Bonjour à tous ! Non, le blog n’est pas mort ! Il est tel le phénix et renaît de ses cendres !
Pour cette nouvelle année, une de mes résolutions est d’être de nouveau régulière dans le fait de poster des photos ! Ce rendez-vous me manquait !
Le principe est toujours le même. Vous écrivez un texte à partir de la photo postée, vous le postez dans les commentaires. (Si jamais vous avez un blog, vous pouvez aussi le poster dessus. N’oubliez pas de mettre un lien vers le dit-texte pour qu’on vienne vous voir. Vous pouvez aussi le poster aux deux endroits.)
Ensuite, pour la convivialité, vous pouvez commenter un, plusieurs, ou tous les textes qui seront écrits à partir de cette même photo.
J’ai toujours aimé la pluralité des points de vue. La photo le permet.
A vos crayons !!!!
Publication des textes le samedi 7 janvier !!!
Ravie de savoir que l’atelier « une photo, quelques mots » reprend ! 🙂
Belle fin d’année, Alexandra.
Ravie de vous retrouver, aussi !
Merci Laurence ! Au plaisir (grand !) de vous relire !
Génial : mon cerveau commence déjà à frétiller ! Heureuse de retrouver ce rdv !
Ha super !
Moi aussi, je suis contente.
Texte rédigé à l’instant ! Merci à toi pour ce cadeau <3.
Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureuse de vous relire !
Oh génial ! J’en suis !
Yiiipaaa !
Merci à Stéphane de m’avoir dit que tu relançais l ‘atelier.Merci à toi de le faire. Rien que de lire vos noms j’ai plein de beaux souvenirs qui refont surface. Alors Merci à tous!
On va s’éclater 🙂
Yes ! 😀
Je suis dans le même état que toi ! Retrouver vos noms, vos pseudos, c’est un bonheur ! Merci d’être là !
Très bonne nouvelle, je participe !
Génial, merci d’être là ! 😀
Bonsoir
ce sera un petit texte bien court. Je n’ai pas écrit depuis plusieurs années, la reprise est un peu hard …
Toujours un moment particulier que de lire la dernière page d’un roman que j’ai particulièrement apprécié et de le fermer. Investie page après page, dans la vie de personnages à qui j’ai donné vie, je me retrouve toute seule. Comme si les personnages avec qui j’ai partagé des moments emplis de banalité ou précieux m’abandonnaient. Parfois cette dernière page me laisse un goût doux et fait naître le sourire sur mes lèvres. D’autres fois, elle m’agace car je la trouve injuste ou qu’elle ne correspond pas à ce que j’aurais voulu pour les personnages. Mais elle me laisse rarement indifférente et quand je ferme mon livre sur cette dernière page, je ressens le besoin de le tenir en main, de le garder contre moi avant d’aller le ranger. Sans doute un moyen de dire au revoir et merci aux personnages qui m’ont nourri de leur expérience, qui m’ont aidé à relativiser des choses, qui m’ont fait réfléchir à des faits d’actualité ou historiques, qui m’ont faire rire, qui m’ont fait pleurer, qui ont partagé avec moi des émotions, qui m’ont permis de m’évader, de voyager. Merci aux auteurs aussi.
Hâte de vous lire
Valérie
Haaa ces sentiments qui naissent après une lecture … c’est tellement ça, e bonheur de lire, d’imaginer, de rouspéter aussi ! Merci Val de ta participation ! 😀
Tu décris très bien ce moment où l’on referme un livre aimé.
Ce moment est même tellement particulier qu’il m’arrive de serrer sur mon coeur un roman qui m’a transportée. Merci pour ce texte qui nous rappelle toutes les richesses offertes par la littérature.
C’est tout à fait ça. Mais vu la quantité de livres que je dévore il est quand même heureux que je ne garde pas tous les personnages en moi
Le texte retranscrit l’abandon qu’on ressent en finissant un livre, il est touchant.
Bravo. C’est très bien vu et décrit. La fin d’un roman est quelquefois la fin d’une histoire, mais jamais celle de l’émotion.
Je retrouve parfaitement dans ton texte le sentiment que j’ai à la fin d’un livre. Un bien joli texte !
On ressent très bien le lien fort entre l’histoire et le lecteur. Un chouette hommage à la lecture !
Une façon de voir cette lectrice anonyme différente de la mienne qui commençait son livre, quoi qu’il en soit, un livre achevé demande toujours un temps de réflexion avant de le ranger, bravo pour nous l’avoir rappelé ! 😉
C’est très juste, ce que tu écris. Moi aussi, je fais ça, garder en mains le livre que je viens de finir comme pour le saluer… eh bien, je n’en avais pas conscience !
Merci pour cette réflexion sur ce que les lectures, et les fins en particulier, provoquent en nous. Quelle puissance que la littérature. Bisous
Texte juste terminé. Je vais tenter de le mettre sur mon blog, si je me souviens encore comment le faire ;-).
Hihi ! Moi aussi, j’ai dû appeler mon frère à la rescousse ! Je n’avais plus les codes admin pour me connecter ! 😀
J’en serai aussi, à demain.
Super ! 😀
Essai de profilage…
Quelques instants de méditation avant d’entamer la lecture de ce pavé, d’au moins quelques 450 pages, sagement posé sur les genoux de notre lectrice, en cette fin de journée, si l’on en croit la lumière naturelle rasante.
Dans une autre dimension, nous l’aurions plutôt vue, sa lecture achevée, tirant la leçon des heures durant lesquelles son esprit à imaginé les scènes décrites par l’auteur d’une plaisante fiction, peut-être sentimentale, mais dans ce cas, nous aurions une quatrième de couverture et la grande tranche en lieu et place de la première et du dos de l’ouvrage.
Les tâches qui l’ont tenue occupée jusqu’à ce moment de pleine sérénité sont achevées et les mains qui ont vécu, tout en restant soignées, sont croisées, en attente de l’ouverture imminente du livre et donc leur reprise d’un service modéré. La longueur de ses doigts me la désigne comme une artiste en son domaine, qu’aucun autre indice ne permet de préciser.
