Petite (grande nouveauté) : après en avoir discuté avec le conseil des Grands Sages (je tairai ici leur nom), nous avons décidé d’ajouter une contrainte à cet atelier d’écriture. Puisque qui dit atelier dit aussi apprentissage et progression.
Afin de sortir de la zone de confort, j’ajouterai chaque semaine une thématique à suivre (ou à ne pas suivre.) Le plus souvent, cette thématique sera en opposition avec la photographie.
Pour cette semaine, parlez-nous donc d’HIVER et de cette photo.
A lundi !
Photo qui sent… Surtout par temps chaud.
Bien le « brainstorming » avec les Grands Sages, chouette une nouveauté qui j’espère va me booster pour sortir de mon « ronron » voir de ma petite zone de confort… Oh là, là… A lundi
Hello Leiloona
Les Grands Sages ont eu une superbe idée !
J’adhère 😆
Lundi étant le 1er du mois d’octobre, je joue avec BernieShoot et son « rouge »
Mais j’adore la photo que tu nous proposes.
Bon weekend et gros bisous
bonjour, voici mon texte, à lire aussi sur https://janickmm.wordpress.com/2019/10/06/hier-encore/
La saison chaude semblait se terminer sous l’effet de l’Aquilon.
C’est curieux de dire qu’une saison se termine, comme ça, tout à coup. Hop !
Du soir au lendemain l’automne s’est installé : la petite robe légère et les sandales semblaient être de trop, le soleil brûlait et obligeait à rechercher un coin d’ombre dans le jardin, aujourd’hui l’humidité et la fraîcheur invitent à se camoufler sous une veste en laine.
Les fleurs ont laissé leur place aux champignons.
Alors c’est le moment pour moi, avant que l’hiver ne s’installe tout à fait, d’aller au Maroc, rendre visite à mes teinturiers, mes créateurs de couleurs, mes ingénieurs de l’étoffe chatoyante, mes tisserands fabuleux au savoir-faire ancestral, niché au creux d’eux-mêmes, transmis par les anciens, logé en soi, comme une araignée bâtit sa toile de son propre abdomen.
Je remplirais mes malles, d’étoffes précieuses, je reviendrais au cœur de l’hiver, ici, pour restaurer les fauteuils oubliés au fond d’un grenier, assembler tissu, clous et bois, leur donner une autre vie. Et puis les vendre, à regret, à reculons, voulant garder pour moi mon œuvre, ma création, objet unique et précieux.
Jolie histoire. J’ai beaucoup aimé tes deux paragraphes opposés en saison. Bravo Janickmm
merci Kroum, pour ce passage
Joli ! J’ai bien aimé ce changement de saison propice à la création.
vraiment, les activités changent avec les saisons, merci à toi
Joli pont entre là-bas et ici 🙂
et entre les saisons, merci pour ta visite
L’alternance des saisons, le changement de latitude et un brin de nostalgie, tout cela est bien suggéré et agréable à lire. Merci.
Merci Cloud pour cet agréable commentaire
Joli texte où l’on ressent très bien la profusion des choses qui se mêle à celle des étoffes. Très joli rendu.
Merci à toi, Alexandra, j’aime cette photo qui évoque pour moi, les créateurs, les artisans, les belles choses qui en découlent.
Joli texte, le mélange des cultures, des sensations, des saisons, tout y est agréablement orchestré.
Merci Manue, cette photo a évoqué beaucoup de choses en moi, à bientôt
(Bon lundi à tous !)
La journée avait pourtant bien commencé.
Nous avions quitté Paris sous un ciel couleur neige, et un froid de saison, pour une destination plus chaude et colorée. Le voyagiste nous avait promis un joli vingt degrés, et le petit homme à l’étrange cravate jaune et noire deux fois trop grande n’avait pas menti.
Je parle, je parle, mais j’oublie de vous dire l’essentiel. Nous partions, moi, Paul, Karim et Alessio pour enterrer ma vie de jeune garçon, un 21 décembre, au Maroc, une semaine avant la date annoncée du mariage. Caroline, ma douce et charmante future épouse, avait crié au scandale, à la démesure, invoquant le bon sens, la prudence, une mauvaise disposition astrologique et, pour finir, son intuition féminine qui ne lui disait rien qui vaille.
Karim avait tout orchestrait.
Je ne savais ni où nous allions exactement, ni ce que nous y ferions. Derrière mon hublot, dans la carlingue à dix mille mètres d’altitude, je me suis surpris à imaginer des dégustations aphrodisiaques, des hammams aux parfums enivrants, des danseuses du ventre irrésistibles, des baisers langoureux… Moi qui avais toujours été fidèle, je me décevais presque.
Quand nous avons foulé le tarmac de Fès, et que Karim a hurlé “Yallah ! Que la fête commence !”, pas un instant, j’ai soupçonné que le pire pouvait arriver.
Fès. Sa douceur hivernale et ses ruelles en dérobade m’ont tout de suite plu. Son parfum de jasmin, ses pierres mordorées et le joli minois de certaines passantes, aussi, je dois bien l’avouer. J’avais beau faire, j’avais les sens en appétence.
