Dans le velours de la nuit, un bruit perça mon sommeil. Je m’éveillai, le coeur en cacophonie, et m’aperçus, dans l’entrebâillement des persiennes, des ouvriers creuser le bitume. Je restai interdit. Le bras gauche en suspension interrogative.
Je me fis couler un café. Le jus hypnotique faisait remonter, du fond de la tasse, le marc plus épais. Le jour se leva, les ouvriers creusaient toujours.
En quelques semaines, le paysage changea. Les travaux rythmaient toujours la course du soleil. Ma voisine m’avait murmuré, entre deux litières de chat à changer, que la mairie construisait de nouveaux logements sociaux. Cela avait suffi à combler ma curiosité : j’étais retourné à mes tracas quotidiens. Le bruit ambiant, la foule des gens, le stress qu’on ne voit plus à force de nager dedans.
Le pochoir vint en dernier, comme un point d’orgue divin. La grâce de cette danseuse en tutu, dont on devine aisément le fessier musclé, me plut. Ouvrir et fermer mes volets devint mon occupation préférée, au grand damne de mon épouse qui soupirait dans le salon. Je restais quelques secondes de trop à regarder la courbe de ses hanches, la finesse de ses attaches. Mon évasion licite.
La beauté endort le monde. Moi le premier. Les yeux dans le vague, j’aurais pu me demander ce que cachait cette danseuse colombine. Mais l’opium de son tutu agrémentait mes soirées. J’aurais dû prendre de la hauteur et réfléchir : aucune lumière ne s’allumait de cette bâtisse, aucune âme aux fenêtres, aucune porte pour y entrer.
Dans la brume, le pigeon des villes contemplait la vérité. L’immeuble n’était qu’une façade, un trompe-l’oeil des temps modernes.
De l’autre côté du mur, seul un trou béant sifflait.
Alexandra K, dimanche 7 octobre 2018
Pierre :
Au 61 rue Bompard, l’immeuble du début du siècle dernier était infesté de rats.
Les habitants avaient tout essayé, mais ces bestioles étaient intelligentes. Elles narguaient les locataires en volant la nourriture des pièges. Elles boudaient le poison, restaient insensibles aux fumigènes et la nuit, elles copulaient frénétiquement sous les toits. Ces grattements incessants dérangeaient les pauvres locataires qui las, ne pouvaient même plus téléphoner tant les câbles étaient rongés.
Une association de lutte contre les rats se constitua. Grâce à quelques anciens chasseurs devenus citadins par la force des choses, quelques beaux succès furent accomplis et l’on pendit haut et court une dizaine de rongeurs dans la cour de l’immeuble. Mais les bêtes grattaient fort la nuit et se multipliaient à grande vitesse.
C’est Claudine qui trouva la solution.
Claudine était la vieille dame du rez-de-chaussée. Elle notait chaque allée et venue dans un grand cahier à spirale. A Noël elle offrait des chocolats bon marché. Personne ne lui parlait mais elle parlait à tout le monde, sauf aux jeunes.
Grande adepte des médecines alternatives, douces et herbotiques, elle débarqua un jour à l’association. « Il faut utiliser l’homéopathie contre ces rats. Soigner le mal par le mal. »
Les participants se regardèrent en mode « #wtf la vieille » mais l’écoutèrent poliment. L’écoute, c’est important dans un immeuble infesté de rats.
– Affichez sur le mur de derrière une photo de ballerine et les rats partiront.
– De ballerine ?
– Oui, de petit rat. Mais grande.
Comme il n’y avait, ce soir-là, pas d’autres suggestions, le conseil approuva à l’unanimité la proposition de Claudine. Puis ils burent du vin rouge. On mandata une société de décoration et l’immeuble se retrouva avec une ballerine géante dans son dos. Contre toute attente, cela fonctionna. En l’espace de deux semaines tous les rats périrent.
Le papier collé contre la paroi avait bouché tous les interstices entre les pierres. L’air ne circulait plus dans leurs galeries. Privés d’oxygène, les rats suffoquèrent. L’homéopathie fut à l’honneur quelque temps, on soigna le pauvre Joffroy qui souffrait d’une pneumonie avec 3 gélules de Pneumotica 10 CH mais il mourut quand même.
