Correspondance (Ecriture)

par | 5 Fév 2018 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture | 53 commentaires

Mon cher amour,
Sur le quai de la gare, tu t’es retournée sur un dernier sourire et quelques mèches  emmêlées dansaient encore de la frisure de nos étreintes.
Dans le train qui m’emmenait, j’ai compté les lignes des champs qui me séparaient de toi. Le soleil se couchait sur l’enlacement de nos bras, je me suis endormi apaisé. J’ai rêvé de toi.
Je suis bien arrivé hier soir. L’accueil fut généreux, mes hôtes en liesse. Je venais enfin pour écrire et me reposer de cette année remplie de salons et de rencontres.
Il y a au fond du terrain une allée de glaise, et un lac rempli d’une vieille péniche grinçante. Je me suis assis là ce matin, je me remplissais de silence. Un autre air, une autre lumière, pourtant tout me ramenait à toi. Alors je t’ai imaginée, ma funambule, ton minois à travers les hublots, puis ton corps assoiffé de soleil, nu sur le ponton.
A midi, la tête tournée vers le soleil, j’ai eu hâte de voir passer ces nuages, ils étaient le métronome de mon retour vers toi. Ce soir, pourtant, le temps est à l’orage, et ma bougie grésille du vent qui s’engouffre sous la fenêtre.

Loin de toi, je te couche à la nuit tombée dans mes histoires, les boucles de mes lettres s’allongent comme la caresse de mes doigts sur ton corps blanc. A travers mes mots, je te ressens. Des fois, je me demande pourquoi il faut se séparer, si c’est pour que tu envahisses mes pensées et mes écrits. Je suis comme ces saules pleureurs du lac dont les branches souples tentent de s’arrimer au sol sans jamais y arriver.

En attendant de pouvoir de nouveau t’enlianer, reste belle, bois la vie, et ouvre-toi aux curiosités. Je te prendrai bientôt de nouveau ma bien-aimée, au-delà de tes nouvelles richesses.

Je t’embrasse par-dessus les baisers d’hier.
Ton dévoué.

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Eva © :

Ses valises sont prêtes, l’aube n’est pas encore levée, Julian ne devrait plus tarder. Il se retourne vers les escaliers, là où ses parents et sa petite soeur dorment. Il est évidemment triste de les quitter, ils vont énormément lui manquer, mais que voulez-vous c’est de leurs fautes à eux. Ses parents. Il n’y connaisse rien à l’amour passionnel. C’est eux qui ne l’acceptent pas comme il est. Son propre bonheur passe bien après leur ouverture d’esprit beaucoup trop étroit.

Il caresse une dernière fois Murphy qui émet un ronronnement de satisfaction, plonge la main dans sa poche et sort la photo que lui a donné sa grand-mère Gaby il y a tout juste deux ans. Juste avant qu’elle ne meure.

Cette photo, il ne la quitte plus des yeux. Ce vieux rafiot sur une sorte de lac parmis des dizaines de saules pleureurs. Pourquoi le lui avoir donné ? Au verso, à l’écriture devenu illisible trois phrases : York, Angleterre – Là-bas, quand tu seras prêt – Ne montre pas à tes parents.

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’à l’ombre des saules au fin fond de la photo se cachent deux jeunes filles à peine plus vieilles que lui. Gaby et Margaret, quarante-cinq ans plus tôt.

Tous les jours pendant une toute petite demi-heure depuis bientôt un an, elles se retrouvent sous ces saules, cacher aux yeux de tous. Margaret, arrive toujours avec un petit panier rempli de douceurs pour le goûter. Ces trente minutes suffisent à Gaby pour la rendre infiniment heureuse. Elles s’aiment plus que de raison, c’est une histoire d’amour platonique certes mais passionnelle.

Puis tout a changé le jour où le père de Gaby les a vus en prenant cette satanée photo. Direction l’internat religieux pour Gaby, à l’autre bout du pays. Elles ne se sont jamais revus mais ont gardé le contact par lettre. Margaret est restée vivre à York dans sa maison d’enfance et ses souvenirs amoureux. Dans sa dernière lettre Gaby explique à Margaret que son petit-fils adoré est gay et qu’elle sait pertinemment que ses parents ne l’accepteront jamais, à sa plus grande peine. Alors Margaret lui a envoyé la photo qui les a séparés et qu’elle attendait impatiemment l’arrivé d’Enzo et Julian lorsqu’ils seront prêts.

