Insurrection poétique ! (atelier d’écriture)

par | 16 Mar 2015 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture, Une photo, quelques mots | 49 commentaires

© Diane

© Diane

Te parlerai-je un soir
De ton silence
Mur fossoyeur
De souffrances et de larmes contenues ?

Te parlerai-je à toi, mon ennemi
De mes sourires figés, faux et feints
De ces lisières dépassées, malmenées
Que nous franchîmes un soir de juin ?

Las, ballottée, claquemurée
Ma proue était ivre de désirs contenus
Poison rampant, venin castrateur
Mon bois était gorgé de vains vents nauséeux

Il fallait me sauver
Ou couler

Piètre miroir aux alouettes
Phare d’un instant
Désormais je descends mon ancre
Et fixe mes racines
A des rocs plus aimants.

 

© Leiloona, le 15 mars 2015

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Le texte de Ludo :

Au café du port, le capitaine est seul au comptoir.

Il commande un dernier verre, rêve de cap à tribord, de pavillon qui flotte, de soleil qui brule la peau. Il ferme les yeux, entend le mousse crier «  terre! »… Il se noie dans sa bière, seul au comptoir… Il voudrait en être encore, mais le cargo est à quai, le voyage est fini, le capitaine est débarqué. Il ne lui reste que le goût du sel sur les lèvres…

 Au fond du café un vieux piano désaccordé couine quelques notes, des mélodies d’ascenseur… Personne ne les écoute plus depuis longtemps. Mais le pianiste joue, pour lui, pour elle qui l’a quitté ce matin, en claquant la porte et sa joue droite… Il pleure…

 Marion traverse, torchon à la main, elle s’en va essuyer les quelques tables restées vides… Elle est fatiguée, rêve d’être ailleurs, mais n’est jamais partie d’ici… Elle n’attend plus rien d’autres que le soir, qui verra Anthony venir la cueillir sur sa mobylette pour l’emmener dans sa caravane, au bout du terrain vague…  Elle qui rêvait de satin…

 Et puis, le patron entre dans la lumière, annonce pour les quelques marins présents et encore assez frais, l’arrivée de la belle Suzon!

 Quelques applaudissements…

 Suzon entre en scène, le pianiste se redresse.

Elle aussi rêvait de paillettes, de cabarets à Paris, de comédies musicales… Elle chante pour des marins assoiffés qui sans l’écouter  ne regardent que son décolleté… Et qui gueulent, « A boire! »…

Elle continue de chanter, le capitaine continue de se noyer, le pianiste continue de pleurer, Marion continue à rêver…

Un autre bateau, un bateau de plus quitte le quai, mais n’emporte aucun d’eux…

Au café du port, les bateaux emportent les espoirs et les rêves et leur laisse les regrets et l’amertume…

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Le texte de Titou Le Matou :

Comment est-ce possible ?

Je t’avais bien attachée pourtant.

Oh non, pas de vraies cordes ou d’anneaux de fer

J’avais préféré tisser des liens.

Alors oui, ça à pris du temps.

Oui ça a demandé de la patience.

Mais j’ai gagné tellement en faisant cela.

J’ai gagné des sourires, des rires complices,

J’ai gagné des câlins

J’ai gagné des repas cuisinés à deux, dans ta petite cuisine

J’ai Pu vivre des parties de belotes, de scrabble ou de triomino

J’ai pu partager avec toi des soirées de discussion, à la lumière de la petite lampe de ton salon

La télé était en fond sonore, mais aucune de nous deux ne l’écoutaient.

J’ai gagné des balades dans la nature, juste nous deux…

J’ai eu la chance de voir l’amour dans ton regard,

J’ai eu la chance de grandir entourée de ta bienveillance

Il y a eu des «  disputes » mais quel plaisir de se réconcilier…

Ces disputes ont renforcé nos liens….

Mais voila, quelqu’un en a décidé autrement.

Je ne sais pas comment le nommer, mais, à cause de lui ,

le port de mon cœur est vide.

