens s’ennuient. Je vais répéter que je comprends que ce moment peut être difficile pour ceux qui vivent dans de petites surfaces et/ou dans des conditions précaires. Je plains ceux qui s’ennuient et parfois, je les envie un peu car j’ai toujours tellement de choses à faire que ça m’obsède. A lors quand on me demande à quoi je m’occupe, ça me… hérisse!
    Quand mon mari est mort, ça m’a rappelé combien la vie est fragile et trop courte en ce qui le concerne. S’il me reste à peine vingt ans à vivre, comme lui, il m’importe de les vivre pleinement et non de les occuper. L’homme de la photo semble faire quelque chose de beau et /ou utile; il semble très concentré. Quand j’entends les gens se plaindre de ce confinement(bien sûr, c’est stressant de se dire que l’on peut attraper ce virus) mais il y a eu dans le passé des confinements(enfermements) bien plus pénibles que celui-ci. Il y a aussi de par le monde, des gens (que j’ai vus) qui n’ont pas le loisir de s’ennuyer car la survie et la faim les occupent tout entiers. Oserais-je dire que j’apprécie ce temps que je n’ai pas habituellement car « occupé » par le travail et les tâches obligatoires. Je peux utiliser ce temps « libéré » pour trier ma documentation pour faire un peu de vide et déménager dans un appartement plus petit un jour, sans urgence et avec méthode(après 10 déménagements, j’ai une certaine pratique de l’urgence… et des cartons) Maintenant que j’ai écrémé, je remue les paysages vécus en pleurant souvent(car des films avec lui se jouent dans ma tête) en vue d’un quinzième livre.
    Je n’ai pas l’impression de m’occuper mais d’essayer de faire quelque chose d’utile et peut-être de beau comme cet homme sur la photo. Mais souvent me vient l’Ennui que j’ose comparer à celui de Baudelaire: « C’est l’Ennui ! – l’œil chargé d’un pleur involontaire « , cette mélancolie qui parent mes paysages du soleil noir nervalien . »

    27 avril 2020

    https://www.cnrtl.fr/definition/occuper 3 a
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/04/05/au-lecteur-de-charles-baudelaire-dans-les-fleurs-du-mal.html
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2012/11/14/el-desdichado-de-gerard-de-nerval-les-chimeres.html

    • victor

      Bravo pour toutes les réflexions qui découlent de cette photographie simple en apparence, mais qui signifie beaucoup plus… Magnifique référence à Baudelaire, parfaitement adaptée…

  2. Photonanie

    Bonjour tout le monde. Mon texte se trouve sur https://photonanie.com/2020/04/27/brick-a-book-367/ mais également en copie ci-dessous:

    Jayson s’appliquait depuis le matin. Il s’était levé à l’aube pour pouvoir terminer la mise en place des décorations lumineuses de la fête en un seul jour. Les énormes papillons scintillants déployaient leurs ailes dans le noir de la nuit déjà tombée depuis au moins une heure. Il mettait la dernière touche à l’un d’entre eux quand il entendit crier son nom. L’obscurité l’empêchait de voir qui l’appelait ainsi mais il lui semblait bien avoir reconnu la voix de Kim. Rien qu’en évoquant ce prénom son coeur se mit à battre plus vite, plus fort… Pour peu, il l’imaginait scintiller lui aussi comme ces grands papillons qui feraient briller les yeux des enfants et des jeunes gens lors de la fête.

    Tout à ses pensées, il n’entendit pas les pas s’approcher et il sursauta quand Kim, car c’était bien elle, lui toucha le bras en souriant. Il avait beau avoir largement dépassé la trentaine, il était comme un adolescent dès qu’il voyait sa bien-aimée et rougissait aussitôt comme un gamin. Il l’aimait tellement et n’en revenait pas qu’elle ait posé les yeux sur lui alors que d’autres jeunes gens plus fortunés la courtisaient. Bien sûr les parents de la jeune fille ne voyaient pas d’un très bon oeil cette relation mais Kim avait du caractère et elle suivait les chemins de son coeur. Elle savait que Jayson était travailleur, courageux et honnête et surtout qu’il la vénérait.

    « Viendras-tu me faire danser demain à la fête », demanda-t-elle avec une lueur malicieuse dans le regard. Elle était sûre qu’il ne perdrait jamais une occasion de la faire tournoyer et que sa longue journée de mise en place était comme un cadeau qu’il lui faisait. Il savait qu’elle aimait cette ambiance joyeuse avec toutes ces immenses décorations .

    Un grand sourire éclairait son visage quand il se retourna pour lui répondre. Il la raccompagna chez ses parents avant de rentrer enfin reposer son dos fort sollicité tout au long de cette journée de travail.

    Il voulait pouvoir lui faire tourner la tête demain, tout le temps que durerait le bal…

    • victor

      Un bel amour que se partagent ces deux personnages, très bien décrit, tout en restant minimaliste et subtile. Leurs sentiments perdureront !

      • Photonanie

        Merci Victor, c’est tout le mal qu’on leur souhaite 🙂

    • Séverine Baaziz

      Une belle histoire de cœur qui bat la chamade. Merci, Photonanie !

