L’écriture aux temps du corona : jour 6

par | 22 Mar 2020 | Atelier d’écriture | 53 commentaires

@
Alice Alinari

53 Commentaires

  1. marinadedhistoires

    Cœlacanthe

    Allongée sur les vagues
    La femme redevient poisson
    Le poisson primitif
    Qu’ils étaient tous
    Avant de devenir humains
    Pensants et réfléchis
    Philosophes ou chirurgiens
    Drogués ou alcooliques
    Assassins ou victimes
    Promoteurs ou dictateurs
    Golden-boys ou filles-de-joie
    Un cœlacanthe
    Au corps de fossile
    Au poumon ancestral
    Et aux nageoires charnues
    Prémices de leurs membres
    Elle s’enfonce dans les profondeurs
    Où la lumière s’éteint
    Elle ne sait plus penser
    Aux ravages causés par les siens
    Sur cette terre
    Elle ne réfléchit plus aux conséquences
    De son « évolution »
    Son cerveau s’est réduit
    Bras et jambes s’atrophient
    En de courts moignons recouverts d’écailles
    Elle respire différemment, mais elle vit
    Descendant au plus profond des abysses
    Une seule conviction ancrée dans son instinct
    Ne plus jamais refaire surface.

    MH

    • Kroum

      Un texte terrible et si bien écrit. Bravo MH !

    • Photonanie

      Rewind! Très bien amené.

    • Cloud

      Très beau. Le texte est riche de sentiments et de mots bien choisis.

  2. Kroum

    Tu peux venir te poser près de moi.
    Je suis là, tu le sais.
    Je ne résiste pas à entendre chaque jour ta voix,
    mais nous voilà confinés,
    toi, à 600km de moi.
    Cette distance ne m’a jamais parue aussi éloignée.
    Et pendant que je me soucie pour toi,
    dans cette capitale polluée,
    entre quatre murs sous ton toit,
    moi, dans notre campagne, havre de paix,
    la maison de ton enfance quoi,
    je te vois évoluer avec grâce et agilité
    là bas.
    Ma fille, ma sirène, je me délecte de voir ta légèreté.
    On dirait que tu lévites sans poids,
    dans ce monde plein de gravité.
    Merci mon enfant, j’aimerais être aussi libre que toi,
    dans cette morosité.
    Apprends moi comment tu fais.

    • Photonanie

      On sent l’amour parental transparaître dans ce beau texte, j’aime beaucoup.

    • Cloud

      L’émotion et l’amour qui se dégagent de ce texte, dans l’ambiance que nous subissons tous, me touche beaucoup.

    • Didi

      Belle ode à ta fille ♥ Kroum
      Merci

  3. marinadedhistoires

    Bel hommage à l’enfant éloignée et magnifique manière de lui communiquer ton amour.

  4. Amor-Fati

    C’est l’histoire d’une princèse qui s’appelait Rou. Son père été le roi est sa mère la rène.
    Elle été trè maleureuse parce que son père et sa mer ne l’amé pa.
    Alors elle allé dans le parc du chato et elle écouté les oizeau chanté surtou les pijon quel aimè bocou.
    Elle auré bien voulu roucoulé come les pigon.
    Une nui, elle s’endorma et une fée vena la voir pendan son somey. La fée lui disa que pour chanté come les pijon il falè mangé dé cayou. Sur le cou, Rou ne comprena pa mai elle fesa confiense à la fé et elle manga plin de cayou.
    Mais elle ne chanté pa come les zoizo.
    Alors elle u soif. Elle coura dan le parc du chato et se dirija ver le basin ou il y avé dé nénufar et dé canar.
    Elle se bessa pour boir car les cayou pesè lour dans son ventr.
    Et le poi dé cayou l’entrènère et ellé tonba danlo.
    Elle n’avè jamè apri à nagé.

    Alor…… la princèse Rou coula.

    ***********************************************
    Je sors…

    • Photonanie

      J’adore! Un beau pied de nez à la langue française sous cet « accent » enfantin 🙂

    • Cloud

      Adorable ! Avec un réalisme cruel qui donne beaucoup d’humour à ce texte. Bravo.

  5. laura vanel-coytte

    Sous l’eau

    J’aime l’eau sous toutes ses formes: à boire, plate, gazeuse; à voir, ruisseau, torrent, barrage, rivière, fleuve, mer, océan, piscine; à la toucher, à y rentrer et à nager dès que je peux et même dans une eau que d’autres trouvent trop fraîche. Par contre, je n’aime pas trop avoir la tête sous l’eau, pas plus que nécessaire pour passer d’une ligne à l’autre à la piscine. Je t’ai souvent dit que j’aimerais faire de la plongée sous-marine mais c’est un peu incompatible avec ma claustrophobie.

    22 mars 2020

    • Kroum

      Joli texte sur l’eau dont je ne suis pas adepte pourtant. Je lui préfère le vin et les prairies. Bravo Laura !