Julian vient d’arriver, il sort précipitamment de sa vieille Alfa, enlace et embrasse passionnément Enzo, l’aide à porter ses valises et partent.

Direction York et son secret bientôt dévoilé.

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Texte de Nady © :

L’espoir je l’ai trouvé au vert, bien loin de l’ambiance polluée de Paris. C’est dans cette région où les fleuves ont la même couleur que le feuillage des arbres et non celle de leur tronc comme la Seine, que j’ai pu me reconstruire et être en accord avec moi sans colère refoulée.

C’était il y a 25 ans. En me levant de la table du petit déjeuner, je lui ai lancé : « Plus rien ne va entre nous, je crois qu’il est temps de nous séparer ». Pour seule réponse je me suis retrouvé brusquement plaqué contre le mur, la lame d’un couteau de cuisine pointée vers ma gorge avec comme seules paroles : « D’accord ! Tu pars mais tu peux faire une croix sur les enfants ! »

Son regard, sa voix, la violence soudaine de son geste et ce corps à corps inattendu ont créé une brèche, un trou de douleur intérieure.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille mais quand on vous prive du sang de votre sang, vos amours, vos fils, d’une manière si soudaine, la déchirure est telle qu’il vous faut trouver un moyen pour stopper la montée de la crue des émotions, qui elle, risque, en plein débordement, de faire des ravages insoupçonnés bien plus importants.

Comme le fleuve, soumis aux aléas du temps, doit faire le dos rond lorsque ses nappes d’eau souterraines sont pleines et attendre que Dame Nature ait dit son dernier mot, j’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur en capitulant devant son fort caractère devenu violent en évitant un rapport de force perpétuel pour le bien être de nos enfants ; ils avaient 2 et 5 ans à l’époque.

Nous sommes passés devant le juge, j’ai signé un contrat sans garde alternée ; je les voyais un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires.

Finalement, la vie m’a donné raison. Aujourd’hui mes fils sont proches de moi et on aime se retrouver assez régulièrement dans mon havre vert de paix et s’installer entre hommes dans ma vielle barque à l’abandon pour taquiner parfois le poisson entre fou rire et boissons.

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Texte d’Alouette © :

Echouée

Assise sur un banc sur le chemin de halage elle regardait cette péniche. Un seul mot lui venait à l’esprit : échouée. Comme elle, elle était également échouée au milieu de la verdure. Echouée et bancale.
Elle s’appelle Espérance. Elle a 14 ans. Elle repense à tous les noms de ces embarcations qu’elle peut lire lorsqu’elle se promène sur les quais de Seine Elle a toujours aimé lire leurs noms. Ces noms ne sont pas donnés par hasard ; ils évoquent une histoire, un espoir parfois, un rêve, un remerciement. Elle songe.
Son nom, si particulier, lui a été donné par sa mère adoptive. Elle l’avait tellement attendue, espérée qu’il était pour elle une évidence. Elle aurait pu l’appeler Victoire mais la portée symbolique ne serait pas la même. En l’appelant ainsi elle manifestait son attente récompensée mais aussi son désir d’avenir et surtout sa confiance « Tu es mon espérance et ton avenir t’attend. Maintenant, prends ton vol » C’est comme cela que sa maman lui avait expliqué ce choix.
Mais aujourd’hui, malgré ce grand soleil, cette verte nature signe d’espérance elle a envie de dire que « L’espérance n’est qu’un charlatan qui nous trompe sans cesse et pour moi le bonheur n’a commencé que lorsque je l’ai perdue. » Elle n’a pas l’âme disposée à croire que ce qu’elle désire adviendra. Le bonheur.
Cette péniche penche, elle est rouillée, elle est seule et ne sert à rien. Que fait – elle là ? Pourquoi est-elle échouée ? Elle est inutile, elle n’est même pas belle. Espérance se pose les mêmes questions pour elle. Le parallèle avec sa vie l’impressionne.
Adoptée à l’âge de 6 ans, elle se considère échouée dans cette nouvelle vie, nouvelle famille, nouveau pays. Cela fait déjà longtemps qu’elle vit ici sur les bords de la Seine mais elle ne se sent pas attachée. A l’image de cette péniche elle a connu des moments de calme, de sérénité, mais aujourd’hui dans ce corps d’adolescente ce n’est pas mer calme c’est plutôt grand vent !! Elle s’interroge sur son identité née de la fusion de deux destins, celui de ses parents adoptifs et le sien, celui d’une enfant abandonnée.

