Atelier d’écriture 380

par | 10 Oct 2020 | Atelier d’écriture | 84 commentaires

@ Jeff Trierweiler

A lundi pour la publication des textes.

84 Commentaires

  1. OLLIER Nicole

    Le ballon rouge mat, la berline noire luisante, jeux de glaces, de miroirs, arbres en fleurs, reflets et miroitements, profusion de végétation dans une banlieue cossue, le bras levé de la passagère pour brandir haut le signe de ralliement à un anniversaire, comme une bouée, un feu : ongles vernis assortis au ballon. Comme un poisson bleu pendu au rétroviseur. Lente déambulation onirique. Anticipation de la fête.

    • Photonanie

      Je me rends compte en passant ici que nous avons eu un peu la même idée de signe de ralliement pour une fête même si nous l’avons traitée différemment.
      J’aime bien cette énumération descriptive qui m’a fait découvrir l’objet bleu que je n’avais pas remarqué…

    • Cécile C

      Bonjour,
      Je n’avais pas vu l’objet bleu non plus ! Ce sera une jolie fête !

    • Cloud

      Jolie énumération qui prépare le lecteur à la fête. On se croirait invité…

    • Céline

      Court mais efficace !!! Je n’avais pas remarqué l’objet bleu par contre.

    • janickmm

      oublier de poser mon texte ici, le voici

      L’année de mes trente ans, durant laquelle j’ai eu mon troisième enfant, et trois hommes dans ma vie : mon fils, mon amant, mon mari.
      Et mes nuits deviennent biologiquement, blanches.
      Vous envahissez mes heures de sommeil, chacun pour des raisons différentes. Ça tambourine l’incessant tumulte dans ma tête, duel amoureux, rapport de force, amour inconditionnel, émotions blessées, sentiments floués, intrigues inextricables.
      Vous. Vous et vos amours incertaines, vos contrats amoureux lacérés à coup de canif au moment où vous les entamez avec sincérité. Une autre, puis une autre, encore une autre, elles sont toutes différentes, les femmes que vous aimez et dont vous savez vous entourer simultanément mais séparément. Je les devine présentes et pourtant soigneusement cachées. Vos actes et vos paroles vous trahissent et vous pensez pourtant être discret, cacher l’essentiel et pouvoir vivre plusieurs amours en toute discrétion, il n’en est rien, Mon Cher Amant ! Je me suis un peu perdue dans vos bras rassurants et sous vos baisers fougueux et j’en resterai là. Je me suis égarée, je retourne à la bergerie, j’ai à faire. Jetez un œil par la fenêtre, là, tout de suite, je suis en bas de chez vous, accompagnée, je lâcherai le ballon rouge lorsque vous recevrez ce sms pour vous dire que je m’envole de votre vie. Bien à vous !

      • Photonanie

        J’aime bien l’idée du ballon qui s’envole, comme le poids qui se trouvait sur ses épaules.

      • laura vanel-coytte

        une fois dans ma vie, je me suis sentie légère comme un ballon

  2. Manue

    C’est exactement à cet instant là que tout a commencé.
    Un simple ballon rouge, à l’apparence trompeuse, doucement s’échappait par la vitre d’une voiture, retenu par une mince ficelle.
    Avec ses doigts elle le retint. Aussitôt ses ongles devinrent rouges, du même rouge que le ballon, et j’ai appuyé sur le déclencheur de mon appareil photo.
    De ce moment et de ce qu’il se passa après il ne reste que ce cliché.
    Bientôt sa main fut écarlate, et son bras tout entier. Au cri qu’elle poussa découvrant que la couleur gagnait du terrain le chauffeur freina brusquement et la voiture s’arrêta. Le ballon s’envola quand elle ouvrit la porte mais c’était trop tard, son buste était rouge, ses vêtements se coloraient et déjà son siège changeait de teinte. La voiture était atteinte et inexorablement la peste rouge gagnait du terrain. Tous sortirent aussi vite qu’ils le purent et elle, se mit à courir comme si la fuite pouvait ralentir la propagation de tout ce rouge sur son corps.
    Rien n’y fit. A des degrés divers et à des allures différentes nous avons les uns après les autres été atteints par ce phénomène étrange. Au loin nous apercevions le ballon très haut dans le ciel qui s’éloignait et nous restions saisis d’effroi quand nous découvrions chez l’autre ce que devait être notre apparence propre. Cela nous sembla durer une éternité. Nos respirations se faisaient plus saccadées à mesure que le rouge commençait à s’attaquer à nos intérieurs, grignotant petit à petit ce qui nous restait de vie. Elle, la première touchée, gisait à terre, déjà presque en lambeaux.
    Et puis cela cessa. Très loin là-haut le ballon avait éclaté, ou avait disparu, nous ne le sûmes jamais. Doucement la propagation s’arrêta, puis la couleur recula, laissant derrière elle une peau immaculée. Elle, retrouva ses esprits, son corps, doucement, se reconstitua de lui-même et bientôt tout cela fut derrière nous, comme si nous étions en train de nous réveiller d’un mauvais cauchemar, en nous demandant quand même ce qui se serait passé si d’aventure le ballon était resté intact plus longtemps.
    Nous reprîmes la route. Nous attendaient au bout la vision de la salle louée pour le mariage et le carnage qui s’y était déroulé. Au plafond flottaient les 499 autres ballons du paquet.