Cloud :
Juan était content de sa journée : son annonce de candidature à la mairie de Barcelone était prête. Il l’enverrait lundi à l’AFP. Maintenant, il allait pouvoir maintenant se détendre et se consacrer au rituel immuable du samedi soir : un whisky, lire le journal, écrire son texte Brica Book, dîner, et regarder Danse avec les Stars sur TF1. Il se servit un Lagavulin 12 ans d’âge, éclata de rire en apprenant dans la presse l’autodestruction en salle de ventes de l’œuvre de Bansky, le pape du street art. Il s’installa ensuite à son bureau, mit sa clé USB dans l’ordinateur, et visualisa la photo de l’atelier d’écriture : un montage noir et blanc déprimant d’une danseuse géante en tutu et d’une barre d’immeubles collés sur un mur glauque, derrière un grillage sinistre. Il n’était pas inspiré, il aurait préféré du Basquiat ; au moins il y a de la couleur. Cette semaine, c’était du coriace.
A sa grande stupéfaction, au fur et à mesure qu’il observait l’image, elle se métamorphosait. Lentement, la grande danseuse disparaissait en lambeaux de papier qui s’envolaient dans les airs, ne laissant apparaître que le crépi grisâtre et érodé de la façade. L’œuvre s’autodétruisait. Etonné, Juan alla reprendre un whisky, attendit un peu, se remit devant l’ordinateur, nettoya ses lunettes, et vit, en lieu et place de la ballerine, une photo de lui-même s’élançant vers le ciel d’une manière ridicule, déguisé en danseuse espagnole, le visage arrogant, entouré d’un phrase soigneusement taguée de la chanson d’Aznavour : «Je m’voyais déjà en haut de l’affiche…».
Il se dépêcha d’aller chercher un troisième whisky, se frotta la nuque, et retourna une nouvelle fois devant son PC. La photo avait disparu. Seul apparaissait au centre, comme un symbole occulte, un personnage figé en capuche noire surmontant l’inscription : «Habemus Piratam». « Habemus Piratam » ? C’était le titre du dernier roman de Pierre Raufast sorti jeudi dernier dont le sujet traite justement du piratage informatique !
C’en était trop. Il était vexé. Malgré le retour de son ordinateur à la raison, et par peur de perdre la sienne, il alla se coucher sans dîner. Ce sera tant pis ce soir pour Danse avec les Stars, rien que le titre l’indisposait.
Le lendemain, le temps était aussi gris et triste que la photo de la veille. Malgré une légère céphalée, Juan se plongea dans le livre de Raufast, et n’en décolla pas avant la fin. Au stress des pages évoquant les malwares et les netcats succéda le seul plaisir tranquille de l’histoire racontée. Sur l’écran d’accueil de son PC défilait en boucle la dernière phrase de la postface du roman : « J’espère ne pas encourir les foudres de l’Eternel. Ni du lecteur». Non, mais quand même… La plaisanterie lui avait plombé son atelier d’écriture de la semaine. Quant à sa candidature pour la mairie de Barcelone, Il décida que le mardi elle deviendrait une fake news.
Manue :
Sa vie c’était son bloc, elle s’aventurait rarement plus loin, il y avait assez de violence juste là, aucune nécessité d’aller voir plus loin, et puis elle risquait d’y rencontrer la richesse, inaccessible, alors à quoi bon ?
Son quotidien, ses deux trésors. Les lever, aider à leur toilette, leur donner leur petit déjeuner et les envoyer à l’école. Le reste du temps elle briquait leur petit appartement à tous les trois, leur père avait foutu le camp un jour sans plus jamais revenir, avec ses dernières illusions sur la vie. Elle vivait depuis de quelques aides et de nombreuses heures de ménage chez les plus fortunés des habitants du coin. Elle avait sans aucun doute toutes les qualités d’une bonne femme de ménage mais son succès lui venait d’ailleurs. Elle savait écouter. Regarder. Elle voyait les regards posés sur une photo, les sourires au papillon qui soudain entrait par la fenêtre, les soupirs devant le téléphone qui restait muet. Elle était plus qu’une aide ménagère, elle créait une deuxième réalité. Elle permettait à ses employeurs d’entrevoir qu’une autre vie était possible, elle soulignait la beauté du silence, porteur d’espérance plutôt, elle redonnait vie aux visages figés par la pellicule et le papier glacé, leur inventait un destin, heureux. Avec elle, le gris reprenait quelques couleurs et tous inventaient une poussière imaginaire et changeaient trois fois de culotte par jour afin qu’elle revienne plus vite réinventer leur vie.