Elle se dit que cette péniche aura peut-être une deuxième vie. Elle pourrait devenir une guinguette, un salon de thé, un restaurant …rendre des gens heureux.
Perdue dans ses pensées elle ne s’est pas rendue compte qu’une vieille dame s’est assise à côté d’elle. Elle l’observe depuis un moment. Elle a le visage ridé, chaque ride exprime des moments clés de sa vie, heureux ou malheureux. Elle est toute petite, avec un visage rond aux traits presque enfantins derrière ce réseau de rides. Elle porte un long gilet marron tricoté à la main, ses cheveux sont poivres et sels coiffés d’un magnifique chignon. Elle se met tout doucement à parler à cette jeune fille tourmentée. Son discours n’est pas anodin, comme si elle lisait en elle. Sa voix est douce. Espérance ne s’en choque pas. Elle est plutôt conquise, hypnotisée par ces yeux d’un bleu électrique. Elle répond naturellement aux questions de la vieille dame qui l’interroge sur son blues apparent.
C’est ainsi, au gré des jours, du cliquetis de l’eau, du balancement de la péniche que la confiance s’installa entre elles et que, régulièrement, elles se retrouvèrent face à cette péniche échouée. Espérance y retrouva foi en la vie, en l’avenir en son espérance grâce aux échanges, aux témoignages à l’écoute attentive de cette vieille dame, prophète providentiel.

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Textes d’Adèle © :

Naufrage

Moteur coupé, mue par l’élan, la péniche de bois et de rouille, courant sur son erre, était venue s’échouer sur la rive recouverte d’herbes hautes. C’est là que je l’ai découverte, tout au bout de l’île, cachée par le vert tendre des saules pleureurs et l’ondoiement des roseaux touffus. Le bâtiment avait gardé fière allure, une ligne équilibrée entre solidité et confort. La cale était profonde ; elle avait du en transporter, des marchandises, à travers l’espace et le temps. Du charbon avant-guerre, des céréales et du sable ensuite. Petit soldat de la reconstruction, je l’aurais bien décoré de la médaille du travail.

J’imaginais l’habitation autrefois spacieuse et lumineuse, avec sa timonerie toute vitrée et sa cabine éclairée de hublots qui semblaient me faire de l’œil. Entre deux escales, les heures passées, nichées au creux de l’eau, tièdes en hiver, fraiches l’été, devaient apaiser l’âme, et les paysages autour, distraire l’esprit. Le mien s’évadait.

L’aventurière avait du en parcourir, des canaux et des rivières, des fleuves et des ports, elle avait du en voir des paysages, traversant  l’Europe et reliant les rives ensoleillées de la méditerranée à celles ventées de la mer du Nord. J’aurais aimé qu’elle me raconte ses périples dans les terres de l’Est, Allemagne, Autriche, Hongrie ; s’était-elle aventurée jusqu’aux rivages de la mer Noire ?

La coque portait les traces d’un accostage un peu rude, mais les garde-corps métalliques tenaient bon ; les bois avaient perdu leur revêtement lasure, se teintant d’une grisaille qui s’harmonisait à la couleur marronnée de la grande carcasse immobile et silencieuse. Au gré des pluies et des vents,  de l’agression d’une inondation ravageuse, le bateau avait pris du gite, et la vase avait commencé son travail d’engloutissement et de destruction.

 En plongeant la main sous le miroir opalescent de l’eau, peut-être aurais-je trouvé quelque écrevisse d’eau douce, ou dérangé un vilain poisson-chat. Nul doute qu’aux soirs de printemps,  j’aurais pu entendre le coassement incessant des grenouilles énamourées. Parfois voir un martin-pêcheur, un geai se poser quelques instants pour reprendre souffle, étourdis par le vent de l’orage.

 Bâtiment immobile, mais frémissant encore de vie.

Ou épave, rebut, déchet destiné à la casse.

Paradis ou enfer, tout est une question de regard.

La vieillesse est un naufrage.

Les vieux sont des trésors vivants.

Naufrage bis

Tu m’as dit que c’était terrible, ce qui lui arrivait, que pendant quatre vingt ans, ç’avait été ta mère et qu’aujourd’hui  quand tu allais lui rendre visite dans sa maison de retraite, tu ne voyais plus en elle qu’une  vieille femme, toute tassée, ridée, laide, et maintenant qu’elle n’avait même plus sa tête – tu te rends compte, elle qui avait été une femme si brillante ? -, tu te demandais à quoi ça servait que le personnel  continue de la nourrir, de lui donner la becquée à la petite cuillère, une vilaine purée dont elle recrachait la moitié sur son bavoir – un bavoir, quelle déchéance, elle si élégante !

