Atelier d’écriture n° 442

par | 21 Jan 2024 | Atelier d’écriture | 99 commentaires

C’est reparti pour une nouvelle semaine !

  • Publication des textes samedi, dans la journée.
  • Cela vous permet de venir lire les autres textes le dimanche.
  • Chaque lundi (on y croit, on y croit !), nouvelle photo ! 🙂
@ AK

99 Commentaires

  1. Didi

    Coucou,
    elle me plait cette photo.
    Je vais essayer d’écrire quelque chose 🙂
    Bisous et bon lundi ♥

      • Adèle

        Une statue énervée ! Tu redonnes de l’humanité aux sculptures. Bravo pour les jeux de mots !

      • Kloud

        C’est joli. Tout en douceur. Avec cette bienveillance pour l’artiste malgré les boules… Bravo.

      • Pierre F.

        Ah, si les statues pouvaient parler, c’est sans doute ce qu’elles diraient. 🙂

      • Manue

        J’aime bien quand les statues parlent, je suis sûre qu’elle n’est pas la seule à être énervée !!!

      • Terjit

        J’aime beaucoup quand on fait parler les objets, et le côté énervé de ta statut est amusante.

      • Lothar

        Didi ça dépote sec
        J’aime bien, et tes mots joués, aussi
        Cela me fait penser à la Grenade
        Du genre douce dehors mais dure dure dedans
        … Et que ne doux
        « Hé toi
        Mais qu’est-ce que tu crois?
        Je ne suis qu’un animal
        Déguisé en madone »

  2. marinadedhistoires

    Je vais aussi essayer, on publie les textes quand ?

  3. Pierre F.

    Superbe photo en effet. Je laisser travailler mes neurones. 🙂

    • Kloud

      C’est superbe. Un texte délicieusement onirique et plein de poésie. Très intéressante cette recherche de la part manquante qu’en fait on possède à l’intérieur de nous-même.

      • Antigone

        Merci pour ta lecture Kloud !

      • Antigone

        Merci pour ta lecture ! 😉

    • Pierre F.

      Tout en poésie, un superbe mélange d’amour, de nostalgie et un peu de regret. Bravo Antigone.

      • Antigone

        Merci .

    • Manue

      Oh j’aime beaucoup, tes mots et le sens que tu leur donnes. Merci pour cette très jolie lecture.

      • Antigone

        Merci

    • Terjit

      Quelle jolie, profonde lecture et si sobrement écrite. Merci !

      • Antigone

        Oh merci à toi !

    • Lothar

      Antigone, j’aime bien cette spirale – de mots et d’images, qui converge doux vers son centre de soie…tout au creux de son quant-à-soi.. merci

      • Antigone

        Merci pour ta lecture !

    • Kloud

      Excellent. C’est drôle et… rondement mené. Bravo.

    • Manue

      Cette pauvre statue accouche de tas de choses dans cet atelier ! J’adore !

    • Lothar

      Dialogue pas de sourdes … mas les mères ne peuvent jamais coincer trop la bulle même si la boule au ventre en coups de blues …

  4. Lothar

    Bonjour à tous
    Voici ma participation :

    Quel calme

    Ariane … à rêver si tard
    Les mots défilent
    Sur le fil de tes yeux las
    Ce sont mille et une phrases
    Vides, dévidées qui passent
    Comme une trame sans nom
    Sans trace
    Sur tes pensées

    Quel calme

    Comme les aiguilles qui tournent
    À pas romains le long des chiffres
    Valsent tes cils
    S’évadent tes rêves
    S’enferment tes rideaux
    Si bleus

    Quel calme

    Par cette sphère intense
    En écho de modernité
    Entre présent et passé
    Je songe à toi
    Tu songes à moi

    Une pensée s’infiltre doucement
    À travers ton corps allongé
    Et puis continue de se fondre dans nos cœurs …

    Lothar

    • Antigone

      Tu as retenu le calme… et c’est une belle musique !

    • Adele

      Je reconnais là un grand amoureux des mots, qui berce le lecteur par ses sonorités. Joli texte !

    • Estellecalim

      écrire de la poésie, quelle merveille !

