J’aime tout particulièrement cette image … La date, sans doute. Bon atelier ! 🙂
Atelier d’écriture 379
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- 1989 | Palette d'expressions-Laurence Délis - […] Une photo, quelques mots. Bric à book 379 […]
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Berlin décembre 1988
Il fait moins dix degrés. Emmitouflé dans duffle-coat beige, Conrad remonte la LeninStrasse. Les bâtiments officiels imposants et autoritaires se distinguent à peine dans la nuit aussi froide que la guerre entre les blocs. Aucune fenêtre éclairée pour donner ne serait-ce qu’une impression d’activité bureaucratique.
Les rues sont désertes en cette veille de Jour de l’An. Conrad pense à ses grands parents, si proches mais de l’autre côté du Mur. Il avait dix ans lorsqu’il les a vus pour la dernière fois. Il se demande si ce soir ils préparent la fête ou se languissent de le revoir. Peut-être les deux.
Friedrich, un chapeau noir enfoncé jusqu’aux oreilles, apparaît au coin d’une rue.
– Salut, Conrad ! On ne t’a pas vu à la réunion de ce soir.
– Je n’ai pas pu…
– Tu es mon ami, Conrad, ne joue pas avec le feu. Je ne pourrai pas te protéger longtemps, tu le sais… Allez, passez quand même de bonnes fêtes avec Helen !
– Merci. Dis donc, votre décoration en néon sur le toit, «1989», elle est un peu austère, tu ne trouves pas ? Vous auriez pu au moins ajouter « Meilleurs Voeux», non ?
– Pas la peine, camarade ! Grâce au parti, chaque année est meilleure que la précédente. Tu verras !
Bien amené avec une touche d’humour. Nous avons vécu un grand moment en 1989 en regardant à la télé la Porte de Brandebourg prise d’assaut. Le timing est parfait puisque nous fêtons cette année le trentième anniversaire de la réunification allemande.
Sans nous concerter, mon texte parle aussi de cet évènement, indirectement 😉
Yes, l’atelier en plein dans l’actualité ! 😀 Bien amené, avec touche d’ironie tragique.
Ah ça, la chute de ton texte est au plus près de celle du Mur !
Bravo Cloud.
Bonjour Cloud,
Ton texte donne un petit aperçu de la vie est-allemande ! La liberté n’a pas de prix
Bonne journée
vive l’utopie!
Se replonger dans l’ambiance de l’époque (re)donne froid dans le dos, heureusement que « grâce au parti » l’année 1989 a été meilleure que les précédentes, toujours cette petite pointe d’humour dans tes textes, j’aime
Ma participation se trouve sur https://photonanie.com/2020/10/04/brick-a-book-379/ mais aussi ci-dessous. Bonne semaine à tout le monde.
Il faisait noir, très noir comme si la lune était partie loin, très loin sans se retourner. J’étais fatigué d’avoir marché tellement, dans tous les sens en te cherchant. En levant les yeux je vis ces quatre chiffres qui brillaient dans le noir comme une invite.
« 1989 », l’année de réunification des deux parties de l’Allemagne. C’était bon signe. Non que toi ou mois soyons allemand mais, dans l’état où j’étais, me rappeler d’une réunification ne pouvait qu’être positif.
Et puis ils étaient bien éclairés en vert ces chiffres, n’était-ce pas la couleur de l’espoir? Par un raccourci osé mon esprit traduisit cela par « l’espoir d’une réunification »…pour notre couple.
Tu étais partie en claquant la porte, pleine de colère à mon encontre. Nous nous disputions souvent mais jamais encore tu n’étais partie comme ça.
Après avoir contacté tous nos amis et ta famille malgré l’heure tardive, l’angoisse m’avait laissé pantelant. Il fallait que je bouge, que je parte à ta recherche. Je ne pouvais pas rester à rien faire dans cette maison vide, tellement vide sans toi.
J’ai parcouru les rues en m’éloignant de plus en plus du quartier où nous vivions jusqu’à tomber en arrêt devant ces signes d’espoir tout là-haut.
Je sais bien que je m’accrochais à un fétu de paille mais la raison avait déserté mon esprit pour l’emplir du manque de toi.
La nuit qui s’achevait doucement me vit chanceler, ivre de fatigue et de chagrin. Dans ma tête, la raison me soufflait de faire demi-tour et ces chiffres, devenus moins visibles au lever du jour, semblaient là, juste pour moi, à me dire que toi aussi tu avais fait demi-tour…peut-être…
C’est très juste, dans les moments d’angoisse et du manque de l’autre, on se raccroche à tout ce que l’on peut… et au bout du récit, le lecteur se prend lui aussi à espérer le retour de la belle. 🙂
Merci Laurence. J’ai eu du mal à démarrer une histoire au départ de cette photo si sombre. Je ne voyais quasi que les chiffres qui ressortaient de toute cette noirceur.