Je t’ai demandé si tu pensais qu’elle souffrait, si elle se rendait compte de son état. Tu m’as répondu que non, qu’une sorte d’indifférence au monde s’était installée dans son corps, que tu avais le sentiment que ta mère ne te reconnaissait même plus et que ça aussi, c’était d’une violence inouïe pour toi, qui avait tant besoin, plus que tout autre, qu’elle t’aime, encore et toujours,  et de façon indéfectible, jusqu’à ce que toi tu disparaisses.

C’était déjà pour toi une douleur ineffable, de penser que bientôt elle t’abandonnerait, car pour toi c’était cela, la mort, un abandon de toi qui resterait vivante, demain, le lendemain, et encore le surlendemain, un an, dix ans, le restant de ta propre vie et tu devrais composer avec l’absence charnelle de celle qui t’avait portée, autant dans sa tête que dans son corps, par son regard aimant, parce que oui, elle t’avait aimée, tu es étais certaine, même si elle n’avait jamais prononcé ces mots – chez toi ces choses-là ne se disaient pas.

Tu m’as dit « Je ne peux pas imaginer que ma mère meure ». Et je voyais bien dans ton regard à la fois perdu et déterminé que tu formulais cette pensée de sa mort prochaine pour mieux la conjurer et la fracasser. Même pas peur, ça voulait dire, alors que tu tremblais d’une terreur irrationnelle et pourtant réelle.

Quels mots, mon amie,  pour t’aider à franchir le gouffre que ta souffrance ouvre sous tes pas ? Comment te rappeler sans indécence que la mort fait partie du chemin à parcourir, que c’est un effacement et non une disparition ?

J’ai préféré t’emmener avec moi, tu as accepté de me suivre, nous avons marché le long de la rivière, la promenade n’était pas aisée, au milieu des ajoncs et des saules, nous faisions attention à poser nos pas hors des trous d’eau et des orifices de terriers. Je t’ai guidée entre les buissons d’épine et tu l’as découverte, la vieille péniche échouée. Tu m’as dit « Elle est belle ! » et nous avons souri.

Le navire abandonné ne pouvait plus naviguer, c’était certain, il avait subi les assauts de la rouille et des intempéries, sa coque était trouée et prenait l’eau, et son air penché laissait augurer une mise au rebut, voir une décomposition prochaine. Foutue, la barcasse !

Et pourtant, sa beauté était indéniable, et la cale était pleine à ras bord des souvenirs entassés par les mariniers, au fil des navigations. Des voyages, des rencontres.

Tu as défait tes sandales, pantalon relevé au-dessus des chevilles, tu t’es avancée dans la vase tiède jusqu’à toucher  le flanc du bateau.  Ta main a parcouru ses éraflures. De l’index replié, tu as donné de petits coups qui ont fait résonner le métal d’un son clair. Tu as posé la main sur le plat-bord et tu as caressé le bois patiné par les intempéries. Autour de tes pieds frétillaient quelques gardons ; un geai s’est posé en équilibre sur le garde-corps ; une poule d’eau regagnait son nid accroché à l’étrave.

Tu as dit « Elle est arrivée à la fin de sa vie » et tout était dit.

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Texte de Val © :

Quelle drôle d’idée de me prendre en photo ? Seule en plus… J’aurai déjà peu compris faire le fond d’un selfie mais seule je comprends encore moins. Il y a tant d’années que plus personne ne pose les yeux sur moi …alors me prendre en photo ! En plus, vu le nombre de clichés qu’elle a pris et le temps que cela lui a demandé, sa photo doit en plus être jolie. Il faut dire que si moi j’ai une sale tête, mon environnement a de quoi faire rêver. Ca doit faire un peu comme la belle et la bête : tout ce vert derrière moi symbolisant l’espoir et ma vielle carcasse rouge au premier plan rappelant la misère, la peur… J’ai le mauvais rôle. J’ai eu mes beaux jours pourtant, moi aussi, avant la mort de Dad. Il m’a bichonné. Nous avons vogué sur de nombreux fleuves…Mais il n’est plus là, embarqué, bien trop tôt, par la maladie. Ce n’est pas sa femme qui allait s’occuper de moi, elle ne m’a jamais aimée, toujours jalousée. Il faut dire qu’il en a passé des heures à me poncer, me vernir, me peindre. Même pas reconnaissante des découvertes qu’elle n’aurait pu faire sans moi. Elle m’a abandonnée. Même les enfants qui avaient pourtant aimé les vacances sur le bastingage, qui se réjouissaient à chaque passage d’écluse m’ont oublié et laissé dépérir. Chacun a ses occupations, je ne leur en veux pas. C’est la vie ! Mais depuis, ma peinture s’écaille, je rouille de partout, la cabine où Dad tenait fièrement la barre s’effrite… Je n’ai pas bougé d’ici depuis des mois. Seuls les saules pleureurs me tiennent compagnie. Les rares promeneurs qui passent près de moi se lamentent de me voir pourrir sur place, s’interrogent. A se demander même par quel miracle la décharge ne m’a pas encore évacuée.