Et puis, nous avons grimpé à dos d’ânes pour admirer le panorama. Karim, une fois de plus, avait tout prévu. Il voulait nous offrir quelques jolies pages de folklore, mais aussi, d’Histoire et d’artisanat, avant les festivités. C’est ainsi que nous avons pris la direction de la plus vieille tannerie de Fès. Déjà, sur plusieurs dos d’ânes, guidés tout comme nous par de grands barbus ténébreux, séchaient des peaux de bêtes, ocres. Sur le flanc des collines, aussi, des pièces en quantité innombrable. Comme autant de nappes difformes prêtes à accueillir des pique-niques qui jamais n’auraient lieu. Un brin surréaliste pour le Parisien que je suis. Au bout d’une heure, après un passage furtif par le cimetière des coupoles et les tombeaux Mérinides, nous arrivâmes au coeur de la tannerie. Des habitats cubiques s’imbriquaient et ceinturaient des parterres couverts de pots en céramique aux intérieurs de toutes les couleurs. Des palettes de peinture à ciel ouvert. Mon regard se laissa porter vers les silhouettes dispersées malaxant à mains nues les peaux gorgées de colorants, quand, soudain, je perdis l’équilibre.
D’un coup d’un seul, je me retrouvai au sol. Tout comme mes trois amis. En un clignement de paupières, notre escapade virait au cauchemar.
Les grands barbus ténébreux venaient de nous immobiliser d’un simple mouchoir à l’odeur piquante sur le nez.
Somnolents. Paralysés. Absents.
Quand nous reprîmes nos esprits, nous étions nus, bâillonnés, ficelés comme des poulets, et transportés ventres à dos d’ânes. Foutus dos d’ânes ! Foutu Maroc ! Et foutue intuition féminine qui m’avait pourtant prévenu !
Je grelottais de peur.
Je sentais la nausée me saisir à la gorge, tout comme la promesse d’une fin atroce.
“Votre peau ! Votre peau ! Votre peau ! “
Mêlés de rires et de youyous, les grands barbus ténébreux jubilaient en nous pinçant le cuir comme pour estimer sa valeur. Mon Dieu !
Le supplice dura une éternité, jusqu’à ce que nous soyons délicatement déposés à même le sol, dans une antichambre aux mosaïques bleues et blanches. Avec une minutie chirurgicale, nous avons été entièrement rasés, puis lavés, et enduits d’une huile apaisante. Je me souviens encore de leurs rictus qui cisaillaient leurs épaisses barbes. Des rictus obscènes et diaboliques. Ils nous ont ensuite pressés de nous relever. Une grande porte s’est ouverte. L’obscurité totale nous y attendait. Les bâillons ont été retirés. De l’alcool déversé dans nos bouches prises en mains.
Et la lumière a éclairé la pièce.
“Yallah ! Que la fête commence !”
Karim, débarrassé de ses liens, était en train de gesticuler, nu, dans tous les sens. Bien sûr, j’ai tout de suite compris. Et je l’ai détesté ! Mais détesté ! A un point ! Comment avait-il pu nous faire ça ? Me faire ça ! Comment ?!
Dans un salon somptueux empli de musique, d’alcool et de mets raffinés, nous étions tous les quatre nus comme des vers, à demi-hagards, à demi-ivres, alors, par la force des choses, quand les danseuses orientales sont arrivées, je n’ai pas su faire autrement que de me laisser consoler.
Il se souviendra de son enterrement de vie de garçon. Lecture agréable Severine.
Haha ! « Par la force des choses » voilà bien la phrase qui excuse tout 🙂
Oh le traître 😉
La bonne excuse pour dire que c’était à son corps défendant bien sûr…
Excellent. Tu nous emmènes avec talent dans ce scénario rocambolesque. J’ai beaucoup aimé. J’ai peur que la cérémonie du mariage lui paraisse un tantinet trop conventionnelle après tout çà…
Ouch, eh bien, voici un texte tout en montagnes russes … Sacré effroi au centre du texte.
Ouch… j’ai cru au pire, sans y croire, tout en ayant un doute !!!
Dans le quartier des tanneurs, au nord de la médina, Sabih rêve. Il rêve de neige. Il n’en a hélas jamais vue, sauf parfois sur la petite télé du café ou en feuilletant des magazines. Elle ne tombe jamais ici. Il se la représente descendant délicatement du ciel en millions de petites peluches, aussi blanches que la laine des jeunes moutons d’Ahmed, le voisin de son père. Il imagine les premiers flocons se déposer en silence, puis s’amasser peu à peu. Leur couche épaisse estompe alors les traits angulaires des maisons, des ateliers, et recouvre d’une blancheur immaculée les multiples souillures que le temps a laissées.
Les jambes enfoncées dans ces cuves millénaires bigarrées, au milieu d’odeurs acres de pigments et de peaux animales encore fraîches, Sabih pense au tableau qu’il va réaliser chez lui ce soir, comme souvent, sur un morceau de carton récupéré au souk. Il choisira une photo de revue, un paysage savoyard sur fond de montagne par exemple, et avec un peu de chaux légèrement rehaussée de bleu, en fera une copie qu’il offrira à Jamila, tel le symbole d’un amour sans tache. Arrivée chez elle, elle la fixera sur le mur à côté de toutes les autres et, en fermant les yeux, elle s’imaginera son vaste quartier de Chouara devenu désert, totalement enveloppé d’un vaste cocon blanc où, dans une cuve de pierre emplie d’indigo, deux fiancés seuls au monde s’étreignent avec passion.
