Matilda referma la porte derrière elle. Le salon embaumait de ce plat qui mijotait encore. Quelques épices voletaient : elles se poseraient sur les tentures, nimbant alors de souvenirs ces histoires qu’ils partageraient bientôt. Dans quelques minutes, la sonnette remplirait cet espace silencieux, et un bruit d’étoffes froissées accompagnerait la pastorale de leurs sourires.
Malgré le froid encore vivace en ce mois d’avril, Matilda entrebâilla la fenêtre. Elle entraperçut dans le jardin, près du banc en bois, ses bottes maculées de terre. Instinctivement, elle regarda ses ongles. Mais désormais plus aucune trace ne trahissait ses précédentes activités. Dans le salon, les rayons de la golden hour jouaient avec les couvertures rouge vermillon des livres. Matilda s’assit en tailleur, puis ferma les yeux. Une ribambelle d’histoires peuplait son esprit. En suspension, elles n’attendaient que le déclic créateur, cette étincelle que Prométhée avait jadis apportée aux hommes. Elle sourit.
Dans le jardin, une libellule se posa sur les grandes feuilles de rhubarbe. Sous elles se cachait un dragon millénaire, et des histoires torrentielles s’y agglutinaient. A leur gauche, la bordée rouge de fuchsias possédait une toute autre musique. Le lent balancement de leurs clochettes se faisait hypnotique. Leur mouvement ressemblait aux caresses de l’homme merveille qui étonne, chavire, et remet l’âme à nu.
Matilda ouvrit les yeux. Au milieu de cette carte du Tendre, il y avait cette ombre verte qu’elle venait de planter. Dans huit ans, ce hêtre serait ce géant en devenir, mais ce soir sa frêle pousse s’érigeait déjà fièrement sous les rayons du soleil.
Dans le couloir, la sonnette retentit. Elle se leva : les secondes se teintaient déjà d’immortalité.
Alexandra K © Dimanche 8 avril 2018
Cloud © :
La jeune Marie-Edwige lut encore quelques lignes : «…Leurs corps trempés de sueur, Mario et Paulette se jetèrent l’un l’autre sauvagement sur la table de la cuisine pour un moment d’amour bestial, torride et passionné. Leurs bouches, leurs sens, leurs peaux se laissaient aller à pour une sexualité débridée et assumée où le Kama Sutra paraissait bien fade à côté de leur imagination fertile dans les moments d’extase. Tandis que Mario arrachait des dents le tablier à carreaux de Paulette, la main de celle-ci lui saisit voluptueusement le…».
Marie-Edwige regarda l’heure sur la comtoise, inséra le marque-page brodé, referma le livre, le rangea à sa place dans la bibliothèque et rejoignit ses parents dans la grande salle à manger. Lorsque la servante eut servi le dessert, la mère dit à sa fille : «Marie-Edwige, ma chérie, n’oublie pas ton devoir Brica Book pour demain. C’est leur 300e, fais quelque chose de joli».
Marie-Edwige retourna sagement dans la bibliothèque, regarda attentivement la photo proposée. Elle écrivit un texte assez long et l’envoya le dimanche midi après la messe.
Le lundi, pendant son petit déjeuner, elle ouvrit sa tablette et alla sur le site de l’atelier d’écriture. Comme chaque semaine, en dessous du texte allégorique de Leiloona, elle aperçut avec fierté le sien. Elle avait, cette fois, décidé de le titrer : «Trois cents nuances de gris».
Tara © :
Mais pourquoi mon amie Sandrine reste-elle dans cette bibliothèque sombre pour lire une fois qu’elle a choisi son livre ?
Un récit ou un essai nous accompagne pendant quelques heures ou quelques jours, voire parfois plusieurs semaines. Le livre nous suit-il de la chambre au canapé, de la maison au jardin, du train à la plage ? Ou à l’inverse revenons-nous au livre resté au chevet du lit, ou toujours reposé sur le haut de la pile d’œuvres à découvrir, exilé sur l’étagère des toilettes, ou enfoui dans le sac à main ?
Celui qui est extrait de son rayonnage sans s’en éloigner n’est-il pas seulement consulté plutôt que lu ? Faut-il y voir une hiérarchie d’intérêt en faveur de celui qui accède à l’extérieur ? Certes il y a de la noblesse aussi à consulter un livre, comme on consulte un médecin, un spécialiste, ou même comme on tire les cartes : j’ouvre une bible et je lis le verset qui répond à ma préoccupation du moment, je cherche les mots en écho à mes maux, l’information qui me rendra plus savante.
Cependant il me semble que rester dans la bibliothèque à lire c’est comme ne pas sortir le bateau de son port d’attache : on rate le voyage, l’encre reste à l’ancre. Certes la lecture ne nous fera toujours voyager qu’en imagination, mais pourquoi faudrait-il limiter cette expérience à une unité de temps et d’espace ? Lire dans un train : le comble ! Voyager en voyageant.
Oui décidément je préfère le livre des champs au livre de bibliothèque.
Iza © :Quand elle prit possession de la maison, c’est paradoxalement dans la bibliothèque qu’elle s’installa. Cette pièce qui symbolisait sa vie d’épouse : tant de liberté à portée de main dont elle ne pouvait jouir, mais qu’elle devait entretenir, jour après jour… Il lui avait fallu une force d’esprit incommensurable pour ouvrir la fenêtre, et pousser le volet vers l’extérieur. Elle n’avait d’ailleurs pas su maîtriser cette nouvelle énergie et le volet s’était retrouvé dans la pelouse du jardin. Elle s’était alors assise dans le bow-window et avait regardé dehors, telle la femme de Barbe-Bleue qui appelait au secours sa sœur Anne. L’air qui entrait dans la pièce la traversait et c’était bon.
Devenue air elle-même depuis son décès dans l’accident de voiture provoqué par son mari, elle était revenue dans la maison conjugale pour en profiter entièrement. Elle était enfin chez elle… cette bibliothèque, elle la connaissait par cœur… chaque livre, chaque recoin, chaque étagère… l’odeur des reliures en cuir, du vieux papier… et pour cause… même si elle avait l’interdiction formelle d’y toucher (son mari était un bibliomane obsédé), c’est quand même elle qui devait dépoussiérer les tranches des livres, cirer les étagères en chêne massif, monter sur l’escabeau pour traquer les moutons en haut des meubles. Et servir le whisky à son mari (sec, sans glace) quand il s’y installait pour ne pas profiter de ces connaissances, de ces récits qu’il collectionnait juste pour la gloire. Il se vantait devant leurs amis (ses amis à lui en fait) de les avoir tous lus, alors qu’il ne faisait que parader tel un paon vaniteux. Et elle, qui passait dans les rangs, avec un plateau de petits-fours, savait alors tout et mourait d’envie de balancer la supercherie. Mais non, il fallait se taire, acquiescer, alors que c’est elle qui avait fait des études littéraires et aurait pu entretenir la conversation. Mais cela n’aurait servi à rien, car ses amis étaient comme lui, des bourgeois étriqués de province, qui étalaient leur petite réussite dans leur pavillon à portail automatique ou dans le dernier modèle de voiture allemande.