J’aime imaginer que cette jeune femme a un projet pour moi, qu’elle pourrait me redonner une deuxième vie. Si je pouvais parler, je lui lancerai bien une idée : me transformer en auberge pour des sans-abris … mais peut-être a-t-elle d’autres plans. Enfin je peux toujours rêver, c’est tout ce qu’il me reste alors…

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Les textes publiés sur d’autres blogs :

53 Commentaires

  1. Adele

    @Leiloona : quelle belle déclaration d’amour, à quelques jours de la saint Valentin ! Un amour tres charnel, fusionnel et enflammé, que l’éloignement attise.
    NB Ça me ferait presque un peu peur, l’amour exprimé dans les 2 derniers paragraphes, un peu envahissant à mon goût.

    • Leiloona

      Ah marrant. C’est un écrivain qui parle (je crois que cela s’est vu), et cette absence est source de création, elle impulse quelque chose de beau. Dans l’Antiquité, on appelait ça une Muse. Je n’y vois guère un amour étouffant, mais plutôt un amour porteur et qui élève. 🙂

      Mais je suis biberonnée aux textes classiques et antiques. 🙂

    • iza

      C’est si beau que justement on peut se demander si ça existe dans la vraie vie…

  2. Adele

    @Eva : tu nous narres une histoire à la fois très belle et très triste. Pauvre grand mère confrontée au rejet par ses parents puis par ses enfants. C’est un aveu d’impuissance et d’echec puisqu’elle n’a pas reussi a changer la mentalite de sa famille, alors meme que la societe semble devenir plus tolerante, du moins dans certains milieux. J’aurais aimé en savoir plus sur la complicité grand mere/petit fils.
    L’espoir pour la génération prochaine ?

  3. Leiloona

    Hum c’est l’hiver qui s’éternise qui vous fait écrire à toutes des textes aussi joyeux ?

    Perso ça me plombe.

    • Adele

      Non C’est la grève et la manif de la semaine dernière pour le financement des EHPAD !

    • Elsa

      ;-))

  4. Adele

    @Nady : quel choix difficile pour cette femme qui part pour sa propre liberté et non pour un autre amour. C’est difficile pour moi d’imaginer qu’elle puisse partir en laissant ses enfants aux mains d’un homme violent. Mais c’est un de mes préjugés, celui de la mère protectrice.

    J’aime beaucoup la sobriété de ton texte, l’absence de pathos , l’apaisement final … Et les questions qu’il provoque !
    NB Je ne donne pas le même sens que toi à l’expression « contre mauvaise fortune bon cœur »

    • Nady

      Merci pour ton retour ; -) relis ma conclusion et tu verras que ce n’est pas la femme qui a subi la violence soudaine là 😉

      • Adele

        Et Voilà, je suis tombée dans le piège de mes préjugés !
        Eccuse moi, ça m’apprendra à lire trop vite, une tartine à la main .
        Je releve aussi de belles allégories entre le fleuve et les sentiments de cet homme sensible et pudique.
        Oui, la pudeur me semble bien caractériser ton texte et j’aime cela.

  5. Sam

    Un jour, un chef cuisinier m’a expliqué qu’il était facile de réaliser de bons mets avec de bons ingrédients (style : foie gras, girolle,…) et que la difficulté était justement de préparer de bons plats avec des légumes simples de saison, sans chichi ni sophistication.
    En écriture, je pense que c’est pareil. C’est un atelier d’écriture : et si nous tentions d’écrire des textes sans femme battue, sans séparation, sans meurtre, sans maladie, sans parent mort ? : en gros, sans thème fort qui masque la qualité des textes. Ecrire une histoire simple, qui ferait naitre des sentiments uniquement par sa beauté, son style, son originalité ou son humour ?