Hier, son collègue Ouafik lui a demandé : « Pourquoi, en mettant de côté quelques économies, ne pars-tu pas rejoindre ton frère en Europe, un hiver ? Tu y verrais de la vraie neige tomber un peu partout. J’ai entendu dire que c’était beau ».
Sabih l’a regardé en souriant :« Non, Ouafik, je préfère rester à la médina. Là-bas, j’aurais trop peur de la réalité. Ici la neige que je peins est tellement semblable à mes sentiments que je suis sûr qu’elle ne fondra jamais.».
Très mignonne la chute Cloud.
Très beau texte. J’ai beaucoup aimé le personnage de Sabih et l’atmosphère empreinte de délicatesse que tu décris.
Très belle histoire Cloud et quelle sagesse…
L’ambiance de ce lundi me donne des envies de Maroc
C’est un sage ce Sabih et j’aime beaucoup ce texte.
Très joli texte ! Parfumé de rêve et de réalité… Et une plume tout en sensibilité. Bravo Cloud !
Ha la force de l’imaginaire … et la peur de la confrontation de la réalité. Très joliment amené. Ton texte à la douceur d’un flocon.
J’aime beaucoup la douceur de ce texte, sa poésie aussi et le « j’ai entendu dire que c’était beau »!!!!!!
Au Maroc, je rêvais de NOEL et quand je suis rentrée, bof
Ces nouvelles règles ont au départ freinée mon imaginaire, mais après quelques jours d’imprégnation, thème photo voici mon texte:
Soumises à l’obligation de vivre,
elles reviennent chaque jour
et triment.
Nourrir la famille, terreau de fertilité, abondante progéniture assoiffée.
Apporter sa contribution jusqu’à l’épuisement.
Chaque jour creuse un peu plus l’opacité de leurs âmes,
chaque jour la beauté du paysage provocante et insolente crie à l’injustice,
entraînant l’hibernation de la joie.
En elles, aucunes pensées,
seule l’action est récompensée,
peu importe si elle s’usent.
Elles luttent parce qu’il le faut,
parce qu’il en a toujours été ainsi
quand bien même des velléités de révoltes gronderaient en elles.
Elles sont des femmes.
Une caste sans valeur, sans odeur, sans substance.
Invisibles,
elles s’enfoncent toujours un peu plus dans les ténèbres.
La lumière est éclatante,
La chaleur est écrasante
et les douleurs accablantes.
Les couleurs,
ocres,
reflètent l’âpre éclat du soleil
convoquant malgré lui,
la grisaille existentielle.
Les années passent et installe l’impondérable perte.
Parfois,
un soubresaut d’espoir affleure.
Attentives,
elles espèrent le repos éphémère.
Rude est l’hiver dans le cœur de ces femmes.
Leurs corps lessivés,
leurs étincelles souillées.
A l’aube de leur vie,
elles passeront le relais à une autre anonyme
qui elle aussi s’éteindra peu à peu.
Bonne semaine à tous.
Bravo Jen pour ce texte plein de poésie.
Merci kroum
Un texte plein de rudesse… Illuminé par la force des mots. Joli !
Merci severine!
Ton texte est fort et beau. Il laisse un goût amer sur l’existence, celle des femmes, mais aussi celle des hommes en creux de ce poème. Je n’en partage forcément pas la fatalité.
Lors de l’écriture j’ai pensé à l’inde à la fois pour la considération du féminin mais également pour les différentes castes qu’ils existent notamment celle des intouchables. Il y a différente catégorie de vies, mais dans les plus misérables la femme est toujours moins favorisée que son homologue masculin. J’espère que cela ne restera pas une fatalité. On a toujours recouru au bouc émissaire quand ce n’est pas le sexe c’est l’age, la religion etc… la fatalité serait elle de toujours trouvé celui sur qui taper?? vaste question!
Un très beau texte qui dépeint une rude réalité contre laquelle les femmes devront longtemps encore se battre…
Une poésie douloureuse, l’écart entre la dureté et la poésie rend l’anonymat plus grand. Très bien vu.
Il est dur ce texte, la poésie le rend plus léger mais le constat est lui bien réel… J’aspire, j’espère, à un peu d’évolution.
https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2019/10/elles-triment-atelier-bric-book-343.html
Voici le lien sur mon blog si vous le souhaitez!
Beaucoup d’amertume légitime dans l’esprit de ces femmes m’a touchée.
Ravie que le texte est provoqué de l’émotion
Confortablement installés dans leurs moelleux fauteuils de nuages au Ciel, le Conseil des Grands Sages, Département Mode, observe notre monde en bas.
Deux nouveaux membres y sont accueillis cette semaine : Yves et Karl. Leur chef leur demanda de travailler en binôme sur cette première journée avec comme challenge d’étonner le Conseil.
Après une demi-journée de concertation, il est temps maintenant pour Yves et Karl de mettre leur cas d’école à exécution.
Tout d’abord ils firent migrer le bureau des nuages au-dessus de la ville de Fès, dans ce chaleureux pays tant aimé d’Yves.