Sa tenue passablement désuète, d’un autre siècle, (chemisier boutonné sous une veste en velours et jupe plissée en lainage) la situe très bien, assise dans sa chaise à bascule à l’abri de sa véranda, face à un jardin arboré, ou dans quelques montagnes mais certainement pas en Louisiane, peut-être avec un livre saint, mais le portrait au dos du volume récuse l’hypothèse de l’appartenance à une communauté pieuse.
Seul le photographe sait qui elle est et je ne peux donc que leur souhaiter une agréable soirée !
😉
Oh oh ! Bel essai ! Et cette ouverture qui n’est pas seulement celle de l’appareil photo, mais aussi celle de la soirée qui se … profile ! 🙂
Merci et belle fin de soirée à toi ! Une petite tisane sur la table à côté de ton fauteuil ? La mienne est au chaud sur le coin du poêle ! 😉
Très belle interprétation de cette mystérieuse (et belle) photo.
Merci à toi, l’exercice est difficile pour qui n’écrit que ce qui lui passe par la tête !
Intéressant point de vue auquel je n’aurais jamais pensé ! J’aime beaucoup la description de ces mains au repos.
Merci, j’ai presque revu les mains de ma mère enfin au repos…
Un bel angle d’attaque qui me fait réfléchir sur la scène proposée.
Super!
Merci à toi ! C’est d’ailleurs par tes bonnes résolutions que je suis arrivée devant cette photo énigmatique ! 😉
Belle analyse sur un ton plein de sensibilité. C’est joli et pertinent. Quitte à déflorer une partie du mystère pourtant nécessaire, il m’a semblé vaguement distinguer (à la loupe de mon ordi) le nom d’Isabel Allende sur la tranche du livre…
J’ai essayé de grossir la photo et de regarder l’écran avec ma loupe, mais c’était trop flou, mille mercis pour cet indice ! 😉
Un vrai travail de détective, bien vu !
J’ai peut-être raté une vocation ? 😉
Une analyse minutieuse qui laisse cependant planer tout le mystère de la photo!
Normal, je ne connais pas ces vêtements dans mon entourage proche, ni n’ai reconnu l’arrière-plan, alors tous les doutes restent permis, non ? 😉
Ce n’était nullement une critique…
Tout va bien, ne te frappe pas, je ne l’ai pas reçu comme une critique, c’est de l’humour chez moi ! 😉
Intéressant cet angle ! Comme une envie de comprendre en décrivant…
J’avoue, c’est mon très gros défaut, il faut toujours que j’essaie de comprendre ! 😉
Oh ! la véranda, je la vois très bien ! Tout comme le jardin arboré. Peut-être un champ de maïs, à l’arrière?
Pas vu de maïs, mais nous ne sommes pas obligées d’avoir le même paysage et je n’ai pas d’objection à ce qu’il y en ait un champ ! 😉
Ah le titre suggérait un thriller ou un polar mais non, on frôle la description et l’analyse d’un tableau d’art ! Un profilage réussi ! 🙂
Merci à toi ! 😉
Merci pour ce point de vue très personnel et très élégant sur cette photo !
Formation scientifique et non littéraire, cet exercice a été une première pour moi et je ne savais pas vraiment comment l’aborder, au moins je n’ai pas un zéro pointé ! 😉
Quel bonheur de retrouver cet atelier ! Merci Alexandra pour ce joli cadeau de début d’année !
Mes solitudes heureuses
Mes mains sagement posées sur le livre dont je viens de tourner la dernière page, ma jupe et mon blazer vert, uniforme de la vieille femme que je suis devenue ne révèlent en rien les dernières heures écoulées. Bien loin du salon où l’odeur d’encaustique ne dissimule pas vraiment celle de l’humidité imprégnant les murs, j’étais au côté d’Alexandra David-Néel sur le chemin de Lhassa.
Ce soir, dans mon journal intime, baromètre de mes humeurs, je consignerai cet après-midi volé au quotidien. D’ordinaire, le mardi, j’assiste à une conférence de l’Université avec mes amies du Club Lecture. L’intervenant ayant manqué son train, s’est offert à moi une plage horaire inattendue, un moment de solitude heureuse.
Femme et épouse accomplie, mère de famille exemplaire, je suis, au dire de tous, l’incarnation de la vertu. S’ils savaient comme cette vertu m’oppresse, corset trop étroit, image d’Epinal. Au fil des décennies, j’ai trouvé un moyen de m’évader sans que quiconque le soupçonne. Ces escapades se déroulent même sous les yeux de mes proches qui n’y voient que du feu.
Par la fenêtre de la cuisine, j’observe le pic vert, devenu un familier de notre jardin. Posé près du massif d’azalées, ce petit marteau-piqueur s’acharne sur une touffe d’herbes, repère de vers de terre auxquels il ne laissera pas la moindre chance. Dans mon dos, j’entends que ça se chamaille. Tant que le volume sonore reste raisonnable, je ne me retourne pas pour jouer les gendarmes.
Sur le ferry qui nous amène à Cork, accoudée au bastingage, je ferme les yeux pour mieux sentir sur mes visage les embruns salés. Le vent souffle fort et j’entends les paquets de mer qui s’abattent sur le bateau, claques violentes mais indolores. Dans mon dos, Barnabé me répète que je suis folle de m’exposer ainsi. Tant que son ton ne devient pas impérieux, je ne me retourne pas pour lui répondre « Tu as raison, mon chéri, il est plus prudent de se mettre à l’abri. »
Dans le salon de thé où le Club de lecture a ses quartiers, j’écoute d’une oreille distraite la conversation mollassonne de mes amies sur le roman choisi. Je jette un regard alentour et mes yeux se posent sur le service à thé, exposé dans une vitrine derrière le comptoir. Sa porcelaine presque translucide et la scène représentée signent son origine asiatique. Je me perds dans le vert acidulé des bambous et le rose vif des robes. Tant que personne ne me demande mon avis sur le livre du mois, je ne réintègre pas le cercle des bavardages, la ronde des lieux communs et des derniers potins.