    • Cloud

      Il y a suffisamment d’eau en surface pour ne pas être obligé de s’aventurer à l’intérieur…

  6. Miss Marple

    Quel fou rire..ce sidi, en arabe et en moi même car je parle les deux langues!! tu aurais pu éviter les quelques erreurs d’orthographe que j’ai cru voir!!

    pour ceux qui se demandent de quoi on parle..nous sommes..de la même famille Amor fati et moi!!

    • Amor-Fati

      Oui. Cé ma seur.

  7. Plume47

    A l’eau
    Allô
    Tu es là ?
    Confinée
    Noyée
    Plonger
    Remonter
    Allô
    Tu es encore là ?
    Respirer
    Espérer
    Allô
    Merci d’être là.

    • Amor-Fati

      Merci d’être là toi aussi.

    • marinadedhistoires

      Très astucieux. La communication nous sauve, c’est vrai.

    • Photonanie

      E.T. téléphone maison. C’est vrai que les échanges sont plus importants que jamais et rassurants…

    • Cloud

      C’est haletant et bien martelé.

  8. Miss Marple

    premier dimanche

    Pole dance
    ils m’ont dit,
    Paule , danse !
    J’ai été embauchée
    pour danser
    enroulée
    lascivement
    langoureusement,
    autour d’un pole

    dans une boîte de nuit.

    Une boîte,
    pas un aquarium,
    pas déguisée en princesse
    où est mon body rose ?
    Mon truc en plumes ?

    Ce beau mec brun
    au regard vairon
    ce nouvel artiste
    enro(u)lé comme moi
    ce soir
    quel est son nom déjà ?

    Kaa…

    • Photonanie

      Aie confianccccccce 😉

    • Cloud

      Excellente idée. Et bien amenée.

  9. Matatoune

    Narcisse féminine voit son double essayer de s’agiter pour ne pas couler.

    Quelle belle illustration de l’état dans lequel nous sommes ! Confiné dans cette matrice qu’est devenu notre foyer à essayer de ne pas céder à la peur de mourir. Ne pas céder aux mauvaises nouvelles. Ne pas céder aux vagues déferlantes qui vont nous ébranlées. Ne pas céder à l’inquiétude pour ceux chéris. Ne pas céder à la colère qui ronge aussi.

    Rester digne et solide dans cette tourmente, même si le regard des autres manque. Alors sans lui, il y a soi. Pensons à la Princesse aux eaux dormantes !
    vagabondageautourdesoi.com

    • Photonanie

      On se rejoint un peu dans l’image, mais juste un peu 😉

    • Cloud

      Oui. Attendre sereinement. On en sortira plus fort.

  10. Cloud

    (Suite du jour 5 du Corona)

    Je m’appelle Marcel. Je suis marin, et suis marié avec une sirène. Nos vivons dans un petit coin du Pacifique à quelques centaines de mètres de fond dans une grotte modeste, mais coquette.
    Pas facile aujourd’hui d’être confiné avec une sirène qui ne cherche qu’à prendre l’air. Cela dit, je la comprends. Moi, je m’adapte à cette situation insolite de confinement inédit. J’en profite pour relire Vingt Mille Lieues sous les Mers, Moby Dick, La Baleine Thébaïde,…
    Mon histoire n’est pas banale, Si la mer est mon métier, seule sa surface était dans ma fiche de poste. Pourtant le seul attrait pour une sirène m’a été fatal. Tout le monde ne s’appelle pas Ulysse pour s’attacher à un mât afin d’éviter de succomber au charme. Non, moi j’ai craqué dans tous les sens du terme : je l’ai suivie, le bateau a dérivé, s’est fracassé contre un rocher, et je me suis laissé emmener pour le meilleur et le pire : un mariage au fond de la mer.
    Aujourd’hui, pandémie oblige, nous sommes calfeutrés dans notre grotte sous-marine avec un stock de poissons et d’algues pour tenir des semaines. Je rêve à mon village de Cronalec, à ma maison, à mon bateau. Tandis que je regarde ma femme avec le même amour, je sculpte méticuleusement des chutes d’épaves trouvées ici ou là. Et sur le bois gorgé d’eau, je grave de mon burin qui ne m’a jamais quitté :« Souvenir de Cronalec sur Mer », surmonté d’une sirène enroulée.

    • Daphnis P.