A cause de lui je me sens vide,

Je suis comme un bateau à la dérive…..

J’ai perdu ma boussole.

Désormais il va être dur de ne pas se fracasser sur les rochers…
Comment garder le cap…

Je sais juste que je garde au fond de mon cœur ton amour immense… celui la est gravé et indélébile…

Pour le reste… je ne sais pas……

Je suis perdue.

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Les liens vers les autres textes écrits à partir de la même photographie :

Kentin Spark : La corde autour du cou

Elora

Amandine

Marianne

Bene : Qu’est-ce qu’il croit ? 

Anne Véronique Herter : Le chant des sirènes

Saxaoul : Au fond du gouf

Albertine : Un grain de sel iodé

Vu de mes lunettes : La marée

Adrienne : N comme navire

Antigone : Triste figure

Débora Anton : Les diamants de Léo

Titine

Sabine : A flots

Monesille : Tu ne me verras plus jamais comme avant

Victor Belin : La fuite

Nath Choco : Nage

Stephie

Ghislaine : Le bateau de mes pensées

Caribou : Naufrage

Myrtille

Vive les peste : Partir, se retrouver

Céline

Domandalas

une-photo-quelques-mots1

49 Commentaires

  1. nathchoco

    On chante le désespoir par ici. J’aime beaucoup l’envolée poétique de ton texte Leiloona. Les mots sonnent, durs et sombrent, et on a l’impression de vivre le texte. Ludo, j’aime le fil conducteur entre tous les personnages de ton récit, à huis clos.
    Voici mon texte : http://www.unchocolatdansmonroman.fr/2015/03/nage.html
    Merci pour cet atelier 😉

    • Leiloona

      Ajouté ce matin, juste avant de partir … 🙂

      Merci en tout cas, de ton commentaire. Beaucoup.

  2. nathchoco

    sombres , avec un « s », évidemment ! Fatigue du matin, déjà ! 😉

    • Leiloona

      Normal, c’est lundi ! 😀

  3. blogadrienne

    ah le bateau comme métaphore, bien trouvé!

    • Leiloona

      Merci ! 🙂

  4. Amandine Aufildesplumes

    J’ai trouvé ton texte superbe. Quant à celui de Ludo l’ambiance y est si particulière.

    • Leiloona

      Merci Amandine ! 😀

    • Leiloona

      Merci ! ♥ Oui, et c’est rigolo car la parole écrite est vraiment libératrice …

  5. Stephie

    Bravo Ludo, pour cette ambiance et ses personnages déjà si fortement campés en quelques lignes

    • Leiloona

      Merci pour les 3 derniers vers : les plus positifs en somme ! 🙂

  6. titine75

    Leiloona : Très joli poème, très belle emploi du bateau comme métaphore.

    Ludo : J’adore l’ambiance de ton texte, on imagine bien le rade miteux avec ses habitués complètement avinés et désespérés. Tu sais installer ton atmosphère en quelques mots, bravo !

    • Leiloona

      Merci Titine. Oui, pour moi cela s’imposait.

  7. Anne-Véronique

    Leiloona ton poème est extrêmement riche. En envolé, tout en force… j’aime beaucoup
    Ludo ton texte est une peinture une chanson de brel une athmosphère très bien rendu…
    Merci tous les deux !

    • Leiloona

      Oh merci ! 😀 En force, j’aime alors ! 😉

  8. Débora Anton

    Ludo, au début je pensais que tu allais finir par une histoire d’amour entre les deux premiers protagonistes. Je rejoins les autres. Le décor est bien planté. Joli texte.
    Léiloona, joli texte très poétique.

    • Leiloona

      Bé non pas trop tard, j’en ai ajouté 4 ou 5 il y a une heure ! 🙂

    • Leiloona

      Ah oui. Je l’ai oublié, mais l’erreur est réparée.

      N’hésite pas à commenter le texte aussi …

  9. Vudemeslunettes

    @Leiloona : un très joli poème … comme d’habitude ! J’aime beaucoup 🙂
    @Ludo : Ton texte est très fort, énormément d’émotions en quelques lignes, bravo !