    • Cécile C

      Waouh, j’en suis sans voix ! Quelle horreur tellement bien décrite
      Bravo

    • marinadedhistoires

      Super original et percutant, j’ai adoré !

    • Cloud

      C’est très fort. En lisant, je croyais entrer dans le fantastique ; j’en suis ressorti avec une cruelle réalité.

    • Photonanie

      Waow! Quelle imagination, ça fait froid dans le dos cette histoire qui nous fait voir rouge.

    • janickmm

      Un mal qui ronge de l’extérieur vers l’intérieur, une descente dans l’horreur, écrit certainement en un jet sous l’impulsion de l’inspiration.

      • Manue Rêva

        Tout à fait !

  3. Kroum

    Le souvenir…

    Les ballons, elle les accrochait toujours sur la porte d’entrée. Chaque année, le jour de ma fête d’anniversaire avec les copains du quartier, on en retrouvait toujours 3 suspendus au heurtoir de notre maison. Les couleurs étaient souvent criardes et il y en avait toujours un de couleur rouge car ma mère adore cette couleur : la monture de ses lunettes a toujours été rouge, les ongles de ses mains et de ses pieds toujours peints dans cette couleur et il est rare de ne pas trouver une touche de rouge dans ses accessoires et habits. Vous l’aurez compris, ma mère est une femme habitée par la passion ! Une vraie mordue par la vie, par l’amour qu’elle porte à son mari et celui inconditionnel qu’elle me témoigne depuis le premier jour où nos regards se sont croisés.
    Elle débordait toujours d’imagination à chacune de ces fêtes où elle prenait soin de travailler un thème en fonction de l’âge que j’atteignais. La première a eu lieu pour mes 5 ans.
    Une fois la fête finie, l’émotion était à chaque fois si intense que j’attendais avec impatience qu’on arrive au mois de mars de l’année suivante tellement maman savait magnifier cet instant pour célébrer comme elle ne cessait de le répéter “le plus beau jour de son existence”, quand je suis né.

    Les années ont passé. A la fin de l’adolescence la fête d’après-midi s’est transformée en soirée et les ballons avaient disparu au profit d’un parcours de bougies le long du chemin de l’entrée menant à notre maison. Maman tenait toujours à organiser l’événement et avait la délicatesse de nous laisser une fois les convives bien installés avec de quoi bien manger et boire dans l’ambiance d’un DJ toujours choisi sur le volet. Avec mon père, elle profitait pour se faire un petit week-end en amoureux, rassurée, d’avoir bien préparé la célébration de ce jour si important pour elle chaque année.
    Adulte, l’événement est devenu plus discret et se résumait souvent à un tête à tête enchanté dans un beau restaurant d’une capitale européenne. Des moments partagés d’une grande intensité, surtout depuis que papa s’en était allé au Ciel. Ma femme et mes enfants n’ont jamais insisté pour s’immiscer dans notre duo si précieux sur ces quelques jours que nous nous offrions tous les deux, ils savaient me célébrer cette date à mon retour en petit comité.

    Vous l’aurez compris, ma date d’anniversaire compte énormément pour moi, comme pour ma mère.