Quant à elle, c’était sur les murs qu’elle voyait son existence en plus grand et en plus beau. Elle n’avait qu’à fermer les yeux pour imaginer les merveilles qui peuplaient ses rêves les plus secrets. Le béton terne se parait de fenêtres qui cachaient de multiples vies inventées, des amis, des musiciens, des peintres, des artistes exubérants, des familles unies qui n’avaient pas besoin de l’aide sociale ni des dealers. Et puis, en immense, elle faisait apparaître son image rêvée, celle qu’elle n’avait jamais eu la chance d’être, celle dont les parents avaient tué la vocation dans l’œuf en l’envoyant travailler si jeune dans un atelier clandestin, celle dont le corps lourd entravait les mouvements. Dans sa tête, elle n’était que légèreté, pointes et musique. Un tango la transportait dans un ailleurs où le souffle n’était qu’une respiration avant de se lancer sur scène. Quelques notes sorties d’un vieux transistor et elle était une autre, plaquée en grand sur les murs de son quartier.
Elle avait un corps qu’elle croyait sans grâce mais une imagination qu’elle savait sans bornes. Alors pour vivre elle projetait ses rêves dans la réalité, embellissait la laideur et habillait la tristesse.
Pachamama :
Danse, cœur bleu.
Il est dix heures sur ma banlieue, ciel tout gris, il pleut. Un jour comme un autre, dimanche et anniversaire ou pas. Réveillée très tôt, la réflexion matinale dominicale souligne le fait incontestable que j’adore ma vie. Difficultés classiques et obstacles stimulant bien sûr.
Mais,
Mais,
Mais subsiste l’envie, en-vie, d’une autre réalité même en ciel tout gris qui pleut, d’un dimanche, d’un matin de banlieue tout simple, avec toi. Je me rassure en arpentant le macadam. Le cadeau est que tu sois là quand même à ta manière si particulière, en silence.
En fait, en fait, en fait, dessous tout, les artifices, les masques, il n’y a que moi, qui me suis fait voler mon cœur comme une bleue. Ça n’empêche en rien la faim et la gourmandise qui me poussent à avancer, au coin de la rue chez Bernadette la reine de la baguette.
Je voulais aussi nous raconter ceci entre nous dans ma petite tête. Maman, qui n’est pas objective, me disait à la dernière visite, tu irradies dedans et ça se voit dehors ces derniers temps ! Pfff…l’est folle. Ce jour-là je sortais d’un autre coin de rue et du salon de massage de Pélagie la reine de l’énergie, genre cheveux tout poisseux d’huile. Je rabougris peut-être tel un radis ça se voit dedans et dehors, plutôt !
Mais,
Mais,
Mais, entre toi et moi, de mon cœur de bleue à ton âme de silencieux, c’est juste que je me sens bien quand tu n’grillages pas trop mon droit à t’aimer. Ça doit se sentir quand tu laisses passer le principal : la lumière. Comme cet immeuble bien orné devant lequel je passe, juste avant le sourire chaud de Bernadette. On y aperçoit une immense danseuse graphée sur le béton. J’aime bien. Elle laisse passer la lumière elle aussi. Te ferait virevolter les rideaux d’HLM tant son pas de deux irradie !
Ma foi, il y a un homme sous ma peau, et par une multitude d’actions discrètes et contrôlées, il me fait briller.
Du coup j’ai le cœur bleu, libre, sautillant pour choisir des croissants finalement en ce dimanche d’anniversaire somme toute banal. Fin de la réflexion matinale dominicale, j’ai la dalle !
Val :
Ça y est, nos jours sont comptés.
Depuis plusieurs années, nous sommes décriés.
Une partie de nos fenêtres est même déjà murée.
Nous en avons vu grandir des marmots
Des gentils, d’autres plus ou moins réglos.
Des blacks, des jaunes et même des blancos.
Venus de tous les coins du monde,
Ayant fuis la peur, la misère ou la guerre,
Leurs peines comme leurs haines étaient profondes.
Nous avons eu nos jours de gloire
Nous avons même été porteurs d’espoir
Avant de devenir cet abattoir.
Bien que parqués entre ces murs
Ils ont aimé partager l’aventure,
Ils ont aimé échanger leurs cultures.
Mais avec les années, le choses ont changé.
La peinture s’est écaillée,
Les murs et les sols se sont abîmés,
Et personne n’a pris la peine de les nettoyer.
Les bandes ont pris du pouvoir.
Le mal s’est glissé à tous les étages,
La méfiance, les regards noirs,
Le doute, les échanges bizarres.