Alors cette pièce était devenue son cabinet à la clé sanglante et s’y installer pour toujours, le hanter de sa présence allait certainement lui procurer la sérénité tant attendue et peut-être même pouvoir la faire passer de l’autre côté. Elle effleurait les dos du bout des doigts, les caressant de haut en bas avec délicatesse. Plongeait le nez entre les pages pour respirer le papier et la colle à pleins poumons. Passait le plat de la main sur les couvertures comme elle aurait caressé le torse d’un amant. Et tout son corps se délectait d’être assis là, à la chaude lumière du soleil. Et ses yeux parcouraient les pages, plongeaient dans les histoires. Et elle ne sursautait pas à chaque instant de peur d’être découverte. De toute façon, il n’était plus dans la maison donc elle en déduisait qu’il était mort lui aussi. Elle passa des jours entiers à rattraper le temps retrouvé.
Mais un matin, soudain, elle fut traversée par une vague glaciale, pas par la brise délicate qui venait de la fenêtre. Elle leva les yeux, tourna la tête et le vit… dans le costume qu’il portait ce jour-là, avec ce sourire narquois qu’il avait parfois en la regardant et qui la rabaissait à l’état de petite souris vulnérable. Devant son effroi, le sourire s’agrandit et la bouche prononça « Surpriiiiise », tandis que les mains, cachées auparavant derrière le dos, se tendaient devant lui, tenant un chiffon et un aérosol d’encaustique.
Louise Mogendorfer © :
Quand je vois cette image de toi, je dois faire l’effort de me rappeler que j’étais déjà dans ta vie. Tu me semble si calme,si pleine de ce silence qu’il manque à mon vacarme. Tout à l’air évident.
Il y a la lumière des photos de cette époque. La réalité a cet air ouaté que ma génération sida ne connaîtra pas. Ou peut être que si mais qu’on n’a pas su le déceler.
Il y a au creux de cette image qui me fascine tes équilibrismes d’adulte. Ces instants où tu te dérobais pour mieux me revenir. Enfant, je me demandais où partait ma maman lorsque tu t’abandonnais à deux trois mouvements de yoga.
J’ignorais ce qu’était ta vie alors. J’ignorais aussi que lorsqu’on met la tête sous l’eau, on peut voler quelques minutes de bonheur à l’existence. Encore deux minutes avant de sortir, encore cinq minutes…. Maintenant que je cache ma tête sous l’oreiller quelques secondes avant d’aller le câliner, je sais. Et je comprends que ce que tu m’as donné de plus beaux ce sont ces instants que tu as volés pour toi.
Manue © :
Voilà. Sa vie c’était ça, une fenêtre ouverte vers l’inconnu, un visage dans l’ombre tourné vers la lumière. Le repli sur soi comme unique solution de survie mais les doigts agrippés à un livre, pour ne pas oublier de rêver.
Le soleil pouvait bien briller, ses rayons n’iraient jamais assez loin dans les ténèbres de son être.
Chaque jour, au hasard, il prenait un ouvrage et s’asseyait là pour partir hors du temps. Les heures glissaient sur lui, les jours, les mois, les années. Les secondes s’égrainaient comme des gouttes d’eau et il ne bougeait pas, enfermé dans son monde, libre de tout oser, dans quelques mètres carrés.
Il criait sa fureur, seul. Il comprenait le monde au fil des pages jaunies. Il voulait bien sûr un avenir plus serein, en dehors de ses murs, mais pouvait-il seulement essayer ? Y brûlerait-il ses ailes ? Tant de lumière pour son corps si frêle.
Il était l’ombre des gens, de l’humanité toute entière. La face caché des hommes. Leur part de doutes et d’incertitudes. Depuis des siècles il vivait là, dans les bibliothèques. Une éternité à veiller pour les autres, au bord de la réalité.
Mais une infinité d’ombres ne fait pas une vie toute entière et le soleil du jour ranimait tout son être. Se pourrait-il qu’il fût aussi l’espoir et qu’il se soit trompé ? Que la douceur lui soit aussi permise et qu’enfin il essaye de poser un pied dehors ? Assis là, ses poumons s’emplissaient d’air qui chassait la poussière. Il se prit à rêver, à rêver plus fort et plus grand, à rêver qu’il était vivant. Et soudain il disparut. Il nous laissa ses livres, des rayonnages entiers, pour nourrir notre part d’ombre, et lui maintenant déambule, peut-être ici, tout près de toi, il t’invite à oser …
Venusia © :
Il fait une chaleur accablante en cet après-midi d’été. Alex, mon petit-frère joue avec le chien dehors.
Moi, je suis venu me protéger de la canicule dans le bureau de ma mère. Lorsqu’elle est à la maison, c’est là qu’elle compose, entourée de ses livres. Ce sont ceux qui lui tiennent compagnie lors de ses nombreux voyages. Ils constituent, je crois, un pis-aller à sa solitude.
Aujourd’hui encore, elle n’est pas là. Elle est dans je ne sais quelle ville du globe…Singapour, Shangai ou Séoul ?… Cette fois-ci, c’est pour donner une master classe d’orchestration, mais à la fin de la semaine, elle sera au Carnegie Hall de New-York jouant de sa baguette pour interpréter avec Maria-Joao le premier concerto de Tchaïkowski, et après direction Zurich.
Je crois qu’elle sera avec nous dans dix jours.
Quand elle me manque, j’aime venir ici. J’y retrouve son parfum, son âme. Même en son absence, quelque chose d’elle flotte dans cette pièce, Il y règne une douceur qui m’enveloppe délicatement comme sa voix le faisait lorsque avant de m’endormir, elle me chantonnnait une berceuse de son pays. Je trouve ici le calme et une atmosphère propice à mon écriture.
Nady © :
Tranches de vies
– « Moi quand ye serai grande, ye voudrais ète comme maman ! Elle est super ma maman ! Elle me fait touyours de bons gatâls ! »
Une petite fille virevolte et s’amuse à faire voler le jupon de sa robe courte à l’écran.