    Cela fait 2 ans que le 30 mars arrive et que plus rien de spécial ne se prépare. Maman semble même avoir oublié cette date pourtant si importante à ses yeux… Ne dit-on pas que le corps garde en lui les souvenirs très forts qui l’ont marqué à vie ? Ma naissance n’en fait donc plus partie ? Même elle, elle a fichu le camp avec la mémoire de ma maman ! Quelle terrible maladie, tout de même ! Il y a même des jours où elle ne se souvient plus que je suis le fruit de ses entrailles et elle m’appelle « papa »…

    Mais cette année avec la famille et les amis on a voulu tromper son présent et on a pris les devants en organisant une fête pour mon anniversaire ! Tant pis si elle ne se souvient plus de ce qui s’est passé il y a 50 ans mais au moins elle participera à l’événement à nos côtés !
    Quand je suis arrivé à la MAPAD pour la récupérer, je l’ai aperçue de loin accompagnée de son infirmière dans le jardin. En m’approchant d’elles, je remarquais qu’elle tenait à la main un ballon rouge. Son infirmière m’expliqua que depuis hier elle était à la recherche de ce trésor qu’elle exigeait d’avoir pour ce jour. Personne n’a compris ce qui se passait dans sa tête mais pour ne pas la contrarier on est allé se procurer dans le libre service d’à côté un ballon rouge qu’on lui a gonflé et qui la rendait heureuse en ce 30 mars.
    Quand elle me vit, elle me le tendit avec fierté sans un mot mais avec tellement d’amour débordant de tout son être que j’en ai eu les larmes aux yeux. Je n’attendais plus rien d’autre de la journée, le plus cadeau je venais de le recevoir et il venait de ma mère. Je l’ai accroché à la portière de la berline, côté passager et pendant tout le long du trajet, elle a pris soin de veiller à ce qu’il ne s’envole pas avec le vent, comme sa mémoire…

    • Cécile C

      Quel amour dans ces lignes ! Je suis très émue

    • marinadedhistoires

      C’est un texte bouleversant, je suis émue.

    • Cloud

      Plein d’émotion. Ce texte me touche beaucoup. Il est beau, bien écrit, avec une simplicité qui colle parfaitement à l’ambiance. Bravo.

    • Photonanie

      Très émouvant cet amour maternel qui est seul capable d’ouvrir une brèche dans la terrible maladie.

    • janickmm

      C’est un long texte qui vaut le coup d’être attentivement lu pour en comprendre son adorable fin, magnifique !

    • Céline

      Oh nous sommes pressé sur la même longueur d’onde avec ce ballon rouge maternel. Bravo pour votre texte riche en émotions

      • Céline

        Zut c’est *presque au lieu de pressé

  4. Cloud

    Au rayon des croquettes pour chat, pour deux paquets, un ballon offert. Lucien a dit à Solange : «Tu es en train de nous ridiculiser». Lucien est un notable de la région, il est soucieux de son image. Solange tient son ballon par la fenêtre de la limousine noire. Un ballon rouge. Rouge comme ceux qu’elle serrait au poing, dans les années 60, au milieu des meetings populaires. C’est là qu’elle a connu Lucien. Ils étaient pleins d’enthousiasme, animés d’un engagement total pour défendre les camarades de lutte, les gens qui souffrent, les exploités. Leur amour n’avait d’égal que les lendemains qui chantent.
    Puis Lucien a hérité d’une fortune familiale. Il est devenu le notaire du village, élu municipal sans étiquette. Aujourd’hui, avec Solange, ils ont fait leurs courses au supermarché le samedi à 11 heures pour être vus par les administrés, les élections sont proches.
    Un barrage syndical les arrête. Les banderoles affichent : « Non à la fermeture de l’usine ! Non aux licenciements ! »
    Lucien éructe : « Les cons ! Faut qu’ils s’y fassent ! Quand c’est perdu, c’est perdu ! Ils vont nous foutre en retard avec leurs conneries : les Bertin arrivent dans une heure !».
    Solange lui jette un œil méprisant. Elle regarde le cortège. Il fait beau. Les drapeaux rouges flottent au vent.
    Ses doigts lâchent alors le ballon qui s’envole vers le soleil. Elle se rappelle vaguement d’une phrase qu’elle avait jadis aimée dans le « Chien Blanc » de Romain Gary :
    « Il est moins grave de perdre que de se perdre »

    • Cécile C

      Quelle magnifique phrase de Romain Gary !
      Parfois je me demande si la richesse ne fait pas perdre la réalité de la vie et c’est dommage

    • marinadedhistoires

      Whaou, bravo d’avoir imaginé un tel contexte à partir de cette photo.