La violence, les cris, la peur ont eu raison de notre tour de Babel
Plus personne ne veut vivre dans nos murs
Même cette danseuse ridicule peinte il y a peu
N’a retenu personne.
Demain soir, nous ne serons plus que poussière.
Nady :
Un projet humain
Louis est un artiste écorché, mal dans son siècle où l’incommunicabilité se fait reine entre les êtres. La trentaine juste passée, il a échappé à la mode des écrans où l’on se fait des millions d’amis sur la toile pour ensuite rester seul entre les quatre murs de sa chambre. Dès l’âge de 10 ans, bombes de peinture en main, il s’est amusé à peindre toute surface qui l’entourait. Ses parents n’y voyaient d’ailleurs aucun inconvénient et l’encourageaient même à s’amuser sur le papier peint blanc des pièces de la maison. Tous les deux artistes, ils savaient la signification de cette passion qu’on ne doit pas entraver, surtout dans une période économique où le petit grandissait avec les mots de chômage, crises sociales et dettes à la télé et à la radio.
Louis s’essaya donc au graffiti, puis au tag jusqu’à trouver son style et l’empreinte qu’il aimait laisser dans ses œuvres. Pour certains c’est une clé, pour d’autres une croix, pour Louis c’était une danseuse, souvent au format miniature qu’il laissait en signature. Banksy était son maître dans cette discipline et souvent Louis tentait de copier ses danseuses en les allégeant des froufrous de leurs tutus toujours imposants chez son idole. Louis avait un coup de crayon plus fin, il aimait l’essence même de la légèreté.
De sa passion il en fit un métier et devint peintre muraliste. L’appel d’offres auquel il répondit le mois dernier l’avait vraiment motivé. La mairie d’une banlieue parisienne éloignée débloqua un petit budget pour tenter d’humaniser le mur gigantesque d’un immeuble SHLMR. Trois artistes étaient en compétition, comme le veut le règlement avec l’argent public ; le budget était serré et la commission en charge du projet attendait un miracle de ce trompe l’œil pour tenter d’amener un peu de sérénité dans cette cité où les médiateurs ne chômaient pas à la rencontre des jeunes du quartier. De leur brainstorming organisé, il en ressortait des idées de vie, de sport, d’espoir, de rêve, de lune à viser, d’étoiles où retomber… bref tout un ensemble de termes bien éloignés de la réalité du quartier.
Le sujet était ardu, les deux concurrents de Louis moyennement motivés devant le peu de budget. Louis, quant à lui, habitué à des fins de mois difficiles depuis sa plus tendre enfance avec des parents artistes, se souciait moins de ce que ça allait lui apporter financièrement. Du moment qu’il pouvait s’éclater et surtout faire passer un message d’espoir dans cette cité, c’est tout ce qui lui importait. Le peu de sous qu’il allait recevoir était suffisant pour vivre le temps qu’il fallait ; il se sentait l’âme d’être au service de ses concitoyens et notamment ceux qu’on pensait plus en danger devant un avenir incertain. Aussi, Louis remporta l’appel d’offres.
Son travail dura un mois. Ce jour c’est l’inauguration en grande pompe de son œuvre murale. Devant tout un parterre d’élus, de ses parents qui l’ont toujours soutenu dans ses rêves et des jeunes du quartier, médusés devant la beauté de son travail, Louis dévoila le résultat avec une certaine fierté : une danseuse étoile semblait s’élancer sur la devanture d’un immeuble ressemblant à toutes celles que l’on peut voir aux alentours : des fenêtres fermées, d’autres ouvertes, quelques volets cassés, des rideaux qui s’envolent vers l’extérieur… et par-dessus ce cliché du quotidien, une merveilleuse danseuse, signature de Louis, là au format géant, s’élançait vers le ciel. Elle captait le regard dans sa blancheur virginale. Tout ce petit monde pouvait ainsi rêver de la grâce de la vie à travers elle. A elle seule, sur le devant de la scène de ce quartier, elle voulait signifier que tout est possible pour celui qui se donne les moyens de l’impossible.
Dick :
Encore une danse de toi
On dit que l’amour dure 3 ans. Le nôtre a duré plus de 20 ans. A-t-on une idée de la durée du deuil de l’Amour de sa vie ? le deuil de celle qui a compté plus que tout pour moi durant tout plein d’années. Le deuil de celle que j’ai profondément aimée en parole, en action et sans omission. A-t-on une idée de cela ?
