Un souffle d’air chaud la saisit. Il vit voler quelques mèches de cheveux qui encadraient son visage. Elle descendit rapidement de la rame, regarda les différents panneaux, puis s’engouffra dans un tunnel situé sur sa droite. Sur le quai des visages fermés et mornes semblaient aller au même enterrement.
Elle était inquiète.
Cela faisait des jours et des nuits qu’elle n’en dormait plus.
Cette pensée occupait tout son temps. Dès le réveil, de violents spasmes secouaient ses intestins, et toute la matinée elle avait le cœur au bord des lèvres. Elle avait perdu du poids aussi. Ces trois kilos que toutes les femmes rêvent de perdre.
Ses proches s’inquiétaient pour elle, mais Murielle gardait son secret pour elle. Et puis pour raconter quoi ? Par où commencer ?

Mais aujourd’hui était un jour particulier, il mettrait fin à cette attente presque insoutenable.
Un fin sourire redessina l’ovale de son visage. En s’approchant de Murielle, on aurait même pu voir l’éclat ébène de ses yeux.

Là, à la sortie du métro, il l’attendait.
Un premier rendez-vous valait bien toutes ces misères.
Murielle se regarda une dernière fois dans une des vitrines souterraines, remit son sac convenablement, tapota sa bouche, puis accélérera le pas.

©Leiloona, le 17 juin 2012
Crédits Photo ©Kot²

—————————————————————————————-

Le texte de Brigitte :

Il fait froid, il fait noir …

Je suis fatiguée et j’en ai marre de mes journées.

Chef despotique et collègues apathiques,

Tâches répétitives et pensées dépressives …

Métro, boulot, dodo !

Et encore, quand je dors ! Il me faut du repos !

Qui m’apportera du beau et du chaud ?

Tout ce gris me déprime, vivement l’été !

Moi je rêve de soleil, je rêve de vacances, de sable blanc et de lagons bleus, de cocotiers et de palmiers

Quand je regarde cette jeune fille avec son grand sac, j’essaie d’en imaginer le contenu. Des trucs de filles ? Euh, non ! Avec son look, ce n’est pas quelqu’un qui se maquille et qui transporte une trousse de toilette dans son sac à main. Des affaires de boulot ? genre ordinateur, dossiers  … je ne pense pas ! trop mou, trop souple, contours trop irréguliers …

Non, ce que je crois, c’est qu’elle part rejoindre son petit ami pour la nuit, et elle a des vêtements de rechange dans son grand sac, c’est une sorte de valise, un « baise-en-ville », comme disait ma grand-mère. (…) Elle me manque ma grand-mère, je l’aimais ma grand-mère, elle est morte à 106 ans ma grand-mère, vous le saviez ? Quand elle avait sa petite maison à la mer nous y passions tous les étés. Mon grand-père était si doux et si gentil …. Je l’aidais au jardin, et pendant qu’il désherbait, je grattais avec un tout petit râteau sous les rosiers remplis de grosses fleurs, si odorantes. Il me parlait, il m’expliquait la vie. Il m’appelait son « petit lapin » ou son « bijou » … il y a bien longtemps que je n’ai été le bijou de quelqu’un … Les souvenirs réels se mêlent aux rêves d’enfance, j’ai enjolivé au fil du temps, et je le sais, mais j’aime ça. J’en rajoute toujours, mais quelle importance, les souvenirs sont doux et chauds au cœur, même s’ils sont un peu faux

Mais quel rapport avec cette jeune fille ? Aucun, je crois … le souvenir est doux, il faut laisser l’esprit vagabonder où il le souhaite. Mes pensées errent souvent dans les univers parallèles. Parfois j’essaie de méditer, de me concentrer, je ne peux pas, je ne sais pas … je pars, je m’envole, je dérive, et vous savez quoi ? J’aime ça, ça remonte le moral.

Une pensée qui dévie, mon petit Papy qui me revient à l’esprit, et je souris, je revis.

Elle est pas belle la vie ?

—————————————————————————————-

Vos liens :

 La page de l’Oncle Dan : La fille du métro

Zelda : Bac philo

Julie Mallauran : Illusions masquées et costumes nocturnes

Cardamone : En apnée

Laeti

Emi Dreams Up