    • Photonanie

      La phrase de Gary résume à elle seule l’échec moral du notable.

    • laura

      belle trouvaille

    • janickmm

      Ce couple qui a traversé plus d’un cortège, semble encore bien s’accorder, et pour le préserver elle aurait dû prononcer la phrase superbe à haute voix, le notable aurait été recadré !

    • Kroum

      Quelle belle imagination d’avoir trouvé cette jolie histoire à partir de ce cliché Cloud et tout cela dans un style fluide et agréable. Bravo! Je ne connais pas cet auteur mais la citation est forte de sens. Merci pour cette belle découverte.

  5. Terjit

    Christine n’en peut plus d’entendre tous ces blaireaux lui répéter la chance qu’elle a d’ouvrir le cortège avec son petit ballon rouge au-dessus de la portière… Elle s’est retenue de répondre « parce que les moutons qui suivent sont tellement demeurés qu’ils peuvent pas suivre leur GPS ? ». Il faut dire que depuis ce matin elle a été assaillie de tous les poncifs les plus éculés sur le mariage dont le plus insupportable : « ils vont si bien ensemble » ! Ben non ils ne vont pas du tout ensemble ces deux-là ! Si on regarde un peu c’est l’évidence.

    A gauche du ring dans le rétroviseur la mariée.
    Vanessa, 70 ans mais elle en a 45, sa dernière bouteille de shampoing date de la chute du mur de Berlin, allergique à la lime à ongle, ne va pas chez le dentiste par anticonformisme, robe achetée d’occasion et Nike aux pieds pour plus de confort.
    A droite du ring le marié.
    Christopher, 35 ans mais il en fait 20, coupe de cheveux millimétrée, s’habille de la tête aux pieds chez Kenzo, a sa place de parking chez Spa Passy, haleine fraiche au réveil et abdominaux de nageur olympique.
    Au centre les parents de Vanessa.
    Bernard, nouveau retraité de chez PSA, 65 ans, fan de foot donc de canapé et de Kronembourg, le cheveux gris et rare depuis… longtemps, a fait un effort pour le mariage de sa fille en allant chez Célio alors que d’habitude il ne connait que Décathlon, n’a jamais eu d’avis sur autre chose que la sélection de l’équipe de France et ne va pas commencer aujourd’hui.
    Christine, 65 ans aussi, patronne du salon « Altern’atif » de Goussainville, toujours tirée à quatre épingles, change de couleur de cheveux à chaque saison (en ce moment blonde peroxydé), la plus assidue au cours de Zumba, se fait offrir tous les 10 ans une chirurgie des seins et une liposuccion « fesses et cuisses », a des avis sur tout mais en fait a surtout des avis.