Cela va bientôt faire trois ans que tu es partie. Trois longues années où mon cœur a cessé de vibrer. Trois ans pendant lesquels ta voix tout doucement a commencé à s’éloigner de mes oreilles et de mes souvenirs. Trois années où je ne sens plus ton parfum en rentrant dans notre appartement… Tout s’est peu à peu estompé, le temps a passé. Je suis pourtant prêt à te rejoindre mon Amour. Un mot de toi et je m’exécute pour fermer mes yeux à jamais et retrouver cette proximité physique et intellectuelle avec toi, cet attachement puissant qui me liait à toi si tant est que dans l’au-delà nous puissions nous toucher et nous parler.
Notre fils s’est un peu inquiété de mon silence mais l’a respecté. Je ne pouvais plus parler de toi ni entendre qu’on parle de toi. J’ai été longtemps comme un enfant perdu en plein cauchemar dans un tourbillon de solitude et de tristesse provoqué par ton départ. Je ne supportais pas l’autopsie de notre amour que les autres pouvaient faire en parlant de lui au passé donnant raison à la Grande Faucheuse qui t’a appelée bien trop tôt auprès d’elle. Pour sûr, tu rayonnais ! Alors tout le monde s’est tu.
Sais tu que notre petite fille a cinq ans cette année ? Elle est entrée dans la série des « pourquoi » et des « comment ». Son père a dû certainement lui montrer des photos de tes ballets et lui parler de toi mais il a dû aussi lui dire de ne jamais t’évoquer devant moi de peur que je ne souffre de ce manque de toi à mes côtés.
Cet été elle est venue passer 15 jours chez nous, enfin, chez moi, qui restera toujours aussi chez toi. Je ne pouvais décemment pas la laisser enfermée toute la journée même si elle ne manquait pas de jouets. Le médecin me préconise une marche tranquille chaque jour, à mon rythme et ça tombe bien, c’est un peu aussi le sien. Aujourd’hui nous nous dirigions vers le Canal Saint Martin, quand soudain, tu m’apparus sur la façade de cet immeuble. Tu étais belle mon Amour, tu semblais virevolter avec grâce. Le temps s’est arrêté. Serrant très fort la main de notre petite fille, tout aussi émerveillée devant ce spectacle, tu dansais. Tes cuisses galbées te portaient et ton corps presque dénudé ondulait. Tu nous a souri et soudain je te vis élever les bras vers le Ciel et t’éloigner. J’ai senti des larmes couler sur mon visage ; j’avais beau lever mes globes oculaires vers le haut pour les empêcher de sortir mais elles étaient à l’étroit en moi depuis ces trois années. Sur le chemin du retour, j’ai beaucoup parlé de toi à notre petite fille qui m’écoutait religieusement, de peur de louper une seule miette de ce récit sur toi. Et tu sais quoi ? elle m’a confié vouloir devenir danseuse, comme toi.
Mijo :
FLORINE
Comme souvent, la fillette est assise dehors, sur l’escalier de l’entrée de l’immeuble. Elle préfère cela plutôt que d’entendre ses parents se disputer. Aujourd’hui, elle est seule. Régulièrement, elle est plutôt avec une bande de jeunes du quartier.
Florine est plutôt réservée, mais bien gentille et aimable. Lorsqu’elle est seule, elle fixe la fresque murale en face de chez nous. Une belle ballerine qui voltige et s’envole au-dessus de la ville. Elle est magnifique et embellie notre banlieue si triste.
« – Bonjour, Florine, tu rêves ? »
« – Un jour, cette ballerine, ce sera moi, vous verrez et je m’échapperais de ce ghetto. » : me répond-t-elle sur un ton de défi.
« – Bien sûr, pourquoi pas avec du travail et de la ténacité, tout est possible. » Et je la laisse là, à ses rêves et ses envies.
Et puis, un jour, Florine a disparu. Dommage, je l’aimais bien. Les années passent… A chaque fois que je regarde cette ballerine, je pense à elle. A-t-elle réalisé son rêve ?
Demain c’est mon anniversaire, mes enfants se sont cotisés pour pouvoir m’acheter le billet d’entrée pour « Le lac des Cygnes ». Moi qui en rêve depuis toujours.
Le grand soir arrive, habillée de pied en cap, accompagné de ma fille ainée, nous voici au balcon avec une vue magnifique. Le spectacle commence, grandiose… Je remarque une belle jeune fille parmi toutes ces danseuses. Cette ballerine, toute menue et si tonique, me rappelle quelqu’un…
Un voile se déchire et dans un murmure : « – Florine ! Elle a réussi ! »
Les textes écrits à partir de la même photo, mais publiés sur d’autres sites :
Bonjour, je n’arrive pas à trouver le texte de Titounette.