Au sein même de la société, je suis devenue une Houdini de la pensée. Vous m’imaginez, là, à vos côtés, alors que je suis partie, à l’abri, dans le continent secret de mes solitudes heureuses.
Joëlle Loeuille
Le texte est aussi sur mon blog, ressuscité pour l’occasion 😉 :
http://albertine22.canalblog.com/archives/2023/01/07/39771721.html
Ha j’aime ! Il y a immédiatement une ambiance, on est avec ton personnage, on est avec elle, dans ses pensées, on sent et hume avec elle !
Beaucoup aimé aussi cette idée du personnage qui est loin de ce que les apparences disent d’elle, et ce qu’elle est en réalité, de son jardin secret. Merci !
J’imagine le personnage de cette photo comme tu la décris .
Belle atmosphère intimiste et beau portrait tout en nuances subtiles.
Tu as parfaitement décrit la magie de la lecture, celle qui permet de s’évader parfois très loin en toute discrétion et sans contrainte aucune. Merci pour cetet belel ambiance.
Bravo. Que c’est bien décrit ! Cette aventure cérébrale, cette facette cachée aux yeux de tous. Alexandra David-Neel a dû ressentir la même chose en son temps. La différence est qu’un jour elle est partie pour de vrai au Tibet et revenue au bout de deux ans…
C’est beau et c’est vrai ! La lecture apporte mille fois plus de plaisir que ces réunions où l’on se force à parler des livres !
Quel bonheur de réussir à s’échapper de son quotidien comme ton personnage le fait. Je n’avais pas les références citées mais ton texte m’a donné envie de découvrir l’objet du roman dont tu parles au début ainsi qu’Houdini. Je suis devenue une Houdini de la pensée prend tout son sens. Merci à toi.
Un texte écrit avec beaucoup de délicatesse et de justesse, je trouve. Merci pour ce chant aux solitudes heureuses !
Amusant de voir se livre refermé alors que chez moi il allait être ouvert, j’ai aussi souvent voyagé avec la fascinante A.D-N, par contre, je n’ai jamais eu l’occasion de lire sur un ferry et n’ai pas de pic-vert dans mon azalée mais un merle qui imite avec son bec le bruit de la pluie qui tombe pour faire remonter les vers de terre et j’ai croisé Houdini dans un livre il n’y a pas si longtemps ! 😉
Elle me plaît, cette vieille dame, un brin rebelle, qui se venge des carcans que la vie lui a imposés en s’échappant dans les livres ! Tu parviens admirablement à lui donner vie.
Je suis toujours aussi fan de ta plume !
Une ode au plaisir de lire que n’aurait pas renié « La librairie de la place aux herbes »…
https://www.babelio.com/livres/Kermel-La-libraire-de-la-place-aux-herbes/905835
Bonjour à tous ! Mon texte est en ligne ici !
https://leslecturesdantigone.wordpress.com/2023/01/07/latelier-decriture-n421-de-brickabook/
« L’âge en réalité avance sans toi. »
Qu’est-ce que j’ai aimé te lire. Et cette phrase qui résonne tout particulièrement chez moi.
Merci Antigone ! Te relire est bon ! <3
Merci à toi d’avoir remis en route l’atelier
J’ai commenté chez toi ce texte qui m’a beaucoup touchée.
Quel beau clair-obscur. J’ai adoré vous lire.
Ravi de te relire, Antigone. Ton texte est très beau tout en étant poignant. Une émotion en filigrane du début à la fin.
Merci à toi
Rien qu’en voyant ton nom Antigone dans les premiers commentaires postés, je me suis rappelé les émotions ressenties à la lecture des textes passés. Ce premier texte me prend littéralement aux tripes!! Merci à toi et surtout n’hésite pas, écris!
Oh merci
Par contre, je n’ai pas réussi à commenter sur ton blog…
Ah mince !
Qui se souvient du slogan : le poids des mots, le choc des photos… ? C’est ce que ton texte m’inspire, bravo à toi ! 😉
Oh merci ;).
Quelle rage ! Un texte très fort ! Qui dit tout ce qu’on voudrait taire.
C’est un peu ça oui, merci 😉 !
Ma plume instantanée est rouillée. Mais je compte bien venir la déverrouiller ici chaque samedi. Voici mon lien : https://www.milleetunefrasques.fr/une-photo-quelques-mots-bilan/
Je reviens dans le week-end pour lire les participants 🙂
Ta plume est rouillée ? Voyons ! Tu n’as jamais cessé d’écrire ! 😉 Je file te lire.
Je parle de cette écriture instantanée que j’aime pratiquer le matin devant une photo. Se lancer et se relire à peine. L’écriture spontanée dans l’instant présent 🙂
Le bilan de 50 années et la vie qui continue et on s’étonne d’être toujours là et d’avoir toujours le même espriit même si le corps lui ne nous attend pas pour vieillir….
Merci 😉
Bravo. Jolie balade-bilan de la vie pleine de sensibilité. J’ai aimé cette balance du beau et du laid qui se substitue avec bonheur à celle du bien et du mal.
Merci pour tes mots, j’ai toujours beaucoup aimé ton regard sur mes textes. Une des raisons qui rendent doux le retour ici 🙂
L’attitude fixée par le photographe incite à l’introspection… 😉
C’est vrai que la photo y incite 😉
« Se pardonner, à l’aube, tout ce qu’on a évité de commettre. » Ton texte me touche beaucoup, cette phrase en particulier.
Merci Sophie 😉
(Trop contente d’écrire à nouveau ici ! Belle et douce année 2023 à tous !)