    Depuis 3 ans qu’ils sont ensemble Christine ne comprend pas que ce pauvre garçon se soit amouraché d’un étron pareil. Mais qu’est-ce qu’il peut bien lui trouver ? Ce n’est pas une question d’argent, il est Trading Manager pour HSBC. Pas plus une question d’héritage, Christine et Bernard ont mis 25 ans à se payer un pavillon de banlieue en bordure de pistes à Roissy. Alors non, vraiment non, décidément non : Christine ne peut pas s’empêcher de se demander ce qu’ils font ensemble, ou plutôt ce que cette gravure de mode fait avec sa fille. Il vaut mieux que ça, il devrait être avec une femme jeune, belle, propre sur elle et qui a de la conversation… « ou alors c’est une question de plumard, uniquement de plumard ».
    En se disant cette phrase elle se souvient de la première fois où Vanessa a ramené son amant à la maison. Ils sont arrivés vers 22h, elle a remarqué tout de suite le côté BCBG du garçon mais surtout sa chemise pas totalement enfilée dans le pantalon, et sa fille avec une marque sur la joue qui ressemblait étrangement à la poignée de porte de la 106… puis dans la nuit Vanessa a appelé au secours parce que « Christopher a fait un malaise ». Il n’a jamais voulu expliquer ce qu’il avait eu mais à chaque fois qu’on lui posait la question il devenait tout rouge.
    C’est clairement ça la clef de l’énigme : derrière son côté repoussant Vanessa a des talents insoupçonnés. C’est surement la Stradivarius du tourniquet Tonquinois, la diva de la balançoire Birmane, la reine pour faire coulisser le trombone. En se disant ça Christine regarde le profil droit de son homme au volant : une bouteille de coca. Et puis franchement niveau galipettes ça a peut-être été pas mal au tout début mais depuis longtemps ça manque de piquant, d’imagination. Elle regarde à nouveau dans le rétroviseur et décide qu’il n’y a pas de raison que la purge de derrière y arrive et pas elle. C’est décidé : au prochain cours de zumba elle se collera au premier rang sous le nez de Kevin, et dans les vestiaires elle prendra son temps. Comme elle sera la dernière il viendra lui demander si elle est bientôt prête, et bien sûr qu’elle ne le sera pas. Elle lui demandera de venir l’aider sous un prétexte quelconque, il entrera puisqu’il n’y aura plus personne, elle laissera glisser sa serviette et « viens là mon coco, je vais te dépecer comme un gigot ».

    • Cloud

      Très drôle et très coloré ! Merci Terjit !

    • Photonanie

      C’est bon de rire en ces temps si moroses 🙂 Merci Terjit.

      • janickmm

        Elle est bien rigolote cette Christine, au moins elle sait ce qu’elle veut et le texte est drôle !

  6. Cécile C

    Bonjour et bon lundi à toutes et tous,

    Voici mon texte :

    Voilà, j’étais partie ! Je quittais tout, mari, enfants amis, boulot, pour aller vers ma liberté seule. Enfin, je me sentais libre, libre de voler seule vers cette solitude qui pour moi est la liberté ! Plus de contraintes, plus de cris, plus de bruit rien que le silence. Quel égoïsme de ma part, mais je ne pouvais plus faire semblant, je devais vivre pour moi et non plus pour les autres. Sur la voiture qui m’emmenait vers ma nouvelle vie, j’avais accroché un ballon rouge. Ce ballon solidement accroché, amarré me représentait moi avant. Une fois arrivée, à bon port, je couperai la ficelle et il s’envolera vers le ciel tout comme moi qui m’envole vers une vie seule. Pour m’amuser, j’avais accroché un carton à la ficelle de ballon avec mon nom et ma nouvelle adresse, je verrai bien si on me répond et puis, c’est bon parfois de revenir à l’enfance. La voiture avançait, roulait vers mon nouveau havre, j’entrais ce jour dans un monastère afin de me retrouver en paix dans un monde de silence.
    Arrivée dans ma nouvelle demeure, j’ai lâché le ballon et souri, j’avais fait le bon choix bien que difficile, j’ai regardé le ballon monter, monter vers le ciel et une immense paix m’a envahie. J’étais là où je devais être

    • marinadedhistoires

      Un changement de vie très bien dépeint.

    • Cloud

      C’est bien décrit. Surpris par ce désir de liberté totale satisfait (provisoirement) par une vie monacale. Sans doute une forme spirituelle de la liberté…

    • Photonanie

      C’est courageux…ou égoïste mais c’est très bien décrit en tout cas.

    • janickmm

      Un choix de changement de vie très silencieuse, une petite retraite, j’espère

  7. marinadedhistoires

    Bonjour à tous, mon texte est à retrouver ici: https://marinadedhistoires.wordpress.com/2020/10/12/lendemain-de-fete/
    Ou là:

    Lendemain de fête

    « Ben oui, mon coco, je me casse, je me barre, je me fais la malle ! La nuit de noce m’a suffit ! Oui, je pars avec ton témoin, et alors ? T’avais qu’à en choisir un plus moche !
    Moi, j’avais juste envie de faire « la chenille », « le petit train qui redémarre », « la queue leu leu » et « la danse des canards » C’est fou comme ces danses ringardes sont devenues irrésistibles en période de covid et de gestes barrière ! Je rêvais d’entendre Annie Cordy, cette chère défunte et de me dandiner sur « La bonne du curé »
    Mais voilà, la fête est finie, et ce matin au réveil, il n’y avait plus que toi et moi dans la chambre nuptiale, nettement moins drôle … Alors j’ai remis ma robe immaculée pendant que tu ronflais, j’ai frappé à la porte de chambre de Didier et il a tout de suite été d’accord ! On est montés dans la berline noire, et c’est juste au moment où on a démarré que tu as rappliqué dans l’allée de l’hôtel, on t’a pas écrasé, estime-toi heureux ! Bye bye mon p’tit mari !