Au-dessous d’eux s’étale la grande palette d’aquarelles des tanneries traditionnelles. Des dizaines d’hommes, dont beaucoup sont debout jusqu’à la taille dans les colorants, travaillent sous le soleil brûlant.
Tout est rôdé, chacun évoluant tranquillement d’un atelier à l’autre, souvent de manière nonchalante. Un rythme tranquille, trop tranquille qu’il en devenait stressant pour Yves et Karl, plus habitués à voir dans leur passé terrestre leurs fourmilières de couturières s’affairant dans tous les sens avant et pendant la préparation de leurs défilés.
Aussi, pour épater le Conseil, Karl et Yves décidèrent d’animer tout cela.
Dans cette région presque toujours estivale, où à la saison la plus fraîche, les températures n’excèdent pas 25°, le binôme décida d’un commun accord d’y apporter l’hiver, le vrai, le froid, l’humide hiver bien polaire.
« Ça leur ferait d’ailleurs du bien à ces travailleurs d’être moins exposés au soleil, le soleil n’est pas bon pour la peau » s’exclama Karl, «le froid les aidera à raffermir leur corps, ça ne peut que leur faire du bien ! ».
Et c’est ainsi que nos compères imaginèrent l’étape d’après qui consisterait, en plein milieu de la journée, à faire tomber la neige et à geler les orifices de l’ensemble de la palette. Ils avaient hâte de découvrir leurs têtes à tous ces petits bonshommes mais surtout ils attendaient de les voir enfin se presser dans l’action, s’agiter dans tous les sens tout en restant ordonnés, à trouver des solutions car à la clé il y avait tout de même de grosses commandes à honorer.
Yves poussa la fantaisie à quémander aux anges une neige bleu Majorelle et Karl empressa son personnel angélique à répandre son jadis parfum préféré « Fleur d’orchidée » pendant toute cette animation, car même de très haut, ça devenait compliqué pour lui de supporter les odeurs de la tannerie actuelle. Ainsi, le tableau offert au Conseil des Sages sera visuel et olfactif, ce qui ne peut que leur donner des points.
Tout est en enfin prêt, l’ensemble du Conseil bien installé aux premières loges, le compte à rebours peut commencer… 10, 9, 8, 7…
Bien vu Kroum le monde d’En bas et le monde d’En haut, ton l’histoire me fait ‘froid dans le dos » …. bravo à toi. Quant au talent d’Yves et Karl, il n’excuse pas leur bêtise
Belle idée j’espère qu’ils prendront garde à ce que Choupette ne tombe pas dans une cuve 😉
Facétieux que ces anges ! Bel imaginaire !
Bravo Kroum. Excellent texte imaginatif. J’adore cette absurdité que tu mènes avec un naturel qui fait peur. Merci pour cette bonne lecture.
Oh tu as même réutilisé le conseil des grands sages. Haha ! 😉
Karl et Yves sont redoutables même au ciel, j’adore !!!
Atelier 343
Ils n’étaient plus que quelques uns à oser sortir afin d’aller chercher leur dose. La ville semblait préservée des affres de la civilisation alors qu’ailleurs le monde était gris. Aussi sombre que l’âme de ceux qui le dirigeaient il y a longtemps…. Une chape de plomb s’était abattue sur les hommes et un long hiver commençait pour eux. Les cendres recouvraient presque tout d’une fine pellicule. Vu des étoiles on aurait pu croire à une saison immaculée. Pourtant c’était la désolation qui régnait, plus une pousse verte, seulement quelques animaux qui reprenaient leur respiration au fond de quelque terrier profond et des troupeaux d’hommes hagards déambulant misérablement sur une terre qui n’avait plus ni de mémoire ni de vie.
Ils n’étaient plus que quelques uns. Ici. Dans le dernier berceau des couleurs du monde. Travail dérisoire face au cataclysme qui bientôt allait les engloutir. Ultime sursaut d’une humanité décharnée, réduite aux petits riens d’une ville miraculée. Chaque aube était d’une douceur indicible. Ils se savaient chanceux malgré la rigueur de leur vie. Ils avaient peur. Ils étaient épuisés.
Ils n’étaient plus que quelques uns à connaître le secret, les mélanges, l’ocre, le bleu reflet d’un ciel dont seules leurs pupilles se souvenaient, le crème des draps de lin. Et toutes les autres nuances. Inlassablement ils maintenaient les réservoirs pleins afin que les plus jeunes, les plus vigoureux, puissent aller de plus en plus loin repeindre les extérieurs et gagner un peu de terrain face à l’hiver qui les engloutissait silencieusement. Prisonniers d’un monde en déclin, ils étaient leur dernière chance. Leur dose sur leur dos, courbés par le poids des seaux, ils s’avançaient dans la grisaille, armés de leurs pinceaux, et maison par maison, plante après plante, ils redonnaient à chaque chose sa couleur. Une étincelle de vie.
Ils n’étaient plus que quelques uns. Des cœurs battants. Des âmes. Pas, plus de machines, juste de la sueur, du sang, de la corne aux mains, des jambes solides et des volontés incroyables, venues d’un âge dont les mémoires ne se souviennent même plus. Ils osaient défier l’inexorable.