Dans les rues de Londres, la pluie battait le pavé. Depuis un mois sans discontinuer, empêchant la clarté du jour de percer le gris du ciel, les sabots des chevaux de se tenir au sec. Tout n’était que ruissellement et engorgement. Les canaux, les rives, les sentiers, les rues et les ruelles, les soubassements et les égouts. Cela poissait, cela empestait. Comme le cœur des hommes qui s’assombrissait, dans le chaos du trop peu, de la misère qui abreuve les colères et les haines. La faute aux bourgeois, aux immigrés, aux gens d’en face, de là-bas, de là-haut. Des entrepôts sur les quais furent réquisitionnés pour offrir aux plus démunis une écuelle de soupe et un quignon de pain, mais les estomacs n’étaient pas du genre à se rassasier si facilement. La besogne manquait et les poches vides devinrent mauvaises, prêtes à tout pour quelques sous. A chaque coin de rue, les femmes vendaient leur corps, les hommes guettaient l’inconnu à détrousser. Dans les bars et les logements insalubres, l’alcool échauffait les gosiers. Dehors, on ne comptait plus les émeutes. Les sirènes de la Police se démenaient à tue-tête, mais on ne peut arrêter un feu qui embrase toute une ville.
Dans la nuit du 12 septembre 1888, l’inénarrable fut commis. Le premier acte d’une longue série de barbaries. Un homme devint un monstre.
Mary Jane posa ses mains sur le cuir râpeux du livre posé sur ses genoux, l’une sur l’autre, comme pour se recueillir un instant avant de reprendre la parole. Sous sa veste boutonnée et son chemisier à col montant, deux cicatrices. Une première douloureuse sur la partie basse de son abdomen ; une autre disgracieuse au ras de son cou. Plusieurs soupirs. Des souvenirs terrassants. Un souffle ébranlé, mais déterminé. Devant l’assemblée de ces femmes au regard hagard, une vingtaine, trente tout au plus, dans cette ancienne auberge abandonnée, Mary Jane déclama que plus jamais sévices ne seraient perpétrées par l’assassin aux lames acérées. Elle invita l’assistance à se tenir par la main et à prier en chœur les Saints protecteurs. Saint Thomas Becket, Saint Charles le martyr et Saint Augustin de Canterbury. De ses doigts pâles, elle ouvrit le grimoire à la page 23 et récita haut et fort l’incantation.
« Sanguis mane un te sicut fecit Christus in sanguis mane in tua vena sicut Christus in sua poenet sanguis mane fixus sicut quando fuit crucifixus
Volo efficientiam vimque in usu posito magicae disciplinae habere
Jubeo malos spiritos partire fugireque »
C’est ainsi qu’à l’aube d’un dimanche clair-obscur, Jack L’Eventreur mourut telle une ombre happée par la naissance d’un nouveau jour.
Bravo pour cette petite terreur ressentie en ce samedi matin avec ton texte. J’y étais .
Désolée pour la terreur 😉 Faut dire que je me suis remise à lire Edgar Poe…
La description initiale est magistrale. On est au coeur de ce Londres qui gronde. Bravo !
Oh, merci beaucoup Joëlle !
Le pouvoir des mots qui frappent et tuent et offrent aux victimes une renaissance…
Je retrouve avec plaisir ton sens du détail et la richesse de ton écriture qui permet cette immersion instantanée dans le récit. Merci !
Merci pour le joli commentaire !
Ce qui m’effraye dans ton texte c’est que je pensais que ces mots pouvaient en grande partie décrire certaines situations que nous vivons de nos jours…en 2023!
Je te comprends. La réalité dépasse malheureusement souvent la fiction…
Superbe, Séverine. Très content de te lire à nouveau dans Bricabook. Ton texte est remarquable d’efficacité : le contexte social et quotidien, le raccord avec l’Histoire de Jack l’Eventreur, le châtiment,…. Et fort bien écrit comme d’habitude.
Merci Kloud ! Tu as toujours l’art du commentaire qui fait plaisir. Trop contente de te retrouver sur ce si beau terrain de jeu. M’en vais lire ton texte
Quel plaisir de retrouver ta plume magnifique !
Plaisir partagé !
Une révolte des femmes, je plussoie ! 😉
Je suis admirative de la manière dont tu installes vite l’atmosphère. On croirait marcher sur les trottoirs de Londres.
Oh merci ! Et c’est vrai que c’est la première partie que j’ai préféré écrire 😉
J’adore ! On est parfaitement dans l’ambiance du 19e. J’avais lu une super BD : « Mary Jane » : tu la connais ? Je te la recommande. Et merci pour ton texte 😉
Oh merci, Stéphanie ! Je note pour la BD « Mary Jane », vu ce que m’en dit Google, elle a tout pour me plaire !
Bonjour à tous, pour la lecture de mon texte c’est ici ! https://palettedexpressions.wordpress.com/2023/01/07/cetait-lheure-apres-le-souper-avant-de-rejoindre-le-dortoir/
Bravo. Très bien décrite cette atmosphère pesante du pensionnat de jeunes filles. Et Soeur Bénédicte propose un soupçon d’air par ses lectures édifiantes. Certes le « Mouron Rouge » n’a rien de paillard, mais il donne aux demoiselles quelques beaux rêves de princes charmants et courageux. Les valeurs religieuses en ressortent saines et sauves.
A cette époque rêver était presque subversif ! 🙂
Merci Kloud.
J’ai adoré ce retour dans le passé de ton pensionnat, merci ! 😉
Merci à toi !
Soeur Bénédicte (elle me plaît beaucoup, cette religieuse dont on imagine la vie intérieure), les odeurs, les jeunes filles penchées sur leur ouvrage, on s’y croirait. Ton texte est magnifique !
Merci beaucoup Sophie !
Bonjour tout le monde, ma participation se trouve sur https://photonanie.com/2023/01/07/brick-a-book-421/ mais je vous le dépose ici aussi. Bonne journée.
J’étais très mal à l’aise devant la prof de français. Elle avait l’habitude de faire passer les examens oraux en face à face, à l’ancienne disait-elle. Pour moi c’était une première. Avec les autres profs, il y avait toujours au moins une table pour nous séparer.