– « Tu fais quoi avec ce truc ? » lance t’elle à l’homme qui la filme.
– « Continue à danser ma chérie, Tonton filme. Je te montrerai tout à l’heure. Allez raconte moi, pourquoi tu veux faire comme maman plus tard ? »
La petite fille tourne, danse et enfin se balance devant la caméra et parle :
-« Maman elle me fait plein d’bisous et elle youe avec moi. Quand elle me fait pas de câlins elle passe le gros balai dans toute la maison et papa il est content le soir quand il revient du yavail ! Maman et moi on court lui faire plein de bisous magiques pour qu’il est plus fatigué après. Tu viens, on va youer là bas à côté de la fenete ? »
– « Tout l’heure chérie, Allez, dis moi encore des choses, regarde je te filme ! »
– « Non, ai plus envie de youer avec ton fim, tu me lis une histoire ? «
Le film s’arrête et l’écran se brouille.
C’est marrant de voir cette vidéo ! C’était les débuts des caméras super 8 et le frère de ma mère venait d’en acquérir une. J’avais 2 ou 3 ans sur ce film… Il est loin ce rêve de gamine de vouloir épouser le rôle de mère au foyer de ma mère ! Une mère qui aimait lire aussi. Parfois il lui arrivait de pleurer en lisant ; ma grand-mère la taquinait d’un « Sèche tes larmes Madame Bovary et va plutôt t’occuper de la cuisine pour ta famille, le repas ne se fera pas tout seul ! ». J’ai toujours été intriguée par ce surnom qu’elle lui donnait jusqu’au jour où j’ai découvert ce formidable roman de Flaubert. Puis Mais 68 est passé par là et c’est un tout autre virage professionnel que je pris en n’épousant pas le rôle de ma mère au foyer mais en devenant philosophe itinérante à intervenir régulièrement dans des débats d’universités et accessoirement écrivaine aussi tout en élevant un enfant seule. Enfin, je dois aussi reconnaître que maman m’a beaucoup aidée à élever ma fille car mon travail pouvait me faire beaucoup voyager à travers la France.
En rangeant le dvd dans sa pochette, un cliché s’en échappe, plein de poussière. Au dos, une inscription manuscrite : « Joyeux Anniversaire ma fille chérie ! Que cette prière te guide toute ta vie ! Sois amante, sans être folle d’amour, sois forte sans cesser d’être tendre, sois digne en étant populaire, sois peuple en conseillant les rois, aime tous tes amis en frère sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ! Médite, observe, connais sans jamais devenir sceptique ou destructrice, rêve sans laisser le rêve être ton maître, pense sans être contemplatrice, sois dure sans jamais être en rage, sois brave mais jamais imprudente, sois bonne, sage sans être morale ni pédante, conserve ton courage et ta tête quand tous les autres les perdront ! Tu es grande aujourd’hui, je te souhaite d’être une femme libre ma fille ! Maman ».
Oh, ça c’est drôle ! En parlant d’elle, voilà que je tombe sur ma fille maintenant ! Elle doit avoir 12/13 ans sur cette photo : une poitrine naissante, une coupe improbable pour avoir tous les garçons à ses pieds mais bon, ce n’était pas sa préoccupation première… Elle préfèrait se plonger dans les livres assise au bord de cette fenêtre quand elle restait chez mes parents. Je me souviens, je revenais en avance d’une conférence et en entrant dans la pièce j’ai eu envie de prendre ce cliché que je me suis empressée de ressortir à ses 20 ans. J’avais dû être inspirée par la poésie de Rudyard Kipling ce jour là mais c’était surtout mes rêves que je lui transmettais dans cette prière, à un âge où je sentais que mon bébé allait maintenant définitivement m’échapper… Aujourd’hui on ne peut pas dire qu’elle ne soit pas heureuse ma fille mais si elle pouvait lever un peu la tête de son travail ! Enfermée dans une tour d’ivoire à développer des avions qui vont toujours plus vite, son métier c’est d’être ingénieur dans l’aéronautique. Mariée à un autre ingénieur, ils forment un couple actif, où les tâches ménagères sont partagées mais elle n’arrête pas de se plaindre d’une « charge mentale », nouveau syndrome à la mode en ce moment chez les trentenaires… ça me désespère…
On entend un bébé gazouiller dans la salle d’à côté.
Oh, je vais devoir vous laisser.J’entends ma princesse de petite fille se réveiller de sa sieste. Comme j’aimerais vous la montrer ! Elle est si mignonne à s’émerveiller devant ce monde qu’elle découvre chaque jour ! un monde souvent pressé mais « Mamy est là ma chérie, et elle a tout son temps pour toi, pour t’aider à faire connaissance avec le Monde car tu sais il est en train de changer profondément celui là ! Rooo, tu me tends les bras ? Je sens que tes petites menottes sont prêtes à aller surfer sur ma tablette là ! C’est ça que tu veux ? Allez, viens pas ici, je te prends dans mes bras d’abord puis on va aller s’installer au bord de la fenêtre et admirer la nature dehors ! Regarde la comme elle est belle ! Mamy se sent dépassée et ne sait pas quoi te souhaiter pour plus tard ma chérie mais la nature est un professeur universel pour celui qui l’observe. Les arbres t’empliront de leur énergie pour te redonner goût à la vie quand tu n’auras plus d’envies. La nature saura te guider dans tes choix quand tu douteras. mais une chose est certaine, sois toujours Toi ! »
Valérie © :
Après papi parti l’année dernière, c’est au tour de mamie de nous quitter. Le cœur lourd, des larmes plein les yeux, nous devons vider vider la maison et nous occuper de sa vente. Même si nous aimerions la garder avec maman, nous n’en avons malheureusement pas les moyens. Son entretien demanderait tant d’argent et en plus, elle n’est pas à côté de notre vie. Dans cette maison j’ai pourtant passé toute une partie de mes vacances quand j’étais enfant et je n’en ai que des bons souvenirs. Des moments passés à cuisiner avec ma mamie, des heures à jardiner avec mon papi et des heures avec lui, mon boudha. Pendant la sièste de mes grands-parents, il était hors de question de faire du bruit alors je me réfugiais dans ce bureau qui était une véritable caverne d’Ali Baba. Toute petite, cette salle avec ces murs noirs de livres et cette sculpture devant la fenêtre m’effrayait un peu. Mais peu à peu mon appréhension a diminué. Au début je me contentais de regarder les images et rien que comme cela je découvrais le monde. Il faut dire que mes grands-parents avaient des livres et des encyclopies sur tout : les pays, le corps humain, l’histoire, les artistes… Je passais des heures, la fenêtre ouverte sur le jardin, à m’évader en tournant les pages. Je m’asseyais en face de lui, je lui montrais les pages, je l’interrogeais…Quelques années plus tard, ayant enfin appris à lire, je lui lisais des histoires. Je n’avais ni frères et sœurs, ni cousins pour partager ces moments précieux alors il était devenu mon ami, mon confident, mon petit Buddha comme je l’appelais. Il m’apportais de la serennité. Il m’inspirait aussi. Cest d’ailleurs assise en tailleur, face à lui que je me suis essayée les premières fois à l’écriture. Des poèmes puis des textes un peu plus longs. Je ne les partageais qu’avec lui. Une fois lus, je les cachais dans les rayonnages entre deux tomes. Personne d’autres ne les a jamais lus. Enfin c’est ce que je croyais jusqu’à ce que je tombe en rangeant la maison sur un dossier énorme dans lequel j’ai tout de suite reconnu mes pattes de mouche. Papi ou mami, plus certainement elle d’ailleurs, avait dû en trouver un puis un autre et les avait regroupés. Ils ne m’en ont jamais parlé. Ils ont respectés mon secret. J’espère qu’ils ont aimé, je ne le saurai jamais. Je ne sais si je dois le regretter. J’ignore ce que nous allons faire de tous ces livres. Une chose est sûre par contre, c’est que je dois trouver une place dans mon petit appartement parisien pour mon acolyte. Je pousserai les meubles, les murs s’il le faut mais cette sculpture restera dans la famille. Si je ne dois garder qu’une chose, ce sera elle. L’avoir de nouveau près de moi me permettra peut-etre de mettre enfin un point final au roman que je suis en train d’écrire, mon premier roman.