    • Leiloona

      Merci ! 😀

  10. monesille

    La rupture de vie est bien symbolisée par cette photo qui nous a inspiré sous des styles variés, Dans ton texte Leiloona, je sens aussi le ressac du rythme des mots très réussi.
    Le texte de Ludo me fait penser à la chanson de Jean Louis Aubert : les plages !
    Merci pour cet atelier Leiloona !

    • Leiloona

      Oh merci, Monesille. 🙂

    • Leiloona

      Ajouté !

  11. L MARIANNE

    ton bâteau c’est toute une triste vie ? c’est triste à pleurer !
    je n’ai pas su trouver pour cette photo, pour moi elle est triste, synonyme de délabrement-
    Ludo c’est triste aussi mais il y a de l’espoir peut-être !
    oseront ? oseront pas ? comme le dit Myrtille !!
    je vais passer visiter les autres rivages !!
    belle semaine-

    • Leiloona

      Ah, oups … mais bon, c’est une insurrection ! 😀

  12. trezjosette2

    une belle insurrection poétique Leilloona…(cette quinzaine est trop chargée pour participer…à cause de la poésie) j’aime ton rythme qui donne une grande force à tes mots.
    Pour Ludovic la lassitude et le manque d’ancrage pour le marin et la vie sans espoir si bien narrée.

    • Leiloona

      Merci à toi. Oui, je voulais faire d’une pierre deux coups en quelques sortes ! 🙂

  13. saxaoul

    Leiloona : L’arbre, comme l’ancre, ploie mais tombe rarement quand ses racines sont solidement ancrées dans le sol. Je souhaite sincèrement la sérénité et le bonheur à ce « je » ;).

    Ludo : l’atmosphère est vraiment bien campée.

    • Leiloona

      Je lui souhaite aussi. Oui, jolie analogie aussi ! 😀

  14. Kentin Spark

    JE, je lui souhaite un grand bonheur. J’ai bien aimé jeter l’ancre sur l’encre de cette balade poétique. L’émotion en le lisant fut d’une réalité tristement touchante. Des mots bien à bord. MERCI.

    • Leiloona

      Merci Kentin. C’est le meilleur qu’on puisse lui souhaiter ! 🙂

  15. Kentin Spark

    Ludo en lisant, j’ai jeté l’ancre au port de ton texte. je me suis arrêté au rade pour boire une petite mousse. j’ai apprécié, merci .Malgré la tristesse régnante, l’espoir se laisse flotter.

  16. bene89

    Triste métaphore d’un amour destructeur ou du moins toxique. Heureusement la fin donne une note d’espoir !

  17. bene89

    Ludo: J’ai cru un instant que la belle Suzon était un bateau connu… l’espoir de voir les protagonistes reprendre du poil de la bête s’est du coup envolé, parti en même temps que tous les bateaux.

  18. L'Ornithorynque

    Deux textes où on surnagent, pris par le besoin de ne pas couler, quitter le quai …

  19. Antigone (@EcritsAntigone)

    L’envolée de ton texte Leiloona me fait fondre et je retiens l’amertume dans le texte de Ludo… Que d’inspirations différentes pour cette photo !! 😉

  20. grenouille59

    Ludo ton texte prend aux tripes… Que de rêves déçus…
    Leiloona, il y a toujours une porte de sortie, très joli texte avec une fin salvatrice…

  21. camoccupe

    Que voilà de très beaux textes !
    Leiloona : Très touchée par ton texte, je me laisse aller…
    Ludo : j’aime beaucoup ! Des personnes aux aspirations brisées se croisent au même endroit. Peut-être pourront-ils partager leurs malheurs un jour ?

  22. caribou78

    Dur comme les embruns, parfois. Et tout de même doux comme les fines gouttelettes qu’ils nous laissent après leur passage. Merci.

  23. lguerby

    Magnifique texte

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