Aujourd’hui, j’ai envie de changer les règles du jeu.
Au hasard dans ma bibliothèque, j’ai pioché un livre. Je vous mets ici les premières lignes et c’est à vous de poursuivre l’histoire dans les commentaires. Un petit paragraphe, quelques lignes, guère plus, et vous pouvez jouer plusieurs fois. A cette contrainte, ajoutons-en une autre, celle de parler de la photographie que j’ai postée.
Autant privilégier le partage. Cloud, si tu veux, tu peux aussi continuer tes textes, je l’espère, du moins.
Voici le début :
Il existe en Russie un professeur émérite du nom de Nicolaï Stépanovitch, conseiller secret et chevalier des ordres de l’Empire : il a tant de décorations, russes ou étrangères, que, lorsqu’il les met, les étudiants l’appellent l’iconostase.
(Iconostase : dans les églises orthodoxes, cloison décorée d’images, d’icônes, qui sépare la nef du sanctuaire.)
On pourrait le croire dur, austère, dénué d’âme. Les étudiants le fuient, ses collègues le redoutent, il n’est pas, jusque parmi ses supérieurs, un inconscient pour s’adresser à lui de façon trop abrupte.Et pourtant…
Pourtant Nicolaï Stepanovitch a un secret, un secret qu’il abrite loin de l’agitation et des guerres intestines qui grondent dans les entrailles de cette ville qu’il abhorre, un secret qui l’attend, chaque soir à l’abri de ses douces collines, guettant avec amour, dans la douce lumière du soir qui tombe,le martèlement des pas du cheval qui, enfin, le ramènera à la maison.
Elle s’appelait Tatiana. Son visage reflétait la beauté des steppes, et la mélancolie qui se dégageait de ses traits lui donnait l’apparence d’une icône. Prisonnière favorisée dans sa datcha confortable, elle attendait chaque fin d’après-midi avec fébrilité de voir poindre au loin la poussière d’un galop de cheval. Le fier et beau cavalier, fourbu, descendrait de sa monture. Elle lui servirait un grand verre de sbiten, et ils se jetteraient dans les bras l’un l’autre. Tatiana prononcerait le premier mot de la journée : « Papa ! »
Mais là l’inquiétude la tiraillait. L’heure était passée depuis longtemps et rien à l’horizon. Pas de poussière, pas de galop. Que du vide au loin ! Ce qu’elle redoutait le plus venait d’arriver. Comment s’y était-il pris ? Elle restait songeuse et se demandait comment faire pour y remédier …
Mais comme elle ne trouvait réponse à sa question, elle décida de se changer les idées en préparant une vatrouchka. Le dessert était assez long à préparer et la concentration nécessaire à sa réussite balayerait à coup sûr tout autre sujet de réflexion.
Elle ouvrit donc le garde manger, au frais dehors, pour sortir les 500 grammes de fromage frais nécessaires, fila chez sa mère chercher la faisselle et la crème fraiche, elle savait si bien les préparer!!, puis se dirigea vers la petite cour où s’ébrouait la volaille et ramassa les 4 œufs, gratta le dessus du beurre par économie, s’essuya les mains dans son joli tablier , jeta un œil par la fenêtre et se réjouit de voir la plaine encore si verdoyante avant de.. comme dans toutes les recettes marmiton, troquer le sucre qu’elle n’avait pas pour de la mélasse conservée à l’abri..
Mais cet idiot de Sergueï avait troqué le baril de mélasse pour un bidon de vodka. Il s’était bien gardé de l’en informer. Sa mère l’avait bien mise en garde de l’épouser ce gaillard. Certes, il était bien bâti. Mais quel paresseux, toujours à flemmarder, à regarder les mouches voler…
Ah zut, Anne-Marie ! Peux-tu copier ton texte et le mettre tout en bas, sans passer par « répondre à miss marple », ainsi, ton commentaire se mettra à la fin des autres, et non dans une arborescence. 🙂
Oups, pardonnez moi
[Jour 18
Le hameau des trois maisons et huit amis, est boisé, et fleuri, et champêtre, confiné par nature et par choix, se situant juste là, derrière Anastasia, petite-fille de Guillaume.
Chaque jeudi soir, les amis se retrouvent autour d’un repas, partageant leurs amitiés fidèles et leurs différences avec plaisir.
Guillaume, chasseur pour son loisir, habitant une maison troglodyte du XIIème siècle, mijotera des soupes de carcasses d’oie, des ragoûts de chevreuil, des gâteaux à la crèmeu-au-beurreu, le tout arrosé de vin rouge local, puis terminé par un petit verre de digestif maison, recette tenue secrète depuis le second empire, par l’oncle Nicolaï Stepanovich, dit l’Iconostase, se tenant debout droit dans ses bottes en tenue d’apparat, enfermé dans le cadre serti d’or, trônant en haut de l’étagère.
Sébastien, éleveur et fromager, à quelques kilomètres plus au Sud a monté une yourte et recevra ses amis en les régalant d’un mijoté de tofu mariné au lait de brebis, d’un taboulé de quinoa sauce tahini, sobrement accompagnés de thés invraisemblables aux noms légendaires, grand cru. Les amis seront installés confortablement sur un tapis épais tibétain, bercés par les doux bêlements du troupeau de brebis.
