Durant le confinement, je proposerai chaque jour une nouvelle photographie. Le texte sera publié dans les commentaires. Vous pouvez rendre l’exercice plus convivial en commentant les textes des autres participants. A vos claviers. (Cette photo est un réservoir d’histoires.)
L’écriture aux temps du corona : jour 5
37 Commentaires
Soumettre un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour publier un commentaire.
Mon premier événement artistique sans toi
Le dernier week-end d’octobre, nous sommes allés voir la Biennale de Lyon dans son nouveau site . Nous rentrions du Maroc et le week-end suivant, tu mourais. L’avant-dernier week-end de novembre, avant d’aller voir le concert de Daho(réservé pour deux il y a des mois), j’ai vu la deuxième grande partie de la Biennale de Lyon au MAC. La photo de Bric a book m’a fait penser à certaines œuvres exposées ce jour-là dont il faut que je retrouve les photos. En attendant voici l’oeuvre qui est sur le site de la biennale:
Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Oak Relief with Man, Udders, and Vase, 2017, Kunsthalle Basel, 2019. © Photo : Philipp Hänger / Kunsthalle Basel
https://www.biennaledelyon.com/artistes/daniel-dewar-gregory-gicquel/
Ta douleur et ton chagrin transparaissent dans chacun de tes textes ou de tes commentaires. Courage toi. La lumière est devant…
merci
devant?
devant toi… Tu avances…
moi, je l’ai vu pendant cette expo
et dans tout ce que j’aime: mes publications, mes lectures etc.
et que je vis
sans lui
et qu’on faisait ensemble
Jour 5
Une souche
Oui une souche,
pas une couche,
Ni une louche
Encore moins une bouche
Non quelque chose qui vous touche
Pour de bon !
Un tronc
Pas un citron
Non, pas six troncs !
Ni mitron, ni patron
Un pauvre tronc.
Un peu déconfit ?
Non pas des cons finis…
Déconfit comme des confinés: futés mais finis,
Enfin enfermés mais festifs
Affûtés, fusélés même mais flappis…
Du bois, quoi !
Bientôt des copeaux
Putrescible
Mais résistant…
Comme nous tous.
Nous devons tous porter cet espoir, résistant, comme nous tous !
Superbe..bien rythmé!! vive nous tous, résistants!!
Bravo ! Drôle, ciselé, avec du sens.
Merci vos encouragements m aident bien!
Résistants et si on peut le dire avec le sourire comme dans ton texte, alors excellent ! Merci
Jour 5
Des primevères, dégageant une douce odeur anisée, ouvraient le chemin pédestre de terre battue par des milliers d’empreintes, donnant accès à une haute-futaie., près de chez moi.
Je marchais, la feuille A4 pliée en quatre dans ma poche, attestation de déplacement … coché la case activité physique, au cas ou, si …
Un bonheur particulier m’enivrait sous cette semie ombre de printemps. Tout était neuf. Nouveau. Renaissance.
Un moment, la lumière crue d’une minuscule clairière me fit cligner des yeux, la main en visière, je découvris avec beaucoup de naïveté, comme un enfant découvre un jouet sous le papier cadeau, une souche gravée.
De la pulpe de mes doigts, je la touchais. Bois usé et patiné par des saisons capricieuses.
C’est là que mon petit couteau suisse opéra.
J’entrepris d’y graver quelques lettres : C.O.V.I.D.1.9.
Ton texte est très significatif par cette envie d’associer le végétal à l’angoisse des hommes quitte à le tatouer pour qu’il témoigne auprès des générations à venir.
laisser une trace, bien que je pense qu’il y en aura plusieurs …. merci à toi Cloud
Beaucoup de traces seront laissées, je pense.
au choix!!
Être un chêne
ou un roseau ?
Telle est la question !
Encore que..