Bonjour,
J’espère vraiment qu’elle aura fait demi-tour !
Cette photo n’inspire pas trop à la gaieté
Comme je disais à Laurence, c’est fort sombre, pas ce qui me plaît d’habitude. Mais c’est un bon exercice aussi de sortir de sa zone de confiance 😉
Oups! 2ème alinéa, 2ème ligne: « toi ou moi » bien sûr (un s s’est glissé par distraction 😉 )
J’ai bien aimé ce rêve, ce retour imaginé, cette construction d’une histoire à partir d’un fait banal : un nombre en néon sur un immeuble sombre. Bravo.
Merci Cloud. Et si chaque histoire commençait à partir d’un fait banal… 😉
Bravo pour le parallèle entre les deux allemagnes séparées et un couple. Espoir et désespoir bien amenés !
Merci Titounette.
J’aime bien la façon de raconter l’angoisse puis l’espoir très hypothétique du retour de l’autre en se raccrochant à ce qu’on peut.
C’est parfois un peu comme ça dans « la vraie vie » non? 🙂
Oui c’est très souvent comme ca
Le jour s’est figé un matin.
Depuis, l’épaisseur sans lumière est telle que la nuit paraît presque plus claire. Nul éclairage dans les appartements ni dans les rues.
Du haut du toit-terrasse, c’est à peine si l’on devine les silhouettes dans le mouvement dense de ceux qui fuient. Une marée affolée qui ne cesse de courir pour échapper à l’obscurité. L’opacité tend pourtant ses bras au-delà des mers.
Nous voici sur une terre sombre ; hommes fragiles en quête de nos racines oubliées.
Parfois, il nous arrive encore d’imaginer le soleil. C’est alors qu’on lève la tête et dans un sursaut de mémoire, on se souvient.
Année 1989. Et ce premier jour où nous avons récolté ce que nous avons semé.
Ne lâche pas ma main. Je veux croire en nous. Nous comblerons l’abîme qui s’ouvre devant nous et de nos forteresses désertées nous rebâtirons l’avenir.
Bonjour Laurence,
Imaginer le soleil… pourvu que jamais plus aucun humain n’ait à vivre cela
Une note d’espoir apparaît ici en espérant que k’avenir leur donne raison
Merci pour ce texte poignant
Une lueur d’espoir dans toute cette obscurité un peu angoissante. Bien vu et bien exprimé.
A la recherche de signes… 1989. « La récolte de ce que nous avons semé » est la lueur d’espoir très bien exprimée dans ton texte sombre. Merci.
Imaginer le soleil dans cette tristesse, presque un poème. Bravo
Bonsoir Corinne,
Je te remercie de m’avoir donné cette adresse, tu avais raison, elle est incroyable cette Éléonore Mascarine de la Jasserie ! Et son appartement tout en haut de la tour… pfffff… la classe !
Il est un peu tard pour t’appeler alors je préfère t’envoyer ce mail pour te raconter.
Quand je suis arrivé nous avons échangé quelques mots puis elle m’a proposé de m’assoir autour de la grande table de la salle de réception. Elle ne m’a rien demandé à part mon numéro de carte bleue et ma date de naissance, comme tu me l’avais dit.
Tu sais que je suis né le 18 septembre 1989, et voilà ce qu’elle m’a dit, je n’en reviens toujours pas pour être franc.
D’abord 1989. 1+9+8+9 = 27, soit 2+7=9.
Et bien sûr 1+8 = 9.
Donc c’est clair, le 1 et le 8 se transforment en 9, ce qui veut dire que 1989 = 9999. Ensuite elle a ajouté mon triangle balistique de naissance : comme je suis né le 18 septembre, ça fait 1+8=9 et septembre est 9 aussi. Mon chiffre est donc 999 999… sidérant non ? Tu vas voir, la suite est encore mieux… Tu sais que 666 est le chiffre du diable, et 666+666 = 1332, soit 1+3+3+2=9. Donc 999 999 est l’inverse de 666 666. Je sais que c’est vertigineux mais c’est imparable. Je t’avoue que là j’étais déjà scotchée ! Mais attends, la suite est dingue !
Donc je suis l’inverse du double signe du diable, ce qui veut dire que j’ai une destinée particulière (c’est vrai que je me suis toujours senti un peu « différent »).
Et là, elle m’a dit tellement de choses vraies sur mon passé que j’en ai encore les larmes aux yeux. Elle m’a dit que j’avais des parents adorables mais que la communication a été parfois difficile, surtout pendant mon adolescence… je t’en ai déjà parlé, c’est tellement vrai… puis elle a vu que mon départ de chez eux avait eu un double effet : la cassure avec ma vie d’enfant et la crainte de baigner dans le monde des adultes. Quand je te dis que c’est dingue !