Logique qu’elle travaille à l’ancienne vu comment elle s’habillait ! Je me sentais un peu gênée sous son regard perçant avec mes jeans troués aux genoux et mes grosses bottines mal lacées mais moi au moins j’étais de mon époque. Pas comme cette vieille fille qui semblait avoir été momifiée depuis la dernière guerre.
Elle tenait sur ses genoux un exemplaire de l’ouvrage qu’elle m’avait imposé de lire et attendait que je lui fasse un exposé sur l’auteur d’abord puis sur l’histoire en elle-même selon ses consignes données la semaine précédente.
Sauf que je n’avais eu aucune envie de le lire son vieux bouquin poussiéreux. Hier, il faisait si beau que j’avais été me balader avant de retrouver des copines chez le marchand de glaces. C’est sûr que je rigolais moins aujourd’hui…
Je commençais à suer, pas seulement à cause de la chaleur de ce mois de juin mais surtout parce que la prof ne pétait pas un mot ! Elle se contentait de me regarder fixement derrière ses lunettes de myope. Et rien ne me venait à l’esprit. J’avais lu vaguement un résumé ou deux sur internet mais elle me terrorisait. Je sentais mon ventre se tordre et émettre des bruits bizarres qui résonnaient dans la classe vide.
– Alors Mademoiselle me dit-elle enfin, je vous attends. Qu’avez-vous à me dire?
– …
– C’est un peu court, jeune fille, me dit-elle avec le sourire malicieux de quelqu’un qui vient de faire une bonne blague.
– Euh… fut tout ce que j’arrivai à émettre comme son tellement elle me faisait flipper !
– Eh oui dit-elle, tout qui ne sait pas s’exprimer n’a pas toujours un ami comme Cyrano pour lui venir en aide. Nous allons donc en rester là pour cette fois avec la belle note de zéro sur vingt. Vous viendrez me voir en repêchage et j’espère pour vous que cette fois vous aurez enfin lu et apprécié la finesse d’écriture d’Edmond Rostand.
Que de souvenirs me reviennent à l’esprit à la lecture de ce texte ! J’ai été longtemps ce prof ( J’espère que mes tenues étaient un peu plus modernes ;-)) qui suscite la terreur à des candidats qui ont « oublié » de lire le texte à présenter. Joli clin d’oeil à Edmond Rostand.
Merci Joëlle, j’avais envie d’un sourire dans l’austérité de cette vieille fille.
Le face à face prof austère et glaçante avec l’élève qui a autre chose en tête est superbement campé. Et le clin d’oeil à Cyrano est bien vu. Le texte donne envie d’aider l’élève en lui prêtant une tirade qui scotche la vieille prof…
On peut toujours essayer
Un vrai plaisir de retrouver ta plume vivante, pleine de peps et de modernité. Merci, Photonanie !
Avec plaisir Severine. On a l’impression d’être à une réunion d’anciens élèves
Cela semble un vieux traumatisme vécu, et je compatis ! 😉
Oral du bac, à une question de géographie dont je n’avais que faire en section scientifique, j’avais répondu que ma grand-mère aurait su ce que l’on me demandait, mais qu’elle avait omis de me raconter… j’ai quand même eu 7/20 ! 😉
Pas de traumatisme mais le souvenir d’un vieille prof de religion aux yeux très fixes et légèrement exorbités. Ce qui est drôle c’est que j’ai rencontré un de ses fils 40 plus tard dans un club photo mais je n’ai pas osé lui dire à quel point sa mère me terrorisait.
Cela me replonge quelques années en arrière et me rappelle un bien mauvais souvenir. La prof qui m’a fait passer mon oral de français était certes ni vieille ni austère mais elle m’a complètement déstabilisée … Ton texte marque de façon amusante le décalage entre la jeunesse et cette prof qui semble d’une autre époque.
Merci de ton commentaire Valérie.
Bonjour à tous. Ravi de vous retrouver et hâte de lire vos textes. Bienvenus aux nouveaux auteurs. Et merci à Alexandra de nous accueillir sur ce support si créatif et convivial.
Mon texte :
« Suzanne adorait ses livres. Comprimés entre deux éléphants de bois trônant sur le buffet largement vermoulu, elle en possédait sept, sept de taille différentes et de couleurs arc-en ciel. Chaque jour elle en choisissait un avec beaucoup de déférence, le posait sur ses genoux, puis, comme un rituel bien rôdé, elle le caressait de ses mains longues et noueuses sorties d’un dessin de Dürer, avant d’égrener les pages en prenant soin de ne point trop mouiller ses doigts ; le papier, comme tout être vivant est sensible à l’humidité, elle en savait quelque chose. Malgré toutes les précautions, les années et les manipulations fréquentes avaient usé, corné, jauni ces feuillets autrefois si propres qu’il avait parfois fallu séparer délicatement à l’aide de ciseaux à couture faute de coupe-papier. Peu importe. Elle aimait les livres tels qu’ils étaient et les laissait mener leur existence. Il fallait donner de la liberté à ces petits objets pas plus lourds que deux mottes de beurre, qui paradoxalement renfermait à l’intérieur d’eux tant d’ouvertures sur le monde.
Elle répétait à son chat :« Tu vois Minouche, les livres contiennent la vie. Ils racontent des histoires d’amour, partagent la connaissance, t’emmènent dans des univers inconnus, font parfois rire, souvent pleurer… ».
Une fois l’ouvrage remis en place, Suzanne restait un moment à contempler le serre-livre tenant magistralement droites ces tranches multicolores qui ensoleillait la pièce.
Avec une fierté doublée d’un plaisir infini, Suzanne se sentait dépositaire d’un trésor. Un trésor que d’autres devaient sans doute détenir, bien plus considérable, dans des serre-livres d’une dimension qu’elle ne pouvait imaginer. Tant pis, c’était ainsi. Elle n’en était pas jalouse, mais elle les enviait secrètement. Elle qui aurait tant aimé savoir lire. »
Rooooh la chute inattendue. C’est vrai qu’il y a différentes manières d’appréhender les livres… Je te retrouve avec plaisir Kloud
Beaucoup de sentiments et d’émotions complexes dans ton joli texte.