    • Kloud

      J’aime beaucoup ! Ton texte est une fois de plus un entrelacs de mots choisis et musicaux, et là ils s’intègrent parfaitement avec le sujet. Un bijou.

    • Pierre F.

      Du plaisir à lire et relire Lothar, j’aime beaucoup cette poésie.

    • Manue

      Tes mots sont doux à lire et à relire.

    • Terjit

      Ici tout n’est au calme et volupté, même le rythme colle parfaitement au propos. Bravo !

  5. Adèle

    Gazing ball 2013

    Alanguie sur sa couche, les yeux clos, elle s’abandonne aux doux rêves de félicité. La Pythie lui a promis la beauté éternelle, l’immaculée de son corps, les hommes à ses pieds.
    Quand parle l’oracle, qui jamais ne se trompe, la faiblesse humaine l’écoute, éblouie.

    Jeff traverse le musée, une main sur la lourde besace. La bretelle lui scie l’épaule, il attend un signe, un déclic. Il sort délicatement la boule de cristal, celle dérobée à cette voyante qui lui a prédit gloire et richesses. Comme à tous les hommes, certainement.
    Et aux femmes beauté et amours, tellement classique.
    La boule lui pèse, il la pose avec précaution sur la statue la plus proche, assurant son équilibre des deux mains. Son regard fatigué s’attarde sur la transparence du verre, si ordinaire. Des mois qu’il cherche, l’inspiration l’a abandonné. Sa vue devient floue, voici que des volutes de fumée apparaissent, teintant la boule d’un bleu éclatant et lumineux.
    Qu’avait elle donc dit, cette fausse Sybille ? « Le bleu est la couleur favorable aux affaires ».
    Lâchant la boule, Jeff Koons recule de quelques pas.
    « Je crois que je tiens là quelque chose. »

    « Ariane, il est midi ! Lève-toi et fais ton lit, tes draps sont tout froissés ! »
    Arghh… si ma mère apprend que j’ai passé la nuit sur boulemagique8.com, je suis fichue !

    • Kloud

      Très bonne idée, ce texte. Et joliment mené. J’adore Jeff Koons qui a dérobé la boule à la voyante… Vraiment bien vu et bien écrit.

    • Pierre F.

      La voyante a eu raison avec Jeff en tout cas. 🙂

    • Manue

      Quelle imagination ! Merci pour ce chouette moment de lecture.

    • Terjit

      Très bien vu, et drôle.

    • Lothar

      Trois morceaux jolis
      In media res
      Tissés en un ensemble …
      Superbe

  6. Antigone

    Très amusant oui aussi ! 😉

  7. Kloud

    Bonjour. Désolé pour la longueur du texte et les libertés prises avec la mythologie et l’oeuvre de Jef Koons… Bonne semaine à tous.
    ——————————————————————————