      Sous ses pieds, il y avait un miroir aux reflets bleutés.
      Sous ses pieds, il y avait une fenêtre, un tapis de verre qui ne semblait exister que pour dire ce qui ne pouvait être dit.
      Elle avait arpenté ces couloirs des centaines de fois, sans jamais remarquer ce qui gisait en dessous. Dans l’ancienne maison familière, aux poussières de mémoire, elle avait foulé le même sol mais jamais n’avait su voir sous les lattes de plomb.
      Pourtant, cela avait toujours été là, sous ses pieds. Les bruits qu’elle entendait la nuit, quand elle sortait de sa chambre pour chercher un verre d’eau, et qu’elle prenait pour les chants d’une bête sauvage au loin. Ces cris qu’elle croyait percevoir le jour, perdus parmi les rires des enfants dans la cour.
      Toute dans son enfermement / les murs encombrés des dessins des résidents – rien que le murs où se perdre, et pourtant…
      Pourtant, aujourd’hui, alors qu’elle était revenue dans ces lieux oubliés, elle avait senti pour la première fois cet espace, cette présence en dessous.
      Et elle avait compris, enfin, ce qui lui avait toujours échappé.
      Des années, des décennies, qu’elle s’était perdue, qu’elle s’était noyée. Un regard vers la glace qu lui avait renvoyé son image : elle était restée là, conservée dans une eau glaciale dans les fondations même d’autrefois. Elle était restée là, intouchée, et le corps qui avait grandi et vécu plus tard, loin de l’institut, n’avait été jusqu’à ce jour qu’une marionnette, une peau morte secouée par les vents.

    • Photonanie

      Ah l’amour! Il est attendrissant Marcel 🙂

    • Kroum

      Beaucoup d’amour se dégage de ton texte Cloud. Bravo !

  11. Daphnis P.

    (oups, pardon, c’est mon premier essai, j’ai posté au mauvais endroit…)

  12. Photonanie

    Ma participation se trouve également sur https://photonanie.com/2020/03/22/brick-a-book-3/ comme chaque semaine

    J’avais probablement un peu trop bu pendant cette soirée magnifique au bord de la falaise quand j’ai basculé dans l’eau. Evidemment personne ne s’en est aperçu ou bien ils étaient trop saouls pour réagir.

    Il faut dire qu’il y avait du monde ce soir-là et que les conversations allaient bon train.

    Quoi qu’il en soit, dès que j’ai commencé à couler j’ai ressenti un bien-être incroyable. Les bruits me parvenaient totalement assourdis. Je flottais littéralement comme un bébé dans le liquide amniotique.

    Des images abstraites ont envahi mon cerveau, un peu ramolli à ce moment il faut bien le reconnaître, mais elles me faisaient un bien fou tout en m’hypnotisant agréablement en même temps.

    Je voyais bien quelques bulles remonter à la surface mais ça me faisait plutôt sourire en pensant à celles de tout ce champagne qui avait coulé le long de ma gorge.

    J’ignore le temps qu’a duré l’incident mais quand même, à un moment, quelqu’un a vu flotter ma robe comme d’immenses nageoires translucides et s’en est inquiété.

    Ce qui s’est passé ensuite est très confus dans mon esprit. On m’a raconté qu’un des serveurs avait plongé pour me remonter à la surface. Quelle chance qu’il n’ait pas été autorisé à boire pendant son service!

    Autant avouer que j’avais piteuse allure quand on m’a sortie de l’eau, ma coiffure sophistiquée et ma robe collant à mon corps ne m’avantageaient pas vraiment. J’étais bien loin de la beauté altière qui avait attiré les regards flatteurs quand j’étais arrivée!

    Je frissonnais malgré la couverture dans laquelle on m’avait enroulée.

    Je me souviendrais longtemps de cette mésaventure mais, plus que tout, c’est le sentiment de bien-être immense quand je flottais qui resterait gravé dans mon esprit.

    • Matatoune

      Bien être que je te souhaite encore en ces temps difficiles

      • Photonanie

        Merci Matatoune, on n’a pas à se plaindre. Bonne journée.

  13. Cloud

    Sacrée expérience. Outre la piteuse allure en sortant de l’eau, je retiens ce sentiment de bien-être pendant l’immersion, alors que la vie même est en danger. Bien raconté.

    • Photonanie

      Inspiré par une perte de conscience sous la douche alors que j’étais hospitalisée au CHU.
      Mais bien sûr, l’eau était agréablement chaude 😉
      Bonne journée.

  14. Didi

    Je suis en retard …. Mais j’ai écrit hier ( sur mon carnet confinement) ces quelques mots venus depuis cette photo.

    En apnée, oui en apnée
    Sans inspirer
    Sans Expirer
    Flottement
    Sans apesanteur
    S’imprégner du liquide
    Hydro- alcoolique
    Rêver
    S’adapter
    Respiration liquide
    Inspirer
    Expirer
    Flotter
    Dans les nimbes amniotiques
    De notre cocon protecteur

    Bisous virtuels en espérant que vous soyez en forme malgré tout

    Merci pour ce rendez-vous, réveillant la blogosphère qui semble bizarrement comme endormie…

    • Kroum

      Un joli texte qui nous amène petit à petit vers une respiration douce. Merci et bravo Didi !

      • Didi

        Oui réapprendre à respirer pour essayer de se détendre malgré tout !
        Merci Kroum

  15. Viviane Perez

    Comme un avion sans aile
    Une mariée sans air…
    Un sachet sans ficelles,
    une liste à la Prévert
    Ben quoi? Ca vous étonne?
    c’est pourtant comme ça
    On peut en faire des tonnes

    C ‘est l absurde qui vaincra
    Quoi qu’il en soit

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