Ils n’étaient plus que quelques uns.
Brrr! Ça fait froid dans le dos cette vie où malgré tout il reste de l’espoir.
Une très bonne idée que celle de la couleur ultime souffle de vie sur une terre devenue un monde de cendres. Et tu la racontes avec talent dans un rythme et sûr lent comme le travail de ces gens.. Un beau texte. Merci Manue.
Très beau texte, Manue. Suis contente que tu aies écrit ! 🙂
Merci ! Suis contente aussi ! Bizarrement c’est le double défi qui m’a remis les doigts sur le clavier, plus c’est complexe plus j’aime !!!
Tu m’as maintes fois parlé des couleurs du Maroc.Tu m’as raconté que du haut de toits de Fès, les bains de teinture dans les cuves aux parois de céramique sont comparables à ces palettes de peinture pour enfant. Tu m’as décrit les fortes odeurs des peaux tannées, le soleil qui frappe tout aussi fort les corps des artisans dans les cuves. J’ai entendu ton admiration pour le labeur de ces hommes. Pour tous les textiles, qui, entre leurs mains, se teintent d’ocres et de rouges.
Tu m’as raconté les pigments à base de coquelicot, de safran, et surtout d’indigo.
De toutes les couleurs, le bleu t’attire, t’inspire, métamorphose les tableaux que tu peins. L’indigo, c’est toute la retenue et l’explosion dans une même couleur ; la variation de ton inspiration.
Tu me dis que tu n’en feras jamais le tour.
Ici, aussi c’est l’hiver, l’as-tu oublié ?
La neige est tombée pendant des jours. Tout est blanc à présent, sans aspérité. Les nuances laiteuses sont imperceptibles à l’œil du profane mais souviens-toi, on les devinait partout autour de nous dans l’ombre ou dans la lumière. Sur nos peaux, entre les veines.
En réponse à nos caresses on explorait nos propres couleurs.
Dis-moi, en a-t-on fini le tour ?
Joli texte plein de douceur et de poésie, Laurence.
Texte en couleur qui se termine par une interrogation où perce l’espoir. Bravo.
Belles descriptions de ce site marocain et jolie fin pleine de romantisme et de poésie.
Suis en train de lire un livre de Pastoureau sur les couleurs, donc forcément ton texte me parle. 🙂
Je ne connais pas Pastoureau mais j’ai vu qu’à la médiathèque de ma ville il y a plusieurs bouquins de lui. A découvrir, donc 🙂
Si tu aimes l’histoire des couleurs, et leur symbolique, fonce ! 🙂
L’ hiver au Maroc
Nous avons vécu au Maroc pendant trois ans
Trois printemps
Trois étés
Trois hivers
Et trois automnes
Si à Casablanca le passage d’une saison à l’autre n’est pas brutal qu’il l’a ce matin à St Étienne (plus de 25 encore avant-hier, 6 ce matin), il y a tout de même un hiver casaoui
avec beaucoup d’humidité (en taux et pas en pluie) surtout dans les appartements qui ne sont pas conçus pour.
De plus, si nous n’ avions de teintureries à ciel ouvert comme à Fès, le Maroc a été pour nous plus qu’ un pays de soleil et de vacances puisque mon mari y a monté (au sens premier) une usine de teinture ; il y travaillait plus de soixante heures par semaine jusqu’au samedi 13h.
Peu de tourisme pour nous donc mais un accueil formidable d un peuple par ailleurs pauvre, loin des clubs et des palaces, image que véhicule le tourisme de base.
J’ai aussi cette image de peuple pauvre selon nos critères mais souriant et heureux de ce qu’il possède et surtout libre de son temps…
On sent le vécu. Et une reconnaissance pour l’accueil des marocains. C’est bien.
Ha le tourisme local. Y a que ça de vrai, plonger dans le quotidien des habitants. ♥
Photonanie: pas une image, une réalité que j’ai vu pendant 3 ans au jour le jour
Cloud:merci
Alexandra: pas du tourisme, notre vie et travail
De Plymouth à Fès.
Elle le voulait ce reportage. Inconsciemment, ces racines avaient parlé pour elle.
Louisa portait en elle l’empreinte de sa grand-mère, Dorothy dite dothy l’anglaise. Les récits de Dothy ont émaillés l’enfance de Louisa. Pour elle, cette femme s’érigea en modèle.
Dans le Londres de la deuxième guerre mondiale, Dothy s’était engagée comme infirmière. Alors que rien ne la prédestinait à partir par-delà les mers et alors que le « blitz » faisait rage. La flèche de Cupidon l’atteignit en plein cœur. Elle ne résista pas au charme de Jean, un français du Maroc. A presque vingt ans, la petite britannique de Plymouth savait à peine situer sur une carte cette terre de contrastes, de diversité, ce pays riche de son histoire et de sa culture. L’Europe retrouva enfin la paix. Dorothy et Jean, contre toute attente, en dépit des mises en garde de leur famille respective, se marièrent à Londres sans plus de cérémonie, un pasteur, deux témoins accostés dans la rue pour la circonstance. Un long voyage s’en suivit. Les deux amoureux arrivèrent sur le domaine, champs d’orangers, d’oliviers, à perte de vue. Pour saisir les débuts de sa nouvelle vie en terre marocaine, Dothy commença l’écriture de son journal. Elle y dépeint la maison familiale et plus particulièrement ses contacts avec la population. Elle évoqua sa relation avec Leila avec qui elle tissa un profond lien d’amitié. Elle créa un petit cabinet infirmier pour venir en aide aux malades et aux plus démunis. Chaque été, pour fuir l’écrasante chaleur qui s’abattait sur les plaines, la famille partait à Ifrane, cette ville impériale située à 1664 mètres. Elle y découvrit des villages aux toits pointus et la résidence estivale des Chodont-Macquart construite en 1931. Elle apprit à skier sur les pentes enneigées de Michelifen.