    24 janvier 2024. Trois mille ans furent nécessaires à Thésée pour sortir du Labyrinthe. Certes, l’idée d’Ariane avait été excellente, mais un problème de laine trop fine, trop cassante avait retardé son évasion.
    A peine dehors, il décida de retrouver sa princesse au plus vite pour reprendre son amour là où il l’avait fort peu galamment laissé. Afin de montrer sa bonne volonté, il était d’ailleurs prêt à passer outre les écarts qu’elle aurait pu commettre avec Dyonisos ; après tout, tout le monde n’a pas « la vertu des femmes de marins », comme le chante si bien Barbara.
    Aussi, il se rendit au Parc de Versailles où on lui avait indiqué une statue qui pourrait être celle qu’il cherchait. Effectivement, près d’une pièce d’eau, il aperçut une Ariane en pierre grise, couverte de lichens, un pigeon espiègle posée sur son visage renversé. A côté d’elle, un touriste japonais, voyant la perplexité de Thésée, lui révéla contre un selfie, l’existence d’une autre sculpture plus propre et plus récente, visible au Centre Pompidou.
    Thésée s’y rendit aussitôt. Dans une salle quasi-déserte, il découvrit la statue d’Ariane analogue, d’un blanc immaculé, emberlificotée dans des draps, comme ceux qu’elle avait toujours tirés de son côté quand ils dormaient encore ensemble. Une boule intrigante, d’un bleu flashy, était posé sur son ventre.
    – Ariane ! Ariane chérie… C’est moi, Thésée, je suis enfin sorti, j’ai vaincu le Minotaure. Mais que t’arrive t-il ? Quelle est cette sphère étrange qui déforme ta belle silhouette si frêle ?
    – Thésée, je suis enceinte…
    – Quoi ? De qui, diable ? Dyonisos, encore lui ?
    – Non, de Jef Koons… Et il m’a quittée hier pour vivre avec Vénus…
    – Le gredin ! Mais moi je t’aime toujours, Ariane. Je reconnaîtrai cet enfant comme s’il était le mien. Les dieux pardonnent tout, c’est à ça qu’on les reconnaît.
    Quelques mois plus tard, Ariane accoucha d’un chien étrange sous la forme de ballons gonflables, en résine polie, d’un outremer qui renvoyait ses rayons sur les murs de la clinique.
    Devant le berceau, Thésée resta sans voix, à la fois dépité et furieux. Il remit sa feuille de vigne, prit son glaive, et s’engouffra aussitôt dans un labyrinthe plus inextricable encore que celui du Minotaure : celui de l’Art Conceptuel. Il se devait d’aller y crier au scandale et demander réparation.
    Pour gagner du temps, au fil d’Ariane un peu « has been », il préféra un GPS, nettement plus performant. Car il fallait aller vite. Les artistes contemporains sont comme les ministres de la Culture : ils ne restent pas longtemps.
    Mais, lorsque Thésée arriva, il était trop tard. Une usine fabriquait déjà des millions des reproductions de son fils putatif. Par containers entiers, ces figurines déconcertantes inondaient le monde.

    • Antigone

      Quelle imagination ! Bravo d’avoir déroulé ainsi le fil d’Ariane.

    • miss Marple

      ah! cela nous a bien mené en bateau!! un vrai plaisir!

    • Estellecalim

      Quel rythme, on le suit d’un endroit à l’autre en volant derrière lui !

    • Adèle

      Mais quelle inventivité !
      Au final une histoire très contemporaine et bien ficelée.
      Bravo !

    • Pierre F.

      Ça m’a beaucoup amusé, bravo Kloud!

    • Manue

      Ah mais voilà, tout s’explique ! Merci Kloud pour ce moment de lecture savoureux.

    • Terjit

      Kloud, quel plaisir de retrouver tes trouvailles et ton humour ! Mention particulière pour « Non, Jeff Koons… et il m’a quitté hier pour vitre avec Vénus » et les ministres de la culture qui ne restent pas (mais chut, il parait que Rachida écrit sur ce blog sous un pseudo). Merci Kloud

    • Lothar

      Quelle histoire !
      On a vraiment pas de mal à te suivre aux fils tes nombreux tours et détours, et c’est bien. Vaiment.

    • Kloud

      Comment se débarrasser de l’intrus qui perturbe un moment de jouissance. J’aime beaucoup ces mêmes vers du début qu’on retrouve à la fin, comme si l’incursion n’avait plus d’importance. Bravo.

    • Manue

      Nous avons eu un peu la même idée ! C’est intéressant de découvrir une autre version de ce que j’ai imaginé de mon côté !

    • Terjit

      Je suis certain que Paul ne t’en veut pas

  8. miss Marple

    Bonjour! je me suis bien régalée!!

    Zeus, tourne
    pas de vis à droite !

    quid, pas de vice à droite
    et à gauche, y a du vice peut être ?

    Je t’ai dit, tourne

    pour essorer ce balai ibère
    tu dois tourner vers la droite
    ainsi l’eau s’écoulera
    humidifiera Héra
    juste là où il faut
    pour alors engendrer
    un nouveau rejeton
    car une minuscule partie
    de l’univers échappe encore
    à ta toute puissance.

    Les bienfaits du balai ibère
    rejailliront sur toi
    ta gloire sera chantée
    par delà la terre, le ciel
    et la mer :
    Que Zeus est grand
    Zeus est magnifique
    Zeus a sauvé ma journée
    chanteront les femmes
    du monde entier
    que tu réduiras ainsi à une tache ancillaire :
    ôter toute tache
    par nous, mâles créée.