Fabrice © :
Chez Tonton Edgar et Tantine, en fait, l’oncle et la tante de mon père, c’était la caverne d’Ali Baba et des quarante lecteurs. Des livres partout, dans toutes les pièces, du sol au plafond, au fil des couloirs, aux détours du moindre recoin, emplissant de vieilles armoires, enfermés dans des caisses, des piles de caisse entassées au grenier, des centaines, des milliers de tentations, d’univers à portée de main, à portée de désir, des vies à vivre, des voyages à entreprendre, qu’on n’oublierait jamais, des existences qui changeraient la mienne. Au passage de la moindre porte, des pans entiers de littérature me sautaient aux yeux, des romans en tout genre, de toutes les factures, collections prestigieuses aux couvertures en cuir, aux pages d’une telle légèreté soyeuse sous la pulpe de mes doigts, qui les tournaient pour dévorer la suite, que je les lisais avec d’autant plus de délicatesse, de dévotion, et il y avait aussi de simples bouquins brochés, des livres de poches, achetés ou pas au rabais, ne recelant pas de moindres trésors, ne provoquant pas en moi, depuis toute petite, de tropismes moins intenses que les tranches dorées, élégantes, des livres de La Pléiade. Je les voulais tous. Absolument. Intimement.
Je me suis longtemps questionnée sur l’origine du goût de la lecture en tout un chacun. Ma grande sœur n’a jamais beaucoup lu, alors que pour moi, en tant que bibliothèque géante, la maison de Tonton Edgar et Tantine, a tout de suite été comme un cadeau qui ne se refuse pas, auquel on ne peut se dérober, un vertige de livres, une tour de Babel rien que pour moi. Une force gravitationnelle m’avait satellisée, puissance sans faille ayant placée mon existence en orbite autour des mots, bien avant que je n’apprenne enfin à lire. Un vortex délicieux m’avait aspirée, chez eux, down the rabbit hole, sans volonté, jamais, de retour en arrière, j’y suis, j’y reste, alors pourquoi pas ma grande sœur ? Comment, pourquoi était-elle passée à côté ? Est-ce quelque chose qu’on a en nous ou pas, depuis le départ ?
Maman ne lisait pas non plus. D’après ce que je sais, Papa avait toujours beaucoup lu, surtout des polars et de la science-fiction, mais il nous avait quittés un peu trop tôt. Au goût de tout le monde. Moi, je n’avais que cinq ans, ça fait un peu juste tout de même, à peine eu le temps de le connaître. Dernières vacances à La Baule : je n’y suis jamais retournée après, rien qu’une stupide crampe un peu trop loin du rivage, alors maintenant qu’est-ce que ça change de savoir qu’il était bon nageur ? J’avais grandi comme je pouvais, après ça, avec cette douleur, ce manque irrémédiable, m’accrochant aux images intérieures, évanescentes, que je conservais de lui, cherchant à me le figurer à l’aide des albums photos de Tonton Edgar, qui avait le goût de la photographie, de la peinture aussi, et de bien d’autres choses, un esprit lumineux, sensible, touche-à-tout, jamais rassasié. Côté artiste dans l’âme, ma Tantine n’était pas en reste, violoncelliste et poétesse, lectrice vorace. Ils habitaient de l’autre côté du pâté de maison et j’allais souvent chez eux toute seule, pour toutes ces bonnes raisons, dès très jeune, six ou sept ans, Maman me laissait faire, ce n’était pas loin, et puis, c’était devenu un refuge, après que les choses s’étaient un peu compliquées à la maison, l’arrivée d’un autre homme dans l’équation, débarqué un beau soir avec sa valise, comme une perruque bon marché tombée dans la soupe toute chaude, j’avais tout juste neuf ans. Un beau-papa, pas question. Sarah et moi, on lui avait mené la vie dure, mais il avait tenu bon, collé comme une huître à son rocher, toujours entre deux boulots, alors, après le départ de Sarah pour l’internat, je passais de plus en plus de temps chez Tonton et Tantine. J’aimais les lieux, le nombre des pièces, la hauteur des plafonds, mais les odeurs aussi, de pot-au-feu et de vieux bois patiné, la musique et les bras tendres de Tantine, qui ne posait jamais de questions. C’est elle qui a recollé mes premiers cœurs brisés pour n’en faire plus qu’un, que je garderai toute ma vie et qui bat si fort dans ma poitrine.
J’avais cette petite pièce chez eux, mon petit salon de lecture. J’y avais mes clair-obscur les plus délicats, sujets à d’infinies variations en fonction de l’heure de la journée. C’était la pièce de tous mes retranchements, de tous mes envols. J’y ai grandi mille fois, et plus encore. Aux beaux jours, j’ouvrais la fenêtre, l’odeur des arbres et du jardin montaient jusqu’à moi.