    • Cloud

      Excellent ! J’adore ce côté provoquant. Derrière de tristes conventions se cachent des instants de plaisir…

    • Photonanie

      C’est drôle et terriblement jouissif 😉

    • janickmm

      Au moins le témoin est vraiment témoin, le texte est trépidant comme cette jeune mariée

  8. Céline

    Bonjour à tous,

    Voici mon texte du jour. Bonne journée.

    Du plus lointain de mes souvenirs, c’est une tâche ovale et d’un rouge qui ne passe pas inaperçu, qui me vient à l’esprit.
    Impossible de me rappeler de quand date cette image mais ce qui est sûr c’est qu’elle devient annuelle…
    Et toujours associée à la date de mon anniversaire.
    Finalement seul enfant du couple de mes parents, ma mère avait décidé de marquer le coup.
    Chaque année, je reçu donc mon ballon accompagnant une pile de cadeaux aux emballages tout aussi flamboyants.
    Au fur et à mesure que je grandissait, ma mère en fit une chasse au trésor, arguant que ce serait quand même « la honte » que d’arriver à chaque fois le gâteau dans une main et le ballon dans l’autre.
    Pourtant, elle s’y tient chaque année à ce rituel dont je ne su jamais la signification.
    Alors qu’elle ne fut pas ma surprise quand, allant à leur devant pour les accueillir, je vis arriver en premier lieu cette tâche rouge et tremblotante dans le parking de la maternité…
    Puis que ma chère mère me le tendit avec un clin d’œil et un « je te passe le relai » !

    • Cloud

      C’est joli. Ce genre d’habitude familiale devient vite un rituel affectif. Il faut les perpétuer.

      • Céline

        Merci. J’ai eu la chance d’avoir une maman qui avait à cœur de créer et de nous transmettre des petits rituels. Maintenant elle n’est plus là et j’essaye de faire de même avec ma fille car je suis convaincue que c’est ce qui la marquera le plus le jour où c’est moi qui ne sera plus là.

    • Photonanie

      C’est mignon tout plein ce passage de relais entre mères.

      • Céline

        Merci beaucoup. J’aime beaucoup ce passage d’une génération à l’autre par de petits riens qui au final deviennent beaucoup.

    • Kroum

      Nous avons en effet eu comme un semblant de même idée comme fil conducteur de nos textes Célline. Le tien est touchant, bravo!

  9. marinadedhistoires

    Un texte plein de tendresse pour un joli rituel

    • Céline

      Merci. Les rituels font de beaux et doux souvenirs

  10. laura

    Le ballon rouge du plus beau jour de ma vie.

     

     

    J’avais largement  passé l’âge

    Des romans à l’eau de rose

                                                        
    Barbara Cartland, Delly

    Et les Harlequin en série

     

    Je n’étais plus une midinette

    On pourrait même dire

    Que j’avais des kilomètres

    Au compteur de l’amour et du sexe

     

    Mais j’y croyais encore assez 

    Assez en toi qui m’avais apprivoisé

    Pour, au bout de trois demandes, accepter

    De t’épouser

     

    Et je n’ai pas regretté

    Car c’était, comme le dit le cliché,

    Le plus beau jour de ma vie savouré

    Jusqu’à la dernière lampée.

     

    • Cloud

      C’est émouvant. Bravo. Une déclaration d’amour pleine de tendresse.

      • laura

        le pire jour est celui où on m’a dit qu’il était mort…

    • Céline

      Joli texte plein d’émotions

    • janickmm

      C’est donc une belle histoire d’amour décrite en quelques mots, justes

      • laura vanel-coytte

        Je lui écrivais un poème pour chaque fête ou anni
        et lui ai consacré un livre

    • Kroum

      Une très belle déclaration d’amour avec de jolis mots choisis. Bravo Laura!