    Tourne Zeus
    pas de vis à droite !

    • Adèle

      Je ne regarderai plus mon balai du même œil !
      Bravo pour les jeux de mots et l’imagination ! Original !

      • miss Marple

        merci!! cela m’est venu cette nuit!!

    • Antigone

      Très original .

    • Kloud

      Excellent et étonnant. J’adore ce côté absurde écrit joliment.

    • Manue

      Vraiment inventif, j’adore tout ce que nous pouvons faire avec les mots !

    • Terjit

      Quelle imagination, et comme les jeux de mots coulent naturellement. Très bon moment de lecture, Merci

      • Lothar

        Allez hop … du balai. J’aime le rythme, les mots joués, sûrs réalistes.
        Allez hop … encore un tour d’écrou

    • Kloud

      Même avec le décalage d’une semaine, le plaisir est là. Bravo. C’est rondement mené, avec une tension résumée en peu de phrases, et une chute radicale.

      • estellecalim

        Je suis une adepte des chutes radicales

    • Terjit

      Ouf…!!! j’ai bien cru que l’avenir devenait clair et puis crac, la chute pas vue venir !

      • Lothar

        Plus dure en est la chute. Les casseroles que l’on traîne derrière soi nous rattrapent toujours un jour. Merci pour cette tranche de vie … et de mort.

    • Kloud

      Bravo, Pierre. Comme d’habitude, un régal. Ton conte fantastique me ravit : son absurdité, ainsi que les choix de noms anachroniques, tel Tryphon Tournesol et Custer. J’aime beaucoup te lire.

    • Manue

      Bah oui évidemment ! Chouette lecture, divertissante à souhait ! Merci.

    • Lothar

      Tryphon l’a dit : les dieux nous prennent pour des billes. M’étonne pas …
      J’aime bien … toujours

  9. Céline

    Bonjour. Voici mon texte avec un peu de retard. Bonne lecture et bon dimanche.

    Ah ça, j’en vois passer de tous genres au fil des journées…
    Les passionnés qui me scrutent dans le moindre détail et dont je ressors toute déshabillée.
    Les curieux, le regard évasif et le geste retenu, se posant intérieurement mille et une questions.
    Les épuisés, tassés sous le poids du piétinement imposé par le dédale des salles à parcourir.
    Les commentateurs, qui ayant lu ma plaquette d’accompagnement, en tienne tout un discours personnel.
    Les joueurs, qui imitent ma position, l’équilibre précaire et le sourire aux lèvres.
    Les peu intéressés, jetant à peine un regard et se faufilant rapidement vers une autre.
    Les touristes, appareil photo pendu au cou, me mitraillant de toutes parts pour pouvoir mieux me découvrir de retour au pays.
    Les érudits, me recasant dans une période historique ou une autre, un lieu, une histoire.
    Les étudiants qui s’évertuent à recréer l’ensemble de mes courbes sur leur carnet de croquis.
    Les petits, sautillant pour mieux me découvrir de toutes mes facettes.
    Les ados, qui levant légèrement la tête de leur écran, la rabaisse aussitôt en découvrant mon sein dévoilé, le rose aux joues.
    Les pipelettes, qui poursuivant leur discussion passionnée, passeront avec un coup d’œil blasé.
    Les seniors, rajustant leur monture, et s’approchant au plus près pour mieux me détailler.
    Et puis il y a cet hurluberlu, qui se présente comme artiste, qui a posé cette drôle de sphère bleue dont je ne sais que faire maintenant !!!

    • Kloud

      Bien observé et très bien décrit. On devine que tu fréquentes les expos… Et la chute, imparable.

      • Céline

        Merci. Il y a un bon moment que je n’y suis pas allée mais les souvenirs sont là.

    • Pierre F.

      La faune de visiteurs bien décrites. On ne vient pas tous au musée pour les mêmes raison. Savoir observer et décrire, voilà une qualité essentielle à tout écrivain. Bien vu Céline.

      • Céline

        Merci beaucoup.

    • Lothar

      Vu par les yeux d’une statue. Pas facile tout ça … ça crispe. J’aime bien.

      • Céline

        Merci beaucoup

  10. Manue

    Je suis en retard !