      • Photonanie

        Merci aussi à toi 🙂

  3. Séverine Baaziz

    Grises Philippines

    Devant ces lumières qui singent les étoiles,
    J’ai mal aux yeux,
    J’ai mal aux doigts,
    J’ai mal au dos.
    Je ne sais plus quoi dire aux gens qui passent
    Et qui me disent que c’est beau.
    Qui me disent que les traditions,
    Ça se fête en lumières,
    En couleurs, en musiques, en chansons.

    Devant ces lumières qui singent les étoiles,
    Je me sens pantin,
    Je me sens menteur,
    Je me sens tricheur.
    Je fais semblant de croire à ce rêve artificiel
    Au milieu des pneus qui crissent
    Et du ciel qu’on peint en gris,
    Malgré le poison qui court dans les veines des gamins,
    Et les vies fauchées pour un rien.

    Devant ces lumières qui singent les étoiles,
    Mon cœur se fendille,
    Ma tête s’engourdit,
    Ma respiration se précipite.
    Je descends du marchepied
    Pour souffler et boire mes larmes.
    Ma petite-fille plonge dans mes bras.
    Oui, ma chérie, je suis sûr que du ciel
    Maman nous sourit.

    • Photonanie

      La triste réalité derrière les mirages de la fête…très bien décrite.

    • victor

      Triste réalité du monde moderne, si joliment décrit…

  4. janickmm

    Comme ton texte fait du bien, les mots sont pleins de « bon sens « , c’est superbe !

  5. Miss Marple

    Bonjour pluvieux ici!!

    Pourquoi oui pourquoi
    notre uniforme
    comporte t-il une casquette ?
    Pourquoi oui pourquoi ?

    Nous travaillons la nuit
    quand le soleil est couché
    la lune nouvelle
    pratiquement invisible

    pourquoi oui pourquoi
    enfiler toutes ces petites ampoules
    qui nous occasionnent
    des ampoules
    au bout des doigts.

    Pourquoi oui pourquoi
    fabriquer des fleurs de lumière
    quand la lumière s’est éteinte
    au fond des yeux
    des enfants

    pourquoi oui pourquoi
    ajouter ce rouge à ce blanc
    luminescent
    quel message ?
    Quel sens 
    donner à ces fleurs
    que personne n’admire

    pourquoi oui pourquoi
    pas un touriste
    n’a atterri sur notre île
    cette année
    plus un avion
    tous au sol

    pourquoi oui pourquoi ?

    • victor

      L’ile, un jour, retrouvera sa gaieté… Ces lumières resteront pour l’instant dans l’intimité des habitants… Peut-être finiront -elles par rallumer des yeux, des coeurs ? Qui sait…

    • Séverine Baaziz

      Un texte qui reflète fort bien la période de questionnement actuelle…

  6. Photonanie

    Je n’ai pas de « parce que » à te donner en écho, malheureusement…

  7. victor

    Le petit garçon avait toujours aimé les décorations lumineuses. Elles étaient ce pourquoi il aimait l’hiver, ce pourquoi il pouvait sortir des heures durant sous la poudreuse pour admirer les douces lueurs silencieuses, qui piquaient çà et là son village, comme pour lui donner une âme. Il s’imaginait qu’elles lui parlaient, en clignotant, language électrique qui touchait non pas le tympan, mais sa rétine bleue. Il leur répondait, en clignant des yeux.

    Ce jour-là, en arrivant sur cette petite ile aux plages blanches, il ne se doutait pas de la vision nocturne qui l’attendait. Une fois établi dans sa chambre, aux côtés de ses parents, il observa longuement les habitations, la place principale, les commerces grouillant de fourmis humaines. Les languages, les expressions faciales, les postures… Le petit garçon avait appris à tout observer, pendant des heures durant. Son propre monde. Différent.

    Il était resté face à la grande fenêtre de la chambre, à quelques pas de la surface vitrée, sans jamais bouger, ni la toucher. Ses parents étaient partis se rafraichir au bar quand il les vit. Des fleurs, des papillons, des fruits, par dizaines, illuminés par de petites ampoules miniatures. Là, à ses pieds, juste en bas de l’hôtel, étendus en une formidable allée lumineuses, visible à des kilomètres à la ronde. Dessinant un discret sourire sur sa bouille d’ange, le garçon se précipita dans l’ascenseur de l’hôtel, pour les rejoindre, et leur parler silencieusement. Arrivé dans le hall, il se figea : un vieux monsieur, d’âge mur, doté d’une paire de lunettes et d’une casquette sombre, semblait parler aux panneaux lumineux. « Il fait comme moi ! » s’exclama tout haut le petit bonhomme. Aussitôt dit, il partit à l’assaut du champ de lumière, désireux de surprendre le monsieur en pleine conversation.

    Il heurta une personne, deux personnes, puis un groupe de jeunes qui titubaient, si bien qu’une fois arrivée face aux fleurs rouges cerclées de blanc, il était seul. « Mais où est-il ? » interrogea-t-il le grand végétal artificiel qui lui faisait face. Aucune réponse. Désamparé, le petit garçon resta là, penaud. Sans bouger, ni cligner des yeux. Fin de la discussion.

    • Photonanie

      L’enfance qui croit à ses rêves puis qui les perd, malheureusement…Joliment raconté.

  8. Séverine Baaziz

    Une narration douce et prenante. Très cinématographique, aussi, je trouve. Bravo.

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