Oui, le lien est incomplet. Je le répare dès que je peux.
Alexandra, Pierre, Pachamama, Elsa, j’adore vos textes !
Les autres sont aussi très bien écrits ! Quel plaisir et quel bel exercice de créativité !
Merci et bonne journée à toi !
@Claude : un texte plein d’actualités, j’adore ! Tu sais que j’ai découvert la news de Bansky ce matin seulement ! J’ai failli avaler de travers mon petit dej de surprise ! Ton style est toujours aussi fluide et captivant ! bises bises
@Dick : beaucoup de douceur dans ton texte et quel bonheur ces larmes ! une cocotte minute qui s’ouvre enfin pour le plus grand bonheur de sa descendance ! C’est peut être son Amour qui a déclenché cela, who knows 😉
@Val : j’ai lu et relu ton texte… 3 fois… Mais ça te va super bien ce style qui s’apparenterait à du slam si tu le lisais à voix haute ! bluffée je suis et sous le charme ! ton message passe très bien sur des phrases courtes et des rimes bien choisies et cette chute inattendue est juste divine ! Bref, en quelques mots, you made my day ! Merci pour cela ! 😉
@Alexandra Bravo pour « le jus hypnotique » et « l’opium de son tutu » on voit que ton personnage est sous dépendance ! Et bien sûr j’adore le paragraphe final.
@Pierre Ton texte est tellement original. J’ai ri pour l’homéopathie !!!
@Cloud L’actualité de la semaine et le whisky ont vraiment des effets inattendus sur ‘atelier Brica book, super !!!
@Manue Beaucoup de tendresse chez ton héroïne de la vie ordinaire, j’aime !
@Pachamama J’adore les réflexions et le parcours de cette ado si à l’aise dans son quartier. trop drôles « Bernadette, la reine de la baguette » et « Pélagie la reine de l’énergie » ! J’aime la conclusion bien ancrée dans le quotidien, elle a faim cette petite !!
@ Val Triste réalité magnifiquement décrite dans ton poème.
@Nady Emouvant et rassurant l’itinéraire de ce jeune à qui tout réussit !
@Dick Très bien décrite la triste vie de ce veuf, heureusement, l’espoir renait avec la petite et son projet
@Mijo Plein d’espoir et de positivisme (le contraire de mon texte à moi !!!) Le tien fait du bien !
@Violaine : Tu as bien fait de te lancer. Ton texte déborde d’enthousiasme et fait du bien.
@Sophie : Ton texte décrit malheureusement la vie de nombreux enfants qui voient leur vie basculer et passer « du catalogue Ikea » à une dure réalité. Ton personnage est pleine de courage et de dignité et affronte la situation très positivement. On a envie de l’aider.
@Alexandra: Beau texte d’ambiance urbaine dense, de béton et de bruits et de regard sur la vie d’autrui.
@Pierre: Quelle brillante idée!
@Alexandra, il n’y a pas de mal à se faire du bien. La fin du texte ramène à la dureté de la réalité.
@Pierre, belle idée que celle de Claudine!
@Manue, tant qu’on peut rêver, créer du beau à partir de presque rien. Un texte dur et en même temps plein de vie – d’espérance.
Tu vas me faire rougir. Merci pour ce gentil retour .
@Val, c’est percutant ce poème, des phrases courtes qui captent l’attention de suite, une réalité bien dépeinte. Chapeau!
@Nady, un beau parcours que celui de cet artiste. J’aime la phrase finale, si juste, un mantra à méditer à chaque instant de l’existence. Merci
@Alex : j’adore « l’opium dd son tutu ». Il n’y a pas de mal à se faire du bien!
@Pierre : bien vue l’idée de la ballerine géante pour faire fuir les petits rats envahisseurs.
@Cloud : le whisky a un effet fou…
@Manue : j’aime beaucoup ton personnage. Elle est très attachante. Malgré ses difficultés elle a des rêves et une vision de la vie très positive. Elle fait du bien, elle réconforte.
@Pachamama : j’aime beaucoup ta phrase « tu irradies dedans et ça se voit dehors. »
@Nady : un bien beau projet dans lequel Louis s’est lancé. Il a eu la chance d’être soutenu dans tous ses rêves par ses parents et il en a acquis de supers valeurs. Je l’aime beaucoup.