Un jour de janvier, avec dans ses bagages les cahiers de Dothy. Louisa s’envola pour Fès. Sa destination : le quartier Chouara, célèbre pour ses tanneries. Elle quitta le Ryad dans lequel, elle était hébergée pour emprunter la rue Méchatine, son « GPS » ne lui fût d’aucune utilité, elle se laissa guider par l’odeur… Au passage, elle fît l’acquisition d’un bouquet de menthe indispensable pour son odorat d’occidentale. La tannerie Sidi Moussa s’offrit à elle. Au premier coup d’œil, des sentiments mêlés l’assaillir. Toutes ses émotions étaient comme démultipliées, ses sens exacerbés. Ce spectacle à nul autre pareil est saisissant. Les couleurs à dominante de bleu que donne l’indigo, le rouge que donne la fleur de pavot, le vert de la menthe éclatent sous ce ciel nuageux de janvier. Le Maroc a aussi ses hivers. Mais ce qui me touche, m’émeut et me renverse, ce sont ces hommes aux corps faméliques qui triment jambes plongées jusqu’aux cuisses dans ces bacs de couleurs ou pieds nus, à courir d’un bac à un autre soulevant des peaux ruisselantes équipés uniquement de gants. Ah oui, c’est ainsi que l’on tanne les peaux ici depuis le XIIème siècle. La France importe 57% de peaux des tanneries marocaines pour son industrie du luxe. Plusieurs questions m’assaillent. De récents et lourds travaux de rénovation auraient été réalisés pour améliorer les conditions de travail des ouvriers, auraient aussi permis de réduire fortement les nuisances affectant immanquablement l’environnement. L’ouvrier des tanneries ne dispose pas de couverture sociale, gagne en moyenne de 80 à 250 dirhams soient 7 à 23€ et son espérance de vie est 300 fois inférieure à la moyenne du pays. Mais, il a du travail !
Louisa regarde ses chaussures de cuir rouge, son sac en cuir et sa conscience la tourmente.
Elle quitte le souk des tanneurs. Dothy était-elle consciente de toute cette misère, de toute cette dureté, certainement, comment avait-elle pu vivre dans ce Maroc d’avant 1956 ? En gardant ses yeux grands ouverts en essayant à l’échelle de sa petite personne d’agir pour le bien d’autrui ?
C’est cette réalité marocaine que je perçois également qui me touche et me fait réfléchir. Merci pour cette piqûre de rappel qui me fait comparer nos modes de vie et, malgré tout, je ne suis pas certaine qu’ils soient moins heureux que nous…
Merci Photonanie pour la justesse de ton commentaire. Il me touche. Il est bien le reflet de ce que je souhaitais exprimer. Bonne journée.
Bravo Anne-Marie pour ce texte en deux parties, en deux époques. Je reconnais bien là ton côté altruiste et généreux, mettant en évidence que le tourisme doit aussi donner lieu à une prise de conscience du monde tel qu’il est, au delà du rêve orientaliste. Tu as raison. Merci pour ce beau moment de lecture.
Un texte fort, qui détaille avec beaucoup de justesse la réalité d’hier et celle d’aujourd’hui… Et ouvre sur une remise en question bienvenue. Bravo Anne-Marie.
Merci beaucoup Laurence, ton commentaire me touche.
Un texte descriptif des réalités très réussi. Bravo photonanie !
Pardon, ce commentaire est pour le texte d’Anne-Marie
Merci beaucoup Kroum.
Un texte engagé, superbement écrit. C’est la première fois, je crois que tu écris un texte avec un message aussi fort et présent. Ton écriture fait que cela marque. Merci Anne-Marie.
Oh …. c’est une très jolie immersion que je viens de lire, dans le passé et dans le présent, avec son lot de désillusions. Je trouve qu’il y a beaucoup de douceur dans tes mots et c’est agréable.
Noël serait là dans quelques jours et mon sapin naturel parfumait l’atmosphère du salon. J’étais bien, blottie dans mon canapé en mode relax, un bon feu de bois crépitant dans la cheminée et un chat ronronnant sur les genoux. Le sommet du bien-être en somme… Les minuscules lampes éclairant les décorations scintillantes participaient à l’ambiance feutrée de cet après-midi d’hiver.