Oui, on ne s’attend pas du tout à la chute qui rajoute encore du charme au texte qui en a à revendre ! Quelle belle description de la fragilité du papier !
J’adore ! C’est superbement écrit, tout en finesse, et la chute est exquise. Merci, Kloud !
Alors Sophie, avec ses 3 ans d’école est une privilégiée par rapport au triste sort de Suzanne ! Elle avait des sabots vernis en guise d’éléphant, disposés symétriquement dans la niche de son buffet et ses livres rangés sur une étagère dans sa chambre, merci pour cette chute inattendue ! 😉
On ressent une profonde tendresse pour Suzanne et la chute si surprenante (comme toujours !) renforce ce sentiment.
Beau texte, vraiment.
Merci Cloud
Très jolie chute qui rend Suzanne encore plus attachante, bravo !
Beaucoup de sensibilité dans ton texte. Le livre comme objet que l’on chérit pour tout ce qu’il permet même (ou encore plus) lorsqu’on ne sait pas lire. C’est beau un livre! Suzanne a bien raison d’en prendre soin. Très contente de te relire.
Bonjour. Quelques problèmes d’envoi. Mais je suis heureux de vous retrouver, et de lire vos textes. Bienvenue aux nouveaux auteurs. Merci encore Alexandra de nous accueillir.
Hello à tous,
tout d’abord mes meilleurs vœux et voilà un peu de lecture, ça fait une éternité que je n’ai pas écrit donc désolée pour la longueur et les maladresses. Merci Alexandra pour le retour de la photo et de l’atelier. Le texte est ici sur le blog
http://eirenamg.canalblog.com/archives/2023/01/07/39772220.html
Bonne journée
Nathalie
Le ton est bien trouvé, à hauteur d’adolescents. Une belle idée que d’avoir choisi d’écrire sur le harcèlement. En espérant qu’un jour, on en vienne à bout…
Bonjour à toutes et tous.
Quel plaisir de lire vos textes. Merci Alexandra de rouvrir la porte de l’imaginaire.
La chute intrigue. Pourquoi cette amoureuse des livres est-elle illettrée ? On a envie de lui venir en aide.
Bonjour à tous et très heureuse de vous retrouver !!! Voici ma participation. https://marinadedhistoires.wordpress.com/2023/01/07/jeu-numero-28/
Magnifique ce dialogue ! L’idée elle-même est déjà excellente, et le texte est superbe. Bravo.
Merci beaucoup, Kloud !
Bravo j’aime beaucoup le fond et la forme. Cet échange entre ce livre qui se sent mourir en même temps que sa lectrice alors qu’elle lui offre une deuxième vie est à la fois amusant et touchant. Bravo
Ses mains,
ses mains tordues
fatiguées, usées,
la peau parcheminée,
tachée, tavelée,
ses mains toujours en action,
dessiner un patron
son centimètre autour du cou,
couper, tailler
faufiler, coudre
repasser sur la table de la salle à manger
ses mains
douloureuses à la fin,
ses mains déformées par l’âge
et les travaux,
ses mains devenues
gauches et
maladroites,
avaient elles jamais été posées
sur un livre ?
Sur un magazine, oui !
qu’elle devait déchiffrer
plutôt que lire,
elle, l’étrangère
qui n’avait fréquenté l’école
que quelques années,
lire dans sa langue
pas en Français !
Avait elle jamais posé ses mains sur un livre,
avec une histoire
qui ressemblerait à la sienne
ou la ferait rêver à une autre vie.
Ses mains sur un livre ?
Un livre sur les genoux ?
Assise dans un fauteuil ?
Jamais !
J’aime beaucoup l’émotion qui ressort de ce texte. On oublie trop souvent que la beauté du contenu d’un livre reste quasi inaccessible à de nombreuses personnes.
Belle description des mains de cette couturière, des mains qui n’ont jamais ouvert un livre, mais ont œuvré pour créer de nombreux vêtements.
Un texte qui se déclame tant il sonne bien. Et puis cette phrase, « elle, l’étrangère », qui fait écho à tant de choses, de poésies, de musiques. Merci !
Mais l’étrangère savait prendre le train avec sa valise en carton et son édredon de plumes roulé en boule retenu par une ficelle, elle arrivait toujours où elle voulait aller ! 😉
J’aime beaucoup, merci pour ce partage !
Une belle émotion se dégage de ce texte Miss Marple
J’aime beaucoup le rythme de ton texte et le rappel effectivement que la lecture n’est malheureusement pas à la portée de tous, n’est pas offerte, permise à tous.
oups! parti trop vite, j’avais oublié le fonctionnement du site!
Bonjour à tous et bonne année
tellement de beaux textes si bien rédigés, vus étiez tous dans les starting blocks!!
belles lectures en 2023
Oups, j’ai mis le lien vers mon texte plus haut, mais j’avais oublié de le coller ici….
LE VIEUX ROMAN
M’emporteras-tu au tombeau, vieille femme ?
Toi qui me lis depuis que ton cerveau en est capable
Depuis que tes doigts savent tourner les pages
Tes doigts autrefois si lisses et si souples,
Aujourd’hui si tordus et torturés pas l’âge
Tout comme mes feuillets froissés et jaunis.
Emballé dans du papier brun, tu m’avais reçu pour tes seize ans
Depuis, je n’ai pas quitté ta table de chevet.
T’imagines-tu seule au tombeau, sans moi ?
Qui te tiendrait compagnie ? Qui te susurrerait les doux mots lus et
relus au cours de ta vie ?
Qui enchanterait de ses phrases les anges et les oiseaux voletant
autour de ta dernière demeure ?
Alors, dis-moi fidèle compagne, ferai-je partie de l’ultime bagage
avec tes lunettes, ta jupe de laine plissée, ta veste verte boutonnée
et ton chemisier blanc soigneusement repassé ?