@Dick un super texte, poignant de sincérité. Il semble autobiographique. Ton personnage m’a fait penser à celui de Jos mais dans ton cas la petite fille devrait réussir à sortir son grand père du silence et de la tristesse, maintenant que les larmes ont coulé et que le secret a été partagé. Très beau.
@Dick une belle histoire sur un deuil difficile voir impossible. Et puis les larmes qui coulent, enfin, et qui se transforment en rêve dans les yeux d’une petite fille. Une belle sensibilité dans tes mots.
@Mijo : un joli texte plein d’espoir. De la misère peuvent naître de belles destinées, rien n’est ni gagné ni perdu d’avance.
Merci Marie.
Merci pour ton retour.
@Mijo on est très heureux qu’elle ait réussi! Cette belle danseuse parle à beaucoup de rêves, d’espoir, d’envie d’autre chose.
@Alex : j’adore l’idée « de l’opium comme tutu » . Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Merci Leiloona …je sais pas ce que j’ai fait !
@ Alexandra : Encore un de tes textes que je trouve superbe. Il est consistant, sensible et magnifiquement descriptif. Un régal. Tu fais apparemment l’unanimité avec ton tutu/opium ; c’est vrai que c’est une belle trouvaille. Bravo et merci pour le moment…
@ Pierre : Excellent. Tu racontes magnifiquement et en peu de lignes cette délicieuse histoire. Chapeau !
Merci Valérie !
Et 2 foi# en plus !!!
Val, oui tout à fai5 d’accord avec ton commentaire…les mêmes idées mais exprimées de façon différentes. Forcément je ne peux qu’aimer …
@Manue : Que c’est beau. J’adore ton texte plein de tendresse et d’humilité. Tu en a ciselé la forme et c’est très réussi.
@ Pachamama : Bravo ! J’oserais dire que c’est un de tes plus beaux textes. Il y a un style, un rythme, une émotion permanente, la pointe d’humour qui transgresse le sentiment. Je me suis régalé à le lire. Bravo.
@ Val : Triste constat bien dit dans un poème en vers. Les rimes s’arrêtent lorsque les dernières phrases pessimistes baissent les bras…
@ Nady : Je reconnais bien là la fan de street art et des solutions alternatives d’intégration. Ton texte explique bien le cheminement de Louis et le parcours obligé dans les arcanes administratives, et ton dénouement optimiste est ta signature.
@ Dick : C’est émouvant. La photo est à la fois un bien et un mal : elle fige un moment de grâce, mais elle réveille facilement les blessures. Ton texte est attachant et la transmission évoquée dans la dernière phrase laisse une belle impression.
@ Mijo : une belle histoire. Etait-ce Florine, ou bien le fruit de l’imagination et de la nostalgie ?
@Alex : Tu rajoutes de la sensualité dans tes textes, je trouve que ça donne un je ne sais quoi de plue value à ton écriture, un peu de vie terrestre à tes écrits poétiques. Bref, j’aime !!!
@Cloud : J’ai pouffé de rire dans ma classe en te lisant ce midi ! Toute analogie étant forcément fortuite, je voyais la tête de ce pauvre Manuel à la place de ton personnage et je pouffais de plus belle !!! Merci, merci, merci ! Tu résumes/décris parfaitement le ridicule de la situation … J’ai adoré !!!
Bonsoir,
Quelques mots sur vos textes :
Alexandra, votre texte descriptif nous montre la fascination de votre personnage devant ce tableau urbain,
Pierre, une médecine alternative intéressante votre idée,
Cloud, vous semblez au courant des actualités du monde,
Nady et Val, merci pour vos chaleureux retours. Vos textes m’ont également touché par vos messages.
Bien à vous, Dick
@Alexandra : Une très belle description de la vie urbaine jalonnée de belles images ! Un réalisme poétique qui te va bien 😉 !
@Pierre : Une idée originale et comique… L’homéopathie pour les rats, il fallait y penser !
@Cloud : Un beau schéma de l’actualité tant politique, que culturelle, toujours avec cette pointe d’humour que te caractérise si bien… Ah et puis ça me donne envie de tenter le whisky pour le prochain atelier…
@Manue : L’imagination est souvent le seul moyen de s’évader d’une triste condition. Ton texte en est la démonstration et tes mots, toujours justes et doux nous enveloppe de tendresse. La fin est superbe !
@Pachamama : Parler du bonheur et de l’amour à travers un moment « banal » et le tout avec une pointe d’humour… il fallait y penser et y parvenir. C’est réussi.