J’ai dix-sept ans sur la photo, c’est la veille de l’oral du bac de français, Tonton l’a prise en douce, depuis le seuil, puis s’est éclipsé. Dans la pièce voisine, Tantine tricote une suite de Bach, et je n’ai même pas entendu le déclic de l’obturateur. Je viens de refermer l’album photos, je le tiens fermement entre mes doigts, tout ce que je sais, ce qui me reste de mon père.
Eva © :
Tiens, et si c’était moi ?
Je me vois, dans ma chambre, mon antre, mon repaire, ma tanière. Assise sur mon lit, en tailleur, un livre, une tablette, mon ordinateur entre les mains. Le plus souvent un petit paquet de chocolats pralinés juste à côté, mon pêché mignon.
Mon lit placé tout près de la fenêtre. La vue ? Pour certains, une superbe vue sur la nature. Une route où passe régulièrement, pour ne pas dire tous les jours, des tracteurs. Au-delà de cette route, un champ, le plus souvent de maïs, mais aussi de blé, où passent de moins en moins des biches, cerfs, lapins. Après ce champ la forêt et rien d’autre.
Mais pour moi, cette vue représente un vide, un gouffre, un précipice dans les profondeurs de la solitude.
Alors, j’évite soigneusement de poser les yeux sur cette ouverture et me concentre sur ce qu’il y a autour de moi. À gauche, mes livres chéris, des dizaines et des dizaines, rangés par taille et par groupe de couleurs. Rien que les regarder me remplit de bonheur. À droite, un miroir, entre nous s’est, je t’aime moi non plus. Et sur le mur d’en face une casquette, un t-shirt, un drapeau, un boxer a l’effigie du Brésil, mon amour, mon deuxième souffle de vie.
Je jette un œil sur mon téléphone, aucun message. Pas grave, j’ai l’habitude. Je prends une photo de mon dernier roman lu, la poste sur Insta, attends quelques minutes qu’ils arrivent. Les voilà ! Les likes, les commentaires enchanteurs. Un sourire réveil mon visage.
Évidemment, je préférerais que ce soit ma famille mes amis, qui me donnent ce sourire. Je préférerais aussi qu’à la place de cette route, ce champ, cette forêt, ce soient la ville, des magasins, des embouteillages, des gens pressés… Du bruit.
Pour l’instant, je m’en contente. Je suis trop positive pour me lamenter. Je n’aime pas ma vie, mais j’aime la vie et c’est tout ce qui compte, vous ne croyez pas ?
Il y a du monde ce matin… 7h35 et j’ai déjà lu 7 textes,,, de la qualité.. des fantômes, de l’amour, du sexe, du cinéma, de la nostalgie. Un grand numéro 300..!
@Alexandra : Une attente amoureuse décrite avec infiniment de délicatesse.
@lCloud : Marie-Edwige s’encanaille 🙂 ! Un texte qui donne le sourire dès le matin !
@Tara : Un bel éloge du livre voyageur …
@Isa : Je ne regarderai plus jamais un aérosol d’encaustique de la même façon ! Un fin inattendue et assez glaçante.
@Louise : Qu’ils sont précieux ces moments volés au quotidien ! Le temps pour soi est une denrée rare et essentielle. Tu le rappelles fort joliment.
@Manue : L’ombre et la lumière, l’intérieur et l’extérieur, l’ancrage ou l’envol… Un texte aux mots choisis, plein de mystère et de poésie.
@Venusia : Les livres, remparts contre la solitude aussi bien pour la mère que pour le fils. Un joli texte.
@Cloud : brièvement visuel et torride, puis drôle voire grinçant. J’aime la précision « le dimanche après la messe »
@Iza : finalement pas de repos pour cette femme, morte ou vive. Une impression de pesanteur traverse ton texte, l’attitude hideuse du mari, l’évocation du cabinet à la clé sanglante, et puis, l’espace d’un paragraphe, on se sent mieux, mieux pour elle, qui peut se sentir enfin libre. Et puis vlan, la chute glaciale.
@Leiloona : un texte tout en sensibilité, nimbé d’une profonde sérénité, avec d’élégantes trouvailles. Un bruit d’étoffes froissés accompagnerait la pastorale de leurs sourires. La promesse d’une joie, d’un bonheur débridé. A la fenêtre, un instant suspendu, éternité et impermanence. Le jardin mis en abîme, jardin à la fenêtre, qui est aussi le jardin en elle.
@Leiloona : un texte magnifique ! « la pastorale de leurs sourires »
@Cloud : coquinou ! 😉 Ton texte m’a rappelé des souvenirs d’enfance quand je lisais les Anaïs Nin de mes parents en cachette
@Manue : ton texte m’a beaucoup touchée…
@Nady : très beau texte sur le passage de relais générationnel… j’aimerais recevoir un texte comme ça de ma maman
Merci Fabrice : oui, j’aime beaucoup les textes à chute, il faudra d’ailleurs un jour que je m’émancipe de ce genre de récits 😉
De superbes textes pour la 300ème, j’entame ceux des blogs maintenant !! 🙂
@Fabrice : Des passages d’une grande puissance poétique sur le pouvoir des livres. Moi aussi, je ressens cette pièce comme un lieu de retranchement et d’envol. C’est un grand plaisir de vous découvrir dans cet atelier.
@ Eva : Il émane de ce personnage un désarroi assez perturbant. Le lecteur se demande ce qui pourrait le rendre heureux.
@ Nady : Plutôt que des tranches de vie, j’ai vu des destins mêlés, des liens tissés entre les générations; Un texte généreux autour de valeurs qui me tiennent à cœur.
@leiloona : quel plaisir de retrouver la poésie de tes mots et j’aime beaucoup ces bouts de nature et cet hêtre !
@cloud: je découvre ton personnage qui a l’air récurrent, il m’à fait rire et la mise en abîme m’a plu! Au plaisir de la revoir donc
@Alex : Quelle belle attente, pleine de poésie … Avec ton texte, j’ai l’impression aussi d’être partie ailleurs, dans un monde plus doux …
@Cloud : Je me disais bien que cette Marie-Edwige était une coquine !!! Un savoureux moment de lecture 🙂
@Tara : Le livre … cet autre moyen de transport … J’avoue cependant aimer les bibliothèques, il y règne souvent un calme religieux qui m’enchante.
@ Iza : Mais … as-tu pleuré ? Je ne sais écrire que des textes émouvants !…
Quelle fin glaciale au tien … je me réjouissais presque qu’elle soit une fantôme heureuse et bing l’autre débarque avec son encaustique … Très belle chute !!!