    Parfois le matin son corps criait famine et elle n’avait que ses mains.
    Ses mains et toute la puissance de son imagination.
    Alors elle s’inventait une histoire.
    Elle était belle. Le tissu de sa robe était si léger qu’il suffisait d’un souffle d’air pour qu’il s’anime et que doucement il caresse sa peau.
    Elle n’avait plus qu’à s’allonger. Et lentement découvrir sa poitrine. Déjà ses seins se redressaient, elle aimait lorsque la pulpe de ses doigts durcissait ses tétons qui ne demandaient que cela.
    Puis sa main descendait sur son ventre, et sur son sexe, qui frémissait plus bas.
    Ce corps. Ces formes. Ses rondeurs détestées.
    Elle avait appris à l’aimer. A s’aimer.
    Quand la solitude d’un moment permettait un instant de douceur.
    Le plaisir anesthésiait ses doutes.
    Ses doigts effaçaient ses pensées les plus sombres.
    Elle était l’artisane de son propre bonheur et qui mieux qu’elle pour se cajoler un peu. Aimer ce corps de femme.
    Aimer le corps des femmes.
    Les désirer de toute son âme.
    Parfois le matin son corps criait famine et elle n’avait que ses mains.
    Ses mains et toute la puissance de son imagination.
    Alors elle s’inventait une histoire.
    Une bulle glissait sur elle et réveillait chaque parcelle de peau.
    Elle n’avait plus qu’à se laisser emmener. Loin.
    Là où le temps n’existe plus.
    Seulement les sens et une vague qui ondule au creux des reins, qui soulève le bassin, qui fait jaillir un cri, un soupir, un souffle, qui laisse épuisée.
    Un vide se crée alors. Une suspension de tout.
    L’amour de soi comme une réparation.
    Parfois le matin son corps criait famine et elle n’avait que ses mains.

    • Pierre F.

      Une jolie touche d’érotisme dans ce texte que j’aime beaucoup.

    • Adèle

      Très joli texte sur le plaisir féminin ! Les phrases sont ciselées, les mots justes, jamais vulgaires. Magnifique aussi, la sentence répétée. J’adore !

    • Lothar

      Tout en pudeur et retenue mais pas que … Jusques aux frontières du joliment dire.
      J’aime beaucoup, et cet incipit chutant en parenthèses protectrices.

  11. Kloud

    Très beau, Manue ! Une grande sensualité associée à une grande sensibilité. J’adore ton texte. Il magnifie l’amour de soi autant que celui des autres femmes.

  12. Didi

    Tous les textes sont d’une grande variété ! J’adore
    Et parfois les idées se rejoignent :
    La mythologie très présente, Jeff Koons, et se mettre dans la tête de la statue !
    Merci merci
    Bonne fin de WE

  13. Terjit

    Nathalie et Vincent ont su créer un petit nid douillet, propice à l’expansion de leur amour et à la venue prochaine d’une descendance aussi nombreuse que joyeuse. Depuis que la maison a été construite le jardin a mis du temps à s’organiser et maintenant la tonnelle apporte une douce fraicheur aux après-midis d’été. Le bonheur s’était immédiatement installé, mélange d’amour et de rires, puis le temps est passé, lentement, avec application il a marqué les mois, puis les jours, enfin les heures. L’attente est un plaisir quand on peut en anticiper la fin, mais parfois elle est si longue qu’elle se transforme en ennui, même en souffrance.

    La première année c’est avec le sourire qu’ils ont pris la chose, probablement quelques caprices de la nature, se disaient-ils, et puis ce n’était pas la première fois dans la famille de Nathalie qu’une femme avait un peu de mal à avoir son premier enfant, rien de grave en somme. Au début de la seconde année ils se disaient que cela allait arriver, immanquablement arriver, qu’il n’y avait pas de raison, parce que la vie veut parfois se faire attendre. Puis les mois sont passés, et à chaque apparition de nouvelles règles l’espoir devenait frustration. Leur couple n’en souffrait pas encore totalement mais parfois une larme se glissait entre eux, puis d’autres fois un silence si lourd qu’il écrasait toute empathie pour la souffrance de l’autre.