J’avais délaissé la lecture qui, habituellement, occupait beaucoup de mon temps pour me pencher sur d’anciens livres photos réalisés quelques années plus tôt. Je m’étais replongée avec délice dans ces souvenirs d’un temps qui ne reviendrait plus. J’avais ainsi voyagé à nouveau, par la pensée, en Grèce, en Islande, en Ecosse,… et je venais d’ouvrir un album consacré au Maroc. Cette photo me transportait dans l’atmosphère malodorante des tanneries à ciel ouvert d’Afrique du nord. Je me souvenais qu’on nous avait fourni à l’entrée un bouquet de menthe très parfumé en nous conseillant de le tenir sous nos narines. Celui qui nous l’avait fourni, avant de tendre la main pour recevoir une obole, nous avait dit avec un grand sourire « masque à gaz berbère, très bien ». C’est vrai que c’était bien utile pour vaincre l’odeur tenace qui nous entourait tandis que des hommes travaillaient dans les cuves sans aucune précaution de sécurité. Inimaginable chez nous, mais eux semblaient heureux de travailler malgré tout.
Tout m’était revenu d’un coup mais surtout les couleurs et toutes ces peaux entassées sur les bacs puis étendues à sécher avant la suite du traitement. Les objets en cuir était très nombreux dans les souks avoisinants et leurs prix défiaient toute concurrence. Mais combien de vies écourtées ou de maladies, de peau ou respiratoires, ces cuves avaient-elles provoquées?
Le jeu en valait-il la chandelle? Eux ne se posaient pas la question puisque les touristes achetaient en quantité de nombreux articles en cuir après les incontournables marchandages qui étaient l’essence même de l’échange commercial de l’endroit. Si on ne marchandait pas on lisait comme une déception dans leur regard. C’est une autre culture mais que appréciais et dans laquelle j’aimais m’immerger pour la découvrir, la comparer et finalement l’approuver pour ce qu’elle avait de direct et d’artisanal avec des rapports sans intermédiaires entre vendeur et acheteur bien loin des multinationales qui font ou défont des vies sans sentiments un peu partout dans le monde.
Ce qui me frappait au Maroc, c’était surtout le sourire et le bonheur que manifestaient les artisans qui pratiquaient leur art sous nos yeux. Oh bien sûr leur vie n’est pas que rêve mais leur philosophie qui consiste à travailler pour vivre et pour prendre le temps de vivre m’a souvent interpellée. Et si c’était eux qui avaient raison?
C’est à tout ça que je pensais en regardant danser les flammes qui léchaient les bûches dans le feu. Et j’étais tellement bien que, petit à petit, les livres photos ont glissé de mes genoux tandis que je m’assoupissais et m’envolais en rêve dans ce beau pays du Magrheb.
Et chez moi c’est sur https://photonanie.com/2019/10/07/atelier-decriture-brick-a-book-343/
Au delà de l’exotisme qui reste en filigrane, j’aime beaucoup le côté humain qui prévaut dans ton texte. C’est vu juste et bien écrit.
Des souvenirs qui évoquent de jolies images. Le texte très visuel est déjà un voyage. Bravo.
Je retrouve la même réflexion d’Anne-Marie dans ton texte. J’ai beaucoup aimé aussi cette juxtaposition de l’été du Maroc en plein hiver des fêtes.
Ton texte et celui d’Anne-Marie se font écho. Plusieurs images restent à la fin… très bien.
Je me suis souvent posé ta question
finale
Merci Photonanie pour ce voyage au cœur du Maroc, j’aime beaucoup cette transition entre le confort, la chaleur d’un salon (on s’y croirait..) l’album photos qui amène le lecteur dans l’ambiance marocaine. Bonne journée.
Auraient-elles réservé chez Thomas Cook les pauvres…?
On est vraiment emporté par ce texte et ses personnages. La prise de conscience brutale est intéressante.
Ni l’une ni l’autre ne s’était attendue à ce spectacle. La première, européenne altermondialiste, pas encore quarante ans, était partie en Inde pour un stage de Yoga dans un ashram. Elle y avait rencontré la seconde, quinze ans de plus, riche américaine, elle aussi venue pour le yoga, incommensurable source d’attrait et de revenus pour la nation indienne. Elles n’avaient pu rentrer dans leur pays respectifs suite à la faillite de leur voyagiste. Alors elles durent s’adapter. L’ashram étant complet, car fort sollicité en janvier, elles cherchèrent un hôtel en périphérie de Delhi, dans un quartier a priori plus vert, calme et favorisé, par rapport à l’aéroport plutôt bien situé. Immersion de préférence limitée. Namasté.
Accepter. La prospection fut une épreuve, l’Américaine d’éprouver les limites de la compréhension entre ces différentes langues anglaises, l’Européenne celles de la bienveillance malgré ces trois semaines de pratique yogique intensive. Envers les Indiens tout comme contre sa compagne d’infortune. Elle en voulait à la terre entière. Namasté.
Respirer. Pour cela mais aussi pour se préserver de l’étourdissement généré par le bruit de ce pays, elles choisirent une chambre à l’arrière de l’hôtel. La nuit était déjà tombée lorsqu’elles découvrirent leur lits…. Un filet de lumière, des voix, des cris plutôt. L’Européenne connaissait la dimension ancestrale de l’activité teinturière en Inde, mais avait restreint son actualité à une vidéo de Greenpeace dénonçant la pollution suscitée par la fast-fashion : des rivières moussantes et rose fluo, des poissons morts… Encore une brutale actualisation des connaissances, un processus expérientiel répété et éprouvant ici en Inde. L’Américaine, elle, poussa un cri- comme s’il n’y en avait pas déjà assez se dit l’Européenne. Namasté.