@Leiloona : un texte évocateur, plein de senteurs, de bruissements. J’ai été touchée particulièrement par la description du jardin. Je prêterais plus attention maintenant à la musique des clochettes des fuchsias !
@Cloud : Ouf ! De l’humour ! Un peu sarcastiques certes, mais ça fait du bien.
@Manue :j’ai aimé ce texte onirique ou symbolique, et notamment cette jolie phrase « Une infinité d’ombres ne fait pas une vie toute entière ».
@Fabrice : un texte intimiste avec des petites formules qui ont retenu mon attention (« la caverne d’Ali Baba et des 40 lecteurs », « Tantine tricote une suite de Bach ».
@Jos Plume, @Elsa : bravo pour vos jolis hommages à cet atelier d’écriture !
Il va me falloir du temps pour tout lire…
les deux premiers :
@alexandra : toujours aussi poétique. de jolis mots, quelque soit le sujet.
@cloud : le contraste est amusant. j’aime votre originalité qui me surprend à chaque fois.
:-D… tu sais aussi écrire des choses très drôles !
@Tara : une sympathique réflexion sur le voyage avec les livresponsables. Tu joues joliment avec les images
@iza : bel hommage aux livres. « Rattraper le temps retrouve » : j’adore cette phrase!!
Cette photo a inspiré le plus grand nombre
@alexandra « les secondes se teintaient déjà d’immortalité », rien que ça c’est magique!
@cloud j’adore le contraste. Marie-Edwige a toute mon attention…
@tara, chacun ses préférences. Je préfère moi aussi la lecture voyageuse
@Louise, si juste et joliment tourné
@Louise : Délicieux instants que le temps pour soi. A cultiver avec attention !!!
@ Leiloona : Encore un texte plein de richesse grâce au choix des mots et à la subtilité de tes entrelacs. Jusqu’au nom de l’arbre dont le manque dépeuplerait tout.
@ Tara : Ton texte est très intéressant. Tu as raison, la lecture est comme le développement personnel : il n’y a pas forcément besoin d’être dans un ashram pour pratiquer la méditation.
@Venusia : Une odeur, un rayon de soleil, une fugace impression de déjà vu … et nous voilà projetés ailleurs, près de ceux qui nous sont chers, présents ou non. Bien vu.
@ Iza : Une chute inattendue à un texte triste qui fait déplorer le retour sur ce lieu de souffrances, mais aussi comprendre ce besoin de réappropriation des lieux et du temps « perdu retrouvé ».
@ Louise : J’ai aimé cette idée du regard de l’enfant sur un instant de détente de la mère. De plus, le yoga s’y prête bien.
@ Vénusia : Belle description du paradoxe de la lecture. Un repli sur soi et une évasion sans limite.
@ Manue : Belle description du paradoxe de la lecture. Un repli sur soi et une évasion sans limite.
@ Vénusia : erreur d’adresse entre Vénusia et Manue. Désolé…
@Nady : Joli texte plein de petites douceurs, de générations qui s’entremêlent et d’amour qui se transmet de mère en fille.
@ Vénusia : Ton texte est beau. Riche en références (jouer avec Maria Jao P. Quel opportunité !). Et ce lien de tendresse à travers un lieu, un parfum, est joliment décrit. Merci.
@ Nady : Tes tranches de vie semblent décrire la vie éternelle. Ton texte est comme d’habitude plein de générosité et d’optimisme. Bravo
@ Eva : Ton texte est mélancolique. Il montre bien l’acceptation (par résignation) de la solitude, mais un refus de l’isolement.
@ Fabrice : J’aime beaucoup le rythme de ton texte et les trouvailles d’mages et de formules. Bravo et merci.
@Valérie : Ton texte est particulièrement touchant, peut-être à cause de l’émouvante évocation des grands-parents et des souvenirs qui marquent une vie à jamais, de certains objets qui ressuscitent la magie du passé et émerveillent le présent …
@Fabrice : J’aime beaucoup … cette bibliothèque est un refuge oui, un lieu d’apaisement … Merci pour ce doux moment de lecture.
@Eva : Bien sûr … et à force d’aimer la vie elle finira peut-être à aimer la sienne ! Ton texte frôle la tragédie je trouve, elle semble si proche du gouffre…
Merci 😉
Et bien, il y a des textes cette semaine! Déjà ceux que j’ai lu ici sont très éclectiques! J’adore voir l’imagination des uns et des autres et je commence à reconnaître la plume de certains habitués! Je prendrais le temps de lire les blogs dans la semaine ! A bientôt
J’ai lu tous les textes écrits ailleurs, je lis les vôtres tout bientôt !! 😉
@Manuel : waouh ton écriture est devenue vraiment très belle. On la sent assurée et elle nous emmène. Je dis juste chapeau!
@venusia : un bel hommage à une maman dont je serai curieuse d’entendre la douce voix
@nady : que de leçons de vie je vais m’en noter une ou deux
@Valérie : elle est touchante cette grand mère !
@Fabrice : j’aime beaucoup la poésie de la fin de ton texte
@Eva : ton texte m’a rappelé des souvenirs de jeunesse!!
@Nady : je me suis laissée emporter par ce tourbillon de vie et de féminité.
La lettre d’anniversaire de la maman est pleine de sagesse, on comprend que sa fille soit devenue philosophe.
C’est une jolie chaîne, toutes ces femmes liées par le sang et le coeur. La belle vie !
@Eva :pourquoi s’être installée à la campagne si citadine qu’elle semble être? Pourquoi s’isoler alors qu’elle semble attendre tant des autres?…mystérieux…
@Fabrice: beaucoup de choses joliment exprimées dans ton texte : l’amour des siens et des moments partagés, l’amour de la lecture et du livre objet, la perte du père, le rejet du beau-père.
@Nady :j’aime ces quatre portraits de femmes temoin chacune à leur façon de leur époque.
@Venusia: une descrption très « sensuelle »de ce manque maternel. Sans être là, elle est là…son image,sa voix , son odeur.
@Manue: j’aime beaucoup comment tu donnes vie à cette ombre (jecrois etrela seule à avoir vu une sculpture…). Ton texte a un « je ne sais quoi » de magique.
@Louise: quand devenir mère à son tour permet de mieux comprendre la sienne. Merci de déculpabiliser ce bon temps nécessaire.
@iza : on aurait pu croire ton personnage enfin heureuse mais c’était sans compter sur le retour de l’horrible mari.