    • Adele

      Et pourquoi pas une semaine du Feel good, de la romance, ce serait drôle ? Ce serait le challenge de la saint Valentin.

      • Leiloona

        Je crains, Adèle, que tu n’aies pas compris le message de Sam.
        Tu tombes d’un extrême à l’autre, or la littérature ce n’est pas cela, c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin (comme dirait Stendhal). Et la vie n’est ni complètement sombre ni complètement girly.

        Oui, je regrette (comme dans le dernier De Vigan d’ailleurs) que tous les textes publiés ce matin sur bricabook soient sombres. C’est une tendance qui à mes yeux est facile (je partage complètement l’avis de Sam.) car elle fait pleurer, le lecteur s’apitoie … (comme dans ces téléfilms où les personnages sont accablés de toutes parts.) et éclipse l’écriture …

        Aussi, j’aimerais vraiment de la nuance. Sans tomber non plus dans la romance. Ce n’est pas un genre que j’apprécie de lire (ça se voit pour celui qui suit mon blog), donc je ne vois pas pourquoi mon atelier le mettrait en avant.

        Ne tombons pas dans les extrêmes, soyons au contraire fins dans notre façon d’écrire.

        • Adele

          Si mes deux textes semblent sombres, C’est que J’ai raté mon but. 🙁
          Je voulais montrer que la vieillesse et la mort ne doivent pas nous effrayer, que ce ne sont que des etapes de la vie et que ces vieux qui apparaissent vides et inutiles å certains, contiennent en eux toute une existence passée mais aussi la vie encore présente chaque jour.
          C’est juste notre regard d’occidentaux de 2018 et nos echelles de valeurs qui créent ces peurs.
          NB désolée pour ce com de com, le sujet me tient à coeur.

      • iza

        Beurk… du mou, quoi… 😉

  6. Nady

    @Adèle : j’attendais de lire tes textes avec impatience tant le sujet m’interpelle. Dans le premier texte, j’ai beaucoup aimé la description que tu as faite de cette péniche aux beaux jours de sa jeunesse où l’on aimait s’y retrouver et où l’ambiance semblait légère et heureuse. Le parallèle que tu fais ensuite en conclusion avec la vieillesse est poignant ! J’ai adoré cette partie qui à travers quelques mots et phrases courtes, est venue percuter min ‘esprit et amène à méditer ! Merci !

    Dois je t’avouer que j’ai plus qu’adorer ton deuxième texte si ce n’est même préféré ? Il me parle tellement et pourrait s’appliquer au père, à la grand mère ou au grand père. Elles sont véritablement amies ces 2 là et celle qui accompagne l’autre dans la préparation de ce deuil à venir est d’une grande sensibilité pleine d’affection ! « Je t’ai demandé si tu pensais qu’elle souffrait, si elle se rendait compte de son état. Tu m’as répondu que non, qu’une sorte d’indifférence au monde s’était installée dans son corps, que tu avais le sentiment que ta mère ne te reconnaissait même plus et que ça aussi, c’était d’une violence inouïe pour toi, qui avait tant besoin, plus que tout autre, qu’elle t’aime, encore et toujours,  et de façon indéfectible, jusqu’à ce que toi tu disparaisses. » : ce passage ma émue tellement il sonne juste mais à y réfléchir c’est tout ton texte que je pourrais copier tellement je fus emportée par tes mots ! Merci ! Vais aller essuyer les quelques larmes qui ont coulé mais des larmes de bonheur car comme tu le dis si justement « la mort fait partie du chemin à parcourir, que c’est un effacement et non une disparition ? »

    • Nady

      Avec qqs corrections de ma plume qui lutte avec le correcteur automatique du smartphone,… 😉 mOn esprit… j’ai plus qu’adoré…

  7. Elsa

    @leiloona : Au temps des correspondances, la chaleur des corps qui brule, et l’amour ravivé par la distance… Je veux visiter cette péniche

    @Eva : Magnifique témoignage d’une grand-mère aimante, accueillante. Et qui nous montre que l’histoire se répète, les lieux en sont souvent témoins.

    @Nady ; Comment ce coin de paradis apaise les tensions familiales et les remous de la vie. Imparable.