Un chêne couché
n’est pas forcément
abattu
mort
détruit
un petit coup de ciseau
bien placé
une coupe franche
un détail minutieux
une ciselure dentelée
et voilà
une chouette
idée pour poursuivre
le chemin interrompu
Soyez le chêne,
pas le roseau
ne ployez pas
ne vous laissez pas abattre
trouvez votre chemin
votre voie
vers une autre
vie
le bonheur
n’est pas le but
mais le chemin !
Bonne route
Tu fais la nique à notre bon vieux La Fontaine.
« Le bonheur n’est pas le but, mais le chemin… »
Bien dit !!!
Tu as raison. Et l’art permet de s’attarder sur le chemin…
La Chouette, l’araignée et le Serpent.
Une chouette, ayant peu à dîner
Car elle était couchée
S’en alla crier famine
Chez l’araignée sa voisine.
Je ne suis pas fine bouche
Auriez-vous une mouche
Pour mon prochain repas ?
Mon hibou ne peut pas
Chasser rats ou mulots
Il s’est cassé le dos.
En volant bien trop bas
Il a heurté un chat.
Mais l’araignée n’est pas aimable
Elle est même carrément irritable.
Des mouches, j’en ai une bonne centaine
Dans mon frigo au fond de ce vieux chêne
Mais je ne les partage pas
J’en mange dix à chaque repas.
La chouette courroucée,
Par ce discours blessée
Appela le serpent qu’elle appelait Arthur
Et d’une seule bouchée l’oiseau de Mercure
Avala l’araignée
Elle fut vite digérée..
Moralité.
Faut pas faire chier la chouette
Quand elle a l’estomac dans les chaussettes.
Toi alors..encore plus la fontaine..
On ne se refait pas, que veux tu !!!
Excellent ! et merci à toi de me faire rire de bon coeur, avec ce trio désopilant !
Mince… Ce n’est pas l’oiseau de Mercure, mais celui de Minerve…..
et puis ça ne colle pas. C’est le serpent qui mange l’araignée…pas la chouette…
« Appela un serpent qui se nommait Robert
Et d’une unique bouchée la rapide vipère
Avala l’araignée
Elle fut vite digérée.. »
Voilà, c’est mieux comme ça !!!
Ben, faut voir, parce que l’araignée peut avoir un mortel poison dans ses entrailles ! ha ah !
Aaahhh… ne complique pas tout…. C’est une araignée banale. Pas méchante, qui ne pique pas.
C’est incroyable ce que tu peux être tatillonne…
Non mais sans blague…
Ah ! Ah ! trop drôle, merci Amor-Fati, rions, c’est un anti-stress, et amusons-nous ici, c’est fait pour cela, merci !
Excellent. Ton poème se lit avec délectation. J’ai intégré ton repentir et c’est parfait.
Excellente cette fable! 🙂
Bonjour, voici mon poème:
J’ai perdu mon enfant.
Moi qui m’étais juré de ne jamais
Le quitter des yeux,
En moins d’une heure
Il avait disparu.
J’étais en plein sommeil lorsqu’une secousse
Ebranla mon arbre et me fit perdre l’équilibre.
Je tâchai de savoir ce qui se passait,
Mais en sortant, je reçus des cailloux pointus
Jetés par un géant.
Ses amis, avec leur machine bruyante et dentelée,
Étaient en train de détruire ma maison.
Je fondis sur eux, les ailes largement déployées,
Mais ils continuèrent leur tâche,
Et manquèrent de me blesser.
L’arbre s’écroula avec fracas sur le sol forestier.
Je trouvai refuge dans l’arbre voisin,
Quand je pensai soudain à mon fils coincé dans l’arbre mort.
Je plongeai jusqu’à mon ancienne maison
Mais il n’y avait plus personne.
Ton poème est bien triste, mais il rappelle que dans chaque arbre, une vie intense existe. Leurs destructions amène inexorablement des drames.