@Tara : l’un empêche-t’il l’autre? J’aime beaucoup le moment où dans la bibliotheque je lis les 4ieme de couverture à la recherche dulivre qui me fera voyager, m’ęvader, m’interroger, m’informer… Comme j’aime lire en voiture, dans le métro…
@Cloud :Du grand Cloud. Merci pour ce sourire dans cette sombre journée.
@Alexandra : rien n’est laissé au hasard dans le choix des mots…comme des touches de peinture sur un tableau ou les notes de musique sur une partition. Très poétique.
Merci beaucoup pour ton retour.
Du fait de n’avoir rien dit au sujet de ces decouvertes ?
Alexandra K : J’aime la plume d’Alexandra K, toute en finesse et en légèreté, planant au-dessus du jardin et des émotions amoureuses, dans lequel de délicates pensées sont observées. Promesses d’une belle rencontre amoureuse.
Cloud : L’éducation austère de la jeune fille lui donne envie d’escapades torrides sur la table de la cuisine, elle est pleine de sagesse cette enfant.
Tara : Pour moi aussi la bibliothèque est un lieu d’emprunt, uniquement, j’aime lire dans un endroit choisi avec soin.
Iza : Je m’habituais à sa présence aérienne et volatile, au fil de la lecture, cette douce âme qui « profitait encore de la vie », et pourquoi pas ? et puis la « surpriiiiise » en Pliz, c’est glaçant !
Oui, un texte comme ça, je n’en écrirais pas tous les jours ! 😀 😀
Louise Morgendorfer : Belle réalité, que de se rendre compte que nous ignorons beaucoup de nos parents même si nous les côtoyons tous les jours.
Manue : J’espère qu’il a emporté son livre avec lui, comme unique bagage.
Venusia : Magnifique rêve éveillé parmi toutes ces odeurs maternelles, très réconfortant.
Nady : Beau voyage émotionnel à travers les générations et ce message transmit de mère en fille, perçu comme un lien solide qui les unit, toutes. Agréable lecture.
Valérie : Si la grand-mère à pris soin de rassembler ces poèmes, c’est qu’elle les appréciait et souhaitait les conserver, je l’imagine même glisser sa main dans tous les rayonnages et entre tous les livres, impatiente de trouver encore quelques trésors.
On bascule dans l’adolescence au creux de tous ces mystères et ces souvenirs bons ou mauvais, peu importe c’est délicieux.
Eva : Elles s’interroge beaucoup, et comment peut-elle préférer la ville à la campagne pour lire sereinement ?
Alexandra : quel joli moment poétique, et délicieusement écrit, un gros plaisir de lecture !
Cloud : mouarf ! Jeune fille pas si sage, donc… 😉
Tara : ce sont souvent les questionnements de ceux qui ne lisent pas… pourquoi rester enfermée à lire ? Parce que je voyage. 😉
Iza : rhoooo, quelle fin ! Mais j’ai adoré lire ton texte, vraiment, il est plein de petits détails savoureux.
Louise : oh comme c’est joli, et plein de nostalgie, et comme j’aime la morale de ce texte !
Manue : un texte plein de mystères je trouve 😉
Venusia : décidément cette photo a généré de doux textes, comme le tien.
Nady : toute une philosophie de vie dans ton texte, et aussi toute une famille avec ses idéaux, ses failles et ses envies de bien faire… 😉
Valérie: et oui, que faire des bibliothèques de nos aînés et de leurs objets ? Parfois on tient à l’un deux, plus que tout.
Fabrice : un instant volé qui raconte beaucoup 😉
Eva: je réponds oui !!!
(Merci à tous pour tous ces délicieux moments de lecture !! A bientôt !)
@Alexandra : L’ambiance douce et langoureuse de ton texte nous fait vivre avec sérénité l’attente de cet instant magique.
@Cloud : J’aime ton texte tout en contraste et toujours cette pointe d’humour !
@Tara : Belle idée de mettre en parallèle l’instant de la lecture avec le lieu… Pour ma part je pense que le lieu idéal est justement celui de l’instant : il est choisi comme le livre lui-même c’est-à-dire selon l’état d’âme du moment….
@Iza : Un texte pesant, à l’image de la vie de cette femme tyrannisée même au-delà de la mort !
@Louise Mogendorfer : Savoir s’accorder du temps pour être plus disponible… C’est tellement vrai !
@Manue : Un texte magique, doux et aux mots justes qui fait du bien !
@Venusia : Les livres, meilleurs refuge contre la solitude, quel que soit la génération… C’est beau !
@Alexandra:
ambiance douce, chaleureuse. J’aime ta manière d’amener Promethée et je suis sensible à la richesse de tes mots.
@Cloud: Quel humour! irrésistible!
@Tara: Les livres des champs sont ici bien défendus!;-)
@Iza: difficile de se dégager des relations d’emprise! Tu es terrible 😉 J’ai cru au répit jusqu’aux dernières lignes.
@Louise Mogendorfer: tiens cette photo nous a amenées toutes les deux à évoquer la relation mère-enfant…
Le passage « j’ignorais aussi que lorsqu’on met la tête sous l’eau on peut voler quelques minutes de bonheur à l’existence ». Tout simplement sublime!
@Manue: oscillation entre un enfermement sur soi avec un monde imaginaire infini et une perpective d’ouverture au monde réel… et tout cela en gardant un part de mystère….
@Nady: de mères en filles, que de souvenirs, de transmissions qui s’entremêlent…
@Nady : Les générations passent et le monde change mais le maître mot reste le même : l’amour. Encore un texte qui te ressemble par sa générosité !
@Valérie : Un texte plein de tendresse et d’affection pour ces êtres disparus mais dont le souvenir est indélébile. Triste et beau à la fois.
@Fabrice : Beaucoup de choses dans ce texte : le manque d’un père, l’amour d’un oncle et d’une tante, la différence entre frère et sœur, les questionnements et la manière de s’isoler pour se construire… Le tout est bien imagé et décrit.
@Eva : Une belle description d’un personnage « en attente »… d’un autre lieu et d’une autre vie. Ton texte est à la fois pesant parce qu’on sent qu’elle n’est pas heureuse, mais en même temps tu réussis à la rendre positive et pleine d’espoir.
Cloud :
Mouhahaha, oui ! Je vois tellement Marie-Edwige ! Super bien croqué (si je puis dire …) 😛
Et mon petit doigt me dit que Marie Edwige ne s’arrêtera pas là !
Sus au carcan ! 😉
Toutefois, ôte-moi d’un doute : si la mère sait que la fille écrit sur brica, ne risque-t-elle pas d’avoir des vapeurs à la lecture du texte ? 😮
Hanlala, rassure-moi, la mère de Marie-Edwige peut-elle m’incendier pour dépravation ?