  11. Photonanie

    Bonjour, ma participation est également sur https://photonanie.com/2020/10/12/brick-a-book-380/

    J’hésitais… Le message reçu précisait bien d’accrocher un ballon rouge à la portière droite de la voiture.

    C’était le signe de reconnaissance apparemment. Pourquoi un ballon rouge? Va savoir. Peut-être un frustré qui chantonnait comme Lama « je n’ai pas eu de ballon rouge »? Bref, tout ça me semblait un peu bizarre mais en même temps ça titillait ma curiosité.

    Je nous avais inscrits, mon frère et moi, à un rassemblement de jeunes pour faire la fête. Le message posté sur Facebook était clair: à 19h à l’entrée du bois…avec un ballon rouge bien visible pour que le guetteur nous guide ensuite.

    Ce ballon je le caressais du bout des doigts, j’aimais ce contact mais en même temps je me demandais si c’était raisonnable d’aller ainsi vers l’inconnu. Certes, c’était grisant ce côté un peu mystérieux. Peut-être y retrouverais-je des amies ou y ferais-je de nouvelles connaissances. C’est ce qui m’avait excitée au départ et ce qui m’avait donné suffisamment d’arguments pour convaincre mon frère de m’accompagner. Mais plus je réfléchissais plus je m’agitais sur mon siège. Après tout je ne connaissais pas la personne qui avait lancé cette idée et c’est surtout par défi que j’avais dit « on y va ».

    La voiture qui nous précédait arborait le même ballon mais j’hésitais de plus en plus au point que mes doigts commençaient à se crisper sur le plastique rouge. Une drôle d’impression m’envahissait.

    Tout à coup, mue par je ne sais quelle impulsion, alors que nous approchions du lieu de rendez-vous, mon ongle creva la baudruche tandis que je disais à mon frère de continuer son chemin, sans s’arrêter.

    C’est sûr que la lumière des gyrophares aperçus un peu plus loin sur la route y était pour quelque chose.

    Cette fête organisée sans autorisation n’avait pas plu au voisinage et la police était intervenue pour disperser les jeunes après  avoir relevé leur identité, probablement pour avertir les parents des mineurs d’âge.

    Je ne saurais donc pas si j’aurais aimé ou non l’expérience dont le goût de défendu m’avait fait rêver pendant huit jours. En tout cas, je n’avais nulle envie de renouveler l’expérience  Mais peut-être est-ce cela qu’on appelle  « rêve parti »…

    • marinadedhistoires

      Je n’avais pas tout de suite tilté sur le jeu de mot final ! Très bien vu !

    • Cloud

      Jolie chute pour une belle histoire bien racontée… Tout le plaisir est dans l’approche et sa montée d’adrénaline. C’est déjà une belle expérience.

      • Photonanie

        Merci Cloud 🙂

    • Céline

      Jolie chute !!! Bravo

      • Photonanie

        Merci Céline 🙂

    • janickmm

      Excellent ! Le jeu de mots final qui fait tout exploser, même la baudruche, bravo !