Jean-Ernest, retraité du corps médical, on n’en saura jamais plus, a fait construire un chalet en bois de deux étages, surplombant la vallée, jacusi, hammam, sauna et piscine intérieure, délasseront les convives vers minuit. Un tournant brutal de sa vie, lui a fait préférer les cuisines diététiques et gastronomiques, élaborées. Les petites assiettes à peine remplies de nouilles sautées aux crevettes grises et sa mousse d’avocat, suivies d’une bouchée meringuée au citron vert confit, torturera l’estomac de Guillaume pour le restant de la soirée. Le tout sera accompagné du début à la fin du repas par un champagne glissant avec aisance au fond des coupes ou des gosiers, Guillaume aura le ventre qui grouille affreusement toute la soirée vivant ce jeûne intermittent ou séquentiel, peu importe, comme une expérience de laboratoire, mais se prêtant au jeu avec courtoisie, amusement et respect, valeurs que son oncle russe avait transmis à tous les hommes de la famille, de père en fils.]
Ne pas tenir compte de ce texte dans la suite de l’histoire.
Aie, Janick, tu n’as pas bien lu les consignes d’aujourd’hui : chacun écrit un texte à la suite de l’autre.
Je mets ton ton texte entre parenthèses, si cela ne te dérange pas, afin que les participants puissent suivre l’histoire.
Tu as tout à fait raison ! Je me suis emballée avec fougue dans la toundra !
J’avais demandé à le rencontrer car il s’intéressait comme moi à la question de la représentation des paysages dans l’art.
Quelle bonne idée, Alexandra, je livre une petite suite, un peu à l’arrache, même confinée, j’ai l’impression d’être débordée, hihihi…
Prenez tous bien soin de vous, bien à vous.
Il existe en Russie un professeur émérite du nom de Nicolaï Stépanovitch, conseiller secret et chevalier des ordres de l’Empire : il a tant de décorations, russes ou étrangères, que, lorsqu’il les met, les étudiants l’appellent l’iconostase.
Il n’a jamais su si cette jeunesse qu’il affectionnait et pour laquelle il s’échinait à inculquer un peu de savoir et de culture, était moqueuse ou respectueuse. Mais comment, à leur âge, cette jeunesse dorée, pouvait-elle imaginer ce qu’il avait vécu et traversé ? Comment faire comprendre le sentiment d’honneur que ressentait Nicolaï à arborer ses décorations. Il les portait fièrement. Elles faisaient partie intégrante de lui désormais. Elles racontaient sa vie d’adulte, de soldat dévoué à son pays, sa patrie. Elles lui rappelaient ce qu’il avait sacrifié : son bel amour pour Christina, cette profonde blessure qu’il n’arriverait jamais à dépasser. Christina continue à hanter ses nuits, sa belle, son amoureuse. Avec elle, sa jeunesse s’est enfuie. Alors, de toutes ses forces, il appelle les images du temps jadis où ils étaient réunis tous les deux. Il la voit dans les paysages qui étaient leurs, son regard tourné vers l’infini, au-delà des plaines, des forêts et des montagnes qu’il continue à parcourir sa main dans la sienne avec la toute-puissance de sa pensée.
La compréhension de l’exercice, il me semble m’a fait aussi défaut…. oups
Aie. Alors, c’était que ma consigne n’était pas claire. 🙂
Pas grave …
En fait, la question que je me posais après réflexion est : doit-on poursuivre également ou éventuellement les textes des participants ? Merci, Alexandra pour ton dynamisme et activité sur ton blog. C’est toujours un vrai et réel plaisir de participer.
Non, ce n’est pas grave, Alex, qu’il y ait eu quelques confusions. Je trouve cela même plutôt drôle…Ton idée est excellente, et même à réitérer. Merci à toi.
Hihi, ça permet de mettre une mise en abyme dans le texte initial ! Attention, accrochez-vous aux branches ! 😀
C’est une histoire « à multiples mains » il faut écrire les uns à la suite des autres en tenant compte de ce qui a été écrit dans les paragraphes précédents, là il faut prendre à la suite de MISS MARPLE
Merci pour ton éclairage Marinadedhistoires, pas simple le Vatrouchka…
Oui, voilà : il s’agit de poursuivre l’histoire du commentaire précédent. 🙂
C’est une première fois, mais je recommencerai. Merci de votre enthousiasme !
(De mon côté, Bric à Book m’empêche de poster un commentaire, autre qu’une réponse à votre commentaire. Allez savoir pourquoi ! Suis bannie de mon site !:P )
Bon, Alexandra. A relire nos textes et nos commentaires, je crois que nous ne sommes pas tout à fait prêts pour un best seller à la rentrée littéraire 2020. Nicolaï Stepanovitch a encore de beaux jours devant lui et on a largement le temps de peaufiner la recette du vatrouchka. Cela dit, ce bric-à-brac dans Bricabook n’est pas fait pour me déplaire ; il a même un certain charme… On recommencera quand même, hein ?…
Hihi, mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! 😀 RDV demain !
Moi j’adore ces histoires participatives parce que ça créé des liens entre les gens
Oui, je trouve aussi ! 🙂
Mince je n’ai pas eu le temps d’intervenir ! Tu recommences demain ?
Oui, aujourd’hui c’était une répétition ! 😛
C’est alors que Nicolaï Stépanovitch rentra. Il avait les yeux hagards, il ramassa quelques affaires et cria sur sa fille : « on part dans 3 minutes ! prépare-toi ! »
– Mais qui a-t-il, papa ?
– N’as tu point vu l’herbe phosphorescente ? Un nuage radioactif est au dessus de nous. Nous devons fuir !
– Oh non ! Cria Tatiana dans les ruines de sa future nouvelle vie.
Ah ah ah !
* ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?*