*
Eh bien non, cher roman, tu ne seras pas enclouté avec moi, car j’ai
d’autres projets pour toi, vois-tu …
Tu vas voyager ! Te dépoussiérer ! Voir du pays et du monde !
Clairette, mon arrière-petite-fille aura seize ans le mois prochain et
l’ignorante ne lit rien ! Ordinateurs, téléphones et que sais-je encore,
ont remplacé ceux de ton espèce auprès des jeunes d’aujourd’hui …
Clairette part bientôt faire le tour du monde avec des amis, et je
compte bien te glisser dans son paquetage !
Après, je n’aurai plus qu’à prier pour une panne d’ordi, une
défaillance de batterie ou la mort subite de son portable…
Ainsi, réduite à l’ennui béni, dans un avion, un train ou une chambre,
elle t’ouvrira enfin, avec un gros soupir… mais au bout de dix pages,
elle ne pourra plus te quitter !
Voir mon commentaire plus haut. Je réitère : le texte est aussi superbe que l’idée.
Oui, vu. Un grand merci !
Les livres sont faits pour être partagés, pour voyager et faire voyager. Jolie façon de nous le rappeler.
Chouette, une histoire magique capable d’enchanter l’arrière-grand-mère et la jeune génération au portable greffé à l’oreille, qui sort en bande, de front dans les rues, chacun parlant à quelqu’un d’absent et non aux présents… est-ce seulement possible ? 😉
Merci pour ta lecture Agathe
Bonsoir. Heureuse que l’atelier reprenne. Voici mon texte du jour, bonne lecture et belle soirée.
Douce cohabitation dans ma maison,
Que serais-je sans vous fidèles compagnons
Du voyage de ma vie
Que peuplent vos écrits.
Vous me faites vivre mille émotions,
M’offrez mille découvertes pleine d’ambitions,
Mes galères de train
Sont devenues notre rdv quotidien.
De mes premiers balbutiements
À des pavés dévorants,
Vous vous faites une place
Dans mes mains et ma besace.
Maintenant je découvre le plaisir
Sur ma p’tite demoiselle de faire rejaillir
le bonheur sans nom
Du littéraire tourbillon.
Joli texte plein de jolies sonorités ! Merci ! (C’est marrant de découvrir la place qu’occupe le livre dans chaque histoire)
C’est très musical. Joli poème qu’on sent sincère.
Joli poème, merci pour le partage
Je me retrouve dans ce poème: le livre toujours présent dans mon sac quand je sais que je vais de voir attendre quelque part… et les livres que je lis maintenant à mes petits-enfants qui ne savent pas encore tous lire seuls…
Un texte plein de légèreté et de charme, on sent bien la présence continuelle des livres.
Une ode bien sympathique aux livres et au bonheur qu’ils nous procurent.
J’en suis ! Oh, que oui !
QUATRE VINS ET UNE
Mijo-L’Barjot, l’a son Merlot. Liamé-L’ Métis, l’a son pastis. Jeannot-L’Gros Jean, l’a son p’tit blanc. Pis, moi, L’José, j’ai mon rosé.
Bah, c’est ainsi, tous les samedis, au coin de la rue Malapris et du Beauvoir, depuis qu’ayant levé le pied, on est venu lever le coude, au bar de ce bon vieux Miloud.
Mijo et Liamé, c’est depuis qu’ils sont rentrés de leur dernière mission, dans un coin du monde dont ils n’ont même plus envie de parler, où ils avaient été parachutés avec “leurs gars”, mais n’en étaient sortis qu’eux deux. D’où leurs retraites anticipées et bien graissées.
L’Gros-Jean et moi, c’était déjà avant que L’Miloud reprenne l’affaire de La Julienne.
Ça s’est passé, la première fois, comme une lettre à la poste, à l’apéro, autour du plateau. Du plateau de 421, t’es conne ou bien ?
On s’est retrouvés, tous les samedis, depuis.
Y en a qui cherchent des raisons à la fraternité. Moi, j’dis qu’ça tient à un coup d’dés. Même si, comme dirait l’autre : “un coup de dé jamais…”
Oh, ça ! On t’avais repérée, en coin, toujours à lorgner ton bouquin en sirotant ton picon-bère. On a même parié sur tes mains que, parfois, tu posais dessus. Pour Liamé, t’étais une instit’. Pour Mijo, une ancienne artiste. Pour Jeannot, une commissaire. Et pour moi, la bourgeoise fière d’avoir tout fait pour foutre en l’air la prison où te détenaient la famille et ses conditions, le mariage et ses injonctions, tous contraires à tes vraies passions.
Comme tu vois, on savait rêver.
Maintenant, qu’ t’es là, à m’ demander, je comprends que t’es rien qu’un’ fouine. Une journaleuse à combines, hein ? J’ai raison ?
Vu qu’on sait toujours pas qui c’est qu’a flingué mes potos, en bas du port, près du fortin, comme des bouffons.
Ah, non ? Ben, c’est pour qui, tu danses ?
Hein ? Quoi ? Bon, ben, merci pour vos condoléances. Et puis, aussi, pour le bouquin. Rien qu’au toucher, je sens qu’il va me faire du bien.
PoLétiquement vôtre,
tiniak
Ici (donc), ou là…
http://www.bricabook.fr/atelier-decriture-n421-une-photo-quelques-mots/
Joli retournement de situation, comme quoi, imaginer la vie des autres ne suffit pas à les connaître.
Et quelle ambiance, on s’y croirait au bar de ce bon vieux Miloud 🙂
Avis de Mijo partagé, c’est une artiste, c’est sûr ! Et pour moi ce sera un blanc avec un fond de sirop de rose, merci ! 😉
Pars pas Tiniak, on va boire un coup ensemble dans ce bar si émouvant, à la santé de tes potos, c’est le moins qu’on puisse faire.
Ravi de te relire, Tiniak. J’adore ton texte. Des grandes gueules, un bistro attachant, des sensibilités à fleur de peau. Et un contrepied à la photo plutôt Angleterre victorienne…
Bonjour,
Mon clavier me chatouille ce soir, je tente de me joindre à vous.