      • Photonanie

        Merci Janick, je voulais une fin un peu plus légère 😉

  12. Titounette

    Le grand jour

    J -15
    dernier essayage de la robe. Elle est magnifique ! Je suis une vraie princesse et je serai la reine du bal ce jour-là.
    Toute de broderies et de dentelles, elle est d’une finesse incroyable. J’ai enfin une taille de guêpe dans ce magnifique corset.
    J -6
    les derniers détails de la réception sont revisités avec le traiteur. Je sais qu’une partie de la famille est végétarienne… il n’y a aucun problème, il en tient compte. Les derniers amuse-bouches sont testés, la disposition de la salle finalisée, les places attribuées, tout est prêt .
    J -5
    répétition des chants avec le prêtre de la paroisse. Nous avons volontairement choisi des classiques, afin que toute l’assemblée puisse participer. Les textes sont sélectionnés depuis bien longtemps et nous répétons chacun de notre côté les quelques phrases à dire. Il n’est pas question de bégayer ni même d’hésiter !
    J -3
    une première visite chez l’esthéticienne pour « le plus gros ». Les détails du maquillage sont revus ensemble. La coiffeuse sera là également… je serais vraiment dorlotée !
    J-1
    La famille arrive, il faut loger tout le monde confortablement. Les plus anciens à l’hôtel, les plus jeunes dans un gîte loué pour l’occasion. Ce sont, pour la plupart, des cousins qui se retrouvent. La nuit s’annonce festive .
    Jour J
    Le plus beau jour de ma vie paraît-il…
    En tout cas, je suis à l’œuvre des potron-minet. Tout se déroule en accéléré…l’habillage avec mes demoiselles d’honneur, l’esthéticienne, la coiffeuse, sous une pluie de flashs je souris malgré la tension qui monte.
    Les minutes s’égrènent trop vite aujourd’hui…je ne cesse d’embrasser des joues que je ne connais pas.
    L’heure de la cérémonie à la mairie approche, le convoi s’ébranle. C’est une formalité qui nous prend peu de temps. Je crois avoir perçu de l’émotion dans les yeux de mon « .promis » à la découverte de ma robe. Il faut dire que je suis splendide comme jamais je ne l’ai été.
    En route pour l’église. Ma famille est très pratiquante et je sais l’importance que ce passage devant m.le curé a pour eux.
    Les grandes orgues entament la marche nuptiale tandis que mon père m’attrape solennellement le bras. L’émotion m’étrangle. Mais je le sens si fier.
    D’un pas presque mécanique nous avançons dans l’allée centrale. Mon mari m’attend devant l’autel. Ma mère, submergée par l’émotion, surveille notre arrivée.
    Ma famille, mes amis, tout le monde est là, sur son trente-et-un.
    Tout le monde, …mon cœur s’arrête brusquement !
    Mais que fait-il là ?
    Mike , mon ex, me regarde avancer. Son regard est à la fois triste et empli d’admiration. Non, pas de l’admiration…c’est de l’amour.
    Mais que suis-je en train de faire ? Je n’ai jamais cessé de l’aimer, mon premier grand amour.
    Un échange de regard nous suffit. Brutalement je lache le bras de mon père, laisse mes talons encombrants au milieu de l’allée et cours vers la porte d’entrée sous les yeux éberlués des invités.
    Aucun n’a vu l’homme quitter sa chaise et sortir par la porte latérale.
    Mike m’attend, au volant de sa voiture . Dans sa main, je vois un ballon rouge arraché à la décoration d’une voiture. J’ouvre la portière précipitamment et il me le tend avec un sourire radieux.
    Les invités commencent à sortir de l’église avec force commentaires, critiques certainement.
    J’aperçois mes parents dans le rétroviseur lorsque j’ouvre la vitre et les salue avec le ballon rouge.
    Le plus beau jour de ma vie fut surtout le premier où je pris mon destin à bras le corps

    • Photonanie

      On est pris dans l’histoire et on attend le dénouement final qui n’est pas celui auquel on pensait. Très bonne chute, je lui souhaite beaucoup de bonheur à cette demoiselle 😉

    • marinadedhistoires

      Un compte à rebours sur les chapeaux de roue et une chute inattendue, super !

    • janickmm

      Aïe ! Pour tous ces gens dans l’église… et bon vent pour cette retrouvaille …

    • Cloud

      Il est très bien, ce texte. Le déroulé est superbe et la chute donne envie…

    • Kroum

      On ressent que quelque chose va se passer dès les premiers paragraphes où ta plume a su mettre une tension pour un inattendu dénouement. Quelle prouesse Titounette! Bravo

  13. Miss Marple

    que de beaux textes..merci à tous

    Le ballon rouge de mon enfance
    ce si joli petit conte
    filmé à Paris
    dans les années
    cinquante
    me rendrait facilement
    nostalgique
    de cette période bénie
    où comme moi
    Renaud avait 4 ans !
    Il nous faisait rêver
    tant il était mignon.
    Son ballon rouge s’envolait
    il courait, courait
    de nos petites jambes
    nous le suivions
    nous courions, courions
    pourquoi a t-il lâché
    son ballon rouge
    pour un ballon de rouge ?

    • Photonanie

      Mais oui, pourquoi a-t-il fait ça? Belle histoire Miss Marple.

    • Cloud

      C’est joli. Je me rappelle bien de ce film d’Albert Lamorisse, je crois. A mon âge, je choque moins mon entourage avec un ballon de rouge qu’avec un ballon rouge… Pourquoi ?

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