C’est ce que j’ai visualisé tout de suite en découvrant la photo
Le parchemin était apparu dans son église au printemps lorsque la Mairie avait consenti à réparer la flèche qui menaçait de s’écrouler. L’ouvrier qui l’avait trouvé le lui avait remis en disant qu’il en ferait meilleurs usages que son patron un peu borné. Le traducteur capable d’en transmettre le message avait fait son boulot. Et, maintenant, il savait ! Impossible de ne pas croire ce qui était écrit. Les confidences, il savait repérer si elles étaient mensonges ou réalité. Sûr de lui, il ne pouvait que foncer. Seulement, il s’était bien gardé d’en parler à d’autres. Ses connaissances auraient crié au fou. En gardant tout pour lui, il s’assurait un futur plus tranquille. Car, partir ainsi seul dans cette forêt avec juste son intuition, c’était quand-même risqué. Sur ce parchemin, la Peste noire et son église étaient citées. Avoir beaucoup cherché sans rien trouver le rendait furieux. Gérer cette émotion l’épuisait. il était temps de rentrer. Mais, d’un coup … Saint Yves magnifiquement sculpté apparu. S’agenouillant d’un coup, le bonheur l’envahit. Encore accrochée à sa souche, la statue témoignait du travail laborieux de l’artisan voulant prier son Dieu pour conjurer le sort. Le passé, le présent se confondaient obligeant chacun dans un même élan à se protéger.
La création, qu’elle soit un Saint Yves sculpté au temps de la Peste Noire ou un texte Bricabook confiné à cause d’un coronavirus, non seulement conjure le sort, mais ajoute du beau dans une période sombre.
Merci bcp !
Je ne connaissais pas ce Saint, mais je m’incline et m’agenouille, un besoin.
Taciturne, solitaire, Marcel vivait dans une baraque à l’écart du village. Marcel passait son temps à sculpter le bois. Son thème obsessionnel était la représentation mystique : des Christ, des Vierges, des saints, des églises,…
Les habitants de Cronalec sur Mer s’en moquaient un peu. Dans cette bourgade tranquille chacun possédait de lui un ou plusieurs bois sculptés de toutes tailles, laissés par Marcel pour quelques repas ou deux trois bouteilles d’eau de vie. On savait que Marcel était marin pêcheur sur un petit rafiot. Certains le voyaient partir en mer vers quatre heures du matin avec ses lignes, ses casiers, un ciseau à bois et des morceaux de souches d’arbres. Il ne revenait qu’en fin d’après-midi où il allait boire un verre seul assis à un table au fond du bistro. Le soir, chez lui, il continuait inlassablement à sculpter.
Un jour, l’inquiétude se fit sentir. Personne n’avait vu Marcel depuis quelques semaines. Ce personnage était associable, certes, mais tout le monde y était attaché. On appela les gendarmes : il fallait se rendre à l’évidence, Marcel avait disparu en mer corps et biens. Le maire, sous la pression de ses administrés se résolut à donner à l’œuvre de Marcel une certaine notoriété, notamment son superbe Gisant du Bois de l’Homme taillé à même un tronc de chêne et laissé à l’abandon au milieu de la forêt. On décida également que chacun des habitants de Cronalec arbore dans son jardin le ou les œuvres du pêcheur en sa possession. On appela la télévision locale.
Quelques années après, des spécialistes de l’art brut débarquèrent à Cronalec, suivis par des hordes de journalistes. Le nom du village figura dans les guides touristiques. On vendit des produits dérivés, on inventa une apparition, on construisit un parking, on développa des hôtels et des restaurants, une boîte de nuit. Le maire fut battu aux élections au profit d’un gestionnaire et la spéculation immobilière fut telle que les habitants d’origine partirent, laissant derrière eux aux mains de bobos parisiens, leurs maisons et leurs totems.
Marcel revint un jour d’on ne sait où, dans l’anonymat. Il regarda un long moment ce qu’était devenu son village, cracha au vent, regagna son bateau et repartit au loin.