Relever la tête
Le voir, là, courant dans ce parc,
Si désarmé, si désarmant
De candeur
Entendre son rire
Ricocher sur les murs
Se propager en farandoles vers des hauteurs inconnues
S’en construire un abri, une forteresse imprenable.
Croire que rien ne changera
Ou du moins y croire un instant
Se dire qu’il faudra se souvenir
De cette clochette de rires
Dans les moments où
La roue aura tourné
Quand nous serons nous-mêmes
A la place de ces pigeons chassés.
©Leiloona, le 22 octobre 2012
Crédits photo ©Romaric Cazaux
—————————————————————————————-
Le texte de Stéphanie :
Il fait si chaud cet après midi, trop chaud pour mes vieux os…
Je sens la sueur perler sur mon front, mes jambes qui se fatiguent, lourdes, usées, ma bouche pâteuse, et ce gilet, je suis encore trop couverte, en mai on a beau faire ce qui nous plaît, on est jamais bien habillé.
Ah ce petit banc, je vais pouvoir reprendre haleine et nourrir ces satanés pigeons, ça les rendra peut être diabétiques et on en sera débarrassé, une bonne fois pour toute.
Quelle idée d’être sortie à cette heure, ce n’est plus de mon age. Je ne peux pourtant me résoudre à rester chez moi après le déjeuner et à m’endormir laissant mon corps succombé à la digestion de ma tranche de jambon et de ma feuille de salade, moi qui était si gourmande plus rien ne passe.
C’est triste de vieillir d’essayer de lutter pour la vie lorsqu’elle vous échappe quoi que vous fassiez.
Cette vie, la vie, qui m’entoure, la mienne est finie mais celle des autres me fait rêver et me retient, j’aime observer ces gens, eux, ils ne me voient pas, ne me remarquent pas, mais moi je les écoute, je les scrute et je voyage ainsi dans leurs univers. Cette jeune fille avec son amoureux qui le mange des yeux et lui qui l’agrippe si fort pas la taille, ah c’est beau, ça me rappelle mon Alexis, mon si doux…
Mon cœur se serre toujours, le temps n’efface pas le manque, un être avec qui vous avez vécu toute votre vie, quand on vous l’enlève c’est comme un membre qu’on vous coupe, on croit toujours qu’il est là, et dès qu’on se rend compte de sa disparition, c’est toujours la même tristesse qui vous envahit, heureusement bientôt on se retrouvera.
Tiens ce gosse qui court, où va-t-il si vite ? Et sa mère qui l’appelle, à elle peut toujours causer celle la, il est lancé le petit. C’est beau cet instinct qu’ont les enfants de courir dès qu’ils peuvent, de sentir le vent dans leurs cheveux, sur leur peau, qui s’engouffre dans leurs vêtements, leurs cœurs accélérer, cette croyance folle et magique qu’ils vont peut être s’envoler. Adulte on court après tout, mais on ne court plus libre et insouciant, on court sans envol. Je divague, je divague en tous cas c’est pas avec mes vieilles guibolles que je pourrais courir moi, la vie passe à chacun son tour, à chacun sa place.
Le texte de Morgane :
« Cours mon chéri, amuse toi bien, mais ne t’éloigne pas trop … »
Hélène, assise sur le banc, regarde son fils gambader, un sourire épanoui sur ses lèvres.
Emile,
Son petit garçon,
Son petit cœur comme elle l’appelle.
Six ans déjà que ce petit bonhomme a chamboulé son existence.
Depuis le jour de sa naissance, tout à changé : Hélène est devenue mère et un amour débordant, indescriptible, chavirant est né avec lui.
En même temps, l’énorme responsabilité d’être maman et cette crainte qu’il ne lui arrive quelque chose.
Alors bien sûr est arrivé les dents de lait qui poussent, les boutons de varicelle, la chute de vélo, les pleurs lors de la rentrée en maternelle.
Tous ces moments sont obligatoires dans sa vie de mère mais tous ces événements lui ont fait serrer la poitrine.
Elle sait que malgré tous les efforts et les attentions qu’elle mettra en œuvre pour que la vie de son fils se passe sans faille, se déroule le mieux le mieux possible, il y aura peut-être :
– Une entorse lors d’un match de football ?
– Un chagrin d’amour ?
– L’épreuve du code échouée ?
Et sans doute bien d’autres …
Que d’inquiétudes d’être maman et pourtant quelle merveilleuse aventure !
Hélène souri.
Elle regarde Emile qui s’amuse à faire s’envoler les pigeons.
Elle songe à ces six années passées, à celles à venir …
Son petit gars, son grand bonheur.
Elle lui cri au fond d’elle-même :
« Cours, cours encore ! Amuse-toi ! Profite ! Envole-toi sur le chemin de la vie !
Je serai toujours là pour toi. »
Et pour finir, vos liens !
Lilou : Pigeon, vole !
Yosha : Une bulle de légéreté
Kmill : Comme des enfants
VbeLecteur : Saligaud
Jean-Charles : Les oiseaux
Cardamone : Si tu savais
@leiloona : joli poème sur le temps qui passe inexorablement et si vite, alors savourer du mieux que l’on peut chaque instant si fugace…
mon lien http://facetiesdelucie.canalblog.com/archives/2012/10/22/25386865.html
@ Stéphanie : j’aime la manière dont tu as campé ton personnage, comme Leil, tu évoques cette vie qui passe, les bonheurs qui s’évanouissent et dont on peut seulement se souvenir…
@Morgane : jolie réflexion de maman, absorbeuse d’angoisses pour son petit garçon…
Oui, savourer chaque instant … Je m’y essaie, même si ce n’est pas toujours évident. 😉
Hello Leiloona,
Décidément, je n’ai pas le réflexe de te donner mon lien…
http://soene.canalblog.com/archives/2012/10/22/25384016.html
Bonne semaine
Il faudrait que je regarde le matin si tu as publié un texte, mais comme j’ai la tête dans le c** ! 😛
« Croire que rien ne changera » ce n’est possible, Leiloona…
Tout passe avec le temps… sauf peut être dans nos coeurs et nos yeux de Parents où l’image de nos enfants ne prend pas de rides…
Pourquoi donc cette photo t’a-t-elle inspiré de la tristesse ?… à cause de la météo ?