    Au milieu de la troisième année les premiers reproches apparurent, très minces, presque timides, mais ils commençaient à s’installer insidieusement. Conscients des risques pour leur bonheur les premières consultations furent planifiées. D’abord Nathalie, puisqu’il paraît que d’habitude le problème vient plutôt de la mère, c’est du moins le message passé en sous cape par les amis et la famille. Bien sûr rien d’anormal ne fut détecté, tout semblait sain et opérationnel. Nathalie était soulagée, naturellement, mais elle mit plusieurs semaines à en parler ouvertement à Vincent, de peur, probablement, de froisser sa supposée puissance masculine.

    Un soir, devant la cheminée, elle prit son courage à deux mains et en parla avec lui, avec des mots simples, choisis, saupoudrés pour ne pas être indigne de leur amour. Vincent prit les informations avec un calme apparent, ne répondant que par des « d’accord », « tant mieux que tu n’aies rien de grave », « ça va venir ma chérie », et quelques gestes de tendresse un peu artificiels. Puis la discussion s’arrêta là, Vincent était fatigué de sa semaine de travail, il préférait aller se coucher et en reparler plus tard.

    Les semaines passant, Nathalie ne pouvait que constater que plus tard pour Vincent était synonyme de jamais. Puis leur relation de couple devint plus distante, la couche conjugale était de moins en moins source d’extases, à peine la tendresse parvenait encore à se frayer un chemin entre ces deux êtres pétris de non-dits.

    Comme la tradition l’exigeait, Ils allèrent diner au restaurant pour l’anniversaire de Vincent. Le repas se passa entre sourires forcés, discussions sans intérêt et silences pesants. Vincent but un peu plus que d’habitude, pas beaucoup plus mais assez pour ne plus avoir la capacité de conduire. Nathalie insista pour prendre le volant, jusqu’à saisir les clés des mains de Vincent qui refusait comme d’habitude à se résigner à « sa faire trimbaler par Maman » comme il disait avec un sourire méprisant qui touchait au cœur. La dispute éclata sur le parking, Vincent installé derrière le volant, Nathalie debout à côté de la porte de la voiture tentant de raisonner son mari aussi aviné qu’énervé. Personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé d’autre dans le noir, à peine quelques autres clients entendirent des éclats de voix dans la pénombre, puis virent la voiture démarrer en trombe.

    La suite a été racontée dans les journaux : le corps dénudé retrouvé dans un fossé le long de la départementale, les affaires de Vincent lavées à la hâte, l’arrivée des gendarmes venus arrêter Vincent à la sortie de son travail, les preuves qui s’accumulent, les témoignages de la famille et des amis, l’ajout de Nathalie à la longue liste des féminicides, puis la condamnation à perpétuité.

    L’affaire terminée la maison fut vendue aux enchères avec tout son mobilier et la représentation de Nathalie en marbre blanc que Vincent avait fait installer sous la tonnelle au fond du jardin, avec une petite planète bleue posées sur son ventre, comme une métaphore de ce monde qu’ils rêvaient de créer.

  14. Adèle

    Oh la la, quelle histoire épouvantable ! Mais racontée d’une plume aguerrie, faisant monter petit à petit la tension narrative ! J’ai cru que Vincent mourait dans l’accident, et qu’ensuite Nathalie se découvrait enceinte, mais non, ta fin est bien plus originale !
    A quand un roman policier ?

  15. Lothar

    Bien écrit ce récit avance inexorablement sur les ailes du temps jusqu’au point de non retour. Touches après touches. J’ai bien aimé ma lecture.

  16. Lothar

    Quand je suis inspiré rien ne sert d’aller contre, alors j’écris, je poste.

    J’aime beaucoup l’inspiration
    Calmement. Profondément
    Nous sommes un couple d’amoureux

    Mais si la plume est paresseuse
    Si elle me file entre les doigts

    Si elle n’est plus au rendez-vous
    Je reste heureux car ma ferveur
    S’en va vers elle et non vers moi

    J’aime d’amour l’inspiration
    Qui se cache, qui se défile

    … L’inspiration qui me possède.

    https://lotharquejamaisfr.wordpress.com/2024/01/31/vite-jetez-cette-boule-bleue-a-ce-naufrage/

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