Quand la comtoise sonna quatre heures Mireille déposait la tarte sur la volette à gâteau. Comme Louise n’aimait pas la rhubarde, Mireille la remplaçait par des pommes, même si elle savait qu’avec son appétit d’oiseau, la petite se contentait souvent de picorer la couche caramélisée. La meringue était parfaite. Quel enfant y aurait résisté ? Elle passa un coup d’éponge sur le plan de travail et s’essuya les mains sur son tablier. Elle avait juste le temps de s’habiller. Le mardi, c’était entendu comme ça, Mireille récupérait Louise à l’école et l’accompagnait au cours de danse. Chaque semaine, le même rituel. Dès l’ouverture des portes, l’enfant filait comme un bouchon de champagne, bousculant au passage quelques parents mécontents et se suspendait sans ménagement au cou de sa grand-mère. Mireille n’aimait rien tant que le contact de ses joues fraiches et collantes. Le câlin ne durait jamais longtemps, Louise ne tenait pas en place. Elle dévalait déjà la rue, s’arrêtait à peine au passage piéton, trépignait si la circulation l’empêchait de traverser. Quand Mireille peinait trop à la suivre, l’enfant tirait la vieille dame par la main. « Dépêche-toi un peu, mamie, sinon, on n’aura pas notre place ». Elle arrivait au Vieux Crampon essoufflée et anxieuse. Pourtant, dans ce café, il n’y avait jamais personne. Sous les yeux amusés du patron, Louise se précipitait sur la porte vitrée, fonçait à la dernière table et jetait triomphalement son cartable sur la banquette rouge. On les servait sans qu’elles aient besoin de commander : chaque mardi, un chocolat chaud pour la fillette et un thé à la bergamote pour sa grand-mère. Il leur restait trente minutes avant le cours de danse. Sans même enlever son manteau, Louise trempait les lèvres dans la boisson sucrée et gloussait en regardant sa moustache dans le grand miroir mural. Puis elle prenait appui sur le rebord du siège, poussait sur ses jambes et basculait sur le dossier pour vérifier que la banquette de cuir rebondissait toujours. Mireille craignait qu’un coup de genou face valser les deux tasses, mais ce n’était jamais arrivé. Entre deux cabrioles, elle parvenait à tirer sur les manches de la veste qu’elle pliait à côté d’elle. « Mamie, on en était où ». C’était le signal. De son sac à main, elle tirait un livre, poussait légèrement la table pour que la petite puisse s’installer sur ses genoux. Louise était enfin silencieuse, presque recueillie. Alors elle calait son front humide sous le menton de Mireille et se laissait envelopper par la voix de sa grand-mère. Mireille aurait tout donné pour prolonger ce moment.
Mireille enfila son imperméable, chaussa ses mocassins, et sans un regard pour la photographie de Louise posée sur le buffet, elle saisit le roman gondolé d’avoir été si souvent manipulé. Celui qu’elles avaient lus ensemble la dernière fois. La vieille dame peina à fermer la porte, sa main tremblait un peu et la serrure était capricieuse. Il faudrait qu’elle songe à la faire réparer. Mais tout lui paraissait si difficile maintenant. Son sac dans une main, la canne dans l’autre, elle emprunta le chemin qu’elle avait pris tant de fois. Au passage piéton, désormais, un policier municipal garantissait la sécurité. Devant l’école, elle regarda un instant les fillettes échevelées et bruyantes qui couraient vers leurs parents puis elle poursuivit jusqu’au Vieux Crampon. Elle poussa la porte, traversa la salle sans un mot et s’assit sur la banquette rouge. Le patron qui discutait avec un client au comptoir s’interrompit dès qu’elle entra. Il déposa devant elle un thé et un chocolat chaud, sans oser la saluer. Quand il se fut éloigné, elle sortit le vieux roman de son sac et le posa sur ses genoux. Elle resta ainsi, longtemps, immobile, les yeux fixés sur ses souvenirs, caressant la chère couverture. Puis, sans avoir touché ni au thé ni au chocolat, elle déposa quelques pièces sur la table, rangea le livre qu’elle ne finirait jamais et quitta le café. Le patron la suivit du regard en soupirant. « Si c’est pas malheureux. Il a suffi d’un chauffard. Voilà cinq ans qu’elle vient seule, tous les mardis.»
Cette chute est bouleversante ! Merci pour le partage
Ouf! La chute nous laisse sans voix. Un situation que je n’ose même pas imaginer…
Un récit poignant fort bien raconté… Merci Sophie.
Merci pour ta lecture, Laurence
Et le plus souvent, alcoolisé, le chauffard… bravo pour ce partage ! 😉
Quel texte poignant, j’en ai des frissons ! Bravo, c’est magnifique.
Bravo. Tu nous installes avec douceur dans une atmosphère affective où chaque détail du quotidien semble immuable. La chute brutale provoque alors une grande émotion au lecteur.
Animant, ce mois-ci, un autre atelier d’écriture (l’Agenda Ironique, mensuel), je n’ai pas le loisir de lire toutes les contributions à celui-ci, mais je promets d’y revenir. Et, comme tant d’autres, je me réjouis de le voir perdurer.
A très bientôt plus vite que ça, donc. Ici ou là…
PoLétiquement vôtre,
tiniak
Coucou Alexandra
Bonne Année 2023 pour toi et bon « renouveau »
J’ai beaucoup aimé ce rendez-vous, il y a quelques années.
Depuis que je suis à la retraite, je n’ai plus trop le temps de me poser pour écrire des textes persos, les « jeux » ayant pris le dessus !
C’est une excellente nouvelle que tu reviennes plus régulièrement.
@ bientôt, peut-être… sans doute… je ne fais plus de promesses !
Bises dO.
C’est déjà bien d’être revenue par ici ! 😀
Bonne année également, et à bientôt … peut-être ! 😀
Oui, ça me fait envie de resuivre tes photos 😉
Je revois les règles, les dates, etc.
Bises d’O.