Après elle m’a parlé de mes premières rencontres, elle a vu quelques flirts sans importance et vers 20 ans une première histoire avec une jeune fille d’à peu près mon âge (tu te doutes que j’ai tout de suite pensé à Véronique… pile dans le mille). Cette histoire a été « passionnée, fusionnelle par moments, mais elle s’est terminée et vous avez été déçu, très déçu même ». Non mais comment elle peut savoir ça ?
Puis elle a parlé de boulot, de la joie de décrocher une place plus stable (c’est sûr que Mc Do c’était pas génial…), de la crainte de ne pas être à la hauteur, de la fierté de mes parents de me savoir stabilisée financièrement, et de plein d’autres trucs incroyables (j’ai fait des erreurs mais j’en ai tiré des enseignements, je m’entends très bien avec certains collègues mais pas avec tous…) et même que dans ma boite il y a une nana que je croise tous les jours et qui me plait plus que les autres. Tu vois de qui elle veut parler j’imagine, c’est clair que c’est Vanessa de l’accueil.
Bon je ne vais pas tout te raconter ce soir, je te dirais la suite demain si tu viens déjeuner avec moi. Mais quand même une dernière chose. Elle m’a demandé si j’étais en couple, j’ai répondu oui, mais depuis peu, qu’elle s’appelle Isabelle et que je ne suis pas bien sûr de moi. Eh bien tu ne vas pas me croire, mais elle m’a dit que je me posais des vraies questions et qu’un jour, si je continue à me poser les vraies questions, je construirais peut-être une vie stable avec des enfants. Peut-être pas avec Isabelle mais que ce n’était pas exclu, qu’il fallait voir avec le temps. J’en suis tout retourné.
Allez… la suite demain.
Bonne nuit.
Bisous,
PS : tout ça pour à peine 500€ la consultation je suis sur le cul. J’ai repris rendez-vous pour la semaine prochaine. Merci encore !
Re-bisous
Bonjour Terjit,
Bon ben moi, à 500€, je ne suis pas sûre de vouloir savoir un passé que je connais déjà et un avenir un peu déjà tracé, mais chacun ses goûts.
Bien vu
Joli détournement de la photo, qui ne véhicule pas particulièrement l’humour. J ‘adore ! 😀
Arriver à faire sourire sur base de cette photo c’est très, très fort 🙂
Mais cela vaut-il vraiment 500€ par semaine ? 😉
Superbe texte. J’adore encore ton travail, Terjit ! C’est un humour décalé qui me plaît beaucoup. De plus, c’est rondement mené. Bravo à toi.
Bonjour à toutes et tous,
Voici mon texte
Je suis née le 9 novembre 1989, le jour de la chute du Mur. Dès le jour de ma naissance ma destinée était tracée ! Toute mon enfance, j’ai entendu « chut » pour ne pas faire de bruit, pour ne pas me faire remarquer. Si je chutais, je devais me relever sans pleurer « chut » pas de vague, pas de bruit ! J’ai grandi ainsi transparente aux yeux des gens.
Partie de chez mes parents pour vivre ma vie d’adulte, j’ai trouvé dans un vieil immeuble délabré un petit meublé d’où je voyais la ville entière. Cette ville meurtrie par une guerre incessante. J’étais seule ! Le jour de mes vingt ans, j’ai ouvert la fenêtre, je me suis jetée dans le vide. La boucle était bouclée, née un jour de chute historique, je mourais dans une chute oubliée
Bon lundi à vous
Outch ! Deux chutes aux conséquences diamétralement opposées.
Un récit bien mené. Bravo Cécile
Ah oui, le côté sombre de cette photo t’a bien imprégnée…hélas pour l’héroïne de la chute.
Bravo pour ce texte. J’ai adoré le côté surréaliste ou absurde, accentué par la concision et le rythme.
Oupss… le côté sombre de la photo est bien là. J’avoue que j’ai eu un peu d’espoir d’une chute heureuse… mais en terme de chute j’ai été servi ! bravo pour ce texte sombre et fort à la fois
Bonjour, voici mon texte du jour :
J’y retournerai bien en 1989,
avoir 8 ans à nouveau.
N’avoir pour préoccupation que le choix des tenues de mes barbies ou de ma prochaine lecture,
sans oublier les devoirs d’école, mais ça c’est pas grave,
J’aime l’école, au point que j’y suis encore,
Enfin je suis passée de l’autre côté du pupitre.
Maman serait encore là,
Ma dernière petite sœur, 4ème de la fratrie, vient tout juste de nous rejoindre.
Et je joue à la maman pour de vrai, son petit corps blotti entre mes bras, le biberon à la main.