    • Leiloona

      Elsa : Merci ! ♥

  8. Josplume

    @Leiloona : Comme elle est belle cette déclaration ! Alors, c’est vrai peut-être un peu « étouffant » cet amour immense, mais c’est tellement beau à lire…qu’on voudrait y croire ! Merci Leiloona pour tes doux mots.

    • Leiloona

      Ah ?
      Un amour peut être immense sans être étouffant selon moi. Je suis depuis quelques mois dans la lecture de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès. Plus de mille pages de lettres.Je picore quelques lettres, mais à la vitesse d’un escargot. Je ne lis pas dans l’ordre non plus.
      Ce qui est mis en exergue dans cet échange est avant tout ce merveilleux lien qui porte l’un et l’autre dans une belle réciprocité. Rien d’étouffant n’en ressort. Camus écrit lui-même que sa création n’aurait pas été celle qu’elle a été sans Casarès. Je n’y vois que de la lumière et une forte inspiration créatrice.

      • Josplume

        L’immensité d’un amour tel que tu le décris dans ton texte me parait à la fois beau mais – comment dire – exclusif aussi et donc du même coup peut-être restrictif. Sa grandeur est telle qu’elle ne laisse la place à rien d’autre, que tout ce qui se passe autour est ramené à cet amour et en ce sens, cela me parait « étouffant » même si je trouve cela beau ! Mais bon…je reconnais que mon romantisme à des limites… 😉
        Quant au pouvoir de création qu’un tel amour inspire, cela me parait indéniable ! Ton texte en est la jolie preuve. 😉

        • Leiloona

          Ah je saisis mieux.
          Bah à mon sens non. Vu ce qu’il écrit à la fin. Il lui dit de rester ouverte au monde, d’accumuler des richesses… Sous entendu qu’ils continuent d’aimer et de faire ce qu’ils aiment faire.
          Rien d’exclusif ou de restrictif mais plutôt un carpe diem.

  9. Marie K

    @Leiloona, quelle splendide déclaration! Les mots s’enroulent et créent de belles images autour de cette lettre passionnée.
    @Val, point de vue intéressant. J’aime beaucoup l’idée.
    @Eva, belle évocation d’un amour « interdit’ qui toutefois offre à la prochaine génération quelques grammes d’espoir
    @Nady, poignant. On ne parle guère de la violence dans ce sens là. D’ailleurs au départ on se dit est-ce que j’ai bien lu? On sent tout l’amour du père pour ses fils. Et la fin qui sonne comme une victoire.

  10. Nady

    @Leiloona : de jolis mots comme tu as l’habitude de nous en offrir à travers une plume fluide. C’est bien qu’ils soit séparés de temps en temps, ça met de la distance dans leur amour qui a l’air d’être passionné en ce qui le concerne. Merci pour ce texte

    • Nady

      soiENt

  11. Nady

    @Val : ROoo ! ton texte est touchant ! quelle belle idée de personnifier l’objet ! Dès tes première phrases je me demandais si j’avais bien compris en lisant selfie et oui, c’était bien cela ! Bravo pour l’idée très réussie !

  12. janickmm

    C’est une ballade au creux de l’amour respectueux et patient, une belle complicité deux être qui se complètent en toute liberté. Une belle écriture.

    • Leiloona

      Oui, voilà, en tout cas, c’est ce que j’ai voulu faire passer : une complétude en toute liberté.

      Pourquoi voir du négatif alors qu’il n’ a que du beau ? 🙂

  13. janickmm

    Pardon, ce commentaire s’adresse à Leiloona

    • janickmm

      Bien sûr, même si j’ai écrit « deux être » sans S, oups !

  14. Josplume

    @Eva : Un texte qui rappelle s’il en est besoin, que les interdits ont la dent dure et qu’il faut souvent plusieurs générations pour que les mentalités évoluent un tout petit peu…Et puis j’aime cette complicité entre ces deux générations, au-delà même de la mort. Merci Eva !

  15. Josplume

    @Nady : Un façon originale d’aborder la violence conjugale. C’est rare de parler de la violence d’une femme envers son mari, c’est tellement rare que je ne l’ai pas compris en début de lecture je l’avoue et que j’ai même pensé que tu avais fait des fautes d’accord dans ton texte…Ce n’est qu’en lisant la chute que j’ai compris…Étrange, quand même, de voir ce que cette photo t’a inspiré ! 😉

  16. Eva

    Tous ces textes sont vraiment jolis.

