L’échappée belle (Atelier d’écriture)

par | 9 Sep 2013 | # Parfois j'écris ..., Atelier d’écriture | 7 commentaires

@ Romaric Cazaux

@ Romaric Cazaux

J’éclatai de rire en découvrant le pot de yaourt qui nous servirait de carrosse. Le regard amusé, le sourire aux lèvres, je me tournai vers lui. Certes nous étions en Italie, mais jusqu’où allait-il pousser le folklore ?
Il se pencha alors vers moi, et me chuchota à l’oreille des mots chantants, de l’italien. Ces quelques mots qu’il savait dire et qui me faisaient perdre la tête.
Ok, va pour le folklore si tu le prends ainsi, je suis battue d’avance.
Nous mîmes alors nos sacs à l’arrière. Du moins un seul. Le sien. Le mien n’avait pu qu’élire domicile à l’arrière de cette Fiat 500.

Je tirai alors un foulard de mon sac. Malgré la chaleur encore présente en ce mois d’octobre, j’avais très envie de jouer à la dolce vita jusqu’au bout. Lunettes noires, foulard en bandeau. J’étais prête à affronter les kilomètres.
Ce fut à son tour d’éclater de rire en me voyant accoutrée de cette façon. J’étais une dingue douce à ses yeux.

Le week-end commençait sous les meilleurs auspices. Nos éclats de rire se répercutaient sur les vieilles pierres et leur donnaient une nouvelle vie. Nous étions des immortels et la route s’ouvrait devant nous.

Il était temps de monter dans la voiture. Notre hôtel nous attendait avant minuit.
Une fois nos grandes jambes casées, les genoux sous le menton, ou presque, la toile du toit tirée, le périple ne pouvait commencer sans une belle musique.
La douce voix d’Agnès Obel sortit des enceintes.
Nous étions prêts.

Prêts à profiter de ces heures qui passeraient trop vite, de ces fous rires dont on aimerait se rappeler, de ce divin paysage de la côte amalfitaine, des couchers de soleil qui rythmeraient nos balades, de nos visites culturelles … Enfin si jamais nous daignons nous lever à une heure raisonnable.

La Fiat 500 démarra. Le bonheur avait le goût de la liberté.

© Leiloona, le 8 septembre 2013

 ————————————————————————————

 Le texte de Jacou : 

Réclame

 

– Allo !

– C’est incroyable, yen a dans tous les coins, si tu voyais ça !

– Tu sais l’heure qu’il est ? Deux heures du matin. Tchao.

Mon frère. Où est-il ?

En ce moment, ni sous la même longitude ou latitude que moi.

«  Ne sort pas souvent de sa bulle. », « A une fâcheuse tendance à papillonner. », «  Vit sur une autre planète.», « N’a pas beaucoup d’efforts à faire pour ressembler à Gaston Lagaffe… ».Commentaires des profs insensibles au poète lunaire qu’il était. Depuis tout petit, il se passionne pour les papillons. Son rêve, les suivre dans leur migration.

Dessinateur chez Fiat, il essaya bien de les convaincre d’appeler sa première ébauche :

FARFALLA. Mais le nom était déjà pris par des pâtes alimentaires. Il dut se contenter de FIAT 500 A cabriolet. De plus, variante de la TOPOLINO, autrement dit « souris », la logique voulait que ce véhicule ne s’appela pas autrement, lui expliqua-t-on.

Il me suivit à Milan, emportant tous ses trésors dans une FIAT toit ouvrant, 500…, L bien sûr.

Il dessina des nœuds papillon éphémères. Dans sa petite boutique, ouverte tard le soir, près de La Scala, des messieurs étourdis venaient en choisir un, afin de pouvoir rentrer à l’opéra.

Quand à moi, je faisais partie des chœurs du célèbre théâtre. Le soir où La Callas triompha dans Madame Butterfly, il passa en coup de vent dans ma loge, triomphant, lui aussi : « Je pars. Je te laisse les clefs du magasin. »

–          Comment ça, tu pars ?

–          Je vais dessiner des cerfs-volants. Tu prendras soin d’AILE Cinq Cents.

Il partit en Chine, emportant avec lui une image d’enfants jouant avec des cerfs volants en forme de papillon. Il parcourut la Grande Muraille, vendant ses œuvres éphémères, un jour de concours de montgolfières.

Invité à bord d’une d’elles, il fit la connaissance d’Aponie. Cette princesse amérindienne lui expliqua que ses papillons ressemblaient au Monarque. Complètement conquis, il lui parla de son rêve.

Délaissant le concours, ils voguèrent tous deux vers le Mexique, en pleine saison de migration du fabuleux insecte.

J’appris tout cela, réveillé, une fois de plus, en plein sommeil.

Le lendemain, reprenant ma voiture garée dans l’impasse, une agitation inhabituelle y régnait. Un film était en préparation. La vedette en était une FIAT 500 L. Du toit ouvrant s’envolaient des milliers de papillons, élevant dans les airs une fillette. Ils se fixaient sur les branches d’un arbre. La fillette continuait son voyage aérien, accrochant des mots aux nuages.

«Voyager en FIAT 500 L,

C’est se donner des ailes. »

Il ne manquait que la musique. Je reconnus le « Chœur à bouche fermée » de l’acte deux de madame Butterfly. Je l’écoutais en boucle, tous les matins, me rendant au boulot, ouvrier chez Fiat, dans la banlieue de Turin : «  Coro a bocca chuisa. »

 ————————————————————————————

 

Et voici vos liens : 

Jak : L’antique chignole

Stéphanie : L’annonce intergénérationnelle

Yosha : Il n’est jamais trop tard

K Mill : I Giorni

Jean-Charles : Une Fiat originale

MitiMoana

une-photo-quelques-mots1

 

 

7 Commentaires

  1. Mamido

    Bonjour à tous!
    S’il n’est pas trop tard, voici le lien vers mon texte: http://mamido55.over-blog.com
    Promis, je me mets à la lecture des vôtres dès que possible!!!

  2. Mamido

    @ Leïloona: Quelle accumulation de belles images de beaux souvenirs à laisser s’échapper de leur boîte (comme les papillons de Jacou) lors de tristes soirées solitaires.
    @ Jacou: Magnifique histoire! Est-ce que la pub existe?

    • jacou

      Chi sa ?

  3. Yosha

    @ Leiloona : Ah… la Dolce Vita !!!
    @ Jacou : très jolie histoire en effet !

  4. Jean-Charles

    Drôle comme ton texte me rappelle des souvenirs…que je n’ai pas vécus c’est d’autant mieux !

  5. MitiMoana

    Beaucoup de joie et de chaleur dans cette voiture ! Quel répondant cette « dingue douce » !

  6. Soène

    Coucou Leiloona,
    Zut, ça me parlait bien ta Fiat 500, j’ai de vrais grands souvenirs dans ce pot de yaourt !
    Avec une amie, on partait en vacances en Espagne, et on tombait en panne 😆
    Tu as préféré l’Italie, bien sûr, pour ton histoire, normal, ce pays est le royaume de cette adorable auto. C’est romantique à souhait, ça fait rêver à nos jeunes années…
    Elle est redevenue à la mode, ultra chic et plus grande, on en voit pas mal à Lyon, customisée 😆
    Allez, je guette ta proposition de cette semaine. J’ai très envie de rejouer avec toi 😉
    Gros bisous d’O.

Soumettre un commentaire