À ce moment-là, le métier de mes rêves, c’est maman…
Avec mes copines, on se dispute la 1ère place du classement. À cette époque, ça existait et ça nous motivait.
Notre maison n’a pas encore sa véranda,
On joue à tout et à rien avec trois bricoles.
C’est sûr à 4, c’est facile d’inventer, d’imaginer, de créer mille et une histoires.
Voyage dans notre tendre enfance qui va m’accompagner dans cette journée qui s’annonce bien noire…
Ah, la nostalgie de l’insouciance…
C’est merveilleux d’avoir de tels souvenirs et de les utiliser comme éclairage de journées bien noires.
Joli texte. C’est bien d’entretenir de tels souvenirs d’enfance. Il faut se rappeler qu’ils sommeillent quelque part en nous et attendent un élément déclencheur pour titiller notre plaisir. Là, c’est fait.
Très touché par ces souvenirs nostalgiques qui éclairent « cette journée qui s’annonce bien noire… »
Le 9 novembre 1989 autres dates
Le 9 novembre 1989 est de ces dates dont on pourra se dire avec bonheur qu’on les a vécues même si avec le recul, les suites cette date n’ont pas été toutes heureuses. J’ai gardé la presse de ce jour car les dates sont aussi liées pour moi à la lecture de la presse… papier. Il ne s’agit pas juste d’images de Rostropovitch jouant du violoncelle mais aussi d’analyses de qui a conduit à cet événement par des gens qui connaissent l’histoire, de cet événement vu par diverses personnes (avec des opinions diverses) et des conséquences de cet événement qui semble positif mais qui a pu être mal digéré.
Je me souviens aussi de mai 1981 où Mitterrand a été élu, de l’abolition de la peine de mort qui a suivie de peu.
Les dates et la presse sont aussi celles des événements sportifs que je suivais beaucoup (aujourd’hui, je suis plus sportive en vrai que spectatrice de sport) et que j’allais parfois voir sur place : Greg Lemond est le premier vainqueur américain du tour en 1986, la terrible défaite de Fignon contre ce même américain en 1989 .
Je me souviens encore de la mort de, Claude François en 1978, de Brassens et de de Joe Dassin en 1981 ; j’avais 11 ans et mes parents m’ont donné une culture musicale, sportive, cinématographique et livresque ; je les en remercie.
A ces occasions, ma mère achetait Paris Match, je l’ai aussi fait longtemps. Aujourd’hui, je préfère acheter Libération qui fait des très belles unes comme celle avec Juliette GRECO récemment. En plus des belles images, on a des analyses.
Pour les relations internationales, je mixe le Figaro et le Monde, pour l’économie Les Echos et Le Figaro, pour le sociétal, La croix et Le Figaro etc. J’ai gardé de mes études de droit l’habitude de chercher les opinions politiques différentes pour me faire la mienne.
Bien dit. Tous ces évènements nous créent un cadre social, et en même temps des jalons autour desquels nos souvenirs se greffent.
plus que ça
Notre vie est jalonnée de « dates repères » et j’aime beaucoup l’idée de garder les traces des journaux. Aujourd’hui les jeunes garderont malheureusement plus les messages de Trump sur tweeter que les analyses politiques du Monde, du Figaro, de La Croix, du Figaro, des Echos, du Figaro… c’est marrant, il y en a un qui revient souvent 🙂
et voilà..
1989
le 1, le 9, le 8 et le 9
faites vos jeux
rien ne va plus !
Dans l’ordre ou le désordre
en numérologie
le résultat est
9.
Symbole de l’idéal
du spirituel
de l’altruisme
une année bilan :
Finir ce qui est commencé
faire la paix avec son passé.
Colère, peur et chagrin
prenez les en compte
ne les reniez pas
affrontez les.
Accomplissez votre destinée
ouvrez les horizons
faites tomber les murs
élevez les consciences
construisez un monde meilleur
juste et bon.
Ne vous bercez pas d’illusions,
gardez les pieds sur terre
ne vous enflammez pas trop vite.
Faites vos jeux !
Rien ne va plus !
Qui perd gagne ??
C’est joliment rythmé tout ça, on a l’impression de courir je trouve.
Beaux conseils donnés par la numérologie et un texte mené tambour battant. Avec ce chiffre et ces recommandations, on peut repartir à neuf.
Pardon pour mon erreur de commentaire…la page s’est réactualisée au mauvais moment !
J’aime beaucoup ton texte et son rythme endiablé sur fond de numerologie…bien mené et des vœux qui seraient d’actualité tous les ans. Bravo
Tu verras… Promesse de jours meilleurs
Bravo, l’ambiance qui devait régner à Berlin devait ressembler à ton texte !
oups ! Que s’est-il passé ? C’était un commentaire pou rCloud
Ah!!!! la numérologie… comme c’est magique. bravo pour ce texte fort rythmé.