    @Leiloona : Cette déclaration est magnifique ! Tu m’as donné des frissons 🙂
    @Val : Pauvre péniche, maintenant quand je vais regarder un objet seul dans un coin, je vais penser à ton texte 🙂

  17. Josplume

    @Alouette : Un début de texte « plombant »…puis l’arrivée de la vieille dame apporte enfin une lueur d’espoir. C’est étrange de voir que les histoires inspirées par cette photo ont souvent fait intervenir des personnages de générations différentes…

  18. Josplume

    @Adèle : On ne voit que ce que l’on veut voir…Dans tes deux textes il est question du temps qui passe et de ce que cela implique. Ce n’est pas sombre pour moi, c’est juste la vie…Quand on accepte que le temps passe, on accepte les ravages qu’il fait parfois mais aussi les beaux moments qu’il nous procure souvent et les belles personnes qu’il nous permet de rencontrer. Je les trouve plutôt revigorant moi tes textes ! 😉

  19. Josplume

    @Val : Une belle idée, cette histoire, et la chute laisse la possibilité au lecteur d’imaginer la deuxième vie qui sera donnée à cette vieille péniche ! Une bien agréable lecture !

  20. janickmm

    Eva : La rigidité d’esprit fait beaucoup de dégâts, et n’ouvre pas beaucoup de portes. Bel écrit

  21. janickmm

    Nady : Le souvenir est vif pour cet homme qui a été victime de violence conjugale, et les enfants ont tout compris, même plusieurs années plus tard.

  22. janickmm

    Alouette : Que c’est bon d’avoir un jour, sur sa route, une oreille attentive, neutre, mais à qui se confier.

  23. janickmm

    Adèle : Merci pour elle, de ne pas avoir parlé, dit des mots inutiles, cette promenade dans la nature vers cette péniche « abandonnée », lui a fait prendre conscience de l’évidence au sujet de sa mère, qui elle, n’est pas abandonnée, elle est entourée du personnel soignant (qui est le plus souvent, quoique les Unes le disent, extrêmement dévoué) et de sa fille, proche, sur laquelle cette femme âgée peut enfin se reposer, même si son esprit est ailleurs.

  24. janickmm

    Val : une belle vie cette péniche, un beau décor aussi pour sa retraite, et une belle complicité avec un capitaine, fou d’elle !

  25. victor

    @Leiloona : Un amour tel qu’il pourrait dépasser les frontières, les vents et marées… On visualise l’écrivain devant sa feuille, tout à ses belles pensées, et ce dans n’importe quelle situation. Merci pour ce doux moment !

  26. victor

    @Eva : Je n’ai jamais compris cette étroitesse d’esprit de la part de certains parents… Peut-être dû à une éducation très stricte et religieuse des anciennes générations… Sûrement même… La liberté se trouve ailleurs, lorsque la piste familiale est bloquée… Enzo prend la bonne décision. Ton texte m’a donné le sourire. Espérons pour lui le meilleur à York !

  27. victor

    @Nady : J’ai tout de même cherché une confirmation dans les commentaires, mais c’est bel et bien un homme qui a subi cette montée de violence soudaine ! Ton texte me rappelle assez bien que la vie nous rend toujours ce qu’elle nous doit. Une touche de positivité en guise de conclusion. Et le tour est joué !

  28. Valérie

    @alex : Quelle flamme!! Ton auteur est follement amoureux!

  29. Valérie

    @Eva : l’idée est interessante, comme souvent l’histoire se répète…sans pour autant que les esprits évoluent.

  30. Valérie

    @Nady : ton texte est violent. C’est étrange mais le fait de comprendre que c’est un homme qui est « la victime » me l’a rendu encore plus dur.

  31. Valérie

    @Alouette : un joli texte, j’aime beaucoup le rapprochement entre cette péniche bancale et inutile et la vision similaire que l’ado a d’elle même.

  32. Valérie

    @Adele : je trouve ton texte d’une grande beauté. C’est joliment écrit,c’est touchant. L’écriture en parallèle est originale. Bravo.

  33. adèle

    @Alouette : Un texte riche d’idées. Le choix et l’influence d’un prénom, l’identité culturelle, l’adolescence, l’enracinement par l’amitié avec une grand-mère d’adoption, un récit qui donne foi en l’avenir.

  34. adèle

    @Val : Une péniche qui joue les coquettes, qui minaude comme une jeune chatte, c’est très drôle, et puis un peu triste aussi, comme si on comtemplait une artiste vieillissante qui n’a plus ni amants ni succès. Jolie personnification !

  35. Estelle

    @Val : Jolie cette personnification de la péniche !

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