@Val : Tu parviens à nous parler du problème des « cités » avec poésie ! Triste réalité mais belle performance.
@Nady : Un texte qui te ressemble, tant niveau de l’idée que dans son développement. J’aime ton artiste et son message.
@Dick : Un superbe texte sur le deuil, tout en pudeur et en douleur, et d’un réalisme poignant ! J’aime !
@Mijo : Du travail et de la ténacité… tant de rêves ne demandent que cela pour se réaliser ! C’est bien dit dans ton texte, de façon claire, efficace et touchante…
Cloud, j’adore l’idée de coller à l’actualité. On peut tous se retrouver plus ou moins dans ton texte magnifique. Et bravo d’avoir intégré le livre de Pierre Raufast dans ton histoire !
Pierre, les rats m’ont donné quelques sueurs froides. Heureusement que Claudine trouve la solution…l’homéopathie m’a beaucoup amusée
Nady, j’ai beaucoup aimé l’évolution de Louis ! Et cette dernière phrase pleine d’espoir…
Dick, que j’aime ta plume ! C’est beau, c’est triste …ça ne laisse pas indifférent
Mijo , l’illustration parfaite de la dernière phrase de Nady. Très réussi !
Alexandra, j’étais partie aussi sur l’idée d’un trompe-l’œil mais je n’ai pas réussi à m’en dépatouiller…bravo, très réussi
Pierre : Zut alors ! Le 10 CH en une prise ne fonctionne pas !!! 😛 Poor Joffroy
(Sinon, du rire pour ce texte #wtf avec un imaginaire dont tu as le secret.) 😉
Cloud : Bah zut alors, c’est quoi cette pub déguisée pour le bouquin de Pierre ? 😛 On va croire que mon blog est vendu. 😀
J’ai pouffé en lisant ton texte ! C’est tout bon, c’est tout chaud ! Achetez les dernières nouvelles de Cloud, achetez-les ! 😀
Manue : Superbe texte ! Y a des images utilisées qui me plaisent par leur candeur … Y a du don chez cette femme, et pas seulement dans ses rêves ou son imaginaire. 😉
Pachamama : Y a un peu de Queneau dans ton texte … sans doute le langage Titi parisien / banlieusard … Y a toujours des choses qui m’échappent, mais la gouaille de l’adolescente ou de la jeune femme un peu perdue dans ses sentiments est plaisante.
Val : Piouuff …. c’est noir de chez noir, non ? 😮 🙁
J’vais me resservir un noir serré, du coup …
Nady : La description de ton artiste m’a fait penser à Jordane Saget ! 😉
Dick : La force des petits : l’appétit de la vie ! 😉
Texte triste, d’une homme emprunt à la nostalgie … Il y a dans ton texte un respect des uns et des autres.
Une petite question, tout de même : l’expression « globe oculaire » est très prosaïque face au reste du texte, non ? (ou c’est moi qui me focalise sur une miette ? )
Mijo : Jolie fable sur les rêves et leur accomplissement. 😉
Le lac des cygnes, c’est THE ballet high level, le rêve de toute ballerine ! 😀
Bonjour à Toutes et tous,
(Pas encore tout lu, semaines intenses)
C’est un atelier de contraste il me semble et de qualité, où c’est noir ou bien c’est espoir!
Merci à tous pour ces moments lectures posés où je me régale de vos écrits.
Envie de venir crier mes coups de cœurs aussi ,à la lecture de Val et Dick.
C’est plus à Louis Bottero que je pensais mais je te l’accorde il y a des similitudes entre eux 2 😉
J’ai bien reconnu ton empreinte descriptive dans ton texte 😉
@Manue : je retrouve moins la fluidité de ta plume dans le texte de cette semaine… L’ensemble est plus pesant mais ça n’enlève rien au charme de ton histoire 😉 c’est juste que ça m’a été plus complexe en lecture. des bises
@Pachamama : oh comme j’aime ces mots d’une femme drôlement et sauvagement amoureuse 😉
Quel plaisir de vous retrouver ou plutôt de retrouver vos jolis plumes et vos créativités ! Je n’ai pas encore tout lu – je m’y attèle très vite. Les ambiances sont folles : tantôt noires et sombres et d’autres bien plus lumineuses. c’est tjs un régal de constater les différentes pistes que suggère une photo
C’est tout à fait cela.Merci pour ton retour.
Touchéee Pachamama, merci.