Tara : Ah l’idée de la mise en abyme, je valide ! Voyager en voyageant grâce au livre ! ♥
Parfois quand il y a trop de sollicitations, l’esprit a du mal à se fixer … Dois-je regarder et profiter de l’instant présent, là, devant mes yeux, ou bien dois-je lire et me concentrer sur mon histoire ? Lire dans la rue, sur un banc, m’est difficile : mes sens sont souvent portés ailleurs … A rêver à d’autres histoires que celle que je lis ! 😉
Du coup, mon canapé, mon lit, un hamac me conviennent très bien … 😉
iza : Espérons qu’outre tombe, elle possède enfin les armes nécessaires pour ne pas se plier aux desiderata de Barbe Bleue … Et puis, c’est à elle ce cabinet, allez, oust, c’est sur le visage du bourbon qu’elle doit pscchiiiiiter son encaustique pour s’en débarrasser ! 🙂
Louise : Quel plaisir de te relire !
J’aime particulièrement : « Ces instants où tu te dérobais pour mieux me revenir ». Il est tellement essentiel en effet de laisser l’autre se dérober et revenir en lui, pour qu’ensuite il puisse revenir à nous. Un être est un individu qui devrait toujours avoir ses moments pour soi : tellement essentiels à l’équilibre.
C’est cette sérénité qui ressort sur cette photo, et tu l’as bien croquée.
Manue : Très belle invitation à oser.
Tellement important … merci pour ce joli texte qui reprend aussi le saut vers la sérénité. (C’est fou comme cette photo dégage une atmosphère de bien-être …)
Venusia : toi aussi tu as mis en avant cette sérénité, ce bien être : comme si la pièce était un véritable cocon, presque un retour fœtal dans ton texte. Très joli.
Nady : La nature est toujours là pour nous guider, il nous suffit « juste » de l’écouter … ou du moins de commencer par la contempler …
Joli portrait sur 3 générations … que de changements ! 🙂
Valérie : Oh original d’en avoir fait une statue ! Effectivement je veux bien croire qu’elle impressionnait la petite !
D’ailleurs, connais-tu vraiment son origine ?
Tintintintinnnnnnn ! 😀
Fabrice : Ah oui, d’où vient cet attrait … Selon moi, il est très difficile de lire si ses parents ne lisent pas. Un enfant agit beaucoup par mimétisme (avant de devenir ado et de rejeter la doxa familiale) … Aussi tu décris là un personnage atypique, voici un personnage formé à contre courant, et cet amour de la littérature est palpable à travers tes mots.
Eva : la question finale est assez terrible : comme si le personnage voulait lui-même se rassurer … Je lui conseillerais de changer certaines choses dans sa vie … 🙂
Merci Alexandra. Je n’arrivais pas à voir une vraie personne. Non je ne sais pas du tout d’où elle vient mais vu qu’il n’y a pas de nom de photographe j’imagine que la photo est de toi…peut être même toi…..
Je dirais que ça dépend du livre ? Je me rappelle avoir raté un jour ma station de RER trop profondément plongée dans ma lecture… Pourtant y’a pas plus sensoriellement saturé.
A tous,
Une semaine de création artistique intense (et elle n’est pas finie 😉 ), mêlée à des RDV pros nombreux, auxquels s’ajoute un quotidien social, familial et sportif soutenu, tout cela m’a fait lire ce véritable recueil de textes au fil de l’eau. De beaux mots bien choisis dans une chaleureuse ambiance de livres dans cette maison si adorée sur le cliché, on s’y sent bien. S’il fallait choisir un coup de coeur, je vais alors vous en citer 2 qui m’ont interpellée même si tous les textes étaient fabuleux. Le texte de Claude où je ne m’attendais vraiment pas à le lire dans ce registre de 50 nuances de grey ! Super belle surprise, à poursuivre 😉 et le texte de Louis Mongendorfer a eu des mots qui ont résonné avec mon énergie du moment. Merci à tous pour ce début de semaine de lecture très apaisant !
Oui, j’ai trouvé aussi ! 🙂
Merci, j’aime bien l’infini ! 🙂
Bien vu d’avoir remarqué la mise en abyme. C’est un de mes dadas littéraires …
Merci, miss ! 😀
😉
Merci Louise ! C’était aussi un plaisir de retrouver les tiens. 🙂
Alors c’est parfait, si j’ai fait voyager les lecteurs ! 🙂
Ah oui, j’adore cette plante, elle me renvoie à une période particulière de mon enfance. 🙂
Blandine : Oh ! eh bien merci ! 🙂
Marie : Le temps est un concept relatif, disait un grand homme ! 😀
Eh oui, bien vu. Le nom de l’arbre est à lui seul un symbole ! 😉
Oui, on reconnait au fil des textes la patte de certaines ! 🙂
Oh c’est touchant. Merci ! J’aime beaucoup ton analogie ! ♥ (je ne suis pas née au pays des impressionnistes pour rien ! 😛 )
Woutch ! Merci, merci ! 😀
Merci Antigone ! ♥
Il n’en est que décuplé … oui ! 🙂
Ah ça c’est ma touche prof de latin / grec… je n’arrive pas à voir la réalité autrement que par le biais de la mythologie ! 🙂
Ah ah, le mystère restera entier, tu veux bien ? 😉
Merci à vous tous pour vos petits mots et ressentis sur mon texte déposés sur mon blog. J’ai eu une semaine bien complète et bien occupée, ce qui fait que je n’ai pas pu répondre à chacun et assez peu visiter les sites des autres participants à cet atelier. Je me rattraperai la semaine prochaine… pour le 301…
Oups, c’est vrai que, dans ce cas, ça prend un y
Nope, les deux s’écrivent ! 😉
@Valérie: Ce texte illustre bien là richesse de l’imaginaire qui rompt la solitude de l’enfant unique.
La fin du texte pourrait me laisser penser que tu es en train d’écrire un roman (fiction? Réalité?..).
Je retrouve la noition du plaisir à écrire et pour moi plaisir de lire ce texte.
Oui, c’est paradoxal! nous sommes seuls devant un livre et en même temps, il nous ouvre aux autres: à l’écrivain, à ses personnages, à ceux avec qui ont partage réciproquement ces lectures…
Merci Manue
J’aime beaucoup les interprétations de Maria Jao! Mais Je ne suis pas sûre qu’elle ait joué ce concerto
Merci Alexandra.
Merci Antigone.
pour ton texte: une perte qui amène à une découverte de soi bien plus riche….