Humilité. La citoyenne de première classe mondiale ne s’était jamais réellement posé la question de la coloration des vêtements, elle était heureuse de pouvoir s’acheter tout ce qu’elle voulait, aussi son bien-être, et l’admiration de ses ami.e.s : des centaines de pouces levés avaient accueilli l’annonce de son projet de formation expresse en Inde. Elle allait devenir yogi experte, professeure habilitée par le gouvernement indien, en trois mois, future guru d’occidentaux en manque de spiritualité. Dans les faits, ces trois mois étaient déjà trop. Tout avait posé problème. Elle s’était bercée de certitudes sur la paisibilité de ce pays, imaginant chacun de ses habitants nimbé de douceur, au souffle long et aux gestes fluides… Mais elle avait été malade au ashram, les épices, l’eau, perdu beaucoup de kilos, peinant à garder ses nerfs avec ces pluies et moustiques. Elle s’était surprise à persévérer, d’abord par orgueil en pensant à tous ces pouces levés. Puis mue par une force inconnue, un appétit face à la découverte, infinie. Elle regarda le dégoût s’afficher sur le visage de son érudite compagne européenne. Elle ne se demanda pas s’il était pour elle ou pour eux, en-bas . Elle, ces couleurs ocres, le labeur de ces Hommes, la fascinaient. Namasté.
M.Gruen
Très bien cette confrontation aux réalités. Visiblement ce texte sent le vécu. L’Inde est un immense pays fascinant où tout est surprise et expérience insolite. On ne l’effleure que si on a un appétit de la découverte et une ouverture aux autres, comme l’américaine persévérante dans tes dernières lignes. Bien vu.
Merci! Pas encore vécu, une projection pure. J’y serai dans deux semaines ☺️
D’un réalisme à couper le souffle, quel texte ! je me suis totalement immergée dans sa lecture. On mesure le choc des cultures à travers ces deux personnages et ce pays tellement complexe.
Merci beaucoup de ce retour très valorisant… Donc encourageant
Tu es incroyable, Hélène … Au-delà du texte et de son fond, sa forme m’a fascinée. Ces mots que tu écris, seuls, et ponctuent ta prose apportent un souffle, un repos, un arrêt, avant de mieux poursuivre notre lecture.
Bravo, miss !
Merci Alex je suis contente que tu aies pu trouver le temps de jeter un oeil. Je m’étais dit que je devrais me défaire de mon besoin de validation, mais quand en arrive une telle que celle-ci ou que les précédentes,
Je vais me dépatouiller pour poster du travail. Au fait, le précédent que j’ai rédigé, c’était 340 (une faute d’orthographe cependant). Je t’embrasse
Ton texte m’a rappelé le livre Journal intime d’un touriste du bonheur ! J’aime le rythme de ton texte qui sied bien au déroulement de l’histoire.
Je connaissais pas ce livre, je me suis renseignée depuis, merci de cette indication bibliographique, et de ton retour
Au delà de l’exotisme qui reste en filigrane, j’aime beaucoup le côté humain qui prévaut dans ton texte. C’est vu juste et bien écrit.
Désolé, mon commentaire était destiné à « Photonanie »…
Rouge, bleu, jaune, marron vert
Je pourrais continuer ainsi l’inventaire
De ce monde arc-en-ciel
Qui, paraît-il, rend la vie plus belle
Un monde en couleurs
Synonyme de bonheur ?
Mais moi je préfère le noir et blanc
Le sépia d’antan
Qui confond les quatre saisons
Printemps, été, automne, hiver
Qu’est-ce que ça peut faire
Tant que mes pas me guident vers
Ton univers.
Une belle déclaration quand on ne voit plus ce qui n’est pas l’autre.
Joli poème arc-en-ciel ! 🙂
Quel beau poème, merci de nous faire partager cette jolie et très poétique déclaration d’amour.
Merci Anne Marie.
très chantant et lumineux ce poème!
Sympa Jen. Merci.
Bonjour à tous,
Je sors de mon gros plaid entre deux toux pour vous partager le texte que j’aurai dû mettre en ligne hier :
Le souffle glacial de l’hiver se faufilait sous sa porte. Le ciel s’épaississait de jour en jour et il multipliait les couches pour maintenir un tant soit peu sa température corporelle.
Sur le départ pour son travail, une fugace pensée lui chatouilla l’esprit et il se revit ce dernier été. Sa femme et ses enfants l’avaient poussé à changer les sempiternelles vacances dans l’arrière-pays normand pour les contrées plus chaudes de l’Afrique du Nord.
Le budget restant quasiment le même, il s’était laissé embarquer et il avait découvert tant de choses.
Ce qui l’avait marqué le plus : ces drôles de puits où les habitants jouaient au magicien des couleurs afin de teindre différents tissus.
L’esprit réchauffé, il s’en fut d’un bon pas affronter cette froide journée, le sourire aux lèvres.
Bien vu ce contraste des saisons, cela accentue les souvenirs, je trouve ! 🙂
Merci