Bonne semaine & bises de Lyon
Hum, je dois être dans une passe triste … Et si je n’avais pas cette idée au départ, elle a pris de l’ampleur au fil des mots … Et je ne suis pas allée contre.
L’écriture cathartique, en somme ! 😉
@ Morgane,
On a beau penser, faire et dire… rien ne changera le cours de la vie de nos enfants.
On ne peut que conseiller (et encore), veiller et espérer que la vie ne les blessera pas trop…
@ Stéphanie,
une grand-mère un peu aigrie 😆
je crois entendre ma mère !
c’est drôle, les textes que j’ai lus ne sont pas axés sur les pigeons…
Bonjour Leiloona!
J’aime beaucoup ton poème, sa douceur un peu triste quand même malgré les rires, et cette sorte d’étrange nostalgie-par-avance, c’est bien vu!
Merci à toi !
Oui, le texte est assez mélancolique .. Une douce mélancolie. 😉
@Stéphanie
Un beau texte très touchant. Ca me plaît beaucoup.
@Morgane
eh oui! c’est bien ça la vie de maman, merveilleuse aventure, flot d’amour, avec les angoisses qui lui sont liées…
bonjour,
@ leiloona : belle poésie pour évoquer que le temps file… Point de vue adopté du coté humain enfance et non pas des pigeons !
@Stéphanie : très joli texte sur la vieillesse. J’aime cette opposition d’enfant qui court vers la vie et la personne âgée qui ne peut plus courir et qui revient au passé.
et puis tu as raison on n’en a rien à faire des pigeons…
@Morgane : je ne pensais pas que cette photo pourrait engendrer un texte sur ma maternité, ses joies et ses doutes. Quand mes filles étaient petites je voulais vite vieillir de peur qu’il ne leur arrive quelque chose de grave que je ne pourrais supporter et maintenant je me dis que si je pouvaits revenir en arrière…
bref la vie quoi !
avec le sourire
Hé hé, oui, j’aurais pu prendre l’angle de vue du pigeon aussi ! 😉
Leiloona, très beau texte comme d’habitude juste et touchant.
Stéphanie et Morgane, j’aime beaucoup vos points de vue…
Stéphanie, ton texte m’a à la fois amusée et émue, bravo !
Morgane, j’aime beaucoup ce récit sur les joies et angoisses d’être mère… la joie est la plus forte, heureusement pour l’espèce humaine !
Merci, Yosha. ♥
Très belles histoires qui collent toute à leur manière avec l’image
@Stephanie :
Texte tellement vrai, tellement triste, tellement … Sur cette vie dont nous ne profitons jamais assez, ou du moins, avec cette impression que nous n’en avons jamais assez profité.
Merci pour ce très beau texte.
@Morgane :
Très joli texte aussi, j’aurais pu l’écrire tant, comme pour celui de Stéphanie, je partage cette vision de la vie.
Merci aussi …
(Quant à la dernière phrase, je ne peux m’empêcher, lorsque je la dis, de penser que je pourrais mentir en la prononçant, même si je ne pourrai jamais savoir si …)
Bon, cessons d’être mélancolique, profitons de l’instant présent, n’est-ce pas ! 😉
merci à tous pour vos textes, je découvre cet atelier et je trouve ça très enrichissant, nos textes sont tous différents et c’est une surprise de voir ce que chacun fait d’une photo, comment ça lui permet de laisser aller son univers personnel.
je vous remercie pour vos compliments et pour ce partage de textes, merci à leiloona pour son beau poème, très joli style.
J’aime beaucoup l’idée du psy de yosha ainsi que le texte de Lucie que je trouve très juste, celui de cardamone ( j’adore cette épice, très joli pseudo) est même très touchant aussi, le contraste de cette mère qui est face à la réalité trop rude de la vie, face à l’insouciance de son enfant, mais c’est quand même pas cette insouciance et non par la réalité que la beauté vient. j’aime beaucoup
soene, j’ai été étonnée que tu trouve ma mamie aigrie, moi je la trouvais plutot nostalgique et sympathique mais le lecture est aussi propre à chacun.
Merci Stéphanie aussi pour ton texte. J’espère que tu as aimé y participer ! 😀 N’hésite pas aussi à aller lire et commenter les textes des autres. 😉
Bravo Leiloona pour ce texte poétique et mélancolique.
@ Stéphanie Merci pour ce texte de la part de cette grand-mère fatiguée assise sur son banc demandeuse d’image de jeunesse.
Merci pour vos commentaires sur le mien qui me touchent et me donne envie de continuer.
Merci Morgane ! ♥
Beaucoup de participations cette semaine !
Leiloona : j’aime toujours autant tes poèmes…
Stéphanie : Bien vu le regard de la dame âgée sur le bans. Il y a toujours (presque) une dame âge qui voit la vie défiler devant la sienne en bout de course
Morgane : je pense que j’aurais eu ce point de vue de la mère qui voit son enfant s’envoler sur le chemin de la vie. Classique, mais efficace, et si personnel…
Julie : Ouiiiiiiii le nombre de participants augmente, j’aime beaucoup car on accroît aussi les différents angles d’approche ! 😀